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ruines de Clarendon Caslle. C’est à Clarendon Castle que furent rédigées, sous le nom de Constitution de Clarendon, les lois réglant, sous Henri II, les droits des autorités religieuses. Le temple druidique de Stonehenge est également situé aux environs de Salisbury, V. Stonehengb.

SALISBURY (Jean de), en latin Joannca Saliberieniîa, célèbre philosophe scolastique et érudit anglais, né à Salisbury (comté de Wilt) vers lllO, mort à Chartres en 1180. Comme il lui arrivait parfois d’ajouter Panai à son prénom de Jouîmes, quelques écrivains l’ont appelé Jean Pciu. Vers 1136, il se rendit en France, où il suivit les leçons des maîtres les plus célèbres de l’époque, Abailard, Guillaume de Conches, Albéric, etc., étudia le grec, l’hébreu, la grammaire, la littérature, les mathématiques, la philosophie scolastique et ouvrit, vers 1110, une école à Paris. Malgré l’étendue de son savoir, Jean de Salisbury eut peu de succès comme professeur. Il végétait dans un état voisin de la misère, lorsque Pierre de Celle lui offrit un asile dans son abbaye de Moutier. Il accepta, remplit dans ce monastère les fonctions les plus modestes et, vers 1151, il retourna en Angleterre avec des lettres de recommandation de saint Bernard et de Pierre de Celle, Comme il était entré dans les ordres, l’archevêque de Cantorbéry, Théobald, le prit pour secrétaire. Quelque temps après, Jean de Salisbury entra en relation avec le chancelier Thomas Becket, dont il gagna la confiance, et il fut chargé par lui de plusieurs missions à Rome sous les pontificats d’Eugène ÏII, d’Anastase IV et d’Adrien IV. Ce fut sur sa demande que ce dernier pontife envoya à Henri II la bulle d’investiture de l’Irlande. À cette même époque il écrivit plusieurs de ses ouvrages, notamment le Polieraticus, qu’il adressa à Thomas Becket. Ce dernier, devenu archevêque de Cantorbéry, le prit pour secrétaire et trouva eu lui un auxiliaire ardent dans sa lutte contre le roi d’Angleterre. Enveloppé dans la proscription de Becket, Jean de Salisbury se rendit en France, où il s’attacha à défendre la cause de Son ami et où il trouva le pape Alexandre III, qui le chargea de répondre auxmanifestes de l’antipape Victor. Lorsque le violent dissentiment qui s’était élevé entre le roi d’Angleterre et l’archevêque de Cantorbéry parut s’être calmé, Jean de Salisbury retourna auprès du prélat, qui peu après fut assassiné, et quelques historiens prétendent que le hasard seul l’empêcha de subir le même sort que Thomas Becket. Il continua néanmoins à restera Cantorbéry jusqu’en 1176, époque où il fut élu êvêque de Chartres. Pendant son épiscopat, il alla au concile de Latran et fit partie des membres de cette assemblée qui repoussèrent toute innovation. En mourant, il légua sa bibliothèque à sa ville épiscopale.

