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fois et même assez souvent, on éprouve des difficultés à arrêter la saignée. On doit alors fuire largement respirer le malade et enlever tout ce qui peut comprimer la poitrine. » S’il y a nécessité, on fera un point de suture k la plaie ou bien l’on emploiera las serre-fines.

Dans toutes les saignées que nous venons de décrire et dans celle du bras surtout, les accidents qui peuvent survenir, autres que les difficultés dont nous avons parlé, sont la douleur excessive, la persistance de l’écoulement du sang après le retrait de la ligature, la syncope, le thrombus ou tumeur dure à l’endroit de la blessure, l’ecchymose ou tache livide résultant d’une extravasationde sang et l’inflammation de la peau. Ces accidents sont raies, mais il n’est pas toujours au pouvoir du chirurgien de les prévenir,

Saignée artérielle ou artériotomie. Cette saignée one peut guère être pratiquée, dit Littré, que sur de petites branches qui présentent un point d’appui solide, telles que l’artère temporale. » Ô est, en effet, s»’" cette artère qu’on la pratiquait ordinatrem^iit autrefois, car elle est à peu près abandonnée aujourd’hui. On ouvrait aussi les artères auriculaires postérieures. Ces artères superficielles, sous lesquelles les os du crâne offrent un point d’appui qui permet d’arrêter facilement, par la compression, l’écoulement du sang, peuvent, d’ailleurs, être facilement atteintes et se cicatrisent sans difficulté. Nous n’en dirons pas davantage sur cette opération, qui n’a rien de difficile et qui, dans la chirurgie moderne, ne présente plus aucun intérêt. V. artériotomie.

Saignée capillaire. Cette saignée se pratique, avons-nous dit déjà, à l’aide des sangsues ou de scarifications artificielles, que l’on appelle mouchetures lorsqu’elles sont très-superficielles. Ce sont toujours de petites

piqùies qui sont pratiquées sur la peau, à l’endroit du mal ou dans son voisinage, et par lesquelles suinte ou est sucée une quantité de sang, qui ne peut être considérable que par la multitude des piqûres. Dans le cas des sangsues, cependant, cette quantité est encore assez notable ; car, chaque sangsue pouvant sucer de 15 à 10 grammes, il suffit de huit à neuf pour qu’il en toit retiré ce qu’on appelle une palette dans la saignée ordinaire, c’est-à-dire 1S5 grammes. Y. sangsue.

Les scarifications se pratiquent avec la lancette ou le bistouri pour dégorger certaines parties obstruées de sang ou de pus ; quand ou perce un furoncle, on fait une scarification. Elles se pratiquent également sur les membranes cutanées et sur les muqueuses. La ventouse, qui, étant un sucement artificiel au moyen du vide fait par un peu de papier brûlé sous un verre appliqué sur la peau, remplace la sangsue, vient en aide aux scarifications en attirant le sang dans les capillaires du lieu ventouse et en les gonflant avant que la scarification y soit pratiquée.

V. VENTOUSE.

Toutes ces saignées capillaires ne présentent aucune difficulté pour le chirurgien et n’exposent à aucun accident.

— IL La saignée chez l’homme au point de

VUE PHYSIOLOGIQUE, PATHOLOGIQUE ET THÉRA-PEUTIQUE. Nous avons dit qu’on doit distinguer la saiynée générale et la suignée locale. La saignée générale est ordinairement la saignée veineuse que nous avons décrite comme opération de chirurgie ; mais les deux autres peuvent être aussi des saignées générales. C’est ce qui arrive quand on a pour but de guérir, non pas un mal local, mais un mal général et qu’on tire assez de Sang, par un moyen quelconque, pour agir sur toute l’économie. Par contre, la saignée veineuse peut aussi n’être que locale, par exemple quand elle est faite pour parer directement à un accident particulier, propre à un organe déterminé, ou à un mal bien positivement localisé ; telle est la saignée pratiquée pour arrêter l’effet subit d’une congestion au cerveau. Elle n’est, comme moyen thérapeutique, qu’une saignée locale, aussi bien que l’application de sangsues ou de ventouses scarifiées dans le voisinage d’un organe engorgé, tel que la plèvre, dans la pleurésie. On distingue encore, au même titre, la saignée curative ou thérapeutique proprement dite, qui a pour but la guérison d’un mal existant bien constaté, soit général, soit local, et la saignée préventive ou hygiénique, qui a pour but de prévenir des maux qui n’existent pas encore, mais dont on se croit menacé, ou d entretenir seulement la bonne santé.

