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Gonzalve de Cordoue, vainqueur de Frédéric, et mourut après avoir eu la joie d’être témoin de l’admiration provoquée par ses poésies dans toute l’Italie. On a de Sannazar : Sonetti e Canzoni ; Arcadia ; Elegiorum libri III ; Epigrammatum libri III ; De partu Virginis libri III  ; Eclogæ V ; Salices et lamentatio de morte Christi. Toutes ces poésies ont eu un grand nombre d’éditions ; l' Arcadia a été réimprimée soixante fois dans le xvie siècle.


SANNES s. m. pl. (sa-ne). Jeux. Ancien nom du double-six.


SANNIO, province de l’ancien royaume de Naples. V. Molisb.


SANNION s. m. (sann-ni-on — lat. sannio ; de sonna, grimace). Antiq. rom. Sorte de bouffon chargé, au théâtre, de provoquer les éclats de rire et la grosse gaieté des spectateurs.

— Encycl. Le sannion était un mime grotesque dont le jeu consistait surtout en grimaces, comme l’indique son nom tiré du mot sanna, grimace. Ordinairement il avait la tête rasée, un vêtement de diverses couleurs et une chaussure plate, d’où il était appelé quelquefois planipes (pied plat). Quand il était tout à fait déchaussé, on lui donnait le surnom d’excalcealus. A cause des contorsions qu’il imprimait k son visage et à son corps, à cause de ses mouvements et de ses gestes grotesques, on le comparait à un bouc ou à une chèvre. C’était le plus infime des histrions.

Si l’on veut étudier le rôle du sannion dans les œuvres scéniques des Latins, on le cherchera plutôt chez Plante, dont les comédies s’accommodent du rire trivial et grossier, que chez Térence, dont les œuvres sont, en général, trop polies et trop empreintes du génie grec pour donner place à la bouffonnerie. Mats c’est surtout dans les atellanes et les mimes qu’on verra s’étaler ce rôle. Le Maecus, avec sa tête rasée, son nez gros, courbe et crochu, qui lui tombe sur la bouche et lui couvre le menton, ce prédécesseur de Polichinelle et quelquefois d’Arlequin, pouvait dans certaines pièces être un sannion ; mais il avait l’apparence trop flegmatique et assez souvent trop stupide pour l’être constamment. Le véritable sannion des atellanes était le Bucco, celui qu’on appelait en grec Gnathon, le joufflu. Il méritait ces noms parce qu’il jouait bien de la mâchoire et qu’il avait les joues bouffies. Souple, ofdcieux, insinuant, bavard, paresseux, gourmand, famélique, il avait tous les vices qui cadraient avec les mœurs d’une nation corrompue. Il connaît le secret de plaire aux grands et de se rendre nécessaire ; il étudie leurs penchants, se prête k leurs fantaisies, sert leurs passions, favorise leurs entreprises libertines ; il est assez payé de ses peines quand il est prié k dîner et qu’il reçoit à table un bon morceau, un petit signe flatteur. On trouve son masque sur des camées antiques, sur des sardoines, des cornalines, des hyacinthes, avec des joues monstrueuses et une bouche démesurée. Ce masque pouvait s’allier k toutes les contorsions et k tous les mouvements grotesques. Voilà bien le sannion, avec sa grimace et sa laideur bouffonne, faite pour soulever le rire. Cependant les acteurs des mimes méritaient encore mieux le nom de sannion. Aussi appelait-on indifféremment tous les acteurs des mimes sanniones, et même, pour marquer soit la pétulance, soit l’obscénité de leur mimique, on les appelait souvent sanniones câpres, ils ne portaient point de masque et n’avaient ni cothurnes ni socques ; ce sont eux surtout qui reçurent le surnom de planipedes. Leur succès fut si grand, que le public dédaigna pour eux, dans les derniers temps de la république, les grands ouvrages de la scène. II devint de mode de les inviter à venir égayer les convives dans les festins. Les pièces à moitié mimées et k moitié parlées firent place aux pantomimes, où il n’y a plus que des gestes et point de paroles. Ce dernier genre de spectacle se substitua presque entièrement à la tragédie et à la comédie du temps de l’empire. Le sannion eut aussi son rôle dans les pantomimes.

BANNIONITE s. f. (sann-ni-o-ni-te). Moll. Genre de coquilles chambrées.

