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régularités qui ont pu se produire dans la fabrication. On peut dépolir les glaces par une opération inverse de celle qui est exécutée pour les polir. Toutefois, en généra !, le dépolissage n’est pas exécuté à la main, mais par des procédés techniques qui font partie iie la fabrication des glaces et qui permettent d’obtenir le verre dépoli pendant te coulage. C’est de cette façon que sont produits les dessins formés par la transparence et l’opacité alternatives du verre ou de la glace. Dans la verrerie commune, ces dessins sont exécutés à l’aide de la meule.

POL1SSEMENT s. m. (po-li-se-man — rad. polir). Action de polir par la culture intellectuelle : Le polissement des mœurs. Il Peu usité.

POLISSEUR, EUSB s. (po-li-seur, eu-zerad. polir). Personne qui polit certains métaux, certains ouvrages : Un polissage de caractères d’imprimerie.

— Fig. Personne qui entreprend de polir l’esprit, les mœurs ou la langue : Si elle ne se polit pas aven tant de polisseurs et de polisseuses, il faudra conclure que l’édzicalion n’est qu’une fable de La Fontaine. (M<ne de Sév.) L’élégance de la langue française a trop pris sur sa vigueur : ses polisseurs l’ont affaiblie. (Marinontel.)

POUSSOIR S. m. (po-li-soir — rad. polir). Techn. Outil dont on se sert pour polir : Polissoir en agate. Polissoir en os. On n’entendait dans sa chambre que te frottement de la râpe ou du polissoir sur le bois. (Lamart.) Il Roue de bois dont les couteliers se servent pour polir les lames qu’ils ont repassées. On dit aussi en ce sens polissoire s. t.

— Encycl. Plusieurs corps de métiers emploient cet appareil, dont la forme varie selon la nature du travail. Nous allons dire quelques mots àes polissoirs les plus usités. Celui des doreurs sur métal est en fer ; il sert à lustrer les métaux avant de les dorer, ot il les brunit à clair quand ils sont dorés. V. doreur

SUR MÉTAL.

Les polissoirs des couteliers sont des espèces de meules de bois de noyer, de ora,03 environ d’épaisseur et d’un diamètre variable ; la grande roue fait tourner ces meules, qui adoucissent et polissent l’ouvrage grâce à de l’émeri que l’on y place. Quelquefois ce3 polissoirs sont en pierre ou en grès fin. Les ébénistes appellent polissoir un instrument qui consiste en un faisceau de jonc fortement ficelé, comme une espèce de gratte-boesse ; on frotte l’ouvrage de cire avant d’employer le polissoir.

Lo polissoir des éperonniers est un instrument qui sert à brunir les ouvrages étantes. 11 se compose de deux pièces, de l’archet et du polissoir. L’archet, en fer, a un pied et demi ; il est recourbé par les deux bouts, dont l’un est emmanché dans du bois et forme poignée, et l’autre est fait en crochet et reçoit un piton à queue. Au milieu de l’archet est le polissoir, petite pièce d’acier ou de fer bieii acéré, large en bas de om,06, longue de on»,09 et rivée à l’archet qui la traverse. Pour se servir de cet outil, on met dans le grand étau de l’établi un morceau de bois carré par le bout, que l’on appelle bois à polir et qui est percé d’un trou, du côté où il est engagé dans l’étau. La queue de l’urchet s’enfonce dans ce trou et 1 on serre l’étau. L’ouvrier, tenant de la main gauche l’ouvrage à polir qu’il appuie sur le bois, passe à plusieurs reprises ce polissoir qui tient à l’archet et il brunit ainsi en peu de temps son travail.

Les lunettiers donnent le nom de polissoir à un morceau de bois long environ de 0™,33, large de 0™,21 ou om,2*, épais de om,04 a. 0">,05 et recouvert d’un vieux feutre de chapeau de castor. Sur cet instrument, ils polissent les châssis d’écâille ou de corne qui servent à monter leurs lunettes.

Dans les manufactures de glaces, on se sert de polissoirs qui n’onff rien de semblable aux polissoirs des autres métiers. Ils se composent de deux pièces de bois, l’une plate, que l’on appelle plaque, et l’autre plus grande et presque ronde appelée manche. Cette dernière dépasse la plaque de chaque côté, afin que le polisseur puisse la prendre avec facilité. Ces polissoirs ont diverses grandeurs, depuis oni. LO jusqu’à om,25 de longueur.

