virons ; fabrique de poterie. La ville, bâtie sur une hauteur qui domine les environs, a été jusqu’en 1853 une place de guerre protégée par cinq bastions et un large fossé ; ses fortifications ont été démolies de 1853 à 1855. Elle présente la forme d’un pentagone régulier ; les rues, larges, bien bâties et tirées au cordeau, aboutissent à une grande place au centre de la cité, qui possède de grandes casernes. Philippeville ne fut d’abord qu’un simple bourg appelé Corbigny, sur l’emplacement duquel Charles-Quint fit construire, en 1555, la ville actuelle, à laquelle il donna le nom de son fils, Philippe II. Don Juan d’Autriche la prit aux Hollandais en 1578. Les Français l’obtinrent en 1659 par le traité des Pyrénées et la conservèrent jusqu’en 1815.
PHILIPPEVILLE (Russicada des Romains), ville forte de l’Algérie, province et à 83 kilom.
N.-E. de Constantine, 360 kilom. d’Alger,
92 kilom. de Bône ; tête de ligne du chemin de
fer de Constantine ; pop. europ., 9,358 hab.
— pop. indig., 605 hab. Sous-préfecture ;
tribunal de Ire instance ; chambre de commerce ;
justice de paix ; mairie ; église catholique ;
oratoire protestant ; mosquée ; école
communale et école des frères pour les garçons ;
école des filles dirigée par les sœurs ;
collège communal pour l’enseignement spécial
secondaire ; hôpital militaire ; hospice et
hôpital civil ; casernes d’infanterie et de cavalerie ;
cercle civil ; cercle et bibliothèque
militaires ; télégraphie et bureau de poste ;
musée et théâtre ; squares ; fontaines alimentées
par les eaux qui sourdent de la montagne
et se déversent dans de magnifiques citernes.
Philippeville est une cité entièrement nouvelle, dont la fondation ne date que du mois d’octobre 1838. « La situation de l’Algérie était, à la fin de l’année 1838, calme partout et les agressions des indigènes se bornaient, dit M. Barbier dans son Itinéraire, à des attaques individuelles ou par bandes de malfaiteurs, qu’on réprimait aisément. Le gouverneur général profita de cette tranquillité pour organiser l’administration de la province de Constantine. Après les reconnaissances effectuées en janvier et avril précédents, le chemin de Stora était ouvert à l’armée ; les camps de Smendon et d’El-Arrouch étaient occupés et fortifiés. La tête de la route de Constantine ne se trouvait plus qu’à neuf lieues de la mer et s’en rapprochait chaque jour. Le 6 octobre, 4,000 hommes étaient réunis au camp d’El-Arrouch. Ils en partirent le lendemain et allèrent camper sur les ruines de Russicada. Aucune résistance n’avait été opposée ; seulement, dans la nuit, quelques coups de fusil tirés sur les avant-postes protestèrent contre une prise de possession à laquelle les Kabyles devaient bientôt se résigner. Mais, le 8, un convoi de mulets arabes, escorté par des milices turques à notre service, ayant été, dans un étroit défilé, attaqué avec quelque avantage, les indigènes, encouragés par ce facile succès, dirigèrent dans la nuit suivante une nouvelle attaque contre le camp d’El-Arrouch, qu’ils savaient n’être plus gardé, depuis le départ de l’armée pour Stora, que par des Turcs. Ceux-ci opposèrent une si énergique résistance, que les assaillants, ayant éprouvé des pertes considérables, firent connaître au commandant du camp leur intention de rester désormais tranquilles. L’armée travailla sans relâche à fortifier la position qu’elle venait d’occuper. Le sol, jonché de ruines romaines, lui fournit les premiers matériaux, et des pierres taillées depuis vingt siècles revêtirent des murailles toutes neuves. La ville reçut le nom de Philippeville. »
Les anciens historiens parlent tous de Russicada, le port naturel de Cirta. Léon l’Africain dit même que, de son temps, on suivait encore une voie romaine, en pierre noire, qui reliait ces deux villes. Le maréchal Valée vint s’établir, le 7 octobre 1838, sur les ruines de Russicada et il jeta les fondations du fort de France, sous la protection duquel s’éleva bientôt la nouvelle ville, bâtie dans une sorte de grand col plat, entre les hautes terres situées à l’ouest et une colline de l’autre côté de laquelle est l’embouchure de la Saf-Saf, dont elle commande toute la vallée.
