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quand ils sont dans la force de l’âge, c’est-à-dire âgés d’environ trente-cinq ans. On estime que, choisis dans ces conditions, ils peuvent exercer le puddlage pendant dix ans. Au bout de ce temps, ils meurent. Il arrive souvent qu’ils meurent avant et il est bien rare qu’ils résistent davantage et dépassent cette période. L’ouvrier qui entre au puddlage sait donc ce qui l’attend ; c’est une condamnation à mort qu’il accepte avec un délai de dix ans. Aucun ne se fait d’illusion à ce sujet et tous contractent ce marché terrible en connaissance de cause. Mais quand on songe à cette situation, on s’explique très-facilement l’âpreté et même ia violence que montrent ces ouvriers dans les grèves qui ont lieu, pour ainsi dire annuellement, dans certains pays et surtout en Belgique. Que penser après cela de ceux qui disputent misérablement quelques sous de salaire à ces ouvriers qui donnent leur vie, et de ceux qui implorent l’autorité administrative et font intervenir la force pour contraindre ces malheureux à exercer leur terrible et dur métier ? Quant à ceux qui, ignorant à quel prix l’industrie produit certaines richesses, accusent avec des apparences de raison ces ouvriers d’ivrognerie, d’imprévoyance et d’autres défauts ou vices du même genre, ils oublient que la nécessité est leur excuse et que les excès de travail et de fatigue appellent, on peut même dire exigent des excès de repos, de nourriture ou de boisson. Ce n’est qu’a l’aide des liqueurs fortes que ces malheureux peuvent se soutenir, et on comprend qu’ils soient altérés quand on pense qu’ils sont demeurés six heures devant un four où le fer s’est fondu. On peut considérer cette nécessité comme un malheur ; mais ce ne sont point ces ouvriers qui l’ont faite et qui en sont responsables ; ils la subissent pour vivre, et le résultat est de procurer à l’industrie un produit indispensable.

PUDDLÉ, ÉE (pud-lé) part, passé du v. Puddler : Fer puddlé. Acier puddlé.

PUDDLER v. a. ou tr. (pud-lé — de l’angl. puddlé, gâchis, bourbier). Techn. Soumettre a l’opération du puddlage : Puddler le fer, la fonte, l’acier. Four à puddler.

PUDDLEUR s. m. (pud-leur —rad.pudd/er). Ouvrier employé au puddlage.

PUDENDAGRE s. f. (pu-dan-da-gre — du )at. pudenda, parties génitales, et du gr. agra, prise). Pathol. Nom générique des douleurs aux parties génitales.

PUDENDUM s. m. (pu-dain-domm — mot lat. dérivé de pudere, avoir honte). Parties génitales externes des deux sexes, mais surtout celles de la femme.

■ PUDEUR s, f. (pu-deur — lat. pudor, qui signifie proprement, selon Delâtre, crainte, ce qui fait fuir, de la racine sanscrite pad, aller, marcher, d’où le principal nom aryen du pied : sanscrit pada, grec pous, podos, latin pes, etc.). Sentiment de crainte ou de timidité que font éprouver les choses contraires à la décence : Pudeur virginale. Avoir perdu toute pudeur. Discours qui offensent, gui blessent la pudbub. Les premières voluptés sont toujours mystérieuses ; la pudeur les assaisonne et les cache. (J.-J. Rouss. JLu violation de la pudkur suppose dans les femmes un renoncement à toutes les vertus. (Montesq.) La pudeur est un des plus grands charmes de la beauté. (Montesq.) La pudeur a sa fausseté, et le baiser son innocence- (Mirabeau.) La pudeur est le sentiment de la difformité du vice et du mépris gui le suit. (Vauven.) Il est une exagération de pudeur que n’évitent pas toujours les femmes vertueuses. (Balz.) La pudeur est en nous pour ajouter au plaisir, et non pour le réprimer. (Senancour.) La pudeur, la confiance et l’honneur se perdent à peu de frais et ne se recouvrent à aucun prix. (Samal-Dubay.) Admires la pudeur des femmes : elles s’habillent de façon à ôler à leur corps toute forme humaine. (A. d’Houdetot.) il est plus contre la pudeur de se mettre au lit avec un homme qu’on n’a vu que deux fois, après trois mots dits à l’église, que de céder malgré soi à l’homme qu’on adore. (H. Beyle.) N’est-ce pas un sentiment de coquetterie qui inspire la pudeur, pour rehausser par la difficulté le pria des attraits et les délices des jouissances en les faisant désirer avec une plus vive ardeur ? (Virey.) La pudeur embellit la beauté comme la rosée embellit la nature. (Labouisse.) La pudeur est une forme de la dignité personnelle. (Pioudh.) Chez les Romains, il y avait une loi qui portait les femmes à sacrifier toute pudeur, (Franck.) C’est à la pudkur que la jeunesse commence, et la pudeur, au fond, n’est que le sentiment qu’un homme peut nous voir avec des yeux d’amant. (E. Augier.) La pudkur renferme toutes les vertus des femmes. (Mme de Passy.) Un vieillard sans dignité est comme une femme sans pudeur. (Latena.)

