Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 13, part. 1, Pourpre-Pube.djvu/212

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
208
PROC PROC

leur mystique. Les alexandrins aspiraient à fonder une sorte de culte philosophique et, dans cette vue, s’efforçaient d’envelopper les fondateurs de leur école d’une mythologie pareille à celle qui entoure l’origine des dieux et des héros du polythéisme grec. Minerve apparut donc à Proclus dès son jeune âge pour lui révéler sa destinée, et, dans une maladie grave suite au sortir de l’enfance, Apollon fut son médecin et vint en personne lui donner des soins. Dans tous les cas, il commença son éducation littéraire en Lycie, chez un grammairien. Il alla ensuite à Alexandrie, où il eut Orion pour professeur de langue latine et Léonas pour professeur d’éloquence. Ce dernier prit son élève en affection. Il finit par en faire son ami et l’admettre à sa table. Pendant un voyage qu’il dut faire à Constantinople, il emmena Proclus avec lui. Proclus eut ainsi la satisfaction de revoir sa patrie sans avoir été contraint de renoncer aux leçons de son maître. Il ne tarda point cependant à revenir à Alexandrie, où une nouvelle philosophie, la philosophie éclectique ou syncrétique, professée par Olympiodore, attira son attention. Héron, qu’il ne faut pas confondre avec l’inventeur de la fontaine dite de Héron, lui enseigna de son côté les mathématiques. Mais Alexandrie commençait à déchoir ; Syrianus, son meilleur professeur, venait de la quitter pour aller s’établir à Athènes. Il allait succéder dans cette ville, pour l’enseignement de la doctrine de Platon, à Plutarque, fils de Nestorius. Plutarque était vieux et avait besoin d’un successeur. Proclus suivit bientôt Syrianus à Athènes. Il était précédé, quoiqu’il n’eût que vingt ans, d’une certaine considération ; on savait qu’il avait assisté avec distinction aux leçons d’Olympiodore et qu’il avait embrassé la vie pythagoricienne. Plutarque consentit à lui donner quelques leçons ; il lui expliqua le Timée de Platon, plusieurs traités d’Aristote, et mourut deux ans plus tard, après l’avoir recommandé à son successeur Syrianus. Plutarque laissait une fille, du nom d’Asclépigénie, devenue célèbre dans les fastes de la philosophie grecque à cause de ses connaissances. Elle initia Proclus aux arts magiques de la science chaldéenne, qui avait pénétré en Grèce par l’intermédiaire des Alexandrins et des Juifs. Proclus, qui avait débuté en philosophie par être partisan d’Aristote, était déjà devenu platonicien. Les leçons d’Asclépigénie, jointes sans doute à une disposition naturelle, puis aux tendances de l’époque, l’engagèrent, à l’âge de vingt-huit ans, à se faire initier aux mystères d’Éleusis. Il succéda bientôt à Syrianus. Il avait alors quarante ans, et il resta, pendant les trente-cinq années suivantes, à la tête de l’école d’Athènes, sauf une interruption d’une année, pendant laquelle il s’exila volontairement en Asie pour échapper à la malveillance de ses ennemis. Il consacra cet exil à l’étude des rites orientaux. De retour à Athènes, il termina paisiblement ses jours, en possession d’une renommée désormais acquise définitivement, et assez honteux pourtant d’avoir vécu plus de soixante-dix ans, âge qu’il avait assigné pour terme à sa carrière d’après les goûts prophétiques familiers aux alexandrins.

Il avait écrit un grand nombre de traités, parmi lesquels on distingue : les Éléments de théologie ; la Théologie selon Platon ; le Commentaire sur le Timée ; le Commentaire sur le Parménide.

