Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 12, part. 4, Ple-Pourpentier.djvu/204

Cette page n’a pas encore été corrigée

1370

POMP

dispositions générales’, introduisirent dans son ensemble assez d’innovations et de perfectionnements, tant dans la composition et la disposition des différents organes que dans le mode d’installation, pour rendre pratique, dans le sens absolu du mot, la pompe centrifuge à laquelle leur nom reste désormais attaché. L’emploi s’en est promptement’généralisé, et on compte aujourd’hui près de cinq mille applications de leurpompe tant en France qu’à l’étranger.

La pompe centrifuge est d’un emploi fort avantageux pour les élévations relativement faibles. On», ne peut cependant l’appliquer d’une manière universelle, par exemple pour les besoins domestiques, pour l’incendie, pour les grandes élévations, pour les puits profonds, ni pour les débits inférieurs à 150 litres par minute. Sa puissance s’oppose aussi à ce qu’elle soit mise en mouvement à bras d’homme, ou par un manège. Elle exige toujours un moteur à vapeur ou hydraulique. Ces réserves faites, le champ reste vaste pour l’emploi de la pompe centrifuge ; elle a son application marquée dans la plupart des grandes industries qui consomment beaucoup d’eau : papeteries, sucreries, blanchisseries, teintureries, lavoirs, filatures, forges, hauts ’ fourneaux, etc. Elle sert aux travaux d’épuisement dans les fouilles pratiquées pour la construction des ponts, des écluses ; à la captalion des sources et cours d’eau pour l’alimentation des villes. Une des grandes applications de ces pompes est surtout pour la mise à sec des formes de radoub dans les ports ; ainsi, à Saint-Nazaire, elles opèrent l’épuisement de 30,000 mètres cubes en cinq heures. Le dessèchement des marais et les grandes irrigations sont aussi de leur ressort. La submersion ayant été reconnue comme le meilleur remède, jusqu’à ce jour, contre les ravages du phylloxéra, on a eu recours à la pompe centrifuge pour noyer les vignes attaquées, et l’opération a eu le plus grand succès partout où elle a été faite. Une autre application non inoins heureuse de la pompe Neut et Bumont, c’est la possibilité du renflouage des navires ; la puissance de ces appareils a permis de vider et de remettre à not plusieurs grands paquebots, malgré les violentes rentrées d’eau qui en avaient déterminé le naufrage : entre autres, la Corrèze, au Sénégal, juin 1870 ; le Panama, à Sautander, novembre 187Π; le François /or, à Montevideo, décembre 187î. Enfui, mettant à profit la force et la rusticité des organes de la pompe centrifuge Neut et Dumont, on essaye en ce moment une application nouvelle qui promet et paraît donner déjà les plus remarquables résultats : il s’agit du dragage des vases molles et -des sables qui obstruent l’entrée d’un grand nombre de ports et de fleuves.

Les expériences faites par le Conservatoire des arts et métiers ont constaté pour ces pompes un rendement de 58 pour 100 du travail moteur développé, et, ajoute M. Tresca •dans son rapport, elles se trouvent parfaitement appropriées aux grands épuisements toutes les fois que la hauteur d’aspiration ne dépasse pas 6 à g mètres. Cependant, dans certaines applications, l’aspiration peut se faire même au delà do 9 mètres.

La pompe centrifuge repose sur ce principe : pour équilibrer une colonne d’eau de hauteur H, la vitesse à imprimer à la roue à paletfes est égale à

V’ïffïï.

Avec cette vitesse, la colonne d’eau reste immobile et comme suspendue, sans déversement, par conséquent sans travail utile Produit ; une augmentation de vitesse rompt équilibre, la colonne d’eau se met en mouvement et le produit est d’autant plus considérable que 1 excès de vitesse sur

est lui-même plus grand.

Le corps de pompe est formé de deux coquilles réunies. Un axe, traversant ce corps de pompe, porte une roue à aubes courbes. Lorsque l’appareil est en mouvement, l’oau afflue par le tuyau d’aspiration et arrive, divisée par deux conduits, dans les joues du corps de pompe à la hauteur de l’axe de la roue, d’où elle est refoulée dans le conduit d’échappement. Celui-ci n’est que la suite du tuyau d’aspiration.

Nous négligeons les autres détails, qui ont néanmoins une très-grande importance, car enx seuls ont rendu le système pratique, et nous renvoyons aux écrits et documents spéciaux.

