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PIQU

ï

Soldat des troupes mercenaires au xine siècle, [i On dit aussi piquinis et fiquicbinis.

— Encycl. Lespiguichins étaient des aven" turiers dont le nom est resté dans l’italien pie/iini, piquiquiui, piquini. C’étaient, ainsi que les ribauds, des troupes mercenaires du xm<3 siècle, comme le témoigne ce fraginoiit de vers de Guillaume Lebreton :

... Et qui reipropter vénales

Scquunlur...

Le seul appât du gain îe$ menait au combat.

On a supposé que les piquicbins étaient des piquiers qu’on a ensuite nommés piquenaires ; mais cette assertion est dénuée de fondement,

Fuisque les piquichins existaient avant que on eût en France commencé à employer la pique. On a prétendu, à tort ou à raison, que le terme dérisoire péquin, pélcin, dont se servent les soldats dans le sens do bourgeois, sortait de la méine souche. Il est vrai que co mot a pris naissance dans l’année d’Italie à la fin du dernier siècle et qu’il a été répandu par la garde consulaire, en grande partie composée de Gascons parlant italien. Les piquichins étaient principalement des aventuriers de Flandre et de Picardie.

PIQUIER S. m. (pi-kié — rad. pique). Soldât ai mé d’une pique : Les premiers dragons étaient des piquikrs, on du moins contenaient îles piquiers jusqu’à l’èpoqve où ils furent tous pourvus d armes à rouet. (Ga ! Bm din.) Elle a comme un piquier son corselet au dos.

Rcohajvb. Vos pères toujours fiers, j.imaîs diminues, Affrontaient le piquier ainsi que l’escadron, faisaient, musique en tète et sonnant du clairon, Face à toute une armée...

V. Hugo.

— Encycl. Le piquier était armé d’unie piue, qu’il portait élevée le long du bras droit

ilatis les marches, qu’il fichait en terre, aux haltes, et qu’il tenait à deux mains en combattant. Froissait témoigne que, primitivement, en idiome picard ou flamand, les piquiers se sont nommés hochebos, hoquebos ou kokebos, c’est-à-dire remue-bois. Le mot piquier n’a prévalu sur ces appellations nue depuis le xve siècle ; il s’est appliqué, si l’on en croit Philippe de Clèves, à un genre à’hommes d’armes.

Les premiers, les Suisses eurent des corps do piquiers ; les piques de ce peuple étaient longues de 6 mètres, et leurs bataillons carrés, hérissés de ces armes, reçurent le nom caractéristique de hérissons.Les Flamands, les Espagnols nu tardèrent pas à imiter les Suisses ; ces peuples acquirent une grande hnbileté dans l’art de manier la pique, et leur infanterie passa pour la meilleure de l’Europe.

Les piquiers flamands du Xtiio sîeCTe savaient déjà former des carrés, présentant un vide intérieur, dans lequel se trouvaient des chevaux de rechange pour les gens de cheval et qui servait au besoin de refuge a ces derniers. En France, on possédait des piquiers au moyen âge ; ils étaientattachés aux espèces do brigades nommées échelles. Les gens d’armes du moyen âge, les Albanais mettaient quelquefois pied à terre pour combattre comme piquiers ; les lansquenets étaient des piquiers. Quelques écrivains assurent mû me qu’il y avait des piquiers dans les francs archers ; les chefs des francs archers étaient armés de la pique, c’était l’insigne de leur commandement. Sous Charles V111, la proportion des piquiers aux. escopettiers était de dixa.ua ; sous Louis XII et François Ier, de deux ou trois à un. Les piquiers et les halfebardiers formaient les quatre cinquièmes des lésions organisées par ce dernier roi. Sous Henri IV, on comptait trois piquiers pour deux arquebusiers ou mousquetaires. Enfin les armes à feu, après avoir été en aussi grand nombre que les piques, flairent par faire abandonner ces dernières. Vers le milieu du xviio siècle, il n’y avait qu’un piquier par deux mousquetaires, et plus tard un piquier par quatre mousquetaires.

Les oflieiers piquiers de l’armée française étaient urinés d’une demi-pique, que l’on nommait esponlon ; ils conservèrent cet espontun assez longtemps après l’adoption des armes à fou.

