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devait pas changer dans la rotation, on RUr: rait pu aussi bien déterminer le point A, en coupant le prolongement de ai par un arc de cercle décrit de a. comme centre avec ta' pour rayon.

En joignont oAt, on aie rabattement de la trace verticale du pian.

Soit ab, a’b’une droite contenue dans le

Îilan ; pour rabattre cette droite, on rabattra a trace verticale a’en A, et il ne restera qu’à joindre 6A,.

Soit ce* un point quelconque du plan ; pour rabattre ce point, on pourra rabattre une droite ab, a’b’menée pur ce point dans le plan; le rabattement C, du point C de l’espaee se trouvera en menant cct perpendiculaire à aq.

La méthode des rabattements est employée, toutes les fois qu’il s’agit de faire dans un plan oblique une construction dépendante d’éléments donnés dans ce plan. Cette méthode consiste a rabattre le plan et les éléments qui y sont donnés, k effectuer ensuite la construction sur le plan de rabattement et à relever enfin les lignes ou points obtenus comme résultats de la construction— Ainsi, par exemple, pour dessiner les projections d’un carré dont le plan et un côté seraient lionnes, on rabattrait ce plan et le côté donné, <n construirait ie carré sur le plan de rabattement et on relèverait les deux derniers sommets du carré.

RABATTEUR s. m. (ra-ba-teur — rad. rabattre). Chasse. Celui qui rabat le gibier: Chassées par les rabatteurs dans la direction du filet, tes perdrix s’y prennent d’autant mieux çue durant la nuit elles volent en s’élevanl fort peu. (A. d’Houdetot.)

— Par anal. Quelle est cette bande de drôles qui court ainsi à travers mon bois ? — Ce sont les rabatteurs qui fouillent le bois pour traquer le brigand, (E. Sue.)

RABATTOIR s. m. {ra-ba-toir — rad. rabattre). Teohn. Outil dont on se sert pour tailler les ardoises. Il Outil qu’on emploie pour rabattre les bords d’une pièce d’ouvrage quelconque.

RABATTRE v. a. ou tr. (ra-ba-tre — rad. rabais, ou réduplication de battre). Rabaisser, faire descendre; Rabattre ses cheveux sur son. front. (Acad.) Le vent rabat toute la fumée dans l’appartement. (E. Sue.) Ne rabattez pas ce capuchon sur votre visage, il n’est pas temps encorf. (G. Saud.) Elle referma la croisée, rabattit les rideaux et s’arrangea dans un fauteuil, au coin du feu. (Th. Gaut.) ! l Ausol. Cette cheminée rabat, Elle rabat la fumée, elle fume : Gardes-vous de brûler du charbon de terre dans une cheminée qui rabat. (Raspail.)..

t— Rabattre les plis, les coutures d’un habit, d’une robe,’etc., Les aplatir’: Le tailleur rabat SliS coutures ouee un carreau. Il— Fig. et Fam. Rabattre les coutures à quelqu’un, Le frapper sur le dos, sur les épaules : S’il n’y a pas de pincette, il y a une bonne trique pour rabattre vos coutures. (G. Sand.jV

— Diminuer, retrancher de la valeur d’une chose, du prix qu’on en demande : Il y a des marchands qui tiennent à honneur de ne rien rabattre de leurs prix. S’il se casse quelque chose, je m’eii prendrai à vous et le rabattrai sur vos gages. (Mol.) Je prétendais qu’il rabattit ta moitié de la somme ; il ? jura qu’il n’en rabattrait pas même— une’obole^ (Le Sage.) Chaque fois qu’une chose, lui convenait, il payait le prix demandé, sans essayer même d’en rien rabattra. (Al. Dum.) Il Abaisser, réprimer : Rabattrb l’orgueil, la hauteur, la fierté d’une personne. Le corps rabat la sublimité de nos pensées et nous attache a la terre, nous qui ne devrions respirer que le ciel. (Boss. J II n’est pat mal de rabattrb un peu l’orgueil des Anglais, qui se croient souverains du théâtre comme des mers. (Volt.) Il est bon de voyuyer quelquefois ; cela étend les idées et rabat l’amour-propre. (Ste-Beuve.)

Il Dans un sens analogue, Rabattre le caquet de quelqu’un, à quelqu’un, Le confondre, le remettre à sa place : La mine que ie roi venait de me faire rabattit bien mon caquet. (L’abbé de Choisy.)

Avant peu, je saurai rabattre ton caquet.

