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qui s’élevait au centre de la contrée et qui envoyait au S. son embranchement le plus élevé, le Cirphis ; ses cours d’eau les plus importants étaient, au N., le Céphise et, au S., le Plistos. Ce pays, dont le rôle politique fut peu important, était le centre religieux de la Grèce. Là, en effet, se trouvaient le Parnasse, le temple de Delphes avec l’oracle d’Apollon, qui en faisaient comme un territoire sacré. Les villes principales de la Phocide étaient, sur le golfe de Corinthe et aux environs du Parnasse : Bulis, Stiris, Ambrysos, Anticyra, Cirrha, Crissa, Delphes, Daulis, Punopée, Néon et Lilea ; dans le bassin du Céphise : Parapotainie, Lédon, Amphiclée, Drymée, Tithronion et Étatée.

Les premiers habitants de la Phocide furent des barbares appelés Abantes et Hyantes, puis des Léléges entremêlés de Pélasges et de Thraces ; enfin, après l’invasion hellénique, des Eoliens et des Achéens, arrivés sous la conduite de l’Eolien Phocus, qui donna son nom’au pays. Plus tard, ils constituèrent un État fédératif et prirent part à la guerre des Perses, ainsi qu’à la guerre du Péloponèse, dans laquelle ils se rangèrent du côté des Lacédémoniens. Sous le roi de Macédoine Philippe II, ils eurent à soutenir une guerre qui dura dix ans, de l’an 355 à l’an 346 av. J.-C., pour avoir refusé de se conformer aux décisions des ainphictyons, qui les avaient frappés d’amende parce qu’ils avaient usurpé une partie du territoire appartenant un temple de Delphes. Cette guerre est ordinairement désignée par les historiens sous le nom de guerre sacrée (v. ce mot). Après la bataille de Chéronée, la Phocide partagea le sort du reste de la Grèce. Sous la domination romaine, elle fut comprise dans l’Achaïe. De nos jours, la Phocide forme, avec la Doride et la Locride, dans le royaume de Grèce, la nomarchie de Phecide-et-Phthiotîde, qui renferme 91.941 hab. et dont les villes principales sont Zeitoun, le chef-lieu, et Salotia.

PHOCIDE, ÉE adj. (fo-si-dé). Mamm. Syn.

de PUOCACÉ, ÉE.

PHOCIEN, ienne (fo-si-ain, i-è-ne). Mamm. Syn. de phocacé, ée,

phocin, INE (fo-sain, i-ne). Mamm. Syn.

de PilOCACE, ÉË.

PHOCION, général, orateur et homme d’Etat athénien, né vers l’an 400 av. J.-C, mort en l’an 317. Il apprit la philosophie sous Platon et Xénocrate, la politique en étudiant la vie d’Aristide et l’art milituire sous Chabrias, qu’il seconda à la bataille navale de Naxos (383) et dans diverses expéditions. Pendant la guerre sociale (359-356), il rendit des services aux Athéniens, réussit plus tard à soustraire l’Eubée aux attaques de Philippe et força ce prince à lever le Siège de Byzance et de Périnthe. Dans le temps où la plupart des orateurs et des homnes d’État de la Grèce étaient vendus à Philippe de Macédoine, Phocion resta pur et incorruptible ; mais s’il ne prostitua pas sa parole, il n’en conseilla pas moins les résolutions les plus opposées à l’esprit et aux traditions glorieuses de la république. Grave et ’ austère, de mœurs pures et irréprochables, il s’éleva dans Athènes autant peut-être par son dédain pour les opinions de la multitude que^par ses talents et ses vertus privées. Chef du vieux parti aristocratique, imitateur de la morgue lacédémonienne, précouisateur de la simplicité des mœurs antiques, il ne comprit jamais les vertus héroïques nécessaires au salut de la patrie en danger. Toute sa vie politique fut dominée par la crainte de soumettre la fortune publique aux chances d’une lutte contre la Macédoine, lutte qui, après tout, n’excédait pas l’étendue des ressources d’Athènes. Il n’eut pas foi dans la patrie et, dans la situation terrible où elle se trouvait, c’était un crime. Pendant que Démosthène, emporté par l’enthousiasme et les saintes colères du patriotisme, osait seul lutter contre le Mars macédonien et soulever toutes les cités grecques, Phocion ne savait que recommander la résignation aux ordres même les plus révoltants ; orateur sans élévation, sans chaleur et sans enthousiasme, il enveloppait de formes rudes et blessantes des conseils d’une prudence fort peu héroïque et qui n’étaient pas de nature à relever les Athéniens énervés : « Je crois qu’il vaut mieux avoir recours aux prières que de prendre les armes. — Vous devez être les plus forts ou les amis de ceux qui le sont. — N’irritons pas Philippe ! ■ Si cette politique eût définitivement prévalu, le passage à une.vie nouvelle eût peut-être été moins douloureux pour la Grèce ; mais quelle honte c’eût été que de laisser périr sans combattre et sans protester ces démocraties grecques qui avaient eu de longues années de légitime grandeur et de gloire ! Déinosthène empêcha cette lâcheté ; il voulait qu’on s’ensevelit sous les ruines de la patrie plutôt que d’accepter la servitude, et s’il ne put sauver la fortune de son pays, il en sauva du moins l’honneur. On connaît les luttes oratoires de ces deux hommes, ou plutôt de ces deux principes ; on sait que Démosthène appelait son éternel adversaire la hnchodeieidiicoiiri et qu’il eut aie combattre au moins autant que Philippe. Les Athéniens, au reste, suivaient peu les avis de Phocion, et cependant ils le nommèrent quarante-cinq fois général sans qu’il ait sollicité les suffrages, car il méprisait la multitude à

