Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 12, part. 4, Ple-Pourpentier.djvu/131

Cette page n’a pas encore été corrigée

POLI

ses du monde ; en Espagne, elles étaient Aères comme des infantes, quoique fragiles ; en Allemagne, elles n’étaient que glace. Il n’alla pas plus loin vers le Nord, c’eût été une folie. Jiigkl toi de roi loi.

■ Dans toutes ces courses, il ne se faisait aucun scrupule de jouer avec la vie des hommes. Pores et frères passaient par ses mains. On frémit rien qu’à penser à l’horrible traînée de sang qu’il a versé par système. Quoiqu’il eût uneljosse sur le dos, les femmes ne pouvaient lui résister. Jiiykt toi de roi loi.

* On disait qu’il avait signé un pacte avec le vieux A’ick’Ias, comme on l’appelle (le diable) ; mais, quand j’en serais mieux jalonné, je n’en dirais pas plus long. C’est peut-être à cela qu’il a dû ses succès partout où il est allé, monsieur ; mais je crois aussi, convenons-en, que ces dames étaient un peu coueicouci, monsieur 1 liight toi de roi loi.

■ À la fin, il revint en Angleterre, franc libertin et vrai corsaire. Dès qu’il eut touché Douvres, il se pourvut d’un nouveau nom,

■ car il en avait de rechange. La police, de son côté, prit d’habiles mesures pour le mettre en prison. On l’arrêta au moment où il pouvait le moins prévoir un pareil sort. Jtiaht toi de roi loi.

’ Cependant, le jour approchait où il devait solder ses comptes. Quand le jugement fut prononcé, il ne lui vint que des pensées de ruse en songeant à l’exécution ; et quand le bourreau, au front sinistre, lut annonça que tout était prêt, il lui fit un signe de l’œil et demanda à voir sa maîtresse. Miqht toi de rot loi.

Prétendant qu’il ne savait comment se servir de la corde qui pendait de la potence monsieur ! il passa la tête du bourreau dans le nœud coulant et en retira la sienne sauve. Enfin, le diable vint réclamer sa dette ; mais Punch lui demanda ce qu’il voulait dire : on le prenait pour un autre ; il ne connaissait piis l’engagement dont on lui parlait, liiqkt toi de roi loi,

— Ah 1 vous ne le connaissez pas 1 « s’écria le diable : « Très-bien ! je vais vous ïo faire connaître. » Kt aussitôt ils s’attaquèrent avec fureur et aussi durement qu’ils le purent. Le diable combattait avec sa fourche ; Punch n’avait que son bâton, monsieur 1 et cependant il tua lo diable, comme il lo devait. Hourra I OUI Niek est mort monsieur I Jlight toi de roi loi. »

Ainsi, tandis que don Juan est emporté par le diable, c’est Punch qui tue le diable I

Ce Punch paradoxal. ce profond scélérat (comme on dirait aujourd’hui), qui ne recula devant aucune abomination, remonte historiquement plus haut même que le Punch turbulent et importun de 1G97. De mémo, à l’époque de sa plus grande perversité, on voit subsister à côté de lui un Punch jovial et franc par leur, qui n’assassiné personne autrement que par la plume ; car il n’hésita pas a faire comme Figaro, il devient journaliste. Il en est ainsi de toutes ces créations du génie populaire : elles revêtent à toutes les époques des caractères multiples suivant les circonstances extérieures sans qu’on puisse démêler exactement où commence ni où se termine tel ou tel trait de la figure. Tout homme célèbre, tout événement important ajoute un détail a la physionomie. En Espagne, les marionnettes imitent les combats de taureaux ; en Angleterre, elles exécuteront des courses, et Punch doviendra parieur ou maquignon. Il s’occupera d’élections dans un pays électoral. Il sera menacé de servir sous Wellington, honneur militaire qui d’ailleurs ne le tente point.

«Viens ici, Punch, mon garçon, faisait-on dire à 1 amiral après la bataille d’Aboukir • viens sur mon bord m’aider à combattre les’ Français. Je te ferai capitaine ou Commodore, si tu lo veux. — Nenuï, nennil répondait Punch, je ne m’en soucie pas ; je mo noierais. — N’aie donc pas cette crainte, répliquait le marin ; ne sais-tu pas bien que celui qui est né pour être pendu ne court aucun risque de se noyer ?»

