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REST – REST


sans cesse a deux ou trois choses à la fois, Il ne regarde pas toujours le présent ou l’avenir dans le passé ; il étudie ce passé avec scrupule, avec étendue et impartialité, et il nous permet de faire avec lui, ou même sans lui, toutes sortes de réflexions sur le même sujet. » Rien ne vient infirmer ce jugement dans le cours de ce long et savant ouvrage qui, après un premier chapitre consacré à esquisser à grands traits l’histoire de la France jusqu’à l’invasion de notre territoire en 1814, raconte, avec le plus grand ordre et les plus minutieux détails, cette même histoire à partir de la campagne de France, en 1814, jusqu’à l’embarquement de Charles X à Cherbourg en 1830. Dans une judicieuse préface, M, de Viel-Castel explique que, dans un pareil sujet, l’exposé complet des faits est la première condition de l’impartialité. En effet, si les résumés, si les narrations concises peuvent convenir à l’histoire d’une époque déjà éloignée, sur laquelle le temps a déjà amené des appréciations jusqu’à un certain point définitives, c’est tout autrement qu’il faut raconter les événements contemporains ou presque contemporains, que les partis considèrent encore sous des aspects si divers. Le lecteur, qui cherche, non pas une satisfaction à ses passions et à ses préjugés, mais une instruction solide et sérieuse, a droit d’exiger qu’au lieu d’un résumé, qui est toujours en réalité un jugement porté par l’historien, on lui présente toutes les informations nécessaires pour le mettre en état de se former lui-même une opinion. Toutefois, cette préoccupation de l’historien l’a entraîné à dépasser la mesure. Il lui arrive souvent, à force de vouloir être complet, de ne pas savoir élaguer les faits qui ne méritent pas d’être historiques. En décrivant, par exemple, avec beaucoup de soin les discussions parlementaires, M. de Viel-Castel ne nous fait pas grâce du moindre projet d’amendement. On comprend que, avec ce système, il n’ait conduit son histoire que jusqu’en 1826, dans son quinzième volume, le dernier paru au moment où nous écrivons cet article (1875). Il résulte de ce système que la narration est surchargée et ralentie dans sa marche et que certaines parties auraient beaucoup gagné à recevoir moins de développement. Dans l’histoire de M. de Viel-Castel, « il y a, dit M. Bérard-Varagnac, une grande abondance d’analyses et de citations, beaucoup de détails, des faits et encore des faits, mais peu d’appréciations, peu de ces réflexions où perce le sentiment du l’historien, de ces vues d’ensemble qui éclairent au loin la route. En tout, on sent une extrême circonspection, une application constante à être modéré, équitable, à ne point précipiter des jugements, à n’être dur ni blessant pour personne, en un mot à garder la plus juste mesure. Mais cette attentive surveillance de sa pensée, cette réserve parfois un peu timide ne devaient-elles pas en plus d’un point nuire au style ? Non, certes, que le style de M. de Viel-Castel ne soit parfaitement pur et lucide ; mais peut-être y voudrait-on plus de vigueur et de relief, une allure plus vive, une façon de dire les choses plus nette, plus incisive, je ne sais quoi de plus personnel ; au lieu que, ces longs et substantiels chapitres, nulle chaleur, nul souffle ne les anime. Mais aussi rien de risqué ni d’outré, pas l’ombre d’un paradoxe, jamais de rhétorique. » Ajoutons que si, malgré ses attaches monarchiques, l’historien ne montre nulle tendresse pour le gouvernement absolu, il est porté, par la nature même des idées vers lesquelles il penche, à ne pas juger avec assez de clairvoyance et de justice les hommes et les choses qui tiennent à la Révolution.

