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pour les déterger et en faciliter la cicatrisation. De nos jours encore, dans certains pays, . les salamandres sont réputées vermifuges ; dans d’autres, elles passent pour guérir les plaies faites par les serpents. Il est à peine besoin de faire observer que toutes ces prétendues propriétés sont purement imaginaires.

La salamandre tachetée ou terrestre, est l’espèce la plus commune et la mieux connue ; c’est à elle surtout que s’appliquent les détails de mœurs que nous venons d’exposer. Elle a environ om,17 de longueur. Sa couleur est d’un noir de suie, avec le ventre brun, nuancé de bleuâtre ; deux grosses taches jaunes de chaque côté du dessus de la tête ; une rangée de taches pareilles de chaque côté du dos et sur la queue ; enfin, d’autres taches plus petites et isolées sur les flancs et sur les pattes. Cotte espèce habite presque toute l’Europe et se trouve aussi en Algérie. Elle est assez rare aux environs de Paris ; dans les contrées méridionales, elle préfère les régions élevées. Elle fréquente les lieux ombragés et humides, vit sous les pierres et les grosses racines d’arbre, dans les trous et pénètre dans les caves, les conduits souterrains et jusque dans les appartements voisins des champs.

Très-lente dans tous sesmouvements, même quand elle veut fuir, elle ne s’éloigne guère de sa demeure et ne sort que la nuit ou par les temps pluvieux. Elle s’accouple au commencement du printemps, mais ne va à l’eau qu’au commencement du frai. Les petits n’y restent que pendant le court espace de temps que dure leur état de têtard. Nous avons parlé plus haut des contes et des préjugés dont cet animal est l’objet, surtout dans les campagnes, où on lui donne les noms vulgaires de blende, sourd, tac, etc. Lauremi raconte gravement que tous les signes menaçants qu’on peut faire à la salamandre ne l’empêchent pas d’aller en avant et de continuer son chemin, mais qu’elle demeure immobile si on l’a contournée en spirale. Il parait qu’on peut la conserver dans l’eau pendant quelque temps, en ayant soin de renouveler ce liquide, qu’elle trouble bientôt ; ninis elle est forcée de venir respirera la surface.

La salamandre noire, moitié plus petite que la précédente, noirâtre et sans tache en dessus, jaunâtre an dessous, est assez commune en France et en Allemagne ; elle habite surtout les localités montagneuses. La salamandre funèbre ; dun brun foncé Uniforme sur le dos, d’un gris sale sous le ventre, avec quelques points noirâtres ou blanchâtres sur les flancs, habite les régions chaudes et méridionales de l’Espagne. La salamundre variée a le dos pustuleux, d’un vert plus ou moins terne, avec une bande longitudinale d’un rouge orangé, les flancs d’un noir livide, le ventre rougeàtre et poli ; onla trouve aux environs de Bordeaux. La salamandre à lunettes est noire eu dessus, avec une ligue jaune en travers sur les yeux, jaune tacheté de noir en dessous ; elle vit dans les Apennins. Les salamandres brune, ronge, cendrée, etc., appartiennent a. l’Amérique.

Salamandres fossiles. V. triton.


Salamandre (la), roman, par Eugène Sue (Paris, 1832). La Salamandre est une frégate armée en guerre, montée par les flamb<irds, vrais diables d’abordage qui ont soutenu de sanglants combats contre les Anglais. Survient la Restauration ; on leur donne pour capitaine un vieux noble, jusqu’alors marchand do tabac, le marquis de Longetour, qui se souvient à peine d’avoir été aspirant dans la marine de Louis XVI. Il déshonorerait les épaulettes et perdrait le navire si le lieutenant Pierre Huet, par un héroïque devouement, ne consentait à s’immoler à l’honneur du corps en couvrant l’incapacité du capitaine, qu’il prend sur lui de supplanter dans le commandement. Mais, ayant fait acte d’insubordination en présence de l’équipage, il se condamne lui-même à être fusillé après le naufrage du bâtiment, tandis que M. de Lougetoar est récompensé comme un des plus digues officiers de la marine française. Cette donnée ingénieuse, qui, de comiquéet vraie, devient tragique et un peu forcée, se complique d’une autre plus har«rte et plus touchante. Sur la Salamandre est embarqué comme passager un homme du monde appelé Szaflie, beau, spirituel, riche et corrompu, qui s’étudie à détester et a dégrader ses semblables. Il excelle dans la théorie comme dans lu pratique du mal. C’est un Méphistophélès de lu Chaussée-d’Anlin. Son regard, sa parole fascinent ; il séduit une fille naïve et lui brise le cœur ; il flétrit avec un art perfide les illusions d’un jeune homme en lui enseignant la science du vice heureux. Ces deux victimes, Alice et Paul, douées et ai> géliques figures, contrastent singulièrement avec le caractère odieux de Szaflie, dans lequel l’auteur a voulu personnifier l’égoïsme civilisé.

