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Moïse et sur les changements que Jésus-Ciirist y avait faits. Les Pères disaient, en outre : le Dècalogue, qui est la base de la loi judaïque, porte évidemment le caractère d’un Être sage et bienfaisant ; il contient la morale la plus pure et là mieux accommodée au bonheur des hommes. La loi de l’Évangile a perfectionné cette loi.

Les ptolémaltes prétendaient que les lois particulières qui semblent dérober à la bonté du législateur, telles que la loi du talion, sont des lois qui étaient nécessaires pour le temps ; et Jésus-Christ, en les abolissant, n’a point établi une loi contraire aux desseins du Créateur, puisqu’il défend l’homicide dans le Dècalogue,

Ils prétendaient encore, à l’égard de la loi du divoree, que Jésus-Christ a abolie, qu’elle n’est point une loi de Dieu créateur, mais un simple règlement de police, établi par Moïse, comme Jésus-Christ lui-même l’assure.

De ces principes, Ptolémèe concluait que la loi judaïque et la loi évangélique avaient pour principe un Dieu bienfaisant, et non pas deux dieux opposés, et que le monde n’était point l’ouvrage de l’Être suprême ; car il n’y aurait pas eu de mal, si cela était réellement.

Les ptolémaltes prétendaient donc que le Créateur était un Dieu bienfaisant, placé au centre du monde qu’il avait créé et dans lequel il faisait tout le bien possible ; mais il y avait, dans ce même monde, un principe injuste et méchant, qui était uni à la matière et qui produisait le mal. C’était, disaient-ils, pour arrêter les effets de sa méchanceté que le Dieu créateur avait envoyé son Fils.

Ainsi les ptolémaîtes avaient réuni toute leur doctrine dans ces quelques principes, au lieu de cette suite infinie que leurs pères, les valentiniens, supposaient dans le monde. Mais comment ce principe malfaisant, que Ptolémèe supposait et qui n’existait point par lui-même, comment cet Être pouvait-il exister s’il admettait en même temps que tous les êtres tiraient leur origine d’un Être souverainement parfait ?

C’est là un point capital, dont Ptolémèe prétendait posséder la solution dans une certaine tradition qu’il n’expliqua jamais.

PTOLÉMÈE 1er dit Soter {Sauveur),1e premier Lagide, fondateur de la monarchie grecque d’Eyypte, né en Macédoine vers 360 av. J.-C, raort en 283. Il était dis d’une maîtresse de Philippe, Arsinoé, qui épousa ensuite Lagus, un des ofrtciers de ce prince. Ptolémèe suivit Alexandre en Asie et lui donna les plus grandes marques de dévouement. Il remplaça, en 330, Démétrius comme garde du corps, s’empara du traître Dessus 1329), se signala pendant la conquête de l’Inde, particulièrement au passage de l’Hydaspe, à la prise de la forteresse d’Aornos, au siège de Sangala, commanda une des trois divisions de l’armée pendant l’expédition dans la Gédrosie et épousa, à Suse, Artacama, sœur de Barsine et tille d’Artabaze. Après la mort d’Alexandre (323), Ptolémèe proposa de partager l’empire ; mais son avis ne tut pas adopté et l’on décida qu’Arrhidée, fils naturel de Philippe, serait reconnu roi, k la condition de prendre le nom de Philippe et do partager la couronne avec Hercule, fils d’Alexandre et de Barsine, ainsi qu’avec le fils qui pourrait naître de Roxuue, autre femme du conquérant. Perdiccas reçut la tutelle des rois et l’on procéda au partage des provinces entre les généraux. Ptolémée eut

