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tion ; si c’est le Saint-Esprit qui a tout fait, nous aurions le droit d’exiger encore davantage.

Les psaumes sont véritablement les chants nationaux des Juifs et il devait en être ainsi chez un peuple pour qui l’idée de religion et* l’idée de patrie étaient absolument identiques ; c’étaient leurs chants de guerre, leurs chants de victoire et leurs chants d’actions de grâces. Le recueil porte, dans le canon hébreu, le titre de Sepher tehilim {livre des louanges) ; mais tous les psaumes ne contiennent pas exclusivement et spécialement les louanges de Dieu ; beaucoup d’entre eux ne sont que de simples prières, demandant à Jéhovah son assistance et la rémission des péchés. Peut-être les Juifs considéraient-ils comme des sortes de louanges les prières, les plaintes, ainsi que les traits de profonde humilité du pécheur sincèrement repentant, implorant pour ses fautes la miséricorde du Très-Haut. La Bible nous apprend que les lévites étaient particulièrement occupés à chanter des louanges et des remereîments au Seigneur, de sorte que l’application générale des psaumes aux pratiques du culte leur fit conserver cette appellation de chant de louanges ; c’est en partant de cette considération que saint Jérôme leur donne le nom d’hymnes dans sa traduction.

Comme toutes les grandes couvres de la poésie primitive, les psaumes sont en partie anonymes, quoiqu’ils aient souvent un énergique cachet d’individualité. La tradition en attribue la majeure partie au roi David et il s’est même trouvé des écrivains ecclésiastiques pour lui en attribuer la totalité, sans s’arrêter à la difficulté que présente, par exemple, le Super flumina Babylonis, composé évidemment durant la captivité sur les rives de l’Euphrate, au bord duquel le poète se dit forcé de suspendre sa harpe, désormais muette. Ces intrépides soutiennent que David, doué de l’esprit prophétique, a fort bien pu chanter, plusieurs siècles à l’avance, les angoisses d’Israël captif. Soixante et onze psaumes seulement portent le nom de David dans le recueil hébreu, et il est même-permis de douter que le roi-prophète soit l’auteur de tous ; quelques autres, attribués à Asaph, Heman, Elhan, Idithun, sont a peu près de la même époque ; Asaph, dont douze psaumes portent le nom (le xlix» et la série du Lxxite au lxxxiM, était le chef des lévites institués par David pour chanter les psaumes, avec accompagnement d’instruments ; Heman et Ethan, auteurs l’un du lxxxviio, l’autre du Lxxxviiie psaume (nous suivons le numérotage de saint Jérôme), appartinrent à la même corporation. Deux psaumes portent le nom de Salomon, le lxxic et le cxxvie ; la série tout à fuit distincte qui va du cxix<= au cxxxivb dut avoir le même auteur ; on y sent le même souffle dans toutes ses parties et le sujet est identique : ce sont les psaumes dits graduels ; ils sont précédés d’une autre série, les psaumes acrostiches, réunis en un seul, le cxvme. Le cxxxvi», Super flumina Babylonis, est attribué à Jérémie ; le lxiv« à Ezéchiel ; Aggée et Zacharie seraient les auteurs des psaumes exi et cxlv. Enfin, un certain nombre semblent appartenir à l’époque des Macchabées.

Pendant les trois années de la persécution d’Antiochus, le chant des psaumes fut interrompu ; mais cet espace ne fut pas assez long pour faire perdre le recueil et, d’ailleurs, tout fut réparé souâ les Macchabées, ainsi que nous le dit l’historien Josèphe (Antiquités des Juifs, XII, xi).

Le livre des Psaumes ne porte la trace d’aucun ordre, ni dans la chronologie ni dans les idées ; la séparation même de plusieurs d’entre eux est parfaitement arbitraire et le sens général gagnerait souvent à ce que le commencement d’un psaume fût ajouté à la fin du précédent ; c’est ce que les juifs et les protestants ont fait pour plusieurs psaumes, d’où à résulte que chez eux la division du recueil n’est plus la même que chez les catholiques.

