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que les négociants et les fabricants envolent par la^ ville pour chercher à y placer leurs marchandises, leurs produits.

— Techn. Ustensile de fer enfoncé par le pied dans un gros bloc de bois, qui sert comme d’établi au cloutier pour fabriquer ses clous.

— S3’lvic. Place vide, Clairière, fl Place vaine et vague, Endroit dépourvu de végétation.

— Syn. Place, endroit, lien. V. ENDROIT.

— Encycl. Hist. Chez les nations modernes, la place publique n’est plus que le centre de la cité ; chez les peuples anciens, et surtout dans les grandes républiques, elle en était aussi le cœur. C’est 1k que le peuple vivait, qu’il délibérait sur les affaires communes, qu’il jugeait les causes, qu’il déléguait ses pouvoirs, en un mot qu’il exerçait sa souveraineté. A Athènes, les deux places publiques, l’Agora et le Pnyx, vaste enceinte « voisinant l’Acropole, servaient à la fois de lieu de réunion pour la tenue des comices, de chambre délibérative et de tribunal. Là, devant tous les citoyens assemblés, se lisaient les projets de décrets intéressant la chose publique, et il fallait qu’ils fussent ratifiés au moins par six mille suffrages. La tribune était ouverte à quiconque avait ou croyait avoir à donner un avis utile ; du jour au lendemain, un individu surgissait grand orateur. « Centre primitif de lu cité naissante, l’Agora, dit M. û. Perrot, fut orné d’arbres par Cimon, le vainqueur des Perses ; il y planta ces nobles platanes et peut-être ces gracieux peupliers aux larges feuilles qu’aimaient à chanter les poètes attiques. Peu après, cette place s’entoura de nombreux édifices ; c’était là que s’ouvraient au public le palais du sénat et la plupart des tribunaux ; c était ik que se trouvaient réunis les objets de toute sorte nécessaires à la vie ; c’était là que la foule se pressait devant les comptoirs des changeurs et les boutiques des barbiers. » On y vit lutter les plus grands orateurs : Thémisiocle, Démosthèiie, Eschine, Hypéride, Isocrate, Pé

« riclès.

Le Forum éveille de pareils souvenirs. Là aussi se concentra, pendant plusieurs siècles, toute la vie publique d’un grand peuple. Ce vaste espace couvert de ruines, exhaussé par la poussière des monuments disparus, était pour les Romains l’objet d’une vénération superstitieuse. Ils forcèrent le consul Valerius Publicola à démolir sa maison parce qu’elle semblait dominer la place publique et présager un maître. Le forum, entouré d’édifices, de basiliques, de temples, de tribunaux, de portiques, comme l’Agora, eut aussi sa tribune aux harangues, non moins célèbre, dont les Gracques, les deux Caton, Cicéron, Hortensius furent les Déinosthène et les Isocrate. Là, les grands orateurs prononçaient leurs discours, à la veille d’une guerre ou d’un traité ; là portaient la parole les tribuns au nom du peuple ; là se faisaient et se défaisaient les lois en présence du peuple assemblé.

Les civilisations modernes répugnent à cet exercice complet de la souveraineté popufaire en plein air ; la place publique changea de caractère, et si elle fut encore dans quelques villes, au moyen âge, le lieu de réunion des citoyens appelés à délibérer sur les affaires’communes, elle ne tarda pas à ne plus

être que ce qu’elle est restée, c’est-à-dire un simple lieu de promenade. L’influence de la plate publique sur les affaires disparut nécessairement en même temps que tout pouvoir

était retiré au peuple pour passer de ses mains dans celles d’une aristocratie ou d’un souverain.

Cependant, la place publique resta longtemps le centre de la Cité ; dans toutes les vieilles villes, c’est elle qu’on trouve ornée des édifices les plus remarquables. Paris n’eut longtemps que sa fameuse place de Grève, à la fois marché, lieu d’exécution, théâtre des réjouissances publiques et des émotions populaires. Longtemps aussi, toutes les autres capitales n’eurent qu’une grande place publique, forum de la cité, où se trouvaient souvent l’ace à face l’hôtel de ville et le palais du souverain. L’extension prise par les villes, les conditions de salubrité imposées aux grandes agglomérations ont forcé depuis à multiplier les places, et, par leur décoration architecturale, par les statues, les fontaines qui les ornent généralement, elles ont contribué pour une large part à /embellissement des cités.