Philippeville n’a aucune de ces masures qui attristent les yeux dans nos villes africaines. Création toute française, elle a le caractère de toutes les villes que nous avons élevées en Algérie ; ses rues droites sont bien percées, ses maisons assez bien bâties et ses constructions plus vastes et plus nombreuses que ne l’exigerait le nombre de ses habitants. Il y a plusieurs places. La plus agréable, sinon la plus belle, est la place de Marqué, que la mer vient battre. Les environs de Philippeville sont très-pittoresques ; ils offrent quelques promenades charmantes, bordées de délicieux jardins et de gracieuses villas. La Folie-Strauss est, sans contredit, la plus coquette.
Philippeville fait par elle-même un commerce assez considérable de grains ; elle reçoit tout ce qui s’achète sur les marchés de Saint-Charles, de Jemmapes, d’El-Arrouch et, de plus, tout ce que produit la belle vallée du Saf-Saf ; mais c’est à ses rapports avec Constantine qu’elle doit surtout son importance. Créée pour servir de dégagement à tout le commerce intérieur dont Constantine est le centre, elle est devenue le complément indispensable de cette ville. Tête de ligne du chemin de fer, Philippeville jouit d’une situation exceptionnelle, qui en fait non-seulement le port commercial et militaire de Constantine, mais encore le centre de transit et d’entrepôt du commerce de l’Europe avec l’Algérie orientale.
Nous empruntons au journal l’Indépendant de Constantine, donnant un relevé du mouvement commercial du port de Philippeville, les chiffres suivants, qui représentent l’exportation du 4e trimestre des deux années 1872-1873 :
1873. 1872.
Bœufs (têtes). 89 »
Moutons 11,992 10,037
Peaux brutes (kilogr.) 143.822 85,843
Laines 141,585 145,761
Poisson de mer.... 56,832 60,489
Os et cornes 111,112 99,163
Blé.. 21,264,344 14,744,380
Orge 9,149,520 15,067,860
Farine 500,570 545,302
Huile 194,268 566,079
Liège brut 486,487 289,309
Crin végétal 7,757 3,801
Écorce à tan 620,552 135,025
Il ne manquait à Philippeville qu’un port ; ce que 1» nature lui a refusé, elle le trouve à trois kilomètres, dans sa rade même, à Stora. Aussi a-t-on peine à s’expliquer les sacrifices d’argent que l’on fait en vue de créer à Philippeville même un bassin artificiel, impossible à exécuter, la grosse mer détruisant le lendemain ce que l’on a édifié la veille. Les villages de Damrémont, Stora, Valée et Saint-Antoine sont des annexes de la commune de Philippeville. Damrémont est situé à 5 kilom. S.-E., sur la rive gauche du Saf-Saf ; Stora, à 3 kilom. N.-O. ; Valée, en face de Damrémont, sur l’autre rive, et Saint-Antoine, à 7 kilom. N., au sommet dé la vallée du Zéramna.
À 7 kilom. E. de Philippeville, la courbe régulière que commençait à décrire la plage du golfe est tout à coup interrompue par un petit massif déchiré, tourmenté, que la côte projette en avant, et qui se nomme le Djebel-Filfila. Il y existe des carrières de marbre blanc propre à la statuaire, devenues depuis quelques années le centre d’une exploitation assez considérable pour qu’on ait été obligé d’y installer un semblant de commune, avec un adjoint faisant fonction de maire.
PHILIPPI (Jean), magistrat français, né à
Montpellier en 1518, mort vers 1603. Il fut successivement
conseiller à la cour des aides de
sa ville natale (1548), président de cette
cour (1572) et intendant de justice près du
gouverneur du Languedoc. Pendant les troubles
qui agitèrent à cette époque la France,
Philippi, dont le mérite et les vertus avaient
été appréciés de ses concitoyens, fut chargé
à deux reprises, par eux, de chercher des
moyens de pacification. On a de lui : Édits et ordonnances concernant l’autorité et juridiction des cours des aides de France (Montpellier, 1560, in-fol.) ; Responsa juris (Montpellier, 1603, in-fol., 2e édit.). Ce savant
magistrat a relaté les événements dont il
avait été témoin dans un ouvrage resté manuscrit,
lequel a pour titre : Histoire de la guerre civile en Languedoc, pour le fait de la religion, jusqu’en 1598.
