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dez-vous des tire-laine et coupe-jarrets de la bonne ville de Paris. On sait d’ailleurs que la cour des Miracles était tout proche. La rue ne fut pendant longtemps qu’un chemin dont le prolongement se reliait au faubourg Saint-Denis. Sous Charles V, Paris ayant été enfermé dans de nouvelles limites, le val Larronneux troqua son ancien nom contre celui de chemin des Poissonniers ; ce nom provint sans doute du passage habituel des marchands de cette corporation se rendant aux halles. Le chemin des Poissonniers avait fait partie de l’ancien village de la Ville-Neuve, dont les habitations furent incendiées pendant le siège de Paris. Vers 1624, quelques maisons le bordèrent de nouveau et, en 1663, c’était une rue véritable, flanquée d’une rangée parallèle de maisons liées entre elles. Depuis lors, elle a conservé à peu près fidèlement la forme et l’aspect qu’elle a encore aujourd’hui.

La maison 26 a longtemps servi de caserne. Au 10 août, une compagnie de gardessuisses y était détachée. Elle en sortit pour n’y plus rentrer. À l’endroit où la rue Poissonnière débouche sur le boulevard, se trouvait la porte Sainte-Anne, construite en 1645. De la porte Sainte-Anne s’étendait à droite et à gauche, vers le nord, un vaste terrain désigné, dès le xive siècle, sous le nom de Clos aux Halliers ou Masures de Saint-Magloire et, plus tard, sous celui de Champ aux Feimnes, Ce terrain était traversé d’un chemin qui prit le nom de chaussée de la Nouvelle-France. Il était bordé de guinguettes, de vergers et de vignes qui faisaient de ce quartier comme une succursale des Porcherons de joyeuse mémoire. En 1648, cette succursale des Porcherons devint le faubourg Poissonnière, après avoir porté quelque temps le nom de faubourg Sainte-Anne. Au nord du faubourg Poissonnière, dans la direction du faubourg Saint-Denis, se trouvait le Clos-Saint-Lazare, sur lequel s’élève aujourd’hui

l’Église Saint-Vineent-de-Paul et se sont ouvertes la rue et la place Lal’ayette, la rue de Chabrol, etc. Cet enclos avait pris son nom de la léproserie ou maladrerie (Bospitium Sancli Ludri) qui existait au xie siècle dans le liuu où fut bâtie plus tard la maison de Saint-Lazare. Sur le terrain où furent construites les rues de Hautevill£, de l’Echiquier et d’Engluen existait autrefois le cimetière Bonne-Nouvelle. De toutes les rues qui avoisineut te faubourg Poissonnière, aucune ne date de plus de cent ans ; la rue bergère est la plus ancienne. Ce ne fut d’abord qu’une chaussée ; elle devint ensuite un onttie-sac et, eu 1752, elle portait le nom de rue duberger. Le faubourg Poissonnière a un peu la physionomie de la chaussée d’Antin : ici connue là, c’est la bourgeoisie riche qui tient le haut un pavé. Le Conservatoire, qui est tout proche, y ajoute un grain artistique.

POISSONS, bourg de France (Haute-Marne), canton, anuiid. et a 25 kilom. N.-U. de Versailles, sur le Rongeant ; pop.aggl., 1,143 hab.

— pop. tôt., 1,308 hab. Forge, hauts fourneaux ; commerce de vins. L’église paroissiale, construite au xvio siècle, uaiis le style ogival et flamboyant, est précédée d’un beau porche carré ; au-dessus du tympan, on remarque deux bas-reliefs : la Nativité et YAdoraiion des mages, séparés par l’image du Christ.

POISSV, en latin Pinciacum, ville de France (Seme-et-Uise), ch.-l. de canton, arroud. et à 20 kilom. N.-O. de Versailles, ù 29 kiloin. de Paris, sur la rive gauche de la Seine, près de la furet de Saint-lierniain et sur lu che•iniu de fer de Paris à Kouen ; pop. aggl., 3,485 hab.— pop. tôt., 5,047 hub. frison centrale ; fabrication de bouchons, chaussotisen tresse, distillerie ; moulins à farine, fabrique de fécule, de chapeaux, de crayons ; imprimerie typographique ; carrières de moellon ; scierie mécanique. L’important marché do bestiaux qui se tenait à Poiasy tous les jeudis, depuis le règne de saint Louis, pour l’approvisionnement de la capitale, a été transféré

