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français, né en Lorraine vers 1760, décapité à Bordeaux le ÏO juin 1794. Il était médecin à Vézeiise en 1789. Elu député aux états généraux par le tiers état de Nancy, il se montra zélé partisan des idées nouvelles, tout en faisant une opposition très-vive aux détracteurs de la tonne monarchique. Comme on agitait la question de la déchéance après l’arrestation de Louis XVI à Varennes (juin

s1791), il s’écria à la tribune : » On me poignarderait plutôt que de me faire consentir à •ce que le gouvernement passât entre les ■mains de plusieurs I » Toutefois, il vota contre le veto absolu, se prononça contre une chambre unique et se rangea presque constamment du côté du parti le plus modéré. Réélu par ses compatriotes k la Convention, Salles siégea avec les girondins. Ce fut lui qui, dans le but de sauver Louis XVI, proposa, lors de son procès, l’appel au peuple, puis le sursis à l’exécution. Néanmoins il reconnut la culpabilité du roi, mais il demanda qu’il fût détenu jusqu’à la paix. Adversaire ardent des montagnards, il dénonça Marat à la tribune, demanda qu’on poursuivît les auteurs des mas-sacres de septembre et fut enveloppé dans la proscription des girondins le 31 mai 1793. Mis hors la loi le 28 juillet, il erra dans les départements de l’Eure et du Calvados, puis en Bretagne, d’où il passa par mer dans la Gironde. Après s’être longtemps caché, il fut arrêté chez le père de son collègue Guadet le 19 juin 1794, conduit à Bordeaux et exécuté le lendemain.

SALLES (Eusèbe-François, comte de), orientaliste français, né k Montpellier en 1796, mort dans la même ville en 1872. Il fit ses études de médecine, passa son doctorat, puis se rendit à Paris (1817) et s’adonna à l’étude des langues orientales. M. de Salles apprit le persan, te turc, l’indoustani, l’arabe, fut attaché, comme interprète, k l’expédition envoyée contre Alger en 1830 et devint cinq ans plus tard professeur d’arabe à Marseille. Après avoir enseigné pendant plus de trente ans cette langue, M. de Salles retourna dans sa ville natale, où il mourut. Il avait fait à diverses reprises des voyages en Orient, notamment en Turquie, en Égypte, ensuite en Syrie, etc. Nous citerons, parmi ses ouvrages : Traduction et commentaire du traité de hhazès sur ta variole (1828) ; AU le renard ou la Conquête d’Alger (1832, 2 vol. in-8°) ; Sakountala ou une Chaîne (1833, ’ in-is), roman ; Mahomet considéré comme homme privé, ar.liste et politique (1833) ; Histoire générale de la médecine légale (1835), dans l’encyclopédie de Bayle ; Mazdac, réformateur socialiste et communiste de la Perse sassanide (1840) ; Pérégrinations en Orient ou Voyage pittoresque, historique et politique en Égypte, Nubie, Syrie, Turquie, Orèce, pendant les années 1837,1838 et l&M (1840, 2 vol. in-so) j Nouvelles idées sur les pyramides ou Réfutation des hypothèses de M. F. de Persigny (1845) ; Histoire générale des races humaines ou Philosophie ethnographique (1849, in-12), ouvrage dans lequel l’auteur se montre un défenseur acharné de l’unité de l’origine humaine ; Œuvres choisies, poésies (1805, in-12).

SALLES (Charles-Marie, comte de), général français, cousin du précédent, né à la Martinique en 1803, mort k Mornas en 1858. À sa sortie de l’École de Saint-Cyr, il entra dans le corps de l’état-major, devint lieutenant eu 1827, lit la campagne de Morée en 1828, et assista à. la conquête d’Alger en 1830. Revenu en France capitaine, il Ut partie de l’armée qui assiégea Anvers en 1832. Arrivé en Algérie en 1837, H fut aide de camp du général Vallée, puis colonel lors de lu guerre contre les Arabes ; en 1848, il fut promu au grade de général de brigade et, le 7 mars 1852, à celui de général de division. En 1855 il commanda une des divisions de l’armée qui assiégea Sébastopol. En juin 1856, il fut nommé membre du Sénat ; il était grand officier de la Légion d’honneur.