SA.NNOIS, village et commune de France (Seine-et-Oise), cant. d’Argenteuil, arrond. et k 24 kilora. N.-K. de Versailles ; 8,489 hab. Récolte importante de fruits (fraises, groseilles, cerises, etc.), dont il se fait un grand commerce. L’origine du nom de ce village est trop curieuse pour que nous passions sous silence. Dans les Mémoires sur les choses arrivées pendant la régence de Suger, abbé de Saint-Denis, dressés en latin par son ordre, sinon par lui-même, ou trouve Sannois écrit Centinodium, et ailleurs Centum nuces. Or, il était ainsi désigné à cause d’une avenue plantée de cent noyers ; ce qui l’a fait appeler aussi depuis : De centum nucibus et Centumnuces, puis, à la naissance du français, Centnoix, ensuite Cennois, et enfin Sannois, nom qui lui est resté, et qui est aujourd’hui le nom officiel, sans que les habitants de Sannois be doutent peut-être des causes et des transformations que ce nom a subie avant d’en venir là.

SAKOK, ville de l’empire d’Autriche, dans la Gallieie, gouvernement et à 155 kilom. S.-O. de Lemberg, sur la rive gauche de la San, chef-lieu du cercle de son nom ; 2,000 hab.

SANR

Dépôt de remonte. Source salée et source de pétrole.

SANOTTE s. f. (sa-no-te). Bot. Nom vulgaire des champignons appelés aussi chanterelles.

SANQUHAR, bourg royal d’Écosse, dans le comté et k 44 kilom. N.-O. de Dumfries, sur la Nith ; 4,200 hiib. Fabrication de lainages, tapis, bonneterie. Importante exploitation de calcaire, houille, fer et plomb. Ruines d’une ancienne forteresse.

SANREY (Agnus Benignus), théologien, né k Lnngres en 15S9, mort dans la même ville en 1659. Il fut, dans son enfance, gardeur de moutons. Plus tard, il devint chantre d’église et travailla avec un zèle remarquable k acquérir l’instruction qui lui manquait. Il fit de tels progrès dans l’étude du latin que les chapelains crurent devoir le placer au collège de Langres. Sanrey y fit de brillantes études et en sortit pour prêcher à Lyon et dans les environs. Après avoir prêché devant Anne d’Autriche, il obtint le brevet de prédicateur ordinaire du roi. Il prit part k un concours pour la théologale de Beaune et l’emporta sur quinze ou seize concurrents. Il se démit de la-théologale pour une chapelle qu’on lui avait conférée à Langres et où il ’ exerça la prêtrise jusqu’k sa mort. On a de Sanrey un Mémoire sur la grâce inséré dans les Mélanges de Vigneul-Marville ; une première partie d’un livre intitulé Jubilus Ecclesix Iriumphus (Langres, 1055, in-4<>) ; un traité intitulé Paracletus, seu de resta illius pronunciatione tractatus (Paris, 1643, in-8°), et divers autres ouvrages restés manuscrits.