{jour sa part le gouvernement de l’Égypte, a Libye, plusieurs parties de l’Arabie et de la Syrie. Comme il joignait à beaucoup d’ambition une grande habileté et de véritables talents politiques, il s’attacha, en attendant qu’il pût se rendre indépendant, à gagner par de sages mesures l’affection des peuples. Lorsque le régent Perdiccas, après avoir vainement essayé de lui enlever son gouvernement, rompit ouvertement avec lui et envahit l’Égypte, Ptolémèe l’écrasa à Péluse et le régent fut tué par ses propres soldats (321). N’ayant plus rien à craindre pour les provinces qui lui étaient échues, il voulut en ajouter d’autres, conquit la Cyrénaïque, la Phénicie, la Célésyrie, s’empara de Jérusalem et s’affermit encore par son mariage avec la fille du régent Antipater, Après la mort de ce dernier (317), Ptolémèe, qui jusque-là avait évité de prendre part aux guerres que se faisaient en Europe et en Asie les anciens lieutenants d’Alexandre et qui s’était surtout occupé d’accroître, de fortifier et d’embellir ses États, se vit forcé par l’ambition d’Antigoue, devenu tout-puissant, d’entrer dans une ligue contre lui avec Séleucus, Cassandre et Lysiîmique (316), et alors commença une guerre sanglante qui dura quatorze ans. 11remporta d’abord quelques avantages, puis se vit enlever par Démétrius, fils d’Antigone, la Syrie, la Phénicie, la Cyrénaïque, lit de grands armements pour les reprendre, les reconquit, en effet, en partie ; mais Démétrius reçut des renforts et la face des affaires changea complètement. Ptolémèe repassa en Égypte, conclut une trêve, qu’il rompit l’année suivante (3io), porta ensuite la guerre en Grèce, en Asie Mineure, perdit l’Ile de Chypre, Salamine et essuya sur mer, en vue de cette île, une sanglante défaite (307). Antigone, lier de ses victoires, ayant alors pris le litre de roi, Ptolémèe imita son exemple. L’année suivante, le nouveau roi d’Égypte fut attaqué dans ses propres États, par terre et par mer,

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par Antigone et Démétrius, qui voulaient profiter de la victoire de Salamine ; mais, grâce à une inondation du Nil, il parvint à arrêter cette invasion et força l’ennemi à rétrograder, En 304, il secourut les Rhodiens, attaqués par Démétrius. En 302, une nouvelle ligue s’étant formée entre Séleucus, Cassandre, Lysimaque et Ptolémèe, les coalisés livrèrent l’année suivante à Ipsus, en Phrygie, une nouvelle bataille à Antigone, qui y perdit la vie. Pendant que Démétrius, fils d’Antigone, se retirait à Éphèse, les rois victorieux se partageaient les dépouilles dès vaincus. Ce partage n’eut point lieu sans amener des brouilles entre eux. Séleucus, mécontent de sa part, passa dans le parti de Démétrius ; Ptolémèe s’unit avec Lysimaque et reconquit l’île de Chypre, ainsi que les possessions qu’il avait jadis en Asie. Quelque temps après, il fit la paix avec Démétrius ; mais elle tut violée plus d’une fois par ce dernier, que Ptolémèe dut presque constamment combattre jusqu’à sa mort (283), À partir de ce moment, le roi d’Égypte vécut en paix, et c’est probablement à cette époque qu’il termina les palais, les temples et les beaux édifices que lui dut Alexandrie.

Sous le règne de ce prince, les savants et les philosophes abordèrent de tous les côtés en Égypte ; l’accueil qu’il leur fit, la protection qu’il accorda aux arts et aux lettres, la fondation de la bibliothèque du Sérapion et du Musée, origine de la célèbre école d’Alexandrie, firent entrer l’Égypte dans une

voie nouvelle et préparèrent la grandeur de sa dynastie.

