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C-e fut là qu’il se lia, en 1831, avec F. Frœbel, qu’il autorisa k établir une institution pédagogique àWartensee ; son séjour il Francfort et les voyages qu’il fit à diverses reluises lui fournirent en outre l’occasion d’entrer en rapf orts d’étroite amitié avec Gœthe, Jean-Paul Kichter, Bœrne, Spohr, Dœbereiner et autres célébrités de l’époque. Après avoir vendu son château patrimonial, il vécut, de 1844 à 1849, dans une charmante villa qu’il avait f lit bâtir aux environs de Lucarne. Il revint ensuite à Francfort, que, jusqu’à sa mort, i. ne quitta qu’à de longs intervalles. Il y a fondé deux nouvelles sociétés de musique vocale et de musique instrumentale. On cite, pi.rmi ses nombreuses compositions, des cantates et des recueils de chants à une et k plusieurs voix ; des morceaux d’instrumentation ; un oratorio, le Temps et l’éternité ; plusieurs opéras : Fortunat ; le Mal du pays et le retour, etc. Schnyder est regardé comme un inaî.ie dans la science du contre-point. Sa musiqui est souvent originale, niais toujours claire, mélodieuse et d’une rare correction. Il est aussi l’auteur de plusieurs poèmes, humoristiques pour la plupart, et il a fourni des articles de critique musicale k différents journaux allemands.

SCHOABITE s. f. (cho-a-ri-te) ; Miner, Variété d< sulfate de baryte.

SCHOBÉRIE s. f. (cho-bé-rî — de Schober, savant allemand), Bot. Genre de plantes, de la fami le des composées, tribu dessuédinées, comprenant des espèces qui croissent sur les monts Altaï.

SCHOBERL (Frédéric), écrivain anglais, né k Londres en 1775, mort en 1853. Il est principalement connu par les recueils périodiques dent on lui doit la fondation, tels que le New Alonthly Magazine, le Forgel me not, le Repository of arts, le Royal Comwall Gazette, .jes principaux écrits qu’il a laissés sont : The history of ourownUrnes, TheBeautiesof Englandand Wales. Il a aussi publié des traductions de Thiers et de Chateaubriand.

SCHOBERLECHNER (François), compositeur allemand, né à Vienne en 1797. Il eut pour premier maître Hummel, auprès duquel il prit des leçons de piano ; puis le prince Esterhi.zy, qui s’était intéressé k sa fortune, lui donna les plus célèbres professeurs d’harmonie 11 de composition, et enfin le débutant devint maître de chapelle de la duchesse de Lueques, pour laquelle il composa deux opéras, / Yirtuosi et OU Arabi netle Gallie, qui obtinre it du succès. Il revint en Allemagne et passa e à Russie, où il donna des concerts dont le prodiit lui constitua une jolie fortune. Il lit représenter au théâtre impérial de Saint-Pétersbourg une partition intitulée le Baron de Dolsheim, qui établit définitivement sa réputation artistique. Rentré à Florence, M. Schoberlechner semble avoir renoncé au théâtre

et s’est borné à publier d’assez nombreuses pièces pour le piano.

SCHOBERLECIINER (Sophie d’all Occa, dame), cantatrice, italienne, femme du précédent, née k Saint-Pétersbourg en 1807, morte à Florence en 1863. Elle était tille d’un professeur de chant italien qui la destinait a a théâtre. Après avoir épousé Schoberlechner, elle suivit son mari en Allemagne, se lit entendre dans les concerts et fut engagée, en 1827, comme prima-donna au théâtre italien de Saint-Pétersbourg. En 1831, elle se rendit en Italie et, pendant dix ans, se lit applaudir sur les principales scènes, îiotamrr.ent à Milan. Elle se retira du théâtre en 1841 avec une grande fortune. M"»e Schoberlechner brillait plutôt par la méthode et le sentiment dramatique que par la puissance de la voix.

SCIIODÀC, bourg des États-Unis d’Amérique, dans l’État de New-York, sur l’Hudson, à I !> kilom.au-dessous d’Albany ; 5,600 hab.

