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treinère dans l’excellent compte rendu qu’il en a donné dans le Journal des savants, une critique judicieuse préside à la disposition des produits de la plus vaste et de la plus solide érudition.

L’ouvrage sr divise naturellement en deux sections. Dans le premier volume, le savant auteur s’applique à coordonner, à discuter les nombreux, objets qui font la matière de son livre. Le second tome contient les passages originaux cités dans ses recherches et qui sont accompagnas de traductions exactes et d’un commentaire plein d’érudition. Dans sa préface, M. Clvwolsohn donne quelques détails sur la composition de son ouvrage. Dès son enfance, il avait lu les renseignements que donne Maimonide sur les

doctrines des sabéens. Curieux de compléter ces détails, il se rendit à Vienne en 1847 pour copier, d’après deux manuscrits que renferme la bibliothèque de cette ville, un chapitre d’une haute importance consacré aux sabéens et qui fait partie de l’ouvrage intitulé Filirist at-oloum, c’est-à-dire le Catalogue des sciences. Non content de transcrire ce morceau curieux et de l’accompagner d’un commentaire, il y réunit une foule de matériaux, soir, connus, soit inédits. En 1851, l’Académie impériale de Saint-Pétersbourg, sur le rapport de MM. Dorn et Rtinik, résolut de publier le livre à ses frais. L’impression fut commencée. Mais bientôt M. Chwolsohn, soit par lui-même, soit par les soins d’amis éclairés, obtint de nouveaux matériaux en grande piirtie inconnus et se trouva en état de refondre quelques parties de son travail et de confirmer ou modifier les idées qu’il avait dû se former sur plusieurs points.

Le premier volume se divise en deux livres. Le premier, qui est de beaucoup le plus étendu, comprend treize grands chapitres. Le savant auteur y discute des objets d’une haute importance. Il expose d’abord l’idée que les savants de l’Europe se sont formée relativement aux sabéens et les erreurs dans lesquelles ils sont tombés à ce sujet. Il s’attache à prouver que les subéens dont il est fait mention dans le Coran étaient identiques avec les mendaïtes, vulgairement appelés sabéens ou chrétiens, de Saint-Jean. Il fait voir comment les idolâtres établis dans la ville de Harran adoptèrent le nom de sabéens. Il indique le caractère des dogmes que professaient les habitants de Harran. Il examine, en suivant un ordre chronologique, l’idée que les écrivains musulmans s’étaient formée des sabéens et le développement que cette idée prit sous la plume de ces auteurs, qui finirent par comprendre sous cette dénomination tous les idolâtres antiques. Il traite des païens nui ont existé dans les contrées soumises à 1 islamisme. Le dixième chapitre, qui est à’coup sûr un des plus étendus et des plus importants de l’ouvrage, contient une sorte d’histoire de la ville de Harran, cette ville antique qui fut le lieu de la résidence d’Abraham et qui, sous le nom de liarra, fut célèbre chez les écrivains grecs et latins. Cette histoire de la ville et de ses habitants est continuée jusqu’à l’an 832 de Jésus-Christ, époque où les Harraniens adoptèrent le nom de sabéens. Dans le chapitre suivant, l’auteur expose l’état intérieur des sabéens, tant à Harran que dans d’autres villes. Ensuite il donne des détails biographiques et littéraires sur ceux des habitants de Harran qui se distinguèrent par leurs talents dans les sciences et par d’autres genres de mérite et sur les rapports qui existèrent entre les sabéens et les musulmans. Le second livre est consacré à retracer tout ce qu’on sait sur les doctrines religieuses ou philosophiques des sabéens. Le second volume, ainsi que nous l’avons dit plus haut, comprend les textes orientaux qui ont servi de base aux recherches de l’auteur.

On voit facilement, d’après ces quelques indications, que le travail de M. Chwolsohn est un ouvrage très-considérable et qu’il est riche en faits Ue toute espèce et en idées nouvelles exposées avec une vaste érudition et une critique judicieuse.

SABÉISME s. m. (sa-bé-i-sme. — V. l’étymol. À la partie eucycl.). Hist. relig. Nom donné à la religion des adorateurs du feu. On dit aussi sabaïsme et sabisme. Il Religion des sabéens, chrétiens de Saint-J ean ou mendaïtes.