Ce roman ne laisse pas au lecteur le loisir de respirer ; c’est une phrase sans virgules jii points. On court, haletant, de page eu page, de chapitre en chapitre, jusqu’à la lin, qui, connue tous dans les romans de la première manière d’Eugène Sue, n’est pas le triomphe de la vertu persécutée, mais bien celui du vice et des plus horribles passions. Plusieurs scènes de la Salamandre sont dessinées avec cette vigueur et aussi

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cette crudité de pinceau qui devaient se donner plus tard si large carrière dans les Mystères de Paris. Il faut citer entre autres t les bacchanales des flambards, les séductions de Szaffie, le branle-bas de combat, le naufrage, et surtout cette scène où Szaffie s’introduit dans la chambre d’Alice malade, au moment où le navire va sombrer, et obtient d’elle un aveu imprudent, un serment insensé dont il se fait ensuite une arme contre la pauvre infortunée. Il est vrai qu’au moment où Szaffie tient Alice dans ses bras, la moralité que l’auteur a voulu mettre en lumière touche de bien près a l’immoralité. Hâtons-nous de dire que ces peintures sombres et navrantes sont entremêlées de scènes du comique le jlus vrai, de descriptions neuves etoriginaes, qui font de la Salamandre un des meilleurs romans de l’auteur.


Salamandre (LA), drame en quatre actes, en prose, de M. Ed. Plouvier (théâtre de l’Odéon, septembre 1872). Une vieille famille noble, la famille de Chaleines, dont la splendeur remonte au temps de François Ier et qui porte comme le roi une salamandre dans ses armes, végète aujourd’hui dans la gène. Le fils est un viveur qui gaspille les derniers écus du papa, fait des lettres de change et même contrefait des signatures ; la seconde fille est poitrinaire et le docteur déclare qu’elle va mourir si on ne la conduit pas dans les pays chauds ; tout le destin de la famille repose sur la fille aînée ; pour sauver son père, son frère et sa sœur, c’est elle qui va jouer le rôle attribué autrefois par les, naturalistes à la salamandre et traverser le feu sans se brûler. M. de Chaleines a un ami, puissamment riche, mais encore plus débauché, à qui il ne peut se résigner à tendre les mains : Calixte se dévoue. Elle va chez M. d’Aubyron et le trouve en train de réveillonner ; le vieux libertin, échauffé par la bonne chère, accorde à la belle éplorée tout ce qu’elle demande et lui tend un portefeuiiie gonflé de billets de Banque, à condition qu’elle reviendra le voir le lendemain matin. Dnns un salon voisin se trouvent Octave, le frère de Calixte, et Henri d’Arqués, son fiancé. Avant qu’elle ait le temps de baisser son voile, tous deux l’entrevoient et croient !a reconnaître. Lorsqu’elle est sortie : « Quelle est cette femme ? demandent-ils à d’Aubyron.

— Messieurs, c’est ma maitresse, » répond le roué, escomptant à l’avance le rendez-vous du lendemain. Calixte revient, en effet, bien décidée à se tuer si RI. d’Aubyron exige qu’elle soit sa maîtresse ; mais tout se dénoue à ce rendez-vous matinal. Au lieu du vieux séducteur, ello trouve sou fiancé, Henri d’Arqués, qui d’abord l’accable d’injures, puis se jette à ses pieds eu apprenant son dévouement, et M. d’Aubyron se console de sa mésaventure en les mariant. Il y a dans ce drame des détails touchants et des scènes bien menées,


SALAMANDRIDE adj. (sa-la-man-dri-de — de salamandre, et du gr. eidos, aspect). Erpét. Qui ressemble ou qui se rapporte à la salamandre.

— s. f. pl. Famille de batraciens urodèles, ayant pour type le genre salamandre.