Toutes les capitales et les principales villes de l’Europe possèdent des places remarquables ; les [lus connues ont un article spécial dans le Grand Dictionnaire. Nous nous contenterons donc de les passer ici rapidement

— en revue, en caractérisant par quelques mots rapides leurs dispositions générales et leur architecture.

Paris possède, entre autres, huit grandes places diversement remarquables ; la place de Grève ou de l’H3tel-de-Ville, aujourd’hui dénuée de tout caractère architectural ; la place de la BastilU, remarquable seulement par la colonue de JuilletTjui se dresse à son centre ; la.place du Carrousel, dont les constructions du nouveau Louvre ont fait une

des plus vastes de l’Europe ; la place Royale ou place des Vosges, la plus gracieuse de toutes avec les vastes hôtels symétriques dans le style du xvie siècle qui la bordent et

— la square ombreux qu’elle enveloppe ; place

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Iiauphine, dont toute vie s’est retirée qui est déserte, au centre même de Paris ; lui place Vendôme, d’un aspect trop sévère, trop uniforme, et qui semble une immense cuve de pierre ; a place dû la Concorde, dont les lignes ne sont pas assez arrêtées, mais qui toutefois, décorée de ses deux belles fontaines, de 1 obélisque, bordée de l’hôtel du ministère de la marine et de l’ancien Garde-Meuble, avec ses perspectives ouvertes sur les Champs-Élysées, le jardin des Tuileries et la Seine, est une des plus pittoresques du monde ; enfin, la place de l’Europe, plus remarquable par ses vastes dimensions que par les constructions qui l’entourent et dont la singularité est d’être en partie suspendue au-dessus des profondes tranchées du chemin de fer de l’Ouest, ce qui lui donne la nuit un aspect fantastique. Parmi les bçïïes places des villes de province, nous ne citerons que la place Stanislas, à Nancy, bordée par l’hôtel de ville et par quatre petits palais symétriques, séparée de la place des Carrières par un bel arc de triomphe et au centre de laquelle s’élève la statue du roi Stanislas ; c’est uns place digne d’une capitale ; à Lyon, la place Bellecour, ornée dune statue de Louis XIV ; la place des Terreaux, bordée par l’hôtel de ville et le palais des Arts, ornée de fontaines monumentales.

Presque toutes les grandes villes de l’Italie, anciennes capitales de petits États, possèdent de belles places, bordées d’édifices célèbres : Rome vante sa place Saint-Pierre, remarquable par la colonnade qui l’enveloppe et sur laquelle s’ouvre la grande basilique du catholicisme, et la place du Peuple, plus vaste encore, formée de deux immenses hémicycles, ornée de fontaines, de statues, d’un obélisque gigantesque ; Venise, la place Saint-Marc, où s’élèvent de trois côtés des édifices grandioses, les Procuratie - Nuove, les Procuratie - Vecchie et la basilique de Saint-Marc, précédée du fameux Campanile ; Florence, la place du Grand-Duc, ornée d’iine statue en bronze de Cosme 1er, de fontaines monumentales, et bordée d’un côté par le palais Vieux, d’une si admirable architecture, devant les portes duquel sont le Daoid de Michel-Ange, l’Hercule colossal de Baccio Bandinelli et bien d’autres chefs-d’œuvre ; Pise, la place du Dôme, où se trouvent la cathédrale, le baptistère, la tour penchée et le fameux Uampo-Santo.