Quelle aimable pudeur sur leur visage est peinte !

Racine.

Je fuis un effronté qui prêche la pudeur.

BoiLEAU.

La pudeur est le don le plus rare des cieux.

L. Racine.

, ., .. Qu’importe

Que le corps soit vivant quand la pudeur est morte ?

Ponsard.

— Par anal. Sentiment de timidité* ou de crainte que font éprouver les choses auxt>UDIÏ

?iuelles on attache quelque honte : Il est, chez

es âmes nobles, une pudeur gui les empêche d’exprimer leurs souffrances. (Balz.) Certains hommes rapportent ouvertement toutes leurs actions à leur intérêt propre et y sacrifient sans pudeur tout le reste. (E. Saisset.) iïiispiration a sa pudeur : elle ne descend pas si un œil trop curieux l’épie. (Th. Gaut.) L’honneur, c’est la pudeur virile. (A. de Vigny.) Il y a des pudeurs sur tous les sentiments profonds. (Lamart.)

Défendei-vous par la grandeur,

Allègues la beauté, la vertu, la jeunesse : La mort ravit tout sans pudeur.

La Fontaine.

— La pudeur est souvent personnifiée : La Pudeur est cette divinité qui, dans un moment d’oubli avec l’Amour, enfanta la Coquelterie. (Balz.) La Pudeur est la mère de l’Amour. (H. Beyle.)

La Pudeur fut toujours la première des Grâces.

La Chaussée.

Partout scandalisée et partout méconnue, La Pudeur ne «ait plus où reposer sa vue.

Fa. de Neufchateao.

... Le moindre désir qui l’effleure de l’aile Met un voile de pourpre à la sainte Pudeur. A. pe Musset.

Dans une alcôve parfumée,

Impénétrable au dieu du jour,

La Pudeur, sans être alarmée, Dort sur les genoux do l’Amour.

EEKN13.

— Jurispr. Attentat à la pudeur. Acte d’immoralité commis sur une personne, avec ou sans violence.

— Rem. Ce mot a été attribué à Desportes, mais il parait plus ancien que lui.

■ — Syn. Pudeur, décence, modexio. V. DECENCE.

— Pudeur, home V. HONTE.

— Encycl. Mor. Quand le mot pudeur est pris dans son acception la plus générale, il représente autre chose que la pudicité, qui n’en est qu’une forme particulière. En effet, la pudeur est susceptible de diverses formes et elle se manifeste aussitôt que l’enfant commence à comprendre que, quand il parle ou qu’il agit en présence d’autres personnes, il est exposé à être blâmé par elles. En ce sens, la pudeur consiste dans une certaine crainte que l’homme a de se montrer, et ce sentiment se manifeste chez certaines personnes par la rougeur qui leur couvre le front lorsqu’elles aperçoivent les yeux des autres dirigés vers elles. Cette forme particulière de la timidité a été assez bien rendue par Boileau dans le premier chant du Lutrin. Trois des partisans du prélat doivent aller pendant la nuit remettre 1» pupitre a son ancienne place ; le prélat a décidé que c’est le soit qui les désignera, et les noms de tous les assistants ont été mis dans un bonnet :

Pour tirer ces billets avec moins d’artiflee, Guillaume, enfant de chœur, prête sa main novice ; Son front, nouveau tondu, symbole de candeur. Rougit, en approchant, d’une honnête pudeur.