SALAMANDRIN, INE adj. (sa-la-man-drain, i-ne — rad. salamandre). Erpét. Qui ressemble à une salamandre. || On dit aussi SALAMANDROÏDE.

— s. f. pl. Tribu de la famille des salamandrides, ayant pour type le genre salamandre.


SALAMANDROPS s. m. (sa-la-man-dropss — de salamandre, et du gr. ops, aspect). Erpét. Genre de reptiles batraciens.


SALAMAN1E s. f. (sa-la-ma-nî). Espèce de flûte de roseau, en usage chez les Turcs.


SALAMANQUE, en espagnol Salamanca, ville d’Espagne (Vieille-Castille), capitale de la province du même nom, sur le Tonnes, h 78 kiloin. de Medina-del-Campo, à 154 kiloin. N.-O. de Madrid ; 15,000 hab. Évéché ; université fondée en 1239 et qui eut jadis une célébrité européenne.

Salamanque est l’une des villes d’Espagne qui ont le mieux conservé le caractère archaïque. Presque tous ses monuments sont anciens. L’industrie de cette villa est peu importante ; elle consiste en tanneries, fabriques de drap et métiers à tisser les loilesjony voit aussi plusieurs faïenceries ; mais le commerce de transit est assez important. Salamanque est ceinte de murs percés de treize portes ; les rues sont escarpées, étroites, tortueuses et bordées de vieilles maisons. Au centre de la ville est la place Muyor, vaste carré- autour duquel règne un portique de quatre-vingt-dix arcades et dont l’hôtel de ville occupe un des côtés. Les principaux édifices sont les suivants :

La cathédrale, commencée en 1513 dans le style gothique moderne, ne fut terminée qu’eu 1734. Ella remplaça l’ancienne basilique, édifice du ma siècle environ, massif et qui semble plutôt une forteresse qu’une église ; il est situé à peu de distance de la cathédrale actuelle et n’offre de remurquable qu’un rétable composé d’un ensemble île tableaux sur bois représentant la vie du Christ. La cathédrale de Salamanque occupe un plan à peu près carré de 50 mètres environ par côté. Son triple portail est décoré de colonnettes séparutives surmontées d’une statuette de la Vierge, Au-dessus de la sta SALA

tuette centrale sont deux demi-reliefs représentant la naissance du Christ et l’adoration des rois mnges. Les deux autres statuettes sont surmontées de demi-reliefs analogues ; l’un d’eux, le meilleur, représente l’entrée du Christ à Jérusalem. Nous ne ferons que-mentionner la grosse tour de l’édifice : cette tour, qui renferme la grosse cloche de la cathédrale (23,600 kilogr.), a pour architecte un certain Chirruguera, assez inconnu chez nous, mais qui, en Espagne, n’en a pas moins créé une école bizarre à laquelle il a donné son nom (chirrugneresque). Une circonstance singulière met aujourd’hui dans l’impossibilité de se prononcer sur la valeur de son œuvre, du moins à Salamanque ; en 1775, à la suite du tremblement de terre de Lisbonne, les autorités, afin de prévenir des désastres possibles, firent envelopper le clocher de Chirruguera d’une véritable carapace de maçonnerie nouvelle qui en dissimule a tout jamais les détails. À l’intérieur, les voûtes hardies et élancées, soutenues par des piliers massifs à chapiteaux élégants, sont d’un bel effet. Un balcon sculpté règne au-dessus des arcs de la grande net. L’ornementation générale consiste en statues, fleurons, bas-reliefs, médaillons représentant des saints et même des célébrités laïques. Les boiseries et les stalles ou silleria sont médiocres. Deux bonnes statues, attribuées à Juan de Juni, le célèbre auteur de la Piedad de Ségovie, ornent le chœur : celle de sainte Anne et celle de saint Jean. Le trésor de la cathédrale de Salamanque, très-riche, possède une custodia qui passe pour un chef-d'œuvre d’orfèvrerie.

Le Collegio-Viejo (vieux collège), fondé en 1410, reconstruit en 1760 par l’architecte HermostHa, présente un beau cloître formé de deux galeries, ionique et dorique, et un escalier monumental, digne de servir de pendant à celui, si connu par sa magnificence, du palais de. Madrid. Le musée Provincial occupe aujourd’hui la plupart des galeries ; l’une de ces galeries contient une boiserie couverte d’intéressantes miniatures de Chine, envoi d’un évêque missionnaire, ancien élève du collège. Quelques vieilles peintures de Fernando Gallegos, le Van Eyck espagnol, natif de Salamanque, ornent l’église.

