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bla on concile à la suite duquel il cassa le mariage de Sanche et imposa Alphonse, frère du roi, pour régent aux Portugais. Sanche quitta le Portugal en 1246 et se retira auprès du roi de Castille, à Tolède. Le Gouverneur de CoTmbre, Martin de Freitas, éfendit loyalement la cause de Sanche contre le régent. La mort du roi excommunié fit triompher Alphonse. Aucun roi de Portugal n’avait, autant que Sanche, servi la cause du christianisme par d’immenses conquêtes faites sur les infidèles. Il en avait été récompensé par une excommunication, et il continue aujourd’hui d’être traîné dans la boue pur les historiens ecclésiastiques, qui ne peuvent lui pardonner de n’avoir pas suivi aveuglément les caprices du clergé.

SANCHEZ (Alonso), fils naturel du roi de Portugal Denis, né en 128B. Il a composé un grand nombre do petits poèmes qui ne nous sont point parvenus, mais qui, d’après Machudo, n’étaient pas dépourvus de valeur.

SANCHEZ (Alonso), de Huelva, marin espagnol du xve siècle. S’il faut en croire Marmontel, il a instruit Christophe Colomb de l’existence de l’Amérique. Cet auteur prétend que Sanchez avait été jeté en 1484, par une tempête, vers une Ile à l’ouest, île qu’on a supposé depuis être Saint-Domingue. Echappé au naufrage avec cinq de ses compagnons, Sanchez serait arrivé à Tercère, capitale des Açores, ou à Madère, y aurait rencontré Christophe Colomb et aurait passé le reste de sa vie au service de ce grand homme, qui aurait profité des renseignements de Sanchez et des papiers que ce dernier lui aurait laissés en mourant.

SANCHEZ (François), célèbre grammairien espagnol, né à Las Brozas (Estramadure) en 1523, mort à Salamanque en 1601. Il occupa la chaire de grec, puis celle de rhétorique à l’universjté de Salamanque et publia un grand nombre d’ouvrages classiques qui lui firent une renommée européenne. Le plus célèbre est la Minerva, seu De causis lingue latinte (Salamanque, 1587), où il explique avec une clarté jusqu’alors inconnue les règles de la syntaxe latine-, c’est une mine abondante de remarques et d’observations dont ont. profité les meilleurs grammairiens, notamment Scioppius, Vossius et l’auteur de la Méthode dite de Port-Royal (Lancelot).

SANCHEZ (Miguel), né à Valladolid, mort vers 1609. Il fut secrétaire de l’évêque de Cuença et a composé un grand nombre do comédies dont Lope de Vega parle avec éloge. Une seule de ces comédies nous est parvenue ; c’est U Guardia cuidadosa, qui se trouve comprise dans la cinquième partie des Comedias de Lope de Vega y otros au tores (Madrid, 1616).

SANCHEZ (François), philosophe et médecin, né à ïuy, sur les frontières du Portugal, de parents juifs, si l’on en croit le Patiniana, vers le milieu du xvie siècle, mort en 1C32. Il voyagea en Italie, puis vint à Montpellier étudier la médecine. Il professa à Toulouse la philosophie pendant vingt-cinq ans et la médecine pendant onze ans. Le recueil des œuvres de Sanchez a paru sous ce titre : Opéra medica ; his juncti sunl traclalus quidam philosopkici non insubtiles (Toulouse, 1636, in-4o). Ses traités philosophiques ont pour titres : Quod nihilscitur ; De divinations per somnum ad Aristotelem ; In librum Aristotelis p/iysiognomicum commentarius, et De longitudine et brevitate vitœ (Toulouse, 1636, in-4«).

SANCHEZ (Thomas), jésuite espagnol, célèbre casuiste, né à Cordouo en 1550, mort à Grenade en 1G10. Il est auteur du fameux traité Disputaiiones de sancto mairimonii sacramento, ouvrage spécialement destiné aux confesseurs et aux personnes chargées delà direction des âmes, mais dans lequel les détails les plus scabreux sont exposés avec une liberté de langage qui touche à l’obscénité. C’est k tort qu on a dit que cet ouvrage avait été condamné à Rome.