Avant d’apprécier ces diverses sortes de saignées, il est nécessaire de s’arrêter en premier lieu sur les effets physiologico-pathologiques de toute espèce de saignée assez considérable pour exercer une action générale, quel que soit, d’ailleurs, son but spécial et quelle qu’en soit la nécessité, et de résumer, en second lieu, les indications et contre-indications thérapeutiques indépendantes de la maladie.

-Effets pkysiologico-pathologiques de la saignée. 11 y a lieu de distinguer, dans ces effets, les phénomènes physiologiques qui accompagnent ou suivent cette opération et

l’action pathologique générale qu elle exerce sur l’ensemble des organes.

Pendant la saignée, ou peu de temps après, on rémarque un i, otable ralentissement du pouls ; le nombre des pulsations diminue de vingt-cinq à trente par minute. À mesure que

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le pouls perd de sa fréquence, la résistance cesse d’être aussi marquée, et souvent, quoique les parois de l’artère soient plus souples, le calibre du vaisseau semble se resserrer. Tandis que les pulsations deviennent moins fortes et moins fréquentes par l’effet de l’émission sanguine, les inspirations sont aussi plus rares et plus profondes, et si le sujet est impressionnable ou a. saignée très-abondante, la faiblesse du pouls et de la respiration s’accompagne bientôt de la pâleur de la face, du refroidissement des extrémités et d’une syncope complète avec évacuation involontaire des urines et quelquefois des matières fécales ; parfois même ces syncopes sont suivies de mouvements convûlsifs à la face et dans les membres.

Des accidents aussi graves sont toujours rares, k la suite même des saignées assez copieuses ; mais presque toujours celles-ci sont accompagnées d’un sentiment plus ou moins prononcé de défaillance qui se propage à tous les organes et particulièrement aux organes gastro-intestinaux. La sécheresse de la bouche et la soif succèdent bientôt à la saignée, qui est accompagnée quelquefois aussi de nausées et même de vomissements et de diarrhée, lorsque des circonstances particulières obligent de pratiquer cette opération pendant le travail de la digestion, ce qu’on a soin d’éviter autant qu’on le peut.

Si les émissions sanguines générales sont répétées au delà de la limite fixée par l’état des forces, les phénomènes qui suivent d’ordinaire et momentanément une saignée abondante deviennent, en quelque sorte, constitutionnels, et les signes de l’anémie se prononcent. La peau se décolore, devient blafarde ; le tissu cellulaire s’infiltre de sérosité, surtout aux extrémités inférieures ; un bruit de souffle se fait entendre dans les principaux troncs artériels ; les forces digestive*, et particulièrement celles de l’estomac, languissent. La même impression débilitante se remarque consécutivement sur les organes de relation, sur l’appareil locomoteur et sur les organes des sens ; les forces musculaires diminuent et les malades tombent dans un état de faiblesse générale, dont la durée varie ; les yeux surtout, lorsqu’ils sont déjà primitivement faibles, se ressentent évidemment de l’action débilitante des émissions sanguines générales, en sorte que le dicton populaire que les sai^new affaiblissent la vue n’est pas sans fondement. Ces effets consécutifs sont en général d’autant plus prononcés que la perte du sang a été plus abondante et plus répétée. Les saignées peuvent être toutefois, dans certains Cas, poussées à un point qui étonne, sans entraîner aucune conséquence fâcheuse. Ainsi Brillouet, chirurgien de l’hôpital de Chantilly, a cité l’exemple d’une fille qui, pendant dix-neuf ans, fut saignée mille vingt fois, quatre-vingts fois du pied et neuf cent quarante fois du bras. Elle était sujette à des vapeurs épileptiques et à des vomissements. Une métrorvhagie, qui dura un an, la guérit complètement. Elle put su marier, et treize ans après sa santé ne s’était pas démentie. Mais, d’un autre côté, les faits d’anémie pur suite de la saignée sont très-nombreux, et il n’est pas même nécessaire que les émissions sanguines soient très-abondantes ni répétées à des intervalles très-rapprochés pour les produire. Quelquefois une seule saignée, même peu considérable, suffit pour déterminer cette maladie ; c’est ce qu’on observe en particulier chez les enfants dans certaines circonstances.

