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le Perse et fit céder à la France l’Ile de Karek par un traité qui ne fut jamais exécuté. Pyrault mourut de la peste au moment où il se disposait à revenir en Europe.

PYRAUSTE s. f. (pi-rô-ste — du préf. pyr, et du gr. auâ, j’allume). Entom. Genre d’insectes lépidoptères nocturnes.de la tribu des pyralides, comprenant plus de vingt espèces, dont la plupart habitent l’Europe.

PYRÉE s. f. (pi-ré — gr. pureioti ; de pur, feu). Antiq. Lieu où les Perses gardaient le feu sacré.

PYRÉLAÏNE s. f. (pi-ré-la-i-ne — du préf. pyr, et de élaine). Pharm. Huile obtenue au moyen de la distillation en vase clos.

PYREN s. m. {pi-rènn — du gr. purén, noyau). Miner. Pierre précieuse ayant la forme d’un noyau d’olive.

— Chim. Produit de la distillation sèche de la houille.

PYRÉNACANTHE s. m. (pi-ré-na-kan-tedu gr. purén, noyau ; akantha, épine). Bot. Genre d’arbrisseaux, de la famille des antidesmées, comprenant plusieurs espèces qui croissent dans l’Inde.

PYRÉNACB, ÉE adj. (pi-ré-na-sé — du gr. purén, noyau). Bot. Dont le fruit contient des noyaux au milieu d’un péricarpe charnu.

PYRÉNAÏNE s. f. (pi-ré-na-i-ne — de Pyrénées). Chim. Produit mal défini qu’on rencontre dans certaines eaux minérales des Pyrénées.

PYRÉNAIRE s, m. (pi-ré-nè-re — du gr. purén, noyau). Bot. Genre d’arbres, rapporté avec doute à la famille des ternstrœmiacées, et comprenant plusieurs espèces qui croissent à Java.

PYRÉNAÏQUE adj. (pi-ré-na-i-ke — rad. Pyrénées). Qui appartient, qui a rapport aux Pyrénées : La région des oliviers occupe, depuis les bords de ta Méditerranée, les pentes orientales de la chaîne pyrénàFque, les pentes méridionales des Cëvennes et les pentes occidentales dès basses Alpes. (M.-Br.)

PYRÊNASTRE s. m. (pi-ré-na-stre — du gr. purén, noyau ; aster, étoile). Bot. Genre de lichens, comprenant plusieurs espèces trouvées sur les écorces officinales, notamment sur celles de l’Amérique.

PYRÈNE s. m. (pi-rè-ne — du gr. purén, noyau). Bot. Syu. de mcculb.

— Chim. Substance produite par la distillation du bois.

PVRÉNÉ, fille de Bebrycius, roi d’Ibérie, selon les uns, et, selon uutres, de Pyrenée, roi de Thrace. Elle fut séduite par Hercule, mit au monde un serpent et en éprouva un tel effroi, qu’elle s’enfuit, pour échapper à la colère de son père, dans les montagnes qui séparent la France de l’Espagne. Elle fut dévorée par des bêtes fauves dans ces montagnes, appelées depuis Pyrénées.

PYRÉNÉE, roi de Daulis, en Phocide. Il voulut faire violence aux Muses, qu’il avait accueillies dans son palais ; mais celles-ci prirent des ailes, s’envolèrent, et Pyrénée, qui voulut les poursuivre, tomba du haut de son palais et se tua.

PYRÉNÉEN, ÉENNE adj. (pi-ré-nô-ain, éè-ne). Géogr. Qui appartient aux Pyrénées : Système pyrénéen. Région pyrénéenne.

PYRENEES (les), chaîne de montagnes de l’Europe méridionale, servant de barrière entre la France et l’Espagne et se prolongeant au delà, en même temps que la péninsule ibérique, jusqu’au cap Ortégal, en Galice. Son point de départ est au cap de Créus, en Catalogne, sur la Méditerranée. On n’est pas d’accord sur l’étymologie du mot Pyrénées, en grec Purenaoi, en latin Pyrenïïi montes.

