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SANL

SANITÉ s. f. (sa-ni-té — du lat. sanilas ; de sanis, sain). Qualité, état de ce qui est sain, h Peu usité.

SAN1TUIM, ville de la Gaule ancienne, dans les Alpes-Maritimes, chez lesSaniciens, lient elle était la capitale. Aujourd’hui Se-

NEZ.

SANKARA, région montagneuse de l’Afrique, da is la punie S.-O. de la Nigritie, auN. des monts Kongs. Le Niger ou Kouâra y prend su source.

SANKHYA s. m. (san-ki-a). Philos, ind. Un des systèmes semi-orthodoxes de la philosophie indsue.

— Encycl. Le sankhya est le plus complet et peut- Hre le plus libre des darsanas ou systèmes do la philosophie sanscrite. Son fondateur est Kapila, personnage mystérieux dont le nom se trouve cité dans le Mahâbhàrata et dans le Dhagarata Pourâna, mais sur lequel auc m renseignement certain n’a pu être recueilli. L’antiquité de cette doctrine semble bien établie, car il est à peu près prouvé qu’elle est antérieure au bouddhisme, ce qui lui assigne jusqu’à ce jour n’ne durée d’environ vingt- quatre siècles. Sankhya signifie nombre st calcul ; aussi Colebrooke, trompé par le ncm, a-t-il cru qu’il convenait de rapprocher le nom de Pythagore de celui de Kapila. Suivant ce dernier philosophe, vingt-cinq principes constituent l’universalité des choses. Voici quels sont les principaux (nous eupruntons les détails qui suivent au remarquable travail du savant Barthélémy Saint-lli aire) : 1° la nature ou le principe secret et tout-puissant de la vie universelle ; 20 l’intelligence ; 3° la conscience ; 4°-8° les cinq part cules subtiles qui sont comme les essences des cinq éléments grossiers, c’est-à-dire les particules de la lumière, du son, de la savaur, de l’odeur et de la tangibilité ; go-igo les onze organes des sens et de l’action, c’est-à-dire d’une part, la vue, l’ouïe, le goût, l’odorat et le toucher, et, d’autre part, la voix, les mains, les pieds, les organes génitaux et excréteurs-, puis, au onzième rang, le manas chirgé de transmettre à la conscience les informations des sens et d’en recevoir les ordre ; que les organes d’action doivent exécuter ; 20"-2i» les cinq éléments grossiers, qui sont l’éther, l’air, la lumière, l’eau et la terre ; 25» enfin l’âme, qui connaît et qui juge tout le reste. La nature se développe dans les vingt-trois principes qui la suivent et ne sont pour ainsi dire < que son épanouissement. ■ L’ensemble forme le monde. La nature produit d’abord l’intelligence, qui enfante ensuite la conscience ; les autres principes proviennent de la conscience. Deux principes se dégagent donc de cette philosophie : la nature et l’âme, et tout le sankhya se réduit à ces deux principes primitifs. Supérieure à la nature, l’âme est cependant sous sa dépendance en ce sens que, sans elle, elle rie saurait atteindre le salut éternel. Sans elle encore, l’âme ne pourrait sortir de son inertie, car la nature seule agit et l’âme se contente d’assister comme un juge qui se contente de prononcer sur les actes. Quand la mort arrive, l’âme, dégagée des liens matériels, entre dans la béatitude éternelle. • Cette béatitude, dit M. Barthélémy Saint-Hilaire, sur laquelle Kapila ne s’explique pas en des termes fort précis, consiste surtout à être soustrait pour jamais à la fatale loi de la renaissance. L’âme une fois rachetée par la science qu’enseigne le sankhya, une fois parvenue à se connaître elle-même et à se distinguer de tout ce qui n’est pas elle, n’a plus à craindre de renaître dans aucut, des degrés de l’échelle des êtres. Il y a en tout quatorze degrés, depuis Brahma, le plus gra îd des dieux, jusqu’à la pierre immobile, jus.qu’à la matière inerte. Cinq sont au-dessous de l’homme et se composent des divers êtres inorganiques ou organisés. L’humanité forene une classe à part. Au-dessus d’elle est le monde supérieur, où l’on compte encore huit degrés depuis les moins puissants des génies jusqu’aux dieux les plus élevés. L’âme peut successivement parcourir ces quatorze échelons, monter dans la série des êtres si elle u été vertueuse ou savante, ou bien y descandre si elle a été ignorante et dépravée. Mais dans toutes ces transformations, depuis les plus intimes jusqu’aux plus hautes, elle est toujours soumise à la métempsycose, et les dieux eux-mêmes n’échappent pis à cette terrible loi. La science seule et la science telle que l’enseigne l’école du sankhya peut soustraire l’âine à ce joug redoutable : la science est l’instrument et la condition du salut. » Cette philosophie est, comme on le voit, spiritualiste.

