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trum, purpura, et le nom du coquillage ne tarda point à exprimer sa matière colorante ou même l’étoffe, laine, bossus ou soie, qu’on y trempait. Dès l’antiquité, on distinguait deux sortes de pourpre, l’une rouge, dite pourpre de Tyr, l’autre violette, dite pourpre de Tarente, la violacea purpura de Pline (ix, 63) ; entre ces deux couleurs tranchées, il existait toute une série de nuances intermédiaires. La pourpre rouge provient du coquillage appelé porphyra en grec et pur-

Îmra en latin, qui se péchait en pleine mer ; a pourpre violette, au contraire, était produite par un coquillage qui adhérait aux rochers et portait les noms de kérix, buccinum, murex, conchylium. Tout le monde sait que les coquillages à pourpre se trouvaient en quantités considérables sur les côtes du Péloponèse (Pausanias, III, XXI, 6 ; Horace, Odes, II, xvin, 7), de l’Afrique septentrionale (Strabon, xvn, 834), et surtout sur celles de la Phénicie (Strabon, xvi, 757). Les Juifs, à cause de leurs relations avec les Phéniciens, connurent de bonne heure la pourpre, dont ils distinguaient parfaitement les deux espèces dont nous parlons. Comme chaque coquillage ne pouvait fournir que quelques gouttes du liquide colorant, la pourpre était une matière aussi précieuse que l’or, l’argent et les pierres fines ; c’est pourquoi les rois seuls ou les statues des dieux pouvaient porter des vêtements teints en pourpre (Jérémie, x, 9 ; Ezéehiel, xxm, 6 ; Strabon, xiv, 633) ; chez les Hébreux, les étoffes de pourpre servaient aux vêtements du grand prêtre et aux tentures du temple. Un pareil vêtement était un présent royal et ne s’accordait que dans des circonstances exceptionnelles (Daniel, v, 7 j xvi, 39 ; Macchabées, x, 20).

La plus belle pourpre était incomparablement celle de Tyr. Les Tyriens excellèrent dans l’art de préparer cette teinture, et ils savaient lui donner plus de force qu’aux pourpres ordinaires. Elle ressemblait presque a l’écarlate :

Tyrio murice lana rubet.

(Ovide, Ars amat., lib. III.)

ifuricis tyrii rubor.

(Seneque, Hippol.) «.. Radiis auri tyriaque superbit

Majestate torus,

(Claudien.)

La plus renommée, la plus précieuse avait été teinte deux fois :

Muricibus tyriis itérais vellera lans.

(Horace, Epod., XII.)

... Bis murice vellus inquinatum.

(Mart-, lib. IV, iv.)

C’est de cette pourpre teinte deux fois que Lentulus Spinther, édile curule sous le consulat de Cicéron, 1 an de Rome 689, fit border sa robe prétexte ; on la vendait alors 1,000 deniers la livre (500 fr). Il en fut sévèrement blâmé. Trente ans après, il n’y avait pas un patricien, pas un homme riche qui n’en fit des meubles pour sa salle à manger.

La pourpre de Sidon rivalisait avec celle de Tyr :

Preliosa murice Sidon.

(Lucain, III, CCXVI.) Sidonio conlendere callidus ostro.

(Horace, lib. I, Epist. s.)

Celle de Tarente, également-très-estimée, était violette :

Lana Tarentino violas imitata veneno.

(Horace, lib. II, Epist. i.)

La pourpre dont on faisait le plus de cas, après celle des mers de Phénicie, provenait des coquillages qu’on péchait sur les côtes de la Laconie, aux environs des embouchures Je l’Eurotas. C’est ce que dit Pline (1. IX, ch. xxxvi) : Ros purpura prxcipuus est Asie, et in Laconica Europe. De son côté, Horace (Odes, 1. II, xvni), s exprime ainsi : Nec laconica mihi Trahunt honestn purpura clients.

Une autre pourpre, d’origine grecque, celle d’Hermione, ville du Péloponèse située non loin de Mycènes, entre le golfe Argolique et le golfe Karonique, bien qu’inférieure à la pourpre de Laoonie, se recommandait par sa rare solidité. Elle valait jusqu’à 300 francs la livre. Plutarque dit qu Alexandre trouva dans le trésor de Suse 5,000 quintaux de cette pourpre et qu’elle avait conservé tout son lustre, bien qu’on l’y eût rassemblée depuis pr.ès de deux siècles. Ce dépôt représentait 150 millions de notre monnaie.