Pompe rotative à pignons. Il y a six siècles, Roger Bacon pronostiquait ainsi : t On construira des bateaux pour aller sur l’eau, sans voiles ni rameurs ; de grands vaisseaux navigueront Sur la mer, Conduits par un seul homme, avec plus de vitesse que ceux qui sont pleins de matelots ; des chariots se mouvront avec des efforts inestimables sans animaux ; on construira aussi des machines pour voler. » En ce temps-là, ces prédictions étaient autant d’utopies. Cinq cents uns plus tard, on commençait à entrevoir la possibilité de leur réalisation, et aujourd’hui ce sont faits accomplis, même dépassés. Bien que rien ne semble impossible maintenant, si, il y a quelques années, quelqu’un eût dit : « Une pompe n’a besoin, pour fonctionner, ni’de balancier, ni de tige, ni de piston, ni de sou POMP

pape, ni de clapet, ni de tampon, » ce quelqu’un eût été traité de visionnaire, de chercheur de mouvement perpétuel et de quadrature du cercle. Pourtant, cette merveille de la mécanique est réalisée par les moyens les plus simples ; depuis 1870 elle fonctionne et déjà elle a reçu une foule d’applications. Il s’agit ici de la pompe rotative inventée par MM. J. Moret et Broquet. Le système rêvé par ces mécaniciens était une pompe simple, sans organes fragiles, qui permit le transvasement des vins, spiritueux, essences, etc :, à l’abri du contact de l’air, sans évaporation ni perte d’aucune sorte. Le but a été atteint et même dépassé, car la force de projection de cette pompe, qui peut aller à 35 mètres de jet horizontal et à plus de 20 mètres de jet vertical, permet de l’employer dans les cas d’incendie et pour l’arrosage.

Une pompe h piston, soupape, clapet, etc., établie dans les meilleures conditions, ne donne en produit effectif que 75 pour 100 du travail employé ; la pompe rotative J. Moret et Broquet utilise 85 pour 100 du travail. Avec une manivelle à volant appliquée à une pompe ordinaire, un homme produit un travail équivalant à 9 kilogrammètres par seconde. Avec la pompe rotative le travail développé arrive à 11 kilogrammètres par seconde. On utilise ainsi 12 pour 100 de force qui se trouve être perdue dans les autres systèmes. Dans un cas exceptionnel, par exemple dans un incendie, un homme agissant sur la pompe rotative pendant trois minutes environ peut développer, par seconde, un travail de 37 à 38 kilogrammètres, la force d’un deini-cheval-vapeur. En travail ordinaire, un homme agissant sur une pompe rotative de moyenne force peut, en une heure, élever à 4 mètres de hauteur 5,785 litres d’eau ; le cheval-vapeur en élève 40,500 litres à la même hauteur, dans le même temps.,

Les organes si compliqués et si fragiles des anciens systèmes de pompe sont remplacés, dans cet ingénieux appareil, par deux pièces solides, simples, -rustiques, s’emboitant l’une dans l’autre et déterminant, par leur disposition et leur jeu naturel, une aspiration constante et un refoulement continu, .sans efforts et sans secousses. L’appareil entier a le volume d’un chapeau. On le fixe sur une brouette pour pouvoir le transporter où besoin est. Mis a demeure sur un socle de fonte, ou’vissé contre un bâti vertical, il peut recevoir le mouvement d’une locomobile ou de tout autre moteur.

Nous donnons ici un dessin de la vue intérieure d’une vompe rotative à pignons.

F%. 11.

A, robinet graisseur servant à huiler l’intérieur quand la pompe est au repos ; B. corps de pompe, en fonte, curvre ou bronze ; C, pignons à six dents, composant tout le mécanisme intérieur ; D, arbres des pignons ; E, bride du côté de l’aspiration ; F, bride du côté du refoulement ; ô, issue du liquide ; H, robinet purgeur pour égoutter la pompe après fonctionnement ; J, lames de cuir servant à jointer les dents contre les parois dé & pompe.

Pompe rotative d palettes. Cette autre pompe, de création plus récente (1874), est aussi l’œuvre de MM. J. Moret et Broquet. Le système est plus ingénieux encore que le précédent. Le dessin que nous en donnons aidera à comprendre son fonctionnement.

La pompe rotative à palettes se compose d’un corps de pompe cylindrique, dans l’intérieur duquel un cylindre se meut, en conservant toujours une position excentrée par rapport à la cavité cylindrique du corps de pompe. Trois palettes, glissant dans des mortaises, rentrent et sortent alternativement, pendant l’évolution du cylindre excentré, maintenues en contact permanent avec les parois intérieures de la pompe au moyen d’un deuxième cylindre central, dont le rôle est de corriger l’excentricité de position du

POMP

cylindre à palettes. Les palettes forment trois chambres, tour à tour aspirant et refoulant le liquide.