SCIICEBEL (Charles), orientaliste français, né à Lidwigslust (Meeklembourg) en 1313. Il se-reidit ne bonne heure en Fiance, où il se fixa, s’adonna particulièrement à fétude des langues de l’Inde et fut successivement attaché comme professeur au lycée de Reims ; t au collège de Sainte-Barbe à Paris. M. Siehœbel est membre des sociétés d’ethnograp lie et de linguistique. On lui doit des travaux de linguistique, dans lesquels il a fait preuve d’une véritable érudition, et un certain nombre d’ouvrages relatifs, soit à des questions philosophiques, soit à des questions bibliques, dans lesquelles il se montre orthodoxe fervent. Outre des articles publiés dans les Annales de philosophie chrétienne, on lui doit, entre autres ouvrages : Analogies constitutives de la langue allemande avec le jrecet le latin, expliquées pur le sanscrit (u,46, in-S°) ; Dhourta-Samar/ama, drame indien de Cékhara (1852, in-8°), lrutiu.il en français ; De l’Inde et de sa littérature (1852, in-Su) ; le Naturalisme du lliy- Véda et son influence sur la sociélé indienne (1852, iii-8°) ; la Légende des Paitdavas, d’après te Mahabharata (1853, in-Su) ; l'Eternité et la consommation des temps (1854, in-8") ; le Bouddha et le bouddhisme (1S57, in-8°) ; De l’universalité du iéliKje (1858-18G0, ill-8») ; Satan et la chute d : l’homme (1859, in-8°) ; les Stations d’/sruêi dans le désert (1850, in-8°) ; Du pouvoir temporel du pape (1859, in-S^J ; Mémoire sur les six jours ou époques de la Genèse (1859, iJ-8°) ; le Centième anniversaire delà

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naissance de Schiller (1859, in-8°) ; Mémoire sur le monothéisme primitif" (1860, in-8°) ; Examen critique du déchiffrement des inacriptions cunéiformes (1861 ?iu-8°) ; Réfutation de quelques objections contre les récits de la Genèse (1862, in-12)) ; la Philosophie positive présentée dans ses traits fondamentaux (1863, in-S°) ; Philosophie de la raison pure (1865, in-12) ; Reckerches sur la religion primitive de la race indo-iranienne (1872), où l’auteur conclut au monothéisme primitif de cette race, etc.

SCHOËDDE (Georges-Guillaume), littérateur allemand, né à Nordhausen en 1759, mort à Fulda en 1835. Il était assesseur du tribunal à Cassel lorsque éclata la Révolution française, dont il se déclara ouvertement partisan, et on le vit, quand les Français entrèrent en Hesse, accepter volontiers la domination des envahisseurs. Après les événements de 1815, Schœdde fut inquiété ; puis, à force de soumission, il fit oublier ses faiblesses et, après avoir exercé diverses fonctions, il fut appelé à Fulda comme membre de la régence de Hesse. Il a laissé des poésies, des satires, des drames et des tragédies. On cite surtout, parmi ses pièces de théâtre, VAllemand à Naples (1786), la Vengeance et l’amour (1805), qui ont été jouées avec un grand succès.

SCHOËDLER (Frédéric-Charles-Louis), naturaliste allemand, né à Diebourg en 1813. D’abord élève en pharmacie k Darmstadt, il alla ensuite étudier k l’université de Giessea les sciences naturelles et la chimie en particulier, fut, de 1835 à 1838, l’aide du célèbre Liebig et se rendit ensuite à Tubingue, où il suivit les cours de Hugo de Mohl, de Quenstedt et de Nœrrenberg. Après avoir fait, dans le but d’accroître encore son savoir, des voyages en Allemagne, en Suisse, en Franco et en Angleterre, il devint, en 1842, professeur de sciences naturelles au gymnase de Worms et passa, en 1854, à l’École des arts et métiers de Mayence, qu’il dirige depuis cette époque. L’ouvrage qui a surtout établi la réputation scientifique de SI. Sehoedler est son Livre de la nature (Brunswick, 1846), Cet ouvrage est une exposition précise de l’ensemble des sciences naturelles, et, par sa clarté ainsi que par la manière intéressante dont l’auteur a su traiter un sujet aussi complexe, il a obtenu un succès universel et n’a pas médiocrement contribué à appeler sur les sciences naturelles l’attention de toutes les classes de la société. Le Livre de la nature a été traduit dans la plupart des langues de l’Europe. On a encore du même auteur : une traduction allemande de la Pratique pharmaceutique de Soubeiran (Heidelberg, 1839) ; les Ecoles techniques supérieures (Brunswick, 1847) ; la Chimie de notre époque (Leipzig, 1854, 3e édit.), ouvrage qui a eu également beaucoup de succès, et, cas assez rare chez un savant, une comédie, la Lettre maudite, qui a très-bien réussi sur plusieurs scènes allemandes. M. Schœdler a, en outre, écrit tous les articles de sciences naturelles dans le Manuel d’histoire naturelle, de géographie, etc., de Wagner (Stuttgard, 1863, 20e édit.) et fourni de nombreux mémoires scientifiques aux Entretiens autour du foyer domestique de Gutzkow, aux Cahiers mensuels illustrés de Westermann, etc. i

SCHCEFFER (Pierre), célèbre imprimeur, né à Gernsheim, près de Darmstadt (Hesse-Darmstadt), de 1420 à 1430, mort vers 1505.