— » Le plus mémorable des établissements de Ptolémèe, dit M. Guillemin, fut le Musée. Toutes les sciences connues, tous les exercices do la pensée, philosophie, mathématiques, physique, médecine, philologie, littérature, y étaient représentés. Ptolémèe attira dans cet établissement, qui était annexé à son palais, les savants de la Grèce et de l’Orient, et Alexandrie ne tarda pas à devenir la patrie des lettres et le sanctuaire de la science. Le Musée avait de vastes portiques où on pouvait se promener en enseignant, des collections de manuscrits les plus fameuses de l’antiquité, avec un grand nombre d’employés

pour copier, corriger, dorer, garnir les papyrus. Partout où il y avait des livres, Ptolémèe demandait à les emprunter, puis faisait parvenir de belles copies à leurs propriétaires en gardant les originaux... Pour donner une idée de l’importance que Ptolémèe attachait à la marine, il suffit de rappeler qu’à la cour de Démétrius on ne l’appelait que le capitaine de vaisseau. On peut également se représenter les richesses que le commerce avait déjà entassées dans Alexandrie, en lisant dans les historiens de l’antiquité le récit des fêtes que donna Ptolémèe quand il associa au trône Ptolémèe Philadelphie, qu’il avait eu de Bérénice, sa seconde femme. Les individus qui figurent dans cette fête, les^bjets qui contribuèrent à son ornement nous prouvent que, dès cette époque, les Égyptiens avaient des relations avec les peuples les plus éloignés, avec les Ethiopiens, les Bactriens, les Indiens, etc. Une armée considérable, une marine puissante protégeaient cet immense commerce, et faisaient respecter partout la pavillon égyptien. Si nous en croyons Appien, l’Égypte pouvait mettre sur pieu 200,000 hommes d infanterie, 40,000 chevaux, entretenir 300 éléphants, 2,000 chars ; 300,000 armures étaient dans ses, arsenaux ; elledisposaitde 2,000 vaisseaux et de 1,500galères ; 740.000 talents, c’est-à-dire 4 millions de francs, se trouvaient dans son trésor. »

Ptolémèe fut, en résumé, un des meilleurs et des plus habiles purmi les successeurs d’Alexandre. Parvenu à un âge avancé, il s’occupa de sa succession. Il choisit pour lui succéder son troisième fils, qu’il avait eu de Bérénice, et pour que la couronne ne lui fût point contestée, il abdiqua en sa faveur (235) et survécut deux ans à son abdication, sans que rien vînt troubler la bonne harmonie qui existait entre le père et le fils. Il fut enseveli dans un magnifique mausolée qu’il avait fait construire à Alexandrie, et reçut les honneurs divins.

PTOLÉMÈE II, dit Phlladelpho (Ami de

ses frères, pur antiphrase), roi d’Égypte, fils du précédent, né dans l’île de Cos 1 an 309 av. J.-C, mort en 247. Son père lui céda la couronne en 285 ; il fit tuer Arsène, son plus jeune frère, et exerça de violentes persécutions contre les autres. La nature lui avait refusé les talents militaires de son père, mais il hérita de son amour pour les sciences et les lettres, qu’il ne cessa de protéger pendant les trente-huit années de son règne. Sous lui, l’Égypte se maintint au rang politique où l’avait placée Soter ; il sut conserver la Cyrénaïque, la Phénicie, l’île de Chypre et ses possessions en Syrie, en Arabie, aans l’Asie Mineure, etc., donner une grande impulsion à la navigation et au commerce, bâtir des forteresses, élever de nouvelles cités, réparer le canal du golfe Arabique à la Méditerranée, tracer des routes et creuser, des ports. Ce fut aussi lui qui fit faite par soixante-douze Juifs la traduction grecque de la Bible, connue sous le nom de Version des septante. Parmi les postes, les savants et les philosophes qu’il avait attirés à sa cour par ses bienfaits, on voyait Callimaque, Straton do Lampsaque, Théocrite de Syracuse, Lycophxon de Chai , PTOL