SANCHEZ (Antoine-Nuflez-Ribeiro), célèbre médecin portugais, né à Pegnan-Maca en 1699, mort à Paris en 1783. Il lit ses études médicales à Coïmure et à Salamanque et fut reçu docteur dans ia dernière de ces universités. Il entreprit ensuite un voyage scientifique et visita successivement Londres, Paris, Leyde. Dans cette dernière ville, il se lia d’amitié avec Boerhaave dont il suivait les leçons. Aussi, lorsque l’impératrice de Russie pria l’illuhtre Hollandais de lui désigner trois médecins propres à, occuper des postes éminents dans son empire, le célèbre professeur de Leyde lui désigna en première ligne Sanchez qui, dès son arrivée en Russie, fut investi du titre de protomédecin de Moscou, avec charge d’examiner les médecins et chirurgiens aspirant à exercer dans cette ville. En 1733, Sanchez, appelé à Saint-Pétersbourg et nommé membre du collège de

médecine et médecin des armées impériales, devint ensuite médecin de l’impératrice. Lorsque celle-ci mourut, Sanchez quitta la Russie et vint à Paris, où il se livra à la pratique. Nous n’avons de lui que quelques opuscules dont voici les titres : Dissertation sur l’oriine de lu maladie vénérienne, dans laquelle auteur s’efforce d’établir qu’elle n’a point été apportée d’Amérique et qu’elle a commencé en Europe par une épidémie (Paris,

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1752, in-12) ; Examen historique sur l’apparition de la maladie vénérienne en Europe et sur lanature de cette épidémie (Lisbonne, 1774, in-12) ; Observations sur les maladies vénériennes (Paris, 1785, in-8»).

SANCHEZ (Thomas-Antoine), biographe espagnol, né à Burgos en 1732, mort à. Madrid en 1798. Il fut bibliothécaire des rois Charles III et Charles IV et fit réimprimer les œuvres de différents classiques espagnols, comme Boscan, Garcilasso, Quevedo, Cervantes, dont les éditions anciennes étaient depuis longtemps épuisées. Il est surtout connu par sa Collection de poésies castillanes antérieures au xv<= siècle, précédée de Mémoires relatifs à la vie du premier marquis de Sanliliane (Madrid, 17Î5 et années suiv., 5 vol. in-S°). Il a publié en outre une Apologie de Cervantes (Madrid, 1788, in-8o) et une Lettre adressée à Joseph Berni sur sa Dissertation en faveur du roi don Pierre le Cruel (Madrid, 1788, in-8«).

SANCHEZ (le docteur Pierre-Antoine), ecclésiastique et écrivain espagnol, né à Vigo, en Galice, en 1740, mort en 1800. Il fut professeur de théologie à l’université de Saint-Jacques-de-Compostelle, puis chanoine de

l’église métropolitaine de cette ville. Il contribua a faire supprimer les corvées et autres servitudes en Galice, fut la bienfaiteur des pauvres de cette province et mérita le nom de Per© do* malheureux. Il dépensait en œuvres charitables les 80,000 francs de revenu de son canonicat et ne laissa pas en mourant de quoi payer ses funérailles. Ses principaux ouvrages sont : Annales sarri (Madrid, 1784, 3 vol. in-4o) ; Histoire de l’Église a"Afrique (Madrid, 1784, in-s°) ; Discours sur l’éloquence sacrée en Espagne (Madrid, 1788, in-8o) ; Traité de la tolérance en matière de religion (Madrid, 1785, 3 vol. in-4o) ; Mémoire sur les moyens d’encourager l’instruction en Galice (1782, in-8»).

SANCHEZ (Luis-Sergio), littérateur espagnol, né dans la province de Badajoz en 1803. Il embrassa la carrière de l’enseignement et, après avoir professé dans différents collèges, obtint en 1832, à l’institut de Cacérès, une chaire de littérature, dans laquelle il succédait au célèbre Donoso-Cortès. Seize ans plus tard, il devint directeur de cet institue. Il a publié un assez grand nombre d’ouvrages, parmi lesquels nous citerons : Exposition critique et philosophique des principes de la littérature ; Cours de rhétorique et de poétique ; Poésies, recueil qui renferme, outre plusieurs pièces détachées, deux comédies et quelques autres essais dramatiques, etc.

SANCHEZ DE AREVALDO (Rodriguez), dit Sauclua, érudit espagnol. V. Rodriguisz.