Une question importante traitée par M. de Viel-Castel, et qui domine tout son ouvrage, est celle de savoir s’il est vrai que la Restauration n’était pas née viable et qu’elle portait en elle-même le principe de la catastrophe qui la renversa après seize années de durée : « Ce qui est étrange, dit-il, c’est que ce langage (le langage de ceux qui répondent à cette question dans un sens défavorable à la Restauration) est tenu également par ses amis les plus ardents et pur ses plus violents adversaires. On dirait que les uns veulent s’excuser de l’avoir perdue par la direction qu’ils lui ont imprimée dans les derniers temps de son existence, et les autres de lui avoir fait une guerre acharnée et mortelle, qui ne trouve sa justification que dans l’impossibilité avérée de la redresser et de la mener à bien. » Ces deux points de vue semblent également faux à M. de Viel-Castel ; il croit que, comme tous les gouvernements rétablis après une révolution, celui de la Restauration avait en réalité de grandes difficultés à vaincre pour se consolider et s’affermir, mais que l’adoption franche et sincère du système dont la charte était le symbole et le programme était le seul moyen d’y parvenir. Il croit aussi que, malgré bien des fautes et des faiblesses, le gouvernement de Louis XVIII avait triomphe de ces difficultés dans ce qu’elles avaient de plus grave ; qu’à la mort de ce prince, ou, plus exactement, à l’époque où il cessa de diriger l’action du pouvoir, la Restauration, quoiqu’elle eût sans doute encore bien des obstacles à vaincre, était en pleine voie d’affermissement et que Charles X aurait conservé la couronne et l’aurait transmise à sa postérité en persistant dans la même politique. Pendant plusieurs années, l’Académie française a décerné à l’ouvrage de M. de Viel-Castel le grand prix Bordin.

Restauration (ordre de la), nom donné au mois de juin 1814, par l’archevêque de Pradt, devenu grand chancelier de la Légion d’honneur, à un ordre de chevalerie dont il proposa la création. « Cet ordre, dit M. Thiers, qui serait en peu de jours devenu aussi ridicule que celui du Lis, déjà conféré à plus de cinq cent mille individus-, fut tout d’une voix repoussé par le conseil royal. »

RESTAURÉ, ÉE (rè-sto-ré) part, passé du v. Restaurer. Rétabli, remis en bon état : Monument restauré. Statue restaurée. Tableaux RESTAURÉS.

— Par anal. Relevé : L’ire des grandes ingratitudes date du premier trône restauré. (J. Sandeau.)

— Qui est rétabli, remis en vigueur, après avoir pris de la nourriture : Le père et la mère retournent le soir à la vitle, bien RES-TAURÉS et chargés de vivres pour le reste de la semaine. (B. de St-P.)

— Pop. et iron. Le voilà bien restauré, Se dit d’un homme qui n’obtient qu’une faible récompense en dédommagement d’un grand sacrifice, d’une grande perte.

RESTAURER v. a. ou tr. (rè-sto-ré — du latin restaurare, proprement rétablir, remettre, reluire ; de re, préfixe, et de stattrare, établir, qui se rapporte sans doute à la racine sanscrite star, établir, étendre, d’où aussi le latin sternere, étendre, et struere, bâtir, construire. À la même racine appartiennent le grec storeô, strànnumi, étendre, l’anglosaxon slreowian, gothique straujan, étendre ; ancien slave slrieti, po-stlati, po-siilati, étendre, stroiti, administrer, u-stroiti, préparer, russe siroiti, bâtir, construire, arranger). Réparer, rétablir ; remettre en bon état, en vigueur : Restaurer ses forces, sa santé. Ce remède est bon pour restaurer l’estomac. Ce bouillon m’ bien restauré. (Acad.) Cette plante croit dans les lieux secs et arides. Lorsqu’on coupe sa tige, longue de trois mètres, il en découle une eau abondante et claire gui restaure ceux qui la boivent. (A. Martin.)

— Fig. Rendre une nouvelle force, une nouvelle vigueur, un nouvel éclat à : Restaurer les lois, la discipline, le commerce. Il restaurait la confiance, ce capital illimité des nations. (Lamart.) Le pape restaurera la monarchie où il organisera la démocratie. (L. Veuillot.) Pour rkstaurer la religion, il faut condamner l’Église. (Proudh.) Laissez dos hommes forts restaurer notre France.

BAR.TaèLEtnr,

— Politiq. Rendre le trône à un prince, à une dynastie dépossédée : La trahison de Monk restaura Charles II et les combats d’ours. (Vacquérie.)

