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PROO

Il s’agit actuellement de déterminer quelle créance est légalement <Jue aux procès-verbaux. Quelques-uns, exceptionnellement, font foi entière, c’est-à-dire foi jusqu’à inscription de faux. La plupart font foi seulement jusqu’à preuve contraire, ce qui signifie qu’ils doivent être crus si l’on n’apporte pas la démonstration de leur inexactitude, mais qu’ils peuvent être librement discutés et réfutés par tous les modes de preuves en sens contraire, preuves écrites ou preuves résultant des dépositions orales de témoins régulièrement produits et non reprochables. La multiplicité des dispositions de lois et aussi l’extrême diversité des matières en fait de procès-verbaux rendent quelquefois difficile de bien fixer la démarcation entre ceux de ces actes qui doivent être crus jusqu’à inscription de faux et ceux qui font foi seulement jusqu’à preuve contraire. Toutefois, une règle générale se dégage et plane sur les divergences des spécialités, Dans l’état présent de notre législation, le principe dominant est que, en matière criminelle, le juge ne relève que de sa conviction et n’est, en général, lié par aucune pièce déterminée du procès, pas plus quo par aucune déposition particulière de témoins. Il statue selon l’impression produite sur sa conscience par le concours et l’ensemble des éléments du débat. Il suit de là nécessairement qu’en thèse générale les procès-verbaux des magistrats instructeurs, commissaires de police, juges d’instruction et tous autres officiers de police judiciaire, peuvent être librement discutés devant les tribunaux répressifs, en d’autres termes qu’ils ne lient pas le juge et ne font pas preuve jusqu’à inscription de faux. C’est 1 opinion exprimée par M. Dalloz (JRép., v» procès - verbal, n° 152), et c’est aussi la doctrine de M. FaustinHélie. D’après ces jurisconsultes, la preuve contraire est de droit commun et il faut une disposition de loi spéciale pour y déroger et pour que le procès-verbal lie absolument le juge, c’est-à-dire fasse foi jusqu’à inscription de faux. Cette disposition exorbitante du droit commun existe pour quelques matières particulières : en matière de douanes, de contributions indirectes, d’octrois, les procès-verbaux de contravention dressés par les préposés excluent la preuve contraire et ne cédant que devant le moyen extrême de l’inscription de faux. Cette dérogation se justifie, d une part, par la nécessité d’assurer énergiquement le recouvrement de l’impôt et, d autre part, par le.caractère fugitjf des contraventions de cette nature, qui ne laissent pus de trace et qui échapperaient à toute répression si les procès-verbaux des préposés pouvaient être librement débattus. La même foi jusqu’à inscription de faux est attachée aux procès^verbaux des gardes du génie et des fortifications. Il y a là un intérêt de défense nationale qui explique un surcroît de sévérité. Il est plus difficile de se rendre compte que la loi ait placé sur la même ligne les procès-verbaux des gardes en matière de délits forestiers. En tout cas, répétons-le, ces dispositions et autres semblables sont l’exception ; le droit commun, c’est la liberté de discuter les procès-verbaux devant les juges correctionnels, ou criminels et de produire la preuve contraire, soit par écrit, soit par témoins non reprochables. Notons enfin qu’il existe une catégorie de procès-ver baux qui n’ont qu’une valeur morale et ne sont admis que comme simples renseignements. Ce sont ceux qui peuvent être dressés par des gendarmes ou des agents de police autres que les commissaires, tels que les sergents de ville ou officiers de paix. Ces agents n’ont point caractère pour verbaliser ; leurs procès-verbaux ne pourraient suffire à motiverune condamnation ; aussi sont-ils d’ordinaire appelés à venir déposer comme témoins des faits qu’ils y ont constatés. En pareil cas, ce n’est point leur procès-verbal, c’est leur déposition, prêtée sous la foi du serment, qui forme la preuve judiciaire, comme la formerait le témoignage de tout autre citoyen.