Ce n’est pas seulement sa partie physique, c’est encore sa partie morale que l’homme peut craindre de dévoiler par l’effet d’une sorte de honte fort naturelle. La Fontaine a très-bien exprimé ce sentiment délicat dans les réflexions qui terminent une de ses plus belles fables, celle des Deux amis : Qu’un ami véritable est une douce chose I Il eberebe vos besoins au fond de votre cœur ; Il vous épargne la pudeur

De les lui découvrir vous-même.

Ainsi, un sentiment en quelque sorte instinctif porte l’homme h ne se montrer qu’à demi, et ce ne sont p»3 seulement ses imperfections qu’il craint de dévoiler, ce sont aussi ses meilleures qualités : la modestie n’est qu’une forme raltinée de la pudeur. Mais, en acquérant de l’expérience et en observant les autres, il se défait peu à peu de cette timidité primitive, au moins dans ce qu’elle a d’excessif. En effet, quel intérêt a-t-il à se cacher ? Celui de ne pas montrer ses imperfections. Mais, s’il cache lout, ses bonnes qualités resteront dans l’ombre en même temps que ses défauts ; or, ce Serait contraire à ses intérêts. Sans doute, la modestie nous défend de faire un étalage trop apparent de nos facultés et de nos talents ; mais elle ne nous commande pas de les dissimuler tout à fait. Personne n’est obligé de cacher ses talents et ses vertus au point de les rendre invisibles.

La pudeur, entendue dans le sens de pudicité, n’est qu’une forme particulière du sentiment plus général dont nous venons de parler. En effet, en quoi consiste-t-elle ? Avne pas montrer certaines parties de notre corps, a ne pas faire certains actes devant témoins, à ne rien dire qui rappelle l’idée de ces parties ou de ces actes, etc.

La pudeur, ce sentiment d’une extrême délicatesse qui fait que la femme craint de se laisser voir ou rougit sous un regard trop libre, que l’homme éprouve aussi lui-même, quoique à un degré moindre, paraît, au premier abord, appartenir Seulement aux civilisations, être le fruit de mœurs polies où règne la décence ; cependant il tient, par ses racines, à un instinct que les mœurs n’ont fait que développer. Une des différences qui existent entre l’homme et la bête, c’est que

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la bête n’agit jamais que par instinct, tandis que l’homme peut agir en vertu de deux causes : l’instinct, qui ne suppose aucune prévision, et la volonté, oui ne se forme que grâce au désir et à la faculté de prévoir. Mais, pour toutes les fonctions qui sont nécessaires a la conservation et aux progrès de l’espèce humaine, la nature a une habitude constante, c’est de faire ébaucher par l’instinctce que la volonté doit achever ensuite. Si l’on applique ce principe à la question de l’origine de la pudeur, on aura une raison de croire que le premier essor de ce sentiment est dû à l’instinct. Un second motif qui milite en faveur de la même opinion, c’est que la pudicité n’est qu’une forme particulière du sentiment plus général dont nous parlions en commençant. Or si, comme nous ! avons établi, c’est l’instinct qui, dans certains cas, nous fait craindre de nous montrer tout entiers, il est naturel d’en conclure que c’est aussi l’instinct qui, dans des occasions plus déterminées, nous fait cacher certaines parties de notre être. C’est surtout à tout ce qui regarde la génération que ce sentiment de pudeur s’applique, et il y a à cela de fort bonnes raisons, tant au point de vue de la nature que de la société.

La nature a pris, pour la conservation des espèces, des précautions plus grandes que pour celle des individus. Aussi, dans chaque espèce animale, l’attrait qui pousse les deux sexes à se réunir est la passion la plus indomptable.-Or, dans la nature humaine, la

force de cette passion la rend dangereuse ; il est nécessaire qu’il y ait des causes naturellesou artificielles qui retardent le pluspossible l’éclosioû et l’essor d’une passion aussi redoutable que l’amour sexuel. Or, la pudeur est une barrière élevée dans cette intention. À mesure que les sociétés humaines s’éclairent davantage, elles prennent des précautions plus grandes pour retarder le moment où la puissante Vénus commencera à faire sentir son aiguillon. Pour peu qu’on ait d’expérience, on sait quelle est l’influence exercée par la vue et quelle est la force, bien plus grande encore, de l’exemple. Voilà la raison des interdictions qui sont prescrites par la morale, par l’opinion éclairée, et dont l’observation constitue la pudicité.