Polichinelle, opéra-comique en un acte, paroles de Scribe et Duveyrier, musique de Monifort, représenté à l’Opéra-Comique le 14 juin 1839. Les personnages favoris du théitro de la foire, de Rieeoboni et de Romagnesi, défilent sur la scène. Le livret est des plus invraisemblables, mais assez amusant. Lelio a épousé Laurette, fille d’un noble habitant de Pulerme. Theodoro-Theodori-Bambolino-Bambolini. Lelio est un mari charmant, mais sa vie offre des absences mystérieuses qui font des ombres au bonheur de Laurette. Lelio est l’objet des accusations les pins noires ; mais voilà que Bambolino découvre que son gendre n’est autre que le célèbre Putcinella, qui, tous les soirs, au théâtre de la Booehetta, fait les délices des Napolitains. Beuu-père de Polichinelle t le ■îoup est dur ; mais il signor Bambolino-Bambolini est trop Italien pour ne pas en prendre son parti de bonne grâce. La musique de M. Monifort a paru faite avec esprit ; on a remarqué les couplets de Bambolino ; les Talents d’un ambassadeur, l’air de Laurette : Si tu m’aimes, Laurette, et le trio : Saees-vous bien que c’est un vice affreux, qui est le meilleur morceau de la partition. Ernest Mocker, qui depuis a donné son empreinte à plusieurs rôles intéressants,

JUI.

POU

a débuté dans cet ouvrage ; les autres rôles ont été chantés par Henri, M’1» Rossi et Mme Boulanger.

FOLICIEN s. m. fpo-li-si-ain — rai. polir). Techn. Feutre avec lequel on polit les pei’ gnes.

Policienne (la tragbdib), long drame espagnol, eu prose, do Luiz Hurttulo de Tolède (1547, m-tî). Le titre véritable est la Mère Claudine, nom de l’entremetteuse qui y joue un des principaux rôles, mais c’est sous celui de Tragédie policienne, du nom du héros, Policiano, que cet ouvrage est généralement connu. L’auteur, qui a commis aussi un immense roman de chevalerie, Palmerin d’Angleterre, n’avait guère que dix-sept ou dix-huit ans lorsqu’il composa son draine, imitation du licencieux romun dialogué de Rojas.la Célestine. Il fait de son héroïne. Claudine, la mère d’un des personnages de Rojus, Parmenon, et la préceptrice de la fameuse entremetteuse elle-même. La succession des scènes, assez lestement menées, retrace deux ou trois intrigues qui s’enehevêtrent : l’amour de Policiano pour Philomène et les ■manœuvres de Claudine pour corrompre d’abord la soubrette, puis ta jeune fille ; les démêlés des valets de Policiano avec deuxdrôlesses que protègent deux spadassins ; la vente que l’entremetteuse fait à ceux-ci de sa servante et de sa propre tille pour qu’ils les dressent proprement au métier, etc. Claudine mène de front toutes ces affaires avec la plus louable activité ; mais les choses tournent bien mal pour elle et pour les deux amoureux. Le père et la mère de Philomène finissent par découvrir ses trames ; ils font veiller aux portes, et Claudine, surprise à une entrevue clandestine, est bâtonnée vigoureusement ; elle y revient encore et cette fois rencontre un lion lâché dans les jardins, qui la met en pièces. Policiano, qui croit qu’au contraire elle lui a préparé un rendez-vous, s’aventure à son tour dans le jardin, et le lion n’en fait qu’une bouchée ; Philomène accourt et, voyant son amant mort, elle se perce d’une épée sur son cadavre. On voit que ce dénoùinent n’est autre que celui des aventures de Pyraine et l’hisué ; 1 auteur espagnol a seulement enlacé à cette vieille fable des histoires d’entremetteuses, de filles et de ruffians, qui, à vrai dire, sont les meilleures.

La Tragédie Policienne est un livre rare. Don Cajetano-Alberto de La Barrera y Leirado n’en signale que trois exemplaires : deux à la date de 1547, dont l’un est à Madrid et l’autre à Munich, et un troisième, à la date de 1548, qui se trouve et la bibliothèque de "Vienne. Nous pouvons en signaler un quatrième, que possède la bibliothèque de l’Arsenal.

POLICIER, 1ÈRE adj. (po-li-sié, iè-rerad. police). Qui appartient, qui a rapport à la police : Il y a des manœuvres contre lesquelles tous les règlements imaginables, toutes les mesures folicièrks ne peuvent rien. (Chapus.)

— s, m. Homme attaché à la police. Il Se prend toujours en mauvaise part.

