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contrecarrer les policiers, c’est le sénateur, qu’on retrouve bien vivant et bien portant au fond d’une cachette ; mais il n’a garde d’ouvrir la bouche, car il ne sait trop si Peyrade a brûlé tous les papiers, et parmi les pièces il y en avait de plus compromettantes pour lui que pour les Simeuse.

Le sujet de l’étude intitulée Madame de La Chanterie est basé à peu près sur les mêmes moyens. Il y est question de ces attaques à main armée qui, sous le Directoire et le Consulat, assimilaient les royalistes aux détrousseurs de diligences, puisque, sous ombre de servir le roi, on s’attaquait surtout aux courriers qu’on savait porteurs des recettes de l’État. À travers les ténèbres et les déclamations d’un acte d’accusation très-compliqué— Balzac a donné à ce roman les formes judiciaires — on entrevoit toutes les péripéties d’un des nombreux procès de ce genre. Ce que celui-ci a de particulier, c’est que c’est !e mari de l’héroïne, le comte Bryond des Tours-Minières, qui esta la fois le provocatenret le dénonciateur du complot. Noble ruiné, perdu de vices, affilié à la police du comte de Lille, il est parvenu à épouser la fille de Mme de La Chanterie, ardente royaliste, et à les pousser toutes deux à ces aventures de grande route. Il fuit, dévaliser le courrier de Mortngtie par les chouans, à la télé desquels il place sa femme et son amant, le chevalier Rifoel, puis dénonce toute l’affaire au premier consul et reste, en récompense, possesseurde l’urgent qu’il a fait voler. Rifoel et la comtesse Bryond sont guillotinés, Mm& de La Chanterie est condamnée aux travaux forcés. Quant à l’espion, il poursuit librement sa carrière ; c’est lui qui, sous le nom de Contenson, figure dans la plupart des épisodes des Scènes de la oie parisienne.

Scène* do la vie militaire, par H. de Balzac. Sous ce titre, l’auteur a réuni deux ouvrages : le Dernier des chouans et Une passion dans le désert. Le Dernier des chouans a paru eu 1828, avec la signature de l’auteur, et c’est par ce roman que Balzac a ouvert ostensiblement sa carrière littéraire. On sait

que jusqu’à cette époque il n’avait publié

2>roductions, déjà nombreuses, Clotilde us'

ses productions

de Lusiguan, 1'Héritière de Birague, Jean Louis ou la Fille retrouvée, le Vicaire des Ardennes, etc., que sous les pseudonymes de Viellerglé, de lord R’hoone, d’Horace de Saint-Aubin et autres. « Le Dentier des chouans, dit Sainte-Beuve, offre seul, pour la première l’ois, du pittoresque, de l’entente dramatique, des caractères vrais, un dialogue heureux. Par malheur, l’imitation de Wulier Scott et de Cooper est évidente. »

La fable de ce roman rappelle, au premier aspect, le drame des espagnols en Danemark, de P. Mérimée ; c’est aussi une jeune tille espion qui se prend d amour pour l’homme qu’elle doit surveiller et qui, se dévouant pour le sauver, lui révèle sa mission ignoble et se relevé à ses yeux de tout l’héroïsme d’un aveu si déshonorant. M’to de Verneuil est une création d’une élégance, d’une pureté, d’une tinesso exquise, et en même temps d’une vérité qui révélait déjà une longue étude et la connaissance profonde de l’âme des femmes. Le marquis de Montauran est aussi un caractère original, rineraent tracé et habilement soutenu. Sur le second plan sont deux figures vigoureusement dessinées, celle du commandant Hulot et celle de Marche-à-Terre. Rien de terrible comme le massacre des bleus par les chouans à La Vivetière, comme cette scène où l’espionne est démasquée, comme les scènes de chouannerie où l’on chauffe un vieil avare au brasier de sa cuisine pour lui faire révéler sa cachette. Rien d’imposant comme la messe dite par un prêtre en guenilles, au milieu d’une forêt druidique, sur un autel de granit, pendant une mutinée d’automne, et taudis que les habitants des campagnes circonvoisines, agenouillés près de leurs fusils, se frappent la poitrine en répétant le chant religieux.

Nous citerons encore le combat n’Ernée, le repas d’Alençon, le bal des chefs de chouans, etc. Les mœurs des Bretons, leur justice sans appel sont décrites avec vigueur et marquées au cachet de la vérité. Un voit que Balzac avait été sur les lieux mêmes étudier son sujet, et il a montré dans ce roman cette prodigieuse puissance d’intuition qu’on pourrait appeler rétrospective et dont il devait, plus lard, donner tant de preuves.

