Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 12, part. 4, Ple-Pourpentier.djvu/219

Cette page n’a pas encore été corrigée

. PONC

les autres courbes devaient en avoir aussi ;’ on pouvait bien admettre qu’on ne s’en occupât pas, mais il était impossible de ne pas s’en préoccuper. Or, Ponceîet ne fournissait aucun moyen de les définir, et dès lors les supplémentaires des coniques ne paraissaient

plus tenir leur existence que d’une circonstance tout exceptionnelle. L’esprit de généralisation, surexcité par l’usage des méthodes mo’Iernes, devait réagir contre l’admission définitive d’une solution qui ne pouvait paraître que prématurément introduite.

Ponceîet aurait certes pu aisément franchir le pas qui le séparait de la solution définitive de la question qu’il avait retournée tant de fois. S’il avait pu se rendre bien compte des objections qui lui étaient faites, il aurait tout naturellement été amené à réaliser ce nouveau progrès ; mais, de même que Cuuchy ne le comprenait pas, il ne comprenait pas non plus Cauchy. Il no faut aucunement s’en étonner ; ne voit-on pas, en effet, presque constamment les intelligences les plus riches se fortifier chaque jour de plus en plus dans le cercle des idées qui les ont d’abord séduites ? Le progrès sa fait par la superposition des couches successives d’esprits d’élite. Un même esprit pourra aller indéfiniment dans un sens, mais il ne changera pas de lui-même sa voie.

Nous n’avons considéré jusqu’ici Ponceîet que comme géomètre ; il a été mécanicien tout aussi remarquable. D’une part, c’est à lui au moins autant qu’à Coriolis qu’on doit l’énorme simplification apportée aujourd’hui à renseignement de la mécanique rationnelle, et, de l’autre, c’est de ses cours à Metz que date véritablement la possibilité d’un enseignement utile de la théorie des machines industrielles.

Par son testament, Ponceîet a légué une somme de 25,000 fr. pour récompenser annuellement l’auteur français ou étranger qui, dans le cours des dix années qui précéderaient le jugement de l’Académie, aurait publié le travail le plus important pour le progrès des mathématiques pures ou appliquées.

Outre les ouvrages précités, on a de lui : Cours de mécanique appliquée aux machines (1873), publié par l’ingénieur Krotz.

PONCELET (François-Frédéric), jurisconsulte français, né à Mouzay (Meuse) en 1790, mort à Paris en 1843. Il vint faire ses études dédroit à’ Paris où, après avoir exercé pendant quelque temps la profession d’avocat, il devint, en 1826, professeur k la Faculté de droit. C’était un homme instruit qui a beaucoup contribué à faire connaître en France les travaux des savants de l’Allemagne sur le droit romain. Outre des articles insérés dans les divers recueils de jurisprudence et dans la Biographie universelle, on a de lui ; Histoire du droit romain (Paris, 1821, in-8o) ; Posiliones juris romani ad tilutum de usuris et fructibus (Paris, 1826, in-4o) ; Rapport sur les privilèges de l’Opéra (Paris, 1827, in-4<>) ; Cours d’histoire du droit romain (Paris, 1843) ; Précis de l’histoire du droit civil français, publié en tête du Commentaire sur le code civil de Boileux ; une traduction de l’Histoire des sources du droit romain de Mackeldey.


PONCELÉTIE s. f. (pon-se-lé-ti — de Ponceîet, savant fr.) Bot. Genre d’arbustes, de la famille des épacridées, tribu des épacrées, comprenant plusieurs espèces qui croissent dans l’est de l’Australie. || Syn. de spartine, genre de graminées.