Le système de l’auteur peut se résumer en quelques mots : il existe un être parfait, éternel et absolu, distinct du monde ; puis, au-dessous de lui, la matière, qui n’a qu’une existence d’emprunt et dont les modes sont éphémères ; au milieu de ces deux univers, comme un être mixte et participant de l’un et de l’autre, est l’homme. Son corps, ses passions et ses besoins l’entraînent sans cesse vers la terre ; sa pensée le ramène à Dieu. Les organes de la pensée sont la philosophie, la théurgie et l’extase, trois degrés différents d’une même science. Ni Dieu ni la matière ne peuvent être l’objet d’une démonstration directe. On perçoit l’existence de l’une par les sens et celle de l’autre par la raison. Du reste, la matière suppose Dieu. Elle est imparfaite et inerte ; il lui faut un auteur et quelqu’un qui continue de la gouverner après l’avoir créée. L’essence de Dieu est indépendante de l’existence de l’univers extérieur ; mais, sans l’existence de l’univers, il n’existerait, qu’à l’état de puissance (in potentia), il n’aurait pas de réalité concrète, par conséquent ne serait ni actif ni intelligible. On croirait lire du saint Thomas d’Aquin, tant la doctrine scolastique doit à l’école d’Alexandrie. On peut atteindre à la connaissance de Dieu de deux manières : par la réflexion et par le spectacle de la nature. Dans Proclus comme dans la métaphysique cartésienne, les preuves de l’existence de Dieu se divisent en deux groupes : les preuves physiques et les preuves métaphysiques. Considéré par la raison pure, Dieu est l’unité absolue ; dans l’univers externe, on le découvre comme cause et comme fin. De là trois modes suprêmes de l’existence divine. On peut à la fois considérer Dieu comme l’un, l’esprit et l’âme. Comme l’un, c’est-à-dire considéré comme absolu, Dieu n’est pas cause, sans quoi il serait mobile et actif ; il n’est pas l’esprit non plus, car l’esprit c’est l’intelligence pensante et pensée. Ces deux caractères sont actifs et incompatibles avec l’absolu de la nature divine considérée comme une. Mais il suit de là que, comme absolu, il n’est pas non plus l’intelligible (l’âme), car la première intelligence est nécessairement le premier intelligible. Sous ce rapport, s’il n’est pas intelligible, il n’a pas d’essence. Donc il n’est pas l’être, donc l’absolu est supérieur au mouvement, à la cause, à la pensée, à l’intelligence, l’être. L’un (l’absolu) est, par conséquent, incompréhensible et ineffable. Au-dessous de lui immédiatement est l’intelligence (l’esprit) ; puis, au-dessous de cette dernière, l’âme, qui est la vie et la cause. Par plusieurs côtés, c’est là une ébauche de la trinité chrétienne. À vrai dire, les éléments de cette théorie sont puisés dans Platon, et Proclus n’a fait que leur donner une formule. Plotin en avait donné une formule à peu près identique. Celle de Proclus n’en diffère qu’en ce qu’elle exclut de l’unité le mouvement et la division, ce qui est la conception de la simplicité de l’infini. Il est inutile de pénétrer plus avant dans les différences du système de l’auteur des Ennéades avec le système de Proclus. Sa doctrine est abstraite au delà de toute expression et une analyse écourtée ne suffirait pas pour en faire comprendre l’ensemble.