POLICORO, l’ancienne Béraclée de Luca- m’e, bourg du royaume d’Italie, province do Basilicate, district et à 80 kilom. E. de Lagonogro, près du golfe de Tarente, mandement de Rotondella ; 1, 250 hab. Près de ce bourg sont les ruines de l’ancienne Béraclée, patrie du peintre Zeuxis. En 282 av. J.-C., Pyrrhus y vainquit les Romains.

POL1CZKA, ville do l’empire d’Autriche, dans la Bohême, cercle et à 38 kilom. S.-E. de Chrudim ; 3,765 hab. Fabrication et commerce de toiles et do iil. École pour les enfants des militaires.

POLIDIE s. m. (po-li-dî). Entom. V. po LYPtB.

POLIDONTE s. f. (po-li-don-te — du gr. polios, blanc ; odous, dent). Moll. Syn. d’HÉucodonTu, genre do mollusques.

POLIDOIU (Louis-Fustache), médecin italien, né à Bientina, près de Pise, mort k Florence en 1830. Après avoir pris le grade de docteur h Pise (1779), il exerça son art dans diverses villes, puis devint successivement médecin fiscal et professeur de philosophie au collège Saint-Ignace, à Arezzo, professeur de médecine pratique (1820), puis de physiologie à Florence (1S26). Polidori a publié plusieurs ouvrages de médecine et d’érudition, parmi lesquels nous nous bornerons à citer Opitscoli spettanti alla fisica animale (1789), recueil estimé.

POLIDORO, l’amoureux ridicnleau xve siècle, dans la comédie de Ruzzante. C’est, d’après l’observation de M. Maurice Sand (Masques et Bouffons), le véritable Léaitdre moderne, laid, disgracieux, malade, mais riche et connaissant le pouvoir des écus.

« En somme, dil-il, l’argent est le vrai moyen d’obtenir toute chose, et, la chose obtenue, de la conserver. J’ai pris mes précautions pour accaparer les faveurs de la belle • car je ne suis point de ceux qui consentent a être seuls pour la dépense et en compagnie pour le plaisir. »

Survient le petit vRlet de Celega l’entremetteuse.

Polidoro. Va devant, Forbino, et dis à ta patronne que j’arrive et qu’elle ne me fasse pas attendre ; dépêche-toi 1

POLI

Forbino. J’y cours, mais donnez-moi au moins quelque monnaie, ..

Poudoro. Je ne donnerai que trop à ta maîtresse.

Forbino. Je payerais un écu, si je l’avais, pour que Flavio aille voir votre maitresse avant vous, qu’il trouve l’argent qu’il lui faut et que vous restiez dans la rue à chanter la Lodonila. •

Bref, Polidoro achète pour un an la jouissance exclusive de sa maîtresse. Le notaire lui fit l’acte de location. Les conditions sont écrites et débattues : « Que la susdite Fiorinetta aura à être prête a toute requête de messer Polidoro ; que, pendant tout lo cours do la présente année, elle ne pourra avoir non-seulement* la domestication de qui que ce soit, mais encore ne laissera entrer aucun autre homme.dans sa maison ; de cette façon, l’entrée de ladite maison doit être interdite à tous, soit amis, soit parents. »

Pouboro. Ajoutez-y aussi les médecins.

Le notaire. « Qu’elle ne pourra recevoir aucune lettre, ni écrire à personne, ni tenir enfermé, ou dans la maison, aucune lettre ou sonnet d’amour à elle adressé par le passé ; ni papier, ni encre pour écrire. »

Polidoro. Et que je ne veux pas qu’elle l’essaye.

Lu iVOTAiRK. • Que ni elle ni personne de la maison ne puisse parler par supercherie, ou à l’oreille l’un de l’autre, ni jamais dire : l’ami dit, l’ami fait ; mais parler clairement, sans faire des signes en toussant, ou en crachant, ou en fermant un ojil... »

Polidoro. Ajoutez qu’on ne devra pas parler dans la maison.

Suit une série d’autres conditions burlesques.

POLIE s. f. (po-11 — du gr. polios, gris). Entom. Genre d’insectes lépidoptères nocturnes, de la tribu des hiulénides, comprenant une quinzaine d’espèces, dont la plupart habitent la France.