PROCH (Henri), compositeur allemand, né à Laybach en 1809. Il se livra d’abord spécialement à l’étude du violon, fut attaché, en 1S34, à la chapelle de l’empereur d’Autriche, puis devint, en 1848, chef d’orchestre au théâtre de Leopoidstadt et enfin fut chargé de la direction musicale du théâtre de la cour. De 1844 à 1848, Proch a fait représenter sur les scènes lyriques de Vienne trois opéras, qui n’ont eu qu’un médiocre succès : Anneau et masmie (1S44), la Vengeance sanglante (1847), le Saut périlleux (1848). Le talentgracieux, mais peu vigoureux de ce compositeur est inapte à remplir les larges cadres ; mais Proch s’est amplement relevé de ces échecs dans ses lieders, qui ont acquis en Allemagne une juste popularité. Le Cor des Alpes, son chef-d’œuvre, a passé le Rhin et conquis, en France, ses lettres de naturalisation. Citons encore, parmi ces mélodies inoins osées et moins difficiles que les adorables compositions de Franz Schubert, mais plus accessibles aux chanteurs et plus sympathiques à la nature française, Calavresetla et le Chant du Czikosh. Presque tous ces lieders comportent un accompagnement obligé de violoncelle, de cor ou de quelque autre instrument. On doit encore à Proch des ouvertures, quatuors, pièces religieuses et morceaux, concertants pour le vioïoni •

PROC

PROCHAIN, AINE adj. (pro-chain, è-nerad. proche). Qui est proche, qui est dans le voisinage :

(chaîne. Mes scaurs, j’entenda du bruit dans la chambre pro-

IUcine. Le compère Thomas et son ami Lubin Allaient à pied tous deux a la ville prochaine.

Florian. L’air est tiède et là-bas, dans les forêts prochaines, La mousse épaisse et verte abonde au pied des chênes.

, V.HUGO.

— Qui arrivera bientôt : Un événement prochain. En France, l’avenir est toujours prochain, (Chateaub.) il Se dit de la chose qui arrivera la première ou des premières, dans la période qui va suivre : Je le lui dirai à ta prochaine occasion. Nous attendrons une prochaine occasion. Il Se dit de la période de temps qui doit suivre immédiatement la période actuelle : Le mois prochain. La semaine PROCHAÎNE. L’ail PROCHAIN.

— Immédiat, direct : La cause prochaine de toutes nos erreurs.

— Théol. Occasion prochaine, Occasion de pécher qui porte immédiatement à l’acte :

, S’exposer aux occasions prochaines de pêcher, c’est déjà pécher. H Dans le langage ordinaire, Ce qui conduit directement et rapidement à un résultat : De (/rondes richesses sont ^’occasion prochaine d’une grande pauvreté. (La Bruy.) La finesse est ^occasion prochaine de la fourberie ; de l’une à l’autre le pas est glissant. (La, Bruy.) tt Pouvoir prochain, Pouvoir d’agir auquel il ne manque rien.

— s. m. Homme considéré par rapport à un autre homme ; ensemble des hommes, humanité, par rapport à un homme : On doit aimer et secourir son prochain. Si vous donnez un conseil, que ce ne soit pas pour étaler votre prudence, mais pour être utile au prochain. (Boss.) Il ne faut pas condamner notre prochain sans s’assurer qu’il est coupable. (Pasc) Si l’on doit aimer son prochain comme soimême, il est, au moins aussi juste de s’aimer comme son prochain, (Cbamfort.) La plupart des dévots ne s’inquiètent que des péchés du prochain et ne se mettent guère en peine de ceux qu’ils font eux-mêmes. (Christine de Suède.) Pour mordre le prochain, une vieille bouche édentée de dévote vaut mieux que les bonnes dents de la belle jeunesse. (Cervantes.) Abstiens-toi de l’oisiveté comme du vol et de l’anthropophagie, car tout homme qui consomme sans produire exploite et mange son prochain. (Ch. Fauvety.) il n’y a sortes de balivernes que la vanité n’imagine pour atténuer les qualités du prochain. (De Ségur.) Aimes votre prochain parce que votre prochain vous est uni dans la vie et qu’en ce sens votre prochain, c’est vous-même. (P. Leroux.) Aime ton prochain comme toi-même, et la société sera parfaite. (Proudh.)

On se voit d’un autre œil qu’on ne voit son prochain.

La Fontaine. Notre curé crie et s’emporte, Il me défend d’aimer Lubin ; Il me dit d’aimer mon prochain, Et Lubin demeure à ma porte !

Sallentih.