SALLES (Bertrand-Isidore de), administrateur et journaliste français, né à Sainte-Marie (Landes) en 1821. Lorsqu’il eut terminé ses études k Aire, il se rendit à Paris, entra dans le journalisme et publia, sous le pseudonyme d’Isidore S. de Go»«e, un grand nombre d’articles littéraires et scientitiques. Il se lit connaître par un petit livre extrêmement spirituel et piquant, intitulé : Histoire naturelle, drolatique et philosophique des professeurs du Jardin des plantes, des aides naturalistes, préparateurs, etc., avec des annotations de M. F. Gérard (1846, in-iï), par Isidore S. de Gosse. Cet opuscule, dans lequel-il signalait des abus administratit’Sjdes traversde professeurs, etc., eut un succès très-vif. M. de Salles devint cette même année secrétaire de M. Achille Fould. Après la révolution de 1848, sousl’adinuusiraiioii du général Cavaignac, il fut

nommé sous-préfet de Dax, puis il remplit les mêmes-fonctions à Villefranche (1849) et à Bar-sur-Aube (1852). Appelé au ministère de l’intérieur, en 1856, M. de Salles y occupa le poste de chef de la division de la presse et de la librairie jusqu’en 1859. À cette époque, il devint préfet de la Creuse, d’où il passa à la préfecture de l’Aube. La révolution de 1870 l’a rendu à la vie privée. M. de Salles avait été nommé en 1864 officier de la Légion d’honneur,

SALLET (Frédéric de), poète allemand, d’origine française, né à Neisse (Silésie) en

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1812, mort en 1843. Élève de l’École des cadets de Breslau et de celle de Berlin, il fut envoyé, en 1829, comme lieutenant à Mayence ; mais bientôt, dégoûté du service, il écrivit en 1830 sur la vie militaire une nouvelle satirique qui le fit condamner par un conseil de guerre a la dégradation et a une détention de dix ans dans une forteresse. Cette peine fut commuée en deux ans de prison par un second conseil de guerre, et le roi de Prusse la réduisit à deux mois. À l’expiration de sa peine, Sallet fut envoyé à Trêves, d’où il revint en 1834 à l’École militaire de Berlin. Il s’y occupa surtout de l’étude de l’histoire et de la philosophie de Hegel, et prit "sa retraite en 1838 pour se donner tout entier à la littérature. On a’de lui : Poésies (Berlin, 1835) ; Etincelles, recueil d’épigrammes (Trêves, 1838) ; la Bouteille en démence, épopée héroïque (Trêves, 1838) ; l’Évangile des laïques, son œuvre la plus remarquable (Breslau, 1861, 6» édit.) ; la Belle Jrla (Breslau, 1838) ; Poésies complètes (Breslau, 1843). Après sa mort, on publia d’après ses manuscrits : l’Explication de la seconde partie du Faust de Gosthe à l’usage des femmes (Breslau, 1844) et une brochure intitulée : les Athées et les impies de notre temps (1844 ; Hambourg, 1852, 2e édit.), dans laquelle il qualifie le piétisme de véritable" athéisme. Ses Œuvres complètes furent réunies en cinq volumes (Breslau, 1845). Sallet avait montré dès sa première enfance de remarquables dispositions pour la poésie ; plus tard, il sut allier aux tendances de l’école sentimentale et romantique celles de l’école humoristique et satirique ; mais l’étude sérieuse qu’il avait faite de Schiller et de Gœthe, son penchant pour l’histoire et la philosophie exercèrent sur lui une influence qui ne fit que s’accroître avec le temps, et, dans les dernières années de sa vie, sa préoccupation continuelle fut la recherche de la vérité, Surtout en matière de religion, ainsi que le prouve son Évangile des laïques, dans lequel il combat les idées traditionnelles de l’Église sur le christianisme et la morale. On peut consulter à son sujet l’ouvrage intitulé : la Vie et les œuvres de Frédéric de Sallet (Breslau, 1845).

SALUER (Claude), philologue français, né à Saulieu en 1685, mort k Paris en 1761. Il fit ses études au collège de sa petite ville natale, suivit des cours de philosophie et de théologie à Dijon, se fit ordonner prêtre et vint k Paris, où il se perfectionna dans les langues latine, grecque, syriaque, hébraïque et apprit les langues modernes. La réputation qu’il se créa dans les lettres et dans les sciences lui ouvrit les portes de l’Académie des inscriptions et belles-lettres et lui valut successivement les places de lecteur et de professeur d’hébreu, de garde de la bibliothèque du roi, enfin sa nomination k l’Académie française. On doit k ce savant modeste de nombreuses dissertations publiées dans les Mémoires de l’Académie des inscriptions, plusieurs volumes du Catalogue de la bibliothèque royale et la première édition complète et authentique de l’Histoire de saint Louis, de Joinville (1761, in-fol.).

