Ses débuts à Paris furent peu encourageants. Son frère était lié avec A. de Jouffroy, qui écrivait alors une histoire de France et élaborait en même temps des projets industriels qui l’absorbaient trop pour ne pas nuire à ses travaux historiques ; il chargea la sœur de son ami de l’aider et même de continuer seule son histoire. Clémence quitta la poésie pour l’histoire. Tous les matins, elle partait de chez son frère, allait frapper à la porte de Jouffroy et s’installait dans sa bibliothèque pour y travailler jusqu’au soir. Un matin, elle trouva la porte close ; les créanciers de son noble protecteur y avaient fait apposer les scellés. Elle ne se découragea pas cependant, et bientôt, grâce surtout à l’appui de M. de Senancour, son nom parut dans la plupart des recueils de l’époque, notamment dans la Sylphide et dans le Journal des Femmes, où l’on remarqua, entre autres poésies, le Luxembourg, le Froid, les Tuileries et Une fleur à Paris le 5 juin 1832. À cette même époque, les événements de Pologne lui suggérèrent l’idée d’une traduction des Ukrainiennes de Gorzcynski et Malezeski. Cette traduction parut un commencement de 1835.
Clémence Robert était sortie de l’obscurité ; elle avait déjà des amis, en attendant qu’elle eût des admirateurs. L’éditeur Ambroise Dupont, sur les instances de Mme Tastu, lui demanda un roman. Elle se mit à l’œuvre et fit paraître Une famille, s’il vous plaît ! Cette première œuvre n’eut que très-peu de succès. Cependant quelques pensées ingénieuses, des observations vraies et délicates, un style tout féminin expliquent les éloges qui, au milieu de nombreuses critiques, furent donnés au jeune écrivain par M. de Senancour et surtout par le poëte breton Hippolyte de La Morvonnais, qui, dès lors, dédia toutes ses poésies à Liane, c’est-à-dire à Clémence Robert.
Elle fut plus heureuse avec son second roman, l’Abbé Olivier, qui eut deux éditions. Dès lors, son nom se lit fréquemment au bas des feuilletons de tous les grands journaux : la Presse ouvre ses colonnes à la Duchesse de Chevreuse et à Jeanne la Folle ; le Siècle accueille le Marquis de Pombal et William Shakspeare ; la Patrie, l’Esprit public, la Liberté, le Globe, l’Estafette, la République, le Pays, le Constitutionnel offrent à leurs lecteurs des romans de Mlle Robert, et à chaque nouvelle production le succès va croissant ; aujourd’hui son nom est populaire à l’égal presque des rois du feuilleton, d’Alexandre Dumas, de Paul Féval, de Frédéric Soulié, d’Eug. Sue.
On a fait une sorte de croquemitaine de celle qui a écrit Mandrin, les Quatre sergents de La Rochelle, le Tribunal secret, les Mendiants de Paris et tant d’autres drames sombres. De petite taille, d’une figure pâle et douce, les mains fluettes, aristocratiques, Clémence Robert était très-affable et de mœurs très-douces.
