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passereaux dentirostres, voisin des’merles et des guêpiers, et comprenant de nombreuses espèces qui habitent surtout l’Australie et les lies voisines : Les mœurs des philédons sont bien peu connues. (A. Dupuis.) Il On dit aussi PHILBMON.

— Encycl. Les philédons sont caractérisés par un bec médiocre, un peu convexe en dessus, déprimé k la base, fléchi et quelquefois un peu échancré k la pointe ; des iiBrines latérales grandes, ovales, couvertes par une écaille cartilagineuse ; la langue longue, un peu extensible, terminée par un pinceau de filaments cartilagineux. On las appelle aussi mellisuges, ou mangeurs de miel, et polochions. Les nombreuses espèces de ce genre habitent l’Inde et l’Australie, ainsi que les îles voisines. On sait peu de chose sur leurs mœurs ; les uns se nourrissent de miel, les autres d’insectes ; il en est qui sont très-courageux et très-babillards ; quelques-uns ont un chant harmonieux. Le philédon à pendeloques est ainsi nommé à cause des caroncules pendantes, orangées, longues de om,02 environ, qui se trouvent de chaque côté de la tête ; on le trouve abondamment’répandu à la Nouvelle-Zélande, où il vil sur les bords de la mer. Il se nourrit d’insectes ; mais il préfère ceux qui sucent le miel des banfesies. Il babille beaucoup, et son cri fréquemment répété peut se traduire par goo-gwarneek, nom que lui donnent les naturels. D’un courage étonnant pour sa taille, il met en fuite des oiseaux beaucoup plus grands et plus forts que lui. Le philédon caroncule habite le même pays ; il a un chant très-faible. Le philédon gorruck a le plumage d’un vert foncé rembruni ; il habite la Nouvelle-Galles du Sud, où on le connaît aussi sous le nom de goo-gwarneek ; très-vif et très-courageux, il combat souvent, et toujours avec avantage, contre une espèce de perroquet à ventre bleu, auquel il dispute le miel dont il fait son aliment principal ; on a ru quelquefois deux de ces philédons mettre en fui te des troupes nombre uses de perroquets. Le philédon potochion a le fond du plumage d’un gris cendré ; il habite les Moluques. Son nom, qui signifie dans le langage du pays donneur de baisers, vient de son cri, qu’il ne cesse de répéter quand il est perché sur les plus hautes branches des arbres. Le philédon à cravate frisée a om^n de longueur totale ; il porte au devant du cou un demi-collier en forme de croissant, composé de plumes longues, effilées et frisées à la pointe. Les naturels de la Nouvelle-Zélande l’appellent kogo ; les navigateurs anglais lui donnent le nom de pol bird. On peut citer encore le philédon grioelé, h plumage olivâtre, foncé sur le dos et plus clair sur la tête ; cette espèce habite la Nouvelle-Hollande.

PHILELPHE (François), humaniste et philosophe italien, né à Tolentino, dans la Marche d’Ancône, en 1389, mort à Florence en U81. Il étudia d’abord sous la direction de Jean Chrysoloras, dont il devint le gendre ; puis il alla professer tour à tour la littérature grecque à Venise, à Constantinople, à Bologne, à Florence, à Rome et k Milan. Cette existence aventureuse était dans les mœurs du temps. Les guerres civiles qui désolaient l’Italie et ses querelles privées furent d’ailleurs les principales causes du court séjour de Philelphe dans le même endroit. Son talent et sa personne étaient fort estimés ; le pape Nicolas V le nomma secrétaire apostolique, et le roi Alphonse d’Aragon, chevalier de la Toison d’or. Il remplit te monde du’bruit de ses querelles avec lesérudits de son temps et de sa haine contre les Médieis.

Philelphe est surtout connu comme traducteur. On lui doit une version latine d’un grand nombre de traités particuliers de Xénophon, de Plutarque, d’Aristote (la Rhétorique), d’Hippocrate et do plusieurs autres écrivains grecs. Il est aussi 1 auteur de quelques ouvrages originaux. On remarque, parmi eux, le traité en cinq livres De morati disciplina et les Convivia mediolaneitsia.

Le De morali disciplina (Venise, 1552) est un résumé des principes moraux d’Aristote et de Cicêron. Co ne sont pour ainsi dire que des extraits, compilés sans beaucoup d’ordre.