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ce point qu’un jour, dans l’assemblée du peuple, son avis étant approuvé avec acclamation, il demanda aux amis qui l’entouraient « s’il lui était échappé quelque sottise. » Après le sac de Thèbes, lorsque Alexandre exigea que les Athéniens, pour conserver la paix, lui livrassent huit de leurs orateurs, Phocion insista pour que cette lâcheté fût commise. C’est ainsi qu’il se courbait toujours au gré des événements, uniquement préoccupé de la nécessité de flatter le vainqueur, même au prix des plus humiliantes concessions. Après la mort du conquérant, la guerre lamiaque, effort suprême tenté en faveur de la liberté hellénique, fut décidée malgré lui et ceux du parti de l’oligarchie. Il fut néanmoins revêtu d’un commandement et eut quelques succès contre les Macédoniens qui ravageaient les côtes de l’Attique. Mais lorsque, après le succès de la bataille de Cranon, Antipater marcha sur Athènes et la soumit (328), il y abolit le gouvernement populaire, dépouilla 12,000 Athéniens du droit de cité, établit l’oligarchie et nomma Phocion gouverneur avec une forte garnison macédonienne pour appui. Il est remarquable que la faction aristocratique triomphait toujours sur les ruines de la patrie. Le « grand citoyen » parut trop résigné à ce nouvel état de choses pour n’être pas accusé d’en avoirété complice. Athènes humiliée et abattue neluipardonnajamais de s’être fait le lieutenant de ses oppresseurs. Aussi, lorsque Polysperchon, l’un des capitaines d’Alexandre, qui disputait l’empire à ses rivaux, eut rétabli pour un moment la démocratie dans Athènes pour l’attirer dans son alliance, Phocion, traduit devant l’assemblée du peuple, fut condamné à mort comme traîtré à la patrie par le suffrage unanime de ses concitoyens. Il but la ciguë et mourut ainsi à l’âge de quatre-vingt-trois ans. Sa Vie a été écrite par Plutarque et par Cornélius Népos.

Ptiocioti (ENTRETIENS DE) lur le rapport de la moralo avco la politique, traduit du grec