Fiff. 1S.

Le volume de la pompe a palettes.est à peu près le même que celui de la pompe à pignons. Ses effets et ses emplois sont aussi à peu près identiques, avec cet avantage que la pompe à palettes peut admettre, dans ses organes des matières plus épaisses, compactes, solides mênje, comme les purins et les vidanges. Ce nouveau système semble appelé à beaucoup d’avenir, et les constructeurs de l’appareil dont nous donnons ci-dessus une coupe en obtiennent d’excellents résultats.

Dans les machines à vapeur, on distingue trois sortes de pompes.*

1» -La pompe à air, qui n’est qu’une pompe à eau ordinaire, assez grande pour enlever du condenseur l’eau chaude qui s’y dépose à chaque instant, ainsi que l’air qui s’y dégage, soit de la vapeur utilisée, soit de l’eau froide injectée. Si on représente par V le volume que doit engendrer son piston pour condenser 1 kilogramme de vapeur à la température f, pour laquelle » représente le volume à enlever du condenseur, on a, en remarquant que les pompes ne produisent jamais que les 0,75 du volume calculé,

V =

o

0,75’

Si V, représente le volume de va’peur dépensée correspondant à une-course de piston, le poids d’une cylindrée à condenser est égal a pV, et l’on a pour le volume que doit engendrer le piston de la pompe à air

0,7a

si l’on fait (= 38°, ce qui a lieu ordinairement, on a

V = omc 04055 et = QTOC 054 ;

0,75

d’un autre côté, si la vapeur qui arrive au condenseur à 1 atmosphère - pèse 0^.72,

on a

d’où

pV^O^V,

X = 0,03888 Vj,

S" La pompe à eau fraîche, chargée de fournir l’eau froide, qu’elle tire soit d’un puits, soit d’un cours d eau voisin, et qu’elle verse dans une bâche, d’où elle est dirigée sur les divers points où elle est nécessaire.

30 La pompe d’alimentation, exclusivement employée à maintenir constant le niveau de l’eau dans la chaudière. Les dimensions de ces pompes varient avec le. volume qu’elles doivent fournir ; dans tous les cas, elles se calculent comme nous l’avons indiqué précédemment, suivant qu’elles sont aspirantes et foulantes, ou aspirantes et élévatoires, ou foulantes et élévatoires ; elles sont généralement à simple effet.

— Verrer. Pompe de Robinet. Cet appareil a été inventé en 1824 par un ouvrier de Baccarat, nommé Robinet, pour faciliter le soufflage des grandes pièces, et est entré depuis dans la pratique ordinaire. Il consiste en un petit tube de.laiton, ouvert par un bout et fermé par l’autre, dans lequel se trouve un piston de bois garni de cuir pressé par un ressort à boudin. Après avoir fixé l’extrémité ouverte de ce tube sur l’embouchure de la canne, on comprime, par un mouvement brusque imprimé au ressort, l’air contenu dans l’intérieur de l’appareil, et l’on injecte ainsi cet air dans la pièce que l’on veut fabriquer.

— Législ. Lorsqu’il existe une pompe dans une maison, le locataire a à sa charge les réparations que peuvent exiger le piston, la tringle qui le fait mouvoir et le balancier. Si, au lieu d’un locataire unique, il s’en trouve plusieurs, le propriétaire de la maison doit

POMP

faire les réparations ; néanmoins, si le locataire qui a commis la dégradation est connu, c’est à ce dernier qu’incombe la charge des réparations. . Pompon Notre-Dnme (anciennes). Y. No tbe-Dame.

POMPÉ, ÉE (pon-pé) part, passé du v. Pomper. Élevé avec une pompe : De l’eau pompée par une servante.

— Aspiré, élevé comme en pompant : L’eatt POMPÉK par les racines s’appelle liqueur lymphatique, parce qu’elle diffère peu de l eau pure. (B. de St-P.)

POMPÉE ou POMPËIUS STRABO (Cneius Sextus), consul romain, père du grand Pompée, mort en 87 av. J.-C. Successivement questeur, préteur et consul (80), il se couvrit de gloire pendant la guerre sociale, par la défaite d’Afranius (90), la prise d’Ascuium (S9) et la soumission des Peligni et des Vestmi ; mais sa cupidité et ses déprédations le déshonorèrent. Indécis dans la lutte entre Marius et Sylla, il se laissa battre par Ctnna et fut tué dans son camp par un coup de tonnerre. Le peuple jeta son cadavre dans le Tibre, et Cicéron l’appelle un homme hat des dieux.