À Londres, les places s’appellent ordinairement squares ; les principales sont : Grosvenor square, Belgrave square, Portman square, Trafalgar square, où se dresse la statue de Nelson. Bruxelles possède la place Royale, bâtie sur le plan de la place Stanislas de Nancy, entourée d’édifices réguliers à arcades et au milieu de laquelle s’élève la statue de Godefroi de Bouillon ; la place des Martyrs, qui enveloppe un monument funéraire ombragé de tilleuls, où reposent lesrestes des combattants de 1830 ; elle est en- • tourée d’édifices d’ordre dorique ; la place de l’Hôtel-de-Ville, où furent décapités les comtes d’Egmont et de Horn. Munich a la place Max-Joseph, autour de laquelle se développent les élégantes constructions du Koenigsbau, résidence du roi de Bavière ; Berlin, la place de l’Opéra, bordée de somptueux édifices : l’Opéra, l’Université, la Bibliothèque, et la place de l’Arsenal, où s’élèvent l’arsenal, au devant duquel sont les statues de Blilcher, du général d’York et de Gleisman, le Vieux-Palais et le Corps de garde royal. Saint-Pétersbourg possède de belles plates, entre autres celle de l’Amirauté ; Madrid, la plaza Mayor, entourée d’un portique, et lu. plaza de Oriente, élégante promenade où il y a presque autant de statues que d’arbres ; Constantinople, enno, a son At-Meïdan, aujourd’hui désert, vaste enceinte formée par deux rangées de colonnes, peuplées de trophées de marbre et de bronze en ruine, de pyramides, d’obélisques, de colonnes, qui servait d’hippodrome sous le Bus-Empire et qui fut le théâtre de l’horribie tuerie des janissaires ordonnée par Mahmoud. Ispahan a également son Meïdan-Chabi, tout aussi désert, où autrefois avaient lieu les courses de chevaux et les combats de taureaux ; c’est un vaste carré long, entouré de fossés, au milieu duquel se dresse l’arbre de justice, protégé par d’énormes bornes de granit.

— Art milit. Places fortes. Les places se divisent en plusieurs catégories, suivant leur importance. On appelle places de premier ordre celles qui ont douze fronts ou davantage ; places de second ordre celles qui ont du huit à onze fronts, et places de troisième ordre celles qui ont de quatre à sept fronts. Les places de premier ordre sont aussi appelée.1 ! places de dépôt, parce que leur étendue i ermet d’y former les divers établissements nécessaires pour contenir les objets d’armement et d’approvisionnement des trounés et des forteresses. Une raison analogue tait Gonner aux places de second ordre le nom de places d’entrepôt. On appelle corps de place la ligne continue de fronts qui entoure une position. Une place de guerre pourrait, à la rigueur, n’avoir qu’une enceinte de ce genres ; il n’y aurait, pour la compléter, qu’à forasr en ayant de lu contrescarpe un glacis assez étendu pour soustraire l’escarpe aux coups de l’ennemi ; mais il est très-rare que la défense soit aussi simple. En général, on ajoute, sur un ou plusieurs fronts, quelquefois |

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même sur tous, un ou plusieurs ouvrages particuliers, qui sont destinés’ à retarder l’attaque du, corps de place. Ces ouvrages forment quatre catégories : les dehors, qui son) ; renfermés sous la même contrescarpe ; les ouvrages extérieurs ou avancés, qui sont situés hors des glacis, mais assez près des ouvrages placés en arrière pour être soutenus fiar eux ; les ouvrages détachés, qui soat isoés dans la campagne et obligés de suffire k leur propre défense, et les retranchements intérieurs, que l’on établit dans l’intérieur même des bastions pour en prolonger la défense. Enfin, pour augmenter la force d’une placé, on y adjoint assez souvent une citadelle.

La loi du 10 juillet 1791 classe les places fortes sous trois régimes différents, suivant qu’elles sont en état de paix, en état de guerre ou en état de siège. Le décret impérial du 24 décembre 1811 a reproduit ce classement, de nouveau consacré et réglementé par le décret impérial du 13 octobre 1863. Dans unepface en état de paix, la police intérieure et tous’ les actes du pouvoir civil émanent des magistrats et officiers civils ayant droit. L’autorité militaire, pour le maintien de l’ordre, doit obtempérer aux réquisitions écrites de l’autorité civile, dans les différents cas prévus par la loi. Les clefs de la ville sont toujours entre les mains de l’autorité militaire. Dans une place en état de guerre, l’autorité militaire prend le pas sur l’autorité civile, mais ne l’annihile pas ; elle a le droit de requérir cette dernière de se prêter aux mesures d’ordre et de police intéressant la sûreté de la place ; tous les hommes légalement armés, garde nationale, pompiers, passent sous ses ordres et ne relèvent que d’elle. Dans une place en état de siège, tous les droits que possèdent les officiers civils passent entre les mains du commandant supérieur de la place, qui les exerce sous sa seule responsabilité et peut en déléguer à l’autorité civile ce qu’il juge convenable. Expliquons ce qu’est cette autorité militaire. 11 existe dans chaque place (décret du 13 octobre 1863) un état-major permanent, composé d’un commandant de place, du grade de colonel au plus, et d’un certain nombre d’officiers adjoints. Le commandant de place en , temps de paix est sous les ordres directs du commandant de la subdivision territoriale. Dans une place en état de guerre, le commandant de place prend le commandement de tous les corps légalement armés, civils et militaires. Dans l’état de siège, il a le pouvoir absolu, et les officiers de passage, quel que soit leur grade, doivent déférer à ses ordres. Dans ce dernier cas, comme on le voit, un colonel aurait pu être appelé à donner des ordres à un général. Pour éviter cet inconvénient, le décret de 1863 décide qu’en temps de guerre ou dans des circonstances extraordinaires, le commandement d’une place peut être confié à un commandant supérieur nommé parle chef de l’État.