à Paris (marché de la Villette) en 1S66. De la vaste abbaye de Poissy, dont l’église avait été commencée par Philippe le bel et achevée par Philippe de Valois, il ne reste que le mur d’enceinte, ainsi qu’un vieux bâtiment flanque de deux tours rondes, attribuées aux templiers. L’édifice le plus remarquable de Poissy est l’église paroissiale, aujourd’hui classée au nombre ues monuments historiques et fondée, dit-on, par le roi Robert ; c’est un mélange disparate de constructions de plusieurs siècles, depuis lext» jusqu’au xvne. M. Yiollet-le-Duc, qui l’a récemment restaurée aïec son talent et son intelligence habituels, en vante principalement la tour centrale. • Elle est admirablement conservée, saus une épaufrure, sans crevasse. Les pierres, couvertes d’une croûte grise, ont pris un aspect métallique qui ferait croire que cette construction est d’un seul morceau. Cela est d’autant plus remarquable, que cette tour est en même temps la partie la plus ancienne de tout l’édifice, comme aussi la plus curieuse. Les tours centrales, dans les éguses du xio siècle, ne sont pas communes, et celle-ci est une des plus belles et des plus pures que j’aie vues. » Dans la chapelle Saint-Barthélémy, on admire de belles boiseries du xvne siècle, et dans la chapelle Saint-Louis des restes de fonts baptismaux où ce roi reçut le baptèinc. Uiie tradition superstitieuse at POIS

tribuait & la raclure de ces pierres la propriété de guérir de la fièvre ; on les a tellement raclées, qu’il n’en reste plus que quelques fragments informes et reliés par du plâtre. Mentionnons aussi le pont de Poissy, sur la Seine, construit par Louis IX, et les restes des anciennes fortifications de la ville.

Cette ville, très-ancienne, tire vraisemblablement son origine des pêcheurs qui y avaient jadis leurs.établissements. En 863, la ville devait déjà avoir une certaine importance, car Charles le Chauve y convoqua une assemblée nationale des grands et des prélats de l’empire. Un siècle plus tard, le roi Robert fit de fréquents séjours dans sonchâteau de Poissy. Cette circonstance n’empêcha pas Poissy de figurer au nombre des pîacesqui entrèrent plus tard en révolte contre ce monarque ; mais elle fut bientôt reprise par la royauté. Louis IX, qui fut baptisé à Poissy le. 24 avril 1215, affectionnait cette ville et, dans ses correspondances intimes, il signait parfois Louis de Poissy. C’est à ce mince que Poissy dut ses armes, qui sont : D azur, à un poisson d’argent, posé en fasce, une fleur de lis d’or en chef, une en pointe et une demie mouvante du premier. En 1216, cette ville obtint une charte. Ce fut également sous le règ ne de saint Louis qu’eut lieu la construction d’un pont de 37 arches, ayant au centre un groupe de moulins portés sur des pilotis. Ce pont a subi des remaniements ; trois arches, détruites par le duc de Mayenne, ont été refaites en charpente ; d’autres arches ont été supprimées depuis, mais, dans son ensemble, c’est toujours le vieux pont do saint Louis, et l’un des moulins conserve le nom de moulin de la reine Blanche. Enfin, c’est à saint Louis que Poissy doit la création de son célèbre marché aux bestiaux, qui se tenait antérieurement près de la Celle-Suint-Cloud.

En 1304, Philippe le Bel fonda à Poissy un couvent de religieuses de l’ordre dé Saint-Dominique, qu’il dota de nombreux privilèges, et où son cœur fut enseveli dix ans plus tard. C’est dans les bâtiments conventuels de l’abbaye qu’eut lieu, en 1561, la célèbre entrevue des deux partis catholique et huguenot, connue sous le nom de Colloque de Poissy (voir ci-après). Deux siècles auparavant, en 1336, les Anglais, secondés par Charles le Mauvais, roi de Navarre s’étaient emparés de Poissy. Le traité de Brâtigny le rendit.à la couronne ; mais l’ennemi revint, en 1419, sous le règne de Charles VI. Après 1790, Poissy, où se lit sentir d’une manière assez vive le contre-coup de la Révolution, devint un chel’-lieu de canton de l’arrondissement de Versailles. Son couvent de dominicains disparut et, en 1802, leur égiise, dont la voûte et le clocher avaient été endommagés par la foudre en 1695, fut démolie. D’autres monastères subirent le même sort. Le marché aux bestiaux fut maintenu. La Caisse de Poissy, qui existait avant la Révolution, fut organisée définitivement en 1811. Elle ne fut supprimée qu’en 1858, par suite du décret accordant la liberté de la boucherie, et les cautionnements qu’y avaient déposés les bouchers leur furent restitués. En 1817, une ordonnance royale transforma en maison centrale de correction un dépôt de mendicité créé sous l’Empire à Poissy. Deux ans suffirent à l’exécution des travaux d’aménagement. En 1819, les ateliers et les cellules étaient disposés et l’on put transférer à Poissy les détenus de la maison de force établie dans le vieux château de Dourdan. L’établissement était destiné aux hommes frappés de peine correctionnelle pour vol, escroquerie, abus de confiance. Néanmoins, les procès de presse y conduisirent plusieurs journalistes, entre autres Magalon et Foman, l’auteur du Mouton enrayé, article inséré dans l’Album du 20 juin 1829. La maison de détention de Poissy renferme aujourd’hui environ 1,500 détenus, qui y sont employés à divers travaux.