Dès 1704, les armées anglaise, autrichienne, ■bavaroise, danoise, hessoise, hollandaise et prussienne ne comptèrent plus de piquiers. lin France, les Cent-Suisses rappelaient lus piquiers ; en Portugal, c’étaient les lanzos, armés du chuco.

Lu Révolution a fait revivre les piquiers. Une circulaire de 1792 (27 août), dit le général Bardin, adressée aux directoires des départements en vue.d’une défensive sans délais, contenait un plan de création de bataillons de piquiers, qui ne s’est réalisé que partiellement. Cette institution n’eut pas de durée ; mais, en 1793, nous vîmes à Bergues un bataillon de cette nature, qui avait été formé dans le département de la Somme.

Piiiuilin, opéra-comique en trois actes,

paroles d’Alexandre Dumas et de Gérard de Nerval, musique d’Hippolyte Monpou ; représenté le 31 octobre 1837. Le livret est peu intéressant, et le héros de la pièce, Piquillo, voleur espagnol, n’inspire pas une grande sympathie. Quant a la musique, elle a le cachet d’originalité qui distingue toutes les productions de Monpou. Nous mentionnerons les charmants couplets chantés par Jenny

PIQU

Colon : Je ne suis point J’hcebé, la déesse voilée ; te ttio : Au voleur.’ le trio du signalemont : Piisque vous voulez bien éclairer la justice, e ; surtout l’air ravissant : Mon doux pays des Espagnes, chanté par ChoSlet au théâtre, et dans les concerts par Ponchard père, avec un grand succès. C’est une nn4odie colorée, pittoresque, pleine de souffle et de chaleur, à laquelle on ne peut reprocher qu’un peu de monotonie. Nous la reproduisons ci-après.

Andaitino,

lion doux pa- ya des fîs-pa - gnes,

PIQU

Qui vou-drait fuir ton beau ciel.

Tss ci - tés et tes mon-ta - gués,

. à M 1 n

Et ton printemps é-ter-nel !

$feÉfe£=gg3gË&

7 on air pur

qui nous en - i ’ vre

Kt tes jours moins beaux que tes nuits ; TeschampsoùDieu voudrait vi - - vre,

SilëëéêêÉ^

(Vil quit- tait son pa - ra —ùis

ifEE^jEÉfeÊÊEEÉË

Mon doux pa-ys des Us- pa - gnes,

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i)ui vou-drait fuir ton beau ciel,

les tnon-ta • gnes,

Tes ci - tes et

~±zrr^

j>- ^ : tzxz :*zz=zizzf.zzzhz*—*zz7ï

Et ton printemps 4- ter-net ?

Au-tre-fois, ta sou-ve- rai

ne,

en te fuy-ant,

jpbzb^1^—jfer y=£zp%z±==$z9zi

Lais-sa, sur ton front de rei - ne.

Sa cou-ron

ne d’O ■ ri - ent ;

Et l’ii-cho re - dit etï-co-re, en-core^

*.z-tz

’ B. ! * « «- r *—à t-

A ton ri - va - ge en-chanté,

! !ipÉp=lyi&

L’an-ti - que re - frainduMau - re,

zfetfyztlzzizihzzïzlzztzl

zizzïl

fet :

^zim

Gloire, amour et li-bor-te ! 0

-■^-fF-fFztz

©Z-=t£fc

^Mfe4—g^j

droit fuir ton beau ciel ? O

^i^PP^^p

monEs-pa- gne ché - ri - e, Qui voulliippiigiîlip

— drattfuirton beaucieUQuivoudraitfuirjamais ton ciel ? Qui voudrait fuir ja UÉMipsiiS

ton ciel, O

mon Es -

pa - gne che - ri-c ! Je veuxrcs mMÊÈzm^m

1er sous ton

veux res - ter tou - jours

|^E=E=pf

Sous ton

beau ciel !

mon Es- pa - gne ché - ri - e, Qui vou Piqtiillo Allinc.li OU les Maures «on» Phitil»I>o III, roinau d’Eug. Scribe (1S47, 11 vol. iii-i>£’)- Le héros de ce roman est un personnage historique et les événements auxquels l’auteur l’a mêlé ne sont pas tous imaginaires ; c’est Fray Luiz Aliaga {et non Alliaga, comme l’écrit Scribe), confesseur de Philippe III, personnage assez louche, sur lequel les historiens donnent peu do détails, mais qui joua certainement un grand rôle lois de l’expulsion des Maures en 1609, coup d’Ktat qui fut encore plus funeste il l’Espagne que la révocation de l’édit de Nantes à la Fiance (v. Aliaga, au Supplément). Scribe, à l’imitation d’Alexandre Dumas, a essayé de suppléer par son imagination à l’insuffisance de l’histoire ; mais il a complètement dénaturé la physionomie repoussante de son héros din de le rendre intéressant.

