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dans le courant du xive ou même du xv« siècle, la légende de l’illustre archer. Cette queslion, du reste, ne peut {ruère être résolue que pur l’étude des anciens manuscrits de l’historien danois. Il nous.semble difficile, qntiiu à nous, d’infirmer le témoignage unanime des Suisses ; car un peuple ne s’abuse pas à ce point sur un fuit qui touche si intimement a sa nationalité. Les détails qu’on donne de la vie de Tell, les monuments qu’on en tiontre aux voyageurs sont tellement précis, qu’ils inspirent la confiance s’ils ne déteiminent pas* la certitude. S’il y a mystification, jusqu’à plus ample informé nous n’hésitons pas à l’attribuer à l’éditeuc de Saxo Grammaticus.

SAXON, ONNE adj. (sak-son, o-nej. Éthnol. Qui appartient, qui a rapport aux Saxons : La race saxonne.

— Linguist. Lettres saxonnes, anglo-saxonnes ou brito-saxonnes, Caractères dont les Angl^-Saxoiis se servirent jusqu’à Guillaume le Conquérant. Il Langues saxonnes, Dialectes germaniques parlés par les Saxons et divers autres peuples du Nord.

  • ■ — Pyroteehn. Pétard percé d’un ou de deux

trous à l’extrémité du même diamètre, ce qui le fait tourner en tous sens.

— Encycl. Linguist. La branche saxonne comprend les idiomes anciens parlés par les Cimbres, qui sont si célèbres par leur invasion ; n Italie, et que Marius tailla en pièces ; par es Angles, qui, plus tard, réunis aux Saxdnset aux Jutlandais, jouèrent un tôle remarquable dans l’histoire du Nord ; par les Bructeresel lus Chauques, qui faisaient partie du la confédération des Jstxoones ; par les Chérrsques, si puissants sous Arminius, le vainqueur de Varus, et plus tard réunis aux. Francis ; par les Ménapes, les Tongres, les Bataves, les Frisons et autres peuples moins connus ; par les Saxons, qui sont les Inysoones dss Romains et les ancêtres des Saxons actuels fils formaient une puissante confédération dans l’Allemagne septentrionale, où, commandés par le célèbre Witikind, ils défendirent pendant trente années leur indépendance contre les armes victorieuses de Char emagne) ; enfin par les Lombards, qui, alliés aux Avares, après avoir détruit le royaume des Gépides, enlevèrent en 568 l’Italie aux Grecs et y fondèrent le royaume qui porta leur nom.

La bninehes]fixonne a, en outre, donné naissance aux trois rameaux suivants ; 1<> te bas allemand ou niederdeutsch, dont les différentes j.hases l’ont fait distinguer en ancien, moyen et moderne.

Le bas allemand ancien ou altniederdeiitsch est appelé aussi ancien saxon, du nom du peupe principal qui le parlait. Cette langue, qu’un peut regarder comme tout à fuit éteinte, paraît avoir été parlée anciennement et durant le moyen âge dans toute l’Allemagne septentrionale et dans les lJays-Bas, à l’exception des contrées occupées par les Frisons et les Angles. Les plus anciennes productions littéraires de l’ancien saxon furent composées entre le vme et le xi» siècle. On y reniai que VEvungelien harmonie, qui paraît être du comir.euceiuent du ixe siècle, et les Glossse Lipsii, du même temps.

Le bas allemand moyen ou mittelniederdeutsr.h comprend tous les écrits du xie au xvi= iiiècle, dont les principaux sont : un vocabulaire composé vers la moitié du xn« siècle ; une traduction de la Bible du commencement du siècle suivant ; le Heldenbuch, épopée q le l’on attribue également à Henri d’Ofterdingen et à Wolfram d’Esehenbaeh ; le Reineke der Fucha, épopée satirique dont le véritt.ble auteur paraît être Nicolas Baumann, et le Tyt Utenspiegel, qui paraît avoir été composé dans le xiv» siècle et qui fut traduit ensuite en haut allemand par Thomas Murnsr. C’est à ta cour de Brunswick que cet idiome a fleuri le plus.