SANK1KANI s. m. (san-ki-ka-ni). Linguist. Idiome lennape. V. ce dernier mot.

SANK.IRA s. f. (san-ki-ra). Bot. Plante du Japon, à laquelle on attribue les propriétés du ginseng.

SANLECQCE (Jacques de), célèbre typographe, graveur et fondeur français, né à Ohaulnes er 1573, mort à Paris en 1648. C’est surtout dans la gravure et la fonte des caractères de musique qu’il s’est acquis une giande réputation. Il a fondu les caractères syriaques, samaritains, chaldéens et arabes pour l’impression de la Bible polyglotte de Lejay.

SANLECQCE (Jacques db), deuxième du nom, imprimeur français, fils du précédent.

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né à Paris en 1613, mort dans la même ville on 1660. Son père l’associa à ses travaux et à sa célébrité. Il possédait une immense instruction, qui ne le préserva cependant pas des faiblesses et des ridicules de son époque, car il était livré aux inepties de l’astrologie et aux subtilités de la scolastique. On connaît de lui une Allégorie, dialogue composé à l’occasion du procès qu’il eut à soutenir contre Robert Ballard, qui s’arrogeait le privilège d’imprimer seul la musique. Cette Allégorie est imprimée à la suite du Traité de l’eau-de-vie de Bronault (16-16).

SANLECQUE (Louis de), poète satirique français, fils du précédent, né à Paris en 1652, mort au prieuré de Garnay, près de Dreux, en 1714. Entré fort jeune dans la congrégation des chanoines réguliers de Sainte-Geneviève de Paris, Sanlecque manifesta de précoces dispositions et fut envoyé, en qualité de professeur de rhétorique, au collège de Nanterre, dépendant de l’abbaye. Il s’y livra avec un enthousiasme juvénile à la fougue de ses inspirations et produisit en abondance des vers français et latins de qua lité médiocre. Son goût le portait vers la satire, mais ne connaissant point le monde, puisqu’il n’y avait jamais vécu, il fut naturellement porté à se moquer des vices et des ridicules de la partie du clergé qu’il avait sous les yeux, et notamment de la congrégation dont il faisait partie. Les gens d’Église, sous des dehors doucereux et humbles, savent cacher de profondes rancunes, et Sanlecque se créa des ennemis irréconciliables. Devenu vieux, il sollicita en vain un bénéfice ecclésiastique et mourut pauvre au fond d’un misérable prieuré rural.

Sanlecque, dans ses satires, se montre familier, plat même, cependant il sait parfois être fin et léger et ne manque ni d’imagination ni’ de comique. On ciie quelquefois son poëme contre les mauvais gestes des orateurs en général, et des prédicateurs en particulier, et sa satire contre les Directeurs de conscience.

En 1677, à propos de Phèdre, le Père Sanlecque se déclara pour le duo de Nevers et pour Piadon contre Racine et Despréaux. C’est lui qui composa le sonnet : Dana un coin de Paris, Boileau tremblant et blême Fut hier bien frotté, quoiqu’il n’en dise rien... Boileau se vengea en bafouant la satire sur les Maltôtes ecclésiastiques, attribuée à Sanlecque. De plus, il voulut exposer le pottte enfroqué à un ridicule durable et intercala son nom dans une de ses épîtres ; mais, en corrigeant l’épreuve, il substitua à ce nom celui de Pinchêne. Son ressentiment s’était calmé dans- l’intervalle, et l’équité avait repris ses droits.

Cependant le duc de Nevers, qui disposait de l’évêché de Bethléem, nomma Sanlecque évêque, vers 1695 ; le protecteur et le protégé avaient compté sans Louis XIV. Le roi se laissa circonvenir par des prélats mondains, qui ne pouvaient pardonner au religieux de Sainte-Geneviève les plaisanteries qu’il leur avait décochées, et refusa Sanlecque comme indigne. Celui-ci obtint k grand’peine le prieuré de Garnay, où il finit ses jours. De là, il envoya de nouveaux et toujours inutiles placets au Père La Chaise, qui continua de faire la sourde oreille. Il’lui écrivait :

Permettez, mon révérend père.