Diodore de Sicile et divers autres écrivains de l’antiquité dérivent ce nom’du grec pur, puros, feu, et ils prétendent que les Pyrénées ont été ainsi nommées d’un embrasement allumé par des bergers qui mirent le feu aux forêts qui couvraient ces montagnes. Aristote parle de cet embrasement. On a dit aussi que tes Pyrénées ont été ainsi désignées soit parce que les pics de leurs montagnes’ sont pointus comme la flamme, soit parce qu’ils sont souvent frappés de la foudre. D’autres tirent ce nom du phénicien phareny, branche. La mythologie nous raconte que Pyréné, fille de Bebrycius, séduite par Hercule et fuyant la colère de son père, se réfugia dans les montagnes qui séparent la Gaule de l’Espagne, où elle fut dévorée par les bêtes féroces ; Hercule ayant retrouvé son corps l’ensevelit dans ces montagnes, qui auraient pris d’elle le nom de Pyrénées. Wochler croit que ce nom vient du celtique : armoricain bre, montagne, bryn, colline, d’où est déjà provenu le nom des raonts Brenniques. Enfin Charles Romey tire ce nom du gaélique bar, bir ou pir, flèche, pointe, sommet, au pluriel birennou.

Les Pyrénées touchent à la frontière de France dans un parcours de 36S kilom. environ. Arrivées à Bastan, elles laissent derrière elles cette frontière et courent à travers les

Frovinces basques et les Asturies jusqu’à extrémité N.-O. de la péninsule, où, faisant irruption de tous côtés, elles s’éparpillent en lignes montueuses et pénètrent en Portugal. La bande de terre ou corniche comprise euf>YRÉ

tre le revers septentrional de la chaîne et l’océan Cantabrique enveloppe toute la Biscaye, Santander et les Asturies. De la Catalogne en Galice rien n’interrompt cette suite de ch*Jnons parallèles entre eux, qui constituent iés Pyrénées et qui se développent, de l’E.-S.-E. À l’O.-N.-O., dans une direction légèrement oblique par rapport à la ligne qui joint les deux points les plus éloignés.

Les géographes anciens ne considéraient les Pyrénées que dans la section où elles séparent la France de l’Espagne ; ils ne parlent jamais du prolongement qui se développe dans les Asturies. Mons ille, dit Strabon, continenter ab Avstro versus Boream porrecius, Gallam ab Hispania dirimit ; ce que Silius Ilulicus exprime plus poétiquement dans ces vers :

Pyrene celta nimbosi verticis aree Divisos Celtis longe prospectât lberos Atque seterna tejiet magnis divortïa terris.

« Pyrène, du haut de la citadelle qui se dresse sur ce pic perdu dans les nuages, voit au loin les Ibères séparés des Celtes et maintient un divorce éternel entre ces deux grands peuples. ■ Pline dit la même chose, constatant une fois de plus l’erreur des anciens qui croyaient les Pyrénées terminées par deux caps, l’un sur fa Méditerranée, l’autre sur l’Océan, aux deux extrémités d’une ligne droite. ■ Les Pyrénées, dit-il, séparent l’Espagne de la Gaule en formant deux caps qui se projettent dans deux mers opposées. • Les Romains donnaient les noms de Mons Vindius et Mons Medullius à la section purement ibérique des Pyrénées, sans savoir positivement qu’elle faisait partie de la même chaîne.

Considérée au point "de vue de la géographie positive, la chaîne pyrénéenne du cap de Créus au cap Ortégal mesure une longueur totale de 840 kilom., sur une épaisseur moyenne de 120 kilom. Cette longue Cordillère se partage naturellement en Pyrénées françaises ou internationales et en Pyrénées espagnoles ou océaniques.

Pyrénées françaises. Les Pyrénées françaises ou Pyrénées proprement dites s’étendent entre le cap Créus à l’est et le col de Goritty à l’ouest. Leur plus grande largeur, vers le centre, au sud deBagnères-de-Bigorre, est d’environ 110 kilom. ; aux extrémités, elle n’est que de 50 à 55 kilom. La direction générale de la chaîne est du S.-E. au N.-O. ; Cependant on peut distinguer plusieurs inflexions : l’une du cap de Créus au mont Saint-Vallier, l’autre du mont Maudit ou pic d’Esnethon au col.de Goritty ; entre le mont Saint-Vallier et le mont Maudit (le pic Maladetta des géographes espagnols), ces deux chaînes sont reliées par un coude presque rectangulaire qui sépare la vallée où naît la Garonne de celle où prend sa source, à Pallaresa, la Noguera, affluent de la Sègre.

