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bien leur mérite ; plus tara, on a exploré l’Auvergne, le Dauphiné, le Poitou, la Normandie, la Provence, les Pyrénées et l’on sVst aperçu que nous possédions la nature la plus accidentée, la plus variée, la plus colorée, la plus pittoresque en un mot. Pour ne parler ici Que des Pyrénées, où trouver de plus magnifiques horizons, des vallées plus verdoyantes, des gorges plus sauvages, des ruisseaux plus limpides, des torrents plus impétueux, une végétation plus luxuriante, une lumière plus pure, des neiges plus éblouissantes et des effets de soleil plus magiques ? Théodore Rousseau a peint une Vue des Pyrénées, et cette toile est un des chefs-d’œuvre de l’art contemporain. C’est sur l’admirable plateau des Landes, qui se découvre de la route de Bordeaux à Bayonne, que le grand artiste nous transporte. Le pic du Midi de Pau domine dans le lointain la chaîne des montagnes bleuâtres qui ferment l’horizon. Le ciel est. chargé des vapeurs des premiers jours d’avril. La plaine, détrempée par les eaux provenant de la fonte des neiges, commence a se couvrir d’herbes. Des vaches sont éparses au milieu de cet immense marécage, y pataugent et y pâturent tout à leur aise. Pour trouver un contraste à cette grasse et fertile campagne, il suffit de faire quelques lieues et de pénétrer au milieu des montagnes qui se dressent à l’horizon. Rosa Bonheur a peint un Passage de muletiers à travers un défilé des Pyrénées ; ses animaux sont excellents, comme toujours, et elle n’a pas moins bien rendu la majesté immobile et sombre des grandes roches granitiques.

Nous n’entreprendrons pas de décrire les nombreuses vues de sites pyrénéens qui ont été exposées depuis quarante ans aux Salons ; il nous suffira de citer : une Vue du pie du Midi de Pau et de la forêt de Gabar et la Vue du pic de Parbezou, par Th. Richard (Salon de 1835). ; la Vue générale de la vallée de Bagnères^le-Luchon, le Cirque de Gavarnie, par P. d’Andiran (Salon de 1835) ; la Vue de la cascade des Demoiselles, à Lnchon, par de Bez (Salon de 1835) ; asVallée d’Ossau, par Emile Lambinet (Salon de 1843) ; une Vue prise aux environs de Luz-en-Baréles, par Alexis de Fontenay (Salon de 1844) ; a Vue du château et d’une partie de ta ville de Pau, par Justin Ouvrié (Salon de 1844) ; un Site des Pyrénées, par E. Sabatier (Salon de 1S44) ; la Vue du pont d’Enfer, aux EauxChaudes, par d’Andiran (Salon de 1844) ; un Souvenir des Pyrénées, par Ch. Hoguet (Salon de 184G) ; diverses Eludes prises dans les Pyrénées, par C. Roqueplan (Salon de 1850) ; un Souvenir des Pyrénées, par Ch. Tillot (Exposition universelle de 1855) ; le Pic du Midi d’Ossau, par Hugard de Latour (Salon de 1857) ; les Environs de Saint-Sauveur, par Léop, Chibourg (Salon de 1861) ; la Rencontre de deux troupeaux dans les Pyrénées, par Auguste Bonheur (Salon de 1861) ; une Vue prise aux Pyrénées, le soir, par Joseph Szermentowski (Salon de 1867) ; un Ravin dans les Pyrénées, par Chevandier de Valdrôme (Exposition universelle de 1867) ; un Ravin à Olelte et le Petit gave à Olette, par Léonce Chabry (Salon de 1874). Vers 1830, sous le titre : les Eaux des Pyrénées, il a paru une série de lithographies par Monthelier et Tirpenne, avec des figures par Adam. D’autres vues lithographiées-ont été exposées au Salon de 183* par Mlle Sarrazin de Behnont. Isidore Deroy a lithographie une Vue générale de Pau (Salon de 1848). On a une eauforte de Paul Huet représentant un Pont des Pyrénées (Exposition universelle de 1855). Parmi les dessins de Gustave Doré qui ont été gravés sur bois pour le Voyage aux Pyrénées de Taine, nous citerons : la Vallée d’Ossau, la Vue de Pau, le Gave, la Cascade du Valentin, les Pies, la Moule des EauxChaudes, les Environs des Eaux-Chaudes, la Gorge de Pierrefitte, la Chapelle de Lestetle, les Ruines d’un château à Luz, la Vallée de JLuz, le Gave au soleit couchant, Cauterets, le Lac de Gaube, la Cascade de Cerisey, le Pont de l’Artigue, le Village de Gèdres, le Sentier du Chaos, le Cirque de Gavarnie, le Mont Perdu, Environs de Luchon, la Vallée deLuchon, Ruines de Castelvieil, la Maladetta. Les moeurs, les types et les costumes des habitants des Pyrénées ont été étudiés par plusieurs artistes. M. Edmond Hédouhi a peint des Ossaloises à la porte d’un moulin (Salon de 1843), une Halte dans les BassesPyrénées (Salon de 1846), les Chants ossalois (Salon de 1845) ; M. Alphonse Roehn, deux Jeunes filles des Pyrénées jouant avec un chevreau (Salon de 1844) ; M. Joseph Beaume, les Bergers des Pyrénées (Salon de 1845) ; M. Th. Gide, une Messe dans une église des ■ Pyrénées (Exposition universelle de 1855) ; M. Charles Landelle, les Vanneuses à Béost, la Messe à Béost (Salon de 1857) et un Chemin de la croix dans la chapelle de la Vierge, a Béost (Salon de 1861) ; M. Emile Loubon, les Cascarottes attendant le poisson à SaintJean-de-Luz et les Cascarottes portant le poisson à Bayonne (Salon de 1861) ; M. Guiilemin, les Vanneuses d’Ossau (Salon de 1861), etc.

