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tant solennellement le feu à un mannequin représentant le monstre de l’athéisme, s’épanouissant enfin dans sa gloire et dans sa rhétorique. Beaucoup de représentants étaient sombres et irrités, non-seulement à cause du rôle singulier qu’on leur faisait jouer, mais encore parce qu’ils pensaient que Maximilien voulait ainsi s’assurer l’appui du parti religieux. Il entendit derrière lui plus d’une injure et plus d’une imprécation, des mots jetés en l’air comme Tarquin, roche Tarpéienne, tyran, Brutus, etc. Dans la foule, un sans-culotte dit ce mot : « Le b, … ! il n’est pas content d’être maître ! il lui faut encore être dieu ! »

Le soir, il rentra chez les Duplny, pâle et dévoré des plus noirs pressentiments.

On croyait qu’il allait proposer une amnistie ou tout au moins une atténuation au régime de la Terreur. Cela l’eût fait roi, en quelque sorte ; il serait apparu comme le grand pacificateur, l’éternel sauveur des sociétés.

Mais, déception effrayante, deux jours après avoir rendu cet hommage à l’Être suprême, il fit présenter par Couthon l’affreuse loi du 22 prairial, son œuvre personnelle, et qui fut présentée à l’insu du comité ou tout au moins de la majorité du comité, et comme en son nom. Cette loi, sous prétexte d’améliorer le tribunal révolutionnaire, supprimait les défenseurs, l’interrogatoire préalable, les dépositions écrites et les témoins. En outre, elle comprenait dans les « ennemis du peuple » ceux qui parlent mal des patriotes, ceux qui dépravent les mœurs, etc. C’était l’inquisition pure. Enfin, elle permettait aux comités (implicitement) d’envoyer les représentants au tribunal, même sans un vote de l’Assemblée.

Et il y a des historiens qui prétendent que Robespierre voulait enrayer la Terreur.

Il y eut un orage à la Convention ; mais Maximilien parla, la loi fut votée.

En quarante-cinq jours, elle fit à Paris 1,285 victimes.

L’effroi était tel dans la Convention, que plus de soixante députés n’osaient plus coucher dans leur lit. Sans prendre à la lettre ce qu’on a dit des proscriptions que Robespierre voulait exercer dans l’Assemblée, il est bien certain qu’il avait résolu de frapper quelques représentants qui s’étaient rendus odieux dans leurs missions, les Carrier, les Fouché, les Tallien, etc. Mais qui pouvait assurer qu’il ne comprendrait pas ses ennemis personnels dans cette hécatombe prévue ? Où s’arrêterait-il ? La terrible ivresse du glaive ne se dissipe pas comme celle du vin.

Le lendemain du vote de cette loi, il avait cessé de paraître au comité, par suite de dissensions dont le retentissement se produisait déjà au dehors, et peut-être aussi pour laisser toute responsabilité à ses collègues. Mais sa loi gouvernait pour lui. En outre, il était bien maître de toutes les forces vives de la République ; il dominait la Convention ; il tenait la Commune, les Jacobins, la force armée par Hanriot, etc.

Un premier coup lui fut porté par la divulgation de la ridicule affaire de Catherine Théot, vieille insensée qui tenait chez elle des réunions de mystiques, où le nom de Robespierre était adoré comme celui d’un messie. Pour le frapper, au moins par le ridicule, ses ennemis du comité firent arrêter toute la secte, feignirent de croire a un complot, firent présenter un rapport par Vadier, etc.

Irrité de l’éclat, le messie fit une chose audacieuse ; il ordonna à Fouquier-Tinville de ne pas juger, prit les pièces et les garda.

Dans cette dernière période, tout se réunissait pour ajouter à l’horreur de la situation, l’accélération des jugements, les exécutions par fournées, la terreur partout ; on sentait approcher quelque sinistre dénoûment ; tous les partis s’accusaient mutuellement de conspiration. Dans le fait, les Fouché, Rovère, Bourdon (de l’Oise), Guffroy, Tallien, Thuriot, Lecointre, etc., se sentant menacés, préparaient leurs mines pour faire sauter le tyran. Et, d’autre part, Robespierre était poussé, pressé d’agir par son parti, qui n’était plus couvert que par lui et qui ne voyait de salut que dans des mesures vigoureuses, bien certainement dans un coup d’État. Robespierre fit un discours !