D’abord il en fait1 un Maure. C’est un pauvre enfant abandonné dans un couvent, mis ix la porte par les bons pères dès qu’il peut se tenir sur les jambes et répondant au nom de Piquillo, le seul qu’il se connaisse. Il tombe d’abord, comme Cil Blas, dans une bande de brigands dont le capitaine, auquel il échappe, devient son ennemi mortel. De là, le petit vagabond passe dans les cuisines du vice-roi de Navarre, dont les Filles Carmen et Aïxa, émerveillées de sa gontillesse, s’intéressent à lui, lui apprennent a lire, puis le font nommer secrétaire de leur père. Devenu ainsi un personnage, Piquillo découvre sa mère ; c’est la Mauresque Géralda, brillante actrice autrefois, maintenant réduite a la misère et habitant un abominable galetas. Géralda reconnaît bien son fils, mais elle ne peut pas lui dire au juste quel est son père : elle était si fêtée dans ce temps-là I 11 est probable cependant qu’il doit le jour au duc d’Uzède (Uceda), fils du eomte de Lerme, premier ministre de Philippe III. Son père putatif, chez qui se rend Piquillo, muni d’une lettre de la Oéralda, le fait mettre à la porte, et l’actrice, au récit de cet affront, meurtde douleur. Sur ces entrefaites, Piquillo, qui a pris sou nom de famille, Alliaga, perd sou prolecteur, le vice-roi, dont les filles sont recueillies par une intrigante, dévouée aux jésuites, la comtesse Aluunira ; d’après les recommandations de sa mèro mourante, il se rapproche d’une riche famille mauresque établie à Valence, les Delescar-Albérique, dont le lits Yezid devient son intime ami ; mais il lui faut bientôt retourner à Madrid chercher fortune et il retombe entre les mains de ce chef de brigands, Juan-Baptista, qu’il avait déjà connu dans sa jeunesse. Il leur échappe encore, en se réfugiant dans un couvent de jésuites ; là, il rencontre le fameux Escobar, qui veut absolument le convertir au catholicisme ; Piquillo résiste ; cependant il songe que sous l’habit religieux il pourra rendre quelques services à ses frères et il consent à se convertir, puis à prendre l’habit ; mais, en haine des jésuites, il se fait dominicain. Il avait bien raisonné ; sous cette robe mirifique, le Maure vagabond devient le conseiller du duc de Lerme et le confesseur de Philippe III. Enfin, le voilà parvenu au pouvoir, et l’on croit qu’il va empêcher le roi de proscrire les Maures ; pas du tout ; il ne parvient qu’à sauver quelques-uns de ses amis et à faire exécuter le chef de brigands qui depuis si longtemps le poursuit partout. La mort de Philippe III met fin à son

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rôle politique et il rentre dans la vie privée. C’était bien la peine de bouleverser toute l’histoire d’Espagne pour arriver à ea mince résultat. La biographie véritable dt Fray Luiz Aliaga, persécuteur acharné des Maures, ennemi de Cervantes, dont il essaya de contrefaire le Don Quichotte, et l’assassin probable du comte de Villamediana, prétait au roman tout autant que cette biographie fantaisiste. Quelques peintures seulement, relatives à la situation des Maures en Espagne au xvie et au xvnc siècle, quelques types secondaires, comme celui d’Escobar, sont assez réussis.

PIQU1N1-BASSAM, territoire qui a été nnnexé à l’établissement du Graud-Bassani, après une Convention passée en 1S44 entre la France et Gadji, roi de la tribu.

PIQUINIS. V. P1QUICHIN.

P1QU1TINGA s. m. (pi-Uoui-tain-gaj. Ichthyol. Poisson du genre ésoce, qui habile l’Amérique.

PIQUOIR s. m. (pi-koir — rad. piquer). B.-ans. Aiguille emmanchée dont on se sert pour piquer un dessin.

