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Les prêtres de Vénus attendent sa statue. Mais l’artiste jaloux, ou temple athénien, Refuse d’exposer la figure attendue, Car son cœur s’est épris de l’œuvre de sa main.

Devant lui la déesse étale toute nue L’immobile splendeur de son beau corps divin ; Et l’artiste à genoux caresse de la vue Le marbre inanimé, qui s’anima soudain ! Poète ! le miracle eut lieu dans l’ire antique. Et les dieux, exilés d« la sphère olympique, Comme l’artiste grec ne t’exauceront pas. Epris de la beauté de ta propre chimère, Comme Pygmalion son amante de pierre. Tu ne la verras point s’animer dans tes bras. Bekrt Muroeb.

Passons maintenant aux prosateurs : « Le génie de Sophocle a pu vous apparaître dans sa forme la plus générale. Vous avez pu reconnaître que sa muse tragique rappelait les belles statues de Phidias. C’est la même noblesse dans les lignes, la même perfection merveilleuse, et aussi peut-être un peu de leur majestueuse immobilité.-Mais attendez I Voici que ces draperies de marbre se soulèvent, que ces cheveux flottent, que ces yeux lancent des éclairs ce que ces lèvres s’ouvrent à tous les cris de la passion I Un souffle nouveau vient de passer sur la statue et de renouveler le miracle âePygmalion : ce souffle est celui d’Euripide. » Em. Souvestre.

« Fou, éperdu de royalisme, M. de Chateaubriand paraît cette maîtresse imaginaire des charmes qu’il avait rêvés ; et, comme Pygmalion, il ne voyait pas que la Vénus sortie de ses mains était plus belle que Vénus même. »

CORMBKIN.

« O faiblesse des cœurs féminins 1 Ce fut un banquier qui, le premier, réussit à émouvoir cztte Gaiatée. Le banquiersera-t-il donc toujours le véritable Pygmalion des sociétés modernes •

Ch. Monselet.

« Il existe, parmi les vrais.artistes, de ces Pygmalions singuliers qui, au contraire de l’autre, voudraient pouvoir changer en marbre leurs Galatées vivantes, •

H- Murgiîr.

Pygmalion, comédie en trois actes et en prose, par Romagnesi (Comédie-Italienne, 1741). Dans cette pièce, là statue animée par le sculpteur amoureux se nomme Agalméris, et Pygmalion a pour ami un certain Tiinandre qui le blâme fortement de son célibat perpétuel ; il l’engage à épouser tout bonnement Cléonide, qui l’adore. Impossible, répond Pygmalion, et il lui montre la statue. Timandre est surpris de la rare beauté de l’oeuvre ; mais, en entendant son ami parler de sa folle passion, il ne peut s’empêcher de le croire tout à fait insensé. C’est aussi l’avis de Sosie, le valet du sculpteur ;, pendant que les deux amis sont allés au temple apaiser la déesse irritée, Sosie s’approche de la belle statue, n’y voit rien d’extraordinaire et se tient les côtes de rire en songeant que son maître s’est épris d’un bloc d’albâtre plus ou moins bien travaillé. Mais voici que la surprise le cloue sur place : la statue descend de son piédestal, détire ses bras et lui parle 1 C’est la prière, faite au temple en ce moment même, qui opère. Agalméris lui fait toutes sortes de questions et ne comprend rien a ses réponses ; Sosie s’anime et lui parle d’amour : elle ne.comprend pas davantage. Là-dessus les deux amis reviennent et voient le miracle ; Pygmalion est enchanté d’abord et remercie Vénus, puis il la maudit en s’upercevant que la statue animée est coquette, légère, orgueilleuse, très-disposée à l’infidélité et qu’ayant toutes les grâces des jolies femmes elle en a aussi les terribles défauts. Cependant elle finit par être touchée de son amour et promet d’être sage. Le rideau tombe sur ce dénoûment mesquin.

Pvgmaiion, opéra en un acte, paroles de Lamotte, musique de La Barre ; représenté à, l’Opéra le 16 mai 1700. Il faisait partie du ballet du Triomphe des arts et n’eut aucun succès ; plus tard, le poème fut refait par Balot de Sovot, et Rameau en composa la musique. Sous cette nouvelle forme, Pygmalion fut représenté à l’Opéra le 27 août 1748.