L’université comprend deux édifices, distingués sous les noms de grande école et de petite école. L’entrée principale est surmontée des armures et des médaillons des rois catholiques, bienfaiteurs de l’université. C’est, dit l’écrivain déjà cité par nous, une œuvre achevée et parfaite, chargée d’une infinité de détails, de médaillons, ne bas-reliefs exécutés avec talent et délicatesse. Les grandes et petites écoles sont distribuées autour de cloîtres élégants, et des peintures de grand mérite, exécutées par des artistes en rei.om des écoles espagnole et italienne, ornent quelques-unes des salles. La bibliothèque est riche de 60,000 volumes.

Parmi les édifices proprement dits, il faut encore mentionner l’hôtel de ville, situé sur la Plaza-ftlayor et dont la façade est ornée des bustes de Charles IV et de la reine Marie-Louise. L’ornementation est complétée par des colonnes corinthiennes. La Plaza-Mayor (Grande-Place) peut au surplus être comptée elle-même comme un monument. Elle se compose d’un vaste espace carré entouré d’un portique de quatre-vingt-dix arcades, dont les tympans portent, en guise d’ornementation, des médaillons représentant toute la série des rois d’Espagne et même des illustrations du pays. Inutile d’ajouter que les maisons sont uniformes. Paris a un équivalent de la Plaza-Mayor de Salamanque dans la place Royale. Le couvent de Santo-ûomingo présente le mélange de plusieurs styles successifs. Sou église gothique est ornée d’un élégant portail ; le cloître est surchargé de médaillons, bas-reliefs et figurines. On remarque encore l’escalier et la sacristie. L’ancien collège des jésuites est aujourd’hui transformé en séminaire. Le portail présente six colonnes corinthiennes et est couronné d’un grand médaillon représentant l’Ascension. C’est également à Salamanque que se trouvait le collège des ordres militaires de Calatrava, fondé par Charles-Quint. On admire sa façade et son escalier grandiose. Mentionnons enfin les églises de Suint-Martin et du Saint-Esprit (portails remarquables ; celui de la seconde présente en haut relief une figure de saint Martin partageant son manteauj, et le couvent des Augustines-Rseolleties de Monterey, qui possède une église riche et curieuse.

Un des monuments les plus intéressants de Salamanque est le pont jeté sur la rivière de Tonnes ; son style, qui offre avec celui de l’aqueduc de Ségovie se nombreuses affinités, indique assez un ouvrage romain ; mais on ne saurait préciser l’époque de sa construction. Il compte vingt-sept arches et ses dimensions comprennent une longueur de

400 mètres sur une largeur de 3"',50. Tout porte à croire que ce bel ouvrage de maçonnerie antique a été réédilié sous Trajau et restauré sous Adrien.

Salamanque possède encore quelques maisons particulières assez intéressantes au point de vue archéologique. Les principales sont : la maison des Coquilles (la casa de tus Couchas), propriété du marquis de Valdecaizana, ainsi nommée de la "profusion de coquilles répandues comme ornementation sur

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| sa façade principale ; la casa de la Sal, maison Renaissance, ornée de colonnes élégantes I et de médaillons sculptés ; les maisons ICspi| nosa, Monterey, Garcigrande, etc. Le collège des nobles irlandais, qui occupe l’Arsobispa, monumentale et grandiose construction, possède dans sa chapelle un rétable dont la peinture est attribuée à Berruguette et à Michel-Ange.

