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riques et géographiques sur l’Égypte (îsio, £ vol. in-8»), fit insérer de nombreux articles dans le Journal asiatique, rassembla les matériaux, considérables d’un Dictionnaire de la • langue arabe et fut appelé, en 1819, à la chaire d’hébreu, de chaldéen et de syriaque du Collège de France. Il avait appris l’arabe en suivant les cours de Sylvestre de Sacy, le chaldéen, le syriaque, l’hébreu et l’arménien sans maître. Dès 1815, l’Académie des inscriptions lui ouvrit ses portes et, en 1827, 41 fut nommé professeur de persan à l’École orientale des langues vivantes. On a reproché k son enseignement au Collège, de France d’avoir été plutôt celui d’un théologien que celui d’un érudit. lieux grands ordres de faits scientifiques, les résultats obtenus par la critique rationaliste allemande dans 1 étude des livres juifs et chrétiens et les résultats non moins considérables de la philologie comparée, créée par Bopp et Burnouf, étaient tenus par lui comme non avenus. Étranger à tout mouvement qui s’opérait en dehors de lui, il en était resté aux vieilles méthodes de critique qui essayent d’expliquer les miracles par des faits historiques mal compris ou exagérés, et, en philologie, il accueillait avec le même scepticisme que les hiéroglyphes de Champollion une chose beaucoup moins douteuse, le groupement des langues en familles, ce qui est le fondement de la science moderne. ■ Il repoussait, dit M. E. Renan, jusâu a l’unité de la famille indo-européenne et disait que l’usage du sanscrit pour expliquer les origines grecques, latines, etc., passerait comme avait passé la mode de tout expliquer par l’hébreu. •

Ses travaux d’érudition pure n’ont cependant pas été sans action sur tes progrès de l’orientalisme. Il a donné une excellente édition du texte arabe des Prolégomènes de Ibn-Khaldoun (1834, in-4«i) ; des traductions de l’arabe et du persan : l’Histoire des sultans mameluks de Makrist (1837, 2 vol. in-J"), l’Histoire des Mongols de la Perse de Raschid-Eddin (1836, iri-fol,). Son Mémoire sur les Nabathéens (1835, in-8o) a fait connaître des particularités ignorées concernant la civilisation de la Babylonie. On lui doit, en outre, beaucoup de morceaux de critique insérés dans le Journal des savants, de 1837 à 1857. Les matériaux qu’il avait amassés toute sa vie pour la rédaction d’un Dictionnaire arabe, d’un Dictionnaire copte, d’un Dictionnaire turc oriental et d’un Dictionnaire persan et arménien sont restés manuscrits. « Les langues orientales furent, dit M. E. Renan, le champ principal où s’exerça sa curiosité, mais il ne les prit point comme une spécialité exclusive ; toute autre étude l’eût également charmé, et, s’il préféra celle-ci, c’est probablement parce qu’il la trouva plus rare et plus difficile. Il n’y avait livre qu’il ne lût. Son admirable bibliothèque de 50,000 volumes n’était point, comme cela arrive si souvent, un instrument oisif entre les mains d’un maître qui ne lit pas ; c’était l’image fidèle de son savoir universel. De toutes ses œuvres, c’est celle qu’il a le plus aimée et l’une de ses préoccupations habituelles était la beauté du catalogue que l’on en dresserait après sa mort. Cette manière de prendre l’étude comme une jouissance personnelle bien plus que comme un moyen d’enrichir la science de résultats nouveaux explique les côtés éminents et les parties faibles de la carrière scientifique d’Étienne Quatremère. Peu de savants peuvent lui être comparés pour l’étendue et la sûreté de l’érudition ; on sent que ce qu’il doffne au public est le fruit d’un vaste travail dont la plus grande partie reste inconnue ; nul souci de se montrer ; aucun de ces artifices bien vite découverts par lesquels l’érudition novice essaye de faire illusion. Tous les travaux de Quatremère, quand il n’y môle pas de jugement propre, peuvent être pris comme une source première et maniés avec une entière sécurité ; mais on ne saurait nier que, sous le rapport de la critique, ils ne laissent beaucoup à désirer. Faute de direction générale, Quatremère, avec d’incomparables ressources et une puissance de travail qui n’a jamais été surpassée, n’a point ouvert de voie vraiment féconde. »