Pot** ; (COLLOQUE du), célèbre assemblée religieuse tenue à Poissy en 1561, dans le but apparent de ménager une transaction entre les catholiques et les protestants. Lorsqu’on agita cette résolution dans le conseil du roi, la plupart des membres s’y opposèrent ; ils savaient trop par l’expérience et par l’histoire que les disputes ne font que troubler les consciences sans profit pour l’apaisement des passions politiques et religieuses. Mais Catherine da Méuicis s’inquiétait peu des alarmes de la conscience. Dans l’assemblée d’un synode national, elle ne voyait que deux choses, la possibilité de meure les calvinistes de France et de lieuève en désaccord avec les luthériens d’Allemagne, de semer entre eux des germes de division, d’autant plus redoutables qu’ils prenaient leur source dans les sentiments les plus chers au cœur de l’homme, et d’arrêter dans leur marche les protestants d’Allemagne tentés de venir prêter main-forte à leurs coreligionnaires de France. Le vieux cardinal de Tournon surtout s’indignait qu’on entrât ainsi en controverse avec les apôtres de la Reforme, les coryphées de Ceneve : » C’est remettre en dispute nos articles de foi, disait-il ; c’est nous appareiller à ces ministres intrus qui n’ont pas l’eçu l’imposition des mains par succession de la primitive Église. » Mais ces protestations fanatiques ne trouvaient aucun écho dans les hautes régions de la cour, étouffées qu’elles étaient par la hautaine volonté de Catherine de Médicis, dont nous

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venons de dévoiler le but, par le chancelier de L’Hospital, qui agissait dans des intentions bien différentes, et par le cardinal de Lorraine, que quelques historiens superficiels ont accusé d avoir appuyé la réunion du colloque dans l’espoir d’y étaler ses talents pour la dialectique religieuse, mais qui visait à un résultat trop positif et trop politique pour se contenter de la puérile satisfaction de briller dans un tournoi théologique. Cependant Catherine hésitait, redoutant les conséquences qui pouvaient sortir d’une telle réunion, et elle écrivit au pape Pie IV pour lui demander s’il n’y avait pas possibilité de faire quelques concessions aux protestants sur certaines cérémonies ou pratiques religieuses qui ne tenaient pas essentiellement au dogme. Le pape chargea le cardinal de Ferrare de se rendre en France et de travailler a rompre le colloque, ou du moins d’obtenir que la solution des questions posées à Poissy fût renvoyée au concile de Trente. Le légat^ en rusé politique, ne jugea pas opportun de s’opposer à l’ouverture du colloque ; il préférait réserver ses ressources pour l’empêcher d’aboutir. Il ne se pressa même point d’arriver à Paris.

