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SALE

ans, le titre de secrétaire intime du roi. L’invasion française le dépouilla de sos charges et le contraignit de se retirer à Genève (1792) avec sa mère. Il revint plus tard se fixer à Thorens-Sales, débris de l’immense fortune de sa famille. Dans cette retraite, il s’occupa d’agriculture jusqu’à son mariage avec Mlle Leblanc, qui eut lieu en 1813.

Lors de la rentrée du roi de Sardaigne dans ses États héréditaires (1814), Paul de Sales fut incorporé dans la cavalerie avec le grade de capitaine, auquel il avait droit, puis passa à l’état-major général et fut bientôt choisi par un comité de gentilshommes savoyards pour aller, avec M. de Villelte, réclamer à Paris, à Londres et à Vienne la restitution intégrale de la Savoie à la monarchie sarde. À Vienne, le marquis de Saint-Marsan, ambassadeur du roi de Sardaigne, le retint auprès de lui jusqu’en 1815. Commissaire général du roi auprès des armées alliées durant les Cent-Jours, il servit à Waterloo comme aide de camp de Wellington et reçut la médaille de Waterloo frappée par l’Angleterre.

La vaillance de Paul de Sales à Waterloo lui valut le grade de major et la croix militaire de Savoie, qu’on venait d’instituer. Louis XVUI ne pouvait manquer de récompenser un homme qui avait servi contre la France à Waterloo ; il le nomma chevalier de Saint-Louis en 1816.

La même année, le nouveau chevalier de Saint-Louis reçut le titre de comte, dont s’était emparée la branche cadette de sa famille. 11 avait des goûts militaires ; mais il n’y avait rien à faire de longtemps dans le métier des armes, l’Europe étant lasse de vingt-cinq ans d’une guerre acharnée. Le comte de Sales accepta donc le poste de secrétaire d’ambassade à Paris, où le représentant du roi de Sardaigne était alors le marquis Atfieri de Sostegno. Bientôt le secrétaire d’ambassade du marquis Alfieri de Sostegno alla remplacer à La Haye le marquis de Saint-Thomas, envoyé sarde qui n’avait p’i se rendre à son poste, et resta là jusqu’à la fin de 1818, où il alla représenter le roi de Sardaigne à Berlin.

Nommé, en 1821, ministre plénipotentiaire et envoyé extraordinaire à Saint-Pétersbourg, il sut s’y concilier la confiance du nouveau souverain, l’empereur Nicolas. Le climatdelaRussie lui convenait médiocrement ;

sur ses instances, on lui permit, en 1828, de revenir en Savoie. Il y était depuis quelque temps, lorsque mourut le marquis Alfieri de Sostegno, et, comme le terrain devenait brûlant à Paris, le roi Charles-Félix, qui avait confiance dans l’habileté du comte de Sales, le chargea de l’ambassade de France. Le comte n’était pas aussi sûr que son maître de pouvoir se montrer h la hauteur des circonstances. Il hésita, puis finit par accepter. Il n’était pas si roide sur les principes qu’on aurait pu le supposer d’après sa conduite antérieure, o II fut tout d’abord reçu au Palais-Royal, dit un de ses biographes, par le duc d’Orléans, moins comme ambassadeur que comme ami. Laduchessed’Orléans avait pour M. de Sales une estime et une amitié toutes particulières qu’elle lui conserva lorsqu’elle fut reine et jusqu’à la mort du comte. Les lettres qu’elle lui écrivit en assez grand nombre et qui sont entre les mains de sa famille en fournissent la preuve. ■

Le bon accueil que le comte de Sales avait reçu au Palais-Royal fut remarqué ; il conseilla chaleureusement à ses collègues du corps diplomatique d’insister auprès de leurs souverains pour qu’ils reconnussent le nouvel état de choses. II le fallait si on voulait conserver la paix, et la paix était un besoin pressant pour l’Europe à peine remise des cataclysmes de l’Empire. De plus, la Sardaigne était plus exposée qu’aucun pays du continent dans les éventualités d’une guerre générale. Son opinion eut gain de cause ; mais fatigué et d’une santé chancelante, il dut solliciter son rappel, qu’on lui accorda en 1836 avec le titre de ministre d’État et le grand cordon de l’ordre des Saints-Maurice-et-Lazare. Durant sa carrière diplomatique, on lui avait continué ses grades dans l’armée. Sous-adjudant général en 1815, lieutenant colonel de cavalerie et adjudant général d’année en 1819, colonel de cavalerie en 1821, major général en 1829, il fut admis à la retraite en 1836 avec le grade de lieutenant général.