Les Convivia, dont l’édition originale très-rare est de 1477, sont des diulogues semi-philosophiques et semi-littéraires, où l’auteur examine en détail la plupart des problèmes de métaphysique à lordre du jour de son temps. Il y donne des preuves d une science très-étendue en ce qui concerne la philosophie ancienne, et en particulier celle de Pyihagore, très-obscure encore aujourd’hui, mais qui l’était bien davantage au début de la Renaissance. « Qui n’est pas philosophe est à peine un homme, » dit sentencieusement Philelphe en terminant. Il est vrai que par philosophie il entend les lettres grecques et latines auxquelles il avait consacré sa vie et qui étaient alors l’objet d’un engouement extraordinaire.

Parmi les. autres ouvrages de Philelphe, nous citerons : Annotazioni sopra le canzoni del Petrarcha (Bologne. 1476, in-fol.), commentaire qui fourmilled explications erronées et dans lequel il accable d’injures les Médieis et ses autres ennemis ; Sa rira (Milan, 1476, in-fol.), recueil de cent satires, chacune de cent vers, pour la plupart d’une grande obscurité et d’une obscénité plus grande encore. Dans ces compositions curieuses et peu connues, ou trouve une peinture saisissante

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des mœurs de l’Italie au xve siècle ; Convîviorum libri II (Venise, 1477) ; Orationes cum quibusdam aliis operibus (Milan, 1481), harangues remplies de déclamations et dépourvues d’éloquence ; Epistolarum libri XVI (Brescia, 1485, in-4o), correspondance instructive, agréable et intéressante ; Ûdx et carmina (Brescia, 1497) ; De éducations liberorum (Tubingue, 1513), tw !U. en français sous le titre de Guidon des parents (1513) ; Opéra oratoria (Paris, 1515) ; De jocis et sertis, recueil de pièces obscènes ; la Sforziada, poëme latin inédit en vers hexamètres, lequel, d’après Rosmini, malgré des négligences et des inégalités de style, contient des parties pleines d’élévation et de traits admirables.

PHILELPHE (Mario), littérateur italien, fils du précédent, né k Constantinople en 1426, mort à Mantoue en 1480. Il fut élevé en Italie, donna de bonne heure les preuves d’une vive intelligence, mais en même temps d’un caractère bizarre, quitta son père pour quelques reproches essuyés et se mit a parcourir l’Italie en donnant des leçons pour vivre et en récitant des vers dans les châteaux. S’étant rendu en Provence, il fut bien accueilli par le roi René, qui le chargea de mettre eu ordre la bibliothèque de Saint-Muximin, puis lui donna un emploi à Marseille. En 1450j il se rendit à Milan, où se trouvait l’empereur Frédéric III, et reçut de lui la couronne poétique. L’année suivante, il devint professeur de littérature à Gênes ; mais il quitta bientôt sa chaire pour aller exercer la profession d’avocat à Turin (1453). À la suite d’un voyage à Paris (1456), Mario Philelphe mena une existence assez précaire. Il devint successivement avocat consistorial à Mantoue (1459), professeur de littérature à Venise (1460), à Bergame, à Vérone, à Bologne, k Ancône, à Mantoue, où il termina sa vie aventureuse. Nous citerons de lui : Epislolare (Milan, 1484, in-4<>), sorte de manuel êpistolaire ; Carmina eleyiuca (Leipzig, 1690, in-8o) ; Histoire de la guerre de Finule, dans Le supplément des Jierurn italicarum scriptores (Florence, 1747, in-fol.). On lui doit aussi des discours, des épigrammes, des satires, des tragédies et plusieurs ouvrages restés manuscrits.