Le caractère essentiel de Proclus est de représenter dans l’école d’Alexandrie le mysticisme parvenu à sa maturité. Les anciens n’ont pas eu de formule systématique de cette science, qu’on dit être moderne. Elle a été constituée, si l’on veut, dans les temps modernes sous une forme didactique, mais elle est loin d’exister objectivement comme elle existait chez saint Augustin ou au sein de l’école d’Alexandrie. La psychologie de Proclus part de ce principe puisé dans Platon : « L’homme est une âme qui se sert d’un corps. » On voit que M. de Bonald n’a pas eu grand mal à en faire une intelligence servie par des organes. Proclus établit ensuite la distinction de l’âme et du corps. Il n’y a que l’âme qui soit digne d’estime. Le corps est mauvais. Il est, d’ailleurs, l’ennemi de l’âme. Le dualisme manichéen est partout apparent dans la philosophie de Proclus. Mais, quoique ennemis, l’âme et le corps sont indispensables l’un à l’autre. L’âme est simple, considérée physiquement ; en d’autres termes, c’est une monade. Métaphysiquement, ses qualités sont multiples à l’infini comme les parties du corps. Proclus divise les facultés de l’âme en deux classes : les facultés vitales ou motrices et les facultés intellectuelles. Les facultés vitales sont de qualité inférieure ; elles ne servent qu’à faire mouvoir le corps et à le gouverner. Les facultés intellectuelles sont au nombre de trois : la raison, la conscience et la volonté. Au-dessous d’elles, il est vrai, végète toute une hiérarchie de facultés secondaires. La sensation est au plus bas degré de la série des facultés secondaires ; elle est la cause du désir et de l’amour physique ; elle est accompagnée de l’imagination et de la fantaisie. L’opinion est, dans le système de Proclus, mise au rang des facultés, ainsi que la réminiscence, empruntée à Platon et placée, en raison de son origine, au sommet de la vie pensante. Le monde mystique s’élève au-dessus de la raison et de la science. Il a quatre phases : l’amour pur, la pensée pure, l’extase et l’unification. On sait ce que la philosophie antique, en général, entend par amour pur et pensée pure. Ce qu’elle nomme extase est l’intelligence de l’un. La science ne va que jusqu’à la notion de Providence. L’un n’est accessible qu’à l’extase. Il est supérieur à l’être ; on ne saurait ni l’exprimer, ni le définir, ni le connaître. L’appréhension de l’un par l’extase, de prime abord, a une physionomie négative ; mais c’est un actif positif s’il y en a. L’un est nu et dépouillé quand il apparaît pour la première fois au delà des limites de la dialectique ; mais, vu de plus près, il prend un caractère infiniment distinct de cet aspect primitif. La raison expire à l’entrée de l’état mental appelé extase ; la personne humaine disparaît aussi par l’effet de l’extase, et le fait se nomme unification ou identification de l’âme avec l’un. Proclus expose à ce propos sa théorie de l’activité et de la volonté humaines. C’est la doctrine de Platon. Mais la volonté n’est plus la volonté platonicienne quand on arrive à l’extase. Elle disparaît avec la personnalité. Elle a, du reste, trois états. À l’état d’instinct chez les animaux et dans les actes habituels de la vie humaine, elle n’est pas libre, mais soumise à la nécessité. Chez l’homme, à l’état rationnel, elle est libre. Sa liberté disparaît avec elle à l’entrée de l’idéal ou, si l’on veut, de l’extase. Proclus n’a pas de morale. Comme il considère l’homme en lui-même et en dehors de la société, il n’a pas besoin de s’occuper de ses rapports avec ses semblables. Quant à ses rapports avec la divinité, la science est le suprême devoir. Le devoir ordinaire n’existe que pour le vulgaire, incapable de s’élever à celui qui résulte de la culture de son intelligence.

« Incontestablement, dit M. Charles Lévêque, Proclus est un philosophe de forte race ; à une immense érudition, à la science de tout ce qu’on pouvait savoir de son temps, aux talents de l’écrivain, du versificateur et même du poète, il joint la vigueur de la réflexion et une rare puissance de combiner les idées et de coordonner les diverses parties d’un système. En même temps, il a la prétention de concilier toutes les religions entre elles et avec la philosophie. Il va jusqu’à dire que le philosophe doit être le pontife de l’univers. Or, tandis qu’il travaille à cet accord de tant d’éléments divers, d’évidentes prédilections l’entraînent d’une part vers le platonicisme, de l’autre vers les oracles chaldéens, où Dieu était représenté comme un abîme ; Ce sont bien là les deux termes que surtout il s’efforce de réunir et de mettre en harmonie. Il répétait que, s’il en était le maître, il ne laisserait circuler que le Timée de Platon et les oracles de Zoroastre. Là est pour nous le secret des violences que Proclus a fait subir aux plus hautes pensées de Platon. Là aussi est la cause de sa passion pour les opérations théurgiques. Proclus adresse des hymnes et des sacrifices aux dieux de tous les pays, à ceux de la Grèce comme à ceux des Arabes et des Égyptiens ; mais c’est le dieu de Jamblique que son âme cherche au-dessus des autres divinités et c’est à la puissance théurgique qu’il aspire… Païen croyant, pratiquant et dévoué, s’il l’eût fallu, jusqu’au martyre, il aspire à conserver toutes les divinités mythologiques ; mais il veut en même temps rester fidèle à sa théorie des hypostases et concilier une doctrine où Dieu n’est rien, pas même l’Être, avec cette mythologie où l’idée et le sentiment de la vie surabondent. Une telle conciliation était jusqu’à un certain point possible dans le pur platonisme, qui affirmait énergiquement en Dieu l’être, la vie, l’intelligence ; dans le néoplatonisme de Proclus, elle était impraticable et elle avorte. »

Sa Vie, écrite par un de ses élèves, Marinus, a été éditée en 1814 par M. Boissonade. La plupart de ses ouvrages ont été perdus. Ceux qui nous sont parvenus ont été réunis en dernier lieu par M. Cousin sous ce titre : Procli philosophi platonici opera (1819-1827, 6 vol. in-8o). Les commentaires de Proclus sur les ouvrages, aujourd’hui perdus, des anciens géomètres grecs ont fourni d’importants documents pour l’histoire des sciences dans l’antiquité.