SALL1ER-CHAMONT (Gui-Marie), littérateur français, né à La Roche - eu - Breuil (Bourgogne) vers 1750, mort vers 1840. Ses études terminées, il fut nommé conseiller au parlement et se montra l’un des plus fougueux opposants aux mesures arbitraires de la cour. Pendant la Révolution et l’Empire, il vécut dans la retraite et ne reparut qu’en 1814 pour recevoir le titre de maître des requêtes. On lui doit les ouvrages suivants : l’Ane au bouquet de roses (Paris, 1802, 2 vol. in-18) ; Essais pour servir d’introduction à l’histoire de la Révolution française (1819, in-8°) ; Annales françaises depuis’ te commencement du règne de Louis XVI (1813, in-8°) ; Annales françaises (1832, 2 vol. in-8°).

SALLIN (Maurice), sculpteur et graveur, né en Savoie en 1760, mort le 22 juin 1809. Né de parents pauvres, il les quitta pour se rendre en France, où il commença par être ramoneur, puis fondeur. Il eut alors le mérite de conquérir par ses seuls efforts des connaissanceslittérairesetartistiquesà l’aide desquelles il eut bientôt des amis et des admirateurs. On a de lui divers morceaux de

sculpture et une gravure représentant J.-Em. Gilibert, gravure placée en tête des ouvrages de ce célèbre médecin.

SALLIOR (Marie - François), littérateur français, né à Versailles en 1740, mort à Paris en 1804. Etabli avocat dans cette dernière ville au moment de la Révolution, il se montra patriote assez modéré, se tint k l’écart pendant la l’erreur et reparut après le 9 thermidor pour occuper les fonctions d’inspecteur au collège de Saint-Cyr et du Pry-i tanée français. On a de lui : Manuel chronologique (Paris, 1791) ; les Fruits de mon jardin (Paris, 1798) ; Corbeille des fleurs de mon jardin (Paris, 1798).

SALLO (Denis de), seigneur de La Coudbayk, littérateur français, né à Paris en 1626, mort dans la même ville en 1669. Ses études de droit terminées, il succéda k son père au parlement. Ses goûts littéraires le poussèrent k fonder un journal ou revue hebdomadaire exclusivement consacrée aux lettres, et, en 1665, parut le Journal des savants, sous le nom du sieur de Hédouville. L’âpreté de sa critique souleva tellement la

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rancune des beaux esprits de l’époque, qu’à force d’intrigues ils obtinrent le retrait de son privilège et la suppression de son journal, qui fut repris en 1666 par l’abbé Gallois. Malgré cette disgrâce, Salto conserva la faveur de Colbert, qui faisait le plus grand cas de son intelligence et le consultait tant sur les affaires littéraires que sur certaines matières politiques. On n’a imprimé de cet écrivain qu’un traité : Des noms et surnoms, publié dans le tome III du Recueil de pièces de Granet, et un autre traité : Des légats à latere, k la suite de l’Origine des cardinaux, par du Peyrat (Cologne, 1665, in-12).

SALLUSTE (Caïus Sallustius Crispus), célèbre historien latin, né k Amiterne, dans la Sabine, en 86 av. J.-C, mort en 34 av. J.-C. Il appartenait k une famille plébéienne, mais riche, et reçut l’instruction des enfants de patriciens. Sa jeunesse fut déshonorée par les plus scandaleux désordres, ce qui ne l’empêcha pas de prendre part aux affaires publiques et de donner les premiers gages de ses aptitudes littéraires ; mais il se sentit détourné de ses études par l’ambition ■. A quo incepto studio me anbitio mala detiuuerat, dit-il. Il parvint, k l’àgeJe vingt-sept ans, k la charge de questeur, puis k celle de tribun du peuple, et prit une part active aux troubles de cette époque (58-52 av. J.-C.). Il appartenait au parti démagogique et fut un des sectateurs les plus violents de Clodius dans la lutte de celui-ci contre Milon. Salluste avait d’ailleurs pour haïr ce dernier des raisons toutes personnelles ; amant de la femme de Milon, Fausta, il avait été surpris k un rendez-vous adultère, fustigé d’une rude façon par les esclaves et mis k rançon par lo mari. Chassé du sénat pour son infamie et ses débauches, il devint l’un des agents de César, qui lui fit rendre la questure et sa place au sénat, puis le fit nommer préteur. Ce fut en cette qualité qu’il conduisit en Afrique les légions de César. Après la victoire de Tnapsus, le dictateur lui donna le gouvernement de la Numidie avec le titre de proconsul (45). Il commit dans sa province des déprédations tellement criantes, qu’elles le firent comparer k Verres. Parti ruiné de Rome, il y revint avec des richesses immenses, subit quelques accusations, mais fut absous par Cé, sur, k qui il abandonna des sommes considérables. Il renonça dès lors k la vie publique, et, du fruit de ses rapines, il fit construire sur le mont Quirinal un palais splendide qui fut, dans la suite, habité par plusieurs empereurs, et où il entassa tous les chefs-d’œuvre de la statuaire et de la peinture ; les vastes jardins qui entouraient cette habitation somptueuse sont cités par les anciens comme la plus délicieuse promenade de Rome, ~et le lieu qu’ils occupaient est encore désigné aujourd nui sous le nom de jardins de Salluste. Il acheta, en outre, de vastes domaines et la belle maison de César k Tïbur (Tivoli). C’est au milieu d’un luxe royal, du sein de cette fastueuse retraite, que cet illustre concussionnaire, accusé par tout un peuple, composa ses chefs-d’œuvre historiques et immortalisa sa honte en remplissant ses livres de déclamations vertueuses contre ceux qui s’enrichissent par des voies coupables.

