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étaient absolument bannies de la suite des proconsuls, qui étaient considérés comme se rendant à la guerre ; mais, sous le règne d’Auguste, les proconsuls se firent accompagner de leur femme. La loi les rendait responsables des fautes que ces femmes pouvaient commettre. Plus tard, les mœurs s’affaiblissant permirent aux gouverneurs d’emmener leurs maîtresses lorsqu’ils ne possédaient pas d’épouse légitime, et Alexandre Sévère leur en fournissait dans leur équipage, comme chose nécessaire.

Aussitôt nommé, le proconsul préparait son départ et, avant de l’effectuer, il se rendait au Capitole, où il offrait un sacrifice à Jupiter Capitolin et où il quittait la toge pour prendre le paludamentum ou manteau militaire. Il y faisait prendre le sagutum (autre manteau) à ses licteurs, leur faisait joindre les haches à leurs faisceaux et sortait de la ville aussitôt après avoir reçu l’imperium, qui ne lui accordait aucun pouvoir dans Rome. Ses amis et les gens composant sa suite l’accompagnaient en grande pompe jusqu’à une certaine distance des portes de la capitale. Le proconsul devait voyager à petites journées et suivre une route qui lui était assignée ; mais il ne s’assujettissait pas toujours aux règles, excepté sous les empereurs, époque où personne n’osa plus s’écarter de la route prescrite. Lorsqu’on avait quelque mer à traverser, l’État devait toujours faire les frais du passage en fournissant les navires, excepté quand on se rendait dans les provinces de l’Asie. Dans ce cas, les Rhodiens fournissaient les moyens de transport.

Le proconsul se rendait tout d’abord dans sa capitale ou dans une des villes principales de sa province, qui devait le recevoir avec la plus grande pompe. Les principaux habitants de la province et les députés des villes venaient l’y complimenter, et c’était de ce jour seulement que commençait l’année de son administration. À partir de ce jour, il lui était formellement interdit de sortir de son gouvernement sans un ordre exprès du sénat ou du peuple. Quitter son poste était un crime de haute trahison, digne de mort, et Gabinius, qui s’en était rendu coupable, ne se tira d’affaire qu’en répandant à pleines mains les trésors qu’il avait amassés et qui purent à peine apaiser ses juges en les corrompant.

Quand on envoyait un successeur à celui dont le temps était terminé, ce dernier ne pouvait différer son départ au delà de trente jours après l’arrivée de son successeur, et, dans le cas où celui-ci n’aurait point été nommé dans le délai légal, l’ancien proconsul devait remettre, en attendant, le commandement à un lieutenant ou au questeur. Dans tous les cas, il lui fallait régler les comptes de toutes les sommes qui lui étaient passées par les mains et en faire trois copies, dont deux étaient déposées dans les deux principales villes de la province et la troisième remise au trésor de Rome. Le questeur, de son côté, rendait ses comptes, qui devaient s’accorder avec ceux du proconsul. La loi Julia ordonnait que ces comptes fussent rendus dans l’espace de trente jours.

Le proconsul recevait dans sa province les mêmes honneurs que le consul à Rome ; mais, dès que le consul paraissait en province, les honneurs n’étaient plus rendus qu’à lui seul.

Dans les commencements, les proconsuls n’avaient pas droit aux honneurs du triomphe, bien qu’ils l’eussent mérité, et c’est pour cette seule raison que Scipion ne put l’obtenir après avoir conquis l’Espagne. Mais on se relâcha de cette rigueur en faveur de Lentulus, et, dans la suite, Q. P. Philo l’obtint.

Mais il existait une autre récompense qui eût pu chatouiller agréablement le cœur de gens qui n’auraient pas eu pour unique ambition de briller à Rome ; c’étaient les honneurs presque divins que les provinciaux ne manquaient pas d’accorder à ceux qui avaient usé de leur pouvoir avec modération ; on leur célébrait des fêtes, on leur élevait des autels, on leur bâtissait même des temples. Cette dernière coutume s’établit peu à peu et Suétone nous apprend que l’usage en était déjà répandu vers la fin de la république, templa proconsulibus decerni solere, autant pour honorer la mémoire des bons que pour apaiser les mânes des mauvais proconsuls, sous lesquels on avait eu à gémir, et bientôt les Romains exigèrent l’érection de monuments publics pour tous les gouverneurs, comme marque d’assujettissement des provinces, parce que ces conquérants n’ignoraient pas que par la flatterie les hommes s’avilissent, et ils avilissaient les provinciaux en leur faisant rendre des hommages divins à des hommes souvent dignes du plus profond mépris.