Plus nous avons d’amour-propre, de dignité personnelle et de respect de nous-mêmes, plus nous avons de pudeur et plus nous tenons à être respectés dans ce sentiment. Par conséquent, c’est nous offenser, c’est nous blesser que d’y porter atteinte. Or, ce n’est pas seulement en s’attaquant à. notre personne qu’on peut le faire, c’est aussi en prononçant devant nous des paroles indécentes ou en commettant des actes d’impudicité. Aussi, c’est manquer à une femme que de faire résonner à ses oreilles des mots qui lui portent la rougeur au front. C’est pour cela qu’en latin verecundia signifie à la fois pudeur et respect. Mais ce respect, que nous vouions pour nous-mêmes, nous y tenons aussi pour nos proches et pour toutes les personnes que nous aimons, et ainsi on explique facilement pourquoi Virginius tua sa fille plutôt que de laisser commettre sur elle le dernier outrage.

On peut juger par là du degré de force que la pudeur est susceptible d’atteindre. Cette force est attestée par des faits nombreux. Lucrèce se tua de désespoir après avoir été violée par Sextus Tarquin. Il est arrivé souvent que, pour éviter de manquer aux lois de la pudeur, des personnes, mais surtout des femmes, aient fait les plus grands sacrifices, même celui de la vie. On cite des exemples de femmes qui, ayant besoin des secours du médecin, se sont refusées à le faire venir parce qu’il aurait fallu lui montrer ce que la pudeur ordonne de cacher.

Cependant, on a contesté que le sentiment de Impudeur soit inné ou instinctif. Cela tient à ce que ce sentiment n’est pas également fort ni apparent chez tout le monde. Par exemple, il est généralement plus fort chez la femme que chez l’homme. De plus, on voit souvent deux frères ou deux sœurs, ayant vécu dans des conditions analogues, montrer de bonne heure une pudeur très-inégale. Les inégalités de cette sorte doivent être attribuées, au moins pour une part, au tempérament ou à ce qu’on appelle, dans les livres d’hygiène, l’idiosyncrasie. S’il en existe chez les personnes de la même famiile, à plus forte raison doit-il s’en trouver chez celles qui appartiennent à des familles ou à des races différentes. Ces inégalités delà pudeur innée sont, sans doute, une des causes qui ont contribué à la voiler et à la faire méconnaître.

Une autre cause qui a pu amener le même résultat, c’est que la pudicilé a des antagonistes qui l’empêchent de se manifester ou qui l’étouifent. Ces antagonistes sont multiples et de natures diverses. D’abord, quelle que soit la force de la pudicité due à l’instinct, a lu prudence et au devoir, il lui arrive souvent de fléchir devant un devoir supérieur, tel que celui du mariage. L’amour

?eut amener le même résultat. Le besoin,

intérêt personnel, la fainéantise et des motifs frivoles, tels que l’amour de la parure ou même la simple curiosité, poussent une femme à sortir des bornes de la pudeur ; mais on ne peut en conclure qu’elle n’en avait pas.

Ainsi, la pudeur peut être considérée comme innée à un certain degré, en ce sens qu’elle se manifeste sous la seulo influence

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de l’instinct ; mais, du moment que le monde en reconnut l’importance morale et sociale et l’honora comme une vertu, elle prit une bien plus grande importance. On s’efforça d’en faire prendre l’habitude aux enfants ; la considération s’attacha a la pratique de cette vertu comme à celle de toutes tes autres. Chacun eut un motif, le désir de l’estime, pour être pudique, et ce ne fut pas seulement le respect humain qui y contribua, ce fut aussi le désir naturel à l’homme de mériter sa propre estime, ou ce qu’on appelle le besoin de la dignité personnelle. L’existence de ce dernier mobile suppose un certain^ degré de culture morale, et il en est de même de plusieurs autres, qui sont aussi des auxiliaires de l’instinct de pudicité. Par conséquent, lorsque cette disposition a acquis une certaine-force et une certaine persistance, si elle est innée pour une part, elle est acquise pour une autre.