On peut consulter, parmi les travaux considérables dont Proclus a été l’objet : un mémoire de M. Berger intitulé Proclus, exposition de sa doctrine (1840) ; J. Simon, Du commentaire de Proclus sur le Timée de Platon (1839) ; l’Histoire de l’école d’Alexandrie, par le même, et aussi celle de M. Vacherot. MM. Cousin, de Gérando, Buhle, Tiedmann ont aussi exposé en détail les doctrines de Proclus, qualifié par Diderot du « plus fou de tous les éclectiques. »

PROCNÉ s. m. (pro-kné — du gr. proknê, hirondelle). Ornith. Genre d’oiseaux, formé aux dépens des cotingas, et comprenant plusieurs espèces qui habitent l’Amérique.

— Encycl. Le genre procné est caractérisé essentiellement par un bec fort, plein, large à la base, comprimé sur les côtés jusqu’à la pointe, à mandibule supérieure bombée à partir du front, puis infléchie et recourbée ; par des tarses robustes, scutellés, de la longueur du doigt médian, et par des ongles médiocres et recourbés. Il ne renferme que sept espèces. Ce sont des oiseaux exclusivement américains, qui ont, les mêmes mœurs et le même genre de vie que les hirondelles d’Europe.

Le procné bleu est l’objet d’une vénération quasi superstitieuse, qu’il justifie par ses services dans un pays peuplé de myriades d’insectes. Il veille aussi à la sûreté de la volaille en avertissant par ses cris redoublés de la présence de l’oiseau de proie. Le vol de cette espèce est aussi rapide que soutenu. Il se pose quelquefois à terre et s’y meut avec assez d’aisance. Il fait entendre en volant un ramage sonore et mélodieux. Sa manière de construire son nid ne diffère pas de celle de l’hirondelle de fenêtre d’Europe ; mais souvent on lui épargne ce soin en préparant pour lui de petites maisonnettes fixées aux murs des habitations.

Le procné à ventre blanc habite les grandes Antilles, où il séjourne depuis le mois d’avril jusqu’en octobre. À cette époque, il disparaît pour se rendre probablement dans l’Amérique méridionale. On ne le rencontre jamais dans le Nord. Cette espèce a le privilège d’annoncer les approches de l’orage ; par l’élévation de son vol, elle semble alors vouloir s’élever au-dessus des nuages.

Le procné brun, propre à l’Amérique méridionale, vit seul ou par paires, recherche peu le voisinage de l’homme et ne se réunit en troupes de quelques centaines d’individus qu’au moment du départ. Cette espèce est encore peu connue.

Une autre espèce de l’Amérique méridionale a été nommée par Vieillot procné domestique. Ses mœurs se rapprochent de celles des hirondelles européennes. Elle montre beaucoup de courage pour la défense de la couvée et n’hésite pas à attaquer tout oiseau qui fait mine d’approcher de son nid.

PROCNÉ ou PROGNÉ, sœur de Philomèle. V. Philomèle.

PROCOMBANT, ANTE adj. (pro-kon-ban, an-te — lat. procumbens, de pro, en avant, et de cubare, être couché). Bot. Se dit de la tige des plantes, lorsqu’elle reste étendue sur la terre et ne jette pas de racines.

PROCOMMISSAIRE s. m. (pro-ko-mi-sè-re — du préf. pro, et de commissaire). Hist. éccles. Celui qui tient la place du commissaire.

PROCOMPTE s, m. (pro-kon-te — du préf. pro, et de compte). Compte provisoire.

PROCONDYLE s. m. (pro-kon-di-le — du préf. pro, et de condyle). Anat. Éminence située en avant d’un condyle.

PROCONÈSE, en latin Proconesus, nom ancien d’une petite île de la Propontide, appelée aujourd’hui Marmora à cause de la beauté de ses marbres blancs. Le nom de Proconèse lui avait été donné par les anciens à cause de la multitude de daims (prox) qu’elle renfermait.

PROCONIE s. f. (pro-ko-nl). Entom. Genre d’insectes hémiptères homoptères, de la famille des fulgoriens, tribu des cercopides, formé aux dépens des cigales ou des tettigonies, et dont l’espèce type vit au Brésil.