POLIER, nom d’une famille noble, originaire du Rouergue, qui so retira dans la Suisse française pour échapper aux persécutions et n avoir point à adjurer la foi protestante. L’expatriation définitive des Polier eut lieu pendant le xvie siècle, époque où tant d’hommes distingués durent so réfugier sur le sol étranger. Le premier membre connu de cette famille est Jean Polier, mort en 1602, après avoir été secrétaire de l’ambassade de France à Genève. Dans sa descendance on compte des savants, des professeurs et des officiers qui servirent avec distinction dans les armées de la plupart des grandes puissances. Les plus remarquables sont les suivants :

POLIER (Jean-Pierre), sieur de Bollkns, bourgmestre de Lausanno en 16C5, mort en 1G72. Il est auteur de quelques ouvrages où respire une piété sincère et portée à l’exaltation. En voici les titres : le llestablissement du royaume (Genève, 1662-1S65, 3 vol. in-4»), commentaire sur l’Apocalypse ; la Venue du Messie pour rappeler les Juifs, pour rétablir la terre et mettre les siens en possession de l’héritage et du royaume qui leur a été promis (Lausanne, 1666, in-S<>) ; la Chute de Babylon (sic) et de son roy (Lausanne, 1668, in-8<>).

POLIER (Georges), pasteur de l’Église réformée, petit-fils du précédent, né en 1675, mort en 1759. Il obtint la chaire de grec et de morale à l’académie de Lausanne en 1702 et rendit de grands services à sa patrie, en fondant des écoles de charité d’où sont sortis, durant près d’un siècle, la plupart des instituteurs primaires du pays de Vaud. On il do lui : Sermons par feu M. Tillolson, trad. de l’anglais (Amsterdam, 1729, 6 vol. in-s°) ; Grammatica licbrxa cum syntaxi ; Pensées chrétiennes mises en parallèle ou en opposition avec les pensées philosophiques de M. Diderot (La Haye, 1740, in-8°) ; le Nouveau Testa~ ment mis en catéchisme par demandes et réponses, avec des explications et annotations (Lausanne et Amsterdam, 1756, 6 vol. in-S°). — Son fils, Antoine Poliisr, né à, Lausanne en 1705, mort dans cette ville en 1797, est auteur des ouvrages suivants : la Sainte Écriture de l’Ancien Testament éclaircie par demandes et par réponses (Lausanne, 1764-1768, il vol. in-8u) ; Du gouvernement des mœurs (Lausanne, 1784, in-8<>) ; Essai sur le projet de pais perpétuelle (Lausanne, 1788, m-8").

POLIER DE SAINT-GERMAIN, publiciste suisse, parent des précédents, né à Lausanne en 1705, mort en 1795. Il s’est fait connaître par les ouvrages suivants : Du gouvernement des meeurs (Lausanne, 1784, in-8°) : lissai sur le projet de pain perpétuelle (Lausanne, 1784, in-8<>) ; Coup d’ail sur ma patrie ou Lettres d’un habitant du pays de Vaud à son ami, revenu depuis peu des Indes à Londres (1793, in-12),

POLIER (Antoine-Noé), théologien protestant, né en 1713, mort à Lausanne en 1783. Après avoir terminé ses études théologiques à Leyde, il devint premier pasteur de la ville de Lausanne, où son nom fut toujours en grande estime. Il avait fait la connaissance de Voltaire en Allemagne et l’engagea à venir fixer sa résidence sur les bords du Léman. Polier a collaboré pour quelques articles de sa compétence à l Encyclopédie. Le maître de Feroey louait sa Bcieace et sa piété

POLI

1297

sincère. — Son fils, Charles-Godefroy-Étienne Polier, né à Lausanne en i 753, mort près de "Waterford (Irlande) en 1782, fut pendant quelque temps au service de la France, puis devint précepteur des enfants de lord Tyrone et se fixa en Angleterre. On lui doituno traduction du Traité de Palœphate touchant les kistoires incroyables ; avec des notes (Lausanne, 1771, in-12) et divers mémoires scientifiques, — Sa steur, Jeanne-Isabelle- Pauline Polier, morte en 1832, s’est fait connaître comme romancièresous lenom de baronne de Montolieufv. Montoluku).— La sœur de la précédente, Jeanne-Françoise Polikh, née h Lausanne en 1760, morte dans la même ville en 1839, a publié quelques romans qui ne sont pus sans mérite : Lettres d’fJartense de Valois à Eugénie de Saint-Firmin (Paris, 178S, 2 vol. in-12) ; Mémoires et voyages d’une famille émigrée (Paris, 1801, 3 vol. in 121 ; Féticieet Florentine (Paris, 1803,3 vol. in-lîj ; Anastase et Nephtalie (Paris, 1815, 4 vol. in-12).