Les fortifications élevées autour d’une place étant construites dans un intérêt générai, (saluspopulisupremalex esta), la mise en état de défense.exige que les habitants et les propriétés soient soumis à certaines servitudes dont on comprend et dont nous ne discuterons pas la nécessité. Nous allons seulement dire quelques mots de ces servitudes. Elles peuvent gêner parfois la circulation. Quoique l’article 96 du décret du 13 octobre 1863 prescrive de laisser habituellement les portes ouvertes jour et nuit, il conserve néanmoins à l’autorité militaire le droit d’en fermer la totalité ou une partie, quand elle le juge nécessaire.

Nous venons de voir les servitudes atteindre les personnes ; elles atteignent aussi les propriétés. Le décret du 10 août 1853, rendu en conformité de la loi du 10 juillet 1851, distingue deux séries de places fortes et, autour de ces places fortes, trois zones, dites zones de servitude, dans lesquelles tout levé de terrain est expressément défendu, excepté les levés nécessaires à l’arpentage des propriétés. « Autour des places de la première série, les limites des zones sont respectivement à 974 mètres, 487 mètres et 260 mètres des saillants des ouvrages les plus avancés ; autour des places de la deuxième série, on restreint seulement la limite de la zone la plus éloignée, tenue à 584 mètres des mêmes saillants.

« La troisième zone, dit Ratheau dans son Traité des fortifications, comprend tout le terrain qui s’étend entre la fortification d’une part et la limite de 974 mètres pour les places de la première série ou celle de 584 mètres pour les places de la seconde série ; on ne peut y faire ni chemins, ni chaussées, ni levées de terre, ni excavations, rien, en un mot, de ce qui servirait à abriter l’ennemi sans pouvoir être détruit par le canon de la place, La deuxième zone comprend tout le terrain qui s’étend entre la fortification et la limite de 487 mètres. Dans cette zone, autour de la première série, sont défendues toutes les constructions eu maçonnerie ; mais on autorise les constructions en bois, à condition toutefois que les propriétaires se soumettent par écrit à démolir sans indemnité, à la première réquisition de l’autorité militaire, si la place était mise eu état de guerre. Dans la même zone, autour des places de la deuxième série et jusqu’à la limite de la 2o»e de 250 mètres, les constructions en maçonnerie sont permises ; mais leur destruction, si elle

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était nécessaire, ne donnerait droit h aucune indemnité en faveur des propriétaires. Enfin, dans la première zone, s étepdapj ; jusqu’à 250 mètres, sont défendues toutes plantations, constructions et clôtures, sauf las haies sèches et les planches à claire-voie, sans préjudice, bien entendu, des défenses faites pour les deux autres zones. »

L’autorité militaire doit délivrer une autorisation pour permettre les réparations et l’entretien des constructions en maçonnerie ; elle ne l’accorde qu’à la condition, pour le demandeur, de faire une soumission par écrit, dans laquelle le propriétaire consent à une démolition totale, sans réclamer d’indemnité. Comme la loi n’a pas d’effet rétroactif, cette disposition n’est pas applicable si le propriétaire établit quésa construction est antérieure à l’établissement des zones de servitude.

Outre les servitudes intérieures, l’administration municipale d’une place de guerre doit prendre les alignements de manière que la rue militaire ait au moins 7m,79 (4 toises) de largeur.