— B.-arts. Réparer, rétablir, en parlant des ouvrages de sculpture, d’architecture, de peinture : Restaurer une statue, un buste, un bas-relief. Celle figure était muliiée, on Va bien restaurée. Cet architecte a bien restauré celte colonne, cette colonnade, ce mausolée. Ce peiiilre a restauré ce Dieux tableau. (Acad.) Il venait de faire restaurer et meubler à neuf cet élégant pavillon. (Scribe.) Quand on ne sait plus bâtir d’églises, on restaure et l’on imite les anciennes. (Renan.)

— Littér. Reconstituer les parties détruites des écrits d’un auteur : Cujas annota VIpien et Paul, se mit à commenter Afranius et restaura Papinien. (Lermiuier.)

Se restaurer v. pr. Rétablir ses forces en prenant de la nourriture : Ma très-chère, prenez des forces, mangez, dormez, restaurez-vous. (Mme de Sév.) L’appétit, la faim et la soif nous avertissent que le corps a besoin de se restaurer. (Br.-Sav.) Si l’ami se restaure l’estomac chez l’aubergiste du coin et le pourpoint chez le fripier, il sait dégainer au besoin pour son ami. (Th. Gaut.) L’intendant de la maison, qui est très-bon pour moi, m’a dit d’entrer dans un petit office, où nous trouverons de quoi nous restaurer. (G. Sand.)

— B.-arts. Être restauré : Ce tableau est trop vieux pour se restaurer.

— Syn. Restaurer, réparer, rétablir. V. réparer.

RESTAUT (Pierre), grammairien français, né à Beauvais en 1696, mort à Paris en 1764. C’était un esprit sagace, studieux, logique, un homme d’un caractère honorable et qui sut se concilier l’estime générale. Restaut abandonna la carrière de l’enseignement pour étudier le droit. Pourvu de la charge d’avocat au conseil du roi en 1740, d’Aguesseau l’en félicita de la manière la plus honorable, en lui exprimant le désir de trouver souvent de pareils sujets pour cette compagnie. Sans négliger les soins de sa profession, Restaut trouvait le temps de cultiver les lettres, les sciences et les arts. C’était là. son délassement et son bonheur. Il a publié, sous le titre de Principes généraux et raisonnes de la grammaire française (1739, in-12), le premier ouvrage vraiment élémentaire qui ait été fait pour l’étude de notre langue. Il en fit paraître lui-même un Abrégé en 1732. Ces deux livres, composés d’après les vœux du célèbre Rollin, adoptés par l’Université et pour l’éducation des enfants de France, eurent un succès qui se soutint pendant un siècle. On les réimprimait encore en Belgique et dans nos provinces sous l’Empire et la Restauration ; la dernière édition des Principes généraux est de Lyon (1817) ; celle de l’Abrégé est d’Alais (1824). Ils sont tout à fait abandonnés aujourd’hui. Restaut avait adopté la méthode par demandes et par réponses, la forme des déclinaisons latines et mêlé la syntaxe à la partie élémentaire. Il publia en outre : Vraie méthode pour enseigner à lire (1759) et une nouvelle édition du Traité de l’orthographe françoise en forme de dictionnaire (1752, in-8°), livre connu sous le nom de Dictionnaire de Poitiers, dû. À Ch. Leroy, prote dans une imprimerie de cette ville, et dont la première édition avait paru en 1739. On doit encore à Restaut, janséniste zélé, une traduction du latin d’une satire violente d’Inchoffer contre les jésuites, la Monarchie des Solipses (1754, in-12).


RESTE s. m. (rè-ste.^V. rester). Ce qui demeure d’un tout détruit ou dissipé : Voilà le RESTE de son argent, de son bien, de sa fortune, de ses livres. Payez-moi une partie de la dette, je vous donnerai du temps pour le reste, || Ce qu’il y a en outre : Il faut souvent ne dire au Français que la moitié des choses et lui laisser le plaisir de surprendre le reste. (Cormenin.)

... Mon lopin me suffit ;

Faites votre profit du reste.

L* Fontaine. , ,. Aimer le vin,

La beauté, le printemps divin,

Cela suffit ; le reste est vain.

Tn. dé Banville.

— Trace, ressouvenir, impression affaiblie : Quand on a le cœur agité par les restes d’une passion, on est plus près d’en prendre une nouvelle que lorsqu’on est guéri. (La Rochef.) On a vu des avares ne conserver dans la défaillance totale des facultés de leur âme un reste de sensibilité et de signe de vie que pour leur indigne passion. (Mass.)

