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Sébastiani, oncle de la victime, était arrivé et s’était trouvé mal à la vue de cette horrible boucherie. Auguste Charpentier alla chercher un verre d’eau dans la chambre du duc. Il trouva cette chambre dans un singulier désordre. La cheminée était encombrée de fragments qui venaient d’être brûlés ; un broc était placé au milieu de la pièce ; le valet de chambre croyant y trouver de l’eau voulut le prendre, mais le duc l’en empêcha et vida le contenu par la fenêtre du jardin en disant que cette eau était sale. Tous les gens de l’hôtel furent consignés. Charpentier dit alors : « On ferait bien mieux de faire une perquisition dans la chambre de M. le duc. » On y pénétra en effet ; on trouva dans sa robe de chambre divers objets tachés de sang et dans la cheminée des débris de papiers brûlés et d’un foulard de nuit consumé. La robe de chambre avait été récemment lavée à certaines places. Tous ces objets furent saisis.

D’étranges soupçons s’élevaient dans l’esprit des magistrats. Après avoir interrogé M. de Praslin, dont les explications parurent incomplètes et embarrassées, une seconde perquisition fut faite chez lui et l’on trouva un couteau au manche taché de sang, un couteau-poignard, un yatagan, un couteau de chasse, une calotte de tête constellée de gouttelettes de sang. On examina les mains de M. de Praslin et on y reconnut des excoriations légères. On visita son corps ; on trouva au bras droit une ecchymose récente, semblable à l’impression d’un doigt ; à la main droite, une déchirure paraissant provenir d’une morsure ; à l’index de cette main, une autre excoriation ; à la main gauche, plusieurs déchirures paraissant faites par des coups d’ongle ; à la jambe gauche, une forte contusion. En même temps, on constatait qu’aucune trace d’effraction ou d’escalade n’existait dans l’hôtel. Il n’y avait plus de doute possible : c’était M. de Praslin qui avait assassiné sa femme.

Une enquête morale établit que depuis longtemps déjà une mésintelligence assez profonde existait entre le duc et la duchesse et qu’une liaison adultère paraissait exister entre le duc et la demoiselle Deluzy. Celle-ci fut arrêtée et interrogée. Elle nia avoir eu des relations intimes avec le duc. Cependant ses réponses révélaient l’existence d’un long drame de famille. Elle raconta que M. de Praslin lui ayant confié exclusivement le soin de diriger l’éducation de ses enfants, la duchesse, blessée dans son orgueil d’épouse et dans ses sentiments maternels, menaçait son mari d’un procès en séparation et, suivant elle, ces menaces incessantes, qui désolaient et exaspéraient le duc, auraient été la cause du crime. Malgré ses explications, la demoiselle Deluzy fut mise au secret, inculpée de complicité dans l’assassinat ; il avait été établi qu’elle correspondait avec le duc depuis sa sortie de la maison Praslin et que dans la soirée du crime le duc avait eu une entrevue avec elle. Quant au principal coupable, les magistrats eurent le tort de croire que le privilège de la pairie devait le soustraire au principe de l’égalité devant la loi. M. de Praslin ne fut pas arrêté, malgré le flagrant délit. On se contenta de le faire garder à vue dans son hôtel par M. Allard et quelques agents, et comme le roi Louis-Philippe était alors à Eu, on lui expédia une estafette réclamant la convocation de la Chambre des pairs en haute cour de justice par une ordonnance spéciale.

Mais déjà on remarquait dans la situation de M. de Praslin un changement profond. Dans ta nuit et dans la journée du 19, il fut pris de vomissements, suivis d’une soif ardente et d’une extrême prostration. Le docteur Louis appelé crut à une attaque de choléra. Bientôt on soupçonna un empoisonnement.