de Nicoclès, avec des remarques (Amsterdam, 1763, in-12), ouvrage de l’abbé Mably. Ne pouvant émettre ses idées en son nom personnel, Mably les attribua à l’antiquité même et présenta son livre comme traduit du grec. Ainsi, pour mieux frapper ses contemporains, pour donner plus d’autorité à ses vues, il les mit sous la sauvegarde d’un nom révéré par l’histoire. S’il emprunta la voix de Phocion, ce fut pour imprimer la sanction d’un grand homme aux instructions de morale et de politique qu’il voulait donner à’ ses concitoyens. Athènes figurait Paris ou Versailles, et le siècle choisi comme sujet de discussion n’était pas sans quelque analogie avec l’époque et la société -du milieu du xvme siècle. Phocion s’entretient avec ses amis des maux qui affligent la patrie ; il remonte à la cause de ces maux, il ose en chercher les remèdes. Il a vu que les pays ne sont libres et florissants que par la sagesse de leurs lois. Or, les mœurs sont partout le rempart des lois. Il faut donc, tandis que la politique règle la forme et la constitution des États, que la morale règle la conduite et les actions des particuliers ; ce sont les vertus domestiques qui préparent les vertus publiques. Le législateur le plus habile est celui qui sait le mieux saisir les rapports secrets et la connexité de la morale privée avec la politique, qui est la morale des États ; cette alliance ou dépendance est telle, que l’oubli des mœurs entraîne l’oubli des lois, et que le inépris des lois achève la perte des mœurs. Il n’est plus de frein, et tous les vices précipitent la ruine de la république. S il est prouvé que la politique est fondée sur la morale et que la vertu est la base constante de la prospérité des États, pourquoi le législateur ne ferait-il pas des affections sociales la base de ses institutions, pourquoi ne grefferait-il pas ses lois sur les lois éternelles de la nature ? Mais si tous les sentiments généreux sont prêts à s’éteindre, si la corruption agagné jusqu’au cœur de l’État, cherchez-y, s’écrie Phocion, la dernière étincelle de la vertu. Commencez par ranimer l’amour inné de la gloire, la plus vivace des passions nobles ; de ressort en ressort, de vertu en vertu, remontez jusqu’aux bonnes mœurs. Est-ce lace que fait Athènes ? Elle a oublié les sages institutions de ses ancêtres, les goûts simples de la nature ; elle s’abandonne à toutes les extravagances du luxe ; elle a sacrifié et exilé les Sourate et les Aristide ; elle court aux rhéteurs et aux sophistes, aux Laïs et aux histrions. Le mépris des lois a suivi le inépris des dieux. L’argent est le seul dieu de la Grèce. «Ah ! si l’argent est aussi puissant que le disent les Athéniens, que n’achetonsnous un Miltiade, un ïhémistocle, des citoyens et des héros 1 Athènes sera-t-elle livrée aux barbares ? Quel est le génie puissant qui pourra la régénérer ?

Personne ne erutTouvrage antique ; mais, à la morale qui y respire, à l’amour du beau, Ju juste et de l’honnête, à ce goût sévère qui y règne, on le jugea digne des anciens. Il a toute la pureté de trait et la simplicité des formes antiques. C’est l’ouvrage le mieux écrit de Mably, qui est ici en avant de Rousseau sur quelques questions, celle, par exemple, de l’harmonica établir entre le patriotisme et l’humanité. À un autre point de vue, son livre est une inspiration du passé. ■ Il y professe, dit M. Henri Martin, le culte exclusif, absolu des anciens et témoi PHŒB

gne un mépris tout à fait antique pour les artisans et les mercenaires ; il veut, comme Voltaire, qu’on n’appelle aux droits politiques que les possesseurs. « Cet ouvrage, dès son apparition, fut placé au rang des meilleurs écrits du siècle et fut jugé digne d’un prix de 600 fr. fondé parla Société de Berne.

Phocion, tragédie, en cinq actes, par Campistron ; représentée le 16 décembre 16S8. Cette pièce est une des meilleurs tragédies de l’auteur, ce qui ne veut pas dire que ce soit un chef-d’œuvre. Elle est triste, froide, vide d’action. Les deux premiers actes et une partie du troisième se passent en expositions et en récits ennuyeux. On voit à regret un scélérat, Agnonide, triompher de Phocion et la mort d Aleinoùs- arriver en pure perte. Les caractères sont peu intéressants ; cependant, Phocion et Alcinoûs, tous deux animés de vertus patriotiques, sont des caractères assez bien soutenus. Quelques endroits, quelques situations ont un certain air de vigueur tragique, mais dans les deux derniers actes seulement. Ensemble et détails, tout semble coulé dans un moule banal. < Campistron, dit Laharpe, n’avait de force d’aucune espèce ; pas un caractère marqué, pas une situation frappante, pas une scène approfondie, pas un vers nerveux. Il cherche sans cesse a imiter Racine ; mais ce n’est qu’un apprenti qui a devant lui le tableau d’un maître et qui, d’une main timide et indécise, crayonne des figures inanimées. La versification de cet auteur n’est que d’un degré au-dessus de celle de Pradon ; elle n’est pas ridicule, mais en général c’est une prose commune, assez facilement rimée. » Le même sujet a été traité par J. Royou, dans une tragédie en cinq actes, également intitulée Phocion et jouée avec peu de succès au Théâtre-Français en 1817.