Picaed.

— Jurispr. Rabattre un défaut, Relever le défaut qui avait été prononcé contre une des parties : // se présenta à l’audience et fit rabattre les défaut qui avait été obtenu contre lui. (Acad.)

— Arboric. Couper les’rameaux ou la tige d’un arbre a leur point d’origine : On rabat les branches d’un arbre en plein vent qui poussent faibleluent, pour le rajeunir. (Dict. d’àgric.) il Rabattre une branche, La tailler plus court que de coutume afin qu’elle produise. un rameau plus vigoureux.

Agric. Mabattre la terre, La rendre unie. U Rabattre les ornières, les sillons, Les remplir de la terre qui s’est levée au bord, il Rabattre tes bilions. Aplanir les.billons dune terr<s labourée, il Rabattre, les avoines, Faire.. passer un rouleau sur les avoines déjà levées, pour aplanir la terre.

— Escrime. Rabattre un coup, Le détourner, le rompre en rabaissant le fer de son adversaire avec le sien : On lui porta un coup d’épée, et il te rabattit. (Acad.) il Fig. Rabattre les coups, Adoucir, apaiser des gens

RîABA :

aigris les uns contre les autres î II entra comme ils se querellaient et il rabattit bien des coups. (Acad.) Il Calmer les mauvaises dispositions d’une personne contre une autre : Le ministre était fort irrité contre lui, et on a bien eu de la peine à rabattre les coups, (Acad ;)

— Manège. Rabattre un cheval, Le maîtriser, u Rabattre les courbettes, Forcer un cheval de poser à. terre, en un seul et même temps, les deux pieds de derrière.

— Chasse. Rabattre le gibier, Battre la campagne, le bois, etc., pour rassembler le

fibier dans l’endroit où sont les chasseurs ; l s’est conduit comme un grand seigneur à, qui le vilain rabattait le gibier 'dans les chasses. (Ste-Beuve.)

— Mar. Virer de bord d’amont en aval : Rabattre un canot, une sapine :

— Techn, Frotter le marbre avec de la terre cuite pulvérisée, pour en faire disparaître les inégalités j la soumettre à l’opération du rabat, il Régler h la forge les coups de marteau à devant, n Effacer à petits coups de marteau, sur une pièce dont le forgeage est terminé, les inégalités produites par les grands coups de marteau, u Frapper sur un fer rouge pour le forger, n Rabattre en premier. Se dit lorsqu’il y a trois frappeurs à 1 enclume, n Rabattre en second, Se dit lorsqu’il y a quatre frappeurs. Il Former la tête d un clou ! Il Rabattre court. Frapper le plus promptement possible après le premier frappeur, il Abaisser les côtes trop marquées d’une pièce d’orfévrerie. Il Corriger une couleur venue trop vive k la teinture. U Mettre les peaux qui doivent être tannées dans un plain mort, de huit’en huit jours, pour les ramollir, n Faire passer sur ia rocheUo du fileur d’or le fil qui est sur la bobine.

— v. n. ou intr. Quitter un chemin, se détourner pour en prendre un autre : Quand vous serez en tel tieu ; vous rabattrez à main droite. Il faut rabattre par tel « itfrotï. (Acad.) lt Rabattre sur tel endroit, Se diriger vers cet endroit, s’y rendre : Le régisseur, ne comprenant rien à l’arrivée du comte, rabattit sur le château. (Balz.) n Fig. Rabattre de l’estime qu’on avait pour quelqu’un. Il y a beaucoup à rabattre de ce qu’il ait. (Acad.) le ne rabats rien sur tout ce que vous me dites de votre tendresse. (Mme de Sév.) Je m’imaginais que du moins ils rabattraient de leur gravité quand ils seraient à table. (Le Sage.) Je sais combien il faut rabattre de ces éloges, mais ils me font plaisir. (B. de St.-P.) Quant d la noblesse, elle est restée la même, elle n’A rien rabattu de sa présomption. (Proudh.)

Un homme un peu content et qui s’en &it accroire, Se voyant méprisé, rabat bien de sa glaire.

Th. Corneille.

… Eh bien ! monsieur le diplomate, L’Espagne, est-ce un pays dont il faut qu’on rabatte ? Ou bien regrettes-vou » ses orangers en fleur ?