La loi permet aussi d’imposer des servitudes sur les propriétés privées lorsque le besoin de la défense l’exige ; mais ces servitudes ne peuvent être établies qu’en vertu d’une ordonnance ou d’uu*décret. C’est ainsi que le prescrivent les lois du 10 juillet 1791, 29 floréal an X, 8 mars 1810 et 17 juillet 1819. « Les places fortes, dit M. Ratheau '(Traité des fortifications), ont d abord été créées pour mettre a l’abri les richesses de l’État, tant particulières que générales. Parmi ces richesses, nous comprendronssurtout, au point de vue militaire, tout le matériel, tous les approvisionnements nécessaires à la guerre, comme aussi tout le matériel naval. Tel a été le premier but des fortifications permanentes ; puis subsidiairement on a reconnu que les les places fortes servent de point d’appui aux troupes activés, dentelles forment les véritables bases d’opération, en leur fournissant le matériel et assurant leurs communications, tandis que, en cas de revers, les armées trouvent un refuge sous leurs murailles ; elles s’y réorganisent, y complètent leur effectif et se remettent en campagne, manœuvrant en sûreté au milieu de toutes ces positions pendant que les habitants, dont l’esprit militaire est.entretenu par l’esprit guerrier qu’ils ont constamment sous les yeux, soulagent la garnison d’une partie de ses fatiguqs. •

Malgré cela, dès les temps les plus anciens, et jusqu’à nos jours, l’utilité des places a été contestée, Tout le monde connaît à cet égard l’opinion de Lycurgue, qui ne voulait d’autres remparts à Sparte que les poitrines de ses vaillants défenseurs, Platon disait que les forteresses peuvent rendre les hommes lâches ou paresseux ; mais Aristote, moins rêveur et plus positif, répondait qu’il n’était pas plus sage de soutenir que les villes doivent rester sans murailles que de dire qu’on doit choisir son habitation dans un pays ouvert et facile ou que l’on’ doit y aplanir les montagnes. Machiavel condamnait toutes les places, parce que, si elles sont faibles, disaitil, l’ennemi s’en emparera et les tournera contre vous et, si elles sont fortes, il passera outre sans s’en inquiéter.

Sans entrer dans une longue discussion sur le point de savoir si les plates fortes sent, comme plusieurs le prétendent encore aujourd’hui, plutôt un embarras qu’un moyen

sérieux de défense, nous pouvons dire qu’une des objections les plus décisives qui aient été faites contre la multiplicité des places fortey est la nécessité qui en résulte de disséminer sur une foule de points des ganiison.s»qui affaiblissent le corps d’armée. Le premier Bonaparte pensait à ce sujet que des hommes étant nécessaires à la défense des places fortes, et ndn des soldats, il n’y avait aucun inconvénient à multiplier les lieux fortifiés. Un fait certain, c’est que les places fortes seules peuvent mettre à l’abri des atteintes de l’ennemi les arsenaux et les divers établissements militaires de terre et de mer d’un État ; que jamais, dans les guerres du Consulat et de l’Empire, Napoléon n’a négligé de s’emparer des places fortes de l’ennemi, se croyant maître du pays seulement quand elles étaient toutes en sou pouvoir ; que les alliés n’auraient pas laissé derrière eux nos places frontières, grandes masses menaçantes, si la capitale de la France n’avait pus été une ville ouverte ; que les étraugers sont bien loin de partager l’opinion de l’inutilité des places fortes ; que nous avons été enveloppés par eux d une véritable ceinture de forteresses ; toutes raisons qui militent suffisamment eu faveur des places fortes et nous permettent de conclure que les ennemis les plus acharnés de la fortification permanente devraient se borner à demander, au plus, la diminution du nombre de nos places de guerre.

« Les États ne peuvent se défendre, dit le général Brogniart, que par le moyen dès armées ; mais les armées ne peuvent se former, s’organiser, trouver de la sûreté et de la stabilité et vivre qu’à l’appui des places fortes. Seules, les places fortes sont insuffisantes pour la défense des frontières., car ce ne sontquo des masses mortes dont t’influence ne s’étend guère au delà de la portée du canon de leurs ouvrages ; mais considérées comme les points d’appui et le refuge des armées défensives, considérées comme des tètes de pont pour assurer les manœuvres