En 1845, Mlle Clémence Robert, ayant perdu sa mère, se réfugia seule et triste à l’Abbaye-aux-Bois. Elle y resta peu de temps. Dans ce cloître tout mondain, il y avait cependant une certaine discipline à subir, des règles à observer ; il fallait un peu abdiquer son indépendance, ses libres allures ; ce n’était pas le fait d’un disciple d’Eug. Sue, et Clémence Robert ne put y être retenue par l’amitié de Mme Récamier. la reine du lieu, ni par ses sujets fidèles : Chateaubriand, Ballanche, Pasquier, Noailles. La république, son rêve, venait d’être proclamée. Se souvenant qu’elle avait été poëte, elle salua le printemps de 1848 par une pièce qui eut à cette époque un vif succès. Nous donnons ici la liste de ses œuvres d’après Quérard, liste contrôlée par Mlle Clémence Robert : Une famille, s’il vous plaît (1837, 2 vol. in-8o) ; l’Abbé Olivier (1839, in-8o) ; le Cardinal Wolsey, nouvelle historique (Bruxelles, 1841, in-18), publiée d’abord en feuilleton dans le Siècle et plus tard comme livre sous le titre de la Famille Tavora (1843, in-8o) ; René l’ouvrier (1841, in-8o), 2e vol. des Enfants de l’atelier ; Amour de reine (1842, in-8o), 2e vol. des Romans du cœur, dont le 1er est de Léon Gozlan ; Jeanne de Castille, nouvelle historique (Bruxelles, 1843 ; in-18), d’abord dans le journal la Presse sous le nom de Jeanne la Folle ; le Roi (1844, 2 vol. in-18), qui a reparu dans le Phare de la Loire, en 1856, sous le titre : Un mariage de haine ; William Shakspeare (1845,2 vol. in-8o), imprimé d’abord dans le Siècle en 1843, réimprimé sous le nom de Poëte de la reine (1859, in-18) ; le Couvent des Augustins (Bruxelles, 1843, in-18) ; le Marquis de Pombal, publié d’abord dans le Siècle, puis dans l’Écho des Feuilletons ; la Duchesse d’York (1840, in-8o) ; le Capitaine Mandrin, imprimé d’abord dans la Patrie, contrefait en 1844 à Bruxelles (2 vol. in-18) et réimprimé à Paris en 1844 ; les Tombeaux de Saint-Denis (Bruxelles, 1845, 2 vol. in-18), imprimé plus tard à Paris sous ce titre : les Souterrains de Saint-Denis (Paris, 1857, 1859, in-4o) et dans la Bibliothèque pour tous ; le Pauvre diable (1846, 2 vol. in-8o), réimprimé sous le nom de la Misère (1850, in-8o) ; le Tribunal secret (1860, g vol. in-18) ; la Duchesse de Chevreuse, suivie d’Anne de Mantoue (1845, 2 vol.) ; les Mendiants de Paris (1851, 6 vol. in-18) ; les Quatre sergents de La Rochelle (1856, in-8o), le roman le plus dramatique et le plus populaire de l’auteur ; le Pasteur du peuple (1861, in-18), dans la Liberté, sous le titre de Saint Vincent de Paul ; Peuples et rois ; Kossuth ou les Hongrois ; Garibaldi ou les Romains ; Daniel le laboureur ; Héloïse et Abailard ; les Deux sœurs de charité ; Malbrough s’en va-t-en guerre ; Serfs et boyards ; la Jacquerie ; le Fou de la Bastide ; Jean Goujon ; l’Honneur de la famille ; Louise de Lorraine ; les Anges de Paris ; l’Avocat du peuple ; le Missionnaire ; le Prince de Craon ; Thérésine ; la Tour Saint-Jacques ; le Mont-Saint-Michel ; Nena Sahib ou l’Insurrection des Indes ; les Voleurs du pont Neuf ; Mémoires authentiques sur Garibaldi ; le Cantonnier ; l’Avocat Duhamel ; la Fille de Satan ; les Martyrs de la Bastille ; Jean Colas ; les Massacres de Paris sous Catherine de Médicis ; les Nuits de la Forêt ; la Sœur Marthe ; le Marronnier royal ; Un mariage dans la ville de Trente ; Nicolas Poussin ; le Trône et l’honneur ; la Ronde des péchés ; le Diable dans un bénitier ; la Rose du cimetière ; l’Ordre de la Cordelière ; l’Abbaye-aux-Bois, etc., etc. Mlle Clémence Robert a encore essayé du théâtre et, en dépit de ses qualités dramatiques, elle a peu réussi : Château et chaumière, l’Héritage du château, en deux actes, la Chambre de feu, en cinq actes, représentés en 1862 sur le théâtre Beaumarchais, n’ont eu qu’un succès médiocre.