Le roi de Navarre, chef du parti protestant, avait appelé à Poissy, pour y plaider la cause de la Réforme, deux des plus célèbres calvinistes de cette époque, Théodore de Bèïe, le lieutenant de Calvin, et le fameux émigré florentin Pietro Vermiglio, dii Pierre Martyr, un des organisateurs de l’Église réformée d’Angleterre et maintenant chef de l’Église de Zurich. Tels étaient les deux champions qu’Antoine de Bourbon opposait a ceux du catholicisme, le cardinal de Lorraine et Claude Desponce, docteur de Sorbonne. La première conférence publique eut lieu le 9 septembre (1561), dans le réfectoire des religieuses de Poissy, qui avait été disposé pour cette circonstance. Le synode se composait, du côté des catholiques, de six cardinaux, de trente-six archevêques et évêques et d’une foule de docteurs. Bèze et Veriniglio n’avaient avec eux que onze ministres et vingt-deux gentilshommes députés par les principales Églises réformées de France. Le roi en personne présidait l’assemblée, malgré les efforts des sorbonnisies pour que la reine mèren’exposâtpoiiitles « tendres oreilles » du jeune roi au poisun de l’hérésie. Il était accompagné de son frère, des princes, du conseil privé et des chevaliers de l’ordre. Ce fut lui qui ouvrit la séance par quelques mots simples et convenables à son âge. Le chancelier de L’Hospital prit ensuite la parole, exposa le but et l’objet de l’assemblée et remontra qu’un concile œcuménique étant devenu impossible par le refus d’une partie des princes chrétiens, c’était aux membres de cette assemblée, réunis en concile national, à porter remède aux discordes religieuses qui troublaient le royaume et a prescrire la réforme des abus qui avaient pu se glisser dans la doctrine aussi bien que dans les moeurs. Il engagea les prélats à • faire accueil eu toute douceur h ceux de la nouvelle religion, chrétiens et baptisés comme eux, » et leur rappela la grandeur des devoirs qui résultaient pour eux de ce qu’on les laissait juges dans leur propre cause. Ce discours conciliant excita une sourde irritation parmi les ultracatholiques ; et cependant les dernières paroles de L’Hospital annonçaient que le roi avait rejeté la requête que les ministres de l’EvangiLe lui avaient adressée 4e 17 août précèdent, et dont le premier article demandait précisément que les évoques, abbés et autres ecclésiastiques ne fussent point juges, attendu qu’ils étaient parties. Ce refus était un grand point de gagné pour la cause du catholicisme.

Après le discours du chancelier, on introduisit les ministres et les députés des Eglises réformées. Bèze et ses compagnons, avant d’exposer leur doctrine, tombèrent à genoux, et Bèze récita à haute voix une fervente prière pour implorer les lumières du ciel. Puis il parla au nom de ses coreligionnaires. Dans un discours clair, méthodique, éloquent, plein de mesure et de convenance, dit M. H. Martin, il exposa les articles sur lesquels s’accordaient les catholiques et les réformés, et ceux sur lesquels ils différaient. Il s’attacha surtout à adoucir dans les termes ce que la doctrine de Calvin pouvait avoir da trop choquant pour des oie. Iles orthodoxes jusqu’au fanatisme. Bien qu’il maintint le principe de la justification par ta foi seule, il protesta contre l’imputation de mépriser les bonnes œuvres, « lesquelles ne sauraient être séparées de la foi, pas plus que la chaleur et la lumière du feu. » Jusque-là, l’assemblée avait paru captivée par l’habile discours de l’orateur. Mais il dut aborder enfin le point délicat de la controverse entre les catholiques et les protestants, celui qui les sépare encore aujourd’hui comme un abîme : la présence réelle de Jésus-Christ dans l’eucharistie. Beze commença par nier que les

réformés regardassent la sainte cène comme une simple commémoration de la mort de Jésus-Christ ; il reconnut même qu’il y avait un mystère dans ce sacrement, et que Jésus-Christ nous y faisait participer à sou corps et à son sang, ’ mais seulement spirituellement et par la foi. Dévoilant enfin nettement son opinion, il ajouta : 1 Jésus-Christ demeure éloigné corporellement du pain etdu vin consacrés autant que le plus haut ciel est éloigné

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de la terre. • À ces paroles, un long frémis* sèment, k peine contenu par la présence du roi, agita les évêques et les docteurs. S’ils l’eussent osé, ils se fussent écriés en déchirant leurs habits, à l’exemple de Caïphe : Blasphemaoitl Le vieux cardinal de Tournon ne craignit pas de déclarer, d’une voix tremblante de colère, que, • sans le respect de Sa Majesté, • lui et ses collègues se fussent levés • en oyant les blasphèmes et abominables paroles qui avaient été proférés et n’eussent souffert qu’on eût passé outre. » L’assemblée se sépara au milieu de la plus vive agitation. Ces derniers mots de Bèze n’offraient cependant rien de plus choquant que la doctrine enseignés dans tous les li- • vres des calvinistes, savoir que l’humanité, de Jésus-Christ n’est présente qu’en un seul lieu à la fois et qu’elle est toujours assise en paradis, à la droite de Dieu.

