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se prolongeaient ainsi pendant plusieurs jours. C’est d’ailleurs une opinion généralement reçue que, dans les premiers temps, les saturnales avaient duré sept jours. En effet, Novius, autour très-estimé d’atellanes, dit : ’ Les sept jours de saturnales longtemps attendus arrivent enfin. » Memmius, qui ressuscita la comédie atellane, longtemps perdue après Novius et Pomponius, dit aussi : « Nos ancêtresinstituèrent fort bien une foule de choses : ce qu’ils ont fait de mieux, c’est de fixer durant les plus grands froids les sept jours des saturnales, • Cependant Mallius rapporte que ceux qui, comme nous l’avons dit plus haut, se placèrent sous la protection du nom et du culte de Saturne, instituèrent trois jours de fête qu’ils appelèrent saturnales : » C’est pourquoi, dit-il, Auguste, conformément à cette opinion, ordonna dans ses lois judiciaires de les férier pendant trois jours. « Masuiius et d’autres ont cru que les saturnales ne duraient qu’un jour, savoir le IG des calendes de janvier. Fenestella confirme cette opinion en disant que la vestale jEmilia fut condamnée le 15 des calendes de janvier, jour pendant lequel on n’aurait pas même plaidé une cause si l’on eût célébré les saturnales.

Le 16 des calendes au soir, à l’heure où expirait le jour civil, un pontife, placé sous le portique du temple de Saturne, s’avançait jusqu’au milieu du Forum en s’écriant : «Saturnales ! saturnales ! » C’était le signal des réjouissances. > Mille cris de joie répondaient a sa proclamation et presque aussitôt les nombreuses bandes d’esclaves, qui formaient une partie notable de la population de Rome, accouraient de toutes parts, coiffés du bonnet de liberté, comme s’ils étaient affranchis. Ils se répandaient dans toute la ville, en ébranlant l’air de chants et de cris d’allégresse, au milieu desquels on entendait souvetit l’exclamation : « lo saturnales ! » C’est un désordre général, mais un désordre permis qui commence et qui ira jusqu’à l’orgie ; dès ce moment, pleine licence est donnée à la dissolution publique, et, tant que durera la l’été, la ville sera agitée par ces esclaves, ivres pour la plupart. » (Sénèque.) Nous trouvons dans Lucien les lois de Cronosolon, législateur des saturnales ; elles nous offrent le résumé des prescriptions à observer dans ces jours de fête. Après avoir recommandé de cesser pendant ce temps toute affaire publique ou privée, Lucien ajoute : « La plus grande égalité doit régner entre Jes maîtres et les esclaves, entre les riches et les pauvres. Chose inouïe, l’esclavage, cette institution si puissamment établié à Rome, semblait aboli durant les saturnales. « Ces maîtres si cruels, on peut même dire, sans crainte d’exagérer, si féroces avec leurs esclaves, vivaient avec eux durant ces fériés non-seulement comme des égaux, mais encore comme des inférieurs, leur permettant les propos les plus blessants, les vérités les moins respectueuses, endurant jusqu’aux plus grandes injures sans murmurer et, à plus forte raison, sans avoir ni la volonté ni le droit de les punir. Parfois, les maîtres prenaient la place des esclaves et les servaient comme ils étaient servis par eux pendant les temps ordinaires. En ces jours de délire général, les citoyens, dit Martial, allaient jusqu’à renoncer à leurs insignes les plus chers, à la toge, pour revêtir la synthèse de festin ; ils allaient même jusqu’à se rendre visite affublés de cet accoutrement. La veille de ce jour solennel, on lavait et l’on purifiait les maisons, et, le lendemain, la fête commençait par un envoi mutuel de présents. Les piésents devaient être envoyés avant la fin du jour. « Il ne faut pas, dit Cronosolon, que Jes porteurs soient plus de trois ou quatre ; on doit prendre de.préférence des esclaves déjà vieux et d’une fidélité éprouvée. » Cette prescription de ce piètre de Saturne n’était pas inutile, si l’on songe que quelques riches, plus vaniteux que généreux, envoyaient porter leurs minces présents, qui valaient bien 30 sesterces, par huit enclaves sj’riens, comme si des hommes moins nombreux ou moins forts eussent dû plier sous le faix. Ordinairement, les porteurs de présents avaient l’ordre de ne recevoir aucune récompense du genre de celles que nous appelons pourboire ; il leur était même interdit d’accepter plus d’un verre de vin. On avait ia coutume d’envoyer des présents plus considérables aux gens instruits ; il y avait même des riches qui allaient jusqu’à payer les dettes d’amis plus pauvres qu’eux ; il y avait des propriétaires généreux (ceux de notre époque nous accuseront d’être fantaisistes, mais nous les renverrons à Lucien Cronosolon) qui, à l’occasion des saturnales, faisaient doit à leurs locataires besoigneux du loyer de leurs maisons qu’ils ne pouvaient acquitter. Quelques-uns même allaient jusqu’à s’enquérir de ce qui leur manquait parmi les choses nécessaires à la vie pour leur en faire présent.