PHILIPPI (Henri), chronologiste et jésuite belge, né à Saint-Hubert (Ardennes), mort à
Ratisbonne en 1636. Il s’adonna à l’enseignement
de la théologie et de la philosophie
dans diverses villes, puis devint précepteur
et confesseur de Ferdinand III, roi de Hongrie.
Ses principaux ouvrages sont : Introductio chronologica (Cologne, 1621, in-4o) ; Synopsis generalis sacrorum templorum (Cologne, 1624, in-4o) ; Manuale chronologicum
(Anvers, 1635), etc.
PHILIPPICUS-BARDANES, empereur d’Orient,
de 711 à 713. Il appartenait à une famille
originaire d’Arménie ; il se distingua, comme
général, sous le nom de Bardanes, pendant
le règne de Justinien II, ne cacha point ses
prétentions au trône et fut exilé par l’empereur
dans la Chersonèse (710). L’ambitieux
général s’y fit un parti, souleva sans peine
les habitants lorsque ceux-ci apprirent que
Justinien avait donné l’ordre de les exterminer,
pour les punir d’avoir manifesté de la
joie en apprenant sa première expulsion du
trône, se fit proclamer empereur sous le nom
de Philippicus ou Felipicus, marcha sur Constantinople
et ordonna d’égorger Justinien (711). Arrivé au but de son ambition, Philippicus-Bardanes se rendit odieux par son
faste, ses débauches, son indolence, laissa,
sans prendre les armes, les Bulgares incendier
les faubourgs de Constantinople, les
Arabes brûler Amasie et prendre Antioche
(713) et accorda au monothélisme une protection
déclarée. Indignés de sa conduite, les
généraux Boruphus et Myacius et le patrice
Rufus l’enlevèrent après un festin d’où il
était sorti ivre mort, et le conduisirent dans
l’hippodrome, où on lui creva les yeux. Ce
fut le secrétaire de Bardanes, Arthemius, qui
lui succéda sous le nom d’Anastase II.
PHILIPPIDE, poëte comique athénien, qui
vivait, croit-on, au IIIe siècle av. J.-C, sous
les successeurs d’Alexandre. Il fut un des six
principaux poètes de la comédie nouvelle et
se fit remarquer par la hardiesse avec laquelle il attaqua le luxe et la corruption de
son temps, par la vivacité et le mordant de
son esprit. Philippide mourut de joie, dit-on,
en apprenant une victoire dramatique. Il ne
reste de ses quarante-cinq comédies, citées
par Suidas, que des fragments qui ont été
publiés par Meineke dans les Fragmenta comic. græc. et par M. Bothe dans la collection Didot.
PHILIPPIDE (Daniel), littérateur grec. V.
Daniel Philippide.
Philippide (la), poème latin en douze livres, composé à la louange de Philippe-Auguste par Guillaume Le Breton. Le fait principal
de ce poëme est la grande bataille de
Bouvines, dans laquelle le roi a triomphé de
la coalition formée par l’empereur Othon, les
Flamands et les Anglais. La description des autres
gestes et batailles de Philippe ne sert
au poète qu’à préparer cette bataille, qui fut
« le grand événement de ce règne. » Cette
bataille n’occupe pas moins de trois chants.
L’auteur ne se lasse pas d’en raconter tous
les détails et de célébrer les faits d’armes qui
l’illustrèrent. Le poème s’arrêtait là lorsqu’il
fut présenté, en 1220, au fils de Philippe, au
prince Louis. Mais Philippe étant mort peu
après, l’auteur continua son œuvre et y ajouta
la description des funérailles du roi. Ce poème
est un des plus précieux documents qui nous
soient parvenus sur le règne de Philippe-Auguste ;
le poëte avait été témoin de presque
tous les faits qu’il raconte. Chapelain du roi,
il assistait à ses conseils et était présent à la
bataille de Bouvines. Le poème de Guillaume
a encore un autre mérite : il abonde en renseignements
intéressants sur le commerce, la production du sol, les mœurs des habitants, la tactique militaire, la composition des armées,
les armes et les armures des combattants,
etc. Enfin, on y trouve un vrai mérite
poétique, et le poëme de Guillaume doit être
compté parmi les meilleures productions littéraires
du XIIIe siècle. La Philippide, qu’on
n’a pas traduite en français, a été publiée en
1596 dans la collection de Pithæus : Rerum Francicarum scriptores veteres undecim, puis plusieurs fois rééditée, notamment dans la grande collection des Historiens des Gaules et de la France. V. plus haut Philippe-Auguste (la vie et les gestes de).