Une passion dans le descri doit se ranger à côté de la Fille aux yeux d’or, de Sarrasine et de quelques autres compositions dans lesquelles Balzac s’est étudie a, peindre des sentiments excentriques, des prissions antihumaines, hors nature, et que nous devons

nous dispenser de décrire. Pour que de tels dévergondages d’imagination n’aient pas été sitôt oubliés que livrés à la publicité, il ne fallait rien moins que l’immense habileté de l’écrivain et sa science profonde des artifices du langage.

Scènos de la vie de eanipngao, par H. de Balzac. Sous ce titre sont ie.lus : le Médecin de campagne, le Curé de village, les Paysans. Le médecin de campagne, Benassis, est une sorte de bonhomme Richard qui regarde sa profession comme un sacerdoce et qui s’occupe tout a la fois de la réforme politique et sociale de sa commune. De là, d interminables discussions entre lui, le curé, le maire et tous les personnages qui représen SCÈN

tent les diverses classes de la société. Ces conversations forment une suite de contes sur l’économie politique qui rappellent ceux de miss Harriet ilurtineau, moins la science sociale que miss Harriet possède fort bien, et sur laquelle Balzac a des opinions dont on a pu juger par ce que nous avons dit à propos des Scènes de la vie politique. Dépouillé de ses prétentions scientifiques, il reste peu de pages à ce roman, mais dans ce peu de pages on retrouve l’esprit observateur du fécond romancier. Nous citerons particulièrement la mort d’un fermier des montagnes du Dauphiné et ses funérailles, tableau vrai, original et parfaitement senti de ces mœurs primitives encore si peu connues. Balzac avait certainement vu ; il n’avait pas créé, comme il le faisait souvent, des types imaginaires en les donnant pour l’expression de la vérité, et ce court épisode suffirait à lui seul pour faire oublier tout ce que le Médecin de campagne renferme de pages fastidieuses, de descriptions sans intérêt, de plaisanteries lourdes, de discussions sans profondeur et sans portée. Signalons encore la Cuisinière heureuse, le Poitrinaire, qui sont de charmants chapitres. Nous voudrions enfin citer tout au long l’histoire de Napoléon, racontée dans une grange par un vieux soldat. Ce morceau est d une originalité franche et naïve qui l’a rendu populaire. Le Curé de village est la suite naturelle de l’idée qui avait présidé au Médecin de campagne. Comme M. Benassis, le brave abbé Bonnet ne borne pas sa mission au salut des âmes ; il s’occupe de tous les détails de la paroisse, et, il faut bien le dire, pas plus que le médecin Benassis, il ne nous fait grâce de longues et ennuyeuses digressions. Mais le Curé de village renferme un de ces types que Balzac créait avec amour et qui ne périront pas. Véronique, la fille de l’Auvergnat millionnaire, cet ange de beauté et de douceur jetée dans les bras d’un avare

Dont le menton fleurit et dont le nez trognonne,

cette infortunée qui devient la cause innocente de deux assassinats et d’une exécution capitale, est une des créations les plus originales et les plus vivantes de l’auteur. La l’osseuse dans le Médecin de campagne, Véronique dans le Curé de village eussent suffi à faire de Balzac un maître en l’art difficile de sonder le cœur des femmes, s’il n’eût aussi créé les types de Béatrix, de Mmo Murneffe, d’Eugénie Grandet, d’Esther, de la cousine Bette et de tant d’autres qui sont immortels au même titre que Desdemana, Francesca da Rimini, Ophélia, lady Macbeth et la Marguerite de Faust. Les Paysans sont, à notre sens, une des moins heureuses compositions de l’auteur, 11 y a mis plus de fiel, de haine personnelle que d’observation rigoureuse et philosophique. Nous ne parlerons pas du roman,

C’est une ombre au tableau pour lui donner du lustre ;

le but de l’ouvrage est de démontrer que le peuple des campagnes, qu’on aime à se représenter comme laborieux, actif, probe,

vertueux, n’est en réalité que fripon, ladre, âpre au gain, fesse-matthieu, etc. Eu un mot, les Paysans ne sont que la mise en action des théories politiques et philosophiques que nous avons vu professer par Balzac, Les prolétaires, selon lui, n’étaient-ils pas les mineurs d’une nation qu’on devait toujours conserver en tutelle et abrutir par tous les moyens possibles afin de leur faire supporter plus doucement leur misère ? Les Paysans sont une des taches dont malheureusement l’œuvre de Balzac n’est pas exempt.