Il fit ses études à l’Université de Paris, où il exerça durant quelque temps la profession de calligraphe et de copiste. Il devait être de retour à Mayence vers 1454 ; car on le voit, en 1455, figurer dans le procès intenté contre Gutenberg par Jean Fust ou Faust. Pierre Schœffer devait être alors attaché aux ateliers de GutenbergetdeFustcommeagentde Fust. Quoi qu’il en soit, il est certain que Schœffer apporta de nombreuses améliorations au système imaginé par Gutenberg. On peut lui reprocher d’avoir tenté d’étouffer l’œuvre de ce dernier ; toutefois, le fils de Schœffer écrivait, quelques années après la mort de son père, que d’art admirable de l’imprimerie fut inventé à Mayence surtout pur l’ingénieux Jean Gutenberg en 1450 et postérieurement amélioré et propagé pour la postérité par les capitaux et les travaux de Jean Fust et de Pierre Schœffer. »

Une des questions les plus controversées à propos du personnage qui nous occupe est celle de savoir quelles furent les améliorations apportées par lui à l’imprimerie. Sur ce point on est peu d’accord. Les uns prétendent que la fonte des caractères mobiles au moyen du moule était connue de Gutenberg ; les autres affirment que cette invention est due à Schœffer, alors simple ouvrier dans l’atelier de Fust. Ces derniers, pour soutenir celte manière de voir, se fondent sur un passage de la Chronique d’Nirschaw, rédigée en 1514, et où il est dit : d’ierre Schœffer, alors ouvrier et ensuite gendre de Jean Fust, unissant l’habileté à l’intelligence, inventa une manière plus facile de fondre les caractères et amena l’art au point où il est aujourd’hui.» Il semble, d’après ce passage, que Schœffer aurait simplement, ce qui est énorme du reste, trouvé un procédé pour fondre les caractères mobiles, ce qui n enlèverait rien à la gloire de Gutenberg qui, le premier, aurait eu l’idée de l’impression et l’aurait également réalisée le premier k l’aide des res SCHŒ

sources que lui aurait apportées Jean Fust. En 1463, Schœffer accompagna Jean Fust à Paris, afin d’y placer les Bibles qu’il avait imprimées, et bientôt Schœffer et son beau-frère, Conrad Hennequis, y établirent un dépôt. On commença k débiter les Bibles comme si elles étaient manuscrites, et on les vendit fort cher ; puis on dut renoncer à cette supercherie lorsque la vérité fut connue. Fust s’enfuit à Strasbourg. Pierre Schœffer, qui avait quitté Paris pour retourner k Mayence, revint dans la première de ces deux villes vers 1468 et y resta trois ans environ. En 1475, Pierre Schœffer était l’associé du fils de Jean Fust pour le débit des livres de l’imprimerie de Mayence, et le dépôt à Paris était confié k un agent du nom de Statteren, qui mourut au commencement de 1475. Les livres des imprimeurs de Mayence furent saisis, vendus au profit du fisc ; mais le montant de la vente, 2,425 écus tournois, fut restitué aux propriétaires.

Pierre Schœffer fut reçu bourgeois de Francfort-sur-le-Mein en 1479 et, dès 1489, il était juge séculier de la justice de Mayence. Les dernières publications sorties de ses presses portent la date de 1502.

SCHCEFFER (Jean), fils du précédent. On ignore la date de sa naissance et celle de sa mort ; on suit seulement que le premier livre imprimé par lui fut le Mercurius Trismegistus, qui parut en 1503. Son dernier livre est daté de 1531. La plupart des ouvrages imprimés par lui sont relatifs k la religion.

SCHCEFFER (Pierre), frère du précédent. Il reçut comme part de succession la maison ICum-Bord ; mais il parait qu’il n’y lit point fortune, car, après avoir fait un emprunt de 50 florins d’or sur cette maison, il la vendit et se mit a voyager, travaillant ça et là, suivant qu’il en trouvait l’occasion. C’est ainsi que, de 1513 à 1520, il imprima k Worms cinq ouvrages, parmi lesquels une Bible en allemand. En 1521, il était k Strasbourg et imprimait onze ouvrages, dont le plus important était : Syria ad Ptolemxi operis rationem, Palestine, avec des cartes géographiques. En 1541, il était k Venise, où il mourut très-probablement. Il fut rangé par les inquisiteurs au nombre des imprimeurs hérétiques.