SAN-ROMAN (don Miguel), l’un des fondateurs de l’indépendance du Pérou, président de cette république en 1862 - 1863, né k Puno en 1802, mort en 1863. Il avait douze ans quand éclata, le 3 août 1814, la révolution qui avait pour chef le cacique Pomacafua, et k laquelle le colonel San-Roman, père e don Miguel, contribua puissamment. Ce premier cri de liberté au Pérou fut étouffé, et le colonel et son fils furent jetés en prison. Ils y restèrent plus d’un an. Leur mauvaise éioile conduisit k Puno l’ex-vice-roi, don Joaquin Pezuela, qui allait prendre le commandement de l’armée du haut Pérou. Cet homme sanguinaire ordonna l’exécution du colonel, qui, avant de mourir, fit jurer k son fils de le venger et de combattre pour l’indépendance de la patrie. Buenos-Ayres, le Chili et la Colombie s’étaient levés pour reconquérir leur liberté ; vers 1821, avant la bataille de Mirabe, le jeune don Miguel demanda des armes au nom de son père, première victime tombée au Pérou. Il fut admis avec acclamation et reçut le grade de sous-lieutenant. Il assista au premier siège du Callao sous les ordres du général Juan-Gregorio de las Heras, jusqu’à la capitulation du général La Mar, le 21 septembre 1821. Il fit, sous les ordres du général Tristan, la campagne des intermedios, qui se termina par la bataille de Macacona, gagnée par le général espagnol Canterae le 7 avril 1822 ; puis la campagne de 1823, comme lieutenant, sous Santa-Cruz, et suivit la retraite de l’armée depuis Oruco jusqu’au port d’Ylo, où il s’embarqua pour le Callao. Il fit partie du corps de libertadores qui assiégea la forteresse du Callao, livrée aux royalistes par le sergent Moyano, le 5 février 1824, jusqu’à ce que le général Bodil, k la tête de forces supérieures, s’emparât de la capitale et de la forteresse. Après de nouvelles péripéties, il fut présenté k Bolivar, k Trujillo, et marcha avec son corps à Cajamarca. C’est là que commença cette campagne célèbre couronnée par les victoires de J uniu et d’Ayacucho, qui affranchirent l’Amérique. Le capitaine don Miguel fut cité k l’ordre du jour pour sa brillante conduite. Il fut ensuite appelé au second siège du Callao jusqu’à la capitulation de Rodil, le 22 janvier 1822. On le voit, plus tard, blessé dans un combat acharné livré aux Iquichatios ; faisant en 1827, avec Gamarra, la campagne de Bolivie, terminée par le traité de Piquisa ; celle de Colombie, célèbre par la bataille de Portete, où il se battit héroïquement et fut fait prisonnier. Plus tard, après les batailles de Cangallo et Miraflores, il devint général de brigade. Les malheurs de la guerre le conduisirent en Bolivie comme réiugié et, après le traité du 15 juin 1835, qui donnait k Santa-Cruz le droit d’intervenir dans les affaires du Pérou, il rentra au Cuzco et se ligua avec Gamarra, mais la bataille de Yanacocha leur fut contraire. Don Miguel, fait prisonnier avant cette affaire, disparut de la scène jusqu’en 1838, époque où il vint à Puno, dont l’armée de la restauration s’était emparée. Dans la seconde campagne de Gamarra contre la Bolivie, il fut vainqueur à Mécapaca, seul avantage que remportèrent les Péruviens, et fut nommé général de division. Après le désastre d’Ingavi, le 18 novembre 1841, don Miguel passe le Desaguadero et court k Puno organiser la défense du territoire. Ses efforts, pendant cinq mois, sont comparés par les historiens du pays aux prouesses du C.d. Le Chili interposa sa médiation et les Boliviens quittèrent le Pérou en vertu du traité signé à Puno le 7 juin 1842. Mais des troubles régnaient k l’intérieur. Le président du conseil chargé du pouvoir exécutif appelle don Miguel à Cuzco. La route royale était occupée par un autre parti. Don Miguel y arrive, par des sen SANS

tiers réputés impraticables, avec une audace qui confond ses adversaires. En atteignant Yzcuchaca, il apprend que le gouvernement qu’il venait secourir avait disparu, et que le général Torrico s’était empare du pouvoir. Il se soumet k Torrico, perd avec lui la ba- ■ taille d’Aguasanta, le 17 octobre 1842, et retourne en exil. À la fin de 1843, Nieto et Castilla commencèrent la campagne qui avait pour but de rétablir la constitution de 1839. Don Miguel se joignit k eux, et la victoire de Carmen-Alto lui valut le titre de grand maréchal, ratifié en 1845 par le congrès. Sénateur au congrès de 1845, il fut élu président du conseil, c’est-à-dire vice-président de la république ; en 1851, député de Lampa, puis

exilé, il passa trois ans au Chili, jusqu’à la campagne de 1854, k laquelle il prit part comme général en chef du Sud et qui se termina le 5 janvier 1855. Ministre de la guerre en janvier et février de la même année, député l’année suivante pour la province de Puno, il se battit avec gloire pour la constitution de 1856. Après cette campagne, terminée le 7 mars 1858, don Miguel fut nommé président du conseil et revêtu du pouvoir exécutif jusqu’au 24 octobre de la même année, époque k laquelle le général Castilla entra en fonctions comme président. Le gouvernement lui-même le choisit comme candidat k la présidence, et lo Pérou le vit avec satisfaction y arriver le 24 octobre 1862. Ce vétéran de l’indépendance mourut à Chorillos le 3 avril 1863. On lui fit des funérailles splendides et, dans la séance du 28 avril, le congrès, rendant hommage à cet homme il-lustre qui mourait pauvre après avoir rempli tant et de si hauts emplois, votait en faveur de sa fàrnille une somme de 100,000 piastres & titre de récompense nationale.