Le bas allemand moderne ou neuniederdeutsi)h, dit aussi saxon moderne ou neusaechsisch, était parlé en plusieurs dialectes dans le nord de 1 Allemagne et dans presque toute la Crusse ; cet idiome a été remplace insensiblement, depuis Luther, par le haut allemand mode.-ue dans les tribunaux, la liturgie, les docut.ients publics, et il a cessé complètement d’être écrit depuis le commencement du xvii" siècle. Sa littérature est très-pauvre et ne cempte, à l’exception de beaucoup de poésies populaires, que des grammaires, des vocabulaires, quelques chroniques, entre autres celles de la Livonie par Russow, et quelques livres ascétiques composés dans les principaux dialectes saxons. Parmi ces dialectes, on diïtingue : 1° le saxon proprement dit ou l’idioi ie de la basse Saxe, dans lequel on trouve les sous-dialectes de Hambourg et ses enviions, du" Molstein, du Slesvig entre la la Sli.j et l’Kider ; des Marches ou des Pays-Bas ; du Hanovre, parle en plusieurs variétés dans la plus grande partie du royaume de ce nom ; des mineurs Ou Harz ; de la Marche de PriBguitz. 2» Le saxon oriental, dans lequel on distingue les sous-dialectes de Brandebourg, uit aussi markisch, parle à Berlin, etc. ; de la Poméranie, Ue l’île de Riigun et de la Prusse, tous subdivisés en plusieurs variétés et parlés dans la monarchie prussienne. 3« Le wesiphalieu ou saxon occidental, qui comprend les sous-dialectes de Blême et d’Osl-JFYise, parlé dans les provinces hanovriennes t := Stade et d’Aurick ; le rustrtngien, parlé

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dans le grand-duché d’Oldenbourg ; le sousdialecte de îaWestphalie centrale, parlé dans la province prussienne de la Westphalie ; du duché d’Engern, parlé dans une partie du gouvernement de la Westphalie ; de Cologne, dans le gouvernement de ce nom, etc. Tous les dialectes du saxon moderne se distinguent des dialectes du haift allemand moderne par leur douceur et par le soin avec lequel ils évitent, autant que ce dernier semble les rechercher, l’accumulation des consonnes sifflantes et la fréquence des sons gutturaux. Moins riches en tonnes grammaticales que les dialectes du haut allemand, selon Grimm, les dialectes saxons les surpassent dans la richesse des racines.

4uLe frison ou frieiisch, parlé anciennement sur les rives du Rhinjusqu kl’Elbépar lesFrisons et les Chauques, leurs allies, qui sont les ancêtres des Frisons actuels. Ceux-ci ne se trouvent plus que dans un petit nombre d’endroits et parlent une langue trës-ditTerente de l’ancienne, à cause du mélange de mots étrangers empruntés aux idiomes des peuples qui les environnent. Quoique les monuments de l’ancien frison se rapportent, pour la date, à l’allemand de l’époque moyenne plutôt qu’à l’ancien allemand, la langue dans laquelle ils sont écrits se rapporteévidemment à une période bien plus primitive qui se rapproche beaucoup de l’ancien haut allemand. L’isolemeut politique des Frisons et leur attachement à leurs droits héréditaires ont repoussé de leur langue les éléments étrangers. Après le xive siècle, dit Grhnm, nous voyons le frison Se dépouiller rapidement de toutes ses flexions, tandis qu’au xn« et au xme siècle, elles n’y étaient pas moins nombreuses que dans l’anglo-saxon du ixe et du xe siècle.

Le frison moderne comprend trois dialectes principaux, très-différents entre eux et subdivisés en sous-dialectèset patois innombrables. Ces dialectes sont le frison batave, le frison westphalien et te frison septentrional. Le frison batave, parlé jadis dans les provinces hollandaises de West-Frise, de Groningue et une partie de la Nord-Hollande, ressemble beaucoup k l’anglo-saxon et il est mêlé d’un grand nombre de mots hollandais. Depuis le xve et le xvie siècle, il s’est éteint en plusieurs endroits, et on ne le parle plus maintenant que dans les villes de Molkweren et Hindelopen et leurs environs, et dans le village de Bolwert, dans la West-Frise.

Le frison westphalien ou kauchisch-friesisc/t, était parle jadis par les Kauchen ou Chauques, qui habitaient les pays qui correspondent à l’Ost-Frise, au duché d 0 denbourg, au Saterland, au bas évêché de Munster et aux comtés de Hoya et Diepholz, et dans le pays de Wursteu, compris dans l’ancien éveché de Bremen. Depuis le xvi» siècle, ce dialecte s’est éteint, et il a été partout remplacé par le saxon, à l’exception des îles Wangeroog, Schickeroog, Laugeroog, Baltriin et Norderney, dépendantes de l’Ost-Fuse, et du petit pays de Saterland, dans le grandduché d’Oldenbourg, où il est parlé, quoique mêlé de beaucoup de mots étrangers, .surtout du bas allemand. Dans le pays de Wursten, le frison n’a cessé d’être parlé que dans la seconde moitié du xvme siècle.