Phoeion (LES FUNÉRMLLES ET LES CENDRES

de), deux tableaux de N. Poussin, Sur le devant d’un magnifique paysage, dont le fond laisse apercevoir les monuments d’une grande ville, deux hommes portent en silence un cadavre, celui de Phocion, qui. À l’âge de quatre-vingts ans, fut condamné & boire Ta cigiie. Ses funérailles ont lieu sans aucun appareil ; les travaux de la campagne n’en sont point interrompus : une cérémonie publique a lieu, et une foule d Athéniens se porte vers le temple, tandis que le corps de leur ancien général est abandonné. Ce beau tableau fut peint en 1650 pour M. Cerisier ; il a été gravé en 1684 par Et. Baudet et sert de pendant au suivant. Celui-ci est conçu dans ce qu’on appelle le style héroïque. Deux groupes de beaux arbres ornent les deux côtés du tableau et ie fond représente la ville d’Athènes. Sur le devant on voit une pauvre femme de Mégare, alors en lutte avec Athènes, qui, trouvant après l’injuste condamnation de Phocion son corps sans sépulture, le fait brûler et recueille avec soin ses cendres pour les rendre à sa patrie lorsque plus tard elle aura reconnu son injustice. Cet admirable tableau est peut-être encore supérieur au premier pour la beauté de l’exécution et la profondeur de la pensée. Il fut peint aussi vers 1650 pour M. Cerisier et a été gravé par Et. Baudet, ainsi que par Réveil dans le Musée de peinture.

PHOCODON s. m. (fo-ko-don — du gr. phôkê, phoque ; odous, dent). Mamm. Section du genre phoque.

PHOCOMÈLE s. m. (fo-ko-mè-le — du gr. phôkê, phoque ; melos, membre). Tératol. Monstre dont les mains ou les pieds s’insèrent immédiatement sur le tronc, comme chez le phoque.

PHOCOMÉLIE s. f. (fo-ko-mé-11 — rad. phocomèle). Tératol. Conformation des phocomèles.

PHOCOMÉLIEN, IENNE adj. (fo-ko-mé-liain, i-è-ne — rad. phocomélie). Tératol. Se dit des monstres par phocomélic : Monstres

PHOCOMÉLIENS.

PHOCOMÉLIQUE adj. (fo-ko-mé-li-kerad. phocomélie). Tératol. Qui appartient à la phocomélie : Conformation phocomélique.

PHOCYLIDE, poète gnomique grec, contemporain de Théognis, né à Milet (lonie) dans le vie siècle av. J.-C. Il avait composé quelques poèmes héroïques et des élégies citées avec éloge. Il reste de lui un poème moral de 217 vers, imprimé ordinairement avec les sentences de Théognis et des autres poètes gnomiques ; édité à part (Leipzig, 1751) par Schier ; traduit en français par Duché (1098), par Coupé (1798), etc.

PHODILE s. ni. (fo-di-le). Ornith. Section du genre chouette.

PHŒ. V. À phé tous les mots commençant de cette façon et qui ne se trouvent pas ici. phoebé. V. Diane.

PliœiîIDAS, général Spartiate, mort en 377 av. J.-C. Il s’empara par trahison (382 uv. J.-C), et au mépris des traités, de la Cadinée de Thèbes (v. Pélopidas) et soumit la ville k l’aristocratie, après avoir proscrit tous les citoyens du parti populaire. Un cri d’indignation s’éleva dans toute la Grèce contre cette violation de la foi publique et du droit des gens. Les Spartiates se contentèrent de condamner Phœbidas à une amende et de lui retirer le commandement ; mais ils gardèrent la citadelle. Plus lard, ce général fut tué devant Thespies.

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PHŒBUS, un des noms d’Apollon.

PHŒNICINE s. f. (fé-ni-si-ne — du gr. phoinix, rouge). Cliim. Nom donné par Walther Crum à la matière colorante rouge du sang ou hématosine.

PHGEN1CONTE. Trois ports dans le monde —grec portèrent ce nom : un sur les côtes de Messènie, près des îles CSnuses ; un autre dans la Lycie méridionale ; un troisième dans l’Ionie, près d’Erythrée.

PHŒNICOPTÈRE s. m. (fé-ni-ko-ptè-redu gr. phoinix, rouge ; pteron, oiseau). Ornith. Nom scientifique du genre flamant.

PHŒNICORE adj. (fé-ni-ku-re — du grphoinix, rouge ; aura, queue). Zool. Qui a la queue rouge.

— s. m. Ornith. Espèce de fauvette qui a la queue rouge.