Quant au cardinal de Lorraine, il était bien loin de partager le courroux du vieux Tournon ; il voyait, au contraire, avec une vive satisfaction Bèze tomber dans le piège qu’on lui avait tendu et accuser nettement la divergence qui régnait entre les luthériens et les calvinistes, car les premiers étaient loin de professer la même croyance que ceux-ci sur cette question. Il chercha donc à prolonger le colloque, afin que les docteurs.luthériens qu’il avait appelés d’Allemagne eussent le temps d’arriver et que la discorde éclatât entre les deux grandes sectes protestantes. Dans une seconde réunion publique du colloque, tenue le 16 septembre, il répondit à Théodore de Bèze sur les deux articles les plus importants, l’autorité de l’Église et la présence réelle. Il réfuta son adversaire avec un remarquable talent et mit dans ses raisonnements tant de force et d’érudition, que tous les évêques s’écrièrent qu’il était impossible de lui répliquer. Puis ils supplièrent le roi, par la voix du cardinal de Tournon, président du synode, de croire à la doctrine catholique exposée par le cardinal de Lorraine, d’ordonaer uux calvinistes de souscrire à ces deux points avant de continuer le colloque et de les chasser du royaume s’ils s’y refusaient. Bèze, néanmoins, demanda hardiment à répliquer séance tenante ; mais le conseil ajourna la suite de la discussion. À partir de ce moment, elle continua dans des réunions particulières, d’une manière moins solennelle. Le roi ne parut plus au colloque et, au lieu des quarante-deux prélats et de la foule des docteurs catholiques, on choisit vingt théologiens qui continuèrent à discuter, eu présence de Catherine et des princes du sang, avec Bèze et les ministres calvinistes. Sur ces eiitrefaires arriva le légat, accompagné du général des jésuites, lago Lainez, successeur d’Ignace de Loyola, Ce Laiuez prit part -à la discussion qui eut lieu dans les réunions du 24 etdu 26 septembre et ne se signala que par ses emportements, traitant les calvinistes de loups, de renards, de serpents, de singes qui contrefaisaient Rome à Genève. Puis il conclut en renvoyant tout ce débat au concile de Trente. Le cardinal de Lorraine, contrarié de ne pas voir paraître les docteurs luthériens, présenta aux ministres calvinistes une profession de foi allemande sur la consubstauliation dans l’eucharistie et les invita à la signer. Le piège était habilement tendu, car, s’ils signaient, ils seraient désavoués par Genève, et, s’ils no signaient pas, ils s’aliéueraientlesluthériens. MaisBezeue s’y trompa"

point. Il demanda à son tour au cardinal de Lorraine s’il acceptait la consubstantiation luthérienne et rejetait la transsubstantiation. Puisilrouvoyaaux prélatsleurinterpeliation : 0 Qui vous a élus ? » en leur disant : » On vous a imposés à vos Églises ; elles ne vous ont pas choisis. »

La discussion menaçait de s’éterniser, car les adversaires, également habiles et savants, avaient chacun un point d’appui auquel ils s’attachaient, sans que l’un pût en arracher l’autre : d’un côte, l’autorité da l’Église ; de l’autre, l’Évangile, la parole même du niaitre. Catherine et la chancelier s’avisèrent alors d’un autre expédient ; c’était de diminuer encore le nombre ues membres du colloque et d’aboucher les plus modérés des théologiens protestants avec les principaux catholiques, afin qu’ils pussent rédiger en commun un formulaire capable de satisfaire l’un et l’autre parti sur la doctrine de l’eucharistie. Ce n’était pas facile, après ce ^u’avait proclamés ! hardiment Théodore de Bèze. Néanmoins, Catherine choisit cinq docteurs ou prélats catholiques, savoir : Jean de Montlue, évêque de Valence ; Pierre Duval, évoque de Seez ; les docteurs Despence, Saliguac et Bouthilier ; et cinq protestants, savoir : de Bèze, Venniglio, Augustin Mariorat, des Gallards et l’Espiue, pour concerter ensemble ce formulaire. Ces dix théologiens rédigèrent une profession de foi portant en substance que Jésus-Christ, dans l’eucharistie, donne effectivement, par l’œuvre du Saint-Esprit, la substance de son corps et de sou sang ; que les chrétiens reçoivent, par manière de sacrement et spirituellement, le vérituble corps de Jésus-Ch.ist qui est mort pour nous, afin qu’ils uevitnuient os de ses us et chair de sa chair ; que comme la foi, fondée sur la parole de Dieu, rend présentes les choses promises, les chrétiens reçoivent, par cette foi et par la vertu du Saint-Esprit, en réalité et par le fait, le corps et le sang de