On divise les Pyrénées françaises en trois groupes, sous les noms de Pyrénées orientales, centrales et occidentales. Les Pyrénées orientales sont la partie la plus basse ; elles vont du cap de Créus au pic de Corlitte, s’appellent Albères jusqu’à Bellegarde et Salines de Bellegarde àCostabona ; elles renferment les cols ou passages de la Creu, des Aires, de Mantes et de la Perche, où est tracée la route de Perpignan à Urgel par Puycerda. Les Pyrénées orientales vont du pic de Corlitte nu mont Perdu ; les Pyrénées occidentales du mont Perdu au col de Goritty ; dans cette dernière partie se trouvent le port de Gavarnie, la vallée de Cauterets et les sources de la Bidassoa.

La plus grande hauteur des Pyrénées françaises est atteinte vers le centre, c’est-àdiro dans la partie qui sépare l’Arngon des départements de l’Ariége et des Hautes-Pyrénées. Là se trouvent le mont Maudit ou pic d’Esnethon et le mont Perdu, que les Aragonais appellent les Trois-Sœurs, à causa de ses trois cimes, qui se voient distinctement de Saragosse. Le naturaliste Ramond, qui parvint jusqu’au sommet du mont Perdu, estima sa hauteur à 8,772 pieds au-dessus du niveau de la mer ; on lui donne ordinairement 3,351 mètres ; il l’avait considéré comme le plus élevé, c était une erreur ; le mont Maudit (Maladetta) a 3,404 mètres. Les deux autres cimes du mont Perdu, le Viguemale et le pic du Midi, ont, le premier 3,298 mètres d’élévation, le second 2,877 mètres ; après eux vient le Canigou, 2,755 mètres. Les autres pics que l’on voit à l’ouest des sources de l’Aragon décroissent assez sensiblement pour ne plus mériter de mention spéciale ; le fuite de la chaîne est seulement indiqué par des sommets isolés qui se succèdent de distance en distance au-dessus de la masse de la montagne. Le mont Maudit appartient à l’Espagne et fait partie des contre-forts méridionaux ; les autres appartiennent presque tous à la France, Les pentes septentrionales descendent généralement en croupes parallèles, superposées comme des terrasses, tandis que les pentes méridionales, beaucoup plus roides, se terminent par d’effrayants précipices et d’énormes escarpements. La grande épaisseur des montagnes et l’enlacement confus de leurs bases rendent très-pénible la traversée des Pyrénées ; les passages ou ports qui servent à les franchir sont. contournés et difficiles ; trois belles routes seulement percent ce rempart naturel, semé de rocs et d’abîmes, qui semble vouloir isoler

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l’Espagne : celle de Baronne à Vittoria, celle de Perpignan à Figuières, et, à un degré moindre, celle de Saint-Jean-Pied-de-Port à Roncevaux ; les autres passages, fort nombreux, car on en compte soixante-quinze rien que sur la frontière de Catalogne, ne sont praticables qu’à pied ou encore à dos de mulet. Voici l’altitude des principaux passages :

Port d’Oo 3,002m

Port Viel d’Estaube.. 2,561

Port de Pinède.... g,499

Port de Gavarnie... 2,333

Port de Cavarère... — 2,241

Passage de Tourmalet. 2,177

Au point de vue de leur constitution géologique, les Pyrénées considérées dans 1 ensemble de leurs pentes latérales appartiennent à la formation granitique. « Comme toutes les grandes chaînes de montagnes, dit M. Bruguières (Orographie de l’Europe), elles présentent trois terrains principaux superposés : I» terrain primitif consistant en granit, schiste micacé et calcaire ; 2<> terrain de transition reposant sur te premier et se composant de grauwacke, de schiste argileux et de calcaire ; 3° terrain secondaire recouvrant les deux premiers et formé de grès rouge et de calcaires analogues à ceux du Jura et des Alpes. Le granit, dans les Pyrénées, n’occupe pas le faite, comme cela se voit ordinairement ; il apparaît, en général, par une suite de saillies. À l’exception du mont Perdu, des tours de Marboré et des grandes masses adjacentes qui sont formées de calcaire alpin, les sommets les plus élevés consistent en un terrain granitique et schisteux. Le terrain de transition est le plus étendu dans les Pyrénées ; il forme deux grandes bandes qui longent la chaîne principale des deux côtés des protubérances granitiques. Le terrain secondaire forme aussi deux bandes : l’une "occupe presque tout le versant méridional ; celle du nord constitue seulement les basses montagnes au pied de la chaîne. Cette disposition du terrain secondaire, le grand espace occupé par le terrain de transition et la présence des sommets granitiques au nord du faite, tout cela semble être le résultat de révolutions qui ont modifié et dénaturé la forme primitive des Pyrénées. La grande quantité de sources thermales qu’on y rencontre peut bien faire croire à l’existence de foyers volcaniques, mais rien à l’extérieur n’annonce leur présence. On n’y voit ni basalte, ni aucune roche dont l’origine soit évidemment ignée, excepté dans les montagnes de la Catalogne ; ces contrées ont eu, en effet, des éruptions à des époques assez reculées. « Le massif de cette portion des Pyrénées est riche en métaux, aux deux extrémités de la section ; le fer y est assez répandu ; au centre et dans les montagnes les plus élevées on trouve du plomb souvent urgentifère, du cobalt, du zinc, du manganèse, de l’antimoine ; en outre, le versant méridional renferme de grandes masses de sel gemme, des ardoises noires, des basaltes, des pierres à fusil.