POLISSOIRS s. f. (po-li-soi-re — rad. polir). Techn. Brosse à décrotter plus douce que les brosses ordinaires. Il Atelier où l’on polit les épingles. Il Polissoir de coutelier.

POLISSON, onne s. (po-li-son, o-ne. •-Delàtre demande si ce mot n’a pas signifié dans l’origine un homme attaché à la police. Diez et Soheler dérivent polisson du latin politio, action de polir. Ce substantif abstrait et féminin serait devenu ensuite masculin et aurait pris une signification concrète, comme nourrisson de nutrilio, poinçon de punclio ; il aurait désigné celui qui nettoie les rues, bat les rues, y vagabonde). Enfant malpropre, vagabond, mal. élevé : C’est un vrai polisson. Te voilà faite comme une polissonne. Des soldats russes de la garde, hauts de six pieds, étaient pilotés à travers les rues par de petits poussons français qui se moquaient d’eux, (Chateaub.)

— Enfant espiègle, turbulent ; personne folâtre pour son âge : Vous serez donc toujours

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un polisson. (Acad.) Une petite fille de dix ans a vingt fois plus de finesse qu’un petit PO-LISSON du même âge. (H. Beyle.)

— Nom donné autrefois à des mendiants qui allaient ordinairement quatre à quatre, le bissac sur l’épaule et la bouteille au côté.

— Personne libre, licencieuse dans son langage, dans ses actions : Il ne mangue pas d’esprit, mais c’est un polisson qu’il faut éviter.

— Personne sans considération, tout à fait méprisable : Vous n’êtes qu’un polisson. Je l’ai chassé comme un polisson. Quelque polisson s’est avisé d’imprimer à Paris et de débiter sous mon nom cette facétie. (Volt.)

— Hist. En polisson. Se disait d’une manière de fréquenter la cour de Marly, au xviiie siècle, particulière à ceux qui yvenaient seulement en passant, et sans avoir été invités à y résider.

— Modes. Pièce de linge empesée que les femmes portaient autrefois sous leur jupe, pour donner de l’ampleur à leurs formes.

— Adjectiv. Qui a les manières d’un polisson ou des caractères de polissonnerie : C’est un enfant polisson. Cette chanson est trop polissonne. Les entreliens poussons préparent les mœurs libertines. (J.-J. Rouss.)

POLISSONNER v. n. ou intr. (po-li-so-né

— rud. polisson). Dire ou faire des polissonneries : Il ne fait que polissonnes. (Acad.)

POLISSONNERIE s. f. (po-li-so-ne-rlrad. polisson). Action, tour de polisson : Grâce à sa jeunesse, il se fit pardonner cette polissonnerie.

— Action, parole, plaisanterie polissonne : Faire, dire des polissonneries.

POLISSURE S. f, (po-li-su-re — tslA.'polir). Aftion de polir une chose ; état d’un objet poli : La polissure de l’argenterie. C’est une belle arme ciselée artislement, d’une polissure admirable et d’un travail très - recherché. (Labruy.)

— Fig. État de ce qui est poli, cultivé : La polissure de l’esprit, il Vieux en ce sens.

POLISTE s. f. (po-Ii-ste — du gr. pulistês, maçon}. Entom. Genre d’insectes hyménoptères, de la famille des vespiens, type de la tribu des polistites, formé aux dépens des guêpes, et dont l’espèce type, vulgairement appelée guêpe maçonne, hubiiéla France, n On trouve aussi ce mot employé au masculin.

— Encycl. Les polistes, confondues autrefois avec les guêpes, s’en distinguent par leurs mandibules rectangulaires, à peine plus longues que larges, obliquement et largement tronquées au bout ; le chaperon presque carré, avec le milieu du bord antérieur avancé en pointe ou en dent ; la division intermédiaire de la lèvre allongée et presque

cordifonne ; l’abdomen ovalaire, pédicule, ayant son premier segment élargi en forma de clochette de la base à l’extrémité. Les espèces de ce geure sont répandues dans presque toutes les parties du globe ; mais les plus grandes habitent l’Afrique et l’Amérique du Sud.