QUATREMÈRE - 1101SSY (Jean-Nicolas), magistrat et littérateur français, frère puîné de Marc-Étienne, né à Paris en 1751, mort dans la même ville en 1834. Il devint conseiller au parlement en 1782 et fut, en 1790, rapporteur dans les affaires Bezenval et Favras (v. ces mots). Vers 1798, il quitta Paris et n’y revint qu’après le 9 thermidor. En 1795, il fut secrétaire de la section de la Fontaine-Gi’enelle. Pendant le reste de sa vie, il employa ses loisirs à la culture des lettres. On lui doit : Recherches sur la vie et Jes écrits d’Homère, traduit de l’anglais de Th. Blaok■well (Paris, 1799, in-8") ; Londres pittoresque (1819, in-18) ; Adélaïde, fiction morale (1820, in-18) ; les Deux solitaires, conte moral (1821, in-lgj ; l’Ermite écossais, conte (1821, in-18) ; Henriette et Julie, conte (1822) ; Édouard de Belval et Sophie, conte (1823, in-18) ; Madame de La Vatlière, duchesse et carmélite (1823, in-18) ; Vie de Ninon de Lenclos et de Afme Comuel (1824, in-18) ; les Malheurs d’Henriette, roman (1824, in-18) ; Histoire d’Agnès Sorel et de la duchesse de Chdteauroux (1825, in-18) ; Marie-Thérèse d’Autriche et Marie-Thérèse de France (1825, in-18} ; Règne de Louis XIV (1826, in-8o) ;

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Jeanne Darc (1827, in-8») ; Tablettes poétiques ou Série de vers latins, sous chacun desquels est un traduction neuve en vers français (1829, 1831, in-8o), Quatreinère-Roissy a fourni, en outre, des articles a la Biographie universelle de Michaud. Son article Brutus, pour ce recueil, fut rogné par les ciseaux de la censure impériale, ■ qui ne voulait pas que l’on montrât au public un empereur assassiné. >

QUATREMERE-DISJONVAL (Denis - Bernard), physicien et chimiste, membre de l’Académie des sciences, cousin du commerçant Marc-Étienne, né à Paris en 1T54, mort en 1830. Il se fit connaître par d’ingénieuses analysés de l’indigo, du pastel, des terres calcaires, et par la découverte des sels triples. Il créa une filature de coton et de laine. Ruiné par les expériences coûteuses qu’il ne cessait de faire pour l’amélioration de cette industrie, il fut déclaré en faillite en 1788 et rayé des registres de l’Académie des sciences, où il siégeait depuis six années. Il passa en Hollande, y combattit dans les rangs des patriotes-, fut détenu à Utrecht comme fou, rentra en France en 1796, donna d’utiles conseils pour la construction des bateaux oanonniers lors de l’expédition d’Égypte et pour lé passage du mont Saint-Bernard en 1800. Bonaparte le nomma, à cette époque, chef d’état-major de la division qui pénétrait en Italie par le Simplon. Qùatremère-Disjonval avait des idées bizarres. Les araignées et leurs toiles, selon lui, forment un hygromètre parfait. Il a exposé sa théorie à cet égard dans les deux ouvrages suivants : Nouveau calendrier aranéologique (La Haye, 1793, in-so) ; ï’Aranéologie (Paris, 1797, in-8"). Il s’est aussi occupé de la physiognomonie. Ses opinions en linguistique le firent considérer comme tout a fait aliéné. Il prétendait que le besoin d’eau avait été le mobile de toutes les inventions et de toutes les institutions humaines ; que les langues s’étaient d’abord formées par l’imitation du bruit des instruments dont les hommes se servirent pour puiser de l’eau ; qu’enfin les signes de l’arithmétique, de la musique et de l’alphabet ne sont qu’une représentation de ces mêmes instruments. Il devait publier là-dessus un gros livre. Le prospectus en parut sous ce titre : l’Objet primitif substitué au Monde primitif de Court de Gébelin et à i’Origine des cultes de Dupuis (in-B° de 18 pages). Il voulut aussi faire une exposition publique de ses étranges paradoxes. Il l’annonça par un programme intitulé : Cours d’idéologie démontrée, servant d’introduction à l’étude des trois tangues orientales (1803, in-4o). Les leçons commencèrent, en effet, au collège des Irlandais, au milieu d’un concours immense de curieux ; mais la police ne permit pas au professeur de continuer. Disjonval passa de nouveau en Hollande. Après y avoir été quelque temps premier commissaire inspecteur des cordcries de la marine militaire, le besoin de faire parler de lui le ramena dans la capitale. Il planta, des premiers, à Saint-Denis, le drapeau de l’enseignement mutuel ; arrêté, cette fois, et mis en prison, il fut interné à 40 lieues de Paris. Après 1814, il alla se fixer à Marseille, où il vécut retiré, sans aucune relation avecsa famille. Nous citerons encore de lui : Analyse et examen chimique de l’indigo (Paris, 1777, in-4o) ; Collection de mémoires chimiques et physiques (Paris, 1784, in-4») ; Sur la transcendance du bois de mélèze dans les constructions (Dordrecht, 1803, in-S°) ; Manuel sur les moyens de calmer la soif et de prévenir la fièvre (Cbâlons-sur-Marne, 1808, in-£«). — Sa.femme cultiva les lettres et écrivit les deux romans intitulés : les Epreuves de l’amour et de la vertu (Paris, 1797, 2 vol.) et le Père Emmanuel (1805, 2 vol. in-12).