Cependant, l’ordonnance portant convocation de la cour des pairs arriva à Paris dans la journée du 20 août. Le président Pasquier décerna aussitôt contre le duc un mandat de dépôt, mais des raisons du ressort de la sûreté publique empêchèrent de l’exécuter ce jour-là. Des rassemblements manifestant une profonde indignation contre l’assassin s’étaient formés devant l’hôtel, et ce ne fut que le 21, vers cinq heures du matin, que l’on put sans danger enlever le criminel et le conduire à la maison de justice du Luxembourg. On trouva sur lui, au moment où il quittait l’hôtel, un petit flacon qui contenait un mélange de laudanum et d’acide arsénieux ; il en avait bu la moitié. Le président Pasquier, assisté d’une commission de six membres de la cour des pairs, l’interrogea malgré son état de faiblesse. On ne put obtenir de lui un aveu positif, non plus qu’une dénégation formelle. Le 22 et le 23, son état empira de plus en plus ; le délire vint et, le 24 au matin, le duc expira. L’analyse chimique, faite par MM. Ortila et Ambroise Tardieu, constata la présence d’une grande quantité d’arsenic.

La veille, la cour des pairs avait donné acte au procureur général d’un réquisitoire demandant que la Cour procédât à la continuation de l’instruction. Le lundi 30, la cour, réunie en séance sécrète, reçut communication d’un rapport fait par le chancelier Pasquier sur l’état de l’instruction. Ce rapport était complètement affirmatif sur la question de culpabilité du suicidé. La présomption, dit-il, n’était malheureusement que trop fondée. Il s’est jugé et condamné lui-même. Il a succombé sept jours et demi après le moment où il avait, avec une atroce barbarie, immolé la plus innocente, la plus pure, la plus intéressante des victimes. Ce peu de jours, cependant, a suffi pour que l’instruction commencée par les juges ordinaires et poursuivie ensuite au nom de la cour des pairs ait mis complètement a nu la culpabilité et les horribles circonstances qui se sont accumulées pour la démontrer chaque instant de plus en plus.

La mort du coupable avait éteint à son égard les poursuites de la justice. « Et cependant, ajoutait le chancelier, il eût été à souhaiter que la réparation fût aussi éclatante que l’attentat. L’égalité devant la loi devait, dans une pareille arfaire, être plus hautement réclamée que jamais. »

Le corps de M. de Praslin fut inhumé furtivement, dans la nuit du î6 août, au cimetière du Sud ; on ne planta pas même une croix sur sa tombe.

La demoiselle Deluzy fut renvoyée devant le tribunal de 1re  instance de Paris pour la continuation de l’instruction commencée. Une ordonnance de non-lieu, rendue le 17 novembre, la mit en liberté. « Tel fut, dit M. Frédéric Thomas, le dernier épisode de cet événement judiciaire qui fut si fatal aux institutions de cette époque, et dont le dénouaient reste encore comme un scandale d’inégalité dans les imaginations de quelques personnes. En effet, malgré toutes les précautions prises par la cour des pairs, qui rendit cet hommage à la publicité, qui était une puissance alors, de divulguer par la presse toutes les pièces du procès, le préjugé populaire persista à croire que le duc avait été soustrait, non-seulement à l’ignominie de l’échafaud, mais encore aux tortures de l’empoisonnement, et que, pendant qu’on jouait à Paris la comédie de ses funérailles, le duc de Praslin, bien vivant, traversait le détroit et se réfugiait en Angleterre. »


PRASLIN (Charles et César DU PLESSIS-), maréchaux de France. V. Choiseul.


PRASOCURE s. m. (pra-zo-ku-re — du gr. prasia, planche, carreau ; aura, queue). Entom. Genre d’insectes coléoptères tétramères, de la famille des cycliques, tribu des ebrysomèles.

PRASOÏDE s. f. (pra-zo-i-de — dugr.prasion, poireau ; eidos, aspect). Miner. Topaze qui a la couleur vert pâle.du poireau.

PRASOPALE s. f. (pra-zo-pa-le). Miner. Variété de chrysoprase.

PRASOFHYLLE s. m. (pra-zo-fl-le — du gr. piasion, marrube ; phulion, feuille). Bot. Genre de plantes, de la familte des orchidées, tribu des néottiées, comprenant des espèces qui croissent en Australie.

PRASSADAM s. m. (pra-sa-dainm). Léger présent que les gourous ou prêtres indous offrent aux fidèles qui viennent se prosterner devant eux.