Chose remarquable, il lui fallait toujours au moins une apparence de légalité. Disposant de tant de forces, il comptait encore une fois l’emporter par la parole, imposer un vote.

Le 8 thermidor, il vint lire à la Convention son fameux discours, très-travaillé, très-étudié, où des appels à la conciliation étaient mêlés à d’aigres accusations et à des menaces, et comme toujours à sa propre apologie. Évidemment, il voulait rallier la droite et le centre, qui flottaient encore irrésolus. Mais ses ennemis travaillaient sous terre, s’agitaient avec fureur, racolaient de tous les côtés.

Le soir, aux Jacobins, au comité de Salut public, scènes violentes qui n’annonçaient que trop le drame du lendemain.

On connaît, par mille récits, cette journée grandiose et tragique, qui ne fut qu’un combat. Dès l’ouverture de la séance, Saint-Just monte à la tribune pour lire un discours qu’il avait préparé la nuit ; mais à peine en avait-il prononcé quelques lignes, que Tallien lui coupe la parole, demande que le voile soit déchiré. Billaud reprend : « L’Assemblée, dit il, est entre deux égorgements, elle périra si elle est faible ! » Puis, il accuse Robespierre avec violence, Tallien, en impudent comédien, montre un poignard, jure qu’il s’en percera si le nouveau Cromwelt triomphe. Le duel était entamé ; il n’y avait plus maintenant de solution que l’extermination de l’un des partis. Robespierre paraît à la tribune, mais la masse des conjurés l’écrase des cris A bas le tyran ! et toujours, ainsi chaque fois qu’il voulait ouvrir la bouche. Probablement il n’avait pas prévu un si grand soulèvement de la part d’hommes qui deux jours auparavant semblaient encore à ses pieds. Il était atterré, mais luttait néanmoins avec un courage inutile. Attaqué par des gens dont beaucoup étaient méprisables, il l’était aussi par des républicains sincères et, de plus, abandonné par le groupe des plus purs montagnards, les Romme, les Ruhl, les Soubrany, etc., qui ne se joignirent pas à la meute, mais qui ne voyaient au bout de la victoire que la dictature et qui restèrent immobiles.

Épuisé, le malheureux se tourna vers la Plaine : « C’est à vous, hommes purs, que je m’adresse, et non pas aux brigands ! »

Il était loin du jour où il les appelait les serpents du Marais.

Mais la Plaine aussi était soulevée contre lui.

Hors de lui, il cria à Collot d’Herbois, qui présidait : « Pour la dernière fois, président d’assassins, je te demande la parole ! »

Garnier de l’Aube cria : « Le sang de Danton l’étouffe ! »

Et toujours le s mêmes clameurs terribles : « À bas le tyran ! »

Une voix cria enfin : « L’accusation ! »

Toute l’Assemblée se lève,

Saint-Just, Couthon, Robespierre jeune, Lebas sont également décrétés. On entraîne les prisonniers à la prison du Luxembourg.

On connaît assez tous les détails de cette tragédie. Enlevé par la Commune, qui se mit en insurrection, conduit à l’Hôtel de ville, Robespierre, cependant, toujours formaliste et peu propre à l’action, refusa de signer l’appel aux armes ; mais son parti agissait sans lui. En apprenant la rébellion, la Convention mit hors la loi tous les accusés et les membres de la Commune. Hanriot, commandant de la force armée, et qui s’était joint aux robespierristes, fut arrêté, puis s’échappa, mais s’épuisait à rassembler des forces ; la majorité des sections se prononçait pour la Convention. L’Hôtel de ville fut attaqué dans la nuit. Robespierre alors, se voyant perdu, se tira, dit-on, un coup de pistolet qui lui fracassa la mâchoire. Selon une autre version, un jeune gendarme du nom de Merda (v. Merda), qui accompagnait le détachement conduit par le représentant Léonard Bourdon, pénétra dans le palais et brisa la mâchoire de Robespierre d’un coup de pistolet.