En général, les dons que l’on s’envoyait étaient de peu de valeur. Parmi It-s riches, les uns allaient jusqu’à offrir un plat ou une coupe en argent. D’autres citoyens donnaient soit une simple robe, soit une simple tunique à manches, un laticlave ou un lacerna, soit des agrafes de chaussures ; mais la plupart des patrons s’en tenaient aux dons qu’ils recevaient do leurs clients : c’était une douzaine de tablettes eu cire à trois feuillets ou

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de tablettes en cartes, un paquet de roseaux à écrire ; c’était une petite nappe écourtée, une petite botte de cure-dents, une éponge, une demi-livre d’encens ou bien une chandelle de cire. Il se faisait aussi beaucoup de présents de menus comestibles, tels qu une petite corbeille d’olives, un panier de prunes blanches, un pot de figues de Libye confites, un demi-modius de fèves mondées, des oignons, des huîtres, du fromage, des noix, une couronne de grives, un pot de thon d’Antipolis, une demi-livre de poivre, ou bien encore une bouteille de vin cuit. (Dézobry.) Nous avons vu à quelle vieille tradition se rattachait l’usage de s’envoyer aussi de petites chandellés de cire. C’était ordinairement là le présent des clients à leurs patrons ou des gens inoins riches à des citoyens plus favorisés de la fortune. Les pauvres portaient eux-mêmes leurs présents, tandis que, comme nous l’avons dit, les riches les faisaient porter. Cronosolon rapporte que, longtemps avant la fête, les riches faisaient un état de leur revenu, en distrayaient le dixième, y ajoutaient les parties d’habillement ou.de mobilier dont ils pouvaient disposer et les répartissaient suivant la condition de leurs amis. Une lettre d’un style enjoué et burlesque, renfermant l’annonce et la description des objets offerts, accompagnait chaque envoi, car il eût été désagréablo que deux amis s’envoyassent le même objet. On s’abstenait de s’envoyer des lièvres ou des poules grasses. Il était d’un usage assez généralement reçu qu’un citoyen pauvre mais instruit envoyât à un homme plus riche que lui un ouvrage de quelque grand écrivain. Les poètes jouissaient du privilège de pouvoir payer leur tribut avec une œuvre de leur composition ou une production légère relative à la fête que l’on célébrait. Lorsqu’un citoyen pauvre avait envoyé de l’argent ou de l’or, ou bien un tout autre présent au-dessus de ses moyens, on te vendait au profit du trésor du temple de Saturne et, le troisième jour des fêles, le pauvre était obligé de recevoir, des mains du riche auquel il avait envoyé son présent, deux cent cinquante coups de férule sur Jes ongles.