SANS prép, (san. — On écrivait autrefois sens, senz, de même que l’on écrivait dens, denz, aujourd’hui -dans. C’est le latin sine, pourvu du s adverbial. Quant à sine lui-même, Eichhoff croit que ce mot appartient à la même famille que le gothique sundro, allemand sonder, anglais sunder ; c’est, selon lui, une particule marquant séparation et se rattachant au sanscrit saunas, réduit, sannan, peu, de sâi. Quelques-uns ont voulu recourir au latin absentia, absence, k l’italien senza, qui correspond au français sans ; mais cette étymologie n’est pas la vraie, bien qu’elle soit appuyée par des raisons dignes de considération). Marque privation, manque, exclusion : Sans force et , Sans vertu. Lettre sans date, sans signature. Audace sans égale. Homme sans pareil. Être sans argent, sans place, sans ressource. C’est un homme sans esprit, sans jugement, sans honneur. C’est un corps sans âme. Il a couru deux heures SANS s’arrêter. Cela va sans dire. Je suis roi sans royaume, mari sans femme et guerrier sans argent. (Henri IV.) Il y a des esprits qui n’ont que de la surface sans fond. (Nicole.) Le génie SANS jugement n’est que folie. (La Kochef.) L’esprit faible reçoit les impressions sans les combattre, embrasse les opinions sans examen et s’effraye sans cause. (Volt.) Sans l’exemple, on ne réussit à rien auprès des enfants. (J.-J. Rouss.) L’intelligence sans la mémoire est un crible. (Boiste.) Il n’existe pas de grand talent SANS une grande volonté. (Balz.) On ne déplace pas les richesses SANS déplacer le travail et la population. (F. Bastiat.) Le devoir sans le droit, c’est l’esclavage ; le droit sans le devoir, c’est l’anarchie. (Lamenii.) La nation ne peut exister sans unité et sans droit. (Proudh.) L’éducation ne peut rien sans l’exempte. (P. Janet.) Paris sans roi a pour contre-coup le monde sans despotes. (V. Hugo.) Un vieillard SANS dignité est comme une ftmme sans put/eue. (Latena.) La vertu sans bonheur et le crime sans malheur sont une contradiction, un désordre. (V. Cousin.) Un gouvernement d’avocats plaidants serait un gouvernement sans conviction, sans idées, sans principes et sans action. (Corraen.) Un savant sans philosophie est un musicien sans âme. (Gardanne.) Il n’y a pas de garanties sans liberté. (Peyrat.) A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.

Corneille.

La perte d’un époux ne va point tans soupir.

La Fontaine.

On ne condamne point les gens sans les entendre. C. d’Harleville.

Les feuilles que l’hiver entasse, Sans savoir où le vent les chasse, Volent en pâles tourbillons.

Lamartine.

— En ôtant l’obstacle, en supprimant l’intervention de : Sans ce mauvais temps, je serais déjà parti. Sans vous, je lui aurais dit son fait.

Sans mentir, En vérité, sincèrement :

Sans mentir, si votre ramage

Se rapporte à votre plumage,

Vous êtes le phénix des hôtes de ces bois.

La Fontaine.

Sans quoi, Sans cela, Autrement, si cela n’était pas : Vous ferez cela, sans quoi vous serez puni. (Aciul.) Partez à l’instant même, sans cela vous serez en retard. (Ac.id.) Il faut de l’étalage dans tout, sans quoi rien ne parait dans le monde. (Mariv.)

Sans plus. Et pas plus :

La gent trotte-menu s’en va chercher sa perte. Un rat, sans plus, s’abstient d’aller flairer autour.

La Fontaine.

SANS

Il Avec un infinitif, En s’abstenant de continuer l’action murquée parle verbe : Allons ! sans plus nous amuser n la moutarde, descendons de ce perchoir. (Th. Gant.)

Non sans, Avec pas mal de : J’ai réussi, mon sans peine.

— Mar, Sans arriver, sans venir au ventl Commandements que l’on fait au timonier pour lui indiquer qu’il ne faut prendre ni trop ni trop peu de vent.

—. Loc. conj. Sans que, Avec le subjonctif, Et il n’arrive pas que : Les puissances établies par le commerce s’élèvent peu à peu et sans que personne s’en aperçoive. (Montesq.) Chez les êtres insensibles et inintelligents, lanature se développe et va à sa fin sans qu’i’/s le sentent et sans qu’Ms le sachent. (Jouffroy.)

Eh ! peut-on être heureux sans qu’il en coûte rien ?

La Fontaine.

Il Avec l’indicatif, Si ce n’est que : Je serais parti, sans que j’ai reçu une lettre qui m’annonçait votre guérison.