La version du suicide est affirmée dans les mémoires de Barras. Ces mémoires, restés entre les mains de Rousselin de Saint-Albin, sont encore en grande partie inédits. Le fils de Rousselin, M. Hortensius de Saint-Albin, conseiller à la cour d’appel, en a publié (1873) un chapitre, le Neuf thermidor. Barras, qui commandait la force envoyée contre l’Hôtel de ville, nie la relation posthume du gendarme Merda, qu’il traite de fable et dont il montre les invraisemblances. Suivant lui, Robespierre s’était tiré le coup de pistolet au moment où Merlin de Thionville pénétrait le sabre à la main dans la salle des délibérations. Les médecins, dans leur rapport, auraient reconnu par la direction même du coup de pistolet qu’il avait dû se le tirer lui-même. On comprendra notre réserve à propos de ce problème si difficile à résoudre ; mais nous devions rapporter ce témoignage.

Quoi qu’il en soit, Robespierre vaincu, pansé à la hâte, fut conduit le lendemain à l’échafaud avec vingt et un de ses amis, le 10 thermidor an II (28 juillet 1794). Le 29, autres exécutions de quatre-vingt-deux victimes, la presque totalité du conseil de la Commune.

Une période nouvelle allait bientôt commencer et la plus triste de l’histoire révolutionnaire, la « réaction thermidorienne ».

Nous ajouterons ici quelques extraits de différents auteurs qui mettront le lecteur à même d’apprécier mieux encore le caractère de celui que quelques-uns appellent le grand martyr de thermidor et qui n’est pour d’autres qu’un homme funeste et un tyran.

Dans sa grande compilation (Histoire parlementaire de la Révolution), le néo-catholique Buchez, tout occupé de sa réhabilitation paradoxale de la Terreur et de l’inquisition, s’est montré plus que favorable à Robespierre, à cause de son christianisme sentimental, de sa guerre contre l’école philosophique (Cloots, Chaumette et autres promoteurs des fêtes de la Raison) et de sa conception de l’Être suprême.

Par un motif contraire, M. Michelet, qui, d’ailleurs, incline vers Danton, traite, en général, Robespierre fort durement et le représente comme un « faux Rousseau, » comme un homme au « tempérament prêtre, » un autoritaire, tranchons le mot, comme un tyran.

Pour M. Louis Blanc, c’est le vrai chef de la démocratie moderne, le pontife de la Révolution, l’un des plus grands apôtres de l’humanité.

Sont également écrites dans l’esprit robespierriste la compilation fort oubliée de M. Cabet et l’Histoire des montagnards d’Esquiros.

MM. Thiers et Mignet jugent le célèbre conventionnel avec assez de sévérité.

Lamartine (Histoire des girondins) l’apprécie plus en artiste qu’en historien et parfois le maudit, parfois l’exalte avec un lyrisme qui dépasse autant la mesure que ses malédictions.

M. Villiaumé, d’ailleurs favorable à Danton, condamne Robespierre, mais avec modération.

Naturellement, dans les travaux royalistes, comme l’Histoire de la Convention de M. de Barante, l’Histoire de la Terreur de M. Mortimer-Ternaux, Robespierre est simplement traité comme un pur scélérat.

Enfin, dans la Révolution de Quinet, les appréciations sont à peu près semblables à celles de M. Michelet.

— Bibliogr. Biographie de Robespierre, par J. Lodieu (Arras, 1850), assez malveillante.

Vie secrète, politique et curieuse de Maximilien Robespierre, par L. Duperron, an II (in-12 de 38 pages), avec une gravure qui représente une main tenant par les cheveux la tête de Maximilien.

Portrait de Robespierre, par Merlin de Thionville (in-8o de 12 pages), libelle dont le véritable auteur serait Rœderer.

Souvenirs d’un déporté, par Pierre Villiers, an X. C’est un recueil d’anecdotes parmi lesquelles plusieurs pages sont consacrées à Robespierre, dont l’auteur avait été secrétaire en 1790.

L’Intrigue dévoilée ou Robespierre vengé des intrigants et des calomnies des ambitieux, par Delacroix (1792), brochure intéressante pour l’étude des luttes contre la Gironde avant la Convention.

Mémoires de Charlotte Robespierre sur ses deux frères, dont on a assez légèrement contesté l’authenticité. Ces notices étaient bien de la main de Charlotte, qui était une personne instruite et distinguée ; elle les remit à Laponneraye, qui les publia en 1835, peut-être en les remaniant un peu, mais sans toucher au fond. On y trouve beaucoup de détails intimes. Les appréciations sont naturellement empreintes de la tendresse partiale des sentiments de famille.