L’action pathologique des émissions sanguines générales, déterminée par le concours des divers effets physiologiques que nous venons de passer en revue, est nécessairement très-complexe. Elle se compose

de plusieurs résultats que nous pouvons, jusqu’à un certain point, isoler par l’analyse, mais qui en réalité ne forment qu’un tout. Le premier résultat est la suite immédiate de la déplétion ou de l’évacuation du premier de tous les liquides de l’organisme, de celui qui est la source de tous les autres et le principe de l’excitation de tous les solides, le foyer de la vie enfin ; et ce résultat direct et fondamental de la saignée, on peut en dire, avec Hufeland, que c’est l’affaiblissement de la vie. Le second résultat de la saignée, c’est d’émousser la sensibilité exaltée, de relâcher et détendre les fibres contractées, de favoriser les sécrétions et par conséquent d’être relâchante, antispasmodique et calmante. Une troisième série d’effets, qui n’est peut-être que le résultat des deux actions primitives, est celle à laquelle on donne le nom d’antipblogistique. Cette action est surtout caractérisée par la diminution de la fréquence et de la dureté du pouls, l’abaissement de la température du corps, la diminution de la sécheresse de la peau et en outro, par l’augmentation de la transpiration insensible. Tous ces effets d épié tifs ou évacuants, relâchants, antispasmouiques, calmants et antiplilogistiques de la suignée générale sont d’autant plus marqués que l’évacuation sanguine est plus abondante, faite par une plaie plus large à la veine ou à l’artère et que le sang s’écoule plus rapidement.

Indications thérapeutiques, indépendantes de la maladie, sur le traitement par la saignée. Les indications et contre-indications générales que nous donnent les méde SAIG

cins de la convenance des émissions sanguines sont tirées de l’âge et du sexe, de la constitution du sujet, de ses habitudes, des circonstances au milieu desquelles il se trouve placé, etcJ Passons en revue les plus importantes.

L’âge. L’enfant étant exposé, disent les médecins, à beaucoup d’affections qui réel unent la saignée, cest un grand préjugé de croire qu’il faille s’en abstenir durant cette période de la vie. Ils citent des cas nombreux où ils ont pratiqué la saignée avec les plus grands avantagea quelques jours après la naissance. Jusqu’à un an ou deux, cependant, ils reconnaissent qu’on est souvent obligé de s’en tenir aux émissions sanguines capillaires ; mais, à compter de cette époque, les veines deviennent très-susceptibles d’être ouvertes, et la saignée veineuse est regardée en médecine comme un moyen puissant auquel il ne faut pas négliger de recourir quand il est indiqué. Le bon sens dit, au reste, que plus l’enfant est jeune, plus la quantité de sang qu’on peut tirer est petite. Ce que les médecins disent de l’enfant, ils le disent aussi du vieillard. Il n’est pas rare de voir pratiquer la saignée sur des individus de quatre-vingts et même de quatre-vingt-sept ans jusqu’à deux fois le même jour, dans des pneumonies, avec le plus grand succès. Franck rapporte qu’il a saigné neuf fois un vieillard octogénaire atteint d’une affection fort grave de ce genre et l’a guéri. On peut donc regarder comme un aphorisme de la médecine réputée la plus sage que la pusillanimité dans l’emploi des saignées est souvent également nuisible aux vieillards et aux enfants. Il faut dire que la, saignée par les sangsues serait bien toujours la meilleure dans l’enfance et dans la vieillesse ; mais la difficulté d’apprécier au juste la quantité de sang qui est extraite par chaque sangsue rend pour ainsi dire impossible de déterminer rigoureusement le nombre qu’il en faut appliquer suivant les âges-, cette quantité, au reste, doit évidemment varier en raison de l’état du sujet, de ses forces et dél’intensité du mal.