Les neiges perpétuelles ne commencent guère qu’à une hauteur de 2,700 mètres et occupent une bande d’environ 1,600 mètres, à l’exposition septentrionale ; elles ne se conservent au couchant que lorsqu’elles sont abritées du soleil et des vents méridionaux par d’autres montagnes. Les glaciers occupent une bande de 600 mètres environ dans les parties les plus élevées du versant septentrional, du Marboré au Maladettu ; le pic du Midi n’a jamais de neige. Les lacs, peu nombreux, sont également situés sur la versant septentrional ; les plus remarquables sont ceux do Seculejo, d’Espingo et du Portde-Venasque, dont les eaux se déversent dans la Garonne.

Les Pyrénées forment, de chaque côté de leurs versants’, de grands bassins de fleuves et des vallées remarquables : du côté de la France, les bassins de la Garonne et de l’Adour ; du côté de l’Espagne, ceux de l’Ebre et du Minh’o ; la Bidassoa, qui a sa source dans la vallée de Bastan, continue les Pyrénées et sert de-limite à la France et à l’Espagne à partir du moment où la chaîne de montagnes s’infléchit vers le S.-O. À son embouchure se font face la ville française d’Audaye et le port espagnol de Fontarabie. Les deux vallées les plus considérables sont celle de Roncal, où parmi d’âpres solitudes coupées de riches pâturages vit une population de bergers, à la tête d’innombrables troupeaux, et celle de Roncevaux, célèbre par la déroute des paladius de Charlemagne.

20 Pyrénées espagnoles. Cette seconde partie de la grande chaîne de montagnes court entre le col de Goritty, au N.-O. de Pampelune, et les caps Finistère et Ortégal, à la pointe N.-O. de l’Espagne, sur une étendue de 480 kilom. Sa direction générale est de l’E. À l’O., parallèlement à la côte du golfe de Biscaye dont elle est assez peu distante. A l’exception de leur partie centrale, les Pyrénées espagnoles sont beaucoup inoins considérables que les Pyrénées françaises. Elles présentent un aspect sauvage et sont généralement difficiles à aborder ; plusieurs de leurs sommets atteignent la limite des neiges éternelles, mais aucun de ces pics n’a la majesté et le caractère grandiose du mont Perdu ou du Maladetta. Leurs contre-forts septentrionaux sont courts et abrupts et ne rappellent pas les terrasses étagées en gradins

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des versants français. La chaîne forme trois groupes principaux, Pyrénées cantabriquea, Pyrénées asturiennes et Pyrénées de Galice. Le premier groupe s’étend du col de Goritty au plateau de Reynosa, près des sources de l’Ebre, sur une longueur de 200 kilom. ; il prend successivement les noms de sierra d’Avalar (2,144 mètres d’élévation), sierra de Salinas (1,754 met.), sierra Salvada (1,049 met.), sierra de Reynosa, d’où il se rattache par la sierra d’Occa aux monts Ibériques. Le second groupe, les Pyrénées asturiennes, s’étend do la. sierra de Reynosa au mont Orribio ; elles prennent les noms de sierra de Sejos (1,754 mètres), sierra Alba (2,144 mètres), sierra de Covadonga, pefios de Europa (2,954 mètres), etc. Toute cette partie de la chaîne des Pyrénées intérieures est presque impraticable et élève une barrière entre le centre de la péninsule (Castille et Léon) et la corniche qu’elles forment au N. avec l’Océan (Biscaye, Asturies). C’est à Covadonga que les Arabes, possesseurs de toute la Péninsule, éprouvèrent la première résistance sérieuse des Espagnols, et c’est dans les Asturies, à Oviedo, que se forma le premier noyau du futur royaume espagnol, qui peu à peu s’étendit et chassa les Maures. Une foule de petits cours d’eau prennent naissance dans ces montagnes et arrosent de belles vallées, de gras pâturages ; ceux du versant nord tombent presque aussitôt dans l’Océan ; ceux du sud Se jettent dans l’Esla et ses affluents.