Enfin, les fêtes que l’on célébrait dans toutes les provinces en l’honneur des empereurs et que l’on appelait de leurs noms étaient imitées en faveur des proconsuls. Ainsi, les Syracusains célébraient une fête anniversaire en l’honneur de Marcellus, et cette fête, nommée Marcellia, consacrait le souvenir de la douceur avec laquelle il avait traité leur ville après sa victoire. Les villes d’Asie agirent de même à l’égard de Q. Mancius Scævola et de Lucullus.

La tyrannie et l’insatiable avidité des proconsuls sont restées célèbres dans l’histoire. Les ennemis de la Révolution française ont vainement essayé de flétrir les 200 représentants envoyés par la Convention aux armées ou dans les départements en les comparant aux proconsuls romains. Rien de plus arbitraire et de plus faux qu’un pareil rapprochement. À part un petit nombre d’exceptions, les commissaires conventionnels sont restés pauvres et purs de toute concussion, et leurs immortelles missions, loin d’avoir pour objet l’asservissement des peuples, avaient pour but le salut de la patrie et la liberté du monde.

PROCONSULAIRE adj. (pro-kon-su-lè-re — lat. proconsularis ; de proconsul, proconsul). Hist. rom. Qui est propre, qui appartient au proconsul : Dignité proconsulaire. On adjoignit à chacun des consuls cinq légats ayant les pouvoirs proconsulaires. (Mérimée.) ǁ Province proconsulaire, Province gouvernée par un proconsul.

PROCONSULAT S. m. (pro-kon-su-la rad. proconsul). Dignité de proconsul : Être honoré du proconsulat. ‖ Exercice des fonctions de proconsul : Il mourut pendant son proconsulat.

PROCOPE DE GAZA, rhéteur et théologien grec, né à Gaza (Palestine) vers la fin du ve siècle. Tout ce qu’on sait de sa vie, c’est qu’il enseigna la rhétorique sous le règne de Justin Ier, vers 520, et qu’il existait encore du temps de Justinien. On a de lui plusieurs écrits, parmi lesquels nous citerons : un Commentaire sur Isaïe, publié en grec et en latin, par J. Courtier (Paris, 1580, in-fol.) ; des Scolies sur les quatre livres des Rois et sur les deux livres des Paralipomènes, traduites en latin (Leyde, 1620, in-4o) ; une Explication des Proverbes de Salomon, qui se trouve manuscrite à la Bibliothèque nationale de Paris ; soixante Lettres publiées dans la Collection d’épîtres donnée par Alde (Venise, 1499, in-4o).

PROCOPE, historien grec, né à Césarée, en Palestine, vers le commencement du vie siècle, mort vers 505. Il professa la rhétorique à Constantinople, fut attaché ensuite comme secrétaire au célèbre Bélisaire et le suivit dans les guerres d’Asie, d’Afrique et d’Italie. Justinien le nomma sénateur, puis préfet de Constantinople vers 562. Il a laissé : une Histoire en huit livres, contenant le récit des guerres de Justinien contre les Perses, les Vandales et les Goths, ouvrage exact et judicieux, où l’on trouve une peinture fidèle des mœurs des barbares ; les Édifices, énumération des monuments construits ou réparés sous les auspices de Justinien ; enfin des Anecdotes ou Histoire secrète, ouvrage posthume dans lequel Procope épanche ses colères contre les grands de son époque, terrible correctif aux éloges que, dans ses autres ouvrages, il a prodigués à Justinien ; les Anecdotes flétrissent surtout la courtisane Théodora, devenue impératrice. « L’Histoire secrète, dit Renan, fût-elle un mensonge d’un bout à l’autre, son existence seule est une pièce de conviction irréfragable, car pour que la haine n’ait pu se satisfaire sans cet énorme raffinement de malice, pour qu’elle soit arrivée à cet épouvantable degré de concentration, il a fallu un despotisme vraiment inouï. Justinien peut n’être point coupable de tous les méfaits dont le pamphlet de Procope l’accuse, mais il est coupable de l’abaissement des âmes et de la servilité que suppose ce chef-d’œuvre de rancune et d’hypocrisie. La vérité comprimée se venge par la calomnie ; elle a tort sans doute : la parfaite sagesse voudrait que l’on fût juste envers tous ; mais à qui la faute ? À ceux qui, en supprimant la liberté, ont avoué qu’ils avaient quelque chose à cacher ; à ceux qui, en faussant l’opinion, ont rendu l’approbation suspecte et le mal seul croyable. » L’édition la plus complète des œuvres de Procope est celle du P. Maltret, en grec et en latin, 2 vol. in-fol., dans la Collection byzantine (1662-1663). Martin Fumée a traduit en français l’Histoire et le traité des Édifices (Paris, 1587). Il existe une traduction française de l’Histoire secrète par M. Isambert (Paris, 1856).