— Syn. Prochain ; adjaceut, attenant, etc

V. ADJACENT.

PROCHAÎNEMENT adv. (pro-chè-ne-man — rad, prochain). Bientôt, dans un temps peu éloigné : Si vous recevez mie lettre, répondez te plus prochainement possible. (Boitard.)

PROCHAÎNETÉ s. f. (pro-chè-ne-té — rad. prochain). Caractère de ce qui est prochain.

— Ane. jurispr. Portion d’héritage due à titre de parenté.

PROCHARISTÉRIESs.f. pi. (pro-ka-ri-stérJ — gr. procharistéria ; de pro, avant, et de charisomai, je rends grâces). Antiq. gr. Fête que les Athéniens célébraient au printemps, en l’honneur de Minerve.

PROCHASKA (Jean, baron de), général autrichien, né à "Vienne en 1760, mort dans la même ville en 1823. Il entra dans l’armée comme simple canonnier ; mais, comme il était très-instruit, il avança rapidement, fut attaché à l’état-major, prit part à la guerre faite par l’Autriche à la République française, se distingua particulièrement comme chef d’état-m ; ijor du général Latour en 1796 et 1797, fut blessé à l’affaire de la Bormida en 1799 et nommé peu après colonel. Prochaska combattit ensuite en Italie, devint en 1S09 chef d’état-major du prince Charles, reçut le grade de général de division, donna de nouvelles preuves de ses talents et de son courage à Aderklea et à W»gram (1809), puis fut successivement inspecteur d’infanterie en Moravie, intendant général des armées autrichiennes (1813 et 1815), membre du conseil de guerre (1814), chef du quartier-maître général impérial en 1816 et conseiller intime en 1819.

PROCHAZKA (Franz-Faustin), écrivain bohème, né à Neupaku (Bohème) en 1749, mort à Prague en 1809. Admis dans l’ordre des Barnabites en 1767, il apprit l’hébreu sous la direction du savant Durich, puis professa celte langue ainsi que le grée et s’adonna à la prédication. Après la suppression de sa congrégation en Bohême (1788), il fut successivement censeur théologique, directeur du

PROC

gymnase de Prague et bibliothécaire à l’université de la même ville. Nous citerons de lui : Nouveau Testament en bohème, avec commentaires (1786) ; Commemarius de secularibus artium liberalium in Moravia fatis (1782) ; Mélanges de littérature bohème (Prague, 1784), etc.

PROCHE adj. (pro-che — de l’ancien français prohje, propche, venu du latin propius, comparatif de prope, près). Voisin, qui est près : Sa maison est proche de la ville. Une vérité conduit à une autre vérité, la plus connue à la moins connue, la plus proche à la plus éloignée. (Lamenn.)

— Qui est peu éloigné, qui tient de près : Le caprice est dans les femmes tout proche de la beauté, pour être son contre-poison. (La Bruy.)

— Qui est près d’arriver : Sa dernière heure était proche. De bonne foi, n’avez-vous point été effrayée d’une mort si proche et si inévitable ? (Mmo de Sév.) Le règne de la justice est plus proche que les’ apparences ne le font croire aux politiques à courte vue. (Vaeherot.)

— Qui est sur le point : Nous nous connaissons si peu, que plusieurs pensent aller mourir quand ils se portent bien et que plusieurs semblent se porter bien quand ils sont proches de mourir, ne sentant pas la fièvre prochaine ou l’abcès prêt à se former. (Pasc.)

— Qui tient de près à quelqu’un par la parenté : Proche parent. Proche parente.

— s. m. Parent ; ne s’emploie guère qu’au pluriel ; Ne juge pas un homme d après le témoignage de ses proches. (Max. orientale.) Chez, les Germains, on héritait de la haine et des inimitiés de ses proches. (Montestj.) Les Chinois enterrent leurs proches dans leurs jardins. (Chateaub.) ches !

Moi, j’ai cinquante ans, moi, Finette î Quels réprouvas ! on n’est jamais trahi que par ses proches !

Reonar».

— Peint. Partie d’un tableau rapprochée du spectateur : Les proches doivent être peints avec plus de vigueur, que les lointains. Il Peu usité.

— Adv. Près, auprès : Ici proche. Il demeure tout PROCHE.