Des festins magnifiques, qui étaient suivis d’épouvantables orgies, formaient la partie la plus importante de la célébration des saturnales. On commençait ces repas par les jeux de hasard ; seulement, les noix formaient exclusivement les enjeux, afin, dit Martial, que les joueurs ne tussent pas attristés par leurs pertes. L’heure du bain, dit Cronosolon, arrivait quand l’ombre prenait la dimension de 6 pieds ; ensuite, on passait dans la salle du festin. L’égalité la plus absolue régnait dans les places et dans le service de lu table ; tous buvaient du même vin et mangeaient des mêmes mets sans distinction d’aucune sorte ; on n’enlevait les plats que lorsque les convives jugeaient qu’il était temps de le faire. L’échanson devait s’occuper de remplir les coupes de tous les convives, à l’exception de celle de son maître ; chacun avait le droit de porter la santé de ses amis ; personne n’était obligé de boire s’il n’avait soif ; on ne pouvait introduire dans la salle du festin des joueurs de cithare ou des danseurs si l’un des convives s’y opposait. On doit bien penser que, une fois échauffés par cette bonne chère insolite, les esclaves chantaient à tue-tète, s’appelaient entre eux, attaquaient leurs maîtres par de mordantes plaisanteries, ou bien, comme nous le rapporte Dion, prenaient les habits de leurs maîtres et se mettaient à contrefaire leur démarche, leurs paroles ou leurs habitudes. Les esclaves des juges, des magistrats ou des avocats se distribuaient des magistratures, changeant la maison en petite république, l’atrium en Forum, et là on entendait plaider des orateurs devant un tribunal improvisé, du haut duquel les plus capables, affublés en consuls ou en préteurs, rendaient la justice et prononçaient des arrêts, comme s’ils étaient devant le peuple assemblé. (Sônèque.) En vérité, l’imitation des maîtres est presque parfaite : intempérance dans les festins, luxe d’accoutrement, grands airs d’importance et de dignité, caprices cruels contre des serviteurs, tout cela indique véritablement l’homme libre. Les citoyens des saturnales ne sont inférieurs aux autres citoyens qu’en ce que leur cruauté contre ceux qui les servent a quelque chose d’innocent, comparée à celle qu’ils endurent eux-mêmes toute l’année ; mais, sans doute, la liberté de décembre ne tolère pas une transformation si complète. (Uorace.)t Avant le banquet, dit Cronosolon, en sortant du bain, les convives tirent aux dés le roi du festin. Ce monarque éphémère ne laisse pas d’égayer la société par la manière dont il use de son pouvoir ; les commandements les plus ridicules, les plus absurdes et même quelquefois (ou doit s’y attendre avec de tels convives) les plus obscènes sont ceux qu’il se plaît à prescrire à ses sujets. Ainsi, il ordonne à 1 un de chanter ou de danser nu ; à l’autre de prendre une joueuse de tlùte sur ses épaules et de faire avec elle trois fois le tour de la maison ; à un troisième de se dire tout haut des injures ; à d’autres de se plonger lu tète dans un vase plein d’eau froide, de se barbouiller la figure de suie ; ou bien encore, par un véritable accès de despotisme, il fait précipiter dans l’eau froide tous les ministres du festin, sous prétexte qu’ils s’ac SATU

quittent mal de leur devoir. » {Lucianus, Saturnalia, II, iv.)

Nous trouvons dans Suétone et Aulu-Gelle des détails sur les innovations qu’Auguste et ses successeurs apportèrent dans la célébration des saturnales. L’empereur, disent-ils, distribue aussi des présents de satui’nales et le fait d’une manière assez divertissante : il rassemble beaucoup d’objets de nature et de valeur très-différentes, tels que de î’or, un habit, de l’argent, des monnaies de tous les types, même des anciens rois et des rois étrangers, ou bien un fourgon, des pinces, une éponge et d’autres bagatelles semblables. Chaque objet, soigneusement enveloppé, porte une étiquette dont la rédaction obscure ou à double sens intrigue d’abord les gratifiés. Dans les festins, car toutes les classes célèbrent les saturnales dans des festins, il fait des loteries de choses du prix le plus inégal ; on met en vente des tableaux dont il ne montre que l’envers, afin que là encore on ait le divertissement d’espérances remplies ou frustrées. La vente se fait à l’enchère et il y a une licitation par lit de convive. Chaque moitié enchérit tour à tour, de sorte que les associés peuvent se féliciter mutuellement de leur hardiesse ou se la reprocher, ce qui devient une nouvelle occasion de plaisanteries. (Suétone, Aug.)

On peut penser que tous les maîtres ne voyaient pas d’ordinaire revenir l’époque des saturnales avec beaucoup de satisfaction. Un grand nombre d’entre eux, malgré la rigueur de la saison, se dérobaient aux exigences de cette fête en se réfugiant à la campagne. Horace nous le dit, du reste, dans sa satire III. D’autres, comme nous le voyons dansMacrobe et dans Sénèque, s’isolaient au milieu de la ville et se réunissaient pour passer le temps dans des festins qu’ils se donnaient entre eux mutuellement. Les Saturnales de Macrobe ne sont autre chose qu’un entretien littéraire, philosophique et scientifique qu’ont entre eux plusieurs citoyens distingués qui se réunissent pendant les fêtes des saturnales, pour se réjouir et pour discourir entre eux de choses intéressantes et souvent légères.