Philippide (la), poëme héroï-comique, par Viennet (Paris, 1829). Le défaut capital de
ce poëme, intitulé la Philippide, du nom de
Philippe-Auguste, qui en est le principal héros,
est le manque absolu de plan. D’un bout
à l’autre, on marche à l’aventure ; nulle liaison,
nul enchaînement, nulle gradation. On
dirait d’un journal écrit au jour le jour, sans
pensée dominante, et dont une main inexpérimentée
aurait réuni au hasard les feuillets.
En outre, les plaisanteries qui émaillent le
poëme pèchent toujours par quelque côté,
soit par le but, soit par l’exécution ; le plus
souvent, l’auteur ne sait pas attaquer les choses
par leur côté véritablement faible, ou si,
par hasard, il touche juste, il est rare qu’il ne
prenne pas le burlesque et le grossier pour
le plaisant et le comique. Parfois même
Viennet se laisse aller à la trivialité. Il veut
parodier Philippe-Auguste, et il travestit ses
altières et menaçantes déclarations à la cour
de Rome en invectives cyniques et indécentes ;
il met dans la bouche de Savary, seigneur
de Mauléon, des anathèmes mérités
contre Jean sans Terre ; mais ils n’eussent
rien perdu de leur finesse et de leur gaieté,
pour gagner quelque chose en pudeur et en
retenue. On pourrait enfin reprocher à Viennet
la métamorphose violente et grimacière
qu’il a fait subir au caractère d’Agnès. Somme
toute, la Philippide a pu récréer un instant
ses lecteurs ; mais nous doutons qu’elle soit
considérée, selon le souhait de l’auteur,
comme le monument de la gaieté et de l’esprit
français au XIXe siècle.
PHILIPPIEN, IENNE s. et adj. (fi-li-pi-ain,
i-è-ne). Géogr. anc. Habitant de Philippes ;
qui appartient à cette ville ou à ses habitants ; Les Philippiens. L’Église philippienne.
Philippiens (ÉPÎTRE DE SAINT PAUL AUX).
V. ÉPÎTRE.
PHILIPPINE s. f. (fi-li-pi-ne). Hist. relig.
Membre d’une communauté de femmes qui s’étaient retirées à Rome sur le mont Citono.
— Jurispr. Ancienne ordonnance de Philippe le Bel sur les dîmes.
— Fam. Bonjour, Philippine, Sorte d’interpellation populaire usitée pour solliciter un petit cadeau, et qui vient de l’allemand vielliebchen, bien-aimée, dont on a fait Philippchen, Philippine.
— Encycl. Hist. relig. La communauté des philippines fut fondée à Rome par Rutillo Brandi, dans le but de donner de l’éducation et de l’instruction à des filles pauvres. Cette communauté, placée sous la protection de saint Philippe de Néri, fut approuvée, vers 1630, par le pape Urbain VIII, qui lui imposa la règle de saint Augustin. Les filles élevées dans cette institution pratiquaient les mêmes observances que si elles étaient religieuses ; on leur enseignait à lire, à écrire et à travailler, et on les gardait jusqu’à ce qu’elles fussent en âge de se marier ou d’entrer en religion.
PHILIPPINE DE HAINAUT, épouse d’Édouard III, roi d’Angleterre. Elle vivait au XIVe siècle. Au siège de Calais (1347), Froissart raconte qu’elle se jeta aux pieds de son
époux et sauva par ses larmes les six bourgeois qui avaient noblement offert leur vie pour le salut de la ville.
PHILIPPINES, en espagnol Felipinas, archipel de la partie N.-E. de l’Océanie, dans
la partie nommée Malaisie, baigné à l’O. par
la mer de la Chine, au N. de l’archipel des
Moluques et au N.-E. de Bornéo, compris
entre 5° et 20° de latit. N. et 115° et 125° de
longit. E. ; la superficie totale des Îles de
cet archipel est évaluée à 295.585 kilom. La
population des 43 provinces et des 933 villes
ou villages de l’archipel est évaluée à
7,451,352, dont 1,232,544, soit le sixième, sont
tributaires du gouvernement espagnol. Ce
chiffre se répartit comme suit :
Dans les Îles Batan 1,200 hab.