PYRÉNÉES (DÉPARTEMENT DES BISSES-),

division administrative de la région S.-O. de la France, tirant son nom de la chaîne occidentale des Pyrénées, qui vers le S. sépare la France de l’Espagne. Ce département, formé de l’ancien Béarn, des pays basques de Soûle, basse Navarre, Labour, et d’une

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partie de la Chalosse, est baigné à l’O. par le golfe de Gascogne, confine au S. À l’Espagne, à l’E. au département des Hautes-Pyrénées et au N. À celui des Landes et à une partie de celui du Gers. Sa côte s’étend de l’embouchure de l’Adour au N. À celle de la Bidassoa au S., sur une longueur de 35 kilom. Superficie, 762,266 hectares, dont 155,717 de terres labourables, 70,893 de prairies naturelles, 25,002 de vignes, ’ 13,873 d’autres cultures arborescentes, 307,511 en pâturages, landes et bruyères et 189,270 en bois, forêts, étangs, chemins, etc. Il comprend 5 arrondissements : Pau, chef-lieu ; Oloron, Orthez, Bayonne, Mauléon ; 40 cantons, 558 communés et 420,700 hab. Il forme le diocèse de" Bayonne, suffragant d’Auch ; la UO subdivision de la 13e division militaire ; il ressortit à la cour d’appel de Pau, à l’académie de Bordeaux, au 22* arrondissement forestier.