Il avait vingt-deux ans de service et fut heureux de retourner aux travaux champêtres qui avaient charmé sa jeunesse. Il continua d’ailleurs de s’occuper des affaires publiques. Le roi de Sardaigne le chargea, lors de l’incendie de la ville de Sallanches, de distribuer des secours aux victimes et de veiller à la reconstruction de la ville. Les honneurs et les distinctions affluèrent sur lui comme auparavant ; il refusa la vice - présidence du conseil d’État en 1840 ; en dédommagement, il obtint en 1842 les insignes de l’ordre suprême de l’Annonciade, en 1844 la médaille mauritienne, en 1845 le grade de grand de cour, puis en 1848, quand on décida qu’il y auraitun sénat en Sardaigne, il fut compris sur la liste des sénateurs, malgré sa répugnance, et devint au Sénat un des chefs de l’extiéme droite. On lui attribue, en partie, rétablissement d’un èvêché à Annecy pour remplacer celui de Genève, occupé jadis par son ancêtre, saint François de Sales.


SALES (Delisle DE). V. Delisle de Sales.


SALES-GIRONS (Jean), médecin français, né à Saint-Girons (Creuse) en 1808 Reçu docteur à la Faculté de Montpellier ea 1840, il vint se fixer à Paris, où il s’occupa particulièrement des maladies pulmonaires, ît fut, en 1844, chargé parle ministère de l’instruction publique d’aller étudier en Angleterre et en Allemagne les modes de traitement de ces affections. En 1849, M. Sales-Girons prit la direction du journal la Revue médicale et, en 1853, il fut nommé médecin directeur de l’établissement thermal de Pierrefonds. Le docteur Sales-Girons est l’inventeur ce méthodes de pulvérisation des liquides médicamentaux et de la diète respiratoire. Inc.épendamment d’un grand nombre d’articles et de mémoires, on lui doit un certain nombre d’ouvrages, entre autres : Lettres à une provinciale ; M. Lamennais devant le peuple (1841, in- 32) ; la Phthisie et les autres malao’les de la poitrine, traitées par les fumigations de goudron et le médicinal naphtha (1846, in-8°) ; Elude médicale et historique des eaux d’Engkien-les-Bains (1S51, in-8°) ; Elude médicale sur les eaux minérales sulfureuses de pierrefonds (1853, in-8°) ; Thérapeutique re%piratoire (1858, in-8°) ; Instruction sur l’instrument pulvérisateur des liquides médictmenlaux (1859, in-8<>). ; Traitement de tapnthisie pulmonaire par l’inhalation des liquides pulvérisés et par la fumigation de goudron (lSG0, in-8°) ; la. DkVereA/Jira/oirc (1860, ^-8°) ; Mémoire en faveur de l’inspection médicale des eaux minérales (1865, iu-8°).


SALETÉ s. f. (sa-le-té — rad. sale). État de ce qui est sale, malpropre : La sai.k’ :é des habits, du linge. La saleté des ruer. Cet homme est d’une grande saleté, d’une sleté dégoûtante. (Acad.) Je ne sais pas de condition plus défavorable pour la pureté de l’âme que la saleté physi jMe.(Mln«Beecher-Stowe.)

— Ce qui salit, ordure, chose sale : Il y a ici de la saleté, des saletés qu’il faut oter. (Acad.)

— Fig. Chose sale, indécente, déshonnête : Aimer à dire des saletés. Ce livre est plein de saletés. Son crayon, son pinceau s’avilit par de telles saletés. (Acad.) Les satires mêmes, qui avaient été un égout di salktés, ont pris un caractère de pudeur. (Bayle).

J’abhorre un faux plaisant à grossière equi /oque, Qui pour me divertir n’a que la saleté.

Boileao.

— Action malhonnête, basse, déshonorante : Pour parvenir, il est capable de toutes les SALETÉS.