L. BotnunsT.

Il En rabattre, Diminuer les prétentions, la valeur de quelqu’un, de quelque chose : Il y aurait beaucoup à kn rabattre si j’étais aussi ergoteur sur les choses que tu parais l’être sur les mots. (F. Soulié.) Quoiqu’il trouvât leurs propositions excessioes, il était décidé à les accepter s’il ne voulaient rien en rabattre, (Mignet.) On loue beaucoup les institutions anglaises et souvent à tort : combien il en faudrait rabattre si nous devions les introduire chez nous ! (L. Jouï’dan.) Il En rabattre de moitié, Revenir sur l’opinion favorable qu’on avait d’une personne, d’une chose : Sache » que pour céans j’en rabats de moitié, Et qu’il fera beau temps quand j’y mettrai le pié,

Mouérb.

— Jeux. Rabattre à la longue paume, Renvoyer la balle à la partie adverse, le plu3 près de terre possible, il Au jeu de quilles, Jeter une seconde fois la boule.

Se rabattre v. pr. Être, pouvoir être rabattu : Les coulures se rabattent avec un fer chaud. (Acad.) Il Retomber : La fumée se rabat.

— Chasse. Se remettre dans un endroit, s’y retirer : Les perdrix se sont rabattues dans cette pièce de blé. (Acad.)

— Quitter tout à coup la route qu’on suivait pour en prendre une autre : L’armée, après divers mouvements, se rabattit sur celte place. (Acad.)

— Fig. Changer brusquement de direction dans l’application de ses idées : La politique, pour ces grands poètes, n’est donc qu’un pis aller ; Us s’y rabattent quand les ailes leur manquent. (Ste-Beuve.) || Changer sans transition le cours d’une conversation : Il se rabattit sur les nouvelles du jour.

— Se borner, se restreindre : Les chouettes, qui ne peuvent attraper la nuit que des chauves • souris, se rabattent sur tes papillons phalènes. (Buff.) Passé quarante ans, le notaire se rabat sur te whist. (F. Soulié.)

— Syn. Babaltre, abaisser, avilir, etc. Y. ABAISSER..

— Rabattre, abattre. Y. ABATTRE.


RABATTU, UE (ra-ba-tu) part, passé du v. Rabattre : Son col de chemise était rabattu sur ses épaules. Pendant le diiier, à la clarté rabattue de la lampe, je remarquai que le président avait le front soucieux et qu’il nous observait d’un regard oblique et défiant. (J, Sandeau.)..

— Fig. Rabaissé, avili, humilié : Ma vanité a été bien rabattue. (Volt.) Rien de ce qui cherche à relever l’humanité vers Dieu ne doit èlre rabattu par la dérision. (Lamsrt.) n Redit k satiété : Tu comptes les maux de l’humanité ; tu ne rougis pas d’épuiser des lieux communs cent fois rabattus, et tu dis : la vie est un mal. (J.-J. Rouss.) Il Ce sens a vieilli ; on dit aujourd’hui rkbattu : AuotV tes oreilles rebattues dé la même histoire, il Retranché :

C’est toujours de les maux autant de rabattu.

Corbeille.

Chapeau rabattu, Dont les bord3 retombent.

Epée rabattue, Epée qui n’a ni pointe ni tranchant.

— Prov. Tout bien compté et rabattu, Tout bien examiné.

— Bot. Qui se penche vers la terre : Branches rabattues. Feuilles rabattues.

— Jeu. Dames rabattues, Sorte de jeu qui se pratique sur le tablier d’un trictrac avec les dames et les dés.

— s. m. Art de rabattre les coutures : Ce fut Ursule qui me donna les premières notions du surjet et du baBattu. (G. Sand.)

— s. f. Etage, construction oui s’élève au-dessus du plat-bord d’un grand navire.