« Le premier en date des véritables historiens de Rome, dit M. Benlœw, est Salluste. Adhérent de César, il a pourtant su se placer k une certaine distance des événements qu’il décrit, et il a obtenu ainsi d’heureux effets de perspective. Mais il a gardé les pussions du témoin oculaire et de l’homme de parti. De la complicité de César dans la conspiration de Catilina, il ne laisse subsister qu’une nuance ; il efface autant qu’il peut le rôle et diminue le mérite du consul Cicéron. Dans son Jugurlha, il concentre l’intérêt principal sur Marius, le chef populaire qui, indirectement, a peut-être le plus contribué k l’avènement de l’empire. D’ailleurs, il a su choisir avec tact et avec goût les sujets qui convenaient k son talent. Nul n’a esquissé les caractères d’une manière plus pittoresque ni dramatisé plus vivement les événements. Il a peint aussi en traits de feu la profonde corruption de son temps, qui rendait la chute de la république inévitable. Il devait bien décrire ce qu’il connaissait si bien. >

Salluste a laissé une réputation aussi brillante sous le rapport du talent que décriée sous celui des mœurs et de la conduite. Il nous reste de lui deux ouvrages entiers : la Conjuration de Catilina, qu’il écrivit après son exclusion du sénat, et la Guerre de Jugurtha, qu’il composa après son retour d’Afrique. Ces deux morceaux sont considérés comme des chefs-d’œuvre. Il avait écrit une Histoire de Rome depuis la mort de Sylta dont il ne reste que des fragments. On lui attribue aussi deux Lettres à César qui renferment de belles idées et d’énergiques peintures, mais qui respirent la flatterie et l’esprit de parti. Les meilleures éditions de Salluste sont celles d’EIzevir (Amsterdam, 1634), de Burnouf (Paris, 1821). L’une des plus remarquables traductions françaises est celle de M. Moucour (1855, in-8°).

Dussault a formulé sur cet historien le jugement suivant : « Salluste est l’écrivain le plus précis, le plus concis, le plus nerveux qu’ait produit la littérature latine, sans en excepter Tacite lui-même. Son goût est plus

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pur que celui de l’historien des empereurs, son expression plus franche, sa pensée plus dégagée de toute subtilité... Salluste n’est pas seulement un grand peintre d’histoire, il est encore un moraliste admirable ; rien n’est plus imposant que le ton dont il flétrit le vice et dont il honore et recommande la vertu ; son goût le portait vers ces éloges éloquents de la vertu, vers ces censures véhémentes de la corruption, qui donnent tant de poids et de gravité aux compositions historiques ; on lui a même reproché de les avoir prodigués avec trop peu de retenue et d’avoir quelquefois emprunté le vieux langage de Oaton le Censeur pour répandre sur ses tableaux de morale le colons austère de ce vertueux personnage et la teinte respectable des temps antiques. Mais on lui

fuit un reproche beaucoup plus grave : on l’accuse de n’a-voir pas soutenu ses discours par ses exemples... La Conjuration de Catilina et l’Histoire de la guerre de Jugurlha sont deux morceaux complets ; quelques critiques préfèrent le second au premier, quoique celui-ci soit beaucoup plus connu, parce que le sujet en est beaucoup plus intéressant. Ce sont, au reste, deux tableaux achevés.