La polis te française, qu’on peut regarder comme le type du genre, est un peu plus petite que notre guêpe commune et de couleur noire. Elle pique très-fort quand on l’irrite. Cette espèce niche sur les branches des arbres ; son nid, placé verticalement, présente l’aspect d’un gâteau composé d’un nombre variable de cellules, dont les cellules latérales sont plus courtes ; dans le nord de la France, on observe vingt à trente cellules au plus ; il semble fait d’un gros papier gris foncé. Dans le Midi, ce nid ou guêpier est le plus souvent placé horizontalement, sous le rebord des toits des maisons, et compte plus de cent cellules ; peut-être appartient-il à une espèce différente.

La polisle léchéguana est noire, avec les anneaux de l’abdomen bordés de jaune. Elle vit dans l’intérieur du Brésil et suspend son nid, qui a une forme ovale, aux branches des petits arbrisseaux, à environ 0™,35 du sol. Les gâteaux qui sont dans l’intérieur de ce guêpier renferment un miel excellent, d’une douceur agréable, plus consistant que celui de nos abeilles et dépourvu de cette saveur médicamenteuse que présente souvent celui-ci, mais, d’un autre côté, contractant, à cause des plantes sur lesquelles il a été butiné, des qualités délétères qui rendent insensés et furieux ceux qui en ont mangé.

A. de Saiut-Hilaire, dans ses voyages au Brésil, en mangea un jour quelques cuillerées ; bientôt il éprouva une douleur d’estomac plus incommode que vive, se coucha et s’endormit. À son réveil, il se trouva d’une telle faiblesse qu’il lui fut impossible de faire plus de cinquante pas ; il subit alternativement des accès de pleurs et de rires convulsifs, puis il éprouva, non de grandes douleurs, mais un affaiblissement accompagné de toutes les angoisses de l’agonie la plus cruelle ; ses yeux étaient tellement obscurcis qu’il distinguait à peine les traits de ses gens. Ayant eu toutefois assez de présence cfesprit pour demander de l’eau tiède et en ayant éprouvé quelque soulagement, il se mit à en boire presque sans interruption. Ce remède ayant produit son effet ordinaire, il se sentit soulagé davantage, et un vomitif acheva iaguérison. Le sur lendemain, il était complètement rétabli. Les gens de son escorte éprouvèrent, après avoir mangé de ce miel, des effets bien plus énergiques, mais dont ils guérirent

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aussi. Les habitants du pays l’assurèrent que le miel de la léchéguana produit souvent, mais non toujours, ces effets dangereux.

POI.ISTINA, ville du royaume d’Italie, province de la Calnbre Ultérieure 1™, district et à 20 kilom. N.-E. de Palmi, ch.-l. de mandement ; 8, <U hab. Aux environs, Gonzalve de Cordoue vainquit d’Aubigny en 1503.

POLISTJQUE s. m. (po-li-sti-ke). Entom’ Genre d’insectes coléoptères pentamères, de la famille des carabiques, tribu des troncatipeiuies, comprenant sept espèces qui habitent l’Europe australe et l’Amérique équinoxiale.

FOLIST1TE adj, (po-li-sti-te — rad. poliste). Entom. Qui ressemble ou qui se rapporte a la poliste.

— s. f. pi. Tribu d’insectes hyménoptères, de la famille des ve.spiens, ayant pour type le genre poliste.

POLIT, LE POLI ou POL1TE (Jean), en lalin Politus, poète belge, né à Liège vers 1554, mort après 1601. Il devint historiographe du prince évêque Ernest de Bavière, avec qui il alla souvent à Rome et à Cologne. On lui doit : Panegyrici ad christiani orbis principes (Cologne, 1588, in-4o), contenantsoixantedix petites pièces et un poëme sur l’histoire des Eburons ; Sonnets et épigrammes (Liégo, 1592, in-4o), fort rare ; Prognosie de l’Estat de Liège et responce à un escrit séditieux espars par l’isle de Liège lors de la surprinse du chusleau de Huy (Liège, 1598, in—4*), écrit dans lequel Polit attaque avec ardeur les novateurs politiques et religieux. On trouve, en outre, beaucoup de pièees de vers latins et français de ce poète dans divers recueils et dans les Fleurs des vieux poètes liégeois de M. Helbig (Liège, 1S50, in-12).

POL1TE ou POLITUS (Lancelot), jurisconsulte et théologien italien. V. Catarino (Arabroise).

POLITES, un des fils de Priam. Il fut tué par Pyrrhus..