cis, le célèbre Zoïle, Euelide, Aristarque de Samos, etc. Il développa rapidement les institutions littéraires fondées par son père. Les hommes les plus distingués trouvèrent une généreuse hospitalité dans le Musée d’Alexandrie, et, dans la bibliothèque, dont les deux premiers conservateurs furent Zénodote et le poète Callimaque, il accumula tous les trésors des connaissances de l’antiquité. Ptolémèe employa ses navires à faire des voyages de découvertes et des courses lointaines-, et couvrit de colonies toute la côte occidentale du golfe Arabique et de la mer Erythrée. Au nombre des villes qu’il fonda, nous citerons : Bérénice, Arsinoé, Ptolémaïs, Philadelphie. Enfin Alexandrie lui dut un grand nombre de monuments, notamment le phare et le tombeau d’Alexandre. Ptolémèe Philadelphie avait épousé d’aboid Arsinoé, fille de Lysimaque ; mais il l’exila à Coptos, sous l’inculpation d’avoir pris part à une conspiration contre lui, et épousa alors sa propre sœur, également appelée Arsinoé, — qu’il aimait éperdument et dont il n’eut point d’enfants. Bien que cette union fût contraire aux mos’.iis de la Grèce, elle trouva sans peine des apologistes, et l’usage d’épouser sa sœur s’introduisit depuis lors parmi les successeurs de Philadelphie. Ce prince avait eu de sa première femme deux fils, Ptolémèe Evergète, qui lui succéda, et Lysimaque, et une fille, Bérénice, qui épousa Antioohus III, roi de Syrie.

PTOLÛMÉE 111, dit E«rBèie (le Bienfaisant), roi d’Égypte, fils du précédent, né vers 283 av. J.-C, mort en 222. Il régna de 247 à 222. Pour secourir sa sœur Bérénice, femme d’Amiochus III, il s’engagea contre le roi de Syrie, Séleucus Callinious, dans une guerre longue et opiniâtre, porta ses armes en Asie, soumit la Cilicie, l’Ionie, la Pamphylie, toute l’Asie Mineure, passa ensuite l’Euphrato, conquit la Mésopotamie, la Babylonie, la Susiaue, la Mèdie, la Bactriane et rapporta de Perse, outre des dépouilles immenses, les statues des dieux de l’Égypte enlevées par Darius et Cambyse, Séleucus Callinicus ayant réparé ses affaires recommença la lutte, mais fut de nouveau vaincu et dut signer une trêve de dix ans, Ptolémèe, jaloux de conserver l’influence que ses prédécesseurs avaient eue en Grèce, se montra hostile à la Macédoine, battit Antigone Gonatas à Andros, protégea la ligue achéenne, puis accueillit Cléomène, roi de Sparte, ’ vaincu à Sellasie par les Macédoniens. Vers la fin de sa vie, il soumit des tribus éthiopiennes et fonda le port d’Adulé sur la mer Rouge. Sous son règne, les sciences et les arts brillèrent d’un vif éclat et l’on peut encore le compter parmi les rois qui illustrèrent la race des Ptolémées. Il augmenta considérablement la bibliothèque d’Alexandrie, s’attacha à conserver et à augmenter-les établissements commerciaux et militaires que son père avait fondés sur la côte d’Erythrée et fut le dernier roi de sa- race qui se montra digne de régner. Il eut de sa femme Arsinoé trois enfants, Ptolémèe, qui lui succéda, Magas et Arsinoé.

