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produit plusieurs fois et vit très-bien dans les volières. Il en est de même du pigeon longup ou à crête, une des plus jolies espèces, originaire de l’Australie.

Le pigeon lumachelle doit son nom aux hrillnntes couleurs de ses ailes bronzées, qui offrent les reflets de l’opale et le chatoiement de la tuinachelle. Il habite la Nouvelle-Galles du Sud, la terre de Van-Diémen et 111e de Norfolk ; il vit à terre ou d : ms les broussailles et fait entendre un roucoulement sonore, que l’on a comparé au bengiement de la vache. Son vol est très-puissant. Cet oiseau émigré à certaines époques. Il se nourrit de fruits sauvages et devient très-gras. Il niche dans des trous d’arbre ou même à terre ; la femelle pond deux œufs blancs. La chair de ce pigeon est assez recherchée. Introduit en Angleterre depuis quelques années, il s’y est reproduit plusieurs fois.

Il nous reste maintenant à parler de l’élevage et de l’éducation des pigeons, qui, pratiqués de temps immémorial, forment aujourd’hui une industrie assez importante. On peut élever ces oiseaux en colombier ou en volière. Nous renverrons h ces mots pour les détails qui concernent l’aménagement des demeures ces pigeons. L’éleveur doit choisir de bonnes races. Ce choix dépend souvent des conditions locales ou d’au) res circonstances particulières, et il serait difficile d’établir à cet égard une règle absolue. Nous avons fait connaître plus haut les qualités et tes défauts qui caractérisent les races principales. On peut d’ailleurs, par les croisements et la sélection, modifier ou améliorer te type au bout de quelques générations et le rendre plus apte à atteindre le but qu’on se propose ; de là le nombre considérable de races secondaires ou sousraces créées par l’action de l’homme. Les règles générales de l’hygiène des animaux domestiques devront toujours être soigneusement observées.

La question de la nourriture est très-importante. Sans doute, les pigeons qui sortent savent lu trouver dans les champs ; mais il y a des époques dans l’année où, pour une cause ou pour une autre, ils restent renfermés au colombier ; il faut donc pourvoir alors à leur subsistance, et cette nécessité devient absolue et permanente pour les individus élevés en volière. D’habiles éleveurs se sont même fait une règle de ne jamais laisser tes pigeons sans prove^de, sauf a diminuer la quantité de celle-ci aux époques de sortie. Ces oiseaux étant essentiellement granivores, les graines doivent former la base de leur alimentation. Celles qu’on emploie le plus ordinairement sont lavesce, les lentilles, les pois, les féveroles, le maïs, le sarrasin, l’orge, le riz ou même le froment. On peut aussi utiliser soit les criblures de ces diverses semences, soit les grains avariés, qu’on trouve souvent à bas prix dans le commerce, soit encore te marc de raisin ou, mieux encore, les pépins que l’on en a séparés par le battage. Les graines oléagineuses (colza, navette, moutarde) leur plaisent beaucoup. À ces aliments secs on ajoute des betteraves, des pommes de terre crues ou cuites, des pàiées, des herbes cuites, surtout des orties, de l’oseille et même de la mie de pain ou de la viande. En général, on doit varier les aliments et même Tes mélanger