Les étoffes de laine furent très-probablement les premières qu’on teignit de pourpre ou d’écarlate. Les laines de Milet, où il existait de célèbres manufactures sur les confins de la Carie et de l’Ionie, étaient surtout fort recherchées :

Quamvis milesia magno Vellera mutentur tyrios incocta rubores. (Virg., Gmrij., III, 300-307.)

On en teignit ensuite le byssus, qui était un fin très-nu. On trouve souvent ce mot dans l’Ancien Testament, où, comme le remarque Bochart, byssus est pris pour purpura et byssinus pour purpureus, un habit de pourpre. Fliiie vante le byssus de l’iïlide, en Grèce, et affirme que les femmes élégantes en faisaient leurs délices (lib. XIX, cap. i).

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Pausanias ajoute qu’il ne le cède point en finesse a celui des Hébreux, mais qu’il était moins jaune. De la laine et du byssus, on en vint à la soie, dernier raffinement du luxe sur lequel Aurélien se montra intraitable, même envers sa femme, qui lui demandait la permission de se parer d’un seul manteau de soie pourpre.

La. pourpre marine avait été, dans l’origine, d’une telle rareté et d’un si grand prix, que les rois de Perse s’en étaient particulièrement réseryé l’usage. Les principaux officiers de l’empire pouvaient, il est vrai, paraître en public vêtus d’une robe pourpre, mais d’une teinture différente. La pourpre devint à Rome le signe distinctif des magistrats, l’habit privilégié des empereurs. Le laticlave des sénateurs était une tunique bordée d’une ou deux larges bandes de pourpre appliquées sur le devant comme des galons ; langusticlave des chevaliers, une tunique pareille ornée de bandes plus étroites ; la prétexte, une robe longue descendant jusqu’aux talons et bordée de pourpre, que les enfants des sénateurs ne quittaient qu’à l’âge de dix-sept ans et que leurs pères, ainsi que les magistrats, portaient également dans les jeux offerts au peuple.

pourpre assyrienne était également renommée ; Virgile a dit (Géorg., 1. II, 465) :

Alba neque assyrio fucatur lana veneno.

Arrien, dans son Périple de la mer Erythrée, assure qu’on apportait de Babylone et du port de Suse des étoffes de pourpre, confectionnées en Babylonie, jusqu’aux embouchures de l’Euphrate, d’où les marchands les écoulaient en Arabie et dans l’Inde. Mais Bochart fait observer, non sans raison, que les anciens habitants de la Babylonie importaient chez eux la pourpre de Tyr etd’Hermione, et il en tire la conséquence que l’art de teindre en pourpre devait être tout récent parmi ces peuples. Nous savons, d’ailleurs, par un passage de Pline, qu’on avait inventé à Babylone l’art de broder des tissus de diverses couleurs et que cette ville y avait attaché son nom (lib. VIII, cap. XLvm). Le fond de l’étoffe était pourpre, très-probablement, d’après ce qu’en dit Pausanias ; « Le rideau de laine, enrichi de broderies assyriennes et tout en pourpre de Tyr, qu’on voit à Olympie, a été offert à Jupiter par Antiochus. Ce rideau ne se remonte pas en haut vers le toit, comme celui de la Diane d’Ephèse, mais on le baisse à terre, en lâchant des cordages ;• ce qui prouve qu’on employait toujours à Babylone même une pourpre étrangère au pays. De ces tissus brodés ou cousus (consuta) d’or à la fois et de fils de soie ou de laine aux couleurs diaprées (potymita), l’on faisait des tapis "et des couvertures pour les lits des salles à manger. Arrien, décrivant les fêtes nuptiales célébrées à Suse par Alexandre, dit que tous les lits étaient ornés de ces couvertures de pourpre qu’on porte comme un habit pendant le jour et de divers vêtements tissus à la mode des barbares et d’un grand prix. Métellus Scipion reproche comme un crime à Capiton d’avoir acheté 800,000 petits sesterces une garniture de ces tapis pour son triclinium ; Néron les paya, plus tard, 400,000 grands sesterces. Il semble, du reste, qu’on dut généralement les travailler à l’aiguille et que les Égyptiens, habiles dans la même industrie, y avaient acquis une certaine supériorité, comme il ressort de ces deux épigrammes de Martial :

Non etjo prstulerim Babylonica picta superbe, Texia semiramia qux variantur acu*

(Lib. VIII, xxvui.) Hsec tibi Memphiiis tellus dat munera : victa est Pectine Niliaco jam Babylonis acus.