Les Hébreux partagent ordinairement le psautier en cinq livre» ; plusieurs Pères admettent cette division, d’autres la contestent, prétendant que le Nouveau Testament ne cite jamais le psautier que sous le nom d’un seul livre. Cependant, on peut supposer que cette distribution des psaumes en cinq livres est fort ancienne, car, à la fin de chaque livre, on lit la même conclusion, laquelle semble avoir été mise là par Esdras ou par ceux qui travaillèrent au recueil des livres sacrés depuis la captivité de Babylone. Selon les Hébreux, le premier livre du psautier finit au psaume XL, le second au psaume lxxi, le troisième au psaume lxxxviii, le quatrième au psaume cv et enfin le cinquième au psaume cl. Le nombre des psaumes canoniques a toujours été fixé, chez les juifs comme chez les chrétiens, a dent cinquante ; un cent cinquante et unième psaume, qui se trouve dans le texte grec, n’a jamais été reconnu comme canonique. Sur ces deux points seuls existe une entente unanime ; mais on n’est nullement d’uccord sur la manière de partager les psaumes. Les juifs en font deux du ixe et commencent le x1-’ k ces mots du psaume ix, verset 22 : Ut quid, Domine, recessisti longe ? Il en résulte que, depuis cet endroit jusqu’au psemme cxm, leurs citations et leurs nombres sont différents des nôtres et de ceux des grecs. Ils avancent toujours d’un psaume.

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Les protestants, qui suivent la division des Hébreux, sont dans le même cas. Au psaume cxm : In exitu Israël de JÉgypto., ., ils coupent le psaume en deux ; leur cxiv« psaume commence par ce verset : Non nobis, Domine, non nobis..., qui, pour les catholiques, fait partie.du psaume cxm. De sorte que le exive psaume des grecs et des latins est pour eux le cxvic. Mais ils réunissent en un seul les psaumes exiv et cxv, en sorte qu’ils ne diffèrent plus que d’un nombre jusqu’au psaume cxlvi ; puis, de même que les juifs, ils réunissent en un seul les psaumes cxlvi et cxlvii.

Les théologiens ont disserté à perte de vue sur Ut signification même des psaumes. Quelques-uns ont voulu y voir des prophéties ; d’autres une suite des événements de la vie de David ; d’autres enfin prétendent y découvrir l’ordre des solennités qui se célébraient dans le temple. Saint Augustin dit qu’on doit diviser le livre en trois parties de cinquante psaumes chacune, la première partie ayant rapport à la vocation, la seconde à la justification et la troisième à la glorification des saints. Tout cela est bien puéril. Ceux qui ont travaillé à ce recueil n’ont eu certainement d’autre but que de transmettre à la postérité ce curieux document poétique avec exactitude et scrupule, laissant à ceux qui se proposeraient d’étudier la lettre <e$ psaumes le soin do faire les remarques que leur suggéreraient leurs études sur l’ordre, l’arrangement et le sens des textes.

Outre les cent cinquante psaumes canoniques, il en existe un autre qu’on ne trouve ni dans l’hébreu, ni dans le chaldéen, ni dans la Vutgate ; mais on le lit dans une version syriaque, dans la plupart des exemplaires grecs, dans l’arabe, dans les livres de prières des grecs. Plusieurs écrivains sacrés le citent. Il a pour titre : Cantique d’actions de grâces de David lorsqu’il eut vaincu Goliath. Il n’a jamais été reconnu pour canonique.

On a aussi publié, sous le nom de Psautier de Salomon, un recueil de dix-huit psaumes que l’on trouva en grec dans la bibliothèque tl’Augsbourg ; le Père Jean-Louis de La Cerda les traduisit en latin aveu des commentaires plus ou moins ingénieux ; il convient qu’ils ne sont pas de Salomon, mais de quelque j uif, fort en grec et très-versé dans la lecture des auteurs sacrés^ qui aurait composé ces psaumes a l’imitation de ceux de David.

Ces psaumes n’étaient point inconnus des anciens Pères. Ils existaient dans un manuscrit tiré de la bibliothèque d’Alexandrie, que l’on conserve précieusement en Angleterre, et dont ils étaient arrachés par suite de quelque accident. Plusieurs auteurs en parlent, mais ni les Hébreux ni les latins ne les ont connus.