PROCOPE le Grand ou le Rasé et PROCOPE le Petit, célèbres chefs de hussites, dont l’un commandait aux taborites, l’autre aux orphelins. Le premier succéda à Ziska en 1424 et devint la terreur des troupes de Sigismond. Il se rendit maître d’une grande partie de la Bohême et fit de grands ravages en Moravie, en Autriche, en Silésie, etc. En 1433, il se rendit au concile de Bâle et réclama, au nom des hussites : la réforme des mœurs du clergé, l’obligation de la pauvreté imposée à tous ses membres, la liberté pour les ministres du culte, la communion sous les deux espèces. Ces conditions ayant été repoussées, les hussites reprirent les armes et les deux Procope furent tués au combat de Bœhmischbrod (1434).

PROCOPE-COUTEAU (Michel Coltelli, plus connu sous le nom de), littérateur et médecin, né à Paris en 1684, mort à Chaillot en 1753. Son père était un gentilhomme de Palerme, François Procope, qui le premier établit à Paris un café. De bonne heure, il montra une grande vivacité d’intelligence et fut élevé pour entrer dans les ordres ; mais il renonça bientôt à suivre la carrière ecclésiastique, étudia la médecine et se fit recevoir docteur (1708). Fort disgracié de la nature au point de vue physique, laid et bossu, il sut néanmoins, à force d’esprit, de belle humeur, de complaisance, se faire bien venir des femmes qui contribuèrent beaucoup à sa réputation. Ayant épousé en secondes noces une très-riche Anglaise, il put se livrer sans entraves à son goût pour la dépense, abandonner la pratique de son art et s’occuper beaucoup du théâtre, qu’il aimait avec passion. Après la mort de sa femme, il tomba dans la gêne et n’en continua pas moins à conserver jusqu’à sa mort son enjouement et sa gaieté. On a de lui : Analyse du système de la trituration (Paris, 1712) ; Lettre sur la maladie du roi (1744) ; Discours sur les moyens d’établir une bonne intelligence entre les médecins et les chirurgiens ; l’Art de faire des garçons (Montpellier, 1748, 2 parties in-12), badinage agréablement écrit et que Millot a pris à tort au sérieux. Procope a composé, en outre, quelques comédies : Arlequin balourd, en cinq actes et en prose (Londres, 1719), l’Assemblée des comédiens, en un acte (1724), et collaboré aux Fées (1736) et à Pygmalion (1741) de Romagnesi, à la Gageure de Lagrange (1741), aux Deux Basiles (1743) de Guyot de Merville.

