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POISSER v. a. ou tr. (poi-sé — rad. poix). Enduire, frotter de poix : Poisser un tonneau, Poisskr un cordage. Poisser du fil.

— Par ex t. Gâter, salir avec quelque chose de gluant. Poisskr son habit. Les confitures, le miel poissent les lèvres, poissent les mains.

— Techn. Poisser les crins des brosses, Les coller dans les trous de la brosse avec de la poix.

POISSEUX, EUSE adj. (poi-seu, en-zerad. poisser). Qui poisse, qui est gluant : On peut en juger par la nature même de ce laitier ; car, s’il est fort rouge, il coule difficilement ; s’il est poisseux ou mêlé de mine mal fondue, il indiquera le mauvais travail du fourneau. (Buff.j

POISSILLON s. m. (poi-si-llon ; Il mil.dimin. de poisson). Petit poisson, il Peu usité.

POISSON s. m. (poi-son — latin piscis, gothique fisles, anglo-saxon fisc, Scandinave fiskr, ancien allemand fisk, kymrique pysg, armoricain pesk, irlandais iase, iasg, avec perte du p initial, albanais pis/ik. Pictet rapporte piscis à la racine sanscrite pis, pês, aller, d’où pésvara, mobile, à laquelle se rattache aussi un des noms du chien. Ce qui appuie fortement cette étymologie, c’est que la racine pis se retrouve dans l’anglo-saxon fysan, uller vite, se hâter, fesian, chasser, mette en fuite, Scandinave fusa, poursuivre, fv**i fn'sn, élan. Le germanique fisks, fisk pourrait en dériver directement ; mais l’accord du latin et du celtique indique l’existence d’un thème primitif. Delàtre prétend q^ue le nom du poisson signifie proprement

I animal buveur par excellence, de la racine sanscrite pi’, forme secondaire de la grande racine aryenne , boire, et il compare, à l’appui, le grec pipiskomai, je m’abreuve). Ichlhyol. Animal à sang froid, vivant dans l’eau, respirant par des Branchies : Poisson de mer. Poisson d’eau douce. Poisson de rivière. Poisson d’étang. Poisson frais. Poisson salé. Poisson mariné. Prendre, pécher du poisson. Accommoder, assaisonner du poisson. Un plat de poisson. Certains peuples, patleur position, sont réduits à vivre presque entièrement de poisson. (Brill.-Sav.) Jusque dans les derniers détails, l’économie tout entière des poissons contraste avec celle des oiseaux. (Cuv.) Le poisson ne peut pas vivre longtemps hors de l’eau. (Valenciennes.) Érasme avait ta fièvre en sentant du poisson. (Balz.) Le poisson pourri est une nourriture commune à toutes les populations de l Indo-Chine. (A. Maury.) Le poisson est un aliment qui rafraîchit l’organisme, surtout après une fatigue intellectuelle ; aucun aliment ne pourvoit aussi complètement aux dépenses de la tête ; ce n’est pas que l’usage du poisson puisse faire d’un idiot un savant ou un homme d’esprit, mais te régime ichthyophagique ne peut qu’être trèsfavorable au fonctionnement de la cervelle. (Agassiz.) Les poissons se noient dans l’eau tout aussi bien que nous, quand elle ne contient pas d’air. (J. Macé.)

Il tendit un long rets : voilà, espoitsom pris.

Voila les poissons mis aux pieds de la bergère.

La Fontaine.

I* poète fait des chansons.

Le guerrier massacre de3 hommes

Et le pêcheur prend des poissons.

Lefranc de Pompionan.

U Poisson à bâton, Nom vulgaire de la morue sèche ou stook-fish. Il Poisson armé, Nom vulgaire d’un cotte, d’un silure, des diodons.

II Poisson blanc, Dénomination générale par laquelle on désigne les poissons d’eau douce à chair pâle, molle et fade, il Poisson bourse, Nom vulgaire du guaperva. Il Poisson chirurgien, Nom vulgaire des acanthures. Il Poisson chinois, Nom vulgaire d’une espèce de gobie,

Il Poisson coffre, Nom vulgaire desostracions.