— Encycl. Le prassadam consiste, le plus souvent, en quelque chose de fort peu de valeur, comme une pincée des cendres de fiente de vache avec lesquelles les fidèles se barbouillent le front, ou bien des fruits ou des fleurs offerts aux idoles, les restes de la nourriture du gourou, l’eau avec laquelle il s’est rincé la bouche, lavé le visage ou les pieds ; les fidèles la conservent précieusement et le plus souvent la boivent. Quelque peu de chose que soit le puissadam, il est toujours reçu avec respect et considéré comme ayant la vertu de purifier l’âme et le corps de toutes leurs souillures. Le gourou, en le donnant, dit quelques paroles à l’oreille du Adèle ; ces paroles, pour la secte de Siva, sont celles que voici : • C’est moi qui suis ton gourou et c’est moi que tu dois adorer. • 11 va sans dire qu’après avoir reçu le prassadam le fidèle fait son offrande à son tour au. gourou, lequel vit largement sur l’ignorance et la superstition de l’ignorante population de ces diverses contrées.

FRASSE s. m. (pru-se). Ornith. Nom vulgaire du moineau commun.

PRASBM. PROMONTORICM, ancien nom du cap Delgado.

PRATA-Dl-PRlïSClPATO-l)LTRA, bourgdu

royaume d’itulie, province de-lit Principauté Ultérieure, dUtrict d’Avelliuo, mandement de Montefusco ; 2,470 hab.

PRATE1XE s. f. (pra-tè-Ie — du lat. praium, pre). Bot. Section du genre agaric.

PRATENSE adj. (pra-taiu-se — lat. pratensis ; de pratum, pre). Hist. nat. Qui vit ou croît dans les prés. It Inus.

PRATEOLUS, théologien et traducteur français. V. Dupfcà&u.

PIUT1 (Alessio), compositeur italien, né à Ferrare en 1737, mort dans cette ville en 1788. Il avait été maître de chapelle à Uditie lorsqu’il se rendit à Paris, où le duc de Penthievre le nomma directeur de sa musique (1767). Prati visita ensuite Saint-Pétersbourg, une partie de l’Allemagne, et devint, vers 1781, maître de chapelle du roi de Sardaigne. Il composa un assez grand nombre d’opéras, dont quelques-uns eurent du succès. Les plus remarquables sont : Iphitjénie en ïauride (17S4), dont la partition fut achetée par le grand-duc de Toscane, et Armide

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abandonnée, qui fut représentée sur la théâtre de Munich en 1785.

PRATI (Giovanni), poète italien, poeta cesareo, né à Davindo, dans le pays de Trente, le 27 janvier 1815, d’une famille patricienne déchue, dit un de ses biographes. Il étudiait le droit à Padoue. quand parut son premier poème, Edmenegaraa, simple et mélancolique histoire qui fit pleurer toutes les femmes (Milan, 1841). Déjà célèbre avant de quitter l’université, il s’adonna tout entier aux muses et publia, coup sur coup, avec une égale vogue : les Chants lyriques (Canti iirici), les Chants pour le peuple (Canti por il popolo), les Ballades (Ballate), etc. Né dans les montagnes du Tyrol, sur les contins de l’Allemagne, il avait été bercé de légendes rêveuses ; il les redit aux Italiens, qui les aimaient déjà dans les poésies de Carrer. Les ballades de Prati, pleines de grâce et d’entrain lyrique, ont continué les succès de ce poêle heureux entre tous. Bientôt ces divers poèmes furent suivis de deux autres recueils lyriques : Nouveaux chants (Nuovi canti) et Souvenirs et larmes (Alemorie e laerime), que l’auteur pTiblia, lors d’un premier voyage à Turin, avec les Lettres à Marie (Lettere à Maria), qui furent accueillies avec enthousiasme. Quelque temps après, il lit paraître à Padoue les Promenades solitaires (Passeggiate sotitarie), composées pendant un voyage dans la Suisse italienne. « Ces diverses productions, observe judicieusement un critique, ont tontes le même caractère d’inspiration et composent la première période de la carrière poétique de Prati. Le lyrisme et la spontanéité y révèlent la jeunesse du poste et la naïveté de ses premières émotions. Les Ballades, dans lesquelles il essaye de marier les rêveries fantastiques du Nord aux inspirations de l’Italie, sont autant de petits tableaux de genre où la grâce des détails, l’abondance lyrique suppléent à la ténuité du fond. Les Chants pour le peuple, destinés à mettre à la portée des masses une poésie inspirée d’un sentiment moral très-élevé’et d’un amour ardent de l’Italie, appartiennent moins à la poésie intime et subjective de toute cette première époque qu’à la poésie politique qui forme la seconde manière de l’auteur. » En effet, il appartient à l’école romantique de la couleur et se soucie beaucoup moins de l’eurhythmie correcte des formistes. Il a, sans contredit, l’abondance, lu richesse, l’expression, l’etfusion même ; it lui manque toutefois un peu de cette sobriété dont parle George Sand, qui. est la sobriété du génie, et aussi peut-être cette demi-heure de réflexion que Bérauger conseillait à ses disciples. «Les Italiens de notre temps, fait observer à son tour M. Marc Monnier, chaulent un peu trop pour chanter, comme les rossignols. • L’aimable défaut, en vérité !