Les quinze psaumes du psautier, du exixa au cxxxivo, sont appelés Psaumes graduels. Un des plus beaux de tous, le De profundis, appartient à cette série. Plusieurs explications ont été fournies pour justifier cette dénomination. Le texte hébreu nomme ces psaumes : Cantiques des montées ; le chaldéen : Cantiques chantés sur les degrés de l’abime. Les juifs disent que, lorsque l’on voulut, au retour de la captivité de Babylone, jeter les fondements du temple, il sortit de terre une immense quantité d’eau, « qui eût abîmé toute la terre, ■ si Achitophel n eût eu l’idée d’écrire sur les quinze degrés du temple le nom de Jéhovah ; d’autres traduisent l’hébreu par : Cantiques des excellences. Mais les noms de Cantiques des degrés et de Psaumes graduels sont restés. Cette dénomination vient, penset-on, de ce qu’on les chantait sur les quinze degrés du temple ; mais, outre qu’on n’est pas d’accord sur le lieu du temple où se trouvaient ces quinze degrés, on ne trouve aucune trace d’une telle cérémonie dans le culte hébraïque. La version la plus naturelle est celle qui veut que l’on traduise l’hébreu par : Cantique de la montée. La Bible emploie toujours le verbe monter quand il s’agit pour les Juifs de se rendre au temple. Ces cantiques seraient doi.c ceux que l’on chantait lorsque les solennités appelaient un temple tout le peuple ; ils ont pu être également chautésan retour de la captivité de Babylone et dans ce sens encore ils seraient justement appelés les cantiques de la montée au temple. On lit dans le psaume cxxi : • Les tribus sont montées à Jérusalem ; « Jérémie s’exprime ainsi en prédisant le retour de la captivité : • Alors, je les ferai monter et revenir dans leur pays.’

Enfin, dans le texte hébreu, les psaumes xxiv, xxxiii, xxxvi, ex, exi, cxvm et cxxxiv sont appelés acrostiches, parce que le premier verset a pour première lettre la première lettre de 1 alphabet, le second la seconde, et ainsi de suite. Saint Jérôme n’a conservé cette forme qu’au psaume cxvm.

On est parfaitement fixé sur l’importance qu’avait le chant des psaumes dans le culte juif. À la vérité, on manque de documents sur le nombre des paumes, leur arrangement et la façon dont ils étaient musicalement traités dans le premier temple ; on ne possède même que de maigres renseignements sur toutes ces données pendant la période du second temple ; mais il est hors de doute que les psaumes^ durant l’une et l’autre période, formaient une partie importante du culte. Dés l’époque de David, il en existait déjà un recueil considérable, trois mille, disent les juifs. David les faisait chanter devant le tabernacle quand il l’eut fait placer à Jérusa PSAU

lem sur le mont Sîon ; il avait réglé les fonctions des lévites à cet égard, établi quatre mille chantres ou musiciens pour les accompagner. Salomon maintint, dans le temple splendide qu’il fit bâtir, le même ordre que son père avait prescrit ; on continua à observer cet ordre dans le temple jusqu’à ce qu’il fût détruit par Nabuchodonosor. Les chants cessèrent pendant la captivité de Babylone ; mais, dès le retour des Hébreux dans le pays de Chanaan, Zorobabel, leur chef, et Jésus, fils de Josedech, grand prêtre, firent dresser un autel pour y offrir des sacrifices et rétablirent le chant des psaumes tel qu’il était auparavant. (Esdras, lit, H-x.)

Il est probable que l’on a fait en Judée pour les psaumes dits de David ce que l’on a fait en Grèce pour les poËmes dits d Homère. Une série de collections et de révisions a évidemment formé le recueil que nous possédons aujourd’hui. On attribue la principale révision à Esdras le prophète. Avant lui, les prêtres et les lévites en avaient chacun un recueil, puisque c’était à eux de les chanter ; ils les emportèrent sans doute à Babylone afin de les enseigner à leurs enfants et de les y exercer. Ils n’avaient pas moins besoin de ce livre que de celui du Léuitique, qui renfermait le détail de leurs fonctions, et ils espéraient, comme tous les captifs, qu’il leur serait un jour permis de rentrer dans leur patrie. Comme Esdras était prêtre, il avait un recueil de ces psaumes et, le collationnant et le complétant par l’addition de psaumes composés pendant la captivité et depuis, il en forma le livre à peu près tel que nous le possédons.

De nomoreuses sectes ont rejeté l’autorité sacrée de ce livre ; de ce nombre sont les nicolaïtes, les marcionites, les gnostiques et les manichéens, qui rejetaient, d ailleurs, l’autorité de tout l’Ancien Testament. Ils ne voyaient dans les psaume* que des chants profanes. ■ Ils ont eu, dit saint Léon, l’audace et l’impiété de rejeter les psaumes, qui se chantent dans l’Église universelle avec la plus grande, dévotion.» L’Église protestante, comme l’Église grecque, accepte l’autorité canonique du livre des Psaumes, mais certaines sectes les rejettent ; de ce nombre sont les anabaptistes ; les protestants libéraux, qui ne croient point à l’inspiration, font, on le comprend, peu de cas de ce livre. Les protestants qui les admettent chantent d’ordinaire les psaumes dans la traduction française de Marol un peu rajeunie.