POLIER (Jeanne-Louise-Antoinette, dite Eièonore), femme auteur, née à Altona en 1738, morte à Paris en 1807. Elle était fille do Georges Polier, qui avait été colonel au service du Hanovre, et cousine d’Antoine-Louis-Henri Polier, Son père la maria en 1761 à un Lorrain, naturalisé Bernois, M. de Céienville, qui prenait le titre de général aide de camp du roi de Pologne. Cette dame, fort lettrée, a traduit cinq ou six romans allemands et publié une Vie du prince Potemkin (Puria, 1808, in-s°), livre fait d’après les mémoires donnés par M. de Ségur. Il ne fut signé que par l’éditeur, Tranchant de Luverne.

POLIER (Marie-Elisabeth), chanoinesse da l’orjrtre réformé du Saint-Sépulcre en Prusse, scour de la précédente, née à Lausanne le 12 mai 1742, morte à Rudolstadt en 1817. Elle débuta dans la carrière littéraire par la traduction d’Antoine, anecdote ullemaiulo par Ant. Wall (1780). Elle traduisit aussi le Club des Jacobines ou VAmour de la patrie, comédie de Kotzebue (1795) ; Eugénie ou la Résignation, par Sophie de La Roche (Lausanne, 1795, in-12) ; le Pauvre aveugle (1805) ; Thécla de Thurn ou Scène de la guerre de Trente ans, trad. de Naubert (Paris, 1815, 3 vol. in-12). Son ouvrage principal est la Mytkologie des lndous, travaillée sur des manuscrits authentiques apportés de l’Inde, par te colonel Polier (Paris et Rudolstadt, 1809, 2 vol. in-8o). (V. l’art, suivant.) Enfin, Mrao Polier dirigea pendant sept années le Journal littéraire de Lausanne (1793-1800) ; elle collabora au Nord industrieux et au Midi industrieux, journaux qui eurent une existence éphémère ; enfin elle donna des articles aux trois premiers numéros de la Bibliothèque germanique,

POLIER (Antoine-Louis-Henri), ingénieur et orientaliste, né h Lausanne en 1741, mort en 1795,11 s’embarqua pour les Indes à l’âge de quinze ans, espérant beaucoup d’un oncle établi dans ces contrées lointaines. Mais, U peine arrive, il apprit sa mort et, réduit il lui-même, entra comme cadet dans les troupes de la Compagnie anglaise. Nommé ingénieur en chef en 1762, à se vit enlever ce titre, noblement gagné, par l’arrivée d’un officier anglais. Sans se décourager, Polier continua à rendre d’éminents services à lo Compagnie et s’attira la confiance de lord Clive, qui le nomma commandant de Calcutta. Bans ce poste important, Polier excita la jalousie et obtint, en 1776, un congé illimité dont il profita pour offrir ses services au nabab Souja-oul-Doula, devenu l’allié des Anglais et qui le combla de faveurs. Dépouillé de nouveau, par suite de secrètes intrigues, il se retira auprès de l’empereur mogol Cluih-Aalum, qui lui donna le commandement d’un corps de 7,000 hommes et la pro- ’ priété du territoire de Kaïr. Mais ses nouveaux vassaux refusèrent de reconnaître son autorité et il fut obligé’ de leur faire une guerre qui ne tourna pas à son avantage-Alors il rentra au service de la Compagnie, avec le titre de lieutenant-colonel. Il alla s’établir à Lucknow, où il travailla à composer des mémoires sur l’histoire et la mythologie des lndous. De retour en Europe vers 1789, il rapporta une riche collection de manuscrits orientaux, entre autres une copie complète des Védas, en onze volumes in-fol., dont il fit présent au British Muséum, à la condition que ces volumes seraient reliés en soie ou en velours, comme les brahmînes en avaient exigé de lui la promesse. Il était marié et fixé à Lausanne, quand des troubles éclatèrent dans le canton de Vaud et le déterminèrent à s’établir en France, non loin d’Avignon. Là, des brigands l’assassinèrent pour s’emparer des richesses immenses qu’il possédait. Cette catastrophe arriva le 9 février 1795. La femme et le fils de Polier se sauvèrent comme par miracle.

Polier avait entrepris sur l’Inde un travail considérable qu’une dé* ses cousines, la chanoinesse Polier, continua après sa mort. Malheureusement, la chanoinesse Polier n’avait ni le, talent ni les connaissances nécessaires pour exécuter convenablement un pareil ouvrage. Elle" modifia le fond du travail commencé par Polier et présenta un grand nombre de faits d’après ses idées particulières. On ne peut que regretter vivement la non-acceptation del’offre faite par l’illustre Gibbon de terminer cette œuvre importante. L’ouvrage

163