Aucun reste d’espoir ne peut flatter ma peine.

Racine. Pardonnez a l’éclat d’une illustre fortune Ce reste de fierté qui craint d’être importune.

Racine. ... Ma muse aujourd’hui, sortant d« sa langueur, Pourra trouver encore un reste de vigueur.

Boileau.

— Personne qui subsiste parmi d’autres qui ont péri :

Du fidèle David oest le précieux reste.

Racine. Reste impur des brigands dont j’ai purgé la terre.

Racine. N’ai-je pas pour toi, belle juive. Assez dépeuplé mon sérail ? Souffre qu’enfin le reste vive.

V. Huao.

— Ce qu’il y a en outre, autres choses, autres personnes : Ne pas ressembler au reste des hommes. La justice est inamovible, immodifiable, éternelle ; tout le reste est transitoire. (Proudh.)

Aimer est quelque chose et le reste n’est rien. A. db Musset. Aimons-nous et dormons Sans songer au reste du monde.

Te. de Banville. D’adorateurs zélés a peine un petit nombre Ose des premiers temps nous retracer quelque ombre. Le reste pour son Dieu montre un oubli fatal.

Racine.

U Temps qui doit encore s’écouler : Quand il a travaille le matin, il emploie le reste de la journée à se divertir. (Acad.) On se marié pour trouver des piaisirsl Réalité d’un jour, déception du reSTB de la vie ! (Latena.)

— Ce qu’on a abandonné ou refusé : Il n’a eu que mon reste, que mes restes.

Et s’il l’aima jadis, il méprise aujourd’hui Les restes d’un rival trop indignes de lui.

Corneille.

— Mets entamés, mais non entièrement consommés dans un repas : Déjeuner avec des restes. Accommoder des restes.

— Ce qui est encore à faire ou à dire : J’ai fait ce matin une grande partie de ma tâche ; ce soir, je ferai le reste. Voilà tout ce que j’ai reteuu de son discours ; j’ai oublié le reste. (Acad.)

Votre vertu, seigneur, achèvera le reste.

Racine.

Reste de, Ce qui est échappé à : Un reste de potence, de bagne, il Ce qui a été avili, souillé par : Cette femme est un reste de soldats.

Et le reste, Mots qu’on ajoute après une énumération, quand on veut indiquer qu’on la laissé incomplète : Je ne manque point de livres qui m’auraient fourni tout ce qu’on peut dire de savant sur la tragédie et ta comédie, l’étymologie de toutes deux, leur origine, leur définition et le reste. (Mol.)

— Voici le reste de notre écu, de nos écus, Se dit quand on voit entrer une personne qui vient mettre le comble à une situation fâcheuse.

Être en reste, Être redevable d’une partie d’une plus forte somme : Il est encore en reste de tant. (Acad.) Il n’est pas impossible que te comptable soit en reste. (Le Sage.) Il Rester intérieur, être encore débiteur : Je suis encore en reste avec vous des bons offices que vous m’avez rendus. C’est un homme prompt à la riposte et qui «’est jamais an reste. Il ne voulut pas demeurer en reste de générosité. (Kaki ?)

Jouer de son reste, Hasarder tout ce qu’on a encore, faire ses derniers efforts, employer Bes dernières ressources :

... Le jeu, fort décevant, Pousse une femme souvent A jouer de tout son reste.

MouÈH.

Il Jouer ou jouir de son reste, Jouir des derniers moments d’une situation qu’on va perdre :

Non, monsieur, tout le monde à présent vous déteste ; Vous’niiez aujourd’hui jouer de votre reste.

C. Doucet.

11 Ne pas s’embarrasser du reste, Ne pas se préoccuper d’autre chose : Apportez-moi votre traite et NE VOUS EMBARRASSEZ PAS DU

restb. (Le Sage.)