ROBERT (Jean-François), écrivain français,
né à Abbeville (Somme) en 1797. Il entra
dans les ordres, fut attaché pendant plusieurs
années, comme professeur, au collège
de Tours et devint chanoine de cette ville. On
lui doit des ouvrages qui roulent sur des matières
de dévotion ou d’histoire. Nous citerons,
entre autres : Souvenirs d’Angleterre et considérations sur l’Église anglicane (Lille,
1841) ; Divinité du catholicisme (1842) ; Sainte Philomèle (1843) ; Histoire de saint Thomas Becket (1844) ; le Catholicisme considéré dans ses vérités fondamentales (1844) ; Histoire de saint Paul (1846) ;Edgard ou le Triomphe du christianisme sous Clovis (1848), etc.
ROBERT (César-Alphonse), chirurgien français, né à Marseille en 1801, mort à Paris
en 1862. Interne des hôpitaux en 1824, il
fut, deux uns plus tard, un des membres fondateurs de la nouvelle Société anatomique,
dont il devint vice-secrétaire en 1827 et secrétaire en 1829. Ayant remporté à l’École
pratique le prix d’anatomie et de physiologie
en 1826, celui de pathologie en 1827 et celui
de clinique, de médecine légale et d’accouchement en 1828, il fut reçu gratuitement au grade de docteur en 1831. En 1829, Robert
avait obtenu au concours une place d’aide d’anatomie à la Faculté. Le 17 juin 1832, il fut
nommé chirurgien du bureau central. Le choléra
sévissait, le nombre des médecins des hôpitaux
était insuffisant ; Robert se mit à la
disposition de l’administration, qui lui donna
à diriger l’hôpital temporaire des orphelins.
Quelques mois plus tard, au concours d’agrégation, il soutint une thèse intitulée Examen des méthodes de traitement sur les fractures du col du fémur, sujet sur lequel il publia plus tard de nouvelles recherches. Il fut
nommé avec d’autant plus de mérite que, parmi
les candidats évincés, se trouvaient Malgaigne
et Ricord. De 1841 à 1851, il concourut, mais
sans succès, pour une chaire à la Faculté et
renonça à l’enseignement officiel en 1852. À
défaut de chaire, deux tribunes lui restaient,
l’hôpital et l’Académie ; son adjonction à la
savante compagnie datait de 1848 ; elle avait
été préparée de longue main par des communications nombreuses et importantes qui, depuis 1855, avaient valu à leur auteur l’insigne honneur de figurer quatre fois déjà sur les listes de présentation. Parmi les principales de ces lectures, nous citerons : Luxation incomplète du fémur, en bas et en arrière de l’ischion (1835) ; Restauration de la paupière inférieure et de la joue presque entièrement détruites par une pustule maligne (1836) ; Inflammation des follicules muqueux de la vulve (1840) ; Oblitération de la pupille consécutive à l’iritis et guérie par un procédé particulier (1842) ; Chute du rectum, nouveau procédé opératoire (1841) ; Fractures du col du fémur par pénétration (1844) ; Traitement chirurgical des atrésies de l’iris (1846). Après vingt ans de
séjour à Beaujon, Robert fut nommé, en 1858,
chirurgien de l’Hôtel-Dieu, où il professa la
clinique libre, non toutefois sans rencontrer
de mesquines oppositions. Le 1er janvier 1862, il prit sa retraite et mourut vers la fin de la même année. Robert n’a publié que des monographies, des thèses de concours, des rapports et des observations cliniques, le tout
rédigé correctement, avec sagesse et bonne
foi. La chirurgie classique lui a fourni ses
principaux sujets, et il s’est efforcé d’épuiser
dans des mémoires successifs quelques questions
favorites qu’il avait méditées dans sa
jeunesse. S’il n’a pas révolutionné la chirurgie, son nom restera néanmoins attaché à des questions modernes qu’à lui seul il a presque épuisées ; telles sont les varices artérielles du cuir chevelu, l’hypertrophie de la parotide, la diphthérite des plaies, l’hypertrophie chronique des amygdales chez les enfants, enfin cet écoulement aqueux qui constitue pour certaines fractures du crâne une si curieuse complication. À l’Académie, il paya largement de sa personne, rédigea des rapports
consciencieux, prit une part active aux discussions sur les kystes de l’ovaire, l’ostéomyélite, les déviations utérines, l’amputation à la suite des plaies par armes à feu, etc. À la Société de chirurgie, dont il fut membre fondateur et président, il déploya le même zèle, la même ardeur. Très-versé dans les
questions de thérapeutique et partisan dévoué
de la chirurgie conservatrice, il n’affectait
ni dédain ni enthousiasme pour les remèdes
nouveaux ; il les jugeait seulement et
nous a laissé, sur les agents curatifs externes
et internes, une foule de notes et de rapports
pleins de bon sens et d’esprit pratique.