Pygmalion, scène lyrique en un acte, par J.-O. Rousseau (Théâtre-français, 1775). Le canevas de cette petite pièce est lémême que celui de l’opéra de Laniotte ; mais Jean-Jacques a tenté une innovation musicale assez singulière : la musique, au lieu d’être adaptée aux paroles, remplit les intervalles de la déclamation. Cet exemple n’a pas été suivi, mais la tentative obtint le plus brillant succès. «

Pygmalion. Iconogr. Nous décrivons ciaprès les deux œuvres capitales, en sculpture et en peinture, qui ont été consacrées à la fable charmante de Pygmalion, Le tableau de Girodet, qui a été payé 14,000 francs à la vente du comte de Soinmariva en 1830, a été popularisé par la gravure que J.-N. Laugier en a faite en 1819. Le Louvre possède une peinture de J.-B. Regnault, qui a été exposée

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au Salon de 1785 et où l’on voit : Pygmalion priant Vénus d’animer sa statue. A. la vente de Boucher, en 1771, a figuré un tableau de cet artiste représentant : Pygmalion amoureux de sa statue. Une composition peinte par Lagrenée sur le même sujet, en 1777, a été gravée par Louis Dennel et a fait partie de la galerie Pereire (vente de 1872). Un tableau de Pygmalion et Galatée, par Adolphe Brune, a paru à l’Exposition universelle de 1867 ; il appartient à l’État. Des estampes relatives à Pygmalion et à sa statue ont été gravées par N. Pécoult (d’après E. Carton), C. Bloemaert (d’après Ab. Diepenbeek, 1G55), Peter Feddes (1615), J. -J. Avril l’aîné, J..-F. Kauke (d après B. Rode), L.-M. Bonnet, Fr. Ertinger (jl^après Jos. Werner). Citons encore un tableau de Schutzenberger (Salon de 1864) et un groupe de Maindron (Salon de 1866).

Pvmuiion es Gaia<ée, un des plus gracieux tableaux de Girodet (Salon de 1819). On connaît la fable de ce sculpteur qui, après avoir façonné une nymphe charmante, s’éprend tout à coup de son ouvrage et supplie Vénus de l’animer. Cette toile, peinte à la lampe, dont Girodet préférait la lumière artificielle à celle du jour, est un hommage rendu à la sculpture, dont il voulait exprimer la puissance.

L’artiste a saisi le moment où, après avoir achevé la statue de Galatée et en être devenu éperdument épris, il l’a fait transporter sur une terrasse magnifiquement ornée, où il a élevé un autel à Vénus. Après avoir déposé un bouquet de myrte et de roses aux pieds de Galatée, il se couronne lui-même de myrte ; puis, prenant sa lyre, il implore la puissante déesse. Vénus a exaucé les veaux ardents de Pygmalion : le prodige s’opère, la statue s’anime insensiblement, on voit la vie circuler de veine en veine. Alors Pygmalion se trouble ; il éprouve les sensations qu’un phénomène si étrange doit occasionner et il semble se refuser au témoignage de ses sens.

Dum stupet et timide gaudet, d’après le

Eassage des Métamorphoses d’Ovide, cité par ouisXVIII en contemplant cette charmante toile, l’artiste quitte sa lyre, s’approche de Galatée et avance une main pour toucher une de celles qui, tout à l’heure encore, étaient un marbre inanimé. Tandis que les pieds et une partie des jambes de Galatée semblent encore de l’albâtre, les apparences de la vie se manifestent dans la partie supérieure du corps, de même que tous les sentiments qui l’accompagnent : elle baisse les yeux, elle porte la main sur son cœur comme pour en étudier les mouvements, tandis que ses joues se colorent d’une modeste rougeur. Pendant que Pygmalion tient ses regards attachés sur Galatée d’un air passionné et qu’il semble attendre son premier regard, 1 Amour, placé au milieu d’eux et dont ils ressentent toutes les ardeurs, les réunit en attirant leurs mains l’une vers l’autre. Il y a là une délicatesse de pensée admirablement exprimée. Pour indiquer que Vénus a daigné venir elle-même recevoir et exaucer les vœux de Pygmalion, l’artiste a fait rayonner la tête de la statue qui la représente. Une atmosphère lumineuse s’étend sur toutes les parties du tableau, où se détache principalement la figure de Galatée, qui est d’une exfpression ravissante. La finesse des contours, a suavité du coloris, lagrâce du mouvement, tout s’y trouve réuni. La figure de Pygmalion ne présente peut-être pas une perfection aussi accomplie, ne s’impose pa3 aussi vivement à l’admiration, bien que la tête soit d’un beau caractère et d’une expression très-passionnée.

Ce tableau, que renferme aujourd’hui le musée du Louvre, fut accueilli dès son exposition par des acclamations d’enthousiasme ; en le contemplant pour la première fois, une femme d’esprit s’écria : « On n’a rien vu d’aussi beau depuis le déluge » (le Déluge, tableau de Girodet exposé en 1808) ; enfin ua poète anonyme colla sur la bordure le quatrain suivant :

Peintre charmant d’Endymioa Viens jouir des transports de la foule enchantée ;

Tout Paris pour ta Galatée

À les yeux de Pygmalion.

PjrfEmalion nus pieds de sa atntiie qui a’anine, groupe de marbre, chef-d’œuvre de Falconet. La statue a une attitude d’une simplicité charmante ; ses bras tombent mollement à ses côtés ; ses yeux viennent de s’entr’ouvrir ; sa tète est un peu inclinée vers la terre ou plutôt vers Pygmalion qui est à ses pieds ; la vie se révèle en-elle par un léger sourire qui effleure sa lèvre supérieure. Un petit Amour a saisi une de ses mains, qu’il baise avec ardeur. Un genou en terre, 1 outre levé, les mains serrées fortement Tune dans l’autre, Pygmalion est devant son ouvrage et le regarde ; il cherche dans les yeux de sa statue la conrirmalion du prodige que les dieux lui ont promis.

Dans une lettre adressée à Grîmm sur le Salon de 1763 où l’œuvre de Falconet fut exposée, Diderot fait un éloge enthousiaste dô ce groupe : « Il n’y a que celui-là au Salon, s’écrie-t-il, et de longtemps il n’aura de second... La nature et les grâces ont disposé de l’attitude de la statue... Quelle innocence elle à I elle est à sa^ première pensée ; son cceur commence à s’émouvoir, mais il ne tar PYGM

dera pas à lui palpiter. Quelles mains ! quelle mollesse de chair 1 Non, ce n’est pas du marbre ; appuyez-y votre doigt et la matière qui a perdu sa dureté cédera à votre impression. Combien de vérité sur ces côtes I quels pieds 1 qu’ils sont doux et délicats !.. O le beau visage que celui de PygmalioûlO Falconet I comment as-tu fait "pour.mettre dans un morceau de pierre blanche la surprise, la joie et l’amour fondus ensemble ? Emule des dieux, s’ils ont animé la statue, tu en as renouvelé le miracle en animant le statuaire !.. Le faire du groupe entier est admirable. C’est une matière une, dont le statuaire a tiré trois sortes de chairs différentes. Celles de la statue ne sont point celles de i’enfant, ni cel—les-ci les chairs de Pygmalion. » Diderot ajoute toutefois que Falconet aurait obtenu peut-être un effet plus neuf, plus énergique, si, au lieu de représenter Pygmalion accroupi, il l’eût montré se relevant lentement, les yeux fixés sur ceux de sa statue et posant légèrement sa main à la place du cœur, pour y chercher, les premiers tressaillements de la vie.

PYGMÉ s. m. (pi-gmé — du gr. pugmé, coude). Métrol. anc. Mesure grecque, équivalant à om,347.

PYGMÉE s. m. (pi-gmé — du gr. pugmaios, haut d’une coudée ; de pugmè, coude, ou mieux la main avec tous ses doigts, mot qui se rapporte, comme le latin pugnus, poing, à la racine sanscrite pac, pane, étendre, d’où pancan, cinq, proprement les cinq doigts étendus, la main entière). Mythol. gr. Nom donné à des hommes fabuleux qui n’avaient qu’une coudée de haut, et que 1 on supposait habiter l’iïthiopie, la Thraee et l’Inde : Les , Pyqmées avaient de fréquents combats à soutenir contre les grues.

— Fam. Personne de très-petite taille : , ,... Bien est-il plus grotesque Que de voir un pygmée entouré de géants ?

La Chaussée.

— Fig. Homme sans talent, sans mérita, sans valeur : Les hommes et même les héros d’aujourd’hui sont des pygmées. (X. de Maistre.) A qui se fait Hercule on impose une massue : avis aux pygmées. {A. d’Houdetot.)

— Mamm. Nom donné par les auteurs anciens à l’orang-outang, il Pygmée de Guinée, Nom vulgaire du jocko.

— Bot. Genre de fucus.

— adj, Qui appartient au peuple des Pygmées ; Population pygmée. Nation pygmée. Peuple pyqméb. Femme pygmée.

— Qui est de très-petite taille : Femme

PYGMÉE.

— Très-petit, ’ de très-peu de valeur : Je me trouve pygmée et populaire. (Montaigne.) — Syn. Pygmée, myrmLdon, nain. V. MYRMIDON.

— Encycl. Mythol. Les Pygmées, peupla fabuleux de l’Ethiopie, étaient remarquables par la petitesse de leur taille et célèbres dans les fictions des Grecs et des Latins. Il paraît cependant que l’existence des Pygmées n’est pas tout à fait imaginaire et que, comme il arrive souvent, c’est une réalité enjolivée qui a donné naissance à la légende.

Les Grecs les nommaient Pygmées parce qu’ils leur donnaient la taille d’un pygmé (mesure de longueur de la valeur d’un pied), et ils les plaçaient dans diverses régions, tantôt en Ethiopie, vers les sources du Nil, tantôt dans l’Inde. Il n’est guère de poète ou d’historien qui n’ait parlé d’eux, ce qui prouva l’ancienneté etl’universalité de cette croyance aux Pygmées. C’était, suivant l’opinion commune, un peuple de tout petits hommes, n’ayant qu’une coudée ou même qu’un pied de hauteur :

Quorum tota cohon pede non est altior «no,

comme dit Juvénal ; des avortons qui, montés sur des chèvres ou sur des béliers, s’armaient de toutes pièces et allaient combattre les grues lorsque celies-ci venaient tou3 les ans du fond de la Scythie pour les attaquer. Le fait est raconté par Pline et par Aristote. Homère y a fait allusion : « Lorsque ces diverses nations furent rangées en bataille, dit-il, les Troyens s’avancèrent en poussant des cris aigus assez semblables à ceux des grues lorsque, fuyant l’hiver et les pluies du septentrion, ces oiseaux s’envolent vers l’Océan et répandent la terreur et la mort parmi les Pygmées. » Hésiode, si nous en croyons, Strabon, avait parlé des Pâmées à peu près dans les mêmes termes. Nonnus, Ovide, Antoninus Liberalis, Juvénal, en un mot tous les poètes ont copié-Homère. Stace ajoute à cette tradition que les Pygmées remportent la victoire. Claudien décrit le retour des grues après leur combat,

Les grands combats des grues et de3 Pygmées tiennent une grande place dans les récits ou les allusions des poètes anciens. D’après d’autres légendes, les Pygmées, pour leurs voyages lointains, attelaient des perdrix à leurs churiots (Athénée). Les femmes accouchaient à trois et cinq ans et éuiient déjà, vieilles à huit ; ils avaient des coquilles d’ieufs d’autruche pour maisons ; etc. Suivant Aristote et Philostrate, les Pygmées habitaient des trous souterrains, et ils en sortaient un temps de la moisson pour aller couper leurs blés avec des cognées, comme s’il s’agissait d’abattre une forêt. Ovide parle

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d’une reine des Pygmées qui, fièro do sa beauté, méprise Junon et est changée en grue. Philostrate raconte un épisode très-comique au sujet de ces petits nommes. Un jour, Hercule est attaqué pendant son sommeil par une armée de Pygmées, et, comme s’il s’agissait d’un véritable siège, l’armée se forme en plusieurs corps. Les deux ailes fondent sur lavmain droite du héros et, pendant que le centre s’attache à la main gauche, les archers se chargent des pieds et le roi, entouré de ses plus braves sujets, livre un assaut à la tête. Hercule se réveille et, ■riant du projet de ces myrmidons, il les enveloppe dans la peau du lion de Némée et les porte à Eurysthée.

Ctésias, Nonnosus, Pline, Solin, Poraponius Mêla, Basilis dans Athénée, Onésicrite, Aristée, Isogonus de Nicée, Egésias dans Aulu-Gelle ; les Pères de l’Église, saint Augustin, saint Jérôme, tous sont d accord sur 1 existence des Pygmées, sur leur petite taille et sur leurs combats avec les grues. Aristote surtout parait très-persuadé : t Ce qu’on racon.te des Pygmées, dit-il, n’est point une fable, c’est une vérité. • Strabon.au contraire, prétend que les Pygmées n’ont pas plus existé que les cynocéphales, les monocules, qu’on disait avoir les pieds extrêmement larges ou les oreilles d’une dimension à couvrir tout le corps. Mais ce rapprochement ne détruit pas l’existence des Pygmées, car les cynocéphales et les monocules ne sont peut-être pas aussi fabuleux que le prétend Strabon. Il est assez vraisemblable que les cynocéphales sont ces gros singes d’Afrique dont parle Dapper ; quant aux hommes qui avaient les pieds très-larges, pourquoi ne seraient-ce pas les habitants de la zone glaciale, qui sont obligés de marcher sur des raquettes pour franchir les neiges, et les monocules ne sont-ils pas ces Scythes qui, tirant continuellement de l’arc, tenaient toujours un œil fermé pour viser plus juste ?

Les avis des modernes se sont aussi souvent partagés au sujet des Pygmées. Scaliger, Aldrovandus, Cardan, Casaubon, Spigélius et Isaac Vossius regardent comme une fable tout ce que les anciens en ont dit. Selon Albert le Grand, les Pygméesae sont que les singes d’Afrique, appelés par les Grecs rôîjroî ; Édouard Tyson est du même avis. Paracelse les range dans la catégorie des nymphes, des sylphes et des salamandres. Olaiis Magnus les identifie avec les Samoyèdes et les Lapons ; Paul Joveles fait habiter au delli de la Laponie ; Léonard Thurneisser et Gesner croient qu’ils habitaient les autres de la Lusace et de la Thuringe et qu’ils y travaillaient à la confection de ces vases de terre qu’on découvre parfois dans ces excavations. Gaspard Bartholin et le Père Chottus poussent la crédulité jusqu’à admettre la vérité de l’histoire de ce petit peuple dans toutes ses circonstances.

Cependant, si l’on retranche des récits des Grecs les exagérations inventées pour amuser les lecteurs, il n’est pas impossible de trouver le point de départ do la fable des Pygmées dans l’existence réelle d’un petit peuple, les Pochinîens, dont parlent Hérodote et Ptolémée, et qui habitaient la région de l’Ethiopie voisine des sources du Nil. Si Homère eut connaissance d’une tradition reposant sur des faits vrais, il faut chercher les Pygmées dont il parle dans le pays où les grues se retiraient aux approches de l’hiver. Or, il est certain, d’après le témoignage de tous les auteurs anciens, qu’elles volaient du côté des marais environnant les sources du Nil, en Ethiopie, comme le dit Aristote. C’était précisément le pays habité par les Pôchiniens, qui occupaient une contrée située près du mont Garbate et du fleuve Astoboras, qu’on croyait être un bras du Nil. Ptolémée dit qu’il existe en Ethiopie des hommes de très-petite taille. Hérodote raconte que quelques jeunes Nasamons ayant voulu, par curiosité, pénétrer dans les déserts de 1Afrique, ils avaient rencontré des hommes extrêmement petits dans une ville à travers, laquelle coulait un fleuve. Diodore de Sicile et Strabon conviennent aussi qu’on trouvait de ces nains dans diverses parties de l’Afrique. Nonnosus, ambassadeur de Justiuien, trouva, lui aussi, duns l’Ethiopie, des hommes d’une taille très-exiguô, noirs et couverts de. poils. Toutes ces opinions s’accordent avec l’opinion d’Hésychius, qui confond les Pygmées avec les Nubiens.

Mais ce qui fortifie encore notre opinion, c’est qu’il faut nécessairement trouver les Pygmées d’Homère.

Enfin, des voyageurs modernes, entre autres Miani et Sehweinfurt, pensent avoir retrouvé tes Péchiniens ou Pygmées dans uno tribu nègre de l’Afrique centrale, celle des Akkas, composée tout entière d’individus do taille très-exiguô (1 met. À lro, S5), et habitant sous la zone torride, proche de l’équateur, dans les marais du Nil. Plus à l’ouest se trouvent d’autres tribus du même genre, mais n’appartenant pas à la race nègre, et qui sont peut-être les plus antiques débris d’uno race ancienne, autochthone. Les géographes arabes placent dans cette région un cours d’eau qu’ils appellent la rivière des Pygmées et que l’on croyait fabuleux ; dani l’hypothèse de Sehweinfurt, ce serait le Dokko, qui traverse tout le pays de ces peuples lilliputiens. Cela étant donné, on conçoit très-bien que