Le frison septentrional ou cimbrique est parlé encore en plusieurs sous-dialectes très-différents par les descendants des Frisons qui, dans le moyen âge, s’établirent dans les terrains marécageux de la côte occidentale du duché de Slesvig, entre Tondern et llusun, et dans les lies voisines, Amrom, Sylt, Foehr, Lutjenmoor, Nordmarch, etc., où ils vivent soumis au roi de Danemark. D’autres Frisons habitent l’île de Helgoland, dépendante de la Grande-Bretagne. Les noms les plus communs, dit Kohi dans ses Voyages, qui sont presque identiques dans toutes les contrées de l’Europe, différent complètement dans les diverses îles du Frieslaud ; ainsi, père se dit aatj dans l’île d’Aitiroin, baba ou babe dans les îles Halligs, foder ou vaar dans l’île de Sylt, tate dans bien des districts sur le continent, et oti ou ohitj dans la partie orientale de l’île de Foehr.-Bien que ces populations soientà a milles allemands les unes des autres, ces mots diffèrent plus entre eux que l’italien padre et l’anglais father. Les noms mèuiHs de leurs districts et de leurs îles sont complètement dissemblables dans différents dialectes : l’île de Sylt s’appelle Soi, Sol et Sut. Chacun de ces patois, ajoute M. Max Millier, bien qu’à la rigueur un savant frison puisse s’y retrouver, n’est intelligible que pour les paysans de l’étroit district où il a cours. Les sous-dialectes septentrionaux sont fortement mélangés de danois, tandis que les Sous-dialectes méridionaux sont très-mélangés de saxon ; ceux n’Eydersiedt et de Stapelhom se sont déjà éteints.

La littérature de la langue frisonne est très-pauvre. Elle se réduit presque à. quelques grammaires, à quelques vocabulaires et à plusieurs poésies populaires, dont les plus importantes sont en frison batave.

20 Enfin le néerlandais ou batave moderne, dans lequel il faut distinguer deux dialectes principaux, le flamand et le hollandais, qui ont été chacun l’objet d’un article spécial. V. ces mots.

SAXONNE (SUISSE), en allemand Sâchsische Sehweiz, nom donné à la partie orientale du cercle de Misnie, dans le royaume de Saxe. Cette contrée, arrosée par l’Elbe, est

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couverte de montagnes de grès, entre lesquelles s’étendent de délicieuses vallées aux sites les plus pittoresques. La Suisse Saxonne mesure environ 70,000 hectares de superficie. SAXONS (pays des), en allemand Sachsenland, nom donné autrefois à une division de l’empire d’Autriche, dans la province de Transylvanie. Le pays des Saxons, ainsi nommé parce que le roi Geysall. en 1143, avait appelé dans cette contrée des Saxons venus des pays de Liège et de Luxembourg, s’étendait au S.-E. de Ta Transylvanie, entre les Madgyars à l’O. et les Szecklers à l’E., SUr unesuperlicie de 11,000 kilom. carrés. Le chef-lieu était la ville d’Hermannstadt ; les villes principales étaient Bistritz et Cronstadt. Ces Saxons, dont le territoire est actuellement divisé entre les cercles de Bistritz, Ilermannstadt et Cronstadt, ont conservé jusqu’à nos jours la langue, les coutumes et les mœurs de leurs ancêtres. Ils sont presque tous agriculteurs.

SAXONIA, nom latin de la Saxe.

SAXONIQUE adj. (sa-kso-ni-ke). Hist. Qui a rapport aux Saxons, u Comtes du rivage saxcinque, Ofticiers que les empereurs établirent sur les côtes de la Gaule, pour repousser les Saxons.

— Hist. relig. Confession saxonique, Profession de foi rédigée par Mèlanuhihon.

SAXOPHONE s. m. (sa-k>o-fo-ne — de Sax, nom de l’inventeur, et du gr. phonê, voix, son). Mus. Instrument de cuivre à clefs et à embouchure eu bec de clarinette.