On peut se donner une idée de ce que devaient être les banquets qui accompagnaient les saturnales en contemplant le magnifique tableau de M. Couture, 1 Ortjie romaine. Kn 362, le concile de Laodicée en défendit la célébration aux chrétiens.

Saiaroaifis (les), de Macrobe. C’est i’ouvrage capital de l’auteur, et il ne le recommande pus à l’admiration des siècles. Il est divisé en sept chapitres, consacrés à chacun des sept jours dédiés à Saturne : de là le nom de Saturnales, Ce sont des dialogues, plus pédants que savants, entre personnages contemporains de Macrobe ; ce sont des conversations auxquelles prennent part les hommes les plus distingués du temps, notamment Syminaque, sonami, etlefrèrede Synunauue ; elles roulent sur toutes sortes de sujets. L auteur ne s’y montre, à proprementdire, ni chrétien ni païen ; c’est une façon de philosophe impartial et qui se rattacherait à l’école néoplatonicienne plutôt qu’à toute autre. Il discute froidement, sans passion, sans parti pris ; et, s’il ne raisonne pas toujours bien, il montre toujours de bonnes intentions ; c’est un homme de bonne foi. Mais, après tout, ce n’est pas ce qu’il a, écrit qui recommando son nom à la postérité, c’est ce qu’il a sauvé de la destruction. Comme écrivain, il n’atteint guère qu’à une honnête médiocrité. Il n’a point la verve de son illustre contemporain et ami Symmaque, ni la gravité d’Ammien Marcellin. Il a peu de goût et il manque presque d’esprit, il a tous les défauts de son temps, et il ne mérite guère d’être lu que parce qu’il cesse à chaque instant d’être lui-même et qu’il cite autant qu’il disserte. Les Saturnales sont, à cet égard, un livre presque aussi précieux que le recueil d’Aulu-Geile, bien que Macrobe n’ait fait quelquefois que mettre dans un autre ordre les matériaux amassés par Aulu-Gelle lui-même, ou que traduire dos passages de Plutarque. Malheureusement, l’auteur des Satwnales a eu plus d’ambition littéraire que l’auteur des Nuits atliques ; mieux eût valu qu’il eût été plus modeste et se fût contenté de jious donner ses notes. Elles ont de la valeur ; tous ses prédécesseurs, comme ses contemporains, font les frais de son ouvrage, et il n’en est pas un qui n’ait à lui payer son tribut. Parmi les textes précieux que nous a conserves cet infatigable citateur figure le Sonye de Scipion. C’est une heureuse iuee qu’a eue Macrobe, du commenter ces balles pages du grand orateur latin ; le commentaire ne vaut pas grand’chose, mais il n’en mérite pas moins toute notre reconnaissance : nous lui devons le Suiige de Scipion. Macrobe ne reproduisait ce texte que pour son commentaire ; nous lui pardonnons son commentaire en faveur du texte qu’il a conservé.

SATURNE s. m. (sa-tur-ne — nom d’un dieu des Romains). Astron. Une des planètes du système solaire, il U11 des anciens noms de la constellation d’Orion.

— Poétiq. Temps personnifié :

Ainsi plaît un Nestor de qui Saturne argenté La rare chevelure et la barbe ondoyants.

BÉJUKOEE.

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Sur les ruines de Pnlmyre,

Saturne a promené &n faux ; Mais l’univers encore admire

Les Pitidares et les Saphos.

LEBttUW.

i-My thol. Temps de Saturne et de Rhée, Age d’or, qui dura tout le temps que Saturne gouverna l’univers.

— Ane. chim. Nom donné au plomb, considéré comme l’origine de tous les autres métaux, de même que le dieu Saturne étaitle père des autres dieux. Il Saturne tonnant, Plomb fulminant. Il Sel ou sucre de Saturne, Acétate neutre de plomb. Il Extrait de Saturne, Sousacétate de plomb en solution. Cette expression est encore employée dans la pratique médicale.