Un novateur sérieux qui se présentait à lui
était sûr d’être écouté et favorablement accueilli ; il lui facilitait l’entrée de l’hôpital, et au besoin, quand l’intérêt des malades n’avait pas à en souffrir, il autorisait des expériences publiques. C’est ainsi qu’à son arrivée à Paris M. Bozeman, à peu près ignoré
chez nous, reçut dans les salles de l’Hôtel-Dieu
l’hospitalité chirurgicale et put nous
montrer ses procédés de suture délicate et efficace à l’aide desquels tous les chirurgiens
d’aujourd’hui guérissent réellement la fistule
vésico-vaginale. Même accueil à l’ophtalmoscope, au microscope et au laryngoscope, en un mot à toutes les découvertes dont l’art moderne s’est enrichi. Voici la liste des principales
publications de Robert : Des anévrismes de la région sus-claviculaire (Paris, 1842,
in-8o) ; Mémoire sur la nature de l’écoulement aqueux très-abondant qui accompagne certaines fractures de la base du crâne (1846, in-8o) ;
Des amputations partielles et de la désarticulation du pied (1850, in-8o) ; Des vices congénitaux de conformation des articulations (1851, in-8o) ; Des affections granuleuses, ulcéreuses et carcinomateuses de l’utérus (1851, in-8o) ; Considérations pratiques sur les varices artérielles du cuir chevelu (1851, in-8o) ; Mémoire sur les fractures du col du fémur (1847, in-8o) ; Conférences de clinique chirurgicale (1860, in-8o).
ROBERT (Louis-Eugène), médecin et naturaliste
français, né à Meudon (Seine-et-Oise)
en 1806. Il fit ses études médicales à
Paris où il passa son doctorat en 1834. Dès
l’année suivante, M. Robert se fit attacher à
une expédition scientifique qui explora l’Amérique
centrale, le Groenland, l’Islande, la
Scandinavie, la Laponie, etc., et revint en
France en 1836, après avoir navigué sur la
corvette la Recherche, commandée par le lieutenant
Tréhouard. Outre des Mémoires, des
notices, des articles insérés dans divers recueils et journaux, M. Robert a écrit le
tome II de l’histoire du Voyage en Islande et en Groenland, publiée par M. Gaimard, et a
fourni à cet ouvrage quatre livraisons de
Géologie, de Minéralogie, de Botanique, de Zoologie (1840-1841, in-8o). On lui doit, en outre :
Lettres sur la Russie (1840, in-8o) ; Histoire et description naturelle de la commune de Meudon (1843, in-8o) ; Interprétation naturelle des pierres et des os travaillés par les habitants primitifs des Gaules (1863, in-8o) ; Age présumable des monuments celtiques (1864, in-8o) ; Destinations principales des monuments celtiques (1864) ; Sur les figures d’hommes et d’animaux des poteries rougeâtres antiques (1865, in-8o) ; Paléontologie, observations critiques sur l’âge de pierre (1865, in-8o), etc.