Sans gue mon bon génie au-devant m’a poussé.

Molière.

Cet emploi a vieilli.

— Loc. adv. Sans doute, Sans contredit, Sans faute, Sans fin, etc. V. doute, contredit, FAUTE, FIN, etc.

— Gramm. C’est une faute de mettre ne devant le verbe qui suit la locution eonjective sans que, lorsque, d’ailleurs, le sens ne permet pas de compléter la négation par une autre expression négative telle que pas ou point. Il faut dire : Sans que cela paraisse, et non : Sans que cela ne paraisse. Mais lorsque sans que est remplacé par que seul, il faut mettre ne : On ne peut lui parler qu’il ne se mette en colère. V. la note sur mi.

San«-Cr»»me OU les Commiaalonnalreii,

par Paul de Kock (1844). « Il n’y a pas à dire, quand on bamboche souvent et qu’on ne travaille jamais, il est rare que l’on finisse bien. • Telle est la moralité que l’auteur populaire a voulu faire ressortir d’une étude prise dans une des dernières classes de la société, celle des commissionnaires. Sans-Cravate, le type du roman, mais non son

héros, est un brave garçon, un peu buveur, un peu batailleur, mais franc et honnête. De ses deux camarades, Ficelle représente ces natures sournoises, méchantes et corrompues qui, si elles ne vont pas jusqu’aux limites extrêmes du mal, ne sont retenues que par la crainte du châtiment ; Paul est la personnification du travailleur range et résigné

à sou modeste sort, après des revers de fortune. Sans faire passer le lecteur par toutes les péripéties tragiques ou comiques de ce drame intime, nous dirons qu’au dônoûment Sans-Cravate tue en duel son meilleur citent, qu’il avait aidé dans ses fredaines, parce qu’il a séduit sa sœur, et Paul est reconnu pour le fils d’un riche propriétaire, le père de l’adversaire de Sans-Cravate, Quant à Ficelle, il finit par être appelé devant une cour d’assises, malgré toutes ses ruses pour ^se soustraire aux pièges de la justice. " Inutile, lorsqu’on a cité le nom de l’auteur, d’ajouter que le récit est vif, spirituel, amusant, quelque peu risqué par moments, et égayé par une foule de situations comiques, dont la verve de Paul de Kock n’est jamais k court. Une fois de plus, l’écrivain popufaire a voulu prouver qu’on pouvait instruire, j non-seulement en intéressant et en amusant, mais encore en faisant rire presque continuellement. N’en déplaise aux austères moralistes de notre siècle, raffiné dans la corruption, un tel livre exerce une influence plus énergique, parce qu’il est à la portée de tous, que les livres de morale les plus profonds, les maximes et les sermons les plus édifiants. Paul de Kock a tiré de ce roman un drame-vaudeville en cinq actes (1845).

Saninom, roman, par Wilkie Collins (1862). Comme la Femme en blanc du même auteur, c’est un gros draine bourré d’épisodes, de péripéties, d’invraisemblances et de singularités. M. et Mme Waustone, après avoir

vécu pendant vingt ans ensemble, viennent de consacrer par un mariage cette union, et, pour régulariser la situation de leurs deux filles, M. Wanstone va faire son testament à la ville voisine. Un accident a lieu sur la voie ferrée, et le malheureux est tué avant d’avoir pu assurer l’avenir de ses enfants ; car, d’après la loi anglaise, tout testament fait avant le mariage est nul, et Norah et Madeleine, aux yeux de la loi, ne sont considérées que comme des enfants illégitimes. Ce sont des filles sans nom. Leur oncle hérite des biens de leur père et les chasse impitoyablement de la maison où elles ont reçu le jour et où leur mère est morte trois jours après leur père. Norah se fait institutrice ; mais Madeleine, une fille résolue, conçoit le projet de reconquérir son héritage et celui de sa sœur. Douée d’étonnantes dispositions pour le théâtre, elle s’enfuit et va donner des représentations dans les villes d’Angleterre, pour se préparer k jouer habilement son rôle sur la icene de la vie. Elle a juré de séduire son oncle et de s’en fane épouser sous un nom supposé, chose moins coupable pour elle que pour toute autre, puisqu’elle est sans nom. Ses batteries une fois dressées, au moment de les faire jouer, elle apprend la mort de cet oncle. Son parti est bientôt pris ; c’est contre le fils qu’elle les tournera. Noël