PH1LÉMON s. va. V. phij.édon :

PHILÉMON et BAUCIS, noms sous lesquels sont demeurés célèbres, dans la tradition mythologique, deux époux de Phrygie, pauvres et accablés d’années, qu’Ovide a immortalisés dans ses Métamorphoses. Heureux de vivre ensemble et de se témoigner sans cesse une tendresse qui ne s’était jamais démentie, ils vivaient contents de leur pauvreté et honoraient les dieux dans la modeste cubane qu’ils habitaient près d’un bourg peuplé de cœurs durs et impies. Un jour, Jupiter et Mercure, sous une tonna humaine, parcoururent les campagnes de la Phrygie afin d’étudier le caractère de ses habitants. Le soir arrivé, ils frappèrent vainement à toutes les portes du bourg près duquel habitaient Phiiémon et Baucis pour y demander l’hospitalité : toutes les portes restèrent fermées ; partout on accueillit les deux voyageurs avec des paroles dures et insultantes. Ils sortaient de ce lieu inhospitalier, lorsqu’ils passèrent près de la chaumière des deux vieux époux. Ils frappent i on ouvre, on les accueille avec empressement, on leur prodigue. tous les soins d’une hospitalité pauvre, mais cordiale et empressée. Le lendemain, les dieux ordonnent à Phiiémon et à Baucis de les accompagner jusqu’au sommet de la montagne voisine. Les deux époux se détournent alors, sur un nouvel ordre des célestes voyageurs, et voient tout le bourg, tous les environs submergés, excepté leur petite cabane, qui fut changée en un temple. Jupiter, s’étant fait connaître, promit k ce couple pieux et humain de lui accorder ce qu’il demanderait. Les deux époux souhaitèrent pour toute faveur de devenir les ministres du nouveau temple et de ne pa3 mourir l’un sans l’autre ; exemple de tendresse conjugale qui a été souvent célébré. Leurs désirs furent accomplis, et lorsqu’ils eurent atteint les limites extrêmes de la vieillesse, un jour qu’ils s’entretenaient encore affectueusement, Philomon s’aperçut que Baucis devenait tilleul, tandis que celle-ci voyait Philémou se métamorphoser en chêne ; tous deux se firent alors les suprêmes adieux.

Cette touchante légende a été admirablement racontée par Ovide au livre VIII de ses Métamorphoses.

La Fontaine, mieux inspiré cette fois que dans sa fable le Bat de ville et le rat des champs, où le terrible voisinage d’Horace semble lui avoir fait peur, n’a pas craint de reprendre en sous-œuvre l’admirable récit d’Ovide ; c’est la qu’il a prouvé d’une manière éclatante que son « imitation n’est point un esclavage. • Ce sujet de Phiiémon et Baucis, il l’a fait sien par l’originalité de l’expression, par les aperçus philosophiques qu’il y a semés comme en se jouant, et surtout par le début, qui sert comméde majestueux péristyle à cette miniature, à ce bijou de monument :

Ni l’or ni la grandeur ne nous rendent heureux. Ces deux divinités n’accordent à noa vœux [quille. Que des biens peu certains, qu’un plaisir peu traa-Des soucis dévorants c’est l’éternel asile ; Véritables vautours que le fils de Japet Représente, encbatné sur son triste sommet.

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L’humble toit est exempt d’un tribut si funeste.

Le sage y vit en paix et méprise le reste :

Content de ses douceurs, errant parmi les bois,

Il regarde à ses pieds les favoris des rois ;

H lit au front de ceux qu’un vain luxe environne

Que la fortune vend ce qu’on croit qu’elle donne.

Approche-t-il du but, quitte-il Ce séjour,

Eien ne trouble sa un : c’est le soir d’un beau jour.

Voilà de ces beautés dont le génie d’Ovide, plus brillant que philosophique, ne renfermait pas le germe.

Les noms de Phiiémon et de Baucis ont passé dans la littérature et servent k caractériser deux vieux époux peu favorisés des biens de la fortune, mais sans ambition et sans regrets, et qui ont conservé l’un pour l’autre la plus tendre affection :

« Je reçois dans ce moment une de vos lettres, par laquelle vous me mandez que princes et princesses peuvent passer dans nos déserts. Ces déserts sont bien indignes d’eux. Cependant, si les dieux s’avisaient de descendre dans ces hameaux, ils trouveraient encore des Baucis et des Philémons ; mais il vaudrait encore mieux recevoir des philosophes que des princesses. »

VOLTAIRE.

« La maison que j’avais choisie n’avait pas de façade sur la rue ; on y arrivait par une cour plantée de tilleuls. Un perron donnait accès dans les appartements du rez-dechaussée. Mais nous avions pour notre usage un escalier latéral. Point de voisins, point do surveillants. L’étage inférieur était occupé par deux vieux rentiers, l’homme et la femme, qui menaient peu de bruit et finissaient en paix leur vie à la manière de Phiiémon et de Baucis. •

L. Reybaud.

Julien ressentit une espèce de frémissement prophétique en contemplant deux ou trois couples vénérables, Philémons et Baucis ignorés, suivant d’un pas grave et lent ces allées solitaires, et échangeant toutes les dix minutes un mot qui tombait dans le silence comme un caillou dans un gouffre. • A. EB PONTMARTIN.