Jean de Salisbury était un des hommes les plus instruits de son temps. À la fois philosophe, politique et poëte, il montra toujours une grande indépendance d’esprit. Disciple d’Abaiiard, il fut frappé de l’inanité des subtilités scolastiques, critiqua les abstractions transcendantales du réalisme, sans adopter toutefois lenominalisme, et s’attacha à rester indépendant, ne voulant subir aucune contrainte. Comme politique, on le vit s’occuper de toutes les grandes affaires de son temps, « intervenant avec autorité, dit M. Hauréau, dans toutes les contestations où quelque principe d’ordre public était en cause, toujours prompt à déclarer son sentiment sur toute question, sans aucun égard pour la condition des personnes dont il osait être l’adversaire.» Dans la grande querelle entre Thomas Becket et le roi d’Angleterre, il attaqua ce dernier avec une extrême violence, faisant bon marché du pouvoir royal, et lança contre les usurpateurs les plus amères apostrophes. Il n’admettait pas l’absolutisme royal, l’irresponsabilité des chefs d’Etal ; mais, par une erreur commune à son temps, il pensait que l’autorité du pape pouvait seule mettre un obstacle à la tyrannie et à l’usurpation, faisait du souverain pontife le mandataire des volontés de Dieu, le haut justicier des rois, et lui déférait le droit de les renverser, droit que les peuples modernes, mieux éclairés et plus sagaces, ont soin d’exercer eux-mêmes. On trouve dans ses ouvrages des hardiesses d’idées, une vigueur de polémique dignes d’une meilleure cause que celle de la théocratie, Poëte et prosateur, il écrivait dans un style élégant, subtil, spirituel et mordant. On lui doit les ouvrages suivants : Polieraticus sive de nugis curialium et vestigiis phiiosophorum tibri oclo, publié pour la première fois à Cologne vers 1475 et plusieurs fois réédité. Dans cette satire en huit livres, pleine de traits piquants, Jean de Salisbury attaque les courtisans, essaye d’établir la suprématie de la papauté sur le pouvoir temporel, fait une charge à fond contre le pouvoir absolu des rois et traite diverses questions de philosophie et de morale. Cet ouvrage, qui eut un grand succès, a été traduit plusieurs fois en français, notamment par Mézerai, sous le titre de Vanités de la cour (Paris, 1640, in-4o) ; Metalogicus (Paris, 1610), traité dans lequel il attaque les sceptiques, les détracteurs des logiciens de son temps, montre l’utilité des lettres et des arts, et émet des jugements concis, mais souvent d’une remarquable finesse, qui résument en quelques mots une

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méthode et un système ; De membris conspirantibus (Leipzig, 1655, in-s°), petit poème sur les membres révoltés contre l’estomac ; Eutheticus, poëme de 1652, en vers élégiaques, contenant des portraits satiriques des philosophes tracés avec une grande vigueur et un accent de raillerie qui va jusqu’à la rudesse ; Commentarii in epistotas sancti Pauli (Amsterdam, 1610, in-4») ; Vita sancti Anselmi ; Vita atque passio sancti Thomas Cantuariensis, apologie de Thomas Becket j enfin environ trois cent quarante lettres écrites en latin, et dont un grand nombre sont très-intéressantes pour l’histoire du xne siècle. C’est à tort qu on lui a attribué un opuscule intitulé De septem septenis, une Summa de pœnitentia et quelques autres écrits. On lui a contesté la paternité des Commentaires sur les épitres de saint Paul. La meilleure et la plus récente édition de ses œuvres est celle qu a publiée M. Gilles, à Oxford (5 vol. in-8o).

SALISBURY (Jean nu), jésuite anglais, né dans le comté de Cambridge en 1575, mort en 1625. Il a traduit en gallois des livres ascétiques et plusieurs ouvrages de controverse, entre autres le Catéchisme du cardinal Bellarmin (Saint-Omer, 1618, in-8oj.

SALISBURY (Richard-Antoine), botaniste anglais, né en 1762. On ignore l’époque de sa mort. Pépiniériste à Chelsea, il devint membre de la Société royale de Londres et de la Société linnéenne. C’était un homme instruit à qui l’on doit de judicieuses observations sur le mode de germination des mousses, sur l’insertion des étamines, sur les stigmates des fleurs, et qui a décrit un grand nombre d’espèces nouvelles ou peu connues. Indépendamment de mémoires et de notes dans

les Actes de la Société linnéenne, dans Tes Annales de botanique de Kœnig, on lui doit les ouvrages-suivants : Icônes stirpium rariorum descriptioniàus illustrais (Londres, 1791, in-fol.) ; Prodromus stirpium in horto ad C/iapel-Albertum vigentium (Londres, 1796, in-S°) ; Paradisus Londinensis (Londres, 1805, 2 vol. in-4o), etc. — Son frère, William Salisbury, s’adonna à la culture des plantes dans un jardin situé près de Londres. Il a publié les deux ouvrages suivants : Hortus Paddingtonensis (Londres, 1797, in-8o) fit Hortus siccus gramineus (Londres, 1812, in-8o), sur la collection des graminées de la Grande-Bretagne.