SALETIER (Claude), simple exécuteur des hautes œuvres à Lyon, qui mérite une mention parce que, lors du massacre de la Saint-Barthélemy, il refusa son ministère en disant : « Mes mains ne travaillent que juridiquement. » Sainte-Foix, qui rapporte la réponse de Saletier, ajoute cette remarque : « Voilà l’homme le plus vil par son état qui a plus d’honneur que la reine et son conseil. »


SALETTE-FALLAVAUX (LA), village et commune de France (Isère), cant. de Corps, arrond. et à 68 kilom. S.-E. de Grenoble, près de la montagne de ce nom ; 715 hab. Ce village, naguère inconnu, est devenu célèbre par un prétendu miracle qui a eu lieu sur la montagne voisine, devenue depuis lors le but d’un pèlerinage fréquenté. Le 19 septembre 1846, la sainte Vierge serait apparue à la jeune bergère Mélanie et au pâtre Maximin. En mémoire de cette apparition, une chapelle a été érigée sur la montagne sous le vocable de Notre-Dame de La Salette ; près de là coule une source née des larmes de la Vierge, et qui a la propriété de guérir tous les maux. Un monastère, établi près de la chapelle, est occupé par des prêtres missionnaires et par des religieuses. Quoique cette apparition ait été contestée par plusieurs membres du clergé de Grenoble, la croyance au miracle a fait son chemin ; ainsi s’établissent les dogmes nouveaux. V. l’article suivant.


Salette (miracle de la). Le 19 septembre 1846, vers trois heures du soir, deux petits bergers qui se tenaient au bord d’un ruisseau sur les pentes de la montagne de La Salette, dans le département de l’Isère, virent apparaître, vêtue d’une robe éblouissante, une belle dame qui marchait sur l’herbe sans la courber et qui disparut après leur avoir conté une grande nouvelle et confié un grand secret. Ces enfants étaient Maximin Giraud, âgé de onze ans, et Mélanie Mathieu, âgée de quatorze ans. On leur fit répéter le récit de cette aventure. La dame inconnue avait parlé en français et en patois du pays, et leur avait tenu ce discours baroque : « La main de mon fils est lourde et je n’ai plus la force de la retenir ; elle s’appesantira sur mon peuple... Ils vont à la boucherie comme des chiens ; ils jurent comme des charretiers qui conduisent leurs charrettes. Quand ils vont à la messe, les petits garçons mettent des pierres dans leurs poches pour les jeter aux petites filles. Les petites filles se font porter à manger à la danse... Il va venir une grande famine, et, avant que la famine vienne, les petits enfants prendront un tremblement et mourront. Les pommes de terre vont pourrir et le blé sera mangé par les bêtes. »

L’autorité ecclésiastique s’émut : il y avait de quoi ; les deux enfants furent remis entre les mains de sœur Thècle, supérieure des religieuses de la Providence, et M. Rousselot, vicaire général du diocèse, en présence du curé de la cathédrale de Grenoble, obtint d’eux, assure-t-on, la confidence du secret confié par la dame inconnue. Ce secret fut transcrit sur un papier soigneusement scellé, adressé à Rome, et dont le contenu n’a jamais été publié.

Au mois de juillet suivant, Mgr de Bruillard, évêque de Grenoble, rendit une ordonnance aux termes de laquelle une enquête était ouverte pour connaître du fait de La Salette et savoir si la vierge Marie était réellement apparue aux deux bergers. Cette enquête, dirigée par M. Rousselot suivant les formes de procédure employées de temps immémorial en pareil cas, dura deux ans. Le rapport fut fait en 1848 ; il concluait à l’existence du miracle. L’année suivante, l’évêque, par un mandement, annonça aux fidèles de son diocèse que le catholicisme comptait un miracle de plus, que la vierge Marie avait bien été vue sur la montagne de La Salette. L’événement, une fois déclaré certain par l’autorité ecclésiastique, fut publié dans tout le monde catholique ; des milliers de pèlerins vinrent visiter le lieu témoin du miracle et puisèrent dans un ruisseau voisin une eau qui, transportée dans tous les pays, guérissait toutes les maladies imaginables et inimaginables.