— Loc adv. De proche en proche, En avançant par degré : Couper les bois de proche en proche. La contagion s’étendit de proche en proche. (Acad.) Il Peu à peu, par degrés : De proche en proche, il en est arrivé à ses fins. L’ambitieux espère ce proche en proche parvenir à tout. (Duclos.)

... L’homme ennuyé n’est jamais qu’ennuyeux. Aussi, dès qu’il parait, tremblant à son approche, La gaité fuit, l’ennui gagne de proche en proche.

DELILI.E.

— Prépos. Près, auprès de : Les maisons qui sont proche la ville. Il s’est allé loger proche le patais. (Acad.)

— Loc. prépos. Proche de, Près, auprès de : Les 7iiaisons qui sont prochb db la ville. Il s’est allé loger proche du palais.

— Gramm. Proche est adjectif et variable quand il se rapporte évidemment à un substantif ; il est adverbe et invariable quand il se rapporte à un verbe attributif. Mais quand il est placé après le verbe être, on peut quelquefois le considérer à peu près indifféremment comme adjectif ou comme adverbe. Ainsi l’on peut écrire : Les maisons qui sont proches de la ville ou qui sont proche de la ville, sans que cela change le sens d’une manière bien sensible.

— Syn. Proche, adjacent, attenant, etc. V. ADJACENT.

— Proche, auprès, près. V. AUPRES.

PROCHILE s. m. (pro-ki-le — du préf. pro, et du gr. cheilos, lèvre). Mamm. Genre de mammitères formé aux dépens des ours.

— Ichthyol. Espèce de poisson du genre centropome.

— Entom. Genre d’insectes orthoptères, de la famille des locustiens, type de la tribu des prochilites, dont l’espèce unique habite l’Australie.

PROCHIL1TE adj. (pro-ki-li-te — rad. prochile). Entom. Qui ressemble ou qui se rapporte au prochile.

— s. m. pi. Tribu d’insectes orthoptères, de la famille des locustiens, ayant pour type le genre prochile.

PRÛCHOME s. m. (pro-ko-me). Entom, Genre d’insectes coléoptères hétéromères, de la famille des raélasomes, tribu des piméliaires, dont l’espèce type habite la Syrie.

PROCHRONISME s. m. (pro-kro-ni-smedu gr. pro, avant ; chronos, temps). Erreur de chronologie qui consiste à placer un fait dans un temps antérieur à celui où il est réellement arrivé.

PROCIDA, la Prochyta des Romains, petite île du royaume d’Italie, dans la mer Tyrrhénienne, près de ia cote, entre le cap Misène et l’île d’Ischia, par 40° 45’ de latit. N. et 11° 41’ de longit. E. Elle fait partie de la province de Naples, dont elle n’est séparée que par un bras de. mer de 2 kilom. de largeur, est comprise dans le district de Pouzzolus et a une superficie de S milles géographiques carrés. Elle est peu montueuse et se fait remarquer par sa fécondité et la grande quantité de perdrix et de faisans qu’elle nourrit ;

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sa population, qui est de 13,810 fcab., est on grande partie concentrée dans une ville du même nom, ch.-l. de l’île, sur la côte S.-E. On y voit beaucoup de restes antiques et plusieurs jolies maisons de campagne. Selon la tradition, ce serait la patrie de Jean de Procida, instigateur et principal auteur des Vêpres siciliennes.

PROCIDA (Jean de), personnage auquel on prête, sans aucune preuve historique, le principal rôle dans le grand événement connu sous le nom de Vêpres siciliennes (v. ce mot), né conjecturalement vers 1225, mort après l’année 1299.

M. Charles Romey, dans son Histoire d’Espagne, a étudié avec soin tout ce qui se rattache à ce grand événement, dont le résultat fut de soustraire la Sicile au pouvoir d’un prince français pour la faire tomber entre les mains d’un roi d’Aragon, et c’est d’après lui que nous allons faire connaître le vrai rôle joué par Procida.