Procope (café), célèbre par les hôtes illustres qui le fréquentaient au xviiie siècle. Ce café est situé encore aujourd’hui à Paris, rue de l’Ancienne-Comédie, en face du bâtiment qui, ayant jadis servi de théâtre, a donné son nom à la rue. Le café Procope doit son nom à son fondateur, le Sicilien François Procope, qui, au xviiie siècle, ouvrit à la foire Saint-Germain un établissement auquel la vogue s’attacha bientôt : Procope y débitait du café, cette liqueur qui manquait à Virgile, que Mme de Sévigné reniait et qu’adorait Voltaire. Le café venait à peine d’être introduit en France. Encouragé par le succès, Procope ouvrit, en 1689, dans la rue des Fossés-Saint-Germain (depuis rue de l’Ancienne-Comédie), en face du théâtre, un café véritable qui devint bientôt le rendez-vous favori des écrivains, des artistes et des gens du monde. Les plus célèbres habitués du café Procope furent Voltaire, Piron, Jean-Baptiste Rousseau, Lamotte, Marmontel, Sainte-Foix, Duclos, Mercier, Palissot, Saurin, Dorat, le chevalier de Saint-Georges. « C’était au café Procope, dit un historien, que se montaient les cabales, que se fabriquaient les épigrammes, que se formulaient les jugements sur les pièces. Le café Procope était un véritable journal de Paris, journal du matin, journal du soir, toujours spirituel et charmant. » Le marquis de Bièvre, qui avait la spécialité des calembours, y lançait ces mots bêtes et drôles qui ont été si souvent réédités depuis. Ce fut là que J.-B. Rousseau se réfugia après le succès scandaleux des couplets qu’il avait fredonnés au café Laurent, de la rue Dauphine ; mais il s’y arrêta peu, car un arrêt du parlement vint bientôt le bannir du royaume. Ce fut là aussi que Piron venait glisser dans l’oreille de ses amis ses poésies plus que légères. Là, plus d’une fois, Voltaire épancha sa bile contre Fréron. « Monsieur, lui dit un jour Palissot, j’ai fait une comédie contre les philosophes ; j’attaque Diderot, Helvétius, Rousseau, d’Alembert. — Ce sont mes amis, répliqua Voltaire, et des honnêtes gens ; il faut, au contraire, les défendre, car il n’y a que des polissons qui leur jettent la pierre, entendez-vous ? des polissons ! Palissot fit la grimace, et Voltaire, avisant du coin de l’œil l’homme qui humait son moka au fond de la salle, reprit avec feu : « Ah ! vous mettez en scène les philosophes ! eh bien moi, j’y mettrai les gazetiers ; et savez-vous où la scène se passera ? Au café Procope… de Londres. » L’homme que Voltaire avait reconnu dans l’ombre de la salle, c’était Fréron, et la pièce qu’il fit plus tard, selon sa promesse, c’est l’ Écossaise, la plus sanglante satire qu’on ait jamais pu écrire contre un homme.

Le café Procope fut le quartier général des marquis révoltés contre le règlement qui leur supprimait le droit des banquettes sur la scène : « Tout Paris, dit Sainte-Foix, a vu avec la plus grande satisfaction, en 1759, le premier de nos théâtres, notre théâtre par excellence, tel qu’on le désirait depuis longtemps, c’est-à-dire délivré de cette portion brillante et légère du public qui en faisait l’ornement et l’embarras : de ces gens du bon ton, de ces jeunes officiers, de ces magistrats oisifs, de ces petits-maîtres charmants qui savent tout sans avoir rien appris, qui regardent tout sans rien voir et qui jugent de tout sans rien écouter. Ces marquis seront placés dans l’éloignement où il convient qu’ils soient de Nérestan, d’Achille et de Châtillon. »

La renommée du café Procope s’est presque éteinte aujourd’hui. C’est un café comme un autre. Sous le second Empire, vers 1860, « tandis que M. Coquille, le rédacteur du Monde, lisait ou réfléchissait au café Procope, sous le médaillon de Diderot, dit M. Ad. Perreau, il pouvait être troublé parfois, dans ses méditations, par la voix accentuée d’un jeune homme qui entrait, continuant fougueusement une conversation entamée à la table d’une pension voisine, parlant de tout, discutant tout, répliquant à tout avec une volubilité, un feu, une énergie vibrante qui entraînait, échauffait, remuait les plus indifférents autour de lui. On l’appelait Gambetta, sans soupçonner toute la portée que ce nom devait avoir dans un avenir prochain… La bohème littéraire, assez nombreuse alors, montait de temps à autre, les jours d’opulence ou de crédit audacieux, l’escalier de Procope et s’attablait dans la petite salle du premier étage. Vallès, les cheveux et la barbe incultes, la lèvre inférieure épaisse d’amertume, présidait ce cercle de réfractaires, comme il les a appelés avec sa voix d’orgue et sa mine de bouledogue hargneux. »

Le propriétaire actuel du café Procope y montre orgueilleusement encore la table de Voltaire. Mais nous vivons dans une époque incrédule, et on a vendu si souvent la canne de Voltaire, que nous n’osons trop affirmer l’authenticité du meuble en question.

PROCOPHIEFF (Ivan). V. Prokophieff.