Les Psaumes sont le plus long et le plus remarquable recueil de la poésie hébraïque. Sans doute, les sentiments n’en sont point toujours très-louables ; la haine, la vengeance y respirent souvent ; mais c’est pour ce fait qu’ils sont plus humains, plus éloquents. Ils se composent de vers cadencés et mesurés ; mais, comme nous ne connaissons plus la vraie prononciation de l’hébreu, nous ne pouvons pas en sentir l’harmonie, ce qui n empêche pas le fait d’exister. Josèphe, Origène, Kusèbe, saint Jérôme, parmi les anciens, et, depuis eux, Le Clerc, Bossuet, Fieury, dom Calmet, Michaelis ont été de ce sentiment. Chateaubriand, Fontanes, de Bonatd et tous les auteurs chrétiens ont insisté sur la haute poésie de ce livre, auquel on ne peut littérairement reprocher qu’une certaine obscurité due au langage figuré et poétique dont se sont servis les auteurs.

La plus ancienne traduction des psaumes est celle des SepEante ; mais elle est souvent peu d’accord avec les autres versions grecques qu’Origène avait rassemblées dans ses hexaples. La paraphrase chaldaïque des psaumes passe pour être du rabbin Joseph l’Aveugle ; elle est beaucoup plus moderne et moins exacte que celle des autres livres hébreux composée par Onkélos et par Jonathan. La traduction syriaque est très-ancienne et elle a été faite sur le texte hébreu. Il y a deux versions arabes, dont l’une a été faite sur le texte hébreu, l’autre sur la traduction-syriaque. La version éthiopienne a été traduite de la version cophte, laquelle est une traduction de celle des Septante. La traduction ilalica, ou première Vulgate lutine, fut faite sur les Septante ; elle fut retouchée deux fois par saint Jérôme et est devenue la traduction officielle de l’Église catholique. Les traductions françaises sont nombreuses ; malheureusement, elles sont en grande partie faites sur la VuIgale latine. Les traductions protestantes sont plus exactes. La meilleure, faite sur le texte même, a paru il y a peu d’années ; elle est due à M. Perret-Gentil, professeur à l’Académie de Neuchâtel,

Depuis l’établissement du christianisme, l’usage que l’Église a fait des psaumes a beaucoup varié. Dans la primitive Église, on les chantait au moment de la communion, pendant le sacrifice eucharistique. Dans les livres de messe, à la communion, on a conservé des fragments de psaumes dont on a fuit des antiennes. À l’introït, l’usage, dès les temps les plus reculés du christianisme, s’est maintenu jusqu’à nos jours de chanter un psaume entier ou, du moins, une notable partie d’un psaume. Du temps de saint Chrysostonie et de saint Augustin, on chantait un psaume entre l’épître et l’évangile. Dans 1'Antiphonaire de Grégoire le Grand, ainsi que dans les livres de messe actuels, on trouve à cet endroit de l’office quelques versets de psaumes auxquels on donne le nom de répons ou de graduel ; on donne le nom de trait aux fragments de psaume chantés à l’offertoire, restes

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du psaume entier qui se chantait autrefois à ce moment.

Quanta l’emploi des psaumes dans les prières que l’Église a instituées à différentes heures du jour, on manque de renseignements pour les premiers siècles. Dans les Constitutions des apôtres (liv. II, ch. lix, et liv. VHI, ch. xxxvn), il est seulement dit qu’à l’office du matin (laudes) on chantait le psaume lxii, et à l’office du soir (vêpres) le psaume cxl. A partir du ive siècle, on a des indications plus précises. Dans VAntiphonaire de Grégoire le Grand, on peut déjà voir à chaque fête les mêmesjjsawmejque ceux dubrèviairequi règle la liturgie moderne, à fort peu de chose près. Les différents changements introduits dans les offices, pendant tout le cours du moyen âge, semblent avoir peu on point porté sur la distribution de la psalmodie.