— Pêche. Sorte de harpon à main, avec lequel on pique le poisson : Quand les chaloupes ariïoent, les pécheurs, à l’aide du pi-QUOiR, tige de fer pointue au bout d’un manche, piquent la morue au fond de la chaloupe et la jettent sur la galerie. (Illustr.)

PIQDONK1EK S. m. V. P1CONNIEE.

PIQUOT s. m. (pi-ko — rad. piquer). Ane. artimlit, Sorted’épée anciennement eu usage.

PIQÛRE s. i. (pi-ku-re— rad. piquer). Petite blessure faite par un objet aigu : Une PfQûhk d’épingle. Une piqCius de guêpe. L’âne est bien moins sensible que le cheval au fouet et à ta piQûitE des niouches. (Bulf.) Une piqOrk d’épingle peut donner un tétanos mortel. (Ctiv.) La plupart des panaris n’ont d’autre cause que ta piqOrb du doigt par un éclat de bois, une épine et par tous tes instruments aigus dont nous nous servons habituellement. (Perey.) (

— Trou pratiqué par un insecte : Piqûre de ver. Un fruit qui a une PlQfjRK est bientôt gâté.

— Fig. Chagrin ; dépit causé par une chose blessante : Les piqùrhs de la satire blessent plus crueltement que les attaques de la calomnie. Quelque bonne mine que je fisse à mapeste, je ne laissais pas d’eu avoir au dedans de la piqûre. (Montaigne.) H m’est impossible de ne pas sentir la piqûuk des chagrins journaliers. (G. Sand.)

Piqûres de mouches, Nom impropre des taches que laissent les mouches sur tous les objets où elles s, e posent, et qu’on appelle plus exactement chiukes.

— Comm. Livre qui, no contenant qu’un petit nombre de feuilles, est piqué sur la couverture au lieu d’être broché.

— Chir. Ouverture faite à la veine pour tirer du sang : La marquise a été saignée, c’est un fait certain ; j’ai été la compresse qu’elle a au bras et j’ai vu ta piQÙm ;. (Le Sage.) || Piqûre du nerf, de l’artère, Blessure faite avec la lancette au nerf, à l’artère, dans l’opération de la saignée, il Piqtire anatomique, Petite blessure, souvent très-dangereuse, produite par un instrument ou par une esquille, pendant la dissection d’un cadavre.

— Art vétér. Blessure que le maréchal fait, par maladresse, au pied du cheval qu’il ferre, en enfonçant un clou jusqu’au vif.

— Teehn. Rang de points et arrière-points qui se font symétriquement, soit pour unir deux ou plusieurs étoffes mises l’une sur l’autre, soit pour orner certaines parties d’un vêtement : La piqûkk d’une jupe, d’un corset, d’une courte-pointe. Il Nom donné aux ornements que l’on fait sur certaines étoffes en les perçant symétriquement avec de petits fers.

— Mol !. Piqûre de mouchej Nom vulgaire d’une coquille du genre cône, appelée aussi

MiSRDK DU MOUCHE.

— Encycl. Aléd. En général, quelque légère que soit une piqûre, elle intéresse toujours quelque vaisseau et, si l’hémorragie n’a pas toujours lieu, c’est que les tissus, u aynnt pas été largement divisés, reviennent sur eux-mêmes et empochent le liquide de s’échapper au dehors. L’ècartement des bords d’une piqûre n’est pas considérable, La douleur qui en résulte varie selon les circonstances. Elle est quelquefois nulle, tandis qu’elle peut être très-vive lorsque, les aponévroses n’ayant pas été déchirées, elles limitent et étranglent les tissus enflammés qu’elles renferment.

Les doigts sont la purtio du corps la plus exposée minpiqùres, et la sensibilité dont ces organes sont doués rend presque toujours ces lésions très-douloureuses, quelquefois même mortelles. Presque tous les panaris reconnaissent pour cause une piqûre. Pour empêcher les piqûres des doigts d’avoir des conséquences fâcheuses, la plupart des ouvriers jettent, aussitôt après l’accident, quelques gouttes d’huile sur des charbons incandescents et placent la partie blessée au milieu de la fumée chaude qui s’en dégage ; il se produit ainsi une espèce de cautérisation presque toujours salutaire. Les piqûre s des orteils sont plus rares que celles des doigts, mais elles sont peut-être plus dangereuses. Rien de plus fréquent que le développement du téta-