QUATREMÈRE DE QU1NCY (Antoine-Chrysostome), savant archéologue, député, membre de l’Institut, secrétaire perpétuel de l’Académie des beaux-arts, frère puîné do Qùatremère-Disjonval, né à Paris en 1755, mort en 1850. Il cultiva, dès sa jeunesse, les lettres et les arts en amateur éclairé et remporta, en 1785, le prix proposé par l’Académie des inscriptions et belles-lettres sur cette question : Quel fut l’état de l’architecture égyptienne et qu est-ce que les Grecs en ont emprunté ? Ce succès engagea Panckoueke à lui confier toute la rédaction du Dictionnaire d’architecture pour l’Encyclopédie méthodique, ouvrage important qui parut de 1795 à 1825 (3 vol. in-4»). Lorsque la Révolution éclata, Quatremère en adopta les principes, mais avec modération. Membre de.l’Assemblée des représentants de la commune de Paris, il y prononça, le 2 avril 1790, un discours fort remarquable en faveur de la liberté des théâtres. En 1791, les Parisiens l’élurent à l’Assemblée législative. Il s’y distingua, parmi les royalistes constitutionnels, par une lutte énergique contre les mouvements révolutionnaires. Il défendit si chaudement La

Fayette, ’ menacé d’un décret d’accusation dans la séance du 8 août 1792, qu’il fut gravement insulté par la foule en sortant de l’Assemblée. Détenu treize mois pendant la l’erreur, président de la section de la Fontaine-de-Grenelle dans les’ journées de vendémiaire an IV, condamné k mort par contumace, mais ensuite acquitté, député au conseil des Cinq-Cents, proscrit au 18 fructidor avec le parti cliehien, rappelé après le 18 brumaire, il devint secrétaire général du conseil

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du département de ta Seine. Il fut député de 1820 à 1822. Ayant été nommé, en 1824, censeur dramatique, il se démit aussitôt de ces fonctions, pour rester fidèle à ses opinions de 1790 sur la liberté des théâtres. Cette même année, il devint professeur d’arehéo- ’ logie au cabinet des antiques de la Bibliothèque nationale. Ce savant a laissé de nombreux ouvrages sur les beaux-arts et l’archéologie. On y remarque une érudition vaste, mais mal digérée, et une prolixité trop grande. Outre ceux que nous avons mentionnés nous citerons encore ; Considérations sur l’art du dessin en France, suivies d’un plan d’Académie (1791, 3 vol, in-so) ; Lettres sur les préjudices qu’occasionnerait aux arts et à ta science le déplacement des monuments de l’ort de l’Italie (1796, in-8o) ; le Jupiter Olympien ou l’Art de la sculpture antique considérée sous un nouveau point de vue (1814, iri-fol., 31 pi.) ; Considérations morales sur la distinction des ouvrages de l’art (1815, in-8o) ; Essai sur la nature, le but et les moyens de l’imitation dans les beaux-arts (1823, in-8o) ; Monuments et ouvrages d’art antiques, restitués d’après les descriptions des écrivains grecs et latins (1829, 2 vol. gr. jn-4°, 13 pi.) ; Histoire de la vie et des ouvrages de Jïaphaël (1824, in-8"), de Michel-Ange Buonarroti (1839, in-8o), des plus célèbres architectes du XI« au xvnie siècle (1S30, 2 vol. in-4», 47 pi.) ; Dictionnaire historique d’architecture (1833, 2 vol. in-4<>) ; Canova et ses ouvrages (1834, in-8o) ; Recueil de notices historiques lues dans les séances de t’Académie des beaux-arts de 1816 à 1837 (2 vol. in-8o) ; Essai sur l’idéal dans ses applications pratiques aux arts du dessin (1837, in-8"). On trouve aussi des dissertations et. des articles de lui dans le recueil de l’Académie des inscriptions, le Journal des savants, etc.