Les Pyrénées de Galice, à leur point da départ du mont Orribio, se divisent en diver3 rameaux fort robustes avant de descendre vers la mer ; elles perdent complètement la direction rectiligne gardée jusque-là par l’ensemble de la chaîne et se contournent dans tous les sens : des sources de la Navia à celles du Minho, c’est-à-dire du sud au nord, sous le nom de sierra de Mondofledo (879 mètres) ; puis de i’est à l’ouest sous le nom de montes Quadromos ; du nord au sud, sous le nom de sierra de Loba ; de légères inflexions se prolongent vers le cap Finistère, le cap Toriinana, La Corogne, Le Ferro ! et les autres pointes de cette extrémité de la

Féninsulequi s’avance comme une jetée dans océan Atlantique.

Les côtes ou arêtes qui partent des hauts plateaux de cette partie de la Cordillère forment vers l’Océan des vallées profondes mais agréables par leur belle végétation. Diverses petites rivières en découlent et arrosent ce bassin de leurs eaux limpides où se pèchent des truites excellentes et d’énormes écrevisses ; elles sont généralement bordées de saules et de bouleaux noirs qui leur donnent un aspect pittoresque. Beaucoup des pics ont une forme particulière, et les Aragonais les appellent muetas (grosse molaire), ce qui rend assez bien leur aspect de cône tronqué terminé par une large cime où s’étendent des plaines. Ces plaines sont plantées de hêtres, de houx, de faux platanes, de lauriers sauvages, de bouleaux blancs, de châtaigniers ; quelques-uns de ces arbres sont excellents pour les constructions maritimes. On rencontre sur ces montagnes, couvertes de végétation, une flore variée, surtout des plantes médicinales que les habitants négligent, l’ellébore, la valériane, l’angélique, etc. Ces muelas fournissent d’abondants pâturages à des troupeaux de bœufs de petite taille, de chevaux et de porcs, dont l’exportation constitue un produit considérable. Les mines de charbon sont très-abondantes dans cette partie des Pyrénées ; on y rencontre aussi en grande quantité le succin ou ambre minéral mélangé do jayet ; la partie méridionale renferme de l’antimoine, des pierres sanguines et quelques mines de cuivre peu exploitées. Les eaux thermales y sont en quantité considérable.

— Allus. hist. Il n’y n plu» de Pyrénée».

Mot célèbre de Louis XIV au moment où il embrassait son petit-fils, qui allait prendre possession de la couronne d’Espagne. "

L’Espagne, qui, sous Charles-Quint, menaçait l’Kurope d’une domination universelle, ne tarda pas à subir une décadence rapide. Sous Philippe II et sous Philippe III, elle avait perdu les Pays-Bas ; sous Philippe IV, le Portugal, le Roussillon et l’Artois ; sous Charles II, la Flandre et la Franche-Comté, L’histoire offre peu d’exemples d’une décadence aussi précipitée. Charles-Quint avait été grand général et grand roi ; Philippe II n’avait étéque roi ; Philippe III et Philippe IV n’avaient pas même été rois ; Charles II ne fut pas même homme. Ce vieillard de trente-neuf ans, influencé partout le monde, faisait et défaisait son testament. Le roi de France et l’empereur d’Allemagne, tous deux issus de princesses espagnoles, se disputaient d’avance ses dépouilles. Le pauvre roi voyait tout cela vivant ; il en était indigné ; mais voulant avant tout garantir l’unité de la monarchie d’Espagne, il s’arrêta au prince le plus capable de maintenir cette unité et choisit un petit-fils de Louis XIV. Il mourut le 1" novembre 1700, laissant la couronne à Philippe, duc d’Anjou, second fîls du dauphin, qui fut proclamé roi sous le nom de Philippe V, ■ Soyez bon Espagnol, lui dit Louis XIV en forme d’adieu, c’est présentement votre premier devoir ; mais souvenezvous que vous êtes Français, pour maintenir l’union entre les deux nations. > Il lui remit ensuite ses instructions et lui dit, en l’em-