Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 12, part. 3, Phen-Pla.djvu/257

Cette page n’a pas encore été corrigée

PIN

montagnes, où il se trouve souvent fracturé il diverses hauteurs par le poids des givres ou des neiges que retiennent ses longues feuilles. Il s’accommode de toutes les expositions et aime même le plein midi. Il est commun en France, dans les Alpes, les Pyrénées, les Vosges ; on le trouve aussi en Bourgogne, en Auvergne, aux lies d’Hyères, sous le climat de Paris, dans le Nord et dans les terrains un peu humides. Quand il croît pressé en forêt, il s’élève très-haut et très-droit ; dans le Midi, aux lieux secs et arides, quand il est planté isolé, il s’élève moins et devient tortu et rabougri. La forêt de Fontainebleau en contient 10,000 arpents de différents âges, dont le premier semis a été fait eu 1786 avec des graines de Russie. Le pin sylvestre aime les sols profonds, légers, siliceux, calcaires, la craie sèche ; il vient même dans les sables, et son bois y acquiert une excellente qualité ; les terres compactes lui sont défavorables ; dans celles qui sont humides et tourbeuses, il prend un aspect particulier et sa végétation devient languissante ; il croît dans les sols secs, caillouteux, granitiques ou argileux ; il végète encore très-bien dans les sols secs et pauvres ; il se plaît dans les montagnes siliceuses, granitiques ; là, ses racines s’allongent et courent en serpentant le long des roches.

L’exposition nord est la plus favorable au pin sylvestre ; ses qualités varient ou se perdent à mesure qu’il s’éloigne des parallèles placés entre le 5Qe et le 60<= degré de latitude N. de l’Europe. Sous les latitudes méridionales, dans les lieux secs et arides, ses feuilles deviennent plus courtes et plus rares, ses cônes diffèrent par la forme, qui devient parfois pyramidale triangulaire. Il croît spontanément dans une grande partie de l’Europe, surtout dans le Nord et les paya de montagnes ; le soleil et le grand air lui sont indispensables.

Le bois du pin sylvestre est résistant, uni, liant élastique, léger, à grain épais et inaltérable. Il est blanc jaunâtre dans l’aubier ; il tend au rougeâtre vers le cœur ou durâmes. Il varie de poids et de densité suivant l’âge et les circonstances de son développement ; il renferme beaucoup de térébenthine dans ses canaux résinifères. Si le pin de la Baltique est supérieur pour la menuiserie et les. matures, c’est aussi le meilleur bois pour les constructions navales. On le débite pour madriers, planches, bois de fente, poteaux télégraphiques, etc. De ses rameaux et de ses

feuilles, comme de ceux et de celles de tous les conifères, on extrait de la laine, de l’huile, de l’éther, du savon balsamique ; son écorce est assez astringente pour être substituée k celle du chêne, dans le nord de l’Europe, pour le tannage des peaux. En temps de disette, les Lapons et les Finlandais font une sorte de pain avec ses couches intérieures triturées, qui renferment un principe muqueux nutritif. Son écorce est tellement légère, qu’elle peut remplacer le liège pour quelques usages, par exemple pour soutenir sur l’eau les filets des pêcheurs. Les peuples du Nord construisent leurs maisons avec le bois du pin sylvestre ; ils en font des meubles, des traîneaux, des torches pour s’éclairer la nuit ; pour cet éclairage, on emploie également les cônes. Le pin sylvestre produit, en grande partie, le goudron de la marine ; on 1 en retire communément en soumettant dans des fourneaux, à une combustion lente et graduée, les souches et les racines. Ses produits résineux ont beaucoup d’importance. En Suède, en Norvège, en Allemagne, son bois est d’une grande ressource pour le chauffage, et son charbon est recherché pour les forges. Il fournit, avec ses feuilles ou aiguilles, la laine des forêts, base d’une industrie nouvelle qui sera exposée plus loin.