ROBERT (Cyprien), littérateur français, né
à Angers en 1807. Il vint se fixer à Paris, où
il s’adonna à l’étude des langues et à des travaux littéraires et entra, en 1842, à la rédaction de la Revue des Deux-Mondes, dont il a été depuis lors un des collaborateurs les plus actifs. De 1845 à 1857, M, Robert a occupé la chaire de langue et de littérature slave au
Collège de France. Nous citerons, parmi ses
ouvrages : Essai d’une philosophie de l’art
(1836, in-8o) ; les Slaves de Turquie (1844,
2 vol. in-8o) ; les Deux panslavismes, (1847, in-8o) ; le Monde slave, son passé, son état présent et son avenir (1851, 2 vol. in-8o), ouvrage plein de renseignements intéressants, etc.
ROBERT (Charles), archéologue et numismate français, né à Bar-le-Duc en 1812. Il a
été attaché pendant plusieurs années, comme
professeur de législation et d’administration,
à l’École d’application de l’artillerie et du génie.
Membre correspondant de la Société des
antiquaires de France, M. Charles Robert a
été élu, en 1871, membre libre de l’Académie
des inscriptions et belles-lettres. Outre de
nombreux Mémoires, on lui doit, entre autres
ouvrages : Recherches sur les monnaies des évêques de Toul (1844, in-4o) ; Études numismatiques sur une partie du nord-est de la France (1852, in-4o), tirées à 200 exemplaires ; Recherches sur les monnaies et les jetons des maîtres échevins (1853, in-4o), avec planches ; Numismatique de Cambrai (1862, in-4o) ; Monnaie de Gorze sous Charles de Rémoncourt (1870, in-4o) ; Épigraphie gallo-romaine de la Moselle (1873) ; Mélanges de numismatique (1874, in-8o). Parmi ses mémoires, nous citerons particulièrement son intéressant travail Sur les armées romaines et leurs campements (1872).
ROBERT (Auguste-François), poëte, né à
Paris en 1813. Il montra dès le collège de brillantes dispositions qui attirèrent l’attention de son professeur de rhétorique M. de Wailly, grâce auquel il débuta facilement dans la carrière des lettres. Toutefois, tenant à se faire une position, M. Robert entra dans l’administration et se borna à consacrer ses loisirs à la poésie et à la littérature. Parmi ses écrits, nous citerons : Louis XI et saint François de Paule (1830) ; Louis XI et Olivier le Daim (1831) ; la Confession des bandits (1831), scènes dialoguées en vers ; Une soirée à l’hôtel' Saint-Pol (1834), comédie en un acte et en vers ; la Réforme en Allemagne (1844, in-8o), poème dramatique ; le Connétable de Bourbon (1849, in-12), drame en cinq actes et en vers, couronné, ainsi que le précédent ouvrage, par l’Académie française ; la Parole et l’épée, scènes dramatiques (1865), etc. On lui doit, en outre, des notes et notices sur les écrivains du XVIIe et du XVIIIe siècle dans le Cours de littérature de Stauff ; des Poésies publiées dans
divers recueils, etc.
ROBERT (Léon), homme politique français,
né à Voncq (Ardennes) le 4 août 1813. Fils
d’un député attaché aux idées libérales, petit-fils
d’un membre de la Convention, il resta
fidèle aux traditions politiques de sa famille,
fit une opposition constante au gouvernement
de Louis-Philippe et devint correspondant
du National. Lorsque la république eut
été proclamée en 1848, M. Robert, qui joignait
à une grande fortune une haute considération
personnelle, s’attacha à propager dans son département les idées démocratiques, présida un comité républicain et fonda un journal républicain. Élu représentant du
peuple à l’Assemblée constituante, il fit partie
du comité de l’agriculture, fut un des secrétaires
de la Chambre, vota constamment
avec les républicains et se rangea parmi les
adversaires de la politique de Louis Bonaparte
devenu président de la République.
M. Léon Robert ne fut point réélu à la Législative.
Jusqu’au coup d’État du 2 décembre 1851, il fit de la propagande républicaine dans
son département. Tant que dura l’Empire, il
vécut dans la retraite. Après la révolution du
4 septembre 1870, M. Robert devint maire de
Voncq. Une élection complémentaire à l’Assemblée
nationale ayant eu lieu dans les Ardennes
le 7 janvier 1872, M. Léon Robert fut
désigné comme candidat par les comités républicains
et élu par 32,600 voix. Il alla siéger
à la gauche de la Chambre et se fit inscrire
à la fois dans le groupe de la gauche républicaine
et dans celui de l’union républicaine.