— Encycl. On donne le nom de sabéisme a un système religieux qui, autrefois, avait pris une extension considérable dans l’Arabie et la Mésopotamie. Le sabéisme, par suite d’une confusion de noms, est souvent dé* crit comme la religion propre aux Sabéens. Mais cette analogie est complètement faussé, car l’orthographe hébraïque nous montre immédiatement que ces deux mots ne dérivent

pas de la même racine et, d’après les lois des idiomes sémitiques, ne peuvent même avoir rien de commun entre eux. En eli’et, taudis que la première consunne du mot sabéen est en hébreu un samedi (s dur), la première du mot sabéisme est un tsadi (correspondant à l’articulation ts).Oa devrait donc écrire plus correctement tsabeisme. Un croit que ce mot dérive du nom du fils ou du frère d’Enoch, qui s’appelait ï’xubi.

D’après ce que nous rapportent les historiens arabes, le sabéisme serait identique à la religion des anciens Chaldéens. Il avait pour base et pour principe le monothéisme,

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compliqué d’un culte rendu aux astres et à des êtres intermédiaires et mal déterminés qui rappellent les anges de la religion juive.

Maimonide a résumé dans le More nebou~ chim les doctrines générales du sabéisme. D’après cet auteur, il convient d’y distinguer deux croyances dont l’une, essentiellement populaire, ne s’attachait qu’au culte des astres. Le soleil était la maître absolu ; sa domination s’étendait sur le monde entier ; les autres astres obéissaient à Sa volonté et leur pouvoir était limité. Les sectateurs de la seconde distinguaient dans les astres deux parties essentielles : l’âme et le corps. Toutes deux étaient éternelles ; le monde, par conséquent, était éternel. Si l’on ajoute à ces deux croyances premières une quantité innombrable de fables, de superstitions, de légendes, on reconstruira dans son entier le sabéisme. Maimonide nous apprend encore que le caractère dominant de cette religion était la protection accordée à l’agriculture. Les travaux agricoles étaient placés sous l’égide bienfaisante des astres. Le soleil ne devait le rang suprême qu’il occupait dans cette théogonie qu’à l’heureuse influence qu’il exerçait sur les produits de la terre.

Le monothéisme du sabéisme nous est expressément affirmé par le Coran, qui le distingue soigneusement des croyances polythéistes. Les livres sacrés du sabéisme devaient être écrits en syriaque, à en croire les autorités arabes. Les sectateurs du sabéisme admettaient un châtiment pour les âmes des pécheurs, mais ils ne le croyaient pas éternel. Ils avaient trois prières obligatoires chaque jour et trois grandes fêtes annuelles, 1 une de trois, l’une de sept et l’autre de neuf jours. Ils offraient des sacrifices à leur Dieu et se rendaient en pèlerinage à Haran ou Harran, en Mésopotamie.

Le sabéisme n’a probablement pas été étranger à la formation de l’islamisme. Aujourd’hui il a complètement disparu, et ce n’est que par abus de terme que les Arabes eu ont appliqué le nom à la secte des mendaïtes ou chrétiens de Saint-Jean. V. ces deux mots.

On peut consulter sur le sabéisme : Essai sur l’histoire du sabéisme, auquel on a joint un catéchisme qui contient les principaux dogmes de la religion des Druses, par le baron de Bock {Metz, 1788, in-12) ; Sabsan Researches, by J. Landseer (London, 1823, in-4o) ; Die Ssabier und der SsabUmus, von Dr Chwolsohn (Saiiu-Pétersbourg, 1856, 2 vol. ir.-8°).

SABELLAIRE s. f. (sa-bèi-lè-re — rad. sabelle). Annél. Genre d’annélides, de la famille des sabulaires, comprenant trois ou quatre espèces, .dont deux vivent sur nos coûtes. Il Syn. de sabellk.

— s. f. pi. Tribu d’annélides, de la famille des sabulaires, ayant pour type le genre sabelle.

SABELLE s. f. (sa-bè-le). Annél. Genre d’annélides chétopodes, type de la tribu des sabellaires ou sabelliennes, comprenant un certain nombre d’espèces, dont plusieurs vivent sur nos côtes : Les sabelles habitent sur les rivages. (P. Gervais. J Les sahelles se construisent un tube coriace ou gélatineux. (H. Lucas.) Il Syn. d’AMPHiTRiTE, autre genre d’annélides.