Le territoire du déparlement des Basses-Pyrénées est des plus variés et des plus

agréables. « Bordé d’un côté, dit Giraud de Saint-Fargeau, par les montagnes des Pyrénées, chargées de neige une partie de l’année et couvertes d’antiques forêts ; baigné de l’autre par l’Océan, il se trouve coupé dans sa partie méridionale par différents ordres de collines qui se prolongent plus ou moins sous différents angles. Aux parages maritimes il réunit des montagnes boisées, des coteaux couverts de vignes qui produisent d’excellents vins, de riches et populeuses vallées abondantes en pâturages et des plaines fertiles arrosées par les gaves. Par un contraste frappant, il renferme aussi des landes incultes et sauvages. Une bizarrerie non moins choquante a fait cultiver les coteaux tandis que des plaines très-étendues, et qu’on pourrait rendre fertiles, sont incultes. Les collines qui avoisinent les montagnes sont pour la plupart composées de bancs de pierres calcaires ; la partie la plus rapprochée de la mer ne présente en général que des sables et du gravier ; les plaines et les vallées sont principalement couvertes de terres argileuses et marneuses. » La partie méridionale de ce département est couverte par les ramifications septentrionales des Pyrénées, qui y forment de belles et fertiles vallées dont Ta plus riche et la plus renommée est celle d’Ossau, qui n’a pas moins de 16 kilomètres de développement ; elle commence au pied du pic d’Ossau (2,885 mètres) et va se perdre dans la belle plaine d’Oloron. Les autres points culminants des Pyrénées situés dans ce département sont : le pic de Saoubisie (2,209 mètres) ; le pic du Ger (2,609 mètres) ; le pic de Sesques (2,487 mètres) ; le pic d’Isabe (2,475 mètres) et le pic d’Aspe (2,500 mètres). De ces montagnes élevées et de leurs nombreux contre-forts descendent de nombreuses rivières qui arrosent le département ; les plus importantes sont : l’Adour, la Nive, la Bidassoa, l’Ardanabia, l’Arau et le Seny ; le gave de Pau, qui reçoit, avant de se réunir à l’Adour, le gave d’Oloron ; le gave de Mauléon, le Saléis, l’Ousse, le Lutz, le Néez, etc. On y trouve plusieurs lacs, parmi lesquels nous mentionnerons ceux d’Artouste, de Peyreget, d’Ayous et de Berspu. Les sources minérales y abondent ; les plus connues sont : celles des Eaux-Bonnes, des Eaux - Chaudes, de Combe, de Salies, d’Accous, de Garris, d’Escot, de Barinque, de Sarrance, de Monein et de Villefranque. Parmi les productions minérales, nous citerons de nombreuses mines de fer, de cuivre, de zinc argentifère, de lignite, d anthracite, de houille, de tourbe, de sel gemme, d’ardoise ; des carrières de granit, de grès bigarré, d’albâtre et de pierre à bâtir. Les communes d’Espelette, d’Itassou, de Louhossoa, de Macaye, d’Hasparren et de Helette possèdent des gisements très-importants d’un kaolin de qualité supérieure, qui alimentent plusieurs manufactures de porcelaine de France et de l’étranger. Des roches feldspathiques, exploitées primitivement comme

matière à porcelaine, ont été dans ces derniers temps transformées en engrais minéral, spécialement chargé de fournir aux plantes l’élément potassique qui joue un si grand rôle dans leur végétation. Cette découverte est due à un ingénieur, M. Jules Gindre. Son procédé consiste simplement à traiter les roches do feldspath par la chaux. Comme cette dernière substance est très-commune, le nouvel engrais peut être livré à très-bas prix. On t’ait du reste un très-grand usage do la chaux comme amendement. La pierre à chaux existe partout, et dans beaucoup de localités les cultivateurs fabriquent eux-mêmes celle dont ils ont besoin.

Situé entre 42° et 44» de latit. N., ce département devrait être un des plus chauds

de France ; mais plusieurs causes concourent k’en modifiur la température et à la rapprocher de celle des départements du centre. Le climat y est donc doux et tempéré, surtout à Pau, quoique les pluies y soient assez fréquentes. Ce climat est recherché par les malades en hiver, où les mois de décembre, janvier et février sont ordinairement fort beaux et doux ; mais le printemps est souvent pluvieux, l’été sujet aux orages ; c’est l’automne qui est la saison la plus agréable dans ce département. La température moyenne de Pau est de 120,5 et celle de Bayonne de 130,5. Le nombre de jours de pluia est en moyenne de 95.

Le sol est généralement fertile. Les allu PYKE

vions modernes qui forment le sol des vallées sont d’une fécondité exceptionnelle. Dans la région des coteaux, le terrain diluvien tient une placé importante ; c’est lui qui a formé les terres argilo-siliceuses connues sous le nom de boulbènes. Ce diluvimn présente un phénomène remarquable. Sur la.rive droite des vallées creusées dans la direction du sud au nord, il est invariablement formé par des dépôts calcaires, tandis que sur la rive gauche il constitue des boulbènes. Autre singularité : sur la rive droite, les pentes sont toujours très-rapides, souvent abruptes ; sur la rive gauche, les pentes sont très-adoucies, bien que les terres aient une moindre cohésion. La production-annuelle des céréales s’élève en moyenne à 530,000 hectolitres de froment, 600,000 de maïs, 30,000 d’avoine, 20,000 d’orge, 12,000 de méteil. Ces diverses cultures occupent de 128^000 à 129,000 hectares. La production du froment est insufiisanté ; cette céréale domine dans les arrondissements de Pau et d’Orthez. Son centre