PTOLÉMÈE IV, surnommé Philopator (l’Ami de son père, sans doute par antiphrase, car on l’accuse de l’avoir empoisonné), fils du précédent ; il régna de 222 à205 av. J.-C. On peut placer au règne de ce prince lâche, cruel et débauché le commencement de la décadence de la monarchie grecque d’Égypte. Il fit mettre à mort son irèro Magas, sa mère Bérénice, Cléomène, roi de Sparte, réfugié à sa cour, Arsinoé, sa propre soeur, qui était en même temps soa épouse, etc., abandonna complètement le pouvoir à son ministre Sosibius et se livra entièrement à l’indolence et aux voluptés. Antiochus le Grand crut le moment favorable pour venger les affronts faits’à ses prédécesseurs, les rois de Syrie, par les Ptolémées) ; il prit les armes, s’empara des forteresses de Tyr et de Ptolémaïs, battit, en 218, les Égyptiens commandés par Nicolaûs et se rendit maître d’une partie de la Célésyrie et do la Palestine. En 216, Ptolémèe consentit, non sans peine, à se mettre à la tête de son armée, rencontra Antiochus à Raphia et remporta sur lui une victoire complète. Après avoir repris les villes de la Palestine, de la Phénicie et de la Célésyrie, qui lui avaient été enlevées, Philopator se hâta de retourner à Alexandrie pour s’y replonger dans la débauche- Depuis lors, il cessa complètement de s’occuper’des événements qui se passaient autour de lui, laissa le pouvoir entre les mains de son favori Sosibius et d’Agathocle, frère de sa maîtresse Agathoeléa, et ne donna plus signe d’existence, si ce n’est par quelques actes nouveaux de cruauté. Il fit réprimer sévèrement une tentative d’insurrection contre son mauvais gouvernement et persécuta les Juifs, parce que, à son passage à Jérusalem, en revenant de son expédition contre Antiochus, le grand prêtre n’avait pas voulu l’admettre dans le sanctuaire. Des qualités de ses prédécesseurs, Ptolémèe Philopator n’avait hérité que d’une seule, de leur goût pour les lettres. Il avait une telle admiration pour Homère qu’il lui dédia un temple,

PTOLÉMÈE V, dit Épipimue (l’Illustre), roi d’Égypte, fils du précèdent, né l’an 210 av. J.-C. ; il régna de 205 à 181. Sa minorité fut troublée par des dissensions intérieures, dont

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les épouvantables détails font connaître la dépravation et la barbarie de la cour et du peuple d’Alexandrie. Sosibius, après l’avènement du jeune roi, âgé seulement de cinq ans, conserva la principale part dans l’administration des affaires et Agathocle eut la tutelle du jeune prince ; mais cet indigne tuteur s’attira par sa conduite la haine générale, et, à la suite d’une émeute qui éclata à Alexandrie, il fut mis à mort avec sa sœur, la maitresse du dernier roi, et sa famille. Tlépolèine, un des chefs du mouvement qui venait d’éclater, prit le pouvoir, supplanta Sosibius ; mais, comme il était incapable d’administrer, il laissa tomber le royaume dans le plus grand désordre. Antiochus’le Grand, roi de Syrie, résolut de profiter de cet état de choses, s’allia avec Philippe, roi de Macédoine, et enleva à l’Égypte, tant par lui que pnr ses lieutenants, un grand nombre de places importantes, la Judée, la Célésyrie, la Phénicie, une partie do la Lycie et de la Cilicie, Le roi d’Égypte eut alors recours au sénat romain, qui s empressa de profiter de la circonstance pour intervenir, et le roi de Syrie signa avec les Égyptiens un traité par lequel il donnait à Ptolémèe sa fille Cléopàlre en mariage. L’Égypte n’en fut pas plus heureuse. Des révoltes, des conspirations éclatèrent de tous côtés, et la vie du jeune roi fut menacée. Malgré son extrême jeunesse, ce prince fut déclaré majeur et investi du plein pouvoir nvyal (106), et il épousa, trois ans plus turd, Cleopâtre, à Raphia. La défaite et la mort de son beau-père, Antiochus le Grand, vinrent le débarrasser do la crainte des guerres étrangères ; mais, vers la même époque, il fit mettre à mort le ministre Aristomène, administrateur intègre et sage, et à partir de ce moment il tomba dans les mêmes vices que son père. La tyrannie et l’incapacité de ce prince tirent éclater de tous côtés des rébellions, qu’il ne comprima que difficilement et par les plus cruels supplices. Il mourut empoisonné par ses courtisans, laissant deux fils qui lui succédèrent. Sous son règne, l’Égypte avait perdu presque toutes ses possessions étrangères.