Celte prédilection pour le pèlerinage de La Salette fut bientôt troublée par de vagues rumeurs qui prirent promptement une consistance sérieuse. On parlait de discussions qui s’étaient élevées entre les membres du clergé diocésain sur la façon dont l’enquête avait été dirigée et sur ses résultats ; on allait jusqu’à dire qu’une scission existait sur ce sujet entre l’évêque et son supérieur métropolitain, M. de Bonald, cardinal-archevêque de Lyon. Ces discussions étaient réelles ; elles prirent bientôt un tel caractère d’aigreur que des brochures et des articles de journaux, émanant du clergé lui-même, saisirent le public de la question. M. Déléon, ancien curé de Villeurbanne, tour à tour rédacteur de l’Union dauphinoise et du Vœu national, publia en 1852, sous le pseudonyme de Donnadieu, un écrit intitulé : La Salette-Fallavaux (fallax vallis, vallée du mensonge). Cet ouvrage contenait une critique de l’écrit publié deux ans auparavant par M. le vicaire général Rousselot, sous ce titre : Nouveaux documents sur le fait de La Salette. Non-seulement l’auteur niait les miracles récents qui, suivant le vicaire général, avaient été produits par l’eau de La Salette, mais il niait l’apparition elle-même ou plutôt l’expliquait d’une façon toute naturelle. Le livre fut condamné par l’évêque, qui à ce sujet adressa au journal l’Univers une lettre violente, reproduite ensuite par toute la presse catholique. M. Déléon répondit en publiant la deuxième partie de La Salette-Fallavaux et se vit soutenu par plusieurs de ses collègues, notamment par M. Cartelier, curé de la paroisse Saint-Joseph, de Grenoble, qui adressa personnellement au pape un mémoire sur le même sujet. On vit paraître en dernier lieu un mémoire intitulé La Salette devant le pape, par plusieurs membres du clergé diocésain. L’autorité diocésaine crut nécessaire d’intervenir, et, pendant que le cardinal de Bonald lui-même niait le miracle par un mandement spécial, MM. Déléon et Cartelier étaient cités tous les deux devant le tribunal de l’officialité. Le premier fut interdit, le second signa une rétractation « sous réserve de son opinion personnelle. » Le nouvel évêque de Grenoble, M. Ginoulhiac, qui avait exercé ces poursuites, en annonça le résultat dans deux mandements, l’un du 30 septembre 1854, l’autre du 4 novembre suivant.

Que disaient donc les écrits incriminés ? Ils disaient qu’une demoiselle Constance Saint-Ferréol de La Merlière, autrefois religieuse de la Providence, s’était fait passer pour la vierge Marie auprès de Mélanie Mathieu et de Maximin Giraud. Mlle  de La Merlière, qui jusqu’alors n’avait pas osé protester, quoique sachant parfaitement ce qu’on lui imputait, trouvant désormais un appui moral dans les censures de l’officialité, se décida à intervenir. En 1855, elle intenta devant le tribunal civil de Grenoble contre MM. Déléon, Cartelier et Redon, leur imprimeur, une action en dommages et intérêts pour raison de préjudices causés à sa réputation. C’est grâce à ce procès que la lumière fut faite. Quoiqu’il se fût écoulé neuf ans depuis la prétendue apparition et qu’il fût difficile aux défendeurs de revenir sur un événement déjà éloigné, ils réussirent à rassembler un nombre suffisant de témoignages on ne peut plus probants. Un sieur Fortin, conducteur de la diligence de Valence à Grenoble, vint déclarer que vers l’ouverture de la chasse, en 1846, c’est-à-dire juste à l’époque de l’apparition, il avait amené à La Salette Mlle  de La Merlière, connue dans tout le pays pour ses excentricités, qu’il l’avait descendue au pied de la montagne et qu’elle lui avait dit, avec une grande exaltation : « Je vais faire une action d’éclat ; on parlera de moi dans la postérité. » Quelques jours après, la même demoiselle se montrait à Lans, dans un couvent, revêtue du même costume qu’avait la Vierge apparue aux petits bergers, c’est-à-dire une robe jaune sur laquelle étaient brodés les instruments de la passion et un chapeau en pain de sucre. Un peu plus tard, quand on parla de miracle et que l’on fit voir au sieur Fortin des médailles frappées à cette occasion, il ne put s’empêcher de s’écrier : « C’est un tour de Mlle  de La Merlière ! - Vous ne répéteriez pas cela devant elle, » lui dit-on. Précisément Mlle  de La Merlière survint ; une vive discussion s’engagea et la vieille folle le prenant à part lui dit : « Permis à vous, Fortin, de ne rien croire ; mais laissez donc croire les autres ; cela fait du bien à la religion. » Une dame Chevallier déposa qu’elle avait vu chez Mlle  de La Merlière la fameuse robe jaune, avec les instruments de la passion brodés en noir et le chapeau pointu. Bien plus, un M. Via], ancien greffier du tribunal de Saint- Marcellin, vint dire que Mlle  de La Merlière lui avait avoué que c’était elle qui s’était montrée aux bergers de La Salette, dans le costume de la vierge Marie. Enfin, le clergé lui-même était au fait de toutes ces intrigues, et dans un dîner qui réunissait, au moment de l’enquête, tous les chanoines de la cathédrale de Grenoble, une violente querelle s’était élevée entre ceux qui déclaraient cette supercherie très-profitable à la religion et d’autres qui voulaient la faire rejeter comme absurde.