QUATRE-Œ1L s. m. Mamm. Nom vulgaire du sarigue commun, qui, au-dessus de chaque œil, présente une tache d’une couleur claire, imitant un second œil.

QUATRE-PIEDS s. m. Instrument dont le chaufournier se sert pour charger la chaux.

QUATRE-QU1NT S. m. (ka-tre-kain — da quatre, et du lat. quintus, cinquième). Ane. coût. Réserve des quatre cinquièmes des propres, accordée par la coutume aux héritiers.

QUATRE-QUINZE s. m. Jeux. Série de quatre coups do raquette, pour chacun desquels on compte quinze.

QUATRE-RAIES S. m. Erpét. Nom Vulgaire d’uneespèce de couleuvre.

, QUATRE-SAISONS s. f. llortic. Variété

de fraise.

Marchand des quatre-saisons. Marchand qui vend des légumes et des fruits produits par chaque saison,

— QUATRE-SOUS s. m. Pop. Cigare qui coûte quatre sous ou 20 centimes : Notre déjeuner fini, il tira un quatRE-sous de son portecigares en paille d’Italie. (Deriége.)

QUATRE-SOUS (Anne), héroïne de la Révolution. Elle était née dans le département de l’Isère vers 1778, s’habilla en garçon lors des premiers enrôlements volontaires et fut d’abord écartée à cause de sa petite taille et de son âge, an mai 1791. Elle avait à peine treize ans, et son nom burlesque et vulgaire indique assez soji origine plébéienne. À force d’insistance, elle parvint a se faire admettre dans un des bataillons des volontaires de l’Isère, pour la conduite des chevaux d’artillerie. On ignorait tout à fait son sexe. Elle servit près de trois années ainsi, en Vendée, à l’armée du Nord, en Belgique, assista aux sièges de Liège, d’Aix-la-Chapelle, de Namur, de Maastricht, puis de Duukerque, toujours employée à la conduite des canons. À la bataille d’Hondschoote, elle eut deux chevaux tués sous elle. Blessée dans une affaire, elle ne put cacher plus longtemps son sexe et quitta les drapeaux.

Ce sont là des faits qui témoignent d’une manière éclatante de l’enthousiasme patriotique de cette grande époque et qui sembleraient légendaires s’ils n’étaient attestés par les documents officiels. L’énergique petite patriote du Dauphinô ne fut pas d’ailleurs la seule personne de son sexe que la voix de la patrie en danger entraîna au feu. Revenue à Paris dans un dénùment complet, comme un pauvre soldat, Anne Quatre-Sousse tourna vers la Convention nationale, comme un enfant vers sa mère. Elle reçut un secours provisoire de 150 livres. Son général (Fromentin) et tout le corps d’artillerie de l’armée du Nord attestaient son courage, son dévouement républicain et la pureté de ses mœurs. Sur le rapport du représentant Gossuin, la Convention décréta, dans sa séance du 3 iloréal an II, qu’une pension de 300 livres serait servie à la « citoyenne Quatre-Sous, > laquelle pension serait augmentée de 200 livres h l’époque de son mariage, et, qu’eu outre, une nouvelle somme de 150 livres serait mise immédiatement à sa disposition pour satisfaire à ses premiers besoins. On ignore ce que cette brave fille est devenue.

QUATHESOUS DE PAUCTELAINE (Antoine), historien français. V. PauctelaiNB.

quatre-TACHES s. m. Ichthyol. Poisson du genre silure.

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QUATRE-TEMPS s. m. pt. LHurg. cathol. Série de trois jours pendant lesquels l’Église ordonne de jeûner, en chacune des quatre saisons de l’année : Jeûner les quatrg-tkmps. On croit que le pape fera, aux quatkiî-temps prochains une promotion decardinaux. (Acad.)

Est-il donc, pour jettn*r, quatre-temps ou vigiles ?

Boilbau.

— Encycl. On appelle quatre-temps, dans l’Église catholique, le jeûne et l’abstinence que l’on observe pendant trois jours, le mercredi, le vendredi et le samedi, au commencement de chaque saison. L’origine de cette coutume remonte très-haut dans l’histoire de l’Église. Saint Léon, dans ses sermons, parle du jeûne des quatre saisons de l’année : « celui du printemps, au commencement du carême ; celui de l’été, à la Pentecôte ; celui d’automne, au septième mois, en septembre, et celui d’hiver ; au dixième ou en décembre ; » et même ce pape ne nous en parle pas comme d’une coutume nouvelle ; il regarde ce jeûno comme de tradition apostolique et comme une imitation des abstinences de la synagogue. Saint Thomas ne fait pas remonter l’origine des quatre-temps jusqu’aux Juifs, car rien ne prouve qu’ils aient eu trois jours de jeûne au commencement de chaque saison ; mais, par une conjecture très-ingénieuse, il croit que l’Église institua les quatre-temps comme contre-partie des bacchanales que les païens célébraient au retour de chaque saison rfouvelie.