SCHŒFFER (Jean), fils de Jean Schœffer et petit-fils de l’associé de Fust. Il était mineur lorsque son père mourut et il alla, k l’époque de sa majorité, s’établir k Bois-Ie-Duc. Ses descendants continuèrent k y tenir une imprimerie jusqu’en 1706, époque k laquelle s’éteignit la famille dans la personne da Jacques Schœffer.

SCHŒLCHER (Victor), piibliciste et homme politique, né k Paris le 21 juillet 1804. Son père, marchand de porcelaine de la rue Grange-Batelière, acquit une assez belle fortune. Lorsqu’il eut terminé ses études au collège Louis-le-Grund, AI. Victor Schœlcher s’occupa de littérature et de beaux-arts. Il avait dix-huit ans lorsqu’il fil, dans YArtiste, le compte rendu du Salon de 1822. Peu après, il se jeta avec ardeur dans la politique. Républicain dès cette époque, passionné pour la liberté et la justice, il prit une part active aux efforts de la jeunesse libérale pour amener la chute du détestable gouvernement de Charles X ; il devint membre de la société Aide-toi, le ciel t’aidera et de la loge des Amis de la vérité. Pendant un voyage qu’il fit en Amérique et dans les Antilles en 1829, M. Scliœloher fut profondément indigné du misérable sort des esclaves, et dès cet instant, avec sa nature d’apôtre, il se voua k la grande œuvre de l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises. De retour en France après la révolution de Juillet 1830, il fut médiocrement satisfait de voir la monarchie de Louis-Philippe substituée k celle des Bourbons. Ami de Godefroy Cava gnac, it se jeta comme lui dans la campagne entreprise contre la nouvelle dynastie, entra dans la Société des droits de l’homme, et, mettant sa fortune et sa plume au service de l’idée républicaine, il fut un des fondateurs de la Revue républicaine, de la Revue indépendante, du Journal du Peuple et de la Réforme, dont il devint un des collaborateurs. À cette époque, soit dans ses articles, soit dans divers écrits, M. Schœlcher traita principalement la question de l’esclavage, contre lequel il ne cessa de fulminer. En 1840, il fit un nouveau voyage aux Antilles, dont il visita les principales îles pour se rendre un compte exact de la situation des noirs. Peu après son retour en France, il partit pour l’Orient, se rendit successivement eu Égypte, en Grèce, en Turquie, et constata dans quel état de misère et de dégradation la servitude avait fait tomber les populations soumises au gouvernement ottoman. De 1346 k 1847, il resta k Paris, écrivant dans la Réforme de nombreux articles, entretenant une active correspondance avec les abolitionistes des Antilles françaises et se faisant l’organe de leurs réclamations et de leurs plaintes. En 1847,

M. Schœlcher partit pour l’Afrique. Il visita la côte occidentale, remonta le Sénégal jusqu’aux cataractes et, après avoir passé quelque temps en Gambie, revint en France.

Lorsqu’il arriva k Paris, la République venait d’y être proclamée. Le gouveruement provisoire le nomma sous-secrétaire d’État