RABAUT (Paul), célèbre pasteur du désert, né à Bédarieux le 9 janvier 1718, mort à Nîmes le 25 septembre 1794. Issu d’une famille protestante, il fut vivement impressionné, dès son enfance, par la situation douloureuse de ses coreligionnaires, placés sous le coup des édits les plus barbares, et son imagination en garda un poignant souvenir. Devenu jeune homme, il résolut de se consacrer au ministère évangélique, se maria, puis se rendit à Lausanne (1740), où, trois ans plus tard, il fut ordonné ministre. De retour en France en 1743, Rabaut occupa presque aussitôt la place de pasteur de l’Église de Nîmes, où il exerça le ministère pendant cinquante ans environ. « Une douceur affectueuse, dit M. Peyrat dans l'Histoire des pasteurs du désert, paraît avoir été le noyau de cette nature souple et forte, prudente et audacieuse, tenace, intrépide, infatigable, perpétuellement militante et d’une aptitude souveraine à la domination de la république des Églises sous la croix. Cet homme, d’un si grand courage apostolique, était d’une très-petite taille et d’une corpulence exiguë. Il avait la face longue et maigre, le teint basané, les yeux et les cheveux noirs, le nez mince, aigu et légèrement aquilin. » Ajoutons, pour compléter ce portrait, que Rabaut était doué d’une grande facilité d’élocution ; sa parole ardente et convaincue était entraînante et il montrait à tous l’exemple du courage et de la fermeté. Les protestants avaient eu un moment de répit, à la suite de la guerre de la succession d’Autriche et lors de l’invasion des Autrichiens en Provence. Mais aussitôt après la conclusion de la paix d’Aix-la-Chapelle (1748), les dragons recommencèrent leurs missions bottées, dispersant les assemblées, portant sur leurs pas la dévastation et l’effroi et forçant les parents réformés à faire baptiser leurs enfants à l’église catholique. Les montagnards des Cévennes, exaspérés, recoururent aux armes, décidés à se défendre jusqu’à la mort. L’intendant Saint-Priest craignit une grande insurrection et conjura Rabaut, dont il connaissait l’influence, d’apaiser ses coreligionnaires. C’était la seconde fois que le courageux pasteur évitait l’effusion du sang par de sages conseils. Les Cévenols se calmèrent à sa voix, et, quant à Saint-Priest, heureux d’en être quitte pour si peu, il tempéra la rigueur des mesures prescrites par le gouvernement. Vers 1754, le pouvoir résolut de forcer Rabaut à s’expatrier. Dans ce but, on fit chez lui de fréquentes visités domiciliaires. On y joignit des conseils, des avertissements, des menaces ; mais Rabaut resta ferme et continua ses voyages incessants à travers les Cévennes, errant d’asile en asile, espionné, poursuivi, habitant des huttes et des grottes, où il se voyait sans cesse relancé, car sa tête venait d’être mise à prix. En 1755, il fit à Paris un voyage dont le but n’a jamais été pénétré. De retour en Languedoc, il assista au synode national de 1756 et, à la nouvelle de l’attentat de Damiens, il publia une lettre pastorale dans laquelle il exprimait son horreur pour le régicide et les sentiments d’obéissance « que les protestants professaient à l’égard du roi. »

Cette lettre du chef vénéré des pasteurs du désert causa une grande joie au duc de Mirepoix et à Saint-Florentin, à qui elle fut envoyée. Mais tel ne fut pas l’effet d’une seconde lettre publiée peu de temps après (1758), sous ce titre:Lettre pastorale sur l’aumône aux fidèles de l’Église de Nîmes. Saint-Florentin ordonna l’arrestation de Rabaut; mais il revint bientôt sur cette mesure. En 1761, le pasteur adressa à la fille de Louis XV une pétition en faveur de François Rochette et, la même année, il publia une brochure intitulée:la Calomnie confondue (1761, in-4o), dans laquelle il repousse aveu indignation l’accusation lancée contre les protestants, d’ordonner aux pères de mettre à mort leurs fils apostats. En 1763, Rabaut présida le synode national tenu en France par les Églises réformées. Parvenu à un âge avancé et sentant ses forces faiblir, il se démit de ses fonctions (1785). Deux ans après, il eut la joie, d’assister à la publication de l’édit de 1787 et, sept ans plus tard, celle, encore plus vive, de faire la dédicace du premier temple que les protestants eurent à Nîmes depuis la révocation. Cette cérémonie solennelle eut lieu le 20 mai 1792. Ce fut sa dernière joie ; il vit son fils Rabaut-Saint-Étienne conduit à l’échafaud, ses deux autres fils proscrits; lui-même, jeté en prison, ne recouvra sa liberté qu’au 9 thermidor. Ces malheurs le conduisirent rapidement au tombeau. Outre les opuscules déjà cités, Paul Rabaut a publié : Exhortation à la repentance et à la profession de la vérité ou Lettre pastorale aux réformés de l’Église de Nîmes (Genève, 1761, in-4o) et un Précis du catéchisme d’Osterwald, qui a eu un très-grand nombre d’éditions. Un sermon de lui a été publié sous ce titre : la Livrée de l’Église chrétienne (Paris, 1829, in-12).