Mlle  de La Merlière était connue depuis longtemps par des excentricités dont le nombre avait augmenté avec les années. En 1848, elle parut dans les clubs, se porta pour la députation et écrivit en propres termes à M. Pelletan, rédacteur du Siècle : « Sachez que je tiens ma mission sociale de Dieu même. » On découvrit aussi que l’apparition de La Salette n’était pas la seule, mais que le clergé avait soigneusement caché les autres. La Vierge s’était de nouveau montrée sous la même forme qu’en 1846, dans la commune de Saillans, près de Crest ; à Espeluches, près de Montélimar, et une seconde fois à La Salette, où les enfants qui reconnurent Mlle  de La Merlière durent rétracter leur affirmation, sous la menace que leur fit le curé Duperrier de ne pas faire leur première communion. La dernière exhibition avait eu lieu chez une dame Carrat, propriétaire de l’hôtel de l’Embarcadère, près de la porte de France, à Grenoble, qui avait logé plusieurs jours Mlle  de La Merlière et qui témoignait des faits.

Le tribunal civil de Grenoble, dans son jugement en date du 25 avril 1855, déclara que la demande en dommages-intérêts était mal fondée et condamna la demanderesse au payement des frais, « attendu, disait le tribunal, qu’il faut reconnaître que les ouvrages écrits et publiés par les défendeurs sont l’examen critique d’un fait demeuré jusqu’alors obscur ; qu’il n’y a pas, de la part des auteurs, intention de nuire ; que les faits y sont accueillis de bonne foi, après un examen réfléchi, sans imprudence ni légèreté, puisés dans des documents sérieux, etc. » Sur appel de Mlle  de La Merlière, après avoir entendu Me Jules Favre et Me Bethmont, du barreau de Paris, la cour impériale de Grenoble confirma purement et simplement le jugement de première instance, mais interdit à la presse périodique la publication des débats. On les trouvera in extenso dans un volume édité à Paris en 1855 par M. Sabattier, ancien sténographe du Moniteur, sous ce titre : Affaire de La Salette.

Que sont devenus les deux petits bergers ?

On a fait courir des bruits contradictoires sur Mélanie Mathieu. Il parait probable qu’on l’enferma dans un couvent. Quant à Maximin Giraud, on a dit qu’il avait exercé la médecine à Paris, dans le quartier du Temple. Pendant l’hiver de 1865 à 1866, un docteur Giraud intenta une action en diffamation contre un journal « pour avoir mal parlé du berger de La Salette. » Le texte de son assignation fut publié dans presque tous les journaux, mais les curieux accourus à l’heure dite au palais furent déçus dans leur attente ; une transaction était intervenue. Il est certain qu’il s’est fait aussi fabricant d’une sorte d’élixir destiné à faire une pieuse concurrence à la chartreuse verte ou jaune. Il s’est vendu et il se vend peut-être encore une mixture alcoolique quelconque dont les flacons portent cette étiquette : Liqueur de La Salette, fabriquée avec les herbes de la sainte montagne, par Maximin Giraud, le berger de Notre-Dame de La Salette. On ne dit pas qu’elle ait accompli des miracles. La vraie liqueur de La Salette, c’est l’eau pure, prise à la source, et qu’une congrégation, qui s’est établie sur les lieux et s’y est fait bâtir un oratoire, expédie dans le monde entier. Cette eau, qui guérit plus de maladies que la revalescière, on ne la vend pas, on la donne ; on ne demande que le prix du verre ; seulement le verre coûte cinq francs. Quoique le procès de Grenoble ait mis à jour la supercherie, il y a encore des gens qui croient à l’apparition de la Vierge, aux vertus miraculeuses de l’eau pure, et il a été organisé à grand bruit, en août 1873, un pèlerinage à Notre-Dame de La Salette. Des hommes qui se croient raisonnables sont allés contempler avec onction l’endroit à jamais sacré où Mlle  de La Merlière avait arboré sa robe jaune et son bonnet en pain de sucre !


SALEUR, EUSE s. (sa-leur, eu-ze — rad. saler). Personne qui sale, qui fait des salaisons : Saleur de morue. Saleuse de hareng,

— Nom donné autrefois à des charlatans qui prédisaient l’avenir à l’aide du sel.


SALFI (François), littérateur et philosophe italien, né à Cosenza (Calabre Inférieure) en