Le 24 mai 1873, il vota pour M. Thiers, qui
fut alors renversé par la coalition monarchique,
et fut un adversaire constant de la politique
réactionnaire mise en pratique par le
duc de Broglie. Lors des tentatives faites par
les ennemis des libertés et du repos de la
France pour amener la restauration du comte
de Chambord, M. Robert écrivit un journal
républicain des Ardennes, en octobre 1873,
une lettre pour déclarer qu’il « voterait hautement
pour l’affermissement et la proclamation
de la République, convaincu qu’aujourd’hui
il n’est pas d’autre forme de gouvernement
possible en France. » Il vota contre la
prorogation pour sept ans des pouvoirs du
maréchal Mac-Mahon (19 novembre 1873),
contribua à renverser le cabinet de Broglie (16 mai 1874), vota la proposition Périer demandant
l’organisation des pouvoirs publics
(23 juillet), celle de M. de Maleville pour la
dissolution de la Chambre (29 juillet) et se joignit
au parti de conciliation qui adopta les
lois constitutionnelles reconnaissant le gouvernement
républicain (25 fév. 1875}.
ROBERT (Louis-Valentin-Élias), sculpteur français, né à Étampes vers 1815, mort en
1874. Il vint étudier son art à Paris, où il eut
successivement pour maître David d’Angers
et Pradier. Élias Robert devint un très-habile
praticien, mais ne fut jamais un artiste original
et d’un talent incontesté. Il débuta par
deux bustes au Salon de 1845, exposa, l’année
suivante, l’Enfant Dieu, morceau agréable,
mais sans caractère, puis envoya un autre
buste un Salon de 1850 et celui 'd’'Houdon
au Salon de 1852. Grâce à l’aménité de ses
manières et à ses relations, Élias Robert ne
tarda pas à être chargé de nombreuses commandes.
Il exposa, en 1853, le buste du Comte de Persigny, pour la ville de Roanne ; les bustes
de Pajol et de Bailly de Monthion, pour
Versailles, et fut désigné pour exécuter le
groupe colossal qui surmonte le palais de
l’Exposition aux Champs-Élysées et qui représente
la France couronnant l’Art et l’Industrie. Parmi les œuvres qu’il exposa depuis
lors et dont aucune ne parut avec éclat, nous
citerons : Phryné, statue, et les bustes de
MM. Rouville, père et fils (1855) ; la Fortune,
statue en bronze ; quatre groupes de Cariatides en plâtre, pour l’Académie de musique
de Philadelphie ; les bustes du docteur Chaussier et de Rabelais (1857) ; les bustes de Mme Madeleine Brohan, du docteur Vigla,
du docteur Magne, etc. (1859) ; Déidamie, statue
en marbre (1861) ; des bustes en 1863,
1864 et 1865 ; les bustes du docteur Vigla et
de M. Laurent-Pichat (1872) ; la Comédie, statue
en marbre, le buste du comédien Delaunay (1873). En dehors des expositions, Élias
Robert a beaucoup produit. Nous citerons :
Rabelais, Jacques Cœur, la Science, l’Industrie, statues en pierre, pour le nouveau Louvre (1857) ; Geoffroy Saint-Hilaire, statue 'en marbre, pour Étampes (1859) ; la Justice, statue
en bronze, pour la fontaine Saint-Michel ;
le Maréchal Jourdan, statue en bronze, pour
la ville de Limoges (1861) ; le Drame, statua
en pierre, pour le théâtre du Châtelet (1863),
la Loi, statue en pierre, pour le tribunal do
commerce ; le Fronton de l’École des mines ;
trois figures en pierre pour la façade de l’église
Saint-Germain-lez-Corbeil (1864) ; deux
Cariatides en pierre, pour la façade latérale