Au jour du réveil, Prati fut à son poste et chanta l’Italie. Charles-Albert fut son pieux Enée ; il composa pour lui des chants guerriers qui, accompagnés par les clairons et les tambours, furent, de 1848 à 1849, les Marseillaises de l’indépendance italienne. Il devînt dès lors le poêle officiel de la maison de Savoie, et ses chants de triomphe ont retenti encore en 1859 sur les hauteurs reconquises de San-Martino. À cette seconde manière du poète sé rapportent le recueil intitulé Fantaisies et histoires et celui des Chants politiques (1849), parmi lesquels plusieurs pièces restées célèbres, YJJymne à l’Italie, le huit Février à Padoue, Nous et tes étrangers, e> Cantique de l’avenir, ont fait de Prati mieux qu’un poeta cesareo. Il eut le tort grave néanmoins, après la défaite de Novare, d’imputer tous lea revers à la révolution et aucun à son roi. Qu’il ait pleuré sur ces tristes journées dans Justices et douleurs et qu’il ait voulu se venger de la destinée par les dialogues, amèrement ironiques, de la Statue de PAilibertEnvnanuel et la sentinelle, rien de mieux ; mais un peu plus de réflexion l’eût rendu plus circonspect dans l’expression de son ressentiment. Lutin, depuis cette époque, une dernière transformation de son talent l’a conduit aux graudes aventures philosophiques. Ses nouveaux poèmes de Rodolfo, de la. Battaglia d’imera, de Satania e le Grasia (IS55) et du Comte Itiga forment une série d’épisodes et de tableaux qui se rattachent, dans la pensée de l’auteur, à une vaste épopée sur les destinées humaines et sur la lutte éternelle entre le bien et le mal, Dieu et Satan. Là se succèdent et souvent se mêlentraous le luxe inépuisable d’une phraséologie éclatante et sonore, le drame et l’épopée, l’ode et la satire, la pensée religieuse de Matizoni, l’élan patriotique de Niccolini et les idées fatalistes de Byron et de Leopardi. Un de ses derniers ouvrages est le poëtne i’Ariberto (1860), qui est une nouvelle excursion lumineuse dans les aspirations de la jeune humanité.

t Voulez-vous, nous dit l’auteur de l’Italie est-elle la terre des morts ? voulez-vous connaître le poète ordinaire de Sa Majesté sarde ? Remontez tout simplement la giande rue du Pô, sous les arcades, à gauche, autour du café Florio, qui est le centre de Turin. Si vous rencontrez un grand garçon de quarante ans, à cheveux bruns, aux yeux flâneurs, au visage long et allongé par l’impériale, au nez proéminent et diminué par la moustache, bonne tête en somme et annonçant un artiste au premier regard, ditesvous à part que c’est lui et tendez-lui votre

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main, il vous tendra la sienne. C’est l’Italien le plus ouvert et le n>«illeiir fils du monde : il se nomme Gmvanm Prati. CVsi là qu’il vit, sous les arcades. Ne cherchez pas sa demeure, il ne demeure pas. Il se promène. La vie pour lui n’est pas un combat ni un voyage, c’est une flânerie, le cigare à la bouche elles yeux au vent-, un camarade qu’on rencontre et à qui l’on dit une parole joyeuse ; un groupe d’hommes qui parlent politique et qui vous dispensent de lire un journal ; puis çâ et là, par hasard, une bonne fortune : une femme ou un artiste qui vous comprennent et qui vous écoutent causer d’art et dire des vers.. Prati vit ainsi toute l’année. De temps en temps il disparaît pendant une semaine ou deux ; où est-il ? on l’ignore. On s’inquiète, on demande son adresse : il n’en a pas. Les uns le disent malade, les autres mort ; mais un matin, joyeux comme toujours, il reparaît sous les arcades. Il revient du fond d’un bois ou du haut d’une montagne, où il a fait deux mille vers. •

Voulez-vous le connaître mieux ? Ecoutea ceci : c’est une poésie adressée à son futur biographe, peut-être à celui qui lui consacre cet article dans le Grand Dictionnaire.