■ Les hérons mâles sont tous des modèles de soumission conjugale, de constance et d’amour. Quand la femelle couve, l’époux veille avec une sollicitude extrême à ce que le garde-manger de la couveuse soit constamment fourni de poisson frais et de l’espèce qu’elle aime. À peine l’éclosion a-t-elle eu lieu, que le père exige impérieusement que la mère se repose pendant plusieurs jours, et il prend généreusement cour lui seul la charge et l’entretien de la ’jeune famille. L’histoire ne rapporte pas que Phiiémon lui-même ait eu pour Baucis de pareilles attentions. »

Toussenel,

« La femme du pécheur, qui paraît jouir au logis d’une autorité despotique, est une grosse commère réjouie, haute en couleur, bastionnée d’appas formidables. Elle aime k dire des gaillardises auxquelles son vieux époux donne la réplique. Nous ne savons si ce Phiiémon et cette Baucis de la friture ont été heureux, mais ils ont eu beaucoup d’enfants. »

Théophile Gautier,

« Nous pourrions peut-être avoir à bon marché un bout de la corde de ce pendu, et nous en avons grand besoin, ma pauvre Catherine l Ce colonel Fougas me donne un tracas I

— Encore tes idées ! Viens souper, mon ami. > Et la Baucis anguleuse conduisit son Phiiémon dans une belle et grande salle k manger, où la vieille gouvernante, leur contemporaine, avait servi un repas digne des dieux. >

E. About.

PiiHcmon et Bntiri», opéra en trois actes, paroles dq MM. Barbier et Michel Carré, musique de M. Ch. Gounod, représenté au Théâtre-Lyrique le 18 février 1860. Composé d’abord pour le théâtre de Bade, et en un acte, cet ouvrage a perdu à l’agrandissement du cadre. Il appartient k un genre indéfinissable, moitié mythologique et sentimental, moitié bouffon. Dans 1 introduction instrumentale, on remarque un gracieux motif exécuté sur le hautbois et repris par les instruments k cordes. M. Gounod a employé le piano avec l’orchestre pour accompagner un des chœurs de sa partition, et l’effet cherché a été obtenu. Nous rappellerons l’orage symphonique bien traité, quoique le compositeur

?ait employé des moyens extramusicaux,

air de ballet du second acte, l’air.’ 0 riante nature du troisième, ainsi que le duo entre Jupiter et Bancis : Ne crains pas que j’oublie, qui renferme des phrases charmantes,

PHILÉaiOJi, célèbre poète eomique grec, né k Soles, en Cilicie, vers 320 av. J.-C. II fut hunoré-du droit de cité k Athènes. Rival

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de Ménandre, il était âgé seulement de quelques années de plus- que lui. Aucune de ses comédies, malheureusement, n’est parvenue jusqu’à nous. Il ne reste pas même de lui une scène entière ; on ne possède que quelques vers détachés, qui ne suffisent pas pour déterminer son rang parmi les grands poètes grecs, et il faut s en tenir aux jugements que lés anciens ont prononcés sur lui. Apulée a écrit : « Vous trouverez dans les ouvrages de Phiiémon beaucoup de malice et de gaieté, des sujets traités avec esprit, des intrigues habilement développées, des personnages bien en rapport avec l’action, des maximes parfaitement applicables k la conduite de la vie, un ton de plaisanterie qui ne descend ja» mais jusqu’au bouffon et de sérieux qui ne s’élève jamais jusqu’au tragique. Les maximes vicieuses sont rares chez cet auteur. »’