Un autre critique compétent, M. Pierron, apprécie ainsi qu’il suit le talent de l’historien de Jugurtha :

Les anciens ont porté sur Salluste des jugements divers. Quelques contemporains, tels que César et Pollion, étaient vivement choqués de son affectation d’archaïsme. C’étaient pourtant des amis de l’historien. Ses amis insistaient sur ce point vulnérable, et ils ne voulaient voir en lui qu’un plagiaire des vieux auteurs. On connaît l’épigramme citée quelque part dans l’ouvrage de Quintilien : « O toi qui as tant volé les mots du vieux Caton, Crispus, écrivain de l’histoire > de Jugurtha ! » Sénèque, qui compare Salluste à Thucydide et qui donne la préférence k l’historien latin, nous apprend que Tite-Live était d’un avis tout contraire au sien et qu’il reprochait à Salluste de gâter Thucydide en l’imitant. Tacite proclame Salluste 1b plus florissant écrivain des choses romaines. Martial l’appelle le premier de tous les historiens romains. Quiiuilien vante avec complaisance cette admirable rapidité qui fut l’éminente qualité de Salluste. Il s’en réfère aussi au jugement du grammairien Servilius Nonianus, qui déclarait Salluste et Tite-Live plutôt égaux que semblables. Aulu-Gelle caractérise Salluste comme un écrivain savant en brièveté, un novateur en fait de ■mots ; il loue la beauté et l’élégance de son style ; il dit que, si ses ouvrages ont été l’objet de certains reproches asses fondés, la plupart des critiques de ses détracteurs étaient sans raison et sans justesse. Quelquesuns distinguaient chez lui lenarrateur de Y orateur et préféraient ses récits k ses harangues. Cette opinion est singulière. Salluste, quoi qu’en disent Sénèque et CassiusSeverus, n’est jamais inférieur k lui-même : c’est lo même art et le même talent qu’il a déployés partout ; ses récils valent ses harangues, ni plus ni moins, et ses harangues valent ses récits, a

SALLUSTE (Secundus Sallustius Promotius), surnommé Je Phiiotophe, préfet des Gaules sous Constance et consul avec Julien. Il était né dans les Gaules vers le commencement du ive siècle et mourut vers 370. Julien l’honora d’une constante amitié, dont il se montra digne par ses talents et sa fidélité. Quoique attaché au paganisme, il se distingua par une généreuse tolérance envers les chrétiens. Après la mort de l’empereur, qu’il avait suivi dans son expédition contre les Perses, il refusa la pourpre, que lui offrait l’armée, et favorisa l’élection de Valentinien. On lui attribue généralement le traité grec Des dieux et du monde, remarquable par le style et les pensées, publié avec une version latine d’Allatius et des notes de Holstenius, par G. Naudé (Rome, 163S), traduit en français par Formey (Berlin, 1748).

SALLUSTE, le dernier des philosophes cyniques, né dans la ville d’Émèse, en Syrie, au VIe siècle. Il étudia le droit, l’éloquence et la philosophie, et successivement fut le disciple d’Eunoius, de plusieurs autres sophistes d’Alexandrie et enfin de Proclus, philosophe platonicien. D’après les conseils d’Athénodore, il se convertit à la doctrine des cyniques et propagea dès lors la philosophie de Diogène, ce qui le fit plusieurs fois accuser d’impiété, accusation qui n’eut pour lui aucune suite fâcheuse. Citons une repartie piquante qu’on attribue à Salluste le Cynique. Pamprepius, personnage éminent, mais dont la conduite était loin de paraître irréprochable, lui demandait la différence des dieux aux hommes : « Tu n’ignores pas, lui répondit Salluste, que je ne suis pas plus un dieu que tu n’es un homme.» On a attribué à Salluste le traité De diis et mundo ; cet ouvrage est plutôt, selon Brucker, l’ouvrage de Salluste, le philosophe gaulois. Pour les autres écrivains du nom de Salluste, voir la Bibliographie grecque de Fabricius (ch. xm, p. 644).

SALM, nom de deux comtés de l’ancien empire d’Allemagne, autrefois indépendants : le Haut Salin (en allemand Ober-Salm), dans les Vosges, sur les frontières de l’Alsace et de la Lorraine, ch.-l. Senones ; le Bas Salin (Nieder-Salm), dans les Pays-Bas, sur les frontières des provinces de Liège et de