Qu’un malheureux prieur-curé

Vous dépeigne ici sa misère,

C’eat-à-dire son prieuré.

Dans mon église l’on patrouille,

Si l’on ne prend bien garde a soi ;

Et le crapaud et ia grenouille

Chantent tout l’office avec moi.

Près de lu sont dans des masures

Cinq cents gueux couverts de haillons ;

Point de dévote & confitures.

Point de pénitente a bouillons.

Comme ils n’ont ni terre, ni rente,

Et qu’ils sont tous de pauvres gens.

Dans un curé, chose étonnante !

Je suis triste aux enterrements. Cette épître, datée de 1690, est une de ses meilleures pièces de vers. La demeure du prieur était tout aussi avariée que son église ; la pluie y pénétrait librement par les crevasses du toit et du plafond. Sanlecque, quand il faisait mauvais temps, se voyait réduit à changer son lit de place. Acceptant philosophiquement sa misère, il composa une pièce de vers intitulée : les Promenades de mon lit. Cet opuscule, précurseur du Voyage autour de ma chambre de Xavier de Maistre, s’est perdu ou a été détruit.

Nous n’avons qu’une partie de l’œuvre poétique de Sanlecque, qui ne s’est jamais soucié de réunir en un recueil ses productions. Une édition de ses Poésies et satires fut donnée à Harlem (Lyon) en 1826 ; les mêmes pièces sont rééditées à la suite de Bolœana (Amsterdam, 1742, in-12). On connaît encore de lui une traduction en vers de plusieurs psaumes, et un poBme latin composé a l’occasion de la mort du Père Lallemant, de la compagnie de Jésus.

SAN-LUIS (comte de), homme d’État espagnol. V. SiKTORIUS.

SAN-MARTIN (Juan-José), libérateur du Pérou et du Chili, né dans la Plata en 1778, mort à Boulogne-sur-Mer en 1850. Il combattit en Espagne contre les Français et passa à Buenos-Ayres, où il contribua, sous les or SANM

dres des généraux de l’insurrection, à assurer l’indépendance de la république Argentine, et fut nommé en 181G général de brigade. San-Martin entra ensuita avec un corps argentin dans le Chili, qu’il délivra delà domination espagnole après trois années de guerre. Le congrès de Lima voulut le nommer directeur suprême du Chili, honneur qu’il déclina. San-Martin poursuivit ses succès nu Pérou, d’où il chassa les autorités espagnoles en 1821. Il constituai Lima un conseil de gouvernement de cinq membres, dont il fut nommé ensuite directeur ou protecteur. Il donna sa démission en 1822, rentra au Chili et renonça définitivement, en 1824, à toute ingérence dans les affaires du Pérou. Il résolut de quitter le nouveau monde, se rendit en Angleterre, puis en France, où il passa à Paris les vingt-cinq dernières années de sa vie. SAN-MICHELI ou SAMMICHELI (Michel), architecte et ingénieur italien, né à Vérone en 1484, mort dans la même ville en 1549. Il eut pour premiers maîtres son père et son oncle, qui étaient architectes, puis il alla perfectionner son talent à Rome. San-Micheli avait construit quelques édifices religieux lorsque le pape Clément VII le chargea d’al-ler fortifier des villes dans les États de Parme. Il se livra alors à une étude approfondie de l’architecture militaire, et y apporta de profondes