Le sexe. Par les fonctions spéciales que la nature a dévolues aux femmes, le sexe devient pour la médecine une source d’indications et de contre-indications de la saignée. Voici un résumé du langage que tiennent aujourd’hui les meilleurs praticiens sur cette matière : aLes troubles et les désordres de la menstruation, disent-ils, exigent souvent des émissions sanguines. Soit locales, soit générales. L’écoulement des règles ne doit pas empêcher la saignée lorsqu une phlegiuasie intense la réclame d’ailleurs ; attendre pour la pratiquer la disparition du flux menstruel, comme le conseillent quelques médecins, serait s’exposer à voir la maladie marcher quelquefois rapidement vers une terminaison funeste. La grossesse et l’état pléthorique qui en est souvent le résultat indiquent souvent l’usage de la saignée. Quant aux phlegmasies qui surviennent pendant la durée de la grossesse, elles doivent être combattues par les émissions sanguines ; on ne doit pas craindre, comme le t’ont certains auteurs, comme le craignait Ilippocrate lui-même, qu’il en résulte des accidents. Maurioeau rapporte qu’une femme fut saignée dix fois du pied pendant sa grossesse, sans avorter. Le docteur Raciborski a communiqué récemment à l’Académie des faits qui démontrent de nouveau que les femmes enceintes, affectées de phleginasies aiguës peuvent supporter souvent sans danger les saignées même répétées. Mais quoiqu’on puisse et qu’on doive même recourir quelquefois k des saignées dans l’état de grossesse, les phleginasies qui nécessitent ce moyen thérapeutique n’en sont pas moins des complications fâcheuses.

«La constitution, la manière de vivre, les professions, etc., fournissent aussi des indications propres à diriger le médecin dans l’emploi de la saignée. Ramazzini dit avoir observé que les habitants des campagnes, adonnés à des travaux très-pénibles, supportent moins bien les saignées que les habitants des villes, qui mènent une vie plus tranquille et font d’ailleurs usage d’aliments plus nutritifs. Les climats chauds, en disposant les Européens surtout aux. maladies inflammatoires, provoquent assez souvent le

besoin des saignées. Dans tous les cas, il est indispensable que le praticien ait présente à l’esprit, daijs l’emploi qu’il doit faire des émissions sanguines, l’influence capitale des constitutions médicales. Les exemples rapportés par Sydenham, Bâillon, Stoll, Huxhmann, etc., ont une gravité qu’aucun esprit sérieux ne saurait contester.» (Blache.)

Saignée locale et saignée générale. La saignée locale, soit veineuse, soit artérielle, soit capillaire, selon les circonstances, est incontestablement un des moyens thérapeutiques les plus puissants. Qu’un organe soit engorgé de sang plus ou moins vicié et qu’il soit malade par cette cause, il est évident qu’en le dégorgeant par une ouverture on le guérira, car a la place du sang impur ou en excès dont il sera débarrassé se rétablira le cours naturel du fluide vivifiant. C’est ainsi que, quel que soit le préjugé populaire contre 1 emploi du bistouri et de la lancette dans les cas d’un organe visible affecté, le bon sens dit qu’il n’existe point de meilleur remède que la saignée locale. Mais, pour que la sai-