SALISBURY (James - Brownlow - William Gascoignk-Cecil, marquis de), homme d’État anglais, né à Londres en 1791, mort en 1868. Il ht de bonnes études à l’université d’Oxford et entra, à la mort de son père (1825)> à la Chambre des iords. Le marquis de Salisbury y vota avec le parti tory, fut nommé membre du conseil privé en 1826, reçut l’ordre de la Jarretièré en 1842 et devint, dix ans plus tard, lord du sceau privé dans le ministère présidé par lord Derby. Il quitta le. pouvoir en même temps que ce dernier et reçut la présidence du conseil lorsque se forma le ministère tory du *25 février 1858. L’année suivante, il devint député lieutenant du comté d’Argyle, puis rentra dans l’opposition et renonça à jouer un rôle politique actif.

SALISBURY (Robert-Arthur-Talbot Gascoigne-Cecil, marquis de), homme d’État anglais, fils du précédent, né à Hatfietd eu 1S30. Élevé comme son père à l’université d’Oxford, il fut dès l’âge de vingt-trois ans envoyé à la Chambre des communes par Stamford, qu’il représenta au Parlement jusqu’en 1868. Il y prit part aux discussions, vota avec le parti conservateur. Lorsque, au mois de juillet 1866, lord Derby fut chargé de former un nouveau ministère, le marquis de Salisbury fut appelé à en faire partie en qualité de secrétaire d’État de l’Inde et de président du conseil de l’Inde. Il devint en outre conseiller privé. En 1868, il quitta le pouvoir et succéda cette même année à son père comme membre de la Chambre des lords, Tout en combattant la politique du ministère Gladstone, il publia dans la Quarterly Ileview et dans la Bentley’s Quarterly Jieview des articles qui furent très-remarques. Le 21 février 1874, les tories étant revenus au pouvoir, lord Salisbury a repris dans le nouveau cabinet Derby son poste de ministre pour les Indes.

SALISIE s. f. (sa-li-zl — de Salis, n. pr.). Bot. Genre d’arbrisseaux, de la famille des myrtacées, tribu des leptospermées, comprenant plusieurs espèces, qui croissent en Australie.

SALISSANT, ANTE adj. (sa-li-san, an-terad. salir). Qui salit- : Les étoffes mal teintes sont salissantes. Il y a des métiers fort salissants.

— Qui se salit aisément : Le blanc est une couleur fort salissante, (Acad.)

SALISSON s. f. (sa-li-son — rad. salir). Femme ou fille très-malpropre : C’est «ne petite salisson.

SALISSURE s. f. (sa-li-su-re — rad. salir). Ordure qui souille un objet, sans en pénétrer la substance et y faire tache : Ce n’est pas une tache, ce n’est qu’une salissure. (Acad.)

SALITE s. f. (sa-li-te — ital. salila ; du lat. satire, sauter). Archit. Sorte de rampe en pente douce, coupée de marches de distance en distancb.

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SALITRE s. m. (sa-li-tre). Comm. Sulfate de magnésie.

SALI us s. m. (sa-H-uss — du lat. salio, je saute). Entom. Genre d’insectes hyménoptères, de la famille des sphégiens. Il Syn. d’oRCHBSTE, autre genre d’insectes.

SALIVA s. m. (sa-li-va). Linguist. Idiome parlé dans l’Amérique du Sud.

SAUVAI RE adj. (sa-li-vè-re — rad. salive). Anat. Qui a rapport à la salive : Conduits salivaires. Sucs salivaires. Glandes salivaires. La seule glande salivaire que possède l’oiseau est la sublinguale. (Toussenel.)

— Pathol. Calcul salivaire, Calcul qui se forma dans les canaux des glandes salivaires. Il Fistule salivaire, Fistule du canal excréteur de la glande salivaire.

— s. f. Bot. Syn. de spilanthe, genre de composées.

— Encycl. Pathol. et Anat. Calculs salivaires. Ils sont ordinairement d’un petit volume et ne dépassent guère la grosseur d’une noisette. Ils se forment surtout dans les canaux excréteurs des glandes salivaires et occupent bien plus souvent le canal de Wharton que les autres conduits. Il est extrêmement rare d’en trouver dans le tissu glandulaire lui-même. Leur composition chimique est variable, mais ils contiennent en général du phosphate et du carbonate de chaux, du phosphate de magnésie et de la magnésie pure liés ensemble par une substance animale analogue au mucus. Les concrétions salivaires distendent les conduits excréteurs en les irritant eteu les ulcérant. Leur extraction doit donc être pratiquée de bonne heure pour éviter une fistule salivaire qui ne tarderait pas à se produire. On fera l’incision nécessaire de dedans en dehors, c’est-à-dire sur la muqueuse de la bouche, afin d’éviter la difformité d’une cicatrice sur le visage et de ne pas exposer le malade à une fistule extérieure consécutive.