PHŒNIX s. m. (fé-nikss — gr. phoinix, proprement rouge). Monnaie à argent, en usage en Grèce dans les premiers temps de l’indépendance, et qui valait environ 0 fr. 83.

PHŒNODINE s. f. (fé-no-di-ne — du gr. phoinôdis, de couleur rouge). Chim. Nom donné par Hunefald à la matière colorante rouge du sang ou hématosine.

PHOLADAIRE adj. (fo-la-dè-re — rad. pholade). Moll. Qui. ressemble à la pholade. il Ou

dit aussi PHOLADACE, ÉE.

— s. f. pi. Famille de mollusques acéphales, du groupe des enfermés, ayant pour type le genre pholade.

PHOLADE s. f. (fo-la-de — gr. pholas ; de pholusà, je me cache). Moll. Genre do mollusques acéphales, du groupe des enfermés, type de la famille des pholadaires, comprenant une douzaine d’espèces vivantes, dont plusieurs habitent la Méditerranée, et quelques espèces fossiles : Les pholades percent les pierres, le bois, ou s’enfoncent dans le sable. (Dujardin.) H est une pholade gui perce le bois comme le taret, habitude désastreuse pour tes travaux des ports et pour toutes les constructions de la marine. (L. Figuier.)

— Encycl. Les pholades ont le corps épais, conique ou presque cylindrique, en général allongé, rarement raccourci ; le manteau se réfléchit à la partie dorsale ; son ouverture antérieure, assez petite, laisse passer deux tubes, dont l’un sert à absorber et l’autre à rejeter l’eau ; ces deux tubes sont souvent allongés et réunis sous une peau comtnuno très-extensible et dilatable ; la bouche est petite, munie de très-petits appendices labiaux ; les branchies sont allongées, étroites, ud peu inégales de chaque côté, réunies sur une même ligne dans presque toute leur longueur et se prolongeant jusque dans le siphon ; le pied, placé à la partie supérieure, est court, oblong, très-épais et aplati à l’extrémité. La coquille, mince, un peu transparente et comme lactée, parfois recouverte d’un léger épidémie, est ovoïde, allongée, équivalve, inéquilatérale, bâillante aux deux extrémités, surtout en avant ; les sommets sont peu marqués et cachés par deux callosités ; la charnière est dépourvue de dents ; le ligament paraît ne pas exister ; il est remplacé par le pli dorsal du manteau, qui déborde les sommets et maintient réunies les différentes pièces de la coquille ; les impressions musculaires sont très-éloignées et liées entre elles par un sillon long et étroit ; l’impresssion antérieure est si petite et si peu distincte que son existence a été niée par quelques auteurs. On trouve aussi quelquefois, entre les deux valves, plusieurs pièces accessoires ou bien un tube calcaire ouvert en arrière.

Les pholades sont toutes marines et se tiennent habituellement près des rivages. Elles vivent dans les pierres, les madrépores, les bois immergés et quelquefois même dans la vase. Si la marée descendante les laisse à découvert et qu’elles soient inquiétées, elles éjaculent par leur siphon, aune distance plus ou moins grande, l’eau que contenait leur manteau et qui humectait leurs branchies. Les trous qu’elles se creusent sont en général peu profonds ; elles y sont toujours placées le pied et la bouche en bas et les tubes en haut ; tous leurs mouvements se bornent à s’élever ou à s’abaisser dans ces trous. Elles paraissent pouvoir vivre dans l’eau douce ; Adanson assure en avoir trouvé dans le Niger, à une hauteur où les eaux de la mer no remontent que pendant quelques mois de l’année. Ce fait, observé aussi chez beaucoup d’autres mollusques, n’a rien qui doive surprendre.

« Deux opinions, dit M. L. Rousseau, ont été émises pour expliquer de quelle manière ces animaux perforent les corps où ils se logent ; la première est celle qui veut que le frottement continuel.de l’animal sur le corps qu’il habita, et la macération produite pur l’eau de l’animal sur ces mêmes corps suffisent pour les attendrir et faire que ces mouvements puissent enlever successivement ces couches à mesure qu’elles se forment ; la seconde est celle qui suppose que ces animaux sont pourvus d’un acide qui décompose les corps sur lesquels ils sont fixés. Il est très-probable, en effet, que ces animaux ont un acide dont ils se servent pour attendrir les corps ; mais il est certain que le mouvement continuel de l’animal leur sert beaucoup pour percer des trous. •

Les pholades possèdent encore une pro-