et heureuses modilications. « Avant lui, tous les bastions étaient ronds ou carrés, dit Milizia. Ce fut San-Micheli qui inventa le bastion triangulaire ou plutôt pentagonal, avec des faces planes et des chambres basses qui doublent les défenses et non-seulement flanquent la courtine, mais toute la face du rempart voisin et balayent le fossé, le chemin couvert et le glacis. Le secret de cet art consistait à trouver le moyen que tous les points de l’enceinte fussent défendus de flanc, tandis qu’en faisant le bastion rond ou carré, le front de celui-ci, c’est-à-dire l’espace qui restait dans le triangle formé par les tirs latéraux, demeurait sans défense. C’est là justement ce qu’inventa San-Micheli, et dans la suite Vauban et tant d’autres étrangers n’ont fait que modifier, longtemps après, la découverte de notre architecte. » San-Micheli construisit dans ce système des fortifications à Vérone (1517), à Legnago, etc. Pendant un voyage qu’il lit en Vénétie pour en étudier les places fortes, il fut arrêté comme espion ; mais le gouvernement vénitien ne tarda pas à reconnaître son erreur et l’attacha à son service comme ingénieur militaire. Le savant architecte, envoyé dans le Levant, fortifia sueessivement Corfou, "Famagousle, La Canée, Napoli de Romanie ; puis, de retour en Italie, il construisit des fortifications et des bastions à Padoue, Brescia, Peschiera, Chiusa, etc. Ce fut également lui qui éleva, après avoir jeté d’énormes amas de pierre dans la mer, à l’entrée du port de Venise, ce célèbre fort de Saint-Jean-du-Lido, regardé comme sou chef-d’œuvre. On lui doit également les belles portes de Vérone, qui sont un modèle de fortification militaire artistique. La renommée du savant ingénieur devint telle que Charles-Quint et François Ier lui firent de brillantes offres pour se rendre dans leurs États ; mais il refusa de quitter l’Italie. Les édifices civils et religieux construits par San-Micheli montrent la variété et l’élévation de son talent. Il construisit la cathédrale de Montefiascone, coopéra à la cathédrale d’Orvièto, éleva le palais Cornaro à Piombino, le beau palais Soranzo à Castelfranco, enrichit Venise de plusieurs monuments et y éleva le palais Grimani, d’une grande beauté architecturale, les palais Brogadino, Mocenigo, Cornaro, le mausolée du jurisconsulte Kerretti. Sa ville natale lui doit l’église de la Madonna-di-Campagna, la chapelle des Pellegrini, celle de la villa des comtes de La Torre, les palais Pompéi, Bevilacqua, Maffei, Uberti, Canossa Pellegrini, Guastaverza, le Ponte-Nuovo, sur l’Adige. Citons encore de lui le plan du mausolée Contarini, à Padoue. Il mourut à Vérone, où il fut inhumé dans l’église de Saint-Thomas-de-Cantorbéry. Cet éininent artiste, dont Michel-Ange était un grand admirateur, joignait au talent de grandes qualités morales. Il avait été aidé dans une partie de ses travaux d’ingénieur par son neveu Gian-Giromalo San-Micheli, né en 1504, mort à Chypre en 1549, et qui lui-même avait beaucoup de talent, surtout pour dresser des plans et faire des modèles en relief.