—Encycl. Astron. Cette planète occupait une place importante dans les superstitions astrologiques que les peuples sémitiques avaient empruntées aux Chaldéens et aux Persans. Les Hébreux et les Arabes la nommaient Keiwan. Saturne passait pour un astre malfaisant ; aussi les Arabesl’appelaient-ils Ennahas-e !-Akbar, la grande fatalité. Elle jouissait d’une aussi mauvaise réputation chez les Grecs et chez les Romains : Grave Saturni sidus in om«ecapiiï, ditLurain ; Stella nocens, sidus triste, dit Juvénal. Pline lui-même ne s’était pas entièrement dégagé de ces croyances populaires, et il attribuait à l’influence de Saturne les pluies torrentielles.

Dans différents passages de la Bible, lénom de Saturne est écrit et transcrit, par la version des S’-planie, Raiphan ou Hephan. lablonski cherche à expliquer ce mot par deux radicaux coptes, ra, rot, et, pheh, ciel, le roi du ciel. Rossi y voyait au contraire les racines coptes pheft, ciel, et rem, habitant ; il lisait Rempki et traduisait simplement par céleste.

Saturne est la sixième planète dans l’ordre des distances au soleil. On la désigne par Te signe -jj.

Jusqu’à la découverte d’Uranus, Saturne, dont les mouvements semblaient, par leurs inégalités, déroger aux lois de la mécanique céleste, passait pour la plus lointaine des planètes, celle au delà de laquelle il n’y avait plus de mondes jusqu’à la région des étoiles. Le vieux Saturne

Roule à peine son char nocturne Sur les bords glacés de l’étirer, a dit Malfilàtre.

Tout vieux qu’il est, Saturne n’est pas dépourvu d’agilité. Situé à plus de 3G4 millions de lieues du soleil, dont il est dix fois plus loin que la terre, il est 730 fois plus gros que celle-ci. Cet énorme volume ne l’empêche pas de tourner sur lui-inèine en dix heures environ. Son aplatissement aux pôles, qui est de 1/10, est en rapport avec la rapidité de sa rotation diurne.

Saturne e>t sillonné de bandes alternativement sombres et lumineuses, parallèles à son équateur. Selon quelques astronomes, ces bandes seraient produites par les vents alizés qu’une rotation diurne très-rapide doit faire régner dans l’atmosphère de cette planète. Mais les vents alizés ne dépendent pas seulement de la rotation ; ils dépendent aussi de l’action calorifique du soleil qui dilate les masses d’air équatoriales et en détermine l’ascension. Or, à la distance de Saturne, la chaleur solaire a cent fois moins d’intensité que pour la terre ; les phénomènes dont il s’agit doivent donc se produire avec une énergie bien moindre, toutes choses égales d’ailleurs.

La densité moyenne de Saturne, comme celle des autres grandes planètes, est extrêmement faible. Les matériaux qui en constituent les couchessuperlk-ielles ne sont guère plus compactes que du bois blanc et même du liège.

Saturne est entouré d’un anneau mince, plat, sans adhérence avec la planète, dont il est éloigné de 8,000 lieues, et qui coïncide avec le cercle de l’équateur de l’astre. Galilée, qui, Je premier, vit de chaque côté de Saturne quelque chose de brillant, dont, avec ses faibles lunettes, il ne pouvait distinguer la forme, crut a une triple planète : Altissimam pluiietam teryeminamobseraaoi, écrivaitil à l’ambassadeur du grand-duc de Toscane. Ce fut, dit M. Faye, une énigme pendant quarante ans ; on voyait Saturne muni de deux anses, comme une bombe, mais aiaraétralement opposées etdegrandes dimensions. Ces anses variaient ensuite et disparaissaient tous les quinze ans, pendant quelques mois. Enfin iluyghens, en 1659, eut f idée de suivre sur le disque de la planète la continuation très-marquee d’une des branches de l’anneau ; il parvint ainsi à en donner la première description et la première explication.

L’anneau n est pas simple, mais composé de trois anneaux qui se trouvent presque exactement dans le même plan. Cet anneau multiple n’a que quelques dizaines de lieues d’épaisseur, tandisqu’il mesure 12,000 lieues de largeur. Il est opaque, car la planète porte ombre sur lui et il porte ombre sut la planète. Probablement il est formé de matière fluide, car on voit les deux anneaux principaux se subdiviser de temps en temps eu plusieurs anneaux secondaires, complètement détachés et séparés les uns des autres par des intervalles obscurs. C’est en 1851 qu’on a découvert le troisième anneau,