Quoi qu’il en isoit de leur origine, l’objet de3 quatre-temps est celui-ci : consacrer a. Dieu par la pénitence les quatre saisons de l’année, pour qu’il répande ses bénédictions sur les fruits de la terre. « On ne doit pas ètiie étonné, dit Bergier (Diet, de théol.), de ce que les quatre-temps n’ont pas été observés dans l’Église grecque, puisque les grecs jeûnaient tous les mercredis et tous les vendredis de l’année et fêtaient le samedi. Dans l’Occident même, ce jeûne n’a pas été pratiqué universellement dans toutes les Églises ; il ne l’était pas encore dans celle d’Espagne du temps de saint Isidorede Séville, au vie siècle, et l’on ne peut pas prouver qu’il l’ait été en France avant le temps dé Charlemagne. Mais ce prince en ordonna l’observation par un capitulaire de l’an 769 et le fit confirmer par un concile de Mayence l’an 813. Enfin, dans le xie siècle, le pape Grégoire VII fixa distinctement^ les quatre semaines dans lesquelles las quatre-temps devaient être observés, et peu k peu cette discipline s’établit telle qu’elle est encore aujourd’hui. ■

QUATRE-VINGT adj. V. QUATRE-VINGTS.

QUATRE-VINGTIÈME adj. (ka-tre-vaintiè-me

— rad. quatre-vingts). Qui occupe un rang marqué par le nombre quatre-vingts, dans une série dont les termes sont désignés par la suite naturelle des nombres : Vous êtes te quatre -vingtièmes sur la liste.

— Qui est contenu quatre-vingts fois dans le tout : La quatre-vingtième partie.

— s. m. Quatre-vingtième partie : On quatre-vingtième de l’unité.

QUATRE-VINGTS, QUATRE-VINGT quand ce mot est suivi d’un autre adjectif de nombre ordinal, adj. (ka-tre-vain — de quatre, et de vingt. On disait autrefois, plus régulièrement, octante ou huilante et nouante ; nous disons aujourd’hui quatre-vingts et quatrevingt-dix, expressions qui nous viennent des Gaulois, suivant Chevallet. Les Gaulois, d’après ce savant, auraient fréquemment employé, dans leur numération, le système vicésimal. Il en donne des preuves presque

irrécusables. Mais, quelle que soit l’antiquité de ces façons de parler, il est regrettable qu’elles se soient définitivement implantées dans un système de numération auquel elles sont étrangères, et qu’en rejetant troisvingts, six-vingts, sept-vingts, nous ayon3 conservé quatre-vingts). Huit fois dix : Quatre-vingts hommes. QuATRE-vrNGT-j’ui’i.îe francs. L’homme vit quatre-vingts ans, et le chien ne vit que dix ans. (Buff.)

C’est une charge bien pesants

Que celle de quatre-vingts ans !

Quinault.

— Quatre-vingtième : En l’an quatrevingt. La page quatre-vingt, ij Dans ce eus on supprime toujours le s final.

— Prov. Quatre-vingt-dix-neuf moulons et un Champenois font cent bêles, Les Champenois sont tous des bêtes. V. Champenois.

— Mamm. Race de chiens, appelée aussi chien d’Artois.

. — Gramm. Quoiqu’on dise vingt et un, trente et un, etc., on ne met pas et dans quatre-vingt-un ; on ne le met pas non plus dans quatre-vingt-onze, etc. Le substantif déterminé numériquement par quatre-vingt-un est toujours au pluriel, paroéque un fait corps avec quatre-vingt et marque ainsi une pluralité évidente. V. aussi la note sur vingt.


QUATRE-VINGT-NEUF s. m. Hist. Première année de la Révolution française : Les principes de quatre-vingt-neuf.


QUATRE-VINGT-TREIZE s. m. Hist. Année dans laquelle fut inauguré le régime politique connu sous le nom de Terreur. V. ce dernier mot.

— Fig. Révolution violente, radicale ; état de terreur ; Toute aristocratie oisive est à la