II Poisson couronné. Nom vulgaire d’une espèce de hareng, il Poisson d’avril, Nom vulgaire du maquereau, n Poisson deJonas, Nom vulgaire du requin. Il Poisson de paradis, Nom vulgaire d’un polynème des Indes. H, Poisson de roche, Nom vulgaire du bar. il Poisson de rocher, Nom vulgaire de la morue et de la plie, i) Poisson de Saint-Pierre, Nom vulgaire de la dorée, (l Poisson de Tobie, Nom vulgaire de l’uranoscope. il Poisson doré, Nom vulgaire du cyprin doré de la Chine, n Poisson empereur. Nom vulgaire de l’espadon. || Poisson fétiche, Nom donné à un poisson du Niger, il Poisson gourmand, Nom vulgaire de la girelle. U Poisson juif Nom -vulgaire du marteau. Il Puisson monoptère, Nom vulgaire d’un gade et d’un sconibre. Poisson plat, Nom vulgaire des pleuronectes. u Poisson rouge, Nom vulgaire du cyprin doré. d’oisson sacre, Nom vulgaire de l’anthias. il Poiston soleil, Nom vulgaire du tétrodon mole, u Poisson stercoraire, Nom vulgaire d’une espèce de chétodon. Il Poisson trembteur, Nom vulgaire de la torpille. Il Poisson trompette, Nom vulgaire d’une espèce de syngnathe, il Poisson volant, Nom vulgaire des exocets et des dactyloptères.

Poisson d’avril, ou simplement Poisson, Attrape, comme il est d’usage d’en faire le 1er avril :

Serment de tendresse éternelle

Est bien un vrai poisson d’avril.

Jacqueun.

Muet comme un poisson, Tout à fait muet, sans dire un seul mot : Je ne sais pas à quoi

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je suis bonne-ici, car je me suis promis de demeurer MUETTE COMME UN POISSON. (E. Sue.)

Comme le poisson dans l’eau, En un lieu, dans un état où l’on a ses aises, où l’on se trouve tout à fait bien : La Fontaine, entendant plaindre le sort des damnés au milieu du feu de l’enfer, dit naïvement : « Je me flatte qu’ils s’y accoutument et qu’à la fin ils se trouvent là comme le poisson dans l’eau. »

Donner un petit poisson pour en avoir un gros, Ne donner une chose que dans l’espérance d’en avoir une autre d une valeur plus considérable.

; — U avalerait la mer et les poissons, Se dit

d’une personne qui a une très-grande soif ou qui mange énormément.

—'• On ne sait s’il est chair ou poisson, Il n’est ni chair ni poisson, Se dit d’une personne ou d’une chose dont la nature est incertaine, le caractère douteux ou ambigu :

Ma foi, l’homme est b&ti d’une étrange façon.

Il ne sait bien souvent *"i£ est chair ou poisson.

Boii.eau.

Jl ne sait à quelle sauce manger ce poisson, Il ne peut digérer cet affront.

La sauce fait manger le poisson, La sauce vaut mieux que le poisson, Se dit a propos d’ur. plat médiocre ou mauvais en soi, mais bien apprêté, n Eig. Se dit d’une chose désagréable, mais que certains détails font supporter : Cet opéra est mauvais, mais tes ballets sont délicieux ; la sauce paît manger le

POISSON.

— Petit poisson deviendra grand, Se dit d’une choK3 qui n’a actuellement qu’un faible commencement, mais que le temps développera, par allusion à une fable de La Fontaine.

— Prov. Les gros poissons mangent les petits, Les puissants oppriment les faibles, a Jeune chair et vieux poisson, La chair des jeunes mammifères et oiseaux et celle des vieux poissons sont les meilleures.

— Iconogr. relig. Terme symbolique par lequel on désignait le Christ sur les monuments du moyen âge, parce que les initiales des mots grecs ’Iijcoùç Xçttreàç <Upû ïiôç Soirrçp, qui signifient Jésus-Christ, fils de Dieu, sauveur, forment le mot ’IX6Y2, poisson.

— Ane. coût. Poisson royal, Nom donné autrefois aux dauphins, esturgeons et saumons, parce que, lorsqu’ils échouaient sur le rivage, ils appartenaient au roi. || Poisson à lard. Baleine, marsouin, thon et veau marin, qui étaient partagés comme épaves.

— Astron. Les Poissons, Constellation zodiacale ; signe du zodiaque qui correspondait autrefois à cette constellation, u Poisson austral, Constellation de l’hémisphère méridional, il Poisson volant, Autre constellation de l’hémisphère méridional.

— Mamm. Poisson anthropomorphe. Nom vulgaire du dugong et du lamantin. Il Poisson bœuf. Poisson femme, Noms vulgaires du lamantin. Il Poisson monocéros, Nom vulgaire d’une espèce de baleine et du nerval. Il Poisson royal, Nom vulgaire du dauphin et du marsouin. Il Poisson souffleur, Nom vulgaire des cachalots et des dauphins.