Le pin laricio ou de Corse est indigène dans cette Ile ; il y forme de grandes forêts. Ses racines sont fortes, nombreuses et pivotantes ; son feuillage donne un couvert ni trop léger ni trop épais ; ses fleurs, monoïques, paraissent en mai ; sous chaque écaille du strobile, il y a deux amandes à noyau dur, agréables au goût ; ce fruit mûrit à l’automne, en même temps que celui du sylvestre. Ses semences, ailées et légères, se disséminent immédiatement. Ce pin atteint de grandes dimensions en Corse, où il vit plusieurs siècles ; il s’élève à 45 mètres de hauteur, avec une circonférence en proportion ; sans la saignée résineuse, il deviendrait encore plus haut et donnerait un bois d’une qualité supérieure. Il habite ordinairement les montagnes, d’où on peut conclure qu’un sol léger lui est favorable ; il vient cependant très-bien dans les terrains argileux, gras et dans les graviers provenant de la décomposition des roches granitiques ; il ne réussit pas aussi bien que le sylvestre dans les sables purs.

Le laricio est très-estimé comme bois de charpente et pour les constructions navales ; son bois n’a pas néanmoins, pour ce dernier usage, la force et l’élasticité du pin sylvestre ; il fournit des planches longues de 15 mètres et de bons madriers. Ce bois est d’un travail facile pour la menuiserie et pour diverses industries ; il a le grain très-lin. Sa résine, très-abondante, est confondue, dans le commerce, avec la térébenthine de Venise. Le pin pignon {pinier d’Italie)i’se reconnaît k l’étendue de sa tête, qui forme parasol, à

XII.

PIN

son tronc droit et dénudé, à.ses branches horizontales. Le tronc s’élève jusqu’à J7 mètres ; l’écorce est blanchâtre, crevassée. Les feuilles, d’un vert foncé, sont épaisses, longues et géminées. Les fleurs poussent en mai ; les chatons mâles sont jaunâtres, disposés en grappes de quinze à vingt sur des rameaux grêles. Les cônes sont gros, ovoïdes, renflés, luisnnts, et leur maturité n’a lieu que la troisième année ; sous chaque écaille sont logées deux amandes grosses comweune petite noisette, enveloppées chacune d’une coquille ligneuse. Le pin pignon, qu’on ne rencontre en France qu’à l’état isolé dans la Provence, qu’il habite particulièrement, se trouve à 1 état sauvage ou à l’état de culture dans toute la région méditerranéenne ; il croît dans les pays chauds et il ne peut végéter trop au nord. Il réussit dans nos départements maritimes du sud, où il se plaît dans les plaines et dans les vallées. Il peut atteindre un âge très-avancé. Il s’élève jusqu’à 20 mètres, ce qui doit faire supposer qu’en massif il peut atteindre de 30 à 35 mètres. Son bois est très-propre à la charpente ; on en fait des planches et des corps de pompe ; en Orient, on l’emploie pour la mâture et le bordage des vaisseaux. Le pin pignon donne un fruit très-recherché ; on en mange les amandes k la main et on les fait entrer dans des friandises qu’on nomme p :"gnonat. En Italie, ces amandes paraissent avec distinction sur les tables, mêlées à divers ragoûts ; on en fait d’excellentes dragées et pralines ; en Provence, où elles sont également appréciées, ou les mêle avec des raisins de Corinthe.

Le pin d’Alep ou de Jérusalem, originaire de Syrie et de Barbarie, est assez commun dans nos départements du Midi. Il a des racines plus traçantes que pivotantes ; ses rameaux sont étalés ; ses feuilles, fines, rapprochées contre les rameaux, donnent un

couvert léger ; disposées deux à deux ou trois à trois dans la même gaîne, elles sont longues, étroites et d’un vert foncé ; les cônes, de couleur jaune fauve, sont attachés aux rameaux par de forts pédoncules ; la graine est ailée et légère ; sa maturité se fait deux ans après la floraison et sa dissémination a lieu aussitôt. Le pin d’Alep se contente d’un sol très-médiocre, pourvu qu’il soit léger et sec. Le bois est dur, résistant, propre à la charpente, à la menuiserie et aux diverses industries.