Fistules salivaires. Elles peuvent siéger sur le canal excréteur principal d’une glande salivaire ou sur les radicules qui concourent à le former. On les reconnaît S leur situation et surtout à la salive qu’elles versent au dehors et qui s’écoule abondamment pendant la mastication d’aliments durs et sapides. Elles proviennent soit d’une plaie, soit d’un abcès, soit enfin de l’irritation produite par un calcul salivaire. Elles s’ouvrent en différents points des joues et même au voisinage de l’oreille quand c’est la parotide qui est affectée. Si c’est la glande sous-maxillaire, l’orifice fistuleux siège sous le corps du maxilfaire inférieur, près de l’angle qu’il forme avec sa branche montante.

La compression exacte et prolongée, la cautérisation avec le nitrate d’argent ou avec un stylet rougi au feu suffisent parfois pour amener la guérison. Quand ces moyens échouent, le meilleur traitement consiste à substituer une fistule interne, c’est-à-dire s’ouvrant dans la bouche, à la fistule externe ou cutanée.

Glandes salivaires. Les trois principales sont de chaque côté : la parotide, la sousmaxillaire et la sublinguale (v. ces mots). Mais la salive est encore sécrétée par un grand nombre de petites glandes labiales sous-muqueuses, palatines, molaires ou génaies, et même pharyngées. Ce sont des glandes en grappe formées d’un plus ou moins grand nombre à’acini. Leur propriété fondamentale est de puiser dans le sang qui les pénètre les éléments constituants de la salive.

— Art vétér. Glandes salivaires. L’appareil chargé de préparer les fluides salivaires et de les verser dans la bouche comprend, chez les mammifères, deux parotides, deux maxillaires, deux sublinguales qui sont parfaitement circonscrites ; quatre glandes molaires, deux supérieures et deux inférieures, et enfin les glandules sous-muqueuses disséminées autour de la langue, à la face interne des joues et des lèvres. M. Duvernay a formé deux groupes de ces glandes, appelés l’un le système salivaire antérieur, dont les canaux excréteurs s’ouvrent à l’entrée de la bouche, formé par les maxillaires et les sublinguales ; l’autre le système salivaire postérieur, composé des parotides qui versent leur salive dans la partie moyenne de la bouche au niveau des dents molaires. Cette distinction est fondée non-seulement sur l’ouverture relative des canaux excréteurs, mais encore sur les caractères et les propriétés différentes de la salive que fournit chacun de ces groupes.

Ces glandes sont peu volumineuses chez les carnivores, dont les aliments contiennent beaucoup d’eau et dont la mastication est incomplète ; elles sont beaucoup plus grandes chez les herbivores, qui vivent de substances devant être parfaitement divisées et très-délayées ; aussi les voit-on très-développées chez les rongeurs, les pachydermes, les solipèdes et les ruminants.

Les deux systèmes étant, jusqu’à un certain point, plus ou moins indépendants l’un de l’autre, il arrive quelquefois que le moins nécessaire disparaît et que le plus utile persiste-, c’est ce qui s’observe chez les oiseaux : le système antérieur, qui fournit une salive visqueuse, conserve un développement considérable dans un grand nombre d’espèces, tandis que le système postérieur a presque

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disparu chez la plupart de ces oiseaux ; le premièrest indispensable, car il fournit la salive visqueuse nécessaire pour enduire le bol alimentaire, le faire glisser dans l’œsophage et faciliter la déglutition.

Les solipèdes et les ruminants sont les animaux qui présentent les glandes salivaires les plus volumineuses ; mais, dans ces deux groupes, il existe des différences considérables, tant sous le rapport de leur volume que sous celui de leur mode d’action. Chez les ruminants, les glandes à salive visqueuse prédominent sur celles qui fournissent la salive aqueuse, tandis que le contraire a lieu chez les solipèdes.