SANCHEZ DEL ARCO (Francisco), publiciste et auteur dramatique espagnol, né à Cadix en 1816. Il débuta fort jeune dans le journalisme et montra dans la défense des idées du parti libéral une hardiesse qui lui attira de nombreuses persécutions et le fit •condamner à plusieurs mois de prison, successivement en 1840, en 1843, en 1848 et en 1851. En 1848, il fut même déporté aux !les Philippines, d’où il revint en 1849. Elu député de la province de Malaga aux cortès constituantes de 1854, il y prit une part active aux débats et continua en même temps de défendre dans la presse politique les opinions de son parti. Outre les nombreux articles qu’il a publiés dans ('Echo du Midi de Malaga, le Défenseur du peuple et le National de Cadix, etc., on a de lui les œuvres dramatiques suivantes : El Abenamo, drame ; Vrgande ta dissimulée, drame magique ; la Teigne des partis, comédie ; le Beau Francisco Esteban, drame ; le Sel de Jésus, drame ; les Taureaux du port ; Lola ta Gaditane ; la Corne d’or, féerie, etc.

SANCHÉZIE s. f. (san-ché-zi — de Sanchez, savant espagnol). Bot. Genre de plantes, rapporté avec doute à la famille des personnées, et dont les espèces principales croissent au Pérou.

SANCHO (Ignace), écrivain nègre, né à bord d’un négrier en 1729, mort en 1780. Krnniené eu Angleterre, il fut laissé chez des demoiselles âgées qui lui donnèrent le surnom de Sancho ; il fut ensuite attaché, en qualité de sommelier, à la maison de la duchesse de Montagu, se livra au jeu et y perdit jusqu’à ses vêtements. Après avoir essayé en vain de devenir acteur dans un théâtre, Sancho retourna au service de la famille Montagu. Sur la fin de sa vie, il monta une boutique d’épicerie, et ce fut alors qu’il composa ses œuvres littéraires. Ce sont : une Épître à Sterne, qui fut l’origine de la liaison de Suncho avec Sterne ; des poésies, deux pièces de théâtre, une théorie de la musique et des Lettres, précédées d’une vie de l’auteur (1782, 2 vol. in-8o ; 2e édit., 1783, avec portrait de l’auteur).

SANCHO PANÇA, le bon et fidèle écuyer de Don Quichotte. V. Don Quichotte.

Snnclio l’ançu (LE GOUVERNEMENT DE), Comédie en cinq actes, en vers, de Guérin du Bouscal (Théâtre-Français, 1642). Le véritable titre est le Gouvernement de Sanche Panse, l’auteur ayant jugé à propos de franciser les noms des personnages, jusqu’au pauvre Don Quichotte, qu’il appelle Don Quichot. Il a mis en scène d’une façon assez

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heureuse l’épisode final du chef-d’œuvre de Cervantes et montré Sancho Pança au faite des grandeurs, gouverneur de l’île de Bitrataria. L’intérêt de la pièce est surtout dans les mésanventures de ce fidèle écuyer, qui se console de tout en défilant des chapelets de proverbes. La scène capitale est la première du deuxième acte, où se trouve même un vers emprunté par Molière à cet auteur inconnu. Don Quichot donne à Sanche des

conseils pour bien gouverner, et entre autres celui de renoncer à sa manière de débiter des proverbes à tout propos.

Bannis de tes discours ces proverbes antiques, Dont tu te sers si mal dans toutes tes répliques.

Sur quoi Sanche de se récrier : Quant a ce dernier point, pour ne vous poimmentir, Monseigneur Don Quichot, je n’y puis consentir. De toute ma maison je n’eus d’autre héritnge ; J’en sais plus qu’un gros livre, et quand je veux parler Ils veulent tous sortir jusqu’à se quereller. C’est pourquoi quelquefois j’en mets en évidence Qui n’ont aucun rapport avec ce que je pense. Pourtant, à l’avenir, j’en pèserai les roots. Et n’en citerai point qui ne soit à propos.

Et le voilà qui se met à en lâcher qui, du reste, vont assez bien à son sujet. Qui ne sait son métier, qu’il ferme sa boutique. La science partout vaut mieux quu la pratique. Jamais sans l’appétit on ne fit bon repas. Sans la peur tous seraient de courageux soldats, Et j’ai toujours tenu pour maxime assurée Que bon renom vaut mieux que ceinture dorée.

BON QOICIIOT.

Eh bien ! voilà-t-il pas un discours bien suivi ? Tu fais bien ton profit de ce que je le dl.

sanche.

En quoi manquai-je donc !

DON QUICIIOT.

Dis-moi, je t’en conjure,

Pourquoi vas-tu parler de renom, de ieinture, De soldats, d’appétit, de métier, de repas ?...

SANCnE.

Je vous jure, ma foi, que je n’y pensais pas, Et que dorénavant j’aurai soin de me taire Pour ne rien alléguer qui vous puisse déplaire.