Le pin maritime ou pin de Bordeaux, par ses racines fortes, k disposition pivotante, et par sa végétation rapide et vigoureuse, parvient à fixer les sables des dunes. Ses feuilles sont longues ; leur ensemble ne donne qu’un faible ombrage ; elles tombent à la troisième année, comme celles du pin sylvestre. Les fleurs, monoïques, paraissent en avril dans le Midi, en mai dans les autres parties de la France, notamment dans le nord-ouest ; les chatons mâles sont jaunâtre fauve, nombreux, en grappe serrée à la base et autour du bourgeon qui doit former la nouvelle pousse de l’année : les cônes, roussâtres et luisants, ont une forme pyramidale ; la semence, ailée et plus grosse que celle du pin sylvestre, mûrit et se dissémine à la même ^oque. Le pin maritime croît naturellement dans le midi de l’Europe, dans les sables du bord de la mer et dans les contrées adjacentes ; il est commun en France dans la Provence, le Languedoc, les Landes. La variété à petit fruit est plus répandue dans l’ouest de la France ; c’est elle qui croît en Bretagne et dans les sables arides des enviions du Mans, Une de ses variétés, le pin hamilioit, se trouve aux environs de Nice et à Corte, en Corse. Le pin maritime est originaire du midi de l’Europe ; il ne peut être cultivé dans les pays trop au nord ; il brave nos hivers ordinaires, mais il court des dangers quand ils sont rigoureux ; il couvre des parties de forêts considérables dans les Landes ; quoiqu’il appartienne plus particulièrement aux climats chauds, on le cultive avec succès dans les départements de l’ouest, vers les bords de la mer. Des semis faits dans la forêt de Fontainebleau ont également réussi ; mais il est douteux que, transporté plus au nord, il puisse être acclimaté, attendu que les froids vifs lui font beaucoup de mal ; il paraît se plaire de préférence dans les plaines. On le nomme pin des Landes, pin du Maine.

Le bois du pi ; i maritime est pâle à l’aubier, rougeâtre au cœur ; sa fibre est grossière, dure, lourde, sans souplesse ; il est jugé de beaucoup inférieur à celui du sylvestre et de beaucoup d’autres essences résineuses ; on s’en sert pour différentes constructions civiles ; il sert à la charpente, à la menuiserie, à l’emballage, à faire des pilotis et des étais dans les chantiers de la marine pour soutenir les vaisseaux en construction ; on le débite en planches, en échalas ; comme bois de chauffage et comme charbon, il est de faible qualité ; il est employé dans la boulangerie parce qu’il donne un feu flambant. U contient beaucoup de substances résineuses, et ou extrait d’excellent goudron de ses souches.

C’est le pin maritime qu’on exploite le plus spécialement et sur la plus large échelle pour la récolte des produits résineux. Cette récolte se fait par des saignées successives ; c’est à vingt-cinq ou trente ans que les arbres ont la force de les supporter ; elles ont lieu d’avril en mai jusqu’en septembre ; le ré PIN

sînier juge k sa dimension si le pin est bon à tailler, À la hauteur de om,50, il enlève une « bande d’écorce de 0<n,12 à om,18, il entaille de façon à pénétrer l’aubier, et alors, d’entre l’écorce et le bois, le suc résineux s’écoule du corps ligneux’ ; chaque semaine le résinier rafraîchit la plaie ; chaque année se suivent des entailles à des hauteurs successives ; on opère ainsi jusqu’à la hauteur de 5 mètres ; on recommence ensuite par le pied dans l’intervalle des anciennes incisions, et l’on fait, par ce procédé, le tour de l’arbre. Dans les Landes, les entailles sont nommées quarres. Tel est le mode de saignée le plus modéré, car il est une méthode dans laquelle on attaque, à la fois, l’arbre par le haut et par la bas ; la première entuille est dite quarre haute, la seconde basson ; parfois, sur toutes les faces de l’arbre on pratique la taille dite simultanée ; c’est surtout pour son suc résineux qu’on cultive le pin maritime ; quand les arbres sont très-nombreux dans une pignada (bois de pins) et qu’on y emploie la méthode de taille simultanée, on dit qu’on taille à pin perdu. Le suc résineux qui s’écoule par l’entaille pratiquée jusqu’au liber est reçu dans de petites auges mises au pied des pins et qu’on vide de temps en temps ; on se contente parfois de simples trous en terre ; la résine coule d’autant plus abondante qu’il fait plus chaud ; les pin* exposés au soleil en donnent plus que ceux qui sont à l’ombre ; l’écorce laisse suinter des gouttes résineuses qui se dessèchent et forment des grains qu’on emploie au lieu d’encens dans les églises de campagne.