Causes secrètes de la révolution du 9 thermidor, par Vilate, an II. Ce Vilate, ancien juré du tribunal révolutionnaire, avait été arrêté après la chute de Robespierre. Pour se concilier les vainqueurs et mériter sa grâce, il écrivit plusieurs brochures calomnieuses qui ne le sauvèrent cependant pas. C’est à cette source suspecte que des écrivains de parti ont puisé des anecdotes qui ont passé dans l’histoire et dont la plupart sont probablement apocryphes.

Rapport fait au nom de la commission chargée de l’examen des papiers trouvés chez Robespierre et ses complices, par E.-B. Courtois, député de l’Aube (séance du 10 nivôse an III), imprimé par ordre de la Convention (in-8o de 408 pages). Rapport sur les événements du 9 thermidor, présenté le 8 thermidor an III, par le même (in-8o de 220 pages). Le premier de ces rapports se compose de deux parties distinctes : le rapport proprement dit et les pièces à l’appui. Courtois s’était acquitté de sa mission avec autant de mauvaise foi que de partialité. Il omit en premier lieu toutes les pièces qui pouvaient être favorables à Robespierre, celles qui étaient de nature à compromettre des hommes engagés dès lors dans la réaction, en restitua une partie aux intéressés et s’appropria le plus grand nombre. Portiez de l’Oise en recueillit aussi beaucoup. Les unes sont à jamais perdues pour l’histoire ; d’autres ont passé dans des collections particulières.

En 1828, Alexandre Martin a publié : Papiers inédits trouvés chez Robespierre, SaintJust, etc., supprimés ou omis par Courtois (3 vol. in-8o), ouvrage curieux et qui complète les rapports du conventionnel thermidorien..

Histoire de la conjuration de Robespierre, par Montjoie (Lausanne, 1795, in-8o). C’est un pamphlet royaliste.

Hymne dithyrambique sur la conjuration de Robespierre et la révolution du 9 thermidor, par Rouget de l’Isle (l’auteur de la Marseillaise), an II. Un couplet de cette élucubration donnera une idée de l’esprit dans lequel elle est conçue :.

   Voyez-vous ce spectre livide
   Qui déchire son propre flanc ;
   Encore tout souillé de sang,
   De sang il est encore avide.
   Voyez avec un rire affreux
   Comme il désigne ses victimes.
   Voyez comme il excite au crime
   Ses satellites furieux !
Chantons la liberté, couronnons sa statue !

Cela se chantait sur l’air même de la Marseillaise !

Faits recueillis aux derniers instants de Robespierre et de sa faction, du 9 au 10 thermidor, brochure sans nom d’auteur, publiée au lendemain de l’événement et rédigée avec plus d’impartialité qu’on n’en pouvait attendre en un pareil moment.

La vie, les crimes et le supplice de Robespierre et de ses principaux complices, par Desessarts (1797), ouvrage dont le titre indique assez l’esprit.

Enfin, il faudrait ajouter les centaines de pamphlets publiés après le 9 thermidor, la plupart aussi dégoûtants que mensongers. Nous nous bornerons à citer les titres de quelques-uns, car de pareilles pièces échappent à toute analyse et à toute critique.

La Queue de Robespierre, par Mehée ; les Anneaux de la queue ; Jugement du peuple souverain qui condame à mort la queue de -Robespierre ; Défends ta queue, par Mehée ; Rendez-moi ma queue ou Lettre de Robespierre à la Convention ; Coupez-moi la queue ou la Chanson des carmagnoles (en vers) ; Ode à la Calomnie en réponse à la queue de Robespierre ; la Chute de Robespierre et complices, ode à la Convention, par Dejean ; Capet et Robespierre, par Merlin de Thionville ; Testament de Robespierre ; Véritable portrait de Catilina Robespierre ; la Nouvelle Montagne en vaudevilles ou Robespierre en plusieurs volumes, par Martainville ; Robespierre peint par lui-même et Conjuration formée contre Robespierre, par Lecointre ; Observations sur le caractère, la politique et la conduite de Robespierre, le dernier tyran, etc., etc.