POMPÉE (Cneius Pompeius), dit le Grand Pompée, un des plus illustres personnages de l’histoire romaine « l’époque du déclin et de lachute de la république, né l’an 107 av. J.-C, d’une famille équestre, mort en 48. Il lit ses premières armes sous son père Pompeius Strabo et embrassa, jeune encore, le parti de Sylla. Quand le dictateur revint d’Asie et qu’il marcha sur Rome à travers l’Italie, Pompée leva de son chef trois légions dans le Picenum et les lui amena en traversant trois corps ennemis. Sylla, qui avait jugé d’un coup d’œil le présomptueux jeune homme, le reçut avec de grands honneurs et l’aborda en le saluant du titre d’impernior, titre qui ne se donnait ordinairement qu’aux généraux en chef qui avaient remporté de grandes victoires. Depuis, il lui donna le surnom de fimnd et se l’attacha ainsi. Il s’en servit pour poursuivre partout les restes du parti vaineu, dans la Cisalpine, en Sicile et en Afrique. Ces succès rapides et faciles commencèrent l’immense réputation militaire qui devait un jour balancer celle de César. Après la mort de Sylla, Pompée contribua à anéantir ce qui restait du parti de Marius : Lepidus et Junius Brutus en Italie, Perpenna et Sertotius en Espagne. Une chose digne de remarque, c’est le bonheur constant qui favorisa toutes ses opérations, sans qu’il v ait eu parfois la moindre part. C’est ainsi qu’au moment d’être vaincu peut-être par Sertorius, ce grand capitaine l’ut assassiné par son lieutenant Perpenna, dont Pompée eut ensuite facilement raison. En revenant d’Espagne, il rencontra en Lucanie quelques milliers d’esclaves échappés au glaive de Crassus, les extermina et s’attribua ensuite tout l’honneur d’avoir terminé 1» guerre des gladiateurs (v. SpàRTA- cus). Jamais générai.ne fut pius heureux ; il entreprend des guerres à moitié achevées, et les succès de ceux qui l’ont précédé sont mis en oubli pour venir grossir les siens. Sa réputation et sa gloire se formèrent, pour ainsi dire, des dépouilles d’autrui. À son retour, il reçut le consulat et le triomphe (70). Jusquelà, sans avoir une couleur politique bien tranchée, il avait, quoique simple chevalier, servi d’auxiliaire à la faction aristocratique. Pendant son consulat, pour coutre-balancer le crédit de l’opulent Crassus, il se tourna du côté de la démocratie, vers les chevaliers et le peuple ; il abrogea la loi de Sylla qui enlevait aux tribuns le veto, l’inviolabilité et le droit d’initiative des lois, en même temps1 qu’il rendait aux chevaliers la puissance jA diciaire, flattant tour à tour et suivant les besoins de son ambition tantôt les nobles, tantôt les riches et tantôt la plèbe. Par reconnaissance, les chevaliers et le peuple lui donnèrent le commandement de la guerre contre les pirates (07), avec un pouvoir extraordinaire et des forces considérables. En quelques mois, il eut terminé cette facile expédition et purgé la Méditerranée, Devenu l’idole des Romains, il reçut la continuation de ses pouvoirs illimités pour l’achèvement de la guerre contre Mithridate, presque écrasé déjà par Lucullus. Ifpart en Asie (66), profite habilement des succès de son prédécesseur et, par une suite de victoires brillantes, ou plutôt, de marches militaires, il réduit en provinces romaines la Bithyuie, le Pont, la Paphlagonie, puis la Syrie, la Judée, etc, La mort de Mithridate, au moment même où le vieux roi tentait d’entraîner les Scythes et les barbares du Caucase contre les Romains, fut encore pour Pompée un événement qui venait couronner son triomphe. Revenu d’Asie au milieu de sa gloire et de ses succès, il vit avec un amer dépit le sénat refuser de ratifier les actes de son proconsulat. Devenu trop puissant pour se résigner à un rôle secondaire, il se ligua secrètement avec Crassus et César dans le but de dominer la république et de partager le pouvoir avec ses alliés, en aueiKiant qu’il put les écarter. Cette alliance occulte est connue dons l’histoire sous le nom de premier triumvirat (6l). Par leur immense crédit, ces trois personnages. les pius puissants de Rome à ce moment, se partagèrent le monde romain comme une propriété. Les consulats et les provinces de-