La matière résineuse fournie est purifiée, soit par la liquéfaction à la chaleur artificielle, soit au soleil et à travers des filtres de paille ; dans ce dernier cas, ou obtient une huile volatile liquide, épaisse, visqueuse, jaune clair, d’une saveur acre, amèro, à odeur forte et pénétrante. Une seconde espèce de matière résineuse se recueille dans de petites fossettes creusées à la base des entailles quatre fois dans le courant de la saison ; elle est destinée k être transformée en brai sec ou résine jaune ou bien k être traitée par les procédés à l’aide desquels on en retire l’huile essentielle. La premiëio espèce de résine est le barras, qui se fixe le long des entailles et y forme des croûtes" blanchâtres’ ; le brai sec se fait en ajoutant au galipot une quantité de barras suffisante pour lui donner de la consistance ; on en forme des pains de 100 k 125 kilogr. Le goudron est une matière résineuse, liquide, noirâtre, qu’on obtient par la combustion lente et graduée du bois des vieux pins qui ont fourni la résine et qu’on réduit en petites bûchettes. On retire également du goudron de la paille qui a servi à filtrer la résine et des petits copeaux qu’on ramasse dans les piguadas après la taille des pi’iw.

Pour le pin cembro, v, cembro,

Le pin de lord Weimouth (pin strobe) a été importé en Angleterre par le lord dont il porte le nom. Quoique exotique, on l’associe aux bois indigènes de la France, parce qu’il y est acclimaté depuis longtemps. Il se distingue par son utilité et par la beauté de son port. Ce pin, originaire de l’Amérique septentrionale, est très-commun dans le Canada. On le cultive avec succès dans tous les climats de la France, à l’exception de celui du midi, qui paraît ne pas lui convenir ; il préfore les régions un peu froides. Il a pour racines un pivot très-prononcé, accompagné de racines latérales nombreuses ; le feuillage, fin et léger, donne peu de couvert. Les fleurs sont monoïques et paraissent en mai ou en juin ; les strobiles sont mûrs seize mois après la floraison, et la dissémination de la graine, qui est légère et ailée, a lieu aussitôt. L’arbre porte semence très-jeune. Il prospère dans un terrain légèrement humide, profond et substantiel ; la.croissance est très-rapide ; il atteint un âge très-avancé et prend les plus fortes dimensions. Son bois est ferme, léger, peu noueux et facile à travailler. Eh Amérique, on l’emploie pour la charpente et même pour la construction des vaisseaux, surtout pour la mâture ; mis k l’abri de l’humidité, il a ta durée et la consistance de nos meilleurs pins ; il est très-recherché par différents métiers ; sa texture est fine et il prend un beau poli.

Les pins de toutes espèces couvrent les zones froides des deux mondes de forêts immenses ; on n’en trouve, dans les pays chauds, que des espèces particulières ; avec les sapins, ils couvrent la moitié du sol forestier en France. Avee eux, on peut changer en admirables futaies les landes et les terrains incultes, repeupler les clairières, boiser ou reboiser les versants des montagnes et en couvrir leurs flancs les plus abrupts et les plus sauvages.

On cultive en France et en Europe un grand nombre d’espèces exotiques de pins. On les place dans les jardins paysagers et autour des châteaux, ou ils forment de magnifiques ornements ; hôtes superbes des bois et des montagnes, ces arbres à fières allures, dit M. Kirwan, ont des tiges hautes et droites qui inspirent je ne sais quel attrait particulier et profond.

Semis et plantations de pins. Toutes les espèces de pins ne se multiplient que de semence, mais leur fécondité est prodigieuse ; & vingt ans un arbre donne plus de cent cô PIN

1025

nés ; k un âge plus avancé il en donne dea milliers, et chaque cône contient de soixante & cent graines, dans quelques espèces de deux cents k trois cents, qui conservent leur faculté germinative pendant plusieurs années si elles restent renfermées dans leurs cônes. Dans la plupart des espèces, les fruits s’ouvrent naturellement au printemps, quand la chaleur a desséché les écailles du cône ; alors celles-ci s’écartent et laissent tomber k terre les graines, qui germent spontanément.