PONCELIN (Jean-Charles), appelé quelquefois Poncelin de La Roche-Tilhiac, journaliste et littérateur français, né à Dessais (Poitou) en 1746, mort près de Chartres en 1828. À peine entré dans les ordres, il fut nommé chanoine de Montreuil-Bellay en Anjou, puis il se rendit à Paris, où il devint avocat du roi et conseiller à la table de marbre. Lorsque la Révolution éclata, il adopta avec chaleur les idées nouvelles, fonda une maison de librairie et une imprimerie, fit paraître diverses brochures politiques, créa le Courrier de l'Assemblée nationale (1789), dont il changea le titre en celui de Courrier français, et y soutint les principes révolutionnaires. Après le 10 août 1792, il changea encore le titre de son journal, qui devint le Courrier républicain. À cette époque, il commença à s'effrayer de la tournure que prenait la Révolution et essaya, dans la mesure de ses forces, d'enrayer le mouvement. Il prit pour collaborateurs Michaud et Durand-Molard, connus pour leurs opinions royalistes, se vit signalé comme réactionnaire, et ce ne fut pas sans peine qu'il parvint à se faire oublier pendant la Terreur. Aussitôt après la chute de Robespierre, Poncelin revint à la politique active et devint un des adversaires déclarés du gouvernement républicain. Il fonda alors la Gazette française, pour la rédaction de laquelle il s'associa Fiévée, fut compromis lors de l'insurrection des sectionnaires contre la Convention nationale, fut décrété d'arrestation (1795) comme ayant provoqué à la guerre civile et au rétablissement de la royauté, se vit condamné à mort par un conseil de guerre, se réfugia à Chartres, puis vint se cacher à Paris, où une amnistie lui permit de continuer ouvertement ses attaques contre le Directoire et la République. Barras ayant été attaqué avec la dernière violence dans le Courrier français, que signait Poncelin, fit arrêter ce dernier par des agents de la police secrète et le fit conduire au palais du Luxembourg, où, après l'avoir dépouillé de ses vêtements, on lui donna une sanglante fustigation (1797). Cette aventure fit grand bruit et Poncelin en appela à la justice pour obtenir réparation des violences exercées sur sa personne ; mais bientôt survint la révolution du 18 fructidor, à la suite de laquelle il se vit compris parmi les journalistes condamnés à la déportation. Pendant qu'il échappait aux recherches par la fuite, les presses de son journal furent brisées et jetées dans la rue. Après le coup d’État du 18 brumaire, il put revenir habiter Paris, mais il ne put reprendre la publication de son journal, le gouvernement consulaire ne permettant d'en publier qu'aux écrivains dont il était sûr. Il continua alors à gérer sa librairie, fit de mauvaises affaires, quitta Paris en 1811 et alla vivre, jusqu'à sa mort, dans la maison de campagne qu'il possédait près de Chartres. Pendant la Révolution, l'abbé Poncelin s'était marié. On lui doit un certain nombre d'ouvrages qui, pour la plupart, ne sont que des compilations faites à la hâte pour la librairie. Nous citerons de lui : Histoire de Paris avec la description de ses principaux monuments (Paris, 1779-1781, 3 vol. in-8o), en collaboration avec Beguillet ; Bibliothèque politique, ecclésiastique, physique et littéraire de la France (Paris, 1781) ; Conférence sur les édits concernant les faillites (Paris, 1781) ; Histoire des révolutions de Taîti (Paris, 1782) ; Tableau du commerce et des professions des Européens en Asie et en Afrique (Paris, 1783, 2 vol.) ; État des cours de l’Europe et des provinces en France (Paris, 1783-1786, 6 vol.) ; Campagnes de Louis XV (Paris, 1788, 2 vol.) ; Choix d’anecdotes anciennes et modernes (Paris, 1803, 5 vol. in-18), etc.


PONCER v. a. ou tr. (pon-sé — rad. ponce. Prend une cédille sous le c devant a et o : Nous ponçons ; je ponçais). Polir avec la pierre ponce : Poncer de la vaisselle d’argent. Poncer du cuir. Poncer du parchemin.

Poncer un dessin. Passer la ponce sur un dessin dont on a piqué le trait avec une aiguille, pour le contre-tirer sur du papier, de la toile, ’du bois.

— Techn. Poncer une toile, En marquer l’un des bouts avec de l’encre appelée ponce.


PONCES (lies). V. Ponza.

PONCET(Charles-Jacques), voyageur français, mort en Perse en 1706. Il était depuis dix ans au Caire, où il exerçait la médecine, lorsque, en 1698, sur la demande du consul de France, Maillet, il se rendit auprès du roi d’Abyssinie, Yasous 1er, qUi avait besoin d’un médecin expérimenté pour le guérir d’une sorte de lèpre dont il était atteint. Poncet, après avoir remonté le Nil et traversé le Sennaar, arriva aUondar, résidence du roi (1699), parvint à lui rendre la santé et lui persuada d’envoyer une ambassade à Louis XIV. Au commencement de 1700, il quitta Gondar et se rendit en Syrie, où devait le rejoindre l’Arménien Murât, chargé par Yasous léde porter des lettres et des présents au roi de France. L’ambassadeur le rejoignit, en effet, au mont Sinaï, cette même année, mais dans le plus triste équipage. Dépouillé d’une partie des présents qu’il portait parle chérif de-La Mecque, il avait perdu le reste dans un naufrage, et il ne lui restait d’un éléphant destiné à Louis XIV que la trompe et les oreilles. Poncet conduisit néanmoins Murât au Caire, auprès du consul Maillet. « Mais celui-ci, dit Laeaze, s’empara des lettres de Yasous, les envoya en France comme étant le fruit de ses démarches directes et dénonça en même temps Poncet et Murât comme deux intrigants. » Poncet s’adressa alors au Père Verseau, procureur des missions de Syrie, et partit avec lui et Murât pour la France. Poncet et Murât furent reçus en audience parle roi, mais bientôt des lettres de Maillet firent suspecter la réalité de l’ambassade de Murât, et les deux voyageurs retournèrent au Caire, en 1702, sans avoir obtenu aucune récompense. Par la suite, Poncet voyagea en Asie, parcourut l’Arabie et alla mourir en Perse, On lui doit un ouvrage intéressant intitulé : Relation abrégée du. voyage que M. C.-J. Poncet fil en Ethiopie en 1698, 1699 et 1700. Il a été inséré dans le Recueil des lettres édifiantes.