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gnée soit locale au sens de la lettre, il faut que l’organe malade soit susceptible d être atteint directement par le bistouri, la lan- ; cette, les sangsues, le scarificateur ou tout autre instrument propre à déterminer chez | lui l’émission sanguine ; aussi n’est-ce pas au sens littéral que nous prendrons ces mots ef I entendrons-nous aussi par saignée locale une , saignée pratiquée dans le voisinage du mal ou sur un vaisseau quelconque, tel que la veine du pli du bras, qui permet de la faire assez abondante ; la saignée est, dans ce cas, générale dans son premier effet, puisque le sang, en vertu de sa circulation dans un système de canaux fermé et nulle part interrompu, ne peut être retiré en quantité considérable d’un de ces vaisseaux sans quo la déplétion se fasse sentir dans les autres ; mais la partie malade en ressent sa part et cette part peut suffire pour la guérison. Il est vrai qu’alors des inconvénients, telsqtio celui d’un affaiblissement général, pourront en résulter pour les autres parties et pour l’ensemble-, mais ce qu’il faut considérer, c’est le résultat le plus important, qui sera la guérison de l’organe affecté ; les inconvénients généraux s : effaceront si cette guérison est obtenue. C’est ainsi que nous qualifions de locale, et par là même de souveraine et d’indispensable, la saignée veineuse dans le cas d’un commencement de congestion au cerveau qui peut entraîner la mort ; quel autre moyen d’empêcher le sang d’affluer dans des vaisseaux dont les parois, déjà affaiblies, déjà dilatées comme celles des veines ou des artères dans les varices ouïes anévrismps, vont se gonfler encore davantage, blesser les parties environnantes du cerveau, peut-être se rompre et laisser se produire un épanchement dont le moindre effet sera la paralysie de toute une partie du corps, si même cet effet n’est pas la mort elle-même ? Il n’y a qu’à retirer, par la veine qu’on juge la plus.[ ropre à être ouverte avec avantage, la quantité de sang convenable de toute 1 économie utin que la veine ou l’urtère du cerveau, participant pour sa part à la déplétion, soit délivrée de la congestion et puisse ensuite se refortifier et se guérir ; c’est co qui arrive souvent. De même, dans l’inflammation d’un organe interne comme celle du poumon ou de son enveloppe, dans la pneumonie ou la pleurésie, mettre des sangsues sur la partie extérieure la plus rapprochée du point douloureux n’est faire au. tre chose que de pratiquer, autant que pos-1 sible, une saignée locale qui peut être le seul moyen de salut. On doit en tout cas, d’ailleurs, chercher à retirer le sang le plus près possible de l’organe intérieur malade, parce que, bien que tout le système des vuisseaux , reçoive l’influence de la diminution de la masse totale, ce sont cependant les plus voisins du lieu où le sang s’échappe qui se vident les premiers et qui prennent le plus de pare à la déplétion.

Ici se présente naturellement la question | de ce qu’on entendait autrefois par la sai gnée dérivatioe et la saignée révulsive. Dès le temps d’Hippocrate, on avait remarqué que telle saignée semblait attirer le sang, comme effet secondaire et comme réaction, vers l’organe malade, tandis que telle autre, pratiquée dans une région différente, paraissait, au contraire, détourner le sann’ du lieu affecté, quoique la quantité extraite fût la même dans les deux cas. Sur cette observation, les anciens avaient établi leur distinc-1 tion entre la dérivation et la révulsion, et l’on I a continué d’appeler saignée révulsive toute suignée qui a pour résultat de détourner le sang du siège du mal, et saignée dérivative celle qui attire, en résultat secondaire, le sang vers un organe sain ou malade. Or, cette distinction a perdu en réalité a peu près toute son importance depuis la découverte de la circulation du sang. Il y a toujours dérivation immédiate dans la saignée locale de la seconde espèce, c’est-à-dire pratiquée sur un vaisseau plus ou moins éloigné de la partie malade, et révulsion par rapport à cette partie. Au contraire, si la saignée est pratiquée dans l’organe même affecté, il y a immédiatement débarras du mauvais sang qui

y causait le mal et, comme effet subséquent, attraction de la masse du sang vivitia.rt qui viendra opérer la guérison, et par conséquent dérivation vers cet organe. Les mots restent donc vrais : l’un (révulsion) pour exprimer l’effet premier, relatif au mauvais sang dans la saignée locale immédiate et pour exprimer le même effet, relatif à l’excès du sang, à l’engorgement et à l’inflammation, dans la saignée locale médiate ; l’autre (dérivation) pour exprimer l’effet secondaire dans ces deux saignées par rapport au siège du mal et au sang général de 1 organisme ; il est évident qu’après la révulsion qui dégage revient la dérivation vers l’organe, qui rétablit.

11 existe, au reste, des saignées dont l’effet, à la fois dérivatif et révulsif, est de toute évidence. Telle est la saignée du pied pour dégager la tête ; telle est l’application des sangsues à l’aine pour dégager le thorax ; la dérivation est évidente dans la première, comme ceile du bain de pieds très-chaud et à la moutarde par rapport aux pieds pour y attirer le sang momentanément et, par là même, en débarrasser momentanément le cerveau, ce qui pourra suffire pour sa guérison ; et la révulsion, également raomenta-