SAN-MIGUEL (Evaristo, duc), général et homme d’Ktat espagnol, né à Gijon, dans les Asturies, le 26 octobre 1785, mort à Madrid le 29 mai 1862. En 1805, il entra comme volontaire au 1er régiment d’Aragon et passa souslieutenant deux ans après. Lors de l’invasion de l’armée française en Espagne, il abandonna son grade pour s’enrôler dans l’armée de l’indépendance et prit part comme simple volontaire au combat de Carbezon, à la suite duquel il fut nommé capitaine (12 juillet 180S). Il assista ensuite aux batailles de Rio-Seco et de Saint-Vincent-de-la-Barqueza, fut fait prisonnier et envoyé en France, où il demeura jusqu’à la paix. En 1819, il se joignit au corps d armée rassemblé à Cadix pour reconquérir le Mexique, et, s’étant rangé parmi les mécontents, il fut enfermé quelque temps dans le fort de Saint-Sébastien. Ensuite il embrassa avec chaleur la cause de Riego, et

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185.

ce dernier le nomma adjudant général do l’armée insurrectionnelle et secrétaire de la junte constitutionnelle. Ce fut en cette qualité qu’il accompagna Riego dans sa marche sur Algésicas, et, à cette occasion, il composa l’Hymne de Itiego, chant célèbre, qui devint bientôt le chant de ralliement des constitutionnels. San-Miguel, dévoué à la. politique de Riego, fut naturellement un des premiers exposé aux fureurs de la réaction ; il dut momentanément se réfugier à Zamore. Cependant il remplit, dans le cours de l’année 1821, les fonctions de chef de section de la commission d’officiers aux ordres de la junte auxiliaire du ministère de la guerre ; il était en même temps attaché a. la rédaction du journal El Spectador. Bientôt mis à la tête du bataillon sacré, composé de militaires en disponibilité qui soutenaient le ministère contre le roi et les réactionnaires, il combattit à leur tête le 6 juillet 1822 contre- les régiments de la garde royale qui voulaient rétablir l’autorité de Ferdinand. Le roi fut, sous la pression des insurgés, obligé d’accepter un ministère dans lequel le portefeuille dea affaires étrangères échut à San-Miguel qui, en cette qualité, dicta les réponses aux menaçantes représentations des souverains étrangers qui tenaient alors le congrès de Vérone. Ces réponses furent l’étincelle qui alluma la guerre et provoqua l’intervention française. Obligé de se démettre de ses fonctions de ministre, San-Miguel alla rejoindre Mina à l’armée de Catalogne, combattit l’armée française dans une sortie près de Barcelone et fut laissé pour mort sur le champ de bataille, atteint de dix blessures. Il fut relevé pourtant, envoyé une seconde fois en Francetet relâché quelque temps après, k la condition de ne point rentrer en Espagne. Il partit alors pour l’Angleterre, où il demeura jusqu’à l’amnistie générale publiée au commencement de la régence de Marie-Christine en 1834. Pendant ce temps, il avait vainement tenté.de pénétrer en Catalogne et avait collaboré aux Ocios de Espaîloles emigrados. Rentré eu Espagne, San-Miguel fut attaché à la rédaction du Messager des Cortès et se mit à écrire l’histoire des troubles politiques de l’Espagne de 1808 à 1823. Il reprit son grade de colonel en 1835 et fut nommé brigadier lors de l’insurrection de Saragosse, où il présida la junte supérieure de l’Aragon. Il ne tarda pas cependant à se rallier à la politique de la reine, qui le nomma maréchal de camp et commandant en chef de l’armée du centre. Bientôt envoyé aux cortès par la ville d’Oviedo, il resta dans les rangs des progrèssistes pendant toute la durée de la guerre civile. Lors de la convention de Vergara, en août 1839, il fit d’abord partie du ministère d’Espartero et reçut la portefeuille de la marine, puis, dans le cabinet présidé par Arara, il eut le département de la guerre. De 1840 à 1843, on le vit faire une vive opposition aux dictatures de Narvaez et de San-Luiz. En 1843, il fut nommé lieutenant général et commandant de la Nouvelle-Castille. L’année suivante, il fit paraître la première partie de son Histoire de Philippe II, qui lui donna entrée quelques années plus tard à l’Académie de Madrid (section d’histoire). Lorsque le fameux mouvement de Vicalvaro éclata en 1854, il fut nommé président de la junte de défense de Madrid, qui se chargea de surveiller et de soutenir O Donnell. Devenue de plus en plus impopulaire, la reine se confia à sa loyauté chevaleresque et lui donna, avec le titre de ministre de la guerre, les pouvoirs les plus étendus. Il fut bientôt après nommé maréchal par Espartero et fit preuve aux cortès de modération et d’impartialité. Dans sa reconnaissance, la reine le nomma duc et grand d’Espagne de première classe, capitaine général et inspecteur général de la milice. Malgré le coup d’État d’O’Donnell en 1856 et le retour de Narvaez au mois de septembre de l’année suivante, il conserva l’estime et la confiance d’Isabelle II, qui lui conféra le titre de capitaine de ses hallebardiers. Cette même année 1857, il ne fut pas réélu aux cortès, mais il resta au sénat, dont il était membre de droit et où il défendit la révolution de 1854, de concert avec le maréchal O’Donnell.

On a de lui : Capitaines anciens et modernes, traduit par de la Barre (Paris, 1848, in-8<>).

SANNAZAR (Jacques), en italien Sannazaro, poëte italien, né à Naples en 1458, mort dans la même ville en 1530. Il fit ses études à Naples sous la direction de Pontanus. Il devint amoureux d’une demoiselle, qu’il appelle dans ses poésies Harmosyne et quelquefois Philis ou encore Amaranthe, nom sous lequel on croit que le jeune Sannazar a voulu désigner Mlle Carmosine Bonifacio. Il fit de rapides progrès dans ses études ; Pontanus, fier de son élève, l’admit dans son académie. Ce fut à cette occasion que Sannazar prit le pseudonyme d’Actius Syncerus, sous lequel il publia la plupart de ses ouvrages. 11 fit ensuite un voyage en France, puis il revint en Italie, où, pendant les guerres qu’eurent à soutenir les princes d’Aragon, il leur fut constamment fidèle. Ce fut surtout à l’égard de Frédéric que Sannazar témoigna un dévouement sans bornes. Il suivit ce prince en France, le consola dans son malheur et lui ferma les yeux. Revenu en Italie, Sannazar refusa de chanter les exploits de


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