(Lib. XIV, cmxvi. J

Les Romains, vainqueurs et déprédateurs du monde, semblaient ne plus rien avoir à envier des fastueuses merveilles de l’Asie, lorsqu’Aurélien, après la chute de Palmyre, étala sous leurs yeux tout un entassement de trésors, de prodiges qu’ils n’avaient point encore vus. • Il fit suspendre dans le temple du Soleil, dit Vopiscus, des vêtements tout brodés de pierreries, des tiares, des dragons persans. Mais ce qui ravit surtout d’admiration les regards des visiteurs, ce fut un petit manteau de laine pourpre, d’une lueur, d’une splendeur si divine, que la pourpre des matrônes et de l’empereur lui-même, comparée à celle-là, ne.paraissait plus que de la cendre. C’était un cadeau du roi de Perse, qui prétendait l’avoir tiré de l’Inde. Aurélien, Probus, Dioctétien, envoyèrent tour à tour des teinturiers très-intelligents à la recherche de cette espèce de pourpre ; mais ils ne la purent découvrir. ■ Vopiscus ajoute que le sandyx des Indes, quand il est bien traité, donne cette couleur.

De tout ce qui précède, il résulte, et c’est le sentiment de Bochart, qu’en réalité ce qu’on entendait par pourpre assyrienne on babylonienne n’était pas simplement une étoffe de laine violette ou écarlate, mais bien un tissu de pourpre entrelacé des plus riches broderies de diverses couleurs. On en confectionnait des tapis, des voiles, des rideaux, des couvre-pieds, des tapisseries et quelquefois de longues robes pour les femmes. Il y avait aussi de ces longues robes et manteaux de pourpre babylonienne pour les hommes. Un de ces superbes manteaux étant échu à Caton par héritage, il le vendit aussitôt, se

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refusant dans sa modestie à être si opùlemmeut garanti contre le froid. (Plutarque.)

Outre les diverses pourpres marines, les anciens connaissaient encore une pourpre végétale qu’on extrayait de la graine ou des baies d’un arbrisseau nommé xoxxoç en grec et coccus en latin, espèce de chêne vert qui produit le kermès ; niais cette pourpre était écarlate et le mot coccum servait à la fois à désigner la graine de l’arbrisseau ou l’étoffe imprégnée de sa couleur. Martial (lib. XIII, xxxtx) a bien soin de spécifier les deux sortes de pourpre dans une de ses épigrammes : Coccina famosm dona et ianthina conclue.

Les Grecs enfin, ceux de la décadence, connaissaient une troisième sorte de pourpre, différente du coccum, le blatton, dont les Romains firent blattia et blatta et qu’on divisait en trois nuances : ferrugo, brun foncé, couleur de rouille ; oxy blatta, rouge foncé ; ianthina, couleur de- violette. Anastase le Bibliothécaire nous apprend que le blatton de Naples et de Byzance coûtait fort cher ; Sidoine Apollinaire y joint celui de Tyr (carmen V) ; mais il nous semble ici confondre, à cause des nécessités du rhythine, la blatta avec la pourpre proprement dite : purpura conclue.