PONCET (Bénigne), jurisconsulte français, lié à Dijon en 1766, mort dans la même ville en 1835. Il se fit recevoir avocat en 1785, accueillit avec enthousiasme la Révolution, devint chef de division dans les bureaux du district da Beaune, prit les armes lorsque la patrie eut été déclarée en danger en 1791, tut élu lieutenant d’un bataillon de grenadiers de la Côte-d’Or, contribua, en 1793, — à la défense de Valenciennes, passa ensuite avec son corps en Savoie et fut promu capitaine. Nommé professeur de législation à l’École centrale de Dijon en 1795, il quitta alors l’armée et retourna dans sa ville natale, où il occupa sa. chaire avec beaucoup de distinction jusqu’en 1803, époque à laquelle elle fut supprimée. Poncet continua à faire son cours gratuitement jusqu’en 1806. Une Faculté de droit ayant été alors instituée à Dijon, Poncet y devint professeur de législation criminelle et de procédure civile et criminelle (1806), et il occupa sa chaire jusqu’en-1833, époque où il prit sa retraite. Le savant professeur devint membre des Académies de Dijon (1802) et de Nîmes (1808). « Il avait, dit Toullier, . autsint d’esprit que de-noblesse et de délica PONC

tessa d’âme. » On lui doit dejix ouvrages très-remarquables et justement estimés ; Traité élémentaire des actions (Dijon, 1817, in-8«), précédé d’un discours préliminaire dans lequel Poncet expose avec une grande élévation les principes généraux sur les lois, sur la justice, sur la propriété, l’organisation sociale et l’application des lois ; Traité des jugements (Dijon, 1821, 2 vol. in-S°).

PONCET (Jean-Baptisto Desbssarts, dit), controversiste français. V. Desbssarts.

PONCET DE LA GRAVE (Guillaume), historien et compilateur français, né à Carcassonne en 1725, mort en 1803. Il fut avocat, puis procureur général au siège de l’amirauté de France et enfin censeur royal. On lui doit, sur la ville de Paris et surtout sur la marine, plusieurs ouvrages parmi lesquels on remarque : Précis historique de la marine royale de France, depuis l’origine de la monareliie jusqu’au roi régnant (1780,2 vol. in-12), le seul livre de l’auteur qui lui ait survécu ; Mémoires intéressants pour servir à l’histoire de France (iro partie seulement, contenant l’histoire de Vincennes [1788, 2 vol. in-4o, fig.]) ; Histoire générale des descentes faites tant en Angleterre qu’en France depuis Jules César jusqu’à iws jours (1799, 2 vol. in-8o, figures et cartes) ; le Tocsin maritime (1801) ; Considérations sur le célibat (1801, in-8o).

PONCET DE LA RIVIÈRE (Vincent-Matthias), magistrat français, mort vers la fin du xvns siècle. Il devint conseiller au parlement, maître des requêtes (1G65), intendant des généralités d’Alsace (1671), de Metz (1673), de Bourges (1676) et enfin président du grand conseil. On lui attribue un ouvrage intitulé : Considérations sur la régale et autres droits de souveraineté à -l’égard des coadjuteurs (1654, in-4o). — Son frère, Michel Poncet de La Rivière, mort à Paris en 1728, fut nommé évêque d’Uzès en 1G77, fit partie des états du Languedoc en 1705 et porta alors la paiole devant le roi.