— Encycl. Les sabelles ont le corps linéairei droit, rétréci en arrière, composé de segments courts et nombreux qui constituent en dessous autant de plaques transverses ; la bouche terminale ; deux branchies libres, eu peigne ou en éventail ; le thorax court et étroit ; des rames ventrales de deux sortes, les sept ou huit premières paires munies de s-oies à crochets, qui manquent dans les dernières ; l’anus petit et peu saillant. Eiles vivent dans des fourreaux gélatineux ou coriaces, cylindriques, fixés verticalement, ouverts ii un seul bout et généralement recouverts d’une couche extérieure de Union ou de sable. Ce genre a des affinités avec les serpules, les térebelles, les amphiciènes et lesainphitrites. Nous citerons, entre autres, les sabelles pinceau, éventail, volutifere et unispirale, qui sont assez communes sur les côtes de l’Océan et de la Méditerranée.

SABELU.ANISME s. m. (sa-bèl-li-a-ni-sme). Hist. relig. Doctrine des sabelliens.

— Encycl. Lorsque le dogme de la Trinité se formula dans l’Église chrétienne par l’exégèse theologique d’un grand nombre de pussages de l’Évangile et de paroles du Christ, beaucoup d’excellents esprits se préoccupèrent de sauvegarder le monothéisme compromis, suivant eux, par cette doctrine, dans laquelle ils voyaient apparaître un tritheisme. Ces hommes reçurent le nom de monarchiens ou partisans d’un seul principe. On les divisa en deux classes. Lus uns, qu’on appela monarchieus unitaires, admettaient tous que le Christ, malgré sa naissance miraculeuse, n avait été qu’un simple homme

et qu’il n’était devenu fils de Dieu que sous l’influence de la grâce divine. Les autres, qu’on désigne sous le nom de monarchieus idéalistes, cherchèrent à sauver l’unité de Dieu d’une manière toute contraire. Bien loin de nier, comuieles premiers, la nature divine dans le Christ, ils l’exaitérent jusqu’au point d’annihiler sa nature humaine et, au lieu de voir dans la Trinité trois personnes divines, ils ne voulurent y découvrir que trois manières différentes dont Dieu agissait ou se mauifestait.

Les plus célèbres défenseurs de ce dernier

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système furent Praxeas, Noetus et Sabelhus. Mais c’est surtout Sabellius dont le nom est resté. Il était èvêque de Ptolémaïs de 250 à 260. Pour maintenir fortement l’unité de la Substance divine, il niait que le Fils et le le Saint-Esprit fussent des hypostases ou des personnes, ou même des émanations du Père. | D’après lui, le Père, le Fils et le Saint-Esprit étaient trois formes de manifestation de

! la même hypostase, trois noms pour une seule
! et même chose. La monade divine, en créant

] et en se révélant, en s’incarnant et en vivi- ! fiant les cœurs, était devenue triade. Sabellius | la comparait au soleil, dont la substance se manifeste par la lumière et par la chaleur qu’il envoie dans ses rayons sur le monde et par la forme, enfin, sous laquelle il apparaît. Le Dieu un, en créant le monde et en donnant des lois au peuple juif, s’est manifesté comme Père ; il s’est manifesté comme Fils en s’incarnant en Jésus et, finalement, comme Saint-Esprit par l’effusion de sa lumière sur les apôtres et sur tous les vrais disciples de Jésus.

La doctrine des sabelliens, toute à la gloire du Christ, puisqu’elle faisait de lui une pure incarnation du Dieu un, en essence aussi bien qu’en nombre, fut tenue pour orthodoxe, pendant au moins deux siècles, dans toute la Pentapole. Elle avait même passe, avant Sabellius, dans la ville de Rome, où Pra.seas, qui fut martyrisé sous Marc-Aurèle, avait enseigné sans contradiction que le même Dieu est à la fuis le Père et le Fils, c’est-à-dire le Dieu caché et le Dieu manifesté dans le monde, et où quelques années plus lard, vers 230, Noët de Smyrne, chassé de l’Eglise d’Éphèse parce qu’il professait la même doctrine, avait trouve dans l’évêque ou pape Calliste un zélé sectateur de son opinion. Mais Denys, évêque d’Alexandrie, mort vers la fin du me siècle, la combattit. Il lui sembla que Sabellius, par sa théorie, portait atteinte à l’essence de la Trinité en subordonnant ses diverses manifestations aux besoins terrestres. Il affirma doue, contre Sabellius, l’opinion alexaudrine, que le Logos devenu le Christ est une créature du Père et qu’il n’a pas, par conséquent, existé de toute éternité. Cependant, comme l’évêque de Rome, Denys, croyait à l’éternité du Père dans le Verbe, il écrivit à ce sujet à son collègue d’Aiexandne, et celui-ci, par condescendance pour Denys de Rome, et surtout pour contenter son Église qui avait cru voir dans le sentiment qu’il défendait une diminution du Christ, se rangea ou plutôt feignit de se ranger à l’opinion de l’évêque de Rome, son homonyme.