Rabaut n’était ni un théologien ni un érudit ; c’était avant tout un homme d’action, un missionnaire, le bras droit des Églises du désert dans le cours du XVIIIe siècle.


RABAUT (Jean-Paul), dit Rabaut-Saint-Étienne, homme politique français, fils aîné du précédent, né à Nîmes en 1743, exécuté à Paris le 5 décembre 1793. Son enfance s’écoula au milieu des plus orageuses tribulations, entre une mère menacée d’être ensevelie dans les cachots de la tour de Constance et un père dont la tête était mise à prix. Envoyé à Genève, puis à Lausanne, pour se préparer au ministère évangélique, le jeune Rabaut eut pour professeur Court de Gébelin, qui resta toujours son ami. De retour en France, il fut nommé pasteur à Nîmes en 1765. « La douceur de ses mœurs, dit Boissy d’Anglas, la bonté de son caractère, les agréments de son esprit lui attirèrent bientôt un grand nombre de partisans et une honorable célébrité. Son éloquence était onctueuse et nourrie des principes et de l’esprit des livres sacrés, dont les orateurs protestants font toujours un fort grand emploi ; il prêchait constamment, et à l’exemple de son père, la soumission et la fidélité au roi et la morale la plus touchante et la plus pure… Il y avait dans sa manière de penser et d’écrire quelque chose du précieux talent de Massillon, qu’il admirait beaucoup et qu’il étudiait sans cesse. » L’ère des persécutions contre les protestants touchait à son terme ; déjà les édits rigoureux n’étaient plus exécutés. Rabaut se rendit à Paris en 1785, pour hâter, grâce à de puissantes protections, l’heure où la liberté de conscience serait enfin proclamée en France. Encouragé, accueilli avec distinction par les hommes les plus marquants de l’époque, Rabaut eut le bonheur de voir sa mission couronnée de succès ; l’édit de 1787 fut donné ; les protestants étaient à l’abri de la persécution. Rabaut était désormais un personnage considérable. Cependant les états généraux venaient d’être convoqués. Rabaut, qui, pendant son séjour à Paris, s’était fait une place parmi les savants, en publiant ses Lettres à Bailly sur l’histoire primitive de la Grèce (Paris, 1787), qui avait montré, par ses Considérations sur les droits et les devoirs du tiers état (1788), que les questions politiques ne lui étaient pas étrangères, fut élu, à Nîmes, député des états généraux. Il arriva à Paris précédé d’une très-grande réputation, et ses amis, dans leur bienveillance exagérée, l'élevaient comme orateur même au-dessus de Mirabeau.

Les états s’ouvrirent le 5 mai 1789. Dès le début, Rabaut soutint que la vérification des pouvoirs des trois ordres devait être faite en commun et fut nommé membre d’une commission chargée de chercher les moyens d’arriver à une pacifique entente. Depuis lors, il prit très-fréquemment la parole. Le 14 juillet, il présenta un projet de déclaration des droits qui se résumait en ces trois mots : liberté, égalité, propriété. Un des plus mémorables triomphes de Rabaut à la tribune de l’Assemblée nationale fut celui qu’il remporta, au mois d’août, malgré les efforts de ses adversaires, dans la discussion qui s’éleva au sujet de la motion du comte de Castellane, que nul ne doit être inquiété pour ses opinions religieuses ni troublé dans l’exercice de son culte. Ce jour fut celui du triomphe de la liberté de conscience en France. « Messieurs, dit-il, ce n’est pas la tolérance que je réclame, c’est la liberté. La tolérance ! le support ! le pardon ! la clémence ! idées souverainement injustes envers les dissidents, tant qu’il sera vrai que la différence de religion, que la différence d’opinion n’est pas un crime. La tolérance ! je demande qu’il soit proscrit à son tour, et il le sera, ce mot injuste qui ne nous présente que comme des citoyens dignes de pitié, comme des coupables auxquels on pardonne. L’erreur, messieurs, n’est point un crime ; celui qui la professe la prend pour la vérité ; elle est la vérité pour lui ; il est obligé de la professer et nul homme, nulle société n’a le droit de le lui défendre… Je demande donc, messieurs, pour les protestants français, pour tous les non-catholiques du royaume, ce que vous demandez pour vous : la liberté, l’égalité des droits. » La majorité de l’Assemblée applaudit à ce beau langage et, le 23 août, les lois d’exception qui frappaient les dissidents furent abolies. Lors de la discussion sur la