La commission préposée par le pape Pie V à l’effet de distribuer définitivement les offices partagea l’année en trois cents jours, en eti laissant soixante pour le3 fêtes particulières de saints ou autres, et, en ce qui concerne les psaumes, le psautier tout entier se trouva réparti dans ces trois cents jours, avec répétitions au besoin pour las autres jours. Cette distribution définitive subsiste encore actuellement.

Par une singulière transformation, ces chants religieux et patriotiques dos Juifs sont devenus l’expression même de la foi chrétienne : Psalmus vox Ecclesis est, dit saint Ambroise. Dans la bouche de l’Église, les psaumes reçoivent des sens et des explications dont personne ne se serait douté ; toutes ses croyances, ses espérances, ses aspirations y trouvent leur plus parfaite expression ; ces chants que les juifs appliquaient exclusivement à leur nationalité, 1 Église prétend qu’ils ont été écrits pour elle et, quand elle est la plus forte, elle défend aux juifs de s’en servir.

Les psaumes se chantaient chez les juifs à deux chœurs. Cette tradition du chant s’est conservée dans l’Église catholique ; les deux chœurs récitent alternativement leur verset. Cet usage est des plus anciens ; on prétend que, dès te temps de saint Ignace, il était établi dans l’Église d’Antioche. L’Italie le reçut des Grecs. Il fut introduit dans l’Église de Milan par saint Ambroise, et la plupart des Églises d Occident suivirent en cela l’exemple de celles d’Italie.

Les cinquante-deux premiers psaumes, traduits par Clément Marot, ont été mis en musique par différents auteurs pour l’usage du culte protestant. Cette musique, conçue dans la forme des cantiques, ne présente que peu d’intérêt. De grands compositeurs ont souvent été tentés par ce vaste sujet. En premier lieu, nous citerons Marcello, qui Bt une paraphrase des vingt-cinq premiers psaumes.

Parmi les grands maîtres modernes, Mendelssohn seul a essayé de traduire en musique les grandes images des psalmistes et a choisi pour thèmes de son inspiration les psaumes cxv (op. 31), xlii (op. H), lxxxxcv (op. 46) et exiv (op. 151). Le Miserere d’AIlegri a un article spécial dans le Grand Dictionnaire.

Les psaumes de la pénitence sont au nombre de sept ; ce sont ceux qui portent dans la Vulgate et dans saint Jérôme les numéros vi, xxxi, xxxvn, l, ci, cxxix. et cxlii. Deux sont surtout célèbres, le Miserere, que le psautier met dans la bouche de David lorsque Nathan vint lui reprocher son adultère avec Bethsabêe, et le De profundis, qui figure aussi dans la série des psaumes dits graduels. Tous, à l’exception du De profundis (ps. xxix), sont attribués à David. L’Église, en choisissant ces sept psaumes, a obéi à la vieille superstition juive qui attribuait au nombre sept une foula de vertus cabalistiques : le chandelier avait sept branches, le lépreux se baignait sept fois avant d’être purifié, Gédéon fît sept fois la tour de Jéricho au son des trompettes. • Il est certain que le nombre sept n’est pas indifférent, dit judicieusement le Dictionnaire encyclopédique de théologie catholique. Les sept Psaumes correspondent aussi aux sept années de pénitence que l’Église imposait autrefois à certaines catégories de pécheurs ; Origène dit qu’ils symbolisent les sept manières d’obtenir la rémission des péchés et qui sont : le baptême, le martyre, l’aumône, le pardon à autrui, la confession d’un infidèle, la surabondance de la charité et la pénitence.

Une bulle d’Innocent III a ordonné de réciter les sept Psaumes de la pénitence durant le carême ; Pie V a affecté une indulgence à cette lecture faite tous les vendredis du carême, sauf le vendredi saint- celui qui les récite conformément aux rubriques du bréviaire gagne cinquante jours d’indulgences. Le De profundis et le miserere sont chantés aux messes des morts.

Une multitude de commentaires sur les psaumes ont été écrits de tout temps ; les ouvrages les plus recommandâmes en ce genre sont les suivants :

À l’époque des Pères de l’Église : Origenis selecta in psalmos (fragments ; édition de Wirceburg, 1780, t. VII et VIII) ; Eusebii commentai’ia in psalmos (nouvelle collection des Pères et des écrivains grecs ; édition Montfaucon, Paris, 1707) ; saint Hilaire, Traité des psaumes (édition 1730, t. lor, pag. 4 et suiv., ouvrage très-estimé) ; saint Chrysostonie, Homelis in psalmos, Commentarïi ad