de production se trouve dons les cantons de Garlin, deThèze et d’Arzacq, dont les cultures sont très-bien exécutées. La récolte du maïs excède au contraire les besoins de la consommation. Cette plante occupe presque exclusivement le sol dans les arrondissements de Mauléon, Bayonne et Oloron. Les habitants en font leur nourriture habituelle, tantôt sous forme de bouillie ou broyé, tantôt sous celle de pain ou mesture. L’avoine suffit aux besoins de la consommation, mais il n’en est pas exporté. La production de l’orge est inférieure de près de moitié à la consommation. La vigne a eu beaucoup à souffrir de l’oïdium ; aussi beaucoup de propriétaires ontils renoncé à la cultiver. Les vins de ce département sont estimés ; ils sont agréables au goût et cependant d’une grande énergie alcoolique. Dans certains vignobles, on fait avec des’ raisins récoltés longtemps après leur maturité des vins blancs secs et capiteux, qui ressemblent, au bout de quelques années, aux vins secs de Xérès. « Le vin blanc de Jurançon, dit M. V. Rendu dans son Ampélographie française, est préférable au vin rouge ; il est surtout plus alcoolique ; c’est un vin généreux, corsé et surtout très-bouqueté, digne en un mot du Béarnais, mais violent et capiteux. » Les prairies, malgré leur étendue assez considérable, seraient insuffisantes pour nourrir tout le bétail ; mais l’extension donnée à la culture des plantes fourragères, telles que trèfle incarnat et de Hollande, supplée avantageusement au manque des foins. Dans le pays basque, on cultive avec succès le turneps, le fenugrec et la luzerne. En dehors de la région des montagnes, impropre à toute culture et qui peut seulement être utilisée en pâturages, on trouve de grandes étendues de terres incultes occupées seulement par l’ajonc épineux et la fougère. Ces plantes sont employées comme litière et entrent ainsi pour une large part dans la confection des engrais. L’hiver, les troupeaux trouvent leur subsistance dans les landes. Un grand nombre de communes en possèdent de très-étendues, qui vendues en détail-aux particuliers ne tarderaient pas à fournir de bonnes terres labourables ou des prairies. L’administration a toujours favorisé ces aliénations des biens communaux ; mais elle a trouvé un obstacle presque insurmontable dans les habitudes des populations. La plus grande partie des landes est donc restée à l’état de nature, c’est-à-dire improductive ou à peu près, au grand détriment de la richesse publique. A quoi tient ce résultat chez une population qui d’ailleurs entend fort bien ses intérêts î Evidemment il n’est personne, même parmi les habitants des campagnes, qui n’ait été frappé de cette idée qu’il eût mieux valu livrer à la culture les terres dont nous venons de parler que de les laisser dans l’état où elles sont. Il y a donc eu un autre motif qui militait à leurs yeux en faveur du maintien de l’état actuel des landes : ce motif existe en effet, et c ost l’intérêt qui le produit. Actuellement, les terrains appartenant aux communes offrent aux habitants, quels qu’ils soient, et sans bourse délier, des ressources qui eussent été perdues par la vente de ces terrains. Si donc on voulait obtenir l’assentiment des populations, il fallait leur offrir des compensations, d’abord par la vente à bon marché et des facilités de payement, puis par une diminution des impôts directs ou indirects. Nul doute que, par ces moyens, on n’eût atteint promptement le résultat désiré ; D’anciens souvenirs de l’époque féodale se rattachent k ces landes ; c’est là en effet que se tenaient les assemblées locales pour le règlement des intérêts publies.

L’espèce bovine compte dans les Basses-Pyrénées environ 177,000 animaux de tout

sexe et de tout âge, qui tous présentent un ensemble de caractères communs. Certains types plus fortement accusés ont été érigés en races ou sous-races, mais à tort, car les particularités qui ont donné lieu à ces subdivisions n’ont pas l’importance qu’on est convenu d’exiger lorsqu’il s’agit de proposer une nouvelle coupe dans l’histoire déjà si compliquée des animaux domestiques. Nous dirons donc, avec les hommes les plus versés dans la zootechnie, que le bétail dos Basses-Pyrénées forme une race unique, la raca

béarnaise, avec de simples variétés déterminées par la culture. Sou aptitude princi PYRÉ

pale est le travail, bien que dans la vallée de Lourdes les facultés laitières soient très-développées. Les principaux caractères de