Le subellianisme^de son côté, continua à être attaqué, a, Rome même, par Novatien. 11 est certain que cette doctrine, eu confondant la personne du Fils avec celle du Père, niait implicitement par là tous les actes de Jésus eu tant que Fus et menait directement augnosticisme. Cetidéalisine excessif ne pouvait convenir à cette époque. Tant que vécut Paul de Samosate qui, d’une part, penchait vers les mouarchiens et, d’autre part, soutenait que Jésus n’était qu’un homme, ou plutôt tant qu’il jouit de sa haute position politique, le saùetlianisme, bien que vivement attaqué, put encore se maintenir et compta des partisans. Mais, après la chute et la déposition de Faui de Samosate, le synode

réuni à Antioche en 272 condamna la doctrine de Sabeilius et déclara hérétique la formule de l’evêque de Ptolémaïs : que le Fils est de même hypostase que >e Père. Depuis cette époque, les disciples de Sabellius, fiélris du nom de patripassiens, c’est-à-dire soutenant que le r’ère avait soulfert sur la croix, n’apparaissent plus qu’isolement et sont regardés comme des hérétiques condamnés.

La limite qui sépare du monothéisme sabellien, qui est le même que celui de Mahomet, la doctrine catholique orthodoxe ou celle de la Trinité est aussi étroite que cube qui sépare celle-ci du uitheisuie trois fois conuaiiii.é, la première dans Philopouus vers le ve siècle, la seconde dans l’abbé Joachim au xm» siècle et la troisième dans p.usieurs modernes, tels que M. Fuidyi, le docteur Sherlock, et presque dans Clark. Beaucoup de théologiens ont même paru la franchir ; c’est aiusi que saint Augustin, par exemple, voulant expliquer la Trinité, la compara a l’être intelligent qui se décompose, dit-il, eu l’être ou la substance, ia connaissance de l’être ou l’entendement et l’amour de l’être ou la volonté, et qui est cependant une seule conscience, un seul moi, une seule essence intelligente. C’était réduire les trois personnes de la Trinité à trois propriétés, forces et manifestations d’un seul Dieu ; c’était côtoyer de bien près le sabeltianisme. Aussi les théologiens préfèrerentils, pour la plupart, croire à trois personnes en un seul Dieu, sans chercher la démonstration philosophique de ce ■ mystère, » plutôt que d échouer contre l’hérésie trithéiste qui aumet trois dieux ou contre l’hèresie sabellienne qui n’en admet qu’un sans hypostases. Quelques-uns cependant n’eurent pas cette prudence, entre autres le célèbre Jean Scot Erigene. Ce fervent dtscipie d’Aristote, se trouvant dans l’impossibilité d’appliquer à Dieu, dont il reconnaissait ne rien savoir que 1 existence, aucune des dix catégories de son maître, pas même celle de la relation, sur laquelle le dogme de la Trinité se fonde essentiellement, s’était trouve amené par son uoininalisme à ne plus voir dans le Père, le Fils et le Saint-Esprit

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que des nominaux. Ainsi, le Père était, pour lui, l’essence ; le Fils, la sagesse, et le Saint-Esprit la vie de Dieu. C’était reproduire l’explication de saint Augustin, mais en y ajoutant la théorie ontologique des nominalistes qui, contrairement aux réalistes, ne pouvaient voir, avec Platon, Augustin, saint Thomas, les archétypes ou germes des catégories dans les substances, mais ne les voyaient, avec Aristote et avec Scott, leur maître, que dans les conceptions des esprits. Comme ils n’appliquaient pas plutôt leur ontologie à la Trinité divine qu’à tous les autres êtres, Scott ni ses disciples ne furent condamnés.