PROCOPIUS (Démétrius), biographe grec, né à Moscopolis (Macédoine). Il vivait dans la première moitié du xviiie siècle. Tout ce qu’on sait de lui, c’est qu’il était fort instruit et passionné pour les lettres. On a de lui un ouvrage fort estimé, intitulé : Énumération abrégée des savants Grecs du siècle passé et de quelques-uns du siècle présent, publié avec une traduction latine par Fabricius, dans le tome XI de la Bibliotheca græca. Cet ouvrage contient quatre-vingt-dix-neuf notices fort courtes et la plupart sans date.

PROCOPIUS ANTHEMIUS, empereur d’Occident. V. ANTHEMIUS.

PROCOWITZ (Théophane), prélat russe. V. Prokopovitch.

PROCRÉATEUR, TRICE adj. (pro-kré-ateur, tri-se — rad. procréer). Qui procrée : Les vieilles femmes qui composaient sa société accusaient, non pas les scrupules de la femme, mais la barbarie procréatrice du mari, (Balz.) Il est impossible de calculer jusqu’où peut s’étendre la puissance procréatrice de la race humaine. (Vitet.)

PROCRÉATION s. f. (pro-kré-a-si-on — lat. procreatio ; de procreare, procréer). Action de procréer : La procréation des enfants.

PROCRÉÉ, ÉE (pro-kré-é) part. passé du v. Procréer : Enfants procréés avant le mariage.

PROCRÉER v. a. ou tr. (pro-kré-é — du préf. pro, et de créer. Je procrée, tu procrées, il procrée, nous procréons, vous procréez, ils procréent ; je procréais, nous procréions ; je procréai, nous procréâmes ; je procréerai, nous procréerons ; je procréerais, nous procréerions ; procrée, procréons, procréez ; que je procrée, que nous procréions ; que je procréasse, que nous procréassions ; procréant ; procréé, ée). Engendrer : Les enfants des vieillards naissent vieux ; ceux des jeunes gens restent enfants ; l’âge viril seul procrée des hommes. (Boiste.) À Sparte, qui ne procréait pas de citoyens était puni. (E. de Gir.)

— Absol. : Les êtres maladifs sont indignes de vivre, indignes de procréer, (Maquel.) Les animaux mangent, procréent, vivent sans inquiétude et meurent sans regret. (Droz.) En très-peu de jours, les pucerons naissent, procréent, mangent et sont mangés. (A. Kurr.)

— Fig. Produire : On procrée avec effort des inventions impossibles, que l’on essaye d’expliquer par une multitude de ressorts factices et fragiles. (Ph. Chasles.) Le présent est la matière où le passé procrée. l’avenir. (Th. Gaut.)

PROCRIS s. m., (pro-kriss — nom mythol.). Entom. Genre d’insectes lépidoptères crépusculaires, de la tribu des zygénides, comprenant six espèces, qui habitent surtout le midi de l’Europe : La chenille des procris a le fond d’un vert brillant. (V. de Bomare.) ‖ Nom vulgaire d’un papillon diurne du genre satyre.

— Bot. Genre de plantes, de la famille des urticées, dont l’espèce type cruit au Malabar.

— Encycl. Entom. Les procris ont pour caractères principaux : des antennes presque aussi longues que Je corps, bipectinées chez les mâles, simples ou un peu dentées chez les femelles ; les palpes grêles, presque nues ; la trompe courte ; le corselet écailleux, avec les épaulettes très-courtes et peu adhérentes ; les ailes oblongues et ciliées, les supérieures assez larges, les inférieures de longueur moyenne ; l’abdomen cylindrique, obtus, beaucoup plus gros et plus court chez les femelles ; les jambes postérieures à ergots très-petits. Les chenilles sont épaisses, courtes, ramassées et garnies de petites aigrettes de poils courts. Les chrysalides sont cylindroconiques et renfermées dans une coque soyeuse d’un tissu léger.

Les espèces peu nombreuses de ce genre ont beaucoup d’affinités avec les zygènes ; on les trouve ordinairement dans les clairières ou les endroits secs des bois. Elles se tiennent posées sur les plantes basses, plus rarement sur les arbres ; dans le repos, elles ont tout à fait l’aspect et le port des zygènes. Les chenilles sont aussi, comme celles de ces dernières, lentes et paresseuses dans leur marche.

Le procris de la statice a le corps et le dessus des ailes supérieures d’un vert doré ; le dessous de celles-ci et les deux faces des intérieures d’un brun cendré. Il paraît de la