— Moll. Cette dénomination, que les anciens Grecs et Latins appliquaient à une matière colorante employée pour la teinture en pourpre et par suite à l’un des animaux qui la fournissaient, a été donnée par Lamarck, comme nom générique, à un genre d’animaux mollusques céphaliens du groupe des gastéropodes dioïques, voisin des buccins et des murex ou rochers. L’animal de la pourpre est semblable à celui des buccins ; sa tête est large, munie d’une courte trompe ; ses deux tentacules sont coniques et oculés sur un renflement de leur partie moyenne extérieure ; la bouche est presque cachée parle pied, qui est assez grand, très-avancé et comme bilobé en avant. Quant à la coquille des pourpres proprement dites, elle est ovale, épaisse, à spire courte, ayant le dernier tour plus grand que tous les autres ensemble ;.son ouverture est très-dilatée, de forme ovale, terminée antérieurement par une échancrure oblique ; la columeile, aplatie, finit en pointe en avant ; le bord droit est tranchant, souvent épaissi et sillonné à l’intérieur ou bien armé en avant d’une pointe conique. L’opercule des coquilles de ce genre est corné, demicirculaire et à sommet postérieur. Toutes les pourpres sont marines ; elles vivent sur les rivages et essentiellement suif les rochers couverts de fucus, de corallines, etc. On en a trouvé quelques-unes sur nos côtes de la Méditerranée ainsi que dans l’Océan et dans la Manche. Dans ces dernières localités, où les rochers restent à découvert pendant douze heures par jour, elles restent en repos pendant ce temps après s’être mis autant que possible à l’abri sous les fucus. Ces mollusques possèdent à un haut degré la propriété de sécréter une liqueur d’un rouge pourpre ; mais cette propriété, qui leur a valu leur nom, ne leur est pas exclusive, car beaucoup de murex en fournissent. Il parait même que les animaux dont les anciens retiraient la couleur pourpre n’offrent pas des espèces de ce genre. L un de ceux qu’ils signalent était sans doute le murex brandaris ou le murex truncatulus et l’autre est le buccin lapillus. On distingue plusieurs espèces de pourpre ;

1<> La pourpre antique, qui est un animal de couleur assez foncée, tirant sur le violet, dont la coquille a om,07 de long et moitié de large. Les jeunes sont d’un brun violet, au lieu d’être marqués de brun et de vert comme les adultes. La coquille des individus mâles diffère de celle des femelles en ce qu’elle est inoins renflée et qu’elle porte un moins grand nombre de tubercules.

2" La pourpre hémastome a la coquille de Oo^Od de long sur om,025 de large ; elle est d’un fauve rougeâtre sous un épiderme d’un brun cendré, blanchâtre en dehors ; son intérieur est d’un fauve orangé. L’animal de cette espèce est de couleur cendrée, noire en dessus et blanc pâle en dessous.

3° La pourpre des teinturiers, dont l’animal est entièrement blanc, a la coquille d’un blanc jaunâtre ou grisâtre, souvent ornée" d’une ou deux bandes brunes ou jaunes récurrentes, et quelquefois elle est entièrement brune. Ce mollusque est des plus communs sur les côtes de la Manche. Comme ses congénères, il est carnassier et se nourrit de la chair des balanes.

4" La pourpre truitée est, comme les précédentes, une espèce de nos côtes. On la trouve surtout sur celles de Provence ainsi que sur les rivages de la Corse.

On a aussi trouvé à la Nouvelle-Zélande un genre de pourpre qui a om,06 de long, d’un gris verdâtre, avec ses tours de spire ceints de côtes alternativement grosses et faibles ; l’animal a ses tentacules coniques,

fortunt les yeux près de leur extrémité. Tout animal est d’un brun verdâtre tournant au violet, avec le dessous du pied jaune.

On pêche encore le coquillage à pourpre dans plusieurs mers différentes. En Amérique, le murex porte le nom depisseur à cause de la promptitude avec laquelle il répand sa liqueur. On pêche également en Sicile le purpura, le murex et le buccinum, La coque persique, appelée pourpre de Panama, fournit dans les mers du Sud une couleur pourpre

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dont on teint les étoffes de coton. Il y a dans les mers des Indes occidentales espagnoles un poisson à coquille dont la gueule renferme une liqueur pourprée que n’eussent point dédaignée les anciens. Quant au burgau de teinture des Antilles françaises, c’est un poisson gros comme le bout du doigt, assez semblable à ces limaçons qu’on appelle vignaux : chair blanche, intestins d’un rouge très-vif, visible à travers le corp^ et dont H colore l’écume qu’il jette lorsqu’on le prend. L’écume reçue sur un linge tourne au pourpre en séchant, puis pâlit et s’efface au fur et à mesure qu on lave le linge, défaut commun à la liane-à-sang, plante de ces mêmes Antilles, qui, coupée sur pied, donne une liqueur rouge sang de bœuf dont on teint la laine, te coton et le fil, mais qui n’est pas plus durable que celle du burgau. On a du reste aujourd’hui entièrement renoncé en Europe à fa pourpre marine, d’une fabrication si dispendieuse pour les anciens, et l’on y obtient, dans toute sorte de nuance, avec la graine d’écarlate et la cochenille, une couleur pourpre très-probablement aussi solide et aussi belle. Consultez : Amati, De reslilulionepurpurarum, avec l’appendice ; Capelli, De antiqua et nupera purpura ; M. Rosa, Dette porpore degli antichi.