— Erpét. Poisson de Dieu, Nom vulgaire de la tortue franche, du caret et de toutes les grosses tortues de mer.

— Acal. Poisson fleur, Nom vulgaire des actinies et des méduses.

— Astron. Les Poissons constituant le dernier signe du zodiaque, représenté par)(. I.a constellation de même nom est composée de 113 étoiles dans le catalogue de Flamstead. Elle est située un peu à gauche et au-dessous du grand carré de Pégase. Elle présente deux files d’étoiles, dont chacune ennstitun an Poisson ; le Poisson boréal est celui qui veut dévorer Andromède ; le Poisson occidental s’avance dans le carré de Pégase. Ils sont liés l’un à l’autre par un ruban d’étoiles.

Les Poissons passent au méridien dans le commencement du mois de novembre, vers les neuf heures du soir.

Poisson austral. Cette constellation méridionale, dont on ignore l’origine mythologique, est située sous le Verseau, composéo de H étoiles dans le catalogue britannique. Ce Poisson est en train d’avaler une belle étoile de première grandeur, nommée Fornnlhaut, qui ne brille au-dessus de notre horizon que vers l’automne.

— Cout. Poisson d’avril. V. avril.

— EncycL, Hist. nat. V. ichthyoloqib.

— Iconogr. Le poisson a été pour les premiers chrétiens l’emblème par excellence, le symbole le plus usité. «Soit hasard, soit disposition providentielle, dit l’abbé Mnrtigny, il se trouve que le mot grec ’1X6ÏÏ, qui signifie poisson, fournit les initiales des cinq mots ’lijooû ? Xçwnoij 6to5 T14 ; ïw-njp, soit, en français, Jésus-Christ, fils de Dieu, Sauveur. Comment et par qui cette énigme futelle découverte ? C’est ce qu’il serait difficile de dire ; on suppose qu’elle put venir d’Alexandrie, où quelques chrétiens, ayant cherché de bonne heure à substituer un nouvel acrostiche à ceux qui, au témoignage de Cicéron (De divin., II, 54), formaient les sutures des vers attribués aux sibylles, en auront surpris les éléments dans ce mot mystérieux. Des livres, l’IxBû ; énigmatique aurait passé dans le langage vulgaire des premiers chrétiens ; et il est certain que, dès le ne siè POIS

ele, la sens en était familier aux fidèles, puisque Clément d’Alexandrie, qui leur recommande de faire graver sur leurs sceaux l’image du poisson, s’abstient de leur en expliquer le motif.... Quoi qu’il en soit, la découverte, peut-être fortuite, d’un mot qui se prêtait si merveilleusement à exprimer le nom de Jésus-Christ, ses deux natures, sa qualité de sauveur, dut être une véritable révélation ; et on comprend que, s’emparant d’une donnée si féconde, les Pères durent donner carrière à leur imagination et à leur piété pour rechercher dans la nature même du poisson des analogies avec les différents attributs du Rédempteur. » Les Pères expliquèrent qu’ils appelaient le Christ poisson parce qu’il fut homme, et que les hommes sont comparables à des poissons qui nagent dans la mer. D’ailleurs, le poisson a joué un grand rôle dans la vie de Jésus et des apôtres, qui étaient pêcheurs. Il multiplia plusieurs fois les poissons avec le pain pour nourrir la foule qui venait l’entendre ; il paya l’impôt en mettant la pièce de monnaie qui constituait sa redevance dans la bouche d’un poisson. Le poisson était surtout pour les Pères le symbole du Sauveur, s’offrant lui-même en nourriture aux croyants : « Le poisson frit, c’est le Christ, » disent saint Grégoire, saint Augustin, et Bède le Vénérable reproduisit plus tard cette idée en lui donnant une forme propre à la graver dans la mémoire : « Piscis assus Christus est passvs ; Le poisson frit, c’est le Christ souffrant. » Dans les monuments iconographiques des premiers siècles, le poisson figure partout, en lettres, "Ijj84f, on en figure ; sur les tombes, l’ancre en forme de croix est fréquemment associée au poisson ou à l’acrostiche et signifie l’espérance en Dieu. Mais ce sont surtout les objets portatifs à l’usage des premiers chrétiens, anneaux, pierres gravées, amulettes, qui reproduisent cette figure. Tantôt ce sont des poissons de verre ou do métal destinés a être suspendus au cou, tantôt des lampes qui en ont la forme. Le poisson fut aussi un emblème baptismal. L’esprit mystique des chrétiens attribuait la vertu des eaux des fonts à la présence du Christ invisible, poisson mystérieux.. Aussi appelaient-ils piscine l’eau du baptême et représentaient-ils des poissons sur les vasques. Sur quelques monuments, la croix est figurée a côté du poisson, dont elle complète la signification mystique, en mettant sous les yeux l’instrument sur lequel s’est opéré le gVand acte de la rédemption. Foggini possédait une pierre annulaire gravée représentant Jésus, les pieds appuyés sur un poisson, se penchant pour relever Adam et Eve agenouillés devant lui, près du serpent tentateur ; les iconographes ont vu, dans cette scène, la promesse d’un rédempteur faite a nos premiers parents après leur péché. D’autres pierres gravées, . publiées par Alêandre et par Ficoroni, nous montrent une barque reposant sur le dos d’un poisson, image de l’Église s’appuyant sur le Christ pour affronter les orages. Polidori cite un hiéroglyphe baptismal où un enfant est vu nssis sur un pomon.• l’enfant, c’est le baptiste, et le poisson, c’est le Christ, auteur du baptême. Saint Optât de Milève dit que le Christ, descendant invisiblement dans l’eau des fonts baptismaux, la sanctifie par sa grâce et lui donne la vertu de nous purifier de la tache originelle, et que du mystérieux poisson (piscis) vient le nom de piscine donné à cette eau. De là vint l’usage de représenter des poissons dans les vasques baptismales et dans les baptistères en général. Cet usage se conserva fort longtemps, car nous voyons des images de ce genre sculptées par Jacopo délia Quercia, au commencement du xvc siècle, au fond d’un bénitier de la cathédrale de Sienne.