Donner son reste -à quelqu’un, Le corriger, le battre : Il ne fera plus le tapageur, je lui At Dorwé sos reste. (Acad.) Il Mater par des paroles vives : Après plusieurs plaisanteries de part et d’autre, je lui ai donné sos reste. (Acad.) Vous avez beau raisonner, monsieur est frais émoulu du collège et il vous

DONNERA TOUJOURS VOTRE RESTE. (Mol.) Il Ne

pas demander son reste, Se retirer promptement et sans rien dire : Je vais prendre congé sans demander mon reste.

Etiense. il Se dit par comparaison avec une personne qui serait si pressée de partir qu’elle no demanderait pas, après avoir payé, la monnaie de sa pièce.

Le porteur vous dira le reste, Plaisanterie qu’on ajoute à la fin d’une lettre qu’on a faite trop longue.

—■ Jeux. Faire son reste, Mettre au jeu tout l’argent qu’on a encore devant soi. Il Donner son reste à quelqu’un, Lui pousser la balle, le votant, de telle sorte qu’il ne puisse le renvoyer ; Je lui ai donné son reste.

— Mar, Lieu de reste, Lieu de la dernière décharge des marchandises, lorsque le voyage est fini.

— Arithm. Résultat d’une soustraction : 18 soustrait de 54 donne pour reste 36. Il Partie du dividende qui subsiste lorsque, la division ayant été poussée jusqu’au degré d’approximation voulu, on’a arrêté l’opération : 29 divisé par 7 donne pour quotient 4 et pour reste 1.

— Loc. adv. De reste, Qui reste, qui est en plus ; plus qu’il n’est nécessaire  ; Il a de l’argent de reste pour fournir à cette dépense. Il a du crédit de reste. Je vous entends db reste. Pour venir à bout de cette affaire, il a du courage, de l’esprit de restb.

Sais-tu qu’il faut avoir bien de l’esprit de reste Pour vouloir en fourrer partout comme tu fais ?

Andribux. A vingt ans, mon mari me laissa mère et veuve. Vous vous doutez assez qu’après ce prompt trépas, Et faite comme on est, ayant quelques appas, On aurait pu trouver û convoler de reste.

Reonab».

tl On dit aussi familièrement que de reste : Avez-vous encore de la besogne ?Que de reste. (Acad.)

Au reste, Du reste, Au surplus, d’ailleurs : Cet homme a quelque chose d’extraordinaire dans sa mise et dans son maintien ; du reste, il est aimable. (Bouhours.)

Du reste, il n’a rien fait que par votre conseil.

Racine.

— s. m. pi. Restes mortels ou simplem. Restes, Cadavre, ossements humains : Î’okï meurt dans l’homme, jusqu’à ces termes funèbres par lesquels on exprimait ses malheureux restes. (Boss.)

— Gramm. Le reste ou ce reste, suivi de la préposition de exprimée ou sous-entendue, devient un substantif collectif, et c’est ordinairement avec lui que les variables suivants s’accordent, d’où il résulte qu’ils se mettent au masculin singulier : Le reste de ces fruits se gâtera si vous n’y prêtiez garde. Voici pourtant une phrase où ces variables se-mettent au pluriel, parce que cerestede est pris dans le sens de ces.... subsistant encore : Ce reste d’orageux conventionnels, qui portaient encore la république au fond de leurs souvenirs, cédaient en grondant à l’attraction de l’empereur. (Cormen.)

— Syn. Beale, reliant. V. RESTANT.

— Ou reiie, Au reste. Ces locutions sont synonymes dans leur emploi habituel, où leur sons étymologique est tout à fait oublié ; mais quand on veut leur faire signifier positivement pour ce qui est du reste, quant au reste, il faut dire du reste et non pas au reste ; ainsi, on dira à volonté : Je n’ai pas de conseil à vous donner ; au resté ou du reste vous ne m’en demandez pas ; mais on dira : Il est léger, fantasque, inconstant, ou reste bon enfant.

— Allus. littér. Le reste ne vaut pas l’honneur d’être nommé, Vers de Corneille dans Cinna, acte V, scene 1re . Auguste prouve à Cinna qu’il connaît sa conspiration et il lui nomme ses complices :

Tu veux m’assassiner, demain, au Capitole,
Pendant le sacrifice, et ta main pour signal
Me doit, au lieu d’encens, donner le coup fatal ;
La moitié de tes gens doit occuper la porte,

xiii.
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