Dans les 23 provinces des Îles Luçon 4,340,191 »
Dans les 14 provinces des Îles Pindy 1,052,586 »
Dans les 6 provinces de l’île Mindanao 191,802 »
Tribus nomades indépendantes 1,654,773 »
L’archipel entier 7,451,352 hab.
Dans toutes les îles, même dans celle de Luçon, existent des races indépendantes qui empêchent de fournir le chiffre exact de la population. Les Européens comptent pour 6,000.
L’archipel est divisé en 43 provinces : Luçon, dans le N. du groupe, est la plus considérable des Philippines ; vient ensuite Mindanao, dans le S. ; Palaouan, la troisième en grandeur, forme, avec quelques petites îles voisines, la partie occidentale de l’archipel ; dans la partie centrale, on remarque Mindoro, Panay, Negros, Zebu, Leyte, Samar, Masbate et Bohol. Parmi les nombreux détroits qui séparent ces îles, les plus célèbres sont : celui de San-Bernardino, entre Luçon et Samar, et celui de Surigao, entre Mindanao et Leyte. Produit de soulèvements et de phénomènes ignés d’âges différents, dus à des forces créatrices opposées de direction, sans liaison apparente, cet archipel, en partie soumis à l’Espagne, présente des chaînes de montagnes courant dans tous les sens. Toutefois, l’arête la plus saillante, la plus développée, la plus longue, celle de Luçon, se dirige du N. au S. et détermine deux saisons en tout point semblables à celles de l’Inde. Des typhons signalent le passage d’une saison à l’autre, et lorsqu’une des côtes, orientale ou occidentale, jouit d’un ciel serein, l’autre est souvent inondée par des pluies torrentielles. Les marins redoutent beaucoup les époques orageuses de ces changements de mousson. Du reste, le climat des Philippines est très-sain et très-agréable ; à Manille, capitale de l’Île de Luçon, le thermomètre ne descend pas au-dessous de + 13° Réaumur et ne monte pas au-dessus de 35°. L’élévation des plus hautes montagnes de l’archipel est évaluée à 4,000 mètres ; on y trouve quelques volcans en activité, mais ne rejetant pour le moment que de la fumée ou des flammes. De fréquents tremblements de terre détruisent souvent des villes entières, et en 1641 l’éruption simultanée de trois cratères, à Luçon et à Mindanao, fut entendue des côtes de la Cochinchine. Le règne minéral n’offre point, aux Philippines, les mêmes richesses ou plutôt la même abondance qu’aux îles de la Sonde et à Bornéo ; mais il ne laisse pas que d’être très-varié, car on y trouve des mines d’or, d’argent, de mercure, de cuivre, de fer, de salpêtre et de soufre. Toutes sont fort pauvres, à l’exception des mines de soufre, qu’on n’exploite cependant presque pas. Des carrières de marbre, de talc et de pierre meulière ou quartz concrétionné donnent des résultats beaucoup plus avantageux. Plusieurs îles possèdent des sources d’eaux thermales. Il est peu de terres arrosées par autant de torrents et de rivières que les Philippines. Quelques-uns de ces cours d’eau tarissent pendant la saison sèche, et d’autres diminuent considérablement de volume, tandis que des terrains bourbeux et spongieux se gercent sous l’action du soleil ; mais généralement les campagnes sont vertes et fraîches en tout temps. Le sol, d’une fécondité peu commune, convient aux cultures les plus variées. Le riz, la canne à sucre, le café, le coton donnent d’abondantes récoltes ; le cacao prospère et l’aspect de vastes champs de froment émerveille l’Européen. Tous les légumes et racines potagères d’Europe y viennent bien, excepté la pomme de terre ; mais il n’en est pas de même de nos fruits, qui y sont rares et abâtardis ; la figue seule devient belle. En revanche, les fruits de l’Inde, de la Chine et de la Malaisie s’y trouvent presque tous, et ils sont plus gros et plus savoureux que partout ailleurs. On cite surtout l’ananas, la banane et l’orange. Les autres productions végétales sont : le poivre, le gingembre, la muscade, la cannelle, la casse, le safran, le tabac, le bétel, l’arec, etc. Des. arbres à gomme, à résine, à vernis, les plus beaux bois d’ébénisterie et de construction, le tamarinier, des fougères colossales enrichissent ou embellissent les forêts ; toutes les côtes basses sont bordées de palétuviers. Le nombre des plantes tinctoriales et médicinales est prodigieux. Nulle contrée n’offre encore, autant que les Philippines, des végétaux