Une vérité qui ressort de toute l’histoire, c’est que les progrès de la civilisation et de la culture morale ont pour effet constant de rendre les mœurs plus chastes, au moins en apparence, de faire mieux apprécier l’importance morale et sociale de la pudeur et, par suite, de la faire honorer et cultiver davantage. On peut en juger aussi par l’état présent des différentes fractions de l’humanité, puisque les dili’érents degrés de culture par lesquels ont passé les fractions les plus avuucées ont encore des représentants sur la terre. La pudeur n’est qu’à l’état embryonnaire chez les peuplades sauvages du centre de l’Afrique comme chez celles de l’Océanie, dont Bougainville et Cook ont décrit les mœurs. Mats les civilisations extrêmes et corrompues présentent quelquefois des spectacles plus honteux, et ce n’est pas sans raison que Juvénal s’écriait, en parlant des femmes de sou temps :

Credo pudicitiam Satumo rege moratam !

Comparée au manque naïf de pudeur des peuplades primitives, l’impudeur des femmes, dans les grandes saturnales de l’empire romain, semblerait, en effet, donner un démenti au progrès parallèle de- la pudeur et de la civilisation. Ce démenti n’est qu’apparent ; car, à côté des éhontées dont parle lo po9te, il y avait de pudiques matrones occupées chastement dans leurs maisons, et certainement en bien plus grand nombre.

D’ailleurs, la pudeur ne serait pas un sentiment naturel, que les femmes l’inventeraient par coquetterie ; elles savent trop bien que ce qu’on cache a plus de prix encore que ce qu’on montre et que, si la vue des nudités éveille des désirs lascifs et violents, la grâce qui se voile en partie a une action plus profonde et plus pénétrante. « Les femmes, dit Lucrèce, cachent soigneusement l’arrièrescène de la vie à ceux qu’elles veulent retenir et lier d’un puissant amour :

Omnia summopere hos vitx postscenia celant Quoi retinere volunt adstrictosque esse in amore.

— Encycl. Dr. crim. Attentat à ta pudeur.

V. OUTRAGE et VIOL.

■ — Iconogr. La pudeur, la pudicité et la pureté sont des vertus si voisines que nous croyons pouvoir les confondre dans une seule iconographie. Les Romains ne connaissaient guère que la pudicité ; ils lui avaient élevé des yutels et ils la représentaient sur les médailles’sous les traits d’une femme au maintien sévère, revêtue de lu stola, quelquefois debout, le plus souvent assise, mais toujours ramenant de la main droite un voile devant son visage et tenant de lu main gauche une haste en travers. Sur une médaille de l’impératrice Sabine, elle est assise et porte la main droite vers son visage, pour montrer que c’est là principalement qu’apparaît le caractèred’une femme pudique. Suivant certains iconographes, la tortue qui accompagne la Vénus pudique signifierait que la femme chaste doit vivre aussi retirée dans sa maison que cet animal l’est dans la sienne. Le musée du Vatican possède une belle statue de marbre antique de la Pudicité, provenant de la villa Mattei ; la draperie dont s’enveloppe cette figure est travaillée avec art.

Agostino Veneziano a gravé, en 1516, une figure allégorique rie la Pureté, dont le dessin est attribué à Raphaël ; c’est une jeune fille chastement vêtue, montrant de la main gauche une licorne qu’elle tient avec une bride. La licorne, animal fantastique, ne pouvait être domptée que par une vierge, suivant le symbolisme du moyen âge. Andréa Sacchi a représenté la Pureté par une jeune fille vêtue de blanc et tenant un cygne dans ses bras. La blancheur des vêtements a été de tout temps l’emblème de la pureté. Une figure de cette Vertu, sculptée par JoaehimFortini, décore une chapelle de l’église de San-Firenze, à Florence ; une autre, peinte par L. de Boullongne le jeune, se voit dans là chapelle du château de Versailles ; celle-ci, vêtue de blanc, tient un lis et a derrière elle un enfant portant des guirlandes de fleurs.

« Jupiter, en formant les passions, a dit Mme Lambert, leur donna à chacune sa demeure ; la Pudeur fut oubliée etf quand elle se présenta, elle ne savait plus ou se placer ; on lui permit de se mêler avec toutes les autres. Depuis ce temps-là, elle en est inséparable ; elle est amie de la Vérité ; elle est liée et unie particulièrement avec l’Amour ; elle l’accompagne toujours et souvent elle l’annonce et le décèle. • Un charmant tableau