POLITESSE s. f. (po-li-tè-so — ta.il. poli). Honnêteté des manières ; façon de vivre, de parler, d’agir, conforme à l’usage du monde : Avoir de la politesse. Être d’une grande politesse. La vertu donne la véritable politesse. (Fén.) La science des égards est celle de la politesse. (Scudéri.) La politesse cache les vices comme la parure cache tes rides. (F. Bacon.) La politesse fait paraître l’homme au dehors comme il devrait être intérieurement. (La Bruy.) La politesse des hommes est plus officieuse, celle des femmes plus caressante. (J.-J. Rouss.) La politesse est l’oubli constant de soi, pour ne s’occuper que des autres. (Monerif.) La politesse est l’expression ou l’imitation des venus sociales. (Duclos.) La politesse excepte toujours celui à qui on parle ; mais la sottise serait de se tenir pour excepté. (Dider.) La politesse est souvent une vertu de mine et de parada ; c’est une flatteuse gui ne refuse son estime à personne. (Mirab.) // faut tromper les hommes pour les asservir ; on leur doit au moins la politesse du mensonge. (Mme de Staël.) La politesse est ht fleur de l’humanité ; qui n’est pas assez poli, n’est pas assez humain. (J. Joubert.) Il y a bien des espèces de politesse : la politesse simple et bienveillante, c’est la bonne. (Mm° Monmarson.)£a politesse est te charme des relations sociates, (Latena.) On doit corriger ses défauts pour soi ; mais on doit, par politesse, tes adoucir pour les autres. (Latena.) Quand la politesse va jusqu’à une tolérance aveugle, elle équivaut à une trahison envers soi-même. (De Custiue.) Lu politesse est un mélange secret de sacrifices volontaires. (De Custine.) La politesse est le résultat de beaucoup de bon sens, une certaine dose de bon naturel, un peu de renoncement à soi-même pour l’amour d’autrui et en vue d’obtenir la même indulgence. (Lord Chesterfield.) La politesse, chez une maîtresse de maison, consiste à alimenter la conversation et à ne jamais s’en emparer, (Mme Swetchine.) La politesse est une sorte de dorure qui cache souvent ce qui est faux, en lui donnant de l’éclat. (Beauchêne.) Il est une bonté si légère quelle /loite à la surface de toute chose ; on la nomme politesse, (A. d’Houdetot.) La politesse n’est qu’une ingénieuse contrefaçon de la bonté. (Vinet.) Sans la politesse, on ne se réunirait que pour se battre ; il faut donc vivre seul ou être poli. (A. Iinrr.) Si Luther, si les acteurs de la Hécoluiion française eussent dâ observer les règles de la politesse, ta lié forme et la Hécoluiion ne se seraient point f’tites. (Renan.)

La fausseté préside aux conversations,

Dirige les discours, régie les actions,

Et cette fausseté se nomme politesse.

Picard.

La politesse est à l’esprit

Ce que la grâce est au visage ;

De la bonté du cœur elle est la douce image, Et c’est la bonté qu’on chérit.

VOLTAIRÏ.

— Action polie, inspirée par l’honnêteté : Faire, recevoir une politesse. Se confondre en POLITESSES. Il y a des hommes gratuitement civils, en qui les politesses sont des fruits naturels de leur éducation. (La Rochef.) On sulue les uns pour leur faire une POLI-TESSE, les autres pour leur montrer qu’on est poli. (A. d’Houdetot.)

, ..., . Je préfère toujours,

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À ce mérite faux des politesses vaines La grossière vertu des mœurs républicaines.

Voltaire

— Qualités qui distinguent un peuple policé : Politesse des mœurs. La politesse du langage nous amène celle des mœurs. (Mass.) C’est plus ta politesse des mœurs que celle des manières qui doit nous distinguer des peuples barbares. (.Montesq.)

Politesse de marchand, Politesse dictée par l’intérêt.

Brûler la politesse, Ne point se trouver à un rendez-vous, il Se retirer brusquement et sans prendre congé.

— Syn. Folilenc, affabilité, civilîlé, etc. V. AFFABILITÉ.

— Encycl. On ne peut se faire une idée précise de la politesse et connaître la loi supérieure d’où découlent les.habitudes de

l’homme poli, si on ne cherche les différences qui existent entre le mot politesse et les mots qui passent pour être ses synonymes. La politesse n’est pas la civilité ; elle est profondément distincte du cérémonial ; elle doit se garder de tout ce qui ressemble à la flatterie.