« Je naquis dans les plaines désertes de ma

« Davindo (dans le Tyrol italien), au chant

« matinal des passereaux de la montagne.

— >Je naquis enfant du Pinde dans l’année

« où Louis porta en France la charte et l’étranger.

« La chasse à l’aube était ma joie. Oh) que

« d’alouettes je détachai de l’air au voil

■ Et quand eut passé le temps de ces jeux,

« querelleur, enfant lunatique, je vécus à l’encart et seul.

•Puis, quand je fus las du latin barbare, le

« chant de Métastase et du Tasse vint à moi.

« Et le marmot tout neuf, assis parmi les

« roses, composa des strophes d’amour et rêva

« des héros pleins de beauté.

« Dans ces poétiques flâneries, le gamin apprit l’histoire de la pomme qui enleva la ciel

« à nos premiers parents.

»0 biographe courtois, ce doux fruit af « friande^ celui qui en picora la feuille en jveut goûter le miel.

« Si tu as aimé ce fruit-là de tout ton cœur,

« je suis sûr que tu couvriras de fleurs ma

« fosse.

« Mais si tu traverses notre boue avec des

« pieds chastes, cherche pour ton encre sainte

« un cadavre meilleur....

« J’avoue mes peccadilles en rougissant avec

« toi et, je le jure, sans porter de froc : j’en

« ai du remords au cœur.

« Je suis pur des six autres péchés, ou je« les ai commis de telle manière que j’en ai

« presque de l’orgueil, heureux pécheur !

« Superbe, mais en face des lâchetés puissantes. Oupido, mais des joies de toute per « pétuelle vérité. •

« Avare, mais dé paroles avec le vulgaire (»des sots. Irascible, mais contre la vermine de ce siècle banquier.

« Jaloux, mais de la gloire des merveilleu « ses entreprises, en homme qui les admire et

« les aime, s’il ne sait les accomplir.

« Et si parfois me prit le nonchaloir do la

« vie, quelque vertu cachée lu fit bientôt refleurir.

« Biographe, écris ceci sur tes tablettes.

« Peu m’importe le reste, pourtant je ne m’en

« tairai pas.

« Si tu t’avises de juger mes papiers noircis

« d’encre, sache d’abord que l’art du cœur les

« a créés.

« Il les a créés dans les bons et les mauvais •jours, sur les fleuves, par les vallées soui « bres, dans tes bois, sur les monts, dans les

« villes.

« Et jusqu’à ce que son feu céleste le consume, il aura en tout temps, en tout lieu,

« des autels pour ses chants.

« Franc et pensif, il a voulu son propre

« manteau. Et jamais il n’eut aux yeux de

« larmes menteuses ni de rires vils.

« Il a jeté bas les triangles et les galons

« dont le style le surcharge. Il a méprisé les

« gobelets et la baguette du jongleur.

« Biographe, ne me donne pas un renom

« d’esprit allier. Je te laisse corriger les vers

> incorrects.

« Mais si la vérité est ta loi, si tu es l’ami

« de la Muse, que ce ne soit pas l’ortie amère

« qui croisse à mes pieds.

« Descends, ô censeur, sur la feuillée trop

« touffue et mets-y le feu, je ne m’en trouble > rai pas....

« Dans la maison où les enfants surabon « dent, ils ne peuvent tous être forts, élégants

« et beaux....

« C’est là ton droit, biographe !... ■ Puis le poète ajouté :

« Je ne veux pas de tombeau, je ne veux

« pas de monument quand je serai mort.

« Biographe, si tu m’aimes, traite ces folies

« de bassesses. Mais la, parmi les épaisses ra « mées, qu’il te plaise d’ouvrir les yeu.*.

« Ne vois-tu pas une suave créature, qui,