Jean de Procida était né, suivant M. Romey, entre 1220 et 1225, d’une famille de Salerne, où il passa les premières années de sa vie. Peut-être était-il né à Procida même, dit M.. Romey, qui cite à l’appui un texte presque contemporain. Dans son Itinerarium Syriacum, Pétrarque, après avoir parlé d’Ischia, dit en effet : Vicina hinc Prochyta est, parvula insula, sed unde nuper magnus quidam tir surrexit loannes... Quoi qu’il en soit de sa naissance, il entra fort jeune, à ce que tout indique, dans la sphère d’idées, de mouvement et d’action du parti gibelin, alors si puissant dans l’Italie méridionale par le soutien du grand’empereur Frédéric H, l’un des patrons ou des protecteurs de l’école de Salerne. Procida avait lui-même étudié la médecine, et la tradition veut qu’il ait été le médecin de Frédéric II et de Manfred.

Tout porte à croire que ce fut sous ce dernier prince que sa fortune atteignit son apogée. Quelques années plus tard, en effet, nous le trouvons mentionné comme un des premiers citoyens de Salerne, seigneur de l’île de Procida, de Tramonte, de Caiano et de la baronnie de Pistiglione. Manfred avait commencé à faire creuser en 1260, à Salerne, un port dont les travaux sont restés au point où il les a laissés, Jean de Procida avait aidé Manfred dans cette utile entreprise. Une tablette de marbre, transportée dans la cathédrale et placée sur le mur à droite delà chapelle de Grégoire VII, atteste le fuit i A. d. mcclx,

DOM1NUS MANFREDUS

MAGNIFICUS REX SICILM3

DOMINI IMPER. FRÉDÉRICI FILIUS

CUM INTERVENTU DOMINI IOANNIS

DE PROCIDA, MAGNI «VIS

SALERTANI, DOMINI INSUI«E PROCIDA

TRAMONTIS CAIANI ET BARONIjB PISTILLION13

AC IPSIOS DOMINI REGIS SOCH ET FAMIUAR1S

NT1NC PORTUM FIERI FACIT.

Dans la suite, Jean de Procida entra ou, plus vraisemblablement, demeura au service de Charles d’Anjou, comme le témoigne un acte conservé dans YArchivio reale de Naples, expédié au nom du roi Charles sous la date du 15 août 1269. Mais après la défaite de Conradin, peut-être vers le temps où celui-ci fut mis en jugement et esêcuté sur la place du marché de Naples, il tenta, à ce qu’il semble, quelque soulèvement en sa faveur et tomba en pleine disgrâce. Une sentence de bannissement fut rendue contre lui, à la date du 29 janvier 1270, et la confiscation de ses biens prononcée. Au reste, les causes de cet incident sont restées en grande partie ignorées, et peut-être que quelques griefs personnels avaient soulevé Procida contre Charles d’Anjou. C’était une opinion généralement accréditée au xive siècle, que Jean de Procida avait été déshonoré dans sa femme et sa fille par quelque courtisan de Charles d’Anjou, et, suivant quelques-uns, par Charles d Anjou lui-même. Pétrarque en parle en termes assez’vifs, et quelques actes qui suivirent immédiatement la sentence de bannissement, tels que la restitution entière des biens de Procida à sa femme Pandolfina, font naître certainement la pensée de quelques relations antérieures entre le roi français et la femme du proscrit.

Quoi qu’il en soit, dès lors l’idée fixe de Procida fut le renversement de la puissance de Charles. Il y travailla avec une ardeur extraordinaire et mûrit douze ans sa vengeance. Ainsi vont les choses humaines.

La vengeance est tardive ; elle vient à pas lents ; Mais elle vient.

Banni de Calabre et de Sicile, après avoir longtemps erré sans asile et sans pain, Procida passa en Aragon et, lorsque Pierre III, qui avait épousé Constance, fille do Manfred, eut succédé à son père, Jacques le Conquérant, c’est-à-dire dès 1276, il excita le nouveau roi à revendiquer un jour la couronne de Sicile, qui lui revenait du chef de sa femme par héritage. La cour de Pierre réunissait déjà quelques émigrés gibelins d’Italie, particulièrement attachés à la famille des Hohenstauffen. De ce nombre étaient deux personnages éminents, ’Roger de Loria et Conrad Lancia, amenés tous deux, encore enfants, en Catalogne, à la suite de la reine Constance. Procida ne tarda pas à compter parmi eux ; il plut à Pierre III par ses connaissances, par sa fino politique, par l’ardeur