Le poisson fut aussi le symbole du chrétien. Les apôtres remplacèrent la pêche dos poissons par celle des hommes. Tertullien appelle le Christ le grand poisson, et les chrétiens de petits poissons qui naissent dans l’eau, c’est-à-dire dans le baptême. Le Christ et ses apôtres étant souvent désignés sous te nom de pêcheurs et figurés comme tels, il devint naturel, dit l’abbé Martigny, d’appeler poissons les hommes gagnés à la foi chrétienne par le divin appas de la parole évangélique. Sur divers monuments, les fidèles sont figurés par des poissons suspendus a un hameçon ou pris dans un filet. Un marbre chrétien, publié par Marangoni, représente une ancre debout, figurant une croix, de laquelle descend une corde ou une ligne avec un poisson à l’extrémité. Dans quelques églises très-anciennes, notamment dans la cathédrale de Ravenne, des pavés en mosaïque offrent des poissons emblématiques. Souvent sur les pierres annulaires, et quelquefois sur les pierres sépulcrales, on observe une ancre accostée de deux poissons ; Lupi voit dans cette dualité un emblème de la fidélité conjugale ; l’abbé Polidori, un symbole de la réunion des deux peuples (l«s Juifs et les gentils) qui constituèrent l’Église primitive ; mais peut-être n’est-ce là, comme le croit Costadoni, qu’une simple affaire de symétrie. Des iconographes ont vu une image des deux Églises dans le sujet qui orne l’antique porte de Saint-Zénon, à Vérone : entre deux arbres couverts de feuilles, deux femmes allaitent, l’une deux poissons, l’autre deux enfants.

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Après Constantin, le poisson mystérieux et mbolique, qui avait tant de fois rallié les

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fidèles, disparut peu h peu quand il ne fut plus nécessaire de déguiser la foi chrétienne. Parmi les espèces de poissons employées dans ces représentations symboliques, le dauphin fut assez souvent choisi. Il n est pas impossible que certaines traditions païennes ou asiatiques aient contribué aussi à entretenir chez les chrétiens l’importance emblématique du poisson. Divers peuples syriens eurent leur dieu-poisson ; ils avaient des traditions d’in carnation des divinités sous la figure àepeissons. Les Grecs avaient, de leur côté, placé au oiel les poissons qui emportèrent Vénus et l’Amour fuyant Typhon. Vichnou s’incarna dans un poisson ; ce fut son premier avatar. Si de 1 allégorisme religieux nous descendons dans la réalité, nous voyons le poisson figurer fréquemment, comme simple motif d’ornementation, dans des monuments de diverses époq’uesetde divers pays. Quelques artistes ont excellé à représenter les habitants des eaux. Au musée des Studj, à Naples, des mosaïques provenant de Pompéi et d’Herculanum nous offrent des poissons et des crustacés imités avec une surprenante fidélité. Le peintre flamand Snyders est le Raphaël des poissons ; il y a, de lui, da véritables merveilles de couleur et de vérité dans les musées de Marseille, de Lyon, de Cherbourg, de Valenciennes, pour ne parler que de celles que nous possédons en France. Chez les Hollandais, les meilleurs peintres de poissons sont Albert van Beyeren et Jacob Gillig, dont les œuvres mériteraient d’être plus répandues. Adrien van Ostade, Jan Steen,