La civilité, si l’on ne considérait que son élymologie, serait la plus haute des sciences sociales, puisqu’elle serait la science des relations des citoyens (civis, citoyen) entre eux. Mais 1» cité antique n’est plus ; la cité moderne n’existe pas encore. Il y a peu ou point de citoyens. La civilité n’est que l’ensemble de certaines formes et de certaines formules par lesquelles chaquo homme évite de trop gêner son voisin. Gêner autrui et lui en faire de bauales excuses, c’est encore de la civilité.

Les anciennes sociétés d’Asie, toutes à forme fixe, c’est-à-dire toutes sacerdotales, imposaient un rituel a chaque acte, un dogme à chaque pensée ; elles proscrivaient lo progrès, même de nom, et rêvaient l’immobilité. L’Orient agonise, le cérémonial y fleurit toujours. Là où une conquête aristocratique et religieuse a été consommée, la hiérarchie la plus rigoureuse s’établit. Tout est réglementé, les démarches, les actes, les paroles, les silences. Cette réglementation s’appelle cérémonial. En Chine et au Japon, non-seulement la qualité, la forme du papier change selon la dignité de la personne à laquelle on écrit, mais il faut varier encore le caractère même de l’écriture. Dans l’Inde, on n’est pas libre de reconduire ou de ne pus reconduire celui qui vous rend visite. Le nombre de pas qu’on doit faire est réglé. Certains hommes de certaines castes ne peuvent jamais pénétrer dans une maison habitée par des hommes de caste supérieure. En Assyrie, les titres que se donnait Nabuchodonosor dépassent en emphase ceux que les actes officiels prêtent à Napoléon 1er. Il y a quelques années, les ambassadeurs du roi de Siain étonnèrent par leur cérémonial nos courtisans européens, qui semblaient oublier qu’ils devaient aux seules révolutions de ne pas faire de semblables génuflexions. M. Géroine, plus au fait des traditions du cérémonial, composait une toile pour mettre en relief cette scène où le respect du pouvoir emprunte à fa religion ses formes d’absolue adoration. C’est en effet de l’Asie, de Rome aristocratique, de Rome césarienne, de Constantinople, des hordes barbares, c’est de l’Orient, directement OU indirectement, qu’est née la féodalité européenne dont le cérémonial moderne est encore un vestige. Le cérémonial tient lieu encore de politesse dans le monde officiel, dans les relations de souverains à souverains, de sujets a souverains. On peut remarquer combien la politesse et le cérémonial s’excluent réciproquement. L’Angleterre féodale est impolie et cérémonieuse. On comprend que là où règne l’absolutisme du cérémonial, Impolitesse, libre de son essence, refuse d’exister. En Angleterre, entre gens de classes, nous allions dire de castes différentes, la politesse serait de l’obséquiosité ou de la séduction.

La politesse est une chose très-vieille et très-jeune. Le jour où deux hommes libres et forts se sont rencontrés et estimes, ce jour-là la politesse est née. La plus vraie et la plus exquise politesse a été pratiquée par les ancêtres libres du monde européen, par les Aryas de l’origine. Sous la tente de l’Arabe du rlésert, dans le boerr de l’Islandais, aux latitudes extrêmes, vous trouvez l’homme poli. La civilité donne des formes différentes à ces politesses, mais le fond est identique. Ce fond, c’est un sentiment de liberté, de bonté et de justice. Libro, l’homme poli ne veut être gêné ni ne gêne ; il préfère même se gêner lui-même plutôt que de gêner autrui. Bon, il voudrait pouvoir considérer la société comme une immense famille et donner à chacun de ses membres de l’estime et de l’affection. Juste, il sait que l’estime et l’affection ne se doivent point prodiguer ; il ne préjuge ni le bien ni le mal. Eu attendant, il est pofî, c’est-à-dire qu’il prend l’attitude, le langage, les manières les plus propres à renseigner autrui sur lui-même et à se renseigner sur autrui. Deux hommes polis qui se voient pour la première fois font dans la paix ce qui s’appelle dans la guerre une reconnaissance. Dans l’art des soldats, on fait cette reconnaissance pour mieux se tuer ; dans l’art des citoyens, on fait cette reconnaissance pour s’estimer et s’aimer.