Robespierre. Iconogr. Un des collectionneurs les plus connus de notre époque, M. Eudoxe Marcille, possède un tableau représentant Robespierre jeune, vu jusqu’aux genoux et de grandeur naturelle, ayant une perruque poudrée à frimas, un tricorne sous le bras, un habit noir, une cravate formant jabot et des manchettes de mousseline, la main gauche appuyée sur la poignée d’acier d’une petite épée, la droite tenant le revers de l’habit et posée sur la poitrine. Le visage est rond, le nez légèrement relevé du bout, la physionomie empreinte de fatuité. On ne reconnaît pas là le terrible révolutionnaire ; c’est un avocat de province fashionable, prétentieux, vaniteux, content de soi. Cette peinture curieuse, dont l’exécution n’a, d’ailleurs, rien de remarquable, a été attribuée à Danloux ; mais le fils de cet artiste a protesté énergiquement contre une pareille attribution, en alléguant que son père n’avait jamais eu de relations d’aucune sorte avec Robespierre. Il fut un temps où, loin de se défendre d’avoir des relations avec le député d’Arras, les gens recherchaient fort sa compagnie et les artistes le plus en renom l’honneur de retracer ses traits. David, qui, à la vérité, était un révolutionnaire enthousiaste, a fait de lui un portrait très-calme que l’on voyait, en 1845, dans la collection de M. Saint-Albin. Beljambe a gravé, d’après Gros, un portrait de profil qui dut être exécuté vers 1790. De la même époque à peu près doit être l’excellent portrait, également de profil, gravé par Fiesinger, d’après J. Guériu : front fuyant, nez et menton pointus, air froid et compassé. Au Salon de 1790, Mme Guyard exposa un bon portrait de Robespierre qui, avant de venir poser chez elle, lui avait écrit une lettre des plus aimables, conservée aujourd’hui au British Muséum, et commençant ainsi : « On m’a dit que les Grâces voulaient faire mon portrait… » Un médaillon en plâtre, sculpté par Collet, au mois de septembre 1791, appartenait, il y a quelques années, à M. Ph. Lebas et a été gravé par Flamens. D’autres portraits du temps ont été gravés par Coqueret (d’après Delaplace), Vérité, Levachez, B. Gautier (d’après E. Bonneville, J.-D.-E. Cann, etc.). Sur l’estampe de Vérité, on Ht ces vers en l’honneur de Robespierre :

Du superbe oppresseur ennemi redoutable,
Incorruptible ami d’un peuple qu’on accable,
Il fait briller au sein des viles factions
Les vertus d’Aristide et l’âme des Catons.

Le peintre Ducreux exposa un portrait de Robespierre au Salon de 1793. De notre temps, un buste en plâtre a été sculpté par M. J.-C. Rousseau (Salon de 1872).

Robespierre une fois tombé fut fort maltraité par les artistes. Tassaert, le graveur, l’a représenté comme un vrai buveur de sang, tenant un cœur qu’il presse au-dessus d’une coupe ; cette image est accompagnée de huit vers tirés de la Virginie de Laharpe :

Ce maître impérieux n’est plus qu’un vil coupable…

Une autre gravure nous montre « Robespierre guillotinant le bourreau après avoir fait guillotiner toute la France » ; il est assis, en costume officiel, sur un tombeau de forme pyramidale sur lequel on lit : « Cy-gît toute la France. » Sous ce titre : Gouvernement de Robespierre, une petite pièce représente le bourreau Samson sur la place de la Révolution ; on y lit ces vers :

Admirez de Samson l’intelligence entière :
Par le couteau fatal il a tout fait périr ;
Dans cet affreux état que va-t-il devenir ?
    Il se guillotine lui-même.

Citons encore une gravure de Poisson intitulée : l’Horrible conspiration de Robespierre dévoilée, et une autre, sans nom d’auteur, qui porte ce titre pompeux : le Miroir du passé pour sauvegarder l’avenir ou Tableau parlant du gouvernement cadavéro-faminocratique sous la tigrocratie de Robespierre et compagnie.

Les événements du 9 et du 10 thermidor ont été représentés par divers artistes contemporains, notamment par Harriet, composition d’une exécution médiocre, mais rendant assez bien l’horreur de la scène, le fra-