Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 13, part. 1, Pourpre-Pube.djvu/146

Cette page n’a pas encore été corrigée

142

PRIÉ

litê ; ï"> avec une ferme confiance dans la oonté de Dieu et avec une foi inébranlable en l’efficacité de la prière ; 3° au nom de Jésus-Ghrist ; 4° en vue de l’avancement du

règne de Dieu et de sa justice. »

La prière ne suffit pas pour assurer le salut du chrétien. • Ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur, n’entreront pas tous dans le royaume des cieux. »{Malth., vi, 21.) Cependant la prière procure à celui qui l’a faite dans les conditions de sincérité et de piété voulues de nombreux avantages spirituels et temporels. Elle contribue k le rendre plus vertueux et plus parfait ; elle attire sur lui la faveur divine ; elle suffit même pour le laver de quelques-uns de ses péchés ; enfin elle contribue à faire exaucer les vœux par lui exprimés.

Quelques philosophes ont cru découvrir diverses contradictions entre la théorie de la prière chrétienne et les dogmes orthodoxes concernant Dieu et la Providence. Le raisonnement de Maxime de Tyr, tel que le reproduit Voltaire, résume à peu près tout ce quia été dit à ce sujet. « Voici la substance des idées de ce Maxime, dit Voltaire. L’Eternel a ses desseins de toute éternité. Si la prière est d’accord avec ses volontés immuables, il est très-inutile de lui demander ce qu’il a résolu de faire.»Si on le prie de faire le contraire de ce qu’il a résolu, c’est le prier d’être faible, léger, inconstant ; c’est croire qu’il soit tel, c’est se moquer de lui. Ou vous lui demandez une chose juste ; en ce cas il la doit, et elle se fera sans qu’on l’en prie ; ou la chose est injuste, et alors on l’outrage. Vous êtes digne ou indigne de la grâce que vous implorez : si digne, il le sait mieux que vous ; si indifne, on commet un crime de plus en demanant ce qu’on ne mérite pas. » (Dictionnaire philosophique.)

Voltaire lui-même, quoique déiste, est adversaire de la prière. « La résignation est, dit-il, tout ce qui semble convenir entre la créature et le créateur. » Un seigneur de son temps aurait été, d’après lui, adversaire décidé des prières au point d’avoir sommé par huissier le curé de sa paroisse de ne plus le nommer dan s les prières publiques parce que, prétendait-il dans l’acte de sommation réel ou supposé, cité par Voltaire et assaisonné de plusieurs arguments de théologie, ■ la prière est un acte de rébellion contre la divinité, puisqu’elle tend à conformer le vouloir divin au vouloir de l’homme. «Un philosophe déiste , contemporain, M. PatrieeLarroque, a attaqué l’Oraison dominicale avec beaucoup de passion. Selon lui, la prière ne doit avoir pour objet de demander à Dieu ni faveur personnelle, puisque ce serait de l’égoïsme, ni bonnes résolutions, puisque cela dépend de nous. M. Lurroquo propose d’y substituer une formule de prière des plus bizarres. (Hénooation religieuse, p. 330.)

Porphyre avait de même demandé aux prêtres païens « de quelle autorité ils ont soumis la divinité aux passions humaines, la faisant rechercher le culte des créatures, agréer leurs sacrifices et leurs offrandes, se plaire k leurs pénitences et à leurs mortifications, calmer sa colère k la vue de leurs larmes de repentir, changer les décrets de la Providence a leur prière, modifier les lois éternelles k leur sollicitation ? » Jamblique répondait que, « quoique la divinité soit impassible et que nos prières n’influent point sur sa détermination, cependant, comme elle nous accorde tes biens dont nous sommes digues, laprière, qui calme nos passions et nous rend meilleurs, nous donne aussi■ de plus grands droits à la faveur du ciel, avec lequel elle nous met en relation intime et directe. • Telle a été aussi la réponse faite de tout temps par les chrétiens aux objections qu’a soulevées la pratique des prieras. Un certain nombre de prières passent pour procurer aux fidèles qui les récitent les avantages les plus merveilleux. Le nombre en est très-considérable. Citons seulement une prière k la sainte Vierge, imprimée en 1873 à la suite d’une < lettre très-authentique de la sainte Vierge Marie, mère

de Dieu, à la cité de Messine • (Paris, imprimerie Goupil) : > Celui qui lit cette prière, qui l’entendra lire ou la portera sur lui ne mourra pas subitement, ne se noiera pas, aucun venin ne pourra l’empoisonner, etc. Lorsque cette prière est déposée dans une maison, elle est préservée de la foudre et du tonnerre, et celui qui journellement lira cette prière sera prévenu trois jours avant sa mort, par un signe divin, de l’heure de son trépas. >

Les demandes que les fidèles des diverses religions ont adressées et adressent de nos jours encore à leurs dieux n’ont pas toujours été des demandes morales et justes. « Les auteurs profanes, aussi bien que les écrivains ecclésiastiques, dit l’abbé Bertrand, attestent que la plupart des prières des païens étaient des crimes, des désirs et des demandes contraires à la justice, à la pudeur, k la charité, k la bonne foi, et telles que l’on n’aurait pas osé les faire en public. » (Dictionnaire de toutes les religions.)

Il n’est pas besoin de chercher dans l’histoire ancienne pour trouver l’exemple de prières de cette espèce. Les brigands italiens se sont, pendant plusieurs siècles, livrés à toute sorte de crimes en priant chaque fois dévotement la sainte Vierge de leur en faciliter la réussite et en la remerciant en cas de succès. De nos jours encore, combien de chrétiens ne s’ouuliuût-ils pas, dans l’église, a de PRIE

mander la réussite de coups de bourse ou d’intrigues d’amourî De pareils souhaits adressés au Dieu des catholiques sont un péché d’après la doctrine catholique elle-même.

Les fidèles, comme l’Église, peuvent prier pour une seule personne, pour une famille et même pour une ville, pour une armée ou pour une nation entière. Quelquefois ces prières ont lieu sur l’ordre du pape, d’autres fois sur l’invitation de la puissance séculière ; c’est ainsi qu’en France l’Assemblée a ordonné des prières publiques à diverses reprises et notamment pendant la guerre civile de 1871. C’est ainsi que la même Assemblée sollicite le Dieu des catholiques toutes les fois que s’ouvre une nouvelle session.

Les catholiques ont l’habitude de prier pour les morts. Cette coutume, qui remonte au ne siècle, mais qui k cette époque était simplement pour les fidèles une manière d’exprimer leur communion avec les membres de l’Église qui avaient quitté la terre, cotte coutume prit une autre signification quand on crut au purgatoire. On supposa que les prières des vivants pouvaient abréger les tourments des trépassés, et on pria pour eux. Les protestants, qui repoussent le purgatoire, n’ont jamais suivi cette coutume. Dès les premiers temps, de telles prières leur auraient paru vaines, le sort des âmes étant, d’après eux, définitivement fixé à la mort ; aujourd’hui, ils paraissent comprendre que h.prière ne peut avoir d’efficacité que pour celui qui la tait, pour ceux qui l’entendent ou du moins pour ceux qui se savent l’objet des prières de leurs semblables. Comme la conception de la vie éternelle, la conception de la prière parmi eux s’est modifiée ; on n’admet plus que Dieu puisse sauver les hommes sans leur concours ; le salut n’est plus qu’un acte moral : c’est la sanctification.

— Mœurs et Coût. Les Juifs, jusqu’à la destruction du premier temple, n’eurent point de formes réglées pour la prière, k l’exception du Criât schéma, qui était un acte de foi. Mais pendant la captivité de Babylone, de nombreux rapports avec les ministres des religions de la Perse, de l’Assyrie, de la Chaldée, religions pleines de rites multipliés, portèrent Esdras et les docteurs à rédiger un rituel qui, à quelques variantes près, est encore.suivi par les Israélites de toutes les parties du globe. La liturgie se divise en deux farties, l’une relative au service du temple, autre relutive à celui de la synagogue. Le ministère du temple, à l’époque du Christ, comprenait la récitation du Décaiogue et des Phylactères, la bénédiction, les oblations, les psaumes, les sacrifices, la musique et, en outre, ce qui était spécial k chaque fête de l’année. Le ministère de la synagogue comfiortait seulement en récitation des prières et a lecture des Écritures commentées et expliquées. La plus importante de ces prières était le Schemoiié tsré, grande invocation à Dieu. Les Juifs ajoutèrent à leur liturgie une prière contre les Nazaréens et leur dieu exécrable. Le Christ et les apôtres se servaient des prières judaïques. Les Grecs faisaient leurs prières debout ou assis, et ils les commençaient toujours par des souhaits ou des bénédictions. Lorsqu’ils allaient prier dans un temple, ils so purifiaient auparavant avec l’eau lustrale. Pythagore voulait qu’on prononçât les prières tout haut, afin de ne rien demander dont on eût à" rougir ; mais, d’habitude, on les disait à voix basse. La prière en commun n’avait guère lieu que dans certaines adjurations solennelles adressées aux dieux à 1 occasion d’événements importants, tels que la guerre, la famine, la sécheresse, la peste, etc. La plus ancienne attitude, pendant les prières, était d’étendre ou élever les mains, de manière k présenter la paume vers le ciel. Élever les mains vers le ciel a toujours été une posture suppliante, et on la voit représentée sur les monuments égyptiens, étrusques, etc.

Les Romains priaient debout, la tête voilée, afin de ne pas être troublés, comme dit Virgile, par quelque face ennemie et pour que l’esprit fût plus attentif aux prières. Un prêtre tenant un livre à la main prononçait les prières avec tout le monde, afin qu’on ne transposât aucun passage et qu’elles fussent faites sans confusion. Pendant qu’on priait, on touchait l’autel à la façon de ceux qui prêtaient serment. Les suppliants embrassaient aussi quelquefois les genoux des statues des dieux. lis portaient aussi la main à la bouche, geste duquel on pense qu’a pu venir le mot adoration (ad orem). On se tournait ordinairement du côté de l’orient pour prier.

Les apôtres récitaient l’Oraison dominicale, les prières-et formules du baptême et de l’eucharistie, leur propre symbole, les hymnes et psaumes choisis dans l’Écriture, la bénédiction du peuple, etc. Au 11e siècle, les chrétiens adoptèrent l’usage de chanter les hymnes par chœurs alternatifs, c’est-à-dire les antiennes, celui de faire répondre par le, peuple, soit Kyrie eleison, soit amen, k diverses supplications, oraisons, etc. ; celui du trtsagion, etc. Les siècles suivants virents’ajouter successivement à la liturgie chrétienne un grand nombre àe prières et de formules de toutes sortes.

Laprière fut, du reste, la principale occupation des premiers chrétiens ; ils priaient ordinairement eu commun, surtout le matin et le soir, consacrant ainsi le commencement

PRIÉ

et la fin de la journée. Aucune occupation temporelle ne pouvait les dispenser de ce devoir. Après la prière publique, ils se donnaient d’habitude le baiser de paix. Ceux qui ne pouvaient se réunir k l’assemblée des fidèles, les malades, les prisonniers, les voyageurs, tâchaient cependant de s’assembler au nombre de quelques-uns. On priait même au milieu de la nuit. Chacun des aetes importants de la vie, labour, semailles, moisson, récoltes, était précédé et terminé par la prière. On priait pour attirer la bénédiction divine sur l’œuvre et l’ouvrier, lorsqu’on commençait à bâtir une maison, k tisser une étoffe ou coudre son habit, et ainsi pour les moindres choses. La salutation, soit en se rencontrant, soit en tête d’une lettre, n’était pas seulement un témoignage d’amitié, c’était une prière.

Les chrétiens adoptèrent les gestes de la prière païenne, mais ils étendirent en même temps les bras de façon à rappeler la croix du Christ. Aujourd’hui, les prêtres seuls observent k la messe ce rit primitif, qui a été conservé duns toute son exactitude par la liturgie de l’Église de Lyon. Parmi les premiers chrétiens, les fidèles priaient le visage tourné vers le ciel, et les catéchumènes la tète penchée vers la terre. Us faisaient leurs prières soit debout, soit à genoux. L’Église prescrivit qu’on priât debout les dimanches et durant tout le temps pascal, en signe de joie, et à genoux tout le reste de l’année, en signe de pénitence. Les femmes ne devaient assister que voilées à la. prière. « Toute femme qui prie un qui prophétise, n’ayant point la tète couverte d’un voile, déshonore sa tète, dit saint Paul ; car c’est comme si elle était rasée... Pour.ce qui est de l’homme, il ne doit point se couvrir la tête, parce qu’il est l’image et la gloire de Dieu, au lieu que la femme est la gloire de l’homme. >(Cor., xi.)

Tcrtullien blâme les chrétiens qui se dépouillaient de leurs pénules, à l’imitation des païens, pour rendre leurs prières plus agréables k la divinité.

Vers le xue siècle, les attitudes de laprière changèrent ; on commença à croiser les bras sur la poitrine, ce qui est un geste de respect et d’adoration asiatique ; ensuite on éleva les mains en les joignant. Enfin on en vint k la manière, usitée encore aujourd’hui, d’appliquer les mains l’une contre l’autre dans toute leur longueur, ou de croiser les doigts en les repliant par-dessus la main. Par cette attitude, les chrétiens semblaient présenter k Dieu leurs mains volontairement liées pour qu’il disposât d’eux. Dans toute l’antiquité, au contraire, on considérait comme un augure extrêmement fâcheux de joindre les mains en croisant les doigts.

Les formules des prières instituées par la primitive Église découlèrent en partie des rites judaïques et en partie furent créées spécialement pour la nouvelle religion.

■ Les guèbres ou parsis, dit l’abbé Bertrand, sont invités par leur législateur à la prière fréquente, et peut-être ny a-t-il point de religion où elle soit plus multipliée que dans celle de Zoroastre. Il n’est presque pas de circonstance qui n’en exige. On doit prier avant de couper une ceinture ou un habit, ses ongles ou ses cheveux ; on le doit si on voit un troupeau de bœufs, un homme attaqué de la lèpre ; si on a eu pendant le sommeil une souillure involontaire ; si on aperçoit une ville, une contrée, un cimetière, desmontagnes, la mer, des fleuves, des étangs, des sources, des puits, de grandes citernes, etc. ; on le doit lorsqu’on éternue, quand on satisfait aux besoins de la nature, avant et après l’action conjugale, quand on allume une lampe ou qu’on en voit une allumée, quand on tue certains insectes ou d’autres animaux venimeux ; il y a des prières pour bénir les aliments qu’on prépare et pour rendre grâce à Ormuzd quand on s’en est nourri ; il y en a pour celui qui a besoin d’être saigné, ou qui a des glandes, des tumeurs, des abcès, la fièvre, des maux d’yeux, des maladies de foie, etc., etc. Le détail en est infini. • (Diet. de toutes les religions.)

Les bouddhistes pensent qu’il n’est point nécessaire de comprendre le sens des prières pour qu’elles soient agréables k la divinité et que l’important est d’en dire beaucoup. Ils sont même convaincus qu’il n’est pas besoin, pour plaire au Bouddha, de réciter des prières et qu’il suffit de regarder vaguement le papier où elles sont écrites. De 1k une invention très-originale au moyen de laquelle ils prient à la mécanique. On appelle cet appareil roue à prières. Ce sont des boîtes cylindriques ou k plusieurs angles, dont la surface est couverte de prières écrites en caractères d’or et qu’on fait mouvoir comme on joue de la serinette. Chaque tour de roue est compté pour le pénitent k l’égal d’une prière parlée. C’est une question de poignet : le plus agréable à Dieu est celui qui tourne le plus longtemps et le plus vite la manivelle. (Les Ci-' vilisations inconnues, p. 111.) « Les Mongols et les Thibétains de toute classe et de tout sexe, dit M. Taiue, passent la journée k réciter des oraisons, en marchant, en mangeant, en jouant, surtout la prière de six syllabes, et la plupart du temps, k Ceylan comme en Mongolie, dans une langue qu’ils n’entendent pas. Plus on prononce, plus on écrit ou plus on imprime de ces prières, plus on a de mérite. Afin d’en accroître le nombre, on a remplacé l’homme par la machine. Des cylindres rem PRIE

plis de petits papiers où la prière est écrite se trouvent dans les principales rues, dans les temples et chez les particuliers ; chaque tour de roue équivaut k la récitation de toutes les prières contenues dans le cylindre, et quelques-uns, énormes, renferment cent millions de fois la formule sacrée. Les personnes pieuses ont chez elles un serviteur dont tout l’emploi est de tourner le cylindre de famille. De grands moulins à eau et k vent font le même office. » (Nouveaux essais de critique et d’histoire.)

L’abus de la prière a été poussé presque aussi loin dans le culte de Brahma. Par exemple, le brahme Anada Rayor croyait que les paroles suivantes : ohm prohm zrum klunm bloom ahm hohm crome srum hum paddoh aram, répétées 400,000 fois, devaient rendre heureux dans le temps et dans l’éternité, et il les répéta pendant quarante jours un million de fois, afin d’être parfaitement heureux. Beaucoup de chrétiens, au reste, se font d* laprière une idée qui n’est pas plus conforme au bon sens,

Prières pour tes souverains. Tout en prêchant hautement la fraternité universelle, le* chrétiens ont donné dès l’origine l’exemple de la soumission la plus servile et la plus humiliante k tous les souverains chrétiens ou non. D’après les paroles textuelles du saint évêque Achate, • parmi tous les sujets de l’empire romain, il n’y en avait pas qui honorassent plus i’empereur (païen) que les chrétiens. • Ce respect s’exprimait principalement par des prières que les chrétiens faisaient pour les souverains païens.

■ Je vous conjure donc, dit saint Paul aux chrétiens, avant toutes choses, que l’on fasse des supplications, des prières, des demandes et des actions de grâces pour tous les hommes, pour les rois et pour tous ceux qui sont élevés en dignité, afin que nous menions une vie paisible et tranquille dans toute sorte de piété et d’honnêteté. » (Timot., 11.) Saint Paul recommandait aux chrétiens de prier pour Néron. Tous les Pères de l’Église recommandèrent. après lui aux chrétiens de

prier pour les empereurs païens, bien que ces empereurs fussent, suivant eux, des impies et des damnés ; entre autres, saint Justin (Apol., 11, 71), Tertullien (Apol., en. xxxxxxii, xxxtx), Origène (Cels., 81), saint Cyprien (Ad Dem, ), Eusèbe (flist, eccl., vm, 1), Lactunee (Mort pers, ch. vu et xxxiv), Ar. nobe, Polycarpe, Athénagore, Théophile, etc. Les chrétiens du moyen âge prièrent pour leurs souverains chrétiens comme leurs prédécesseurs avaient prié pour les souverains païens. L’encyclique du pape Benoit XI, du 23 mars 1743, a fuit passer les prières pour les souverains, jusque-là en usage dans plusieurs pays, en loi obligatoire pour l’Église. On peut compterau nombre des prières pour les souverains l’hymne religieux : Domine, satvum focregem (ou imperatorem) nostrum ; ces paroles ont été remplacées, en 1848 et en 1870, par Domine saluam fac rempublicam. En Russie, on chante de même dans l’église l’hymne : Èojé tsara krant (Dieu protège le czar !) Les prières pour le czar et pour sa famille occupent une large place dans la messe grécorusse. À plusieurs reprises pendant la durée de la messe, le pope Ut k haute voix une longue liste de tous les membres de la famille du czar et demande les bénédictions du ciel pour le czar et pour tous ses parents,

— Bibliogr. Le Messagier de tout bien (Paris, de Murnef, sans date, in-S») ; le Livre de vraye et parfaicte oraison (Paris, 1529, in-8«) ; Epislre familière de prier Dieu, etc. (1533, iu-s°) ; Traité de laprière, par Nicole ; les Grands suffrages et dévotes oraisons à NoireSeigneur (Paris, iri-8u) ; les Saintes prières de t’âme chrétienne, écrites et gravées par P. Moreau (Paris, 1649, in-8°) ; les Saintes prières recueiilies des psaumes de David, par Pierre Martyr (Vamile, La Rochelle, 1581, in-16).

Prière. Iconogr. Homère a personnifié les prières sous des traits que ne désavouerait pas l’esprit chrétien : • Les Prières, dit-il, sont filles du maître des dieux ; elles marchent d’un air- affligé, le front couvert de tristesse, les yeux trempés de larmes et, pouvant à peine se soutenir sur leurs pieds chancelants, elles suivent de loin l’injure, l’Injure altière qui court sur la terre d’un pied léger, levant sa tête a’udacieuse. » L’art antique ne nous offre rien qui rappelle cette admirable conception du poète. Les figures de suppliants qu’on voit dans quelques bas-reliefs’ et dans quelques peintures n’ont d’autre caractère que celui de l’accablement et de la prosternation. Il était réservé k l’art chré- * tien de donner k la prière ce caractère d’un élan de l’âme vers l’Être suprême, d’une invocation au Tout-Puissant, dont le Christ donna lui-même l’exemple k l’heure de sa douloureuse agonie au jardin des Oliviers. Des milliers d artistes ont représenté cette scène mémorable de la Passion (v. ci-après PKiiiRB au jardin). Les tableaux des maîtres primitifs, italiens, allemands, flamands, français, sont remplis de figures de saints et de saintes entourant la Vierge et le Christ dans l’attitude de la prière ; souvent aussi, cette attitude est donnée k des personnages qui sont absolument étrangers à la scène repré-. sentée dans le tableau, aux donateurs de l’œuvre i portr&ieturés au naturel, » à genoux et les mains jointes. Dans les mono-