Scènes druiunliques do lu vie réelle, par

lady Morgan, trauuit en français par Mmo Sobry (1830, 2 vol. in-8°). Cet ouvrage se compose de trois récits différents : VHumurisie, proverbe ; les Vacances de Pâques, satire dialoguée ; le Manoir de Suckuille, sorte de roman dramatisé. Ce dernier, de beaucoup le plus important, est le seul que nous analyserons. Sir Fitz-Gerakl Sackville, type

des gentilshommes irlandais, après une jeunesse assez orageuse et peu honorable, jouit sur ses vieux jours de l’usufruit de lo, Ooo livres sterling de rente, dont il use en opprimant, pressurant et abrutissant ses pauvres tenanciers. Il a pour héritier Lumley Sackville, jeune Anglais qui veut devenir citoyen de l’Irlande, mais avec l’intention da n’opprimer personne et de rester étranger en même temps k toutes les associations et unions politiques qui divisent ce malheureux pays. M. Gulbraith, régisseur d’un manoir et chef des constables du lieu, est le type du petit propriétaire insolent, sans intelligence, sans esprit, toujours au service des passions des grands. Mistress Quigley est la femme de charge du château ; aveu elle commence le drame de lady Morgan. Lady Emily Sackville a quitté son brillant hôtel de Berkeley-Square pour un vieil édifice, meublé comme au temps du roi Guillaume. Mistress Quigley aurait pu réparer quelques parties du château pour les rendre dignes de sa maîtresse, mais elle s’en est bien gardée, pensant que si la vue extérieure du manoir ne l’empêchait pas d’entrer, son aspect intérieur l’eu aurait bientôt fait sortir. Eu cela elle s’est trompée. Bans un siècle où le gothique est à la mude, lady Emily est au contraire émerveillée ; nulle part elle n’eût pu trouver une réunion de meubles plus incommodes, il est vrai, mais