Mais il repart :

Aux seigneurs les honneurs ; souvent trop parler nuit. La parole fait l’homme ; on connaît l’arbre au fruit. Avec le temps toujours toutes choses se changent ; Il fait mauvais au bois quand les loups s’entre-mangent ;

Qui se contente est riche ; aux princes tout sied bien ; Tel maître, tel valet ; qui bien fait ne craint rien.

DON QOICHOT.

Courage !

SANCHE.

Il est certain, quoi que l’on puisse dire, C’est mal fait de choisir et de prendre le pire. Rien ne peut obliger au delà du pouvoir ; La plus grande finesse est de n’en point avoir. Il ne faut qu’un seul fou pour en amusir mille. Qu’onn’aitpassé les ponts, on n’est pas dans la ville. La nuit donne conseil ; la nuit tous chats sont gris. Jamais chat emmouflé ne prit belle souris.

DON ftUICHOT.

Achevez à. votre aise, et puis fermez la porte,

banche (continuant). La fortune n’est pas toujours de même sorte. Mais, quoique l’on ait dit que Tonne nuit aux fous, Qui se fera brebis sera mangé des loups. II est vrai que le bien ne s’acquiert pas sans peine ; Qui frappe du couteau doit mourir de la gaine. La fin couronne l’œuvre ; a beau jeu, beau retour ; Le temps découvre tout, et chacun a son tour. Il n’est pas toujours fête ; au port on fait naufrage. Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage. Mais je trouve après tout, ayant bien contesté, Que l’âne du commun est toujours mal bâté.

Molière n’est pas le seul qui ait emprunté à Guérin du Bouscal. En 1721, Dancourt lit représenter a la Comédie-Française un Sancho Pança, comédie en cinq actes et en vers qui n’est qu’une reproduction de la pièce précédente avec quelques scènes remaniées et diverses corrections. « Parmi plusieurs pièces sur le même sujet et qui portent le même titre que la mienne, j’en ai trouvé une, dit Danuourt, dont la versification m’a paru assez bonne : je m’en suis approprié les meilleurs morceaux. » On n’y met pas plus de sans gêne et de franchise. Deux autres pièces peuvent être encore citées : Sancho Pança dans son île, comédie en un acte, en prose, de Poinsinet (Théâtre-Italien, 1762), et Sancho gouverneur ou la Bagatelle, opéra-comique de Gilliers, paroles de Thierry (Théâtre de la foire Saint-Laurent, 1727}.

SANCHONIATHON ou SANCHONIATON,

historien phénicien du me ou du ne siècle av. J.-C. D’après les fragments du livre qui nous est parvenu sous son nom, VHistoire phénicienne, il aurait été contemporain de Sémiramis (x»a siècle av. J.-C.) et son livre remonterait par conséquent à une antiquité fabuleuse. C’est là une fraude imaginée probablement par les copistes, et quelques autres supercheries, comme la dédicace de l’Histoire phénicienne à Abibal, prétendu contemporain du siège de Troie, ont même induit quelques critiques à penser que Sancboniathon était un personnage entièrement mythique. Movers, rendant à son nom la forme phénicienne San-Chon-Iath, qui veut dire, d’après lui, Loi entière de Chon, divinité pro SANC

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tectrice de la ville de Tyr, assimilée k Hercule, ne voyait pas autre chose qu’un mythe dans le personnage ainsi désigné. Il est depuis revenu sur cette opinion et il admet, avec !a plupart des auteurs qui se sont occupés de l’histoire phénicienne, que Sanchoniathon, en retranchant dix-sept ou dix-huit siècles de son antiquité, a pu être, comme Vgisa dans l’Inde, le compilateur de documents théogoniques et historiques très-anciens et transmis jusqu’à lui soit par la tradition, soit même par l’écriture, puisque l’alphabet phénicien, adopté par les Grecs, est le plus ancien que l’on connaisse. Le travail du compilateur est resté visible dans l’Histoire phénicienne, où sont réunies des cosmogonies de provenances diverses, des traditions particulières aux villes de Byblos, de Béryte, de Tyr, de Sidon, parfois contradictoires entre elles et rattachées les unes aux autres sans aucune critique.