L extraction des graines peut se faire k la chaleur artificielle d’un fourneau ; mais à l’aide de la chaleur solaire on obtient des graines d’une qualité supérieure. Pour le désailement des graines, on les humecte après les avoir mises dans un sac qu’on ne remplit qu’au qiîart, on les frotte fortement jusqu’à ce que les ailes s’en détachent, on les étend ensuite dans un lieu aéré et, quand on les juge assez sèches, on les nettoie entièrement au moyen du van. Ce désailement rend la transport plus facile et moins coûteux. La semence désailée est moins dispersée par les vents quand on sème, mais elle se conserve inoins. Les semences de pin sont noires ou blanches ; ces dernières en renferment un plus grand nombre de vaines ; elles doivent peser par litre de 120 k 140 grammes si elles sont ailées, do 440 à 500 grammes si elles sont dés’ailées. Ces graines réclament des soins de conservation ; il faut les soustraire k l’humidité dans des greniers frais, aérés, en couches de om,30. Elles ne restent bonnes que jusqu’au printemps qui suit la récolte. Pour connaître leur qualité, il faut en faira germer une quantité que l’on compte ; on en juge par la proportion de celles qui réussissent. On peut aussi ouvrir les graines au couteau pour voir si l’amande et le germe sont en bon état ; on peut encore les faire germer entre deux morceaux de laine humide et consulter cette germination. Les semis se font en novembre et en décembre, dans le Nord k la fin de mars. On se conduit différemment selon qu’on se propose de former des bois ou des pépinières ; la quantité de semence à employer est, en moyenne, de 16 kilog. de graine ailée et de 12 kilogr. si la graine est désailée. On laboure ordinairement par bandes alternées ou par pots ; il faut remuer la terre le moins possible ; le râteau en fer pourrait suffire ; pour recouvrir la graine, on se sert de la herse ou d’un fagot d’épines ; il n’est pas nécessaire de ménnger beaucoup l’abri ; pour pépinières, on sème les graines dans do petites plates-bandes labourées à l’exposition nord ou nord-est : on forme dos abris contre les ardeurs du soleil avec des paillassons ou des claies ; les graines lèvent en trente ou cinquante jours, parfois elles lèvent plus tard ou ne lèvent pas. On peut mêler la graine de pin à de l’orge ou k de l’avoine, dans la proportion d’un cinquième ou d’un sixième ; les céréales croissent plus promptemeiit et garantissent les jeunes arbres des rayons du soleil ; k la récolte, on coupe seulement les épis pour que les chaumes continuent leur protection. Quand le terrain se trouvera garni de myrtille, de genêts k balais, de bruyères, il suffira de les conserver-dans les bandes qu’on laisse en friche. Lorsque les graines sont semées, le terrain ne demande plus d’autre soin que celui d’en écarter les oiseaux et de le protéger contre les bestiaux par des palissades et des fossés. Si le semis réussit, il est inutile de labourer et de sarcler, les mauvaises herbes étant plus utiles comme abri qu’elles ne sont nuisibles ; on peut même se dispenser de faire des éclaircies, car les pins croissent bien serrés les uns contre les autres ; ainsi serrés, ils s’entresoutiennent.

Dans le Nord et k l’exposition du nord, on pourrait élever les jeunes plants sans abri ; le sol doit être, pour pépinière, de qualité moyenne, frais, non humide, léger, sableux sans pierres ni rocailles ; il faut donner abri contre le soleil levant et le soleil couchant, après les équinoxes, car alors il y a k redouter les gelées automnales et les gelées printaniéres qui font du mal aux jeunes pousses. Dans la pépinière, on établit de larges allées et des plates-bandes qu’on défonce et qu’on ameublit.

Pour faciliter les déplantations et vivifier les racines, on sème en avril, dans des rigoles peu profondes, des graines en abondance ; on les recouvre de terre de bruyère, de terreau et de feuilles ; dans la première année on desserre les brins, on repique au plantoir ; par de telles plantations et déplautations successives, on augmente le chevelu des racines et la reprise des plants devient plus facile. Il faut arroser copieusement, non-seulement la terre, mais encore la tige et le feuillage. On repique de mars en novembre, en évitant de blesser les racines. Enfin, on bine et on sarcle, si on craint que les jeunes plants ne soient étouffés par les mauvaises herbes.

À un certain âge, les pins replantés prennent difficilement. Quand on transplante des pins de six k dix ans, on trempe leurs racines dans un terrain de terre fraîche et de bouse de vache délayées avec de l’eau ; ceia les garantit du coniact de l’air et contribue à leur conservation. Pour la transplantation il faut choisir un jour nébuleux. Les pins n’exigent de soins que dans les premières années ; plantés k demeure, ils peuvent se pas. ser de soins. L’abri contre les ardeurs du soleil n’est pas absolument nécessaire si l’en.

129