PTOLÉMÉB VI, dît Philomâtor (l’Ami de sa mère), fils et successeur du précédent, ne l’an 186 av. J.-C’., mort en 146. Agé de cinq ans à la mort de son père (131), il régna d’abord sous la régence de sa mère, Cléopâtre de Syrie, qui mit son fils sous la tutelle des Romains, arbitres des rois de l’Orient depuis les défaites de Philippe et d’Antioehus. Le jeune prince ne prit les rênes du gouvernement (170) que pour voir l’Égypte envahie par les Syriens. Antiochus Épiphane, après avoir battu les Égyptiens près de Péluse, marcha sur Memphis et s’empara de Philométor, qu’il traita, du reste, avec beaucoup d’égards. À cette nouvelle, les Alexandrins choisirent pour roi Ptolémèe Evergete II, frère de Philomêtor (170). Ce prince défendit si vigoureusement Alexandrie, qu’Antiochus ue put s’en emparer et qu’il dut évacuer l’Egypte pour aller comprimer une révolte des Juifs. Après son départ, les deux frères convinrent de régner conjointement, et Philomêtor épousa sa sœur Cléopâtre. Quelques années après, le roi de Syrie envahit de nouveau l’Égypte, qu’il eût, sans doute, entièrement conquise (108), si les Romains n’eussent envoyé Popilius Ltenas pour lui signifier, au nom du sénat, d’abandonner ses conquêtes (v. Popn, fus L.snas). Délivrés, sans combatire, d’un aussi redoutable ennemi, les deux rois en témoignèrent leur reconnaissance aux Romains par de solennelles ambassades ; mais bientôt les deux frères, unis jusque-là par un intérêt commun, se brouillèrent et la guerre civile éclata entre eux. Evergete, forcé de quitter l’Égypte, alla à Rome implorer la protection du sénat (164). Ptolémèe VI. à partir de ce moment, régna seul ; mais il duc, sur l’ordre des Romains, abandonner à son frère, comme royaume particulier, la Libye, Cyrène et Chypre. L’Égypte jouit alors, pendant plusieurs années’, d’une paix profonde et se rétablit des maux qu elle avait soufferts par les guerres civiles et étrangères. Par la suite, Philomêtor intervint dans les démêlés du roi de Syrie, Démétrius i«, avec Alexandre Bala, prétendant au trône, s’unit avec ce dernier, contribua à lui faire donner la couronne, puis, ayant eu à se plaindre de sa conduite, il se tourna contre lui, lui enleva une partie de ses États, fit alliance avec Déméuius Nicator, héritier des droits de Démétrius 1er, le fit couronner comme roi de Syrie et remporta bientôt après sur Alexandre Bala une victoire complète, sur les bords de l’Oronte, en Syrie. Mais, peu de jours après, le roi d’Égypte mourut des blessures qu’il avait reçues dans cette bataille. Co prince avait régné trente-cinq ans. Il se fit remarquer par son humanité et suspendit pour quelque temps la décadence de la dynastie des Lagides. Il laissait un fils, Ptolémèe Eupator, et deux filles appelées Cléopâtre, dont l’une épousa Alexandre Bala et l’autre son oncle, Ptolémèe Evergete.

PTOLÉMÈE Vil, dit Evergtte II (le Bienfaiteur), surnommé aussi Phjtcon (VJi’n/lé), Kakergèto (le Malfaisant), roi d’Égypte, frère du précédent, mort en 117 avant notre ère. Nous avons dit, dans l’article précédent, comment il fut proclamé roi & Alexandrie, lorsque Ptolémèe Philomêtor tomba au pouvoir d’Antioehus, et comment, par la. suite, le sénat ro-