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plus gothiques. En parcourant le château, lady Emily a découvert la garde-robe d’une vieille tante, morte depuis plus de quarante ans, et elle imagine aussitôt de s’affubler de ces antiquailles pour jouer la comédie avec les notabilités de la contrée rassemblées pour rendre leurs hommages aux nouveaux seigneurs du comté. L’auteur fait défiler alors sous nos yeux une procession de types tous plus curieux les uns que les autres. C’est, d’une part, lady Rostrevor, directrice d’une association antipapiste ; d’une autre, c’est le révérend docteur Popylus, recteur de New ; Town, fils et gendre d’évêque, jouissant de dîmes et de bénéfices qui ne lui rapportent pas moins de 80,000 livres de rente ; l’honorable recteur, traîné dans une berline à quatre chevaux, s’informe en passant si l’on a saisi la dernière truie de la vieille Molty, qui refuse de payer la dîme, et n’est satisfait que lorsqu’il apprend que ses intentions à cet égard ont été remplies. En opposition à ce personnage se présente le vicaire catholique Ocallaghan, portant un costume moitié prêtre, moitié chasseur, s’asseyant au milieu de l’église verte et de l’église orangiste avec autant d’aisance et de sang-froid qu’il cause d’étonnement et.d’indignation chez l’une et chez l’autre. Voilà donc l’Irlande représentée par les chefs de ses différentes religions, mis aux prises au banquet d’un philosophe, avec leurs préjugés, leur hypocrisie, leur orgueil oppresseur et leur fanatisme d’opprimé. Le dialogue de tous ces acteurs religieux est des plus animés ; la scène est palpitante de vie et d’intérêt. Du tableau de l’état religieux, on passe à celui de l’état social, qui est dépeint avec une effrayante vérité à la taverne de la Cornemuse, dans la loge O’ioughlin et O’Leary, à la table du collecteur des dîmes, comme au salon du shérif du comté ; là on voit l’Irlande sous la griffe de ses tyrans de tous les rangs, de ses agitateurs de tous les partis. Au milieu d’un pays où tant de gens, par calcul ou par imbécillité, maintiennent les plus honteux abus, M. Sackville, qui veut les détruire, s’est bientôt attiré la haine des puissances du comté. Sans craindre de rompre en visière à la haute magistrature et au révérend clergé qui s’intéressaient à ce que O’Brian fût pendu, M. Sackville a obtenu la grâce de ce chef de la bande des pieds-blancs, condamné ù mort sur la déposition de Thims Reinold, domestique de Galbmith. Par hasard, cette grâce a été oubliée chez le shérif ; par hasard encore, celui - ci a laissé échapper le montagnard, qui s’est mis à la tête d’une nouvelle bande d’insurgés. M. Sackville part avec le perfide Galbraith pour aller chercher cette grâce. Arrivés entre un four à chaux et les ruines de l’abbayo de Kildailly, Gulbraith voit tout à coup paraître devant lui Shane Sullivan, pauvre hère qu’il a poursuivi, torturé, auquel il n’a laissé aucun abri pour reposer sa tête, qui a vu sa femme, chassée de sa cabane, mourir de froid et de faim sur la grande route. Sullivan demande à Galbraith compte de ses malheurs, en lui montrant du bout de son mousquet la fosse qu’il a creusée d’avance pour lui. M. Sackville essaye de rappeler Sullivan à des sentiments moins désespérés, lorsque Galbraith tire un pistolet de sa poche et brûle la cervelle du malheureux, qui tombe eu maudissant le traître. Au bruit du pistolet, une ’ troupe d’hommes s’élance des ruines ; le chef demande à Sullivan quel est son meurtrier ; Sullivan parvient à prononcer le nom dé Galbraith, qui est aussitôt massacré. M, Sackville est entraîné au milieu du cloître de la vieille abbaye de Kildailly, devant un autel en forme de tombe, qu’éclaire un mince tiiet de lumière. Brian, le chef des montagnards, en le poussant vers cet autel sur lequel le sang de Thims Heinold, son dénonciateur, est encore fumant, ne lui donne, pour y mourir lui-même, que le temps d’adresser à Dieu une dernière prière, attendu qu’il avait promis de lui obtenir sa grâce et l’a ainsi détourné de se sauver quand l’heure suprême était arrivée, quand le gibet était préparé et qu’on n’attendait plus que l’exécuteur. À cette accusation, le jeune Anglais répond en tirant de son sein la lettre de grâce si perfidement retenue chez le shérif et pour laquelle il vient d’exposer sa vie ; il y joint un paquet adressé à lady Sackville, qui contient les fonds nécessaires pour pas’ser en Amérique. Brian lit lu lettre de grâce, presse Sackville dans ses bras, lui indique le chemin du manoir et part pour rejoindre les siens. Deux ans après, lady Sackville et son mari lisent dans les journaux du matin l’histoire du procès et de l’exécution de Brian. Le Manoir de Sackoille n’est, à proprement parler, ni un traité de politique, ni un pamphlet, ni une histoire, ni un drame, mais c’est un peu de toutes ces choses réunies et l’une des satires les plus violentes contre l’état déplorable de l’Irlande. C’est, en outre, grâce au talent de l’écrivain, l’effrayant tableau d’un peuple arrivé à l’une de ces crises sociales qui, patleur importance, semblent devoir être définitives.

Scènes populaires et Nouvelles scènes populaires, dessinées à la plume par Henri

Monnier, ornées d’un portrait de M. Prudboiiune, publiées la première série en 1831, la seconde en 1839. Les scènes contenues dans la première partie sont : le Itoman chez la portière, la Cour d’assises, l’Exécution, le

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Dîner bourgeois, la Petite fille, la Grande dame, la Victime du corridor, le Précis historique de la Dévolution, de l’Empire et de la Restauration, les Bourgeois campagnards, Un voyage en diligence, la Garde-malade, les Intérieurs de bureau. La seconde série comprend : l’Esprit des campagnes, le Peintre et les bourgeois, les Petits prodiges, les Compatriotes et les Trompettes. Les trois études les plus remarquables sont : le Voyage en diligence, la Garde-malade et les Compatriotes. Henri Monnier est à la fois artiste dramatique, dessinateur et littérateur ; quelle que soit la face sous laquelle rayonne son triple talent, on trouve toujours chez lui le même instinct, la même finesse d’observation. Quel œil plus perçant a jamais plongé dans le clair-obscur de la loge ? Qui nous a mieux raconté que lui les fiers re.-sentiments de la portière, les intarissables ressources de son génie fiscal, son fanatisme pour le grand homme et son souverain mépris pour les nains politiques de l’époque ? Et les guerres implacables que rallument sans cesse sur le carré les inconvénients d’un voisinage trop rapproché et qui amènent si souvent les parties belligérantes devant la sagesse de la septième chambre du Palais de justice, n’en a-t-il pas été l’Homère ? En un mot, qui a mieux saisi et plus fidèlement rendu ces mille nuances, ces mille contrastes, ces mille incidents variés qui font de la vie parisienne tantôt la plus bouffonne de toutes les charges, tantôt le plus pathétique de tous les drames ? La garde-malade par exemple est une figure délicieuse ; pour 1 avoir peinte avec autant de vérité, il faut avoir été plus d’une fois la victime de son empressement vénal ou de ses négligences calculées.