Sanchoniuthon et son livre ont été mis en lumière par Porphyre, d’après une traduction grecque de Philon de Byblos (jer siècle de l’ère chrétienne). Porphyre s’en était fait une arme contre les chrétiens pour prouver que Moïse tenait ce qu’il a écrit dans la Genèse, non d’une révélation, mais de la connaissance qu’il avait des annales phéniciennes. Eusèbe réfuta Porphyre et, pour le combattre, reproduisit les principaux passages de l’Histoire phénicienne ; c’est à cette polémique que l’on doit la conservation de ces précieux fragments, seuls restes d’une littérature perdue, car non-seulement l’original phénicien, mais la traduction grecque de Philon de Byblos ont péri. Nous n’avons que ce qu’Eusèbe a bien voulu nous transmettre dans sa Préparation évangélique et tel qu’il lui a plu de le copier pour les besoins de sa cause. Eusèbe prétend, au reste, que Sanchoniathon n’a jamais.existé et que le livre en question est tout entier de son prétendu traducteur, Philon, qui l’a composé pour faire pièce aux chrétiens et lui a supposé une antiquité fabuleuse, pour détruire l’autorité de Moïse. « De graves difficultés, dit M. E. Renan, me semblent devoir être opposées à ce sentiment. Tout ce que nous savons du caractère de Philon repousse l’hypothèse d’une supercherie. Grammairien habile et bibliophile érudit, Herennius Philon n’est pas de la famille des faussaires. Sou caractère, autant qu’on en peut juger par ses propres écrits, fut celui d’un polygraphe consciencieux. Les passages qui, dans le texte de la Préparation évangélique, appartiennent certainement à Philon, ont un ton de bonne foi qui frappe tout d’abord. L’auteur expose avec simplicité le désir qu’il avait de connaître la vérité, les peints qu’il s’est données pour cela, la masse de livres qu’il a lus, les doutes que lui a causés le désaccord des divers témoignages. Il est évident qu’il prenait au sérieux Sanchoniathon et que, s’il y a fourberie dans l’Histoire phénicienne, la fourberie lui est antérieure. Les témoignages de l’antiquité confirmant ce résultat d’une manière frappante. Si Sanchoniathon était une invention de Philon, l’antiquité ne l’eût connu que par Philon et ne lui attribuerait pas d’autres ouvrages que ceux de Philon. Or, il n’en est point ainsi ; Suidas, au mot Sanchoniathon, nomme trois ouvrages. Des preuves directes établissent d’ailleurs que l’Histoire phénicienne a été traduite du phénicien ; une foule de jeux de mots et d’étymologies n’ont de sens qu’en se reportant à un original écrit dans cette langue. » Des indices d une autre sorte et des traces de doctrines helléniques ne permettent pas de reporter la composition de l’ouvrage en deçà de l’ère des Séleucides, en admettant toutefois que l’auteur a utilisé des documents bien plus anciens, notamment des inscriptions, et rédigé ainsi un vaste répertoire de mythologie et d’histoire, dont ce qui reste peut à peine donner l’idée.

SANCIR v. n. ou intr. (san-sir. — On a fait venir ce mot du provençal sumsir, submerger, dérivé du latin submergere, même sens). Mar. Couler bas. Ce navire a. sanci sous voiles’x sanci à l’ancre, sous ses amarres. (Acad.) Lorsque le bâtiment navigue par une grosse mer qui vient devant lui, il plonge son extrémité antérieure dans les vagues qui le recouvrent sur cette partie ; il ne peut se relever sous le poids de cette masse écrasante, il sancit. (J. Lecomte.)

SANCOINS, bourg de France (Cher), chefde cant., arrond. et à 37 kilom, N.-E. de Saint-Amand-Mont-Rond, sur la rive gauche de l’Allier et sur le canal du Berry ; pop. aggl., 3,413 hab. — pop. tôt., 3,833 hab. Taillanderie, chaudronnerie, briqueterie ; exploitation de plâtre et de chaux. Commerce de bestiaux, houille, bois et grains. Près du hameau de Jouy, ruines d’un château dont il reste quatre grosses tours.

SANCODRT, village et commune de France (Eure), cant. de Gisors, arrond. et à 30 kilom. des Andelys ; 171 hab. Cette commune, dont le nom vient de Sana-Curia ou Saxonis Curia, fut donnée par Philippe le Bel à Enguerrand deMarigny. Un seigneur huguenot nommé Leriche possédait la terre de Sancourt au moment où fut révoqué l’édit de Nantes ; il s’expatria avec la plus grande partie des habitants, qui le suivirent dans l’exil. Le marquis de Bongard y fut arrêté en 1793 et conduit à Paris, où il mourut sur l’échafaud.