la race du Béarn sont : poil jaune ou rouge pâle, unicolore ou seulement d’une nuance plus claire autour des yeux et à la face interne des membres ; cornes fortes, très-longues et presque toujours très-relevées ; corps allongé reposant sur des membres bien d’aplomb, tout à la fois solides et fins. En résumé, la population bovine de ce département est une des mieux douées de l’ouest et du midi de la France. La sélection et les progrès de l’agriculture l’amèneront un jour ou l’autre à un état de perfection qui ne laissera rien à désirer, La population chevaline appartient exclusivement à la race nuvarrine. Cette race, que l’on fait remonter à la souche arabe, qui aurait été importée en deçà des Pyrénées par les Sarrasins d’Espagne, est assez estimée. Jadis, les princes de Bèaru s’attachèrent à la perfectionner. Chaque année ils faisaient acheter trois étalons de l’Andalousie. Dès le XIe siècle, ils avaient établi des courses de chevaux dans la ville de Morlaas, leur capitale. Aujourd’hui, un dépôt d’étalons est établi au château de Gelos, près de Pau. L’espèce ovine est représentée par une race commune très-rustique, de grande taille, produisant une viande de bonne qualité et une laine grossière assez abondante. Quelques grands propriétaires ont tenté de l’améliorer pandes croisements avec la race southdown. Cesessaisontréussi, mais sont encore trop récents et trop restreints pour que leur influence soit bien marquée sur la masse. Les pores appartiennent à la variété noire et blanche du Sud-Ouest. Les soins dont ces animaux sont l’objet, joints à la qualité de la nourriture, dans laquelle le maïs entre pour une forte proportion, leur donnent une finesse de viande qui les fait rechercher. Les jambons dits de Bayonne, dont la réputation est universelle, viennent du département des Basses-Pyrénées. Bayonne est le grand marché de

ce comestible. Le jeudi saint de chaque année, il s’y tient une foire importante dont les jambons constituent à eux seuls la meilleure part. Il y a quelque temps, les races anglaises ont été introduites, puis-croisées avec celle du pays. Les métis sortis de ces alliances sont très-recherchés maintenant, comme plus précoces et plus faciles à engraisser.

Le département des Basses-Pyrénées est sillonné par deux voies ferrées : celle de Bordeaux h Bayonne et à Andaye et celle de Bayonne à Toulouse. Les relations sont fréquentes avec l’Espagne, mais elles le seraient bien davantage si la chaîne des Pyrénées était sillonnée de routes plus praticables. Il y a la une lacune regrettable à combler. Les principaux cours d eau navigables sont le Gave et l’Adour avant et après leur jonction. L’étendue de la navigation fluviale compte en tout 115 kilomètres. Les trois ports de Bayonne, Saint-Jean-de-Luz et Socoa bordent le golfe de Gascogne. Celui de Bayonne est le seul qui soit un centre important de commerce. C est de là que sont expédiés les maïs basques- et béarnais, des vins, des produits résineux venant des Landes. Malheureusement, l’entrée de ce port est rendue très-difficile pour les navires d’un fort tonnage par des bancs de sable que la mer y accumule et que l’on n’a pu encore faire disparaître. On a entrepris la construction d’un port à Biarritz, mais on ne peut encore savoir quels services il sera appelé à rendre. Les foires sont très-suivies et très-importantes par le chiffre des affaires qui

s’y traitent.

L’industrie manufacturière du département consiste dans la fabrication des toiles de Béarn, qui sont très-recherchées ; mouchoirs de couleur, linge de table, couvertures de laine, flanelles, droguets, cadis, bérets, tricots, bougies stéariques, produits chimiques ; filature et tissage du coton ; papeteries ; exploitation de salines, mines de fer, hauts

fourneaux et forges. Le commerce du département a principalement pour objet les vins, les eaux-de-vie, le bois, les matières résineuses, les peaux préparées, les laines fines, cuirs, coton filé et teint, planches, chevaux, mulets, bestiaux, jambons dits de Bnyonne, sel blanc recherché, denrées coloniales. Commerce d’entrepôt et transit avec l’Espagne.

Le département des Basses-Pyrénées offre ce phénomène remarquable d’être habité par deux races bien distinctes et qui sont encore parfaitement reconnaissables après un voisinage de plusieurs siècles. Les Béarnais et les Basques ont chacun une langue particulière qui ne diffère pas moins que leur origine. Ces deux races ont même un type physique différent, ce qui complète leur séparation. Et pourtant elles ont vécu côte à côte, jamais rivales, toujours amies, communes dans leurs destinées comme dans leurs lois. Longtemps, sous les princes nationaux, elles jouirent d’une prospérité que les nations voisines leur enviaient sans pouvoir l’atteindre. Attachées à leurs droits, elles savaient les faire respecter par ceux mêmes qui leur commandaient. Leurs lois étaient bien plutôt

celles des antiques républiques grecques que celles d’un État féodal. L’un des articles de leur constitution était caractéristique, dans ce temps où la violence était partout et où la justice n’avait pas toujours un asile dans