Le platonicien Abailard reprit aussi le sabellitmisme mitigé d’Augustin. Ce théologien, dont l’axiome était : Non credendum nisi prius intellecttim {Il ne faut rien croire que ce que l’on a compris), entreprit, en s’appuyant sur ce principe qui scandalisa si fort les orthodoxes, de s élever par le raisonnement à la compréhension des doctrines les plus mystérieuses de la religion chrétienne, de la plus mystérieuse même, la Trinité, en convenant d ailleurs franchement qu’il u espérait pas y réussir, parce qu’il est impossible, disait-il, d’avoir ici-bas une connaissance complète de l’infini divin. Dans son opinion, la Trinité n’était que l’expression des trois attributs essentiels de la divinité : ia puissance, la sagesse et la bonté suprêmes. Ces trois attributs n’étaient, d’après lui, ni trois hypostases ni trois substances, mais seulement trois propriétés d’une même substance simple, n’existant qu’en Dieu et avec Dieu. La même théosophie fut professée, avec quelques ménagements, par Hugues de Saint-Victor dans son livre De sacramenlis et par Richard de Saint-Victor dans son livra De Trinitate.

L’infortuné Michel Servet émit également des opinions sabelliennes, et ce ne furent pas un des moindres griefs articulés contre lui par le sombre réformateur de Genève. Jésus, selon lui, n’était qu’un homme en qui Dieu s’était manifesté ; il définissait le Saint-Esprit une opération divine, un autre mode de manifestation de la Divinité. Les sociniens niaient aussi les trois hypostases divines, mais sans admettre, comme les sabelliens, que Dieu eût souffert sur la croix et que Jésus fût Dieu.

Le sabellianisme s’est perpétué sous divers noms jusqu’à nos jours. Un grand nombre de chrétiens ne reconnaissent dans la Trinité que trois aspects divers des rapports de Dieu avec le monde. Le célèbre Schleiermacher partageait cette opiuion et considérait Dieu comme la causalité absolue, se manifestant de toute éternité dans la création comme Père, dans le Christ comme Fils, dans l’Eglise comme Esprit.

Bossuet reprit et exposa, avec sa grande manière, le système presque sabellien d’Augustin et des Pères de la théologie seolastique que nous avons cités, sur la Trinité, et cette doctrine devint tellement vulgaire dans la philosophie chrétienne du xvno et du xvm« siècle, que Voltaire la formula en vers :

La puissance, l’amour avec l’intelligence,

Unis et confondus, composent son essence.

Schelling, lorsqu’il entreprit d’é.ablir le parfait uccurd de la raison et de la révélation, de la science et de la foi, ne trouva pas de meilleur moyen d’expliquer la Triuitu qu’en la donnant comme une triple manifestation de Dieu. D’un autre côté, l’abbé Lamennais vint un jour étonner ses contemporains par le dernier chapitre de ses Paroles d’un croyant, puis surtout par son premier volume de l’Esquisse d’une philosophie, en développant les idées de Platon, de Jésus, de saint Jean, de Sabellius, d’Augustin, de Scott, d’Abailard, de Bossuet.

SABELLICUS (Marcantonio Coccio, dit Marcus Autonius Cocceius), historien italien, né à Vicovaro en 143S, mort à Venise eu 1506. Il se rendit fort jeune à Rome, où il s’adonna avec ardeur a l’étude, compta au nombre de ses maîtres Pomponius Lsetus et latinisa son nom lorsqu’il entra dans l’académie fondée par ce célèbre philologue. Lorsque les membres de cette académie se virent en butte aux odieuses et cruelles persécutions du pape Paul H, Sabellicus parvint à s’échapper (UË8 ;. Vers 1475, il alla professer l’éloquence à Udine, qu’il quitta pendant la peate de 1477, puis il alla occuper une chaire à Venise (i4S4J. Pendant un séjour qu’il fit a Vérone l’auuee suivante, Sabellicus termina sou Histoire de Venise, pour laquelle il reçut, avec une pension viagère de 200 sequins, le titre de conservateur de la bibliothèque de Saint-Marc. Atteint du mal français, comme on disait alors, il se démit de ses fonctions en 1505 et ne tarda paâ à succomber. Ses principaux ouvrages sont : Annotationes in Piinum, etc. (Venise, 1487, iu-4«) ; Jterum Venetarum hislorix (Venise, 1487, gr. in-fol.) ; Lie Venetismagistratibus(Veuisa, 14s8, in-4u) ; De Veneis urbis situ (1494, in-4o) ; Jlhapsodi& historiarum (1498, 2 vol. gr. in-lbl.) ; Epislols familiares (1502, in-fol.) ; Exemplurum libri X (1507, iu-4°). Ses Œuvres complètes ont été publiées à Baie (l5eo, 4 vel. in-fol.).

SABELLIEN s. m. (sa-bel-li-ain). Hist. relig. Disciple de Sabellius.

SABELLIEN, IENNE aûj. (Sa-ûèl-li-ain,