On connaît cependant les titres d’un certain nombre de ses comédies. Suidas dit qu’il en avait composé quatre-vingt-dix ; Diodore de Sicile en ajoute sept à ce nombre, déjk considérable. Il vécut quatre-vingt-seize ans ; quelques auteurs croient même qu’il dépassa la centième année. C’est à cette longévité qu’il dut de figurer dans le traité de Lucien, intitulé : Des hommes qui ont vécu te plus longtemps. On ne sait, du reste, presque rien de sa vie. Il paraît qu’il fut une fois proscrit d’Athènes injustement. Ptolëmêe, fils de Lagtis, l’ayant invité k venir k sa cour, il s’embarqua ; mais une tempête le jeta sur les côtes de la Cyrénaïque, et il tomba au pouvoir du roi Mugas, qu’il avait tourné en dérision dans une de ses comédies. Magas ordonna k un de ses satellites d’appuyer une épée nue sur le cou de Phiiémon ; il se contenta de l’effrayer, montrant par là qu’il était bon prince, et il lui fit présent de dés et d’une boule à jouer, comme k un enfant dépourvu de sens et de raison. Sa mort fut douce et paisible ; les uns disent qu’il expira en plein théâtre, au moment où il venait d’être couronné ; les autres rapportent qu’après avoir vu en songe neuf jeunes filles qui sortaient de sa demeure (c’est-k-dire les neuf Muses qui se retiraient.de chez lui), il rendit le dernier soupir, la main attachée encore et la bouche collée sur le manuscrit d’une de ses comédies que l’on allait représenter. Il eut un fils qui fut aussi poète comique.

Voici quelques-uns des fragments de Phiiémon, empruntés à la traduction de M. Raoul Rocbette : «Il n’est pas de peintre ni de statuaire qui puisse représenter la beauté telle qu’elle existe dans la réalité, et l’image fût-elle parfaitement rendue, il y manquera toujours la beauté, si l’artiste n’en a pas en lui le sentiment, i

Cesse, ô Cléonl de mener une vie dissipée, ou, si ta paresse l’emporte, crains de te préparer à ton insu une existence précaire et malheureuse. Le naufragé, s’il ne touche la terre, est perdu sans ressource, et le pauvre qui n’a pas quelque industrie court également le risque de périr. Mais j’ai des richesses I dis-tu. Eh 1 ne sais-tu pas comme elles se perdent aisément ? J’ai des terres, des maisons. Ignores-tu donc les retours de la fortune et que, opulent aujourd’hui, demain tu pourras être misérable ? Crois-en mon expérience, celui qui, abordant au port de l’industrie, y jette l’ancre une fois n’a plus rien k craindre de l’orage ; tandis que l’imprudent qui s’expose sans précaution sur la seule foi des vents voit Sa vieillesse en butte k toutes les bourrasques. Mais, dis-tu encore, j’ai des parents, des amis, qui viendront a mon secours. Ahl fais plutôt des vœux pour n’avoir jamais k éprouver tes amis ; ou si tu la fais, cette épreuve, sache que tu n’es déjà plus qu’une ombre. »

« C’est un ingénieux animal que le limaçon. Est-il tombé près d’un mauvais voisin, il transporte tout doucement ailleurs sa maison et vit partout sans soucis, en fuyant partout les méchants. ■

PHILÉMON, grammairien grec qui vivait croit-on, au vue siècle de notre ère. Il composa, en se servant d’un ouvrage du grammairien Hypereehius, un Lexique, qui est souvent cité dans VEtymologicum magnum. Il ne reste de cet ouvrage que le premier livre et le commencement du second. Ces fragments, publiés pour la première fois k Londres (1812, in-8o), ollt été réédités avec une excellente dissertation, sous le titre de Philemonis grammatiei qus supersunt (Berlin, 1821, in-8").

Philcmou (ÉPÎTRE DB SAINT PAUL A). V. BPÎTRE.

PH1LÈNES (les). Les légendes puniques donnaient ce nom k deux frères carthaginois qui s’étaient dévoués pour l’agrandissement de leur patrie, et qui ne sont sans doute que le symbole des luttes de Carthage contre les colonies grecques de la Cyrénaîque pour la fixation des limites entre les deux États. Carthage et Cyrène, pour terminer de longues contestations, étaient convenues d’envoyer chacune deux hommes qui partiraient k la même heure, et de planter la borne de séparation où ils se rencontreraient. La rencontre eut lieu près de Cyrène. Accusés d’être partis avant l’ht-Ure fixée, les Philènes préférèrent être enterrés vifs plutôt que de reculer. Leur tombe servit de borne au territoire carthaginois, et la reconnaissance ua-