— Encycl. Il existe quatre saxophones de tons et d’échelles différents. Leur étendue, semblable à celle du hautbois, est d’une dixneuvième diminuée (quinte diminuée, plus deux octaves) ; ou écrit tous les saxophones indistinctement en clef de sol ; leur échelle commence au si placé au-dessous des lignes de la portée, d’où elle s’étend ehromaiiquement jusqu’au fa placé au-dessus des lignes de cette même portée. On emploie rarement les dernières notes aiguës, telles que mi p, roi b et fa. Voici la nomenclature de ces instruments :

1» Le saxophone soprano en si p, qui joue une seconde majeure au-dessous de la note écrite ; c’est le plus aigu des instruments de cette famille.

2t> Le saxophone alto en mi p, qui joue une sixte majeure au-dessous de la note écrite, et par conséquent une quinte au-dessous du précédent.

3° Le saxophone ténor-baryton en mi’p, qui joue une treizième majeure au-dessous de la note écrite, et par conséquent une octave au-dessous du précédent.

40 Le saxophone basse en si ! ?, qui joue une seizième majeure au-dessous de la note écrite, et par conséquent une quarte au-dessous du précédent.

Les saxophones ont quelque rapport avec les clarinettes ; mais celles-ci leur sont supérieures pour la qualité et l’ampleur des sons. M. Sax est l’inventeur de cette famille d’instruments qui forme, à présent, avec les saxhorns la base des musiques militaires.

SAXOTROMBA s. m. (sa-kso-tron-bade Sax, l’inventeur, et de trombe). Mus. Instrument de cuivre à trois, quatre ou cinq cylindres.

— Encycl. Cet instrument a beaucoup d’analogie avec le saxhorn, quant à la manière de le jouer. Le timbre du saxotromba se rapproche de ceux de la trompette et du bugle ; il est, par conséquent, plus strident que celui du saxhorn. L’étendue du saxotromba est de deux octaves et une quinte diminuée. Il s’écrit en clef de sol, et son échelle s’étend à partir du fa $ placé au-dessous des lignes de la portée ju-qu’à Vut placé au-dessus des lignes de cette même portée.

Il y a plusieurs variétés de saxotrombas :

1° Le saxotromba soprano en mi) ;, qui joue une tierce mineure au-dessus ne la note écrite ; c’est le plus aigu des instruments de cette famille.

îo Le saxotromba alto en «p, qui joue une seconde majeure au-dessous de la note écrite, et par conséquent une quarte au-dessous du précédent.

3° Le saxotromba ténor-baryton en mi b, qui joue une sixte mineure au-dessous de la note écrite, et par conséquent une quinte au-dessous du précédent.

40 Le saxotromba basse en si p, qui joue une neuvième majeure au-dessous de la note écrite, et par conséquent une quarte au-dessous du précédent.

Nous ne mentionnons ici que pour mémoire le saxotromba contre-basse qu on n’emploie jamais.

On emploie surtout ces instruments dans les fanfares ; à l’orchestre, ils ne paraissent presque jamais.

SAXTORPH (Mathias), médecin-accoucheur danois, né à Meiruys, près de Holstbroe, en 1740, mort à Copenhague en 1S00. Il fit ses études médicales dans cette dernière ville et dirigea spécialement ses travaux vers l’obstétrique. Ayant obtenu la faveur de voyager aux fiais de l’État pour se perfectionner dans son art, il visua pendant trois ans les hôpituux les plus renommes d’Allemagne, de France et de Hollande. À son retour en Danemark, il fut nommé accoucheur à la maison royale d’accouchements de Co SAY

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penhague et professeur à l’université. Saxtorph occupe un rang distingué dans l’histoire médicale. Formé par les b-çons de C.-J. Berger, qui déjà avait des idées justes et avancées sur le mécanisme de la parturitinn, il décrivit avec soin les rapports successifs de la tête avec le bassin, dans son passage à travers cette cavité, et montra, contie l’opinion de Smellie, qu’elle s’engage au déroit Supérieur, son grand diamètre répondant non au diamètre transverse de ce déiroit, mais au diamètre oblique. Outre un grand nombre d’articles fournis au recueil de la Société de médecine de Copenhague, nous devons encore à Saxtorph les écrits suivants : De doloribus parturientiwn signum felicis partus prsbentibus (Copenhague, 1762) ; De dioerso partu ab diversam capitisad pelvim reiutionem mutuam (Copenhague, 1771), etc., etc.

SAY s. m. (se). Nom que l’on donne aux bonzes dans le Touquin.