Les parotides, qui doivent fournir la plus grande partie du liquide qui imprègne les aliments, sécrètent abondamment pendant le repas, mais inégalement, en alternant l’une avec l’autre. Pendant l’abstinence, elles ne fonctionnent pas, excepté chez les ruminants, où leur sécrétion n’est jamais suspendue. Comme la mastication, chez les herbivores, s’effectue d’un seul côté et alternativement à droite et à gauche, il s’ensuit que, lorsque l’animal mâche à droite, c’est la parotide correspondante qui sécrète beaucoup et l’autre qui sécrète moins : lorsqu’il vient ensuite à mâcher à gauche, c est le contraire qui a lieu.

Les parotides ont ceci de particulier, qu’elles sont insensibles à l’action des excitants, tels que les sels, les acides faibles, les Substances aromatiques, qui, mis dans la bouche, n’amènent ni n augmentent la sécrétion de ces glandes. La vue et l’odeur des aliments sont également sans effet sur la fonction des parotides.

Enfin, la salive que fournit cet appareil est limpide, très-fluide et versée dans une proportion de 800 à 2,400 grammes par heure.

Quant aux glandes maxillaires, leur action diffère essentiellement de celle des parotides. « L’expérience démontre, dit M. Colin, qu’elles fonctionnent l’une comme l’autre et qu’elles donnent dans un temps quelconque une quantité de salive à peu près la même pour les deux. Le sens de la mastication et les changements que celle-ci est susceptible d’éprouver restent sans influence sensible sur leur activité. » La sécrétion de ces glandes, très-abondante pendant le repas, est d’autant plus considérable que la mastication est plus active et les aliments plus sapides et de bonne qualité. Pendant l’abstinence, chez les solipèdes et les ruminants, elle donne toujours une très-petite quantité de salive qui se mêle à la salive non visqueuse pour être déglutie à des intervalles plus ou moins rapprochés. Cette sécrétion est considérablement activée sous l’influence des excitants mis en contact avec la muqueuse buccale ; mais elle n’est jamais aussi abondante que celle des parotides. Son produit est une salive épaisse, visqueuse, propre à enduire les • matières alimentaires et à faciliter la déglutition. Enfin, la sécrétion des maxillaires présente une particularité très-remarquable : elle est suspendue pendant la mastication mérycique des ruminants.

L action des glandes sublinguales a été parfaitement déterminée par M. Colin, qui a vu dans ses expériences : » 1° que la salive de la sublinguale est encore plus épaisse et plus visqueuse que celle de la maxillaire, et à tel point qu’elle ressemble à du mucus presque pur ; 2° que la sublinguale sécrète d’une manière continue et non pas seulement à l’instant de la déglutition, comme l’a dit M. Claude Bernard, d’après ses recherches sur les glandes salivaires du chien ; 3° qu’elle sécrète sous l’influence des excitants mis dans la bouche, et que, par conséquent, elle agit, sous ce rapport, absolument comme la maxillaire ; 4° enfin, on voit qu’elle fonctionne encore pendant l’abstinence pour concourir à la production du liquide mixte qui humecte la muqueuse des premières voies digestives. » Quant aux glandes molaires, l’expérience démontre également que les supérieures sécrètent une salive visqueuse et que les inférieures donnent un liquide qui paraît semblable à celui des parotides.

Si maintenant l’on examine dans son ensemble l’action collective du système salivaire, on voit que pendant le repas toutes les glandes fonctionnent : les deux parotides sécrètent et fournissent de la salive en abondance tant que la mastication est rapide ; elles ralentissent leur action sur la fin du repas et à mesure que la mastication devient languissante. Les maxillaires sécrètent aussi ensemble et donnent l’une et l’autre à peu près la même quantité de salive ; les sublinguales sécrètent également, et tout porte à penser qu’il en est encore ainsi pour les molaires et les autres glandules.

La quantité totale du liquide sécrété par le système salivaire dans’ une période de vingt-quatre heures a été évaluée d’une manière assez exacte par M. Colin. D’aprè3 les expériences de ce physiologiste, la somme totale de la salive produite en un jour, chez les solipèdes, serait de 42 kilogrammes et de 56 chez les ruminants. « Lorsqu’on réfléchit, dit M. Colin, à ces chiffres énormes, on s’étonne du travail nécessaire à la réparation d’une telle quantité de liquide, et 1 on a peine à concevoir que cette quantité puisse être extraite du sang dans un temps si court. Nul doute que ce dernier fluide, après avoir perdu, sous l’influence de la salivation, une si grande