Salamanque, appelée anciennement Salmantica et au moyen âge Elmantica, fut fondée selon les uns par une colonie carthaginoise, selon d’autres par les Romains. Sous la domination des Goths, elle devint le siège d’un évêché. Plus tard, elle passa sous le joug des Arabes et y resta jusqu’au jour de la conquête d’Alphonse le Grand. Elle fut entièrement détruite par le calife Modhafer ; mais Alphonse VI la réédifia et ses successeurs lui rendirent son importance passée. Salamanque dut à sa situation voisine du Portugal de servir souvent de quartier général et central aux entreprises réciproques des deux nations. Mais les événements politiques qui marquent dans l’histoire de Salamanque se confondent dans celle de l’Espagne et s’effacent devant la principale gloire de la ville, à savoir son université. Cette université, fondée en 1239, était en quelque sorte, à l’origine, exclusivement ecclésiastique. Alphonse IX agrandit le cadre des éludes et posa les bases de l’université proprement dite, qui fonctionne encore aujourd’hui. D’importants privilèges 'concédés par Ferdinand III, puis par Alphonse X, permirent à l’université de Salamanque de prendre une extension rapide ; de nouvelles chaires furent fondées, dotées pour la plupart sur le trésor royal et, au xive siècle, on citait indistinctement comme les premières du monde les universités de Paris, de Bologne, d’Oxford et de Salamanque. Parmi les ouvrages et les travaux qui sortirent de l’université de Salamanque ou qui du moins lui durent un actif concours, nous citerons les Tables alpkonsines et le Code des.sept parties ; ce furent les docteurs de Salamanque qui traduisirent les œuvres arabes d’Avicenne, d’Averrhoès et les Commentaires de Galien. Christophe Colomb ne dédaigna pas de les consulter avant de partir pour la découverte de l’Amérique et y gagna de précieuses indications. Au xvo siècle, on voit l’Académie de Salamanque céder à celle de Paris, sur la prière de cette dernière, un professeur de mathématiques, Pedro Cii uelo, et à celle de Bologne, dans les mêmes conditions, un professeur de musique, Bartoloiné Ramos. Mais ce fut surtout au xvi» siècle qu’elle atteignit le plus haut degré de splendeur : elle compta alors jusqu’à 14,000 étudiants, parmi lesquels figurait la fleur de l’aristocratie contemporaine. À la même époque, fait bizarre quand on songe à la catholique Espagne, pays da l’inquisition, Salamanque fut la seule université où on enseigna le système de Copernic, réputé hérétique dans la plupart des autres. Enfin, on aura une idée de l’immense réputation acquise par elle et de l’influence qu’exerçaient ses jugements et ses arrêts, .quand nous aurons ait que les papes Urbain et Clément, lors du schisme d’Avignon, portèrent devant ses docteurs les questions qui les divisaient, s’en lapportant d’avance à leur décision. « L’enseignement de l’université de Salamanque, bien déchu de ce qu’il était autrefois, ait M. Gennoud de Lavigne, comprend aujourd’hui des chaires de philosophie, de littérature générale, de chimie générale, de physique appliquée, d’économie politique, de droit public et administratif, de langue grecque et d’histoire naturelle. Dans un institut annexé à, l’université, on enseigne le latin et l’espagnol, la géographie, l’histoire générale et celle de l’Espagne, la morale et la religion, la psychologie et la logique, les éléments de physique, d’histoire naturelle, les mathématiques élémentaires, la langue française, la rhétorique, la poétique, la mécanique rationnelle. La Faculté de jurisprudence comprend l’histoire et les éléments du droit romain, le droit civil, criminel et commercial de l’Espagne, les institutions du droit canon, les codes espagnols, la discipline ecclésiastique, les collections canoniques, lu

pratique du barreau, o L’université de Salamanque perdit son antique importance à mesure que l’Espagne perdait la prépondérance qu’elle avait quelque temps exercée sur les autres nations. Aucun fait digne d’être mentionné.ne vient signaler Salamanque à l’attention pendant le dernier siècle, et il faut arriver à la guerre de l’Indépendance pour la voir figurer dans un de ses épisodes. Junot et son armée, se rendant en Portugal, traversèrent Salamanque le 12 novembre 1807. Un an plus tard, un détachement do l’armée anglaise commandé par sir John Mooro y faisait son entrée ; mais l’occupation de Madrid par Napoléon ne tarda pas à le décider à la retraite. C’est à Salamanque que Masséna établit plus tard son centre d’opérations, avant et après la bataille de Fuentès. La reddition de Ciudad-Rodrigo nécessitant bientôt un point d’appui voisiu qui pût arrêter l’ennemi, le maréchal Murinont, duc de Raguse, prit à son tour possession de Salamanque et convertit les couvents de la ville en véritables forteresses, remplies de troupes et bien approvisionnées. La bataille des Arapiles, qui fut le premier revers sérieux de nos aimées en Espapagne (21 juillet 1818), fat livrée