SAY (Jean-B ; iptiste), célèbre économiste français, né à Lyon en 1767, mort à Paris en 1S32. Destiné d’abord au commercé, il fut envoyé par sou père en Angleterre et placé en qualité de commis dans une maison de banque. À son retour, il fut attache à la rédaction du Courrier de Provence, publié pur Mirabeau (17S9), et, en 1792, devint secrétaire de Clavière, ministre des finances. Eu 1794, il fondu, avec le concours de Chuinfurt et de Ginsruené, la Décade philosophii/ue, politique et littéraire, l’un des recueils périodiques les plus remarquables de l’époque. Appelé au tribunal après le 18 brumaire, il y protesta par son silence contre le développement d’un système politique qu’il condamnait et fut éliminé de ce corps en 1804 à cause de sesidées libérales. Dès 1797, il avait commencé a prendre rang parmi les économistes en concourant pour un des prix de l’Académie des sciences morales et politiques. La question proposée était : « Quels sont les moyens de fonder la morale chez un peuple ? "Quelles sont les institutions les plus favorables pour atteindre ce but ?» J.-B. Say envoya à l’Académie un travail un peu romanesque, intitulé Olbie, où il traçait le plan d’un gouvernement imaginaire ; des idées justes et saines se mêlaient dans ce roman à la sentimentalité et à la déclamation qui étaient alors en vogue. Olbie n’obtint pas le prix. En 1S03, son auteur publia un ouvrage plus sérieux, le Traité d’économie politique, qui, successivement remanié et étendu par lui, est resté son principal litre k la renommée ; l’édition définitive est de 1814 (2 vol. in-so).

De ce livre date réellement en Europe lu création d’une méthode simple, sévère et savante pour étudier l’économie politique. C’est J.-B. Say qui a créé la nomenclature de cette science, qui l’a séparée de la politique et de l’administration ; qui, par sa Théorie des débouchés, a démontre la solidarité économique des diverses industries, ues diverses provinces d’un État, des diverses nations du globe. Il voyait dans ta balance du commerce une erreur désastreuse, produite par la mauvaise définition du moi capital ; dans la plupart des impôts, des fléaux comme iu grêle, les incendies et les invasions. Il réduisait à une sorte de minimum d’action le rôle des gouvernements : • L’administration insignifiante du cardinal de Fleury, dit-il, prouva qu’à la tète d’un gouvernement, c’est déjà faire beaucoup de bien que de ne pas faire de mal, »

En l’éliminant du tribunat, Napoléon, qui néanmoins avait reconnu en lui un esprit supérieur, avait essayé de se rattacher J.-B, Say eu lui confiant dos fonctions lucratives ; il l’avait nommé inspecteur des droits réunis dans l’Allier. Mai- J.-B. Say était, comme économiste, complètement opposé aux impôts de consommation ; il refusa d’accepter cette place. Il se tourna alors vers l’industrie et organisa, d’abord dans le Pas-de-Calais, puis dans l’Oise, une filature de coton. Les temps étaient peu favorables ; les droits r énormes qu acquittaient à l’entrée les matières premières rendaient la fabrication presque impossible ; J.-B. Say surmonta pourtant ces obstacles, mais il garda toujours avec raison, contre le système gouvernemental qui les créait, contre les guerres qui les augmentaient encore, une sourde rancune qui perce dans la plupart de ses écrits. En 1812, il céda sa filature a un associé et attendit pour reprendre les affaires la chute du gouvernement impérial. À la Restauration s’ouvrit pour lui une brillante carrière. Après un voyage en Angleterre, où il étuit allé étudier le mécanisme gouvernemental et économique de nos voisins, il accepta de professer 1 économie politique à l’Athénée (1816), puis fut successivement professeur de ceite science au Conservatoire des arts et métiers (1821) et au Collège de, Franco (1830). Il a réuni ses leçons sous le titre de Cours complet d’économie politique pratique (1828-1830, 6 vol. in-S»), ouvrage considérable que les industriels préfèrent même k son Traité d’économie politique, quoiqu’il n’en ait pas l’ordonnance méthodique, parce qu’ils y trouvent des éclaircissements et des pieuves sur des points particuliers, à Nul, dit Blanqui dans son Histoire de l’économie politique, n’a popularisé la science économique au même degré que J.-B. Say., Il détestait surtout les hypothèses et les systèmes comme la source de presque tous les maux qui ont pesé

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