— Fathol. On appelle en médecine pourpre, ou purpura, un genre de maladies cutanées d’une nature à peu près analogue à celle du scorbut. Ces maladies ont pour caractère commun et générique l’éruption spontanée à la surface du corps de pétéchies et d’ecchymoses accompagnées souvent d’hémorragies intérieures. Cette affection, signalée pour la première fois par L. Rivière, a été depuis étudiée successivement par Werlhof, Graaf, Behrens, Willan, Brachet, Rayer, Cazenave, etc. Willan établit cinq variétés de pourpre qui sont : 10 le purpura simplex, 2» le purpura urticans ; 3° le purpura fixmorrayica ; 4° ie purpura contagiosa ; 5° le purpura senilis. Rayer n’en distingue que deux sortes, le purpura fébrile et le purpura apyrétique, et Cazenave en admet trois : ie purpura simplex, le purpura urticans et le purpura hsmorragica. Avant de nous arrêter sur chacune de ces trois grandes variétés, établissons tout d’abord les caractères essentiels de tout purpura.

Le purpura se présente à l’œil sous forme de taches plus ou moins arrondies, d’aspect érythémateux, de dimensions variables depuis la largeur d’une lentille jusqu’à plusieurs centimètres de diamètre, d’un rouge obscur en général, sauf dans les cas aigus. Cette couleur uniforme a pour caractère spécial de ne pas disparaître par la pression du doigt. Or, dans toute rougeur inflammatoire, le sang affluant dans le système capillaire de la peau amène la coloration de ce tissu ; mais par la moindre pression on fait refluer le sang aux alentours du point comprimé. Dans le purpura, au contraire, non-seulement le sang a injecté les vaisseaux capillaires, mais encore il a transsudé à travers leurs parois et il s’est épanché dans la membrane celluleuse de ses vaisseaux, d’où il ne peut pas être déplacé par compression. De là une distinction très-facile entre le purpura aigu ou chronique et toute autre coloration rouge de la peau. Ce caractère est constant, à l’abri de toute erreur, et suffit pour établir le diagnostic de la maladie.

Les causes du pourpre sont en général toutes celles" qui débilitent la constitution. Aussi n’observe-t-on généralement Cette affection que sur des sujets d’un tempérament mou, affaibli soit par une maladie antérieure, soit par des travaux pénibles, par une mauvaise alimentation, par les veilles, les chagrinset surtout par l’habitation dans des lieux bas et humides. Les femmes et les enfants sont plus particulièrement affectés de-purpura. Enfin, dans certaines circonstances, on a vu cette maladie régner d’une manière épidémique, et quelquefois d’une manière endémique, dans certaines prisons qui sont mal situées. C’est de là qu’on avait établi la variété du pourpre contagieux. Passons à l’étude des espèces, incontestablement reconnues.

10 Le purpura simplex est caractérisé par l’apparition sur la peau de plaques d’un rouge variable, peu étendues, ne disparaissant pas sous la pression du doigt, ayant pour caractère principal de n’être pas accompagnées d’hémorragies (Cazenave). Quelques auteurs ont ajouté à ces caractères celui d’être non fébrile. Cette manière de voir est erronée ; car, bien que dans un graud nombre de eus il n’y ait pas de fièvre, il arrive cependant quelquefois qu’on observe des purpura simplex accompagnés de lièvre. Les causes de la purpurine simple ne sont pas encore parfaitement connues. On peut dire cependant qu’en général on observe cette maladie principalement chez les femmes et les enfants, chez les sujets d’une constitution faible et chez ceux qui sont soumis à de mauvaises conditions hygiéniques. On l’observe aussi à la suite de chagrins, de fatigues, de misères, ou en présence de gastralgies et de gastroentérites chroniques. Le principal symptôme, et presque l’unique, consiste dans des éruptions successives de taches d’un rouge livide devenant ensuite jaunâtres, se montrant distinctes, arrondies, du diamètre d’une lentille et quelquefois moindres ; ces éruptions sont rarement accompaguées de gonflement des parties affectées et souvent précédées