PROCONSUL S. m. (pro-kon-sul — mot lat. formé de pro, pour, et de consul). Hist. rom. Ancien magistrat chargé du gouvernement d’une province ou du commandement d’une armée : Les fonctions des proconsuls pouvaient être prorogées pendant plusieurs années. (Mérimée.)

— Par anal. Gouverneur despotique, exerçant une autorité sans contrôle : Les proconsuls aux pouvoirs illimités sont une monstruosité dans toute organisation sociale. (E. de Gir.)

D’avides proconsuls dévorent nos provinces.

C. Delavigne.

Encycl. Les proconsuls étaient des magistrats romains chargés du gouvernement d’une province et qui étaient investis de tous les pouvoirs, militaire, civil et judiciaire. Ils avaient sous leurs ordres les questeurs chargés de la répartition des impôts.

Avant la guerre des alliés, les proconsuls n’étaient nommés que pour un an ; maison prolongeait quelquefois le temps de leur administration, quand il était nécessaire de leur laisser terminer quelque guerre ; cette prolongation ne pouvait être décrétée que par le peuple romain assemblé en comices. Les proconsuls se faisaient précéder par douze licteurs, tandis que les propréteurs n’en avaient que six.

À l’origine, les proconsuls, une fois élus, tiraient au sort, entre eux, la province qui devait échoir à chacun d’eux, mais la loi Sempronia (123 av. J.-C.) ordonna que le sénat désignerait les provinces. Les lieutenants des proconsuls (legati) étaient ordinairement d’un rang élevé, soit sénateurs, soit prétoriens ou consulaires. D’ailleurs, les proconsuls pouvaient donner cet emploi à de simples chevaliers, mais ils devaient toujours faire approuver leur choix par le sénat, qui confirmait les commissions par un sénatus-consulte.

Le nombre des lieutenants des proconsuls était proportionné à l’importance de la province ; il était généralement de trois ou de quatre ; mais Jules César en eut jusqu’à dix, lorsqu’il obtint le gouvernement des deux Gaules. Lieutenants et questeurs provinciaux se faisaient précéder de licteurs. Lorsqu’un lieutenant venait à remplacer un proconsul dans ses fonctions, il prenait le titre de legatus pro prætore.

Le proconsul nommait à tous les emplois civils et militaires, excepté pour les tribuns militaires, dont la moitié était élue par le peuple.

Dans l’origine, la cohorte prétorienne, dont il est si souvent parlé chez les historiens, n’était qu’une garde particulière du proconsul. Ce fut Scipion l’Africain l’Ancien qui, le premier, eut l’idée d’une pareille troupe, et son exemple paraît n’avoir pas été bien uniformément suivi ; on donnait plus ordinairement le titre de cohorte prétorienne à une troupe d’amis ou d’officiers de confiance qui formaient en quelque sorte la maison du proconsul, et même cette cohorte comprenait souvent les contubernales, jeunes gens qui venaient, sous les yeux du chef et pour ainsi dire sous sa tutelle, se former à la guerre et à l’administration ; elle comprenait aussi les greffiers, les interprètes, les aruspices, les hérauts, les huissiers, les licteurs et, en un mot, tous les officiers qui accompagnaient le chef.

Dans l’origine, les proconsuls voyageaient aux frais du trésor romain ; mais, peu à peu, ils finirent par se faire défrayer par les pays conquis ; cette dérogation aux anciennes coutumes a fourni à Cicéron l’occasion d’un éloquent plaidoyer, dans lequel il accuse Pison, proconsul de Macédoine, de s’être fait donner par cette province, pour sa vaisselle seulement, 8 millions de sesterces. Auguste essaya vainement de faire cesser cet état de choses, en fournissant aux proconsuls l’argent nécessaire à leurs voyages. Alexandre Sévère fit mieux encore ; il leur donnait, à leur départ, des meubles, des habits, des chevaux, des esclaves, et, lorsque le temps de leur gestion était terminé, ils devaient rendre les esclaves et les bêtes de somme ; pour le reste, ils le gardaient s’ils avaient bien rempli leur ministère, mais ils étaient condamnés à en rendre le quadruple si l’empereur était mécontent. Il ne paraît pas que cette loi ait été appliquée sous les autres empereurs.

Au temps de la république, les femmes