Metsu et beaucoup d’autres Néerlandais ont peint, à l’occasion, des poissons d’une excellente couleur. Parmi les graveurs anciens qui ont exécuté des représentations de ce genre, nous citerons : Nicolas de Bruyn (13 pi.), Ad. Collaert (Piscium icônes, 35 pi.), Pierre Firens (Piscium vivae icônes), Dirk von Bray (1672, 12 pi.), Henri Leroy (S pi.), Albert Flamen (Icônes diversorum piscium lum maris tum amniitm..., 68 pi.), etc. De nos jours, M. Antoine Vollon se montre digne de Snyders dans la peinture de poissons de mer ; les tableaux de ce genre qu’il a exposés aux Salons de 18S7, 1870, 1874 ont été particulièrement admirés.

— Aîlus. littér. Finir en queue de pole•<kn. V. DBSINtT IN P1SCEM.

POISSON s. m. (pot-son. — L’origine de ca mot est inconnue. On a dit autrefois poçon, pochon et poulçon, et Génin s’en autorise pour tirer poisson de poche, dans le sens de cuiller à pot, ce qui est très-hasardé. M. E. Fournier a rattaché ce mot à une ancienne légende racontée par Grégoire de Tours, mais il n’a pu y réussir qu’à 1 aide de certains artifices de style qui font dire au célèbre chroniqueur ce qu’il n’a pas dit en réalité. «Grégoire de Tours nous raconte qu’un pauvre pêcheur des bords de la Loire, n’ayant plus ni dans sa cave ni dans son buffet une seule goutte de vin pour se ranimer au travail, ’se mit à prier saint Martin de lui faire la grâce d’une pêche heureuse au premier coup de filet qu’il jetterait et qu’en effet, lorsqu’il fut en pleine Loire, il prit de son premier coup de filet un magnifique poisson. Revenu bien vite sur le bord, il entre au cabaret le plus voisin et le poisson péché par l’intercession du saint fut le prix du vin qu’il y but. Il nous semble que ce dut être assez de cette légende, propagée de buveur en buveur pendant des siècles, pour créer cette expression de poissoti, encore en cours dans l’argot de nos tavernes. ■ On devine que M. E. Fournier a créé de toutes pièces la seconde moitié do la légende ; mais, même avec cette addition, l’interprétation est encore plus que risquée. Furctière interprète poisson par le latin potio, qui a donné potion et boisson ; cette explication nous parait la plus naturelle). Ancienne mesure pour les liquides, qui valait un demi-setier : Un poisson d’eau-de-vie, de vinaigre.

POISSON (Robert), linguiste français, né dans le Cotentin en 1560, mort à une époque inconnue. On a de lui un livre singulier et plein d’idées extravagantes sur l’orthographe française. Cet ouvrage, aujourd’hui rarissime, est intitulé : Alfabet nouveau de la vrée et pure ortografe françoise et modèle sur icetui en forme de dixionère, dédié au roi de Navarre Henri l V, par Robert Poisson, equier an la vile de Valonnes (1609, in-8°).

POISSON (Raymond), comédien et auteur dramatique français, né à Paris en 1633, mort dans la même ville en 1690. U était fils d’un mathématicien distingué. Devenu orphelin, il trouva un protecteur dans le duo de Créqui, qui l’attacha à sa maison ; mais, poussé par son goût pour le théâtre, le jeune Poisson ne tarda pas à s’enrôler dans une troupe de comédiens ambulants. Il s’en alla courir la province et mena cette vie d’aventures dont le Moman comique de Scarron nous offre un si fidèle tableau. Plus tard, il figura, par hasard, dans une représentation donnée devant Louis XIV et remplit si bien son rôle, que le roi le choisit pour l’un de ses comédiens. À partir de 1633, il fit partie du, théâtre de l’hôtel de Bourgogne, dont il devint un des meilleurs acteurs. S’il ne fut pas, comme on l’a prétendu, le créateur du rôle de Crispin, il est certain qu’il le joua avec un naturel inimitable, et le costume dont il s’affubla est resté depuis lors, traditionnel et s’est