Quel type est juimiis devenu plus populaire que celui de M. Prudhomme, cette personnification, comique par sa gravité même, du

bourgeois bon époux, bon père et bon garde national, jaloux de ses droits et cependant prêt en toute occasion à se montrer plus royaliste que le roi, niais à force de bon sen 3 et vous débitant les choses les plus inouïes avec le ton convaincu d’un Sancho Punça pénétré de sa valeur ? Le Voyage en diligence a fourni k l’historiographe de M. Pmdhoinme l’occasion de taire ressortir l’exquise politesse de ses manières ; voyez comme il se blottit au fond de la voiture, comme il dissimule son embonpoint ; comme il croise ses jambes avec précaution pour ne pas incommoder son aimable voisine. C’est un véritable tableau de genre. Inutile d’insister, nos lecteurs connaissent aussi bien que nous M. Prudhomme ; il pose journellement devant eux. Henri Monnier l’a dessiné en véritable anatomiste.

Quant au style, le principal mérite d’Henri Monnierest de ne point en avoir ; tantôt c’est un paysan, tantôt c’est une portière que vous écoutez ; jamais vous n’entendez Henri Monnier. Il s’est contenté, pour ainsi dire, de sténographier les discours de ses

comme il a

Scènes de la. vie maritime, par Al. A, Jul,

ancien officier de marine (1832). Sous le titre de Scènes de ta vie maritime, M. Jal décrit un à un, dans des chapitres sépares et sans aucune liaison, les principaux événements qui se rencontrent dans la vie d’un marin : le baptême sous la ligue, l’incendie en mer, la mise à l’eau d’un vaisseau, la mort du matelot, le calme plat, le bal k bord, etc., etc. Tout est raconté simplement, ou croirait assister aux scènes dont on lit la description. Un des types les plus charmants est celui du maître d équipage, un personnage formé de Simon B.ingoul et du Parisien uans lloberlHobert, qui le soir rabâche à ses novices ébahis ou aux braves bourgeois passagers, comme Toussaint Lavenette, tous les contes du vieux temps, ces contes tous plus horribles les uns que les autres. Une des plus curieuses histoires de son inépuisuble répertoire est celle si merveilleuse du Voltigeur hollandais, ce Juif errant de lu mer, condamné il toujours naviguer, à mâcher du fer rouge eu guise de tabac, à subir plusieurs autres pénitences non moins fâcheuses pour s’être

querellé avec le bon Dieu et lui avoir dit : ■ Vous êtes un malhonnête 11 Ce vaisseaufantôme a pour équipage un ramassis de

mauvais sujets, de coquins morts sous l.t garectte pour vol à bord des navires, de lûu-hcS qui se sont cachés pendant les combats. C’est le Père éternel qui a flanqué son Juif errant de ces sacripants. Tout le plaisir de ce damné VoltigtAir est de se venger en faisant du mal aux pauvres marins. C’est lui qui leur envoie les grains blancs, qui leur fuit prendre de fausses routes et leur fait faire naufrage, en les jetant sur des bancs de sable qui n’existent pas. Cette histoire, racontée le soir avec tout l’entrain de AL Jal, a dû faire passer à plus d’un novice une mauvaise nuit.

Scènes de m«urs el de caractères au xvaâi® e» au *i»e siècle, par Mme Augu*lin Thierry (1835). Cet ouvrage n’est ni un roman, ni une page d’histoire ; cela n’a rien de cumniun avec le roman historique à la façon d’Alexandre Dumas. C’est un genre à part. Sous ce titre, Mme Augustin Thierry nous raconte, avec un sentiment très-fin du caractère des deux époques, quelques épisodes de la vie privée et publique de nos ancêtres et de nos contemporains. L’histoire et certaines traditions locales lui ont fourni les sujets, dont elle a

les discours tle ses personnages, photographié leurs physionomies.