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au ministère de la marine (4 nvirs 1848), et il eut alors le bonheur de poursuivre et de mener k bien le grand acte d’affranchissement qui, depuis près de vingt ans, avait été l’objet de presque tous ses travaux. Ce fut le 27 avril 1848 que parurent les décrets abolissant l’esclavage dans les colonies françaises, décrets qui avaient été élaborés par une commission placée sous sa présidence. Ce fut également lui qui inspira l’idée du décret du 12 mars, supprimant la peine du fouet dans la marine. Lors des élections pour la Constituante, M. Schœlcher fut élu k la fois représentant du peuple k la Martinique et à 1» Guadeloupe, et il opta pour cette dernière, qui le renomma en 1849 k la Législative. Dans ces deux assemblées, il siégea a la Montagne et vota constamment avec l’extrême gauche républicaine. A maintes reprises, soit à la tribune, soit dans des journaux, soit dans des brochures, il eut k défendre, contre des adversaires intéressés et acharnés, l’œuvre de l’émancipation des noirs, qui résista k toutes les attaques. À partir de ce moment, une autre question, celle de l’abolition de la peine de mort, l’occupa d’une façon toute particulière, et il déposa en ce sens une proposition k l’Assemblée. De concert avec le colonel Charras, it proposa, sans succès, de faire nommer par l’élection les officiers dans l’armée. Il fut plus heureux dans la discussion relative aux chemins de fer. C’est sur un amendement présenté par lui que les compagnies furent astreintes k fournir des wagons fermés et couverts aux voyageurs de lu 3° classe. Adversaire constant de la politique réactionnaire de Louis Bonaparte, M. Schœlcher se rendit sur les barricades du faubourg Saint-Antoine après l’attentat du 2 décembre 1851, etessaya d’organiser la résistance. Parledécret de janvier 1852, il fut expulsé du territoire fiançais et alla habiter l’Angleterre. M. Schœlcher y fit paraître peu après deux ouvrages remarquables sur les crimes commis par le gouvernement issu du 2 décembre. Plus tard, il publia quelques écrits en anglais. Comme Victor Hugo, il ne voulut profiter ni de l’amnistie de 1859 ni do celle de 1869 ; il resta fièrement dans l’exil jusqu’k l’heure où il apprit nos premiers désastres. Il revint alors k Paris (août 1870) et eut la joie de voir crouler, le 4 septembre, cet Empire qui avait jeté la France dans la situation la plus terrible. Le 16 du même mois, M. Schœlcher fut nommé colonel d’étatmajor de la garde nationale, puis attaché k la commission des barricades, et, quelque temps après, il organisa une légion d’artillerie dont il prit le commandement. Pendant la journée du 31 octobre, après la convention qui intervint entre Dorian et Flonrens pour empêcher l’effusion du sung, M. Schœlcher signa avec Dorian, en qualité de vice-présidetii de la commission des élections, l’affiche de la mairie de Paris qui convoquait les électeurs municipaux pour le lendemain îor novembre ; mais le Gouvernement de la défense ne tint pas compte de cette affiche et ajourna les élections. Pendant toute la durée du siège, M. Schœlcher montra autant de fermeté que de patriotisme. Après la conclusion de l’armistice et la capitulation de Paris, il donna sa démission de colonel, et 14^,994 électeurs de la Seine l’envoyèrent siéger k l’Assemblée nationale. La Guyane et la Martinique le choisirent l’une et l’autre pour un de leurs députés, et il opta pour la Martinique. À Bordeaux, où se réunit d’abord l’Assemblée, il alla siéger à l’extrême gauche et vota, le 1er mars 1871, contre les préliminaires de paix. Lors du mouvement coinmunaliste qui eut lieu k Paris le 18 mars suivant, M. Schœlcher intervint auprès du Comité central pour obtenir l’élargissement du général Chanzy. Dans un discours qu’il prononça k l’Assemblée nationale le 21 mars, il demanda que l’amiral Saisset, qui venait d’être nommé commandant en chef de la garde nationale de Paris, invitât les gardes nationaux restés fidèles au gouvernement régulier à une revue aux Champs-Élysées. Cette revue devait, suivant lui, amener 200,000 hommes au moins à la cause de l’ordre et enlever au comité tout prétexte k conserver son pouvoir. Il demanda en même temps que l’amiral Saisset prît le colonel Langlois pour chef d’état-inajor. Après avoir fait les plus grands efforts pour empêcher la guerre civile d’éclater, il se joignit aux hommes de bonne volonté qui essayèrent inutilement d’arrêter l’efi’usion du sang. Le 9 avril, il publia un projet de traité Ue paix entre la Commune et le gouvernement de Versailles, projet qui fut également repoussé des deux côtés. Se trouvant k Paris le 10 mars, il y fut arrêté par ordre du comité de Saiut public et relâché peu après. À partir de ce moment, il renonça k toute nouvelle tentative de conciliation. À l’Assemblée nationale, M. Schœlcher a constamment voté avec la gauche républicaine, notamment contre l’abrogation des lois d’exil, contre le pouvoir constituant, pour lu retour de l’Assemblée k Paris, pour la dissolution, etc. Il a soutenu M. Thiers lorsqu’il a été renversé par la coalition monarchique le 24 mai 1873 ; il s’est prenoncé contre lu septennat (19 novembre), a contribué k renverser le ministère de Broglie (16 mai 1874J, s’est associé k toutes les demandes de dissolution de la Chambre et, selon sa vieille habitude, il n’a cessé sur toutes les questions* de voter dans le sens de la liberté et de la dé 47