PONCET DE LA RIVIÈRE (Michel), prélat français, fils de Vincent-Matihias, né vers 1672, mort en 1730. Son oncle l’ayant pris pour grand vicaire, il exerça son ministère avec douceur dans les Cévennes, mais conçut le projet de faire expulser les camisards pour s’en débarrasser. En 1706, il fut appelé au siège épiscopal’d’Angers, se fit connaître, à partir de ce moment comme un brillant prédicateur, prêcha le carême de 1715 devant le roi et fut nommé membre de l’Académie française en 1728. On a de lui ; Oraison funèbre du cardinal de Bonsi (Montpellier, 1704, in-4o) ; Oraison funèbre du dauphin (Paris, 1711, in-4o) ; Avis instructif aux curés (Angers, 1717, iri-4°), etc. Dans l’oraison funèbre du duc d’Orléans, qu’il fut chargé de prononcer, on trouve co passage remarquable :.« Du pied du plus beau trône du monde, il tombe dans l’éternité. Mais pourquoi, mon Dieu, après en avoir fait un prodige de talents, n en feriez-vous pas un prodige de miséricorde ? »

PONCET DE LA RIVIÈRE (Matthias), prélat français, de la même famille que les précédents, né à Paris en 1707, mort dans la

même ville en 1780. Après avoir été grand vicaire de Séez, il devint, en 1742, évêque de Troyes, eut da vifs démêlés avec son chapitre, avec les appelants, fut exilé pour avoir refusé dé donner les sacrements à un malade, malgré les injonctions des magistrats, puis nommé évêque d’Aire (1758), mais il refusa ce changement, donna sa démission d’évêque de Troyes et obtint l’abbaye de Saint-Bénigne, à Dijon. Le duc de Lorraine, Stanislas, le prit peu après pour aumônier. Poncet s’était acquis de la réputation comme prédicateur ; mais dans ses sermons et dans ses oraisons funèbres il prodiguait outre mesure les métaphores, les antithèses, les expressions brillantes et les traits d’esprit. On cite ses Oraisons funèbres de la reine de Pologne (1747), d’Anne-Henriette de France (1752), delà duchesse Louise-Elisabeth de Parme (1760), de la reine Marie Leczinska (1768) ; une Instruction pastorale sur le schisme (1755, in-4o) ; un Discours sur le goût, publié dans les Mémoires de l’Académie de Nancy.

PONCETTE s. f. (pon-së-te — diinin. de ponce). Petite ponce, petit sachet servant à poncer.

PONCEUR s. m. (pon-seur — rad. poncer). Techn. Celui qui ponce certains ouvrages.

PONCEUX, EUSE adj. (pon-seu, eu-zerad. poncé). Miner. Qui est de la nature de la ponce ou qui en a la structure : Pieire ponceuse. Roche ponceuse. Le trachyte constitue les montagnes qui sont d’une nature vitreuse ou ponceuse. (A. Maury.) Le tuf ponceux sous lequel sont ensevetis Herculanum et Pompéi s’élève jusque sur les cimes de la Somma. (A. Maury.)

PONCHARD (Antoine), compositeur français, né à Bussu, près de Péronue, en 1758, mort en 1827. Il fit ses études Littéraires et musicales dans sa ville natale, puis il alla étudier la composition à Liège. Après avoir été maître de chapelle à Saint-Malo, à Bourges et à Auxerre, il passa quelque temps à Paris, où il se maria en 1786. L’année suivante, U alla enseigner la musique à Pontlevoy. Pendant la Révolution, Ponchard se fit maître d’école au village de Mareuil, puis il fut receveur des contributions à Auxerre ; mais il ne tarda pas à donner sa démission, devint

PONC

1385

chef d’orchestre d’une troupe dramatique, s’établit à Lyon en 1803 ety dirigea l’orchestre du Grand-Théâtre. Knl’ln, en 1813, il alla se fixer à Paris, où il fut, de 1815 jusqu’à sa mort, maître de chapelle de Saint-Eustache. Ponchard était un musicien de talent qui composa un assez.grand nombre de morceaux de musique religieuse. Nous citerons de lui trois messes solennelles à quatre voix, une messe de Requiem, deux Credo, des Salutaris, un Domine salvum, une cantate, un offertoire, etc.

PONCHARD (Jean-Frédéric-Auguste), célèbre chanteur, fils du précédent, né à Paris le 8 juillet 1789, mort dans la même ville la 3 janvier 1866. Il apprit de son père le3 éléments de la musique et commença dans un collège des études littéraires, qu’il interrompit à l’âge de quatorze ans, quand sa famille émigra à Lyon. À cette époque, sa jolie voix, de soprano ayant subi la crise de la mue, il dut cesser de s’occuper du chant et entra, en qualité de violon, au théâtre des Célestins. 11 se remit plus tard a l’étude du chant et fut admis comme pensionnaire au Conservatoire de musique de Paris le 13 juillet 1808. Ponchard profita habilement dés leçons de Garât, son professeur, et obtint, en 1810, le premier prix de chant et les deux seconds prix da tragédie et de comédie lyrique. Il débuta au théâtre de l’Opéra-Comique, le îejnillet 1812, par les rôles de Cliton de l’Ami de la maison, •et de Pierrot du Tableau parlant. Malgré l’exiguïté de sa taille et un physique peu fait pour plaire, le jeune ténor conquit rapidement la faveur du public. Elleviou régnait alors en maître à ce théâtre. Ne pouvant égaler son rival par les avantages extérieurs, par l’étendue de la voix, il parvint à le surpasser par l’expression, par l’habileté de la diction, par la sentiment profond de la musique et par la pureté du goût. Elleviou ayant pris sa retraite en 1813, il devint sans conteste le premier ténor de l’Opéra-Comique et tint cet emploi pendant de longues années avec une grande supériorité. « C’est à Ponchard, dit M. Pougin, qu’on doit la fameuse romance du Petit chaperon rouge : Le noble éclat du diadème... » Voici à quelle occasion elle a été composée. Il n’était pas entièrement satisfait du rôle du comte Roger, dont il était charge dans cet ouvrage, d’autant plus que celui de Rodolphe, confié à Martin, était beaucoup plus brillant et plus important. Il demanda donc à Boieldieu d’adjoindre à son rôle un solo quelconque, ne fut-ce qu’une romance, afin de rendre le partage plus égal et de lui donner la possibilité de briller un peu. Boieldieu lui répondait toujours qu’il était fatigué, qu’il ne trouvait rien, mais il travaillait en secret à satisfaire son cher ténor, pour lequel il avait une affection réelle. Il arrive un jour au théâtre, et comme Ponchard revenait à la charge, il tire de sa poche un brouillon qu’il lui présente en disant : t Tenez, mon ami, voici une romance, c’est la douzième que je fais à votre intention et je n’en suis pas plus content que des onze autres. Je vous la donne cependant, mais en vous engageant à n’y pas tenir plus que moi. Maintenant que ja vous ai prouve ma bonne volonté, promettez-moi, quoi que vous décidiez, de ne plus me tourmenter. à Ponchard, en effet, ne lui parla plus de rien et se borna a travailler ta romança chez lui ; puis, le jour de la répétition générale arrivé et au moment de commencer, il prit Boieldieu h part et lui dit : « Voulez-vous

?ue je vous fasse entendre votre romance au

oyer ? — Volontiers, » répondit Boieldieu. Ils entrèrent alors au foyer en compagnie do l’accompagnateur et de M. Levasseur, un autre grand chanteur. Ils s’enfermèrent, et là Ponchard chanta la romance avec tant de charme, il en fit si bien valoir les aimables qualités, que Boieldieu enchanté lui dit : • Oh I mais à présent j’y tiens autant qu’à aucun autre de mes morceaux, et puis elle vous appartient autant qu’à moi. ■

Ponchard fut reçu sociétaire le icr avril 1817 et, en 1819, il devint professeur de chant au Conservatoire. La création du rôle de George Brown dans la Dame blanche mit le sceau à sa réputation artistique. Il y atteignit la perfection à force de naturel, de simplicité et de charme, et l’on peut dire que nul ténor ne l’a égalé depuis dans ce rôle. Le 1er janvier 1337, le célèbre ténor abandonna définitivement le théâtre pour se consacrer entièrement au professorat ; mais il se fit souvent entendre dans les concerts. Son style incomparable a valu d’immenses succès à un grand nombre de platitudes musicales. La représentation de retraite de Ponchard eut

lieu le 13 mai 1851, à l’Opéra-Comique. Il chanta le deuxième acte de la Dume blanche avec Mmo Ugalde. L’air : Viens, gentille dame, excita un enthousiasme dont on ne saurait donner une idée. La manière dont Ponchard interprétait ce morceau, à soixante-quatre ans, était déjà une surprise pour le public. Voici la liste des rôles principaux créés ou repris par Ponchard : Cliton de l’Ami de la maison ; Pierrot du Tableau parlant ; Azor de Zémire et Azor (reprises) ; Colin du Nouveau seigneur du village, de Boieldieu ; Lucas da Jocoude, de Nicolo ; la Comtesse de Troun, de Guénée ; la Journée aux aventures, de Méhul ; le comte Roger, dans le Petit chaperon rouge de Boieldieu ; la Sérénade, de Mmo Guil ; l’Aman/ et te mari, de Fétis ; Florival de ï’Auieur mort et vivant, d’Hérold ; le Jeune onclet

174