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princeps (Rome, 1471), sont celles de Drakenborch, Traj. ad Rhenum (1717, in-4o), et celle de Ruperti (Leipzig, 1575, 2 vol. in-S°), reproduite dans la collection des classiques latins de M. Lemaire.

PUNIR v. a. ou te. (pu-nir — latin punire, mot qui se rattache- & la racine sanscrite pu, purifier, nettoyer. Cette racine se conjugue tle deux façons : sur la neuvième classe, et alors elle fait punami, na étant la caractéristique de cette classe, ou sur la première, et alors elle fait pavami.pav pour pu, changement qui s’appelle gouna et qui est un des traits distinctifs de cette classe, dont la caractéristique est d. Le latin putito, je punis, représente exactement le sanscrit punami, je purifie, d’où punya, qui réunit le double sens de pureté et de vertu morale et religieuse, ou, comme adjectif, de pur et de vertueux. La punition est ainsi désignée comme une purification. À la même racine pu, purifier, se rattachent le grec poinê, châtiment, latin pana, et aussi le latin purus, putus, net, propre}. Infliger un châtiment a : Punir un enfant. Punir un criminel du dernier supplice. Chez les Carthaginois, les armées qui avaient été battues mettaient quelquefois en croix leurs généraux et les punissaient de leur propre lâcheté. (Montesq.) H vaut mieux prévenir le mal que d’être réduit à le i’ukir. (Kén.) Presque tous les crimes que la loi punit. Haïsse» ! de la faim. (Lamenn.) On est coupable de punir ce qu’on aurait pu prévenir. (Raspail.) Ah ! qu’il est malaisé de ptmirce qu’on ainns !

La Chaussée.

— Servir de châtiment a : Quelques jours de prison le puniront suffisamment. Un seul (lii)orce.qui punit un mari de ses tyrannies empêche des milliers de mauvais ménages. (Il, fceyie.)

— Mal reconnaître les services de être ingrat envers : Vous êtes un ingrat, vous me pukissuz bien de ce que j’ai fait pour vous, des services que je vous ai rendus. (Acad.)

  • Hat contre moi de mes bienfaits armé.

Me yitms^u de t’avoir trop aimé î

Imcekt.

— Absol. : Punir sévèrement. Il ne faut punir que lorsqu’on ne saurait faire autrement. (Fén.) Dieu condamne le zèle qui cherche à punir plutôt qu’à corriger. (Mass). Il faut beaucoup d’art et de prudence pour punir utilement. (Rollin.) Dans 4. exercice de la police, c’est plutôt le magistrat qui punit que la loi ; dans le jugement des crimes, c’est plutôt la loi qui punit que le magistrat. (Montesq.) L’Église n’est point unépuissance temporelle ; elle n’a ni droit ni pouvùir de punir sur la terre. (Turgot.) Punir est juste, améliorer est charitable, fv. Cousin.)

Un père, an punusant, madame, est toujours père.

Racine.

Punir de, Infliger comme châtiment : Punir quelqu’un du mort, de la prison, dk l’amende.

Punir quelqu’un par où il a péché, par où il pêche, Placer son châtiment dans la chose qui lui avait fuit commettre sa faute.

Se punir v. pr. Être, devoir être puni : C’est un crime de lèse-Faculté, qui ne su peut assez PUNIR. (Mol.)

— S’infliger une peine à soi-même : C’est sb punir soi-même que de haïr. (Mass.)

— Réciproq, S’infliger mutuellement un châtiment.

— Syn. Punir, cbâller, corriger. V. CHÂTIÏR.

PUNISSABILITÈ s. f. (pu-ni-sa-bi-li-térad. punissable). Caractère de ce qui est punissable : La PUNissABiLiTÉ suppose la responsabilité.

PUNISSABLE adj. (pu-ni-sa-ble— rad.punir). Qui mérite punition : Homme punissable. Crime punissable. Les péchés des grands ont deux caractères d’énormité qui les rendent infiniment punissables. (Mass.) Laraison nous dit qu’un homme n’est punissable que des fautes de sa volonté. (J.-J. Rouss.)

PUNISSABLEMENT adv. (pu-ni-sa-ble-man

— rad. punissable). D’une manière punissable, il Vieux mot.

PUNISSANT, AKTE adj. (pu-ni-san, an-te

— rad. punir). Qui punit : Justice punissante.

PUNISSEUH, EUSE s. (pu-ni-seur, eu-zerad, punir). Personne qui punit : La croyance d’un dieu rémunérateur des bonnes actions, punisseur des méchantes, pardoitneur des fautes légères, est donc ta croyance la plus utile au genre humain. (Voit.)

— Adjectiv. Qui punit :

Ah ! plût au ciel que la tempête, À la voix d’un dieu punisseur. Eût noyé’ dans la mer de Crête

Et l’amante et le ravisseur.

Ponsard.

PUNITIF, IVE adj. (pu-ni-tif, i-ve — du lut. punitus, puni). Qui a pour objet de punir : Une loi prohibitive et punitivk.

PUNITION s. f. (pu-ni-si-on — lat. punitio ; de punire, punir). Action de punir : La punition des crimes et des délits appartient aux juges criminels. (Acad.)

— Châtiment que l’on inflige à quelqu’un : Punition exemplaire. Punition corporelle. Ne faut-il pas que la punition soit médicinale et profitable au patient ? (M. Henoblez.) La mort

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n’est point une punition, elle est une loi de la nature. (A. Martin.) Le mal entraîne infailliblement sa punition. (Lamenn.) La punition, pour être juste, ne doit jamais être une vengeance. (L’abbé Bautain.) La sanction de la loi, c’est la punition. (V. Cousin.) Les punitions n’ont jamais amélioré personne. (T. Thoré.) Les punitions corporelles dégradent le caractère. (Mroe Monmarson.) La punition, c’est le rapport de la douleur à la faute. (V. Cousin.) ïln’y a pas de faute temporelle qui appelle une punition éternelle. (J. Simon.)

— Accident ou malheur qui est la consé-quence d’une faute : Chaque action porte avec

elle sa punition et sa récompense. (La Rochef.-Doud.) La jalousie est la juste punition de la vanité. (Fr. Arago.)

Punition de Dieu, Punition du ciel, Malheur considéré comme un châtiment providentiel.

En punition de, Pour punir de : Les dieux lui avaient changé la voix KN punition de ses méchancetés. (Vult.)

— Jeux. Sorte de peine qu’on inflige à ceux qui ont manqué à certaines règles du jeu.

PUNKA s. m. (peun-ka). Ecran que les Indous suspendent au plafond de leurs maisons, pour servir de ventilateur. Il Ou dit aussi pmjka.

— Encycl. Les punkas ou tankas sont des écrans ou éventails gigantesques, qui servent de ventilateurs dans toute l’étendue de l’Inde anglaise. Ces punkas se composent d’un cadre de bois léger recouvert d’une étoffe, au bas de laquelle flottent des franges. On les suspend en l’air au-dessous du plafond, de manière, à prendre a peu prés toute la largeur et la longueur de la chambre. Au bas iupunka on attache une corde passée dans une poulie. Cette corde est mise en mouvement par un domestique indou spécialement préposé a cet office. Le punka se relève et un poids, fixé également à la partie inférieure, le fait retomber. L’effet produit par ce colossal éventail, auquel on imprime un mouvement continu, est de donner une fraîcheur inappréciable dans ces pays où la chaleur atteint parfois une élévation incroyable ; sans le vent factice produit à l’aide des punkas, la position ne serait pas tenable. ■ Ce vent, dit Jaequemont, prévient la sueur ou l’enlève à mesure qu’elle se forme ; il s’adoucit souvent en un zéphyr insensible ; si vous êtes occupé à lire, à écrire, vous continuez quelque temps votre besogne, mais distrait, le front couvert de sueur, agité par un sentiment de gêne qui, bientôt, vous fait quitter le livre ou la plume ; vous regardez autour de vous, le punka pend immobile, le bâhi tient encore le cordon qui le tire, mais c’est qu’il l’a attaché à sa main. Il s’est doucement coulé à terre, accroupi, il sommeille et vous brûlez. Une énergique interjection le réveille en sur saut ; l’homme se lève à l’instant et tire le punka de toute sa force... ; vous éprouvez un sentiment d’aise et de fraîcheur. » C’est comme le passage d’un accès de fièvre au bien-être dans une maladie intermittente. Aussi voit-on le punka partout, dans le temple, ou tribunal et autres lieux publics, aussi bien que dans les demeures des particuliers. G^est même un des premiers étonneinents de l’Européen h son arrivée dans l’Inde. Il ne tarde pas, toutefois, à bénir cette heureuse invention.

PUNO, ville du Pérou, située sur la plateau de la Cordillère des Arides, au bord occidental du lac Titicaca, à 3,911 mètres au-dessus du niveau de la mer, à 350 kilom. S.-E. de Cuzco ; par !5° 50’ de latit. S. et environ 73° H’ de longit. O. ; ch.-l. d’un département de son nom ; 8,000 hab. Elle en avait 30,000 avant l’insurrection des Indiens fomentée par l’empereur du Pérou, Tupac-Amaru. Elle est bien bâtie, mais les vapeurs du lac nuisent à sa salubrité.

PUNO (département de), division administrative du Pérou, située entre les départements de Cuzco" au N., d’Arequipa à l’O., de Moquegua au S. et la Bolivie à l’E. ; 236,148 hab. Il forme, entre deux, ramifications des Andes, une longue vallée arrosée par des cours d’eau qui se jettent au N. dans les Amazones, au S. dans le lac Titicaca. Climat chaud et humide ; on y cultive le cacao, le café, la canne à sucre ; exploitation de quinquina ; quelques mines d’or et d’argent aujourd’hui négligées. Il exporte annuellement pour 6 à 7 millions de francs de laine de vigogne, d’alpaea, de lama et de mouton ; environ 40 mille marcs d’argent, au prix moyen de 40 francs le marc, et de la cascarilla ou du quinquina, venant de la vallée de Carabaya. Dans les cinquante années de 1775 à 1824, l’année 1782 non comprise, les mines du département de Puno ont envoyé à la fonte 1,765, G32 marcs d’argent. En estimant le produit de l’année 1782 à 23,379 marcs, moyenne entre les années 1781 et 1783, on aura un total de 1,789,011 marcs, ou environ 71,444,440 francs. Dans cette série, les droits perçus pendant ces cinquante années, toujours sans compter 1782, se sont montés à 1,738,086 piastres. Ce département est divisé en cinq provinces : Carabaya, Azangaro, Lampa, Ouancane et Chuquito ; il renferme, à 30 kilom. de Puno, le bourg de Vilqué, où se tient tous les ans, à la Pentecôte, fa foire la plus considérable du Pérou.

PUNT (Jean), peintre, graveur et comédien

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hollandais, né h Amsterdam en 1711, mort en 1779. Il étudia la peinture et la gravure, et il avait acquis un talent distingué, lorsqu’il s’éprit d’une remarquable tragédienne, Anna-Maria Bruyn, surnommée la Melpomène batave, et l’épousa (1733). Ce mariage décida de sa vocation pour le-théâtre. Quelque temps après, il débuta sur le théâtre d’Amsterdam, dans le rôle de Rhadamiste, obtint un brillant succès, et sa réputation dépassa bientôt celle de Duiin, qu’il avait pour principal concurrent. Il était dans tout l’éclat de son talent, lorsque la mort de sa femme vint lui causer une vive douleur et le détermina à renoncer au théâtre. Il revint alors aux arts du dessin, particulièrement a la gravure, et exécuta vers cette époque une suite de trente-six estampes représentant les plafonds peints par Rubens dans l’église des Jésuites d’Anvers. En 1748, Punt épojisa en secondes noces la tille d’un riche marchand de tableaux, Jeanne Chicot, reçut dans sa maison les hommes les plus distingués et finit par céder aux sollicitations de ses amis, qui lui demandaient de reparaître sur la scène. Il rentra, en effet, au théâtre en 1753, dans le rôle d’Achille, et cette épreuve montra qu’il n’avait rien perdu de sa chaleur, de ses élans passionnés, de son talent pathétique et fort. Redevenu veuf en 1771, il se remaria l’année suivante avec une comédienne de mérite, Catherine-Elisabeth Fokke, devint gérant du théâtre d’Amsterdam et tout semblait lui sourire, lorsque l’incendie de ce théâtre (1773) vint le ruiner complètement. Il se rendit alors à Amsterdam, y fit construire une salle de spectacle ; mais il trouva peu d’encouragement et quitta cette ville en 1777. Punt était sur le point de rentrer de nouveau au théâtre de sa ville natale, lorsqu’il mourut. Parmi ses estampes, dont la manière rappelle celle des Italiens, on cite le Cocher anglais, d’après Van der Myn ; un Corps de garde d’officiers hollandais, d’après Cornille Troost ; l’Ascension, d’après Sébastien Ricci ; des sujets tirés des fables de La Fontaine, d’après des dessins d’Oudry. Ses peintures historiques, où l’on trouve de ia noblesse et de l’originalité, ses paysages et ses portraits sont également estimés.

PKNTA-ARENAS, ville de la république de Costa-Rica, avec un port franc sur l’océan Pacifique ; 1,500 hab. Ce port est formé par une langue de sable à laquelle il doit son nom. Le climat est sain, mais la chaleur y est étouffante. L’origine de la ville ne remonte qu’à 1840, époque à laquelle l’ancien port de la Caldera a été définitivement abandonné à cause de son insalubrité. Les plus riches négociants, en partie anglais, français ou allemands, ont le siège principal de leur établissement dans cette partie de l’Amérique centrale. Une route carrossable relie Punta-Arenas à la ville de San-José. Parmi les importations figurent les articles suivants : tissus de laine et de coton, quincaillerie, comestibles, spiritueux, vins, lainages de Guatemala, objets d’ameublement, farines, bougies. Les exportations consistent en café, cuirs, sucre ; à ces trois produits, dont le premier est seul d’une importance majeure, viennent s’ajouter quelques parties de peaux de chevreuil, bois de cèdre, écailles de tortue, salsepareille, minerai de cuivre, .noix et pommes de terre.

PUNTAZZO s. m. (poun-ta-dzo —motital.). Ichthyol. Nom vulgaire des poissons du genre charax.

PUNTIDO, couvent de l’Italie septentrionale, situé entre Milan et Bergame ; ce fut là que fut signée la première ligue lombarde. V. ce mot.

PUPA s. m. (pu-pa ~ mot lat. qui signif. maillot, momie). Entom. Nom scientifique des nymphes et des chrysalides des insectes.

— Moll. Nom scientifique du genre maillot,

PUPÂLIE s- f. (pu-pa-lî). Bot. Genre de plantes, de la famille des amarantacées, tribu des achyranthées, comprenant des espèces qui habitent l’Amérique et l’Asie tropicale.

FUPAZZO s. m. (pou-pa-dzo). Sorte de marionnette italienne. U PI. PUPAZZI.

— Encycl. En Italie, les marionnettes portent différents noms, suivant qu’elles sont en bois, en os, en ivoire, et surtout suivant la manière dont elles sont mises en mouvement. On appelle burattini et fantoccini les marionnettes qui sont articulées et mues par des fils de fer ; bamboccie, celles qui sont mises en mouvement par une ficelle tendue horizontalement, tenant d’un côté à un bâton et de l’autre attachée au genou de celui qui les fait agir ; puppi oupupazzi, celles qui n’ont qu’une tête etdes mains de bois ; le corps n’est qu’une poche en étoffe, dans laquelle on passe la main ; le pouce et le médium simulent les bras, et l’index fait mouvoir la tête. Ces dernières marionnettes, simples dans leur structure, datent de fort loin ; ce sont celles-là qui conservèrent les traditions de la farce et de la satire, pendant le moyen âge, sur les places publiques, faciles qu’elles sont à transporter et à entretenir, ainsi que le théâtre (il castillo), la baraque, qui ne les montre qu’à micorps et qui est d’une simplicité primitive.

Le pupazzo s’éloigne donc beaucoup du fantoccio qui, fabriqué de toutes pièces et pendu au plafond du théâtre par des ficelles, marche sans raser lit terre ou en faisant tin bruit ridicule et invraisemblable. Ce mode

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plus savant et plus complet de la marionnette articulée arrive, avec certains perfectionnements de mécanique, à simuler des gestes assez vrais et des poses assez gracieuses. George Sand, dans VHomme de neige, a consacré d’intéressantes pages à ces théâtres d’automates. En revanche, le pupazzo laisse à l’acteur qui le met en mouvement et le fait parler.une liberté et une personnalité plus grandes ; il ne prête absolument que son masque.

Les pupazzi, grâce à cette liberté, ont perpétué la satire politique et individuelle plus commodément que les autres genres de marionnettes. Tandis que celles-ci mettaient lo plus souvent en jeu des types uniformes, Polichinelle, Arlequin, Pierrot, le Docteur, Colombine, les pupazzi ne vivaient qu’à condition de renouveler continuellement leurs masques, d’être à l’affût de l’actualité, et surtout de singer les personnages vivants. La modo des pupazsi fut grande en Italie et en France pendant tout le xvme siècle. Voltaire, à Ferney, avait un théâtre sur lequel paraissaient souvent des marionnettes. Quoique personne n’en ait positivement parlé, ne peut-on pas conjecturer, sans trop d’invraisemblance, que le grand homme y devait exercer sa verve railleuse ? La brillante société qui se réunissait à Sceaux, chez la duchesse du Maine, y trouvait aussi un théâtre de marionnettes, et plusieurs des pièces qui nous sont restées nous montrent qu’on ne s’y faisait pas faute des allusions fines et mordantes. En Italie, le vrai pays des marionnettes, le premier rôle dans toutes les farces, dans toutes les parodies, dans toutes les pièces à allusions satiriques, « triple source, dit M. Maguin, dont s’alimente la fortune des fantoccini ou des pupazzi, • appartient de droit au pantin Girolauio. Le plastron le plus ordinaire de ses plaisanteries est un Piémontais qu’on a grand* soin de supposer parfaitement stupide, gracieuseté de bon voisinage que les pupazsi de Turin ne manquent pas de renvoyer à leurs petits confrères de Milan. Le goût des marionnettes est si vif et si généralement répandu, que la haute société et même la bourgeoisie possèdent de petits théâtres et se donnent à huis clos le divertissement de faire jouer d’amusantes pièces par les poupées. Ces comédies, très-satiriques, très-mordantes, parait-il, ne ménagent ni les personnages illustres, ni les libertins monsignori qui pullulent à Rome et qui remplissent du bruit de leurs aventures amoureuses la ville pontificale. C’est, du moins, ce qui nous est révélé par quelques indiscrets qui ont’su se glisser dans les sociétés intimes et qui ont vu jouer les pupazsi. Voici ce qu’écrivait Stendhal au retour d’une de ces représentations clandestines qu’on avait donnée à Florence dans la maison de riches marchands, chez qui il avait été introduit : « Ce théâtre est une charmante bagatelle qui n’a que 5 pieds de large et qui, pourtant, offre la copie exacte d’un grand théâtre. Avant le commencement du spectacle, on éteignit les lumières du salon... Une troupe de vingt-quatre marionnettes do 8 pouces de haut, qui ont des jambes de plomb et qu’on a payées 1 sequin chacune, joua une comédie un peu libre, abrégée de la Mandragore de Machiavel, ., » Stendhal vit joutte aussi, par les pupazzi, une comédie politique très-amusante ; mais ou lui fit, auparavant, jurer le secret.

■ En Italie, dans les marionnettes de société, dit M. Maguin, il y a, pour faire parler les acteurs, autant de prête-voix, si je puis m’exprimer ainsi, que de rôles dan3 la pièce. Les gens d’esprit qui se plaisent à ce badinageet qui servent d’interprètes aux personnages considérables que l’on met en scène les ont vus souvent la veille ou le matin et peuvent ainsi imiter, à s’y méprendre, leur accent, leurs tics et la tournure de leurs idées. Stendhal a raison de dire que cette Taillerie fine, naturelle et gaie, .contenue dans les bornes des convenances et du bon goût, est un des plaisirs les plus vifs qu’on puisse se procurer dans les pays despotiques. »

M. Lemercier de Neuville a, vers 1863, entrepris de doter la France de ce divertissement de société ; il n’a pas eu d’imitateurs, mais il a personnellement très-bien réussi. Ses pupazsi ont été goûtés et il était de bon ton de les avoir dans une soirée à la mode. Dans la préface du livre qu’il leur a consacré et où il a réuni les meilleures de ses petites comédies improvisées, M. Lemercier de Neuville explique ainsi comment il eut l’idée do créer des pupazzi, pour distraire son enfant malade :

t Je découpais des images, dit-il. Amère raillerie ! c’étaient les charges des illustrations contemporaines que Caijat avait faites pour son journal, le Boulevard. C’étaient Méry, Monselet, Oct. Feuillet, de Villemessant, Jules Janin, Alex. Dumas etd’autres plus ou moins célèbres, tous connus ! des noms ! Quand les images furent découpées, à quoi pensais-je ? je n’en sais rien I je pris ■un carton et collai dessus la première charge qui me tomba sous la main, H. de Villemessant, je crois... Bientôt, la chose ayant plu à l’enfant, toutes les charges du Boulevard y passèrent et une quinzaine au moins fut colfée sur bois, peinte et machinée. Ce dernier mot nécessite une explication. Mes machinations feraient sourire un ingénieur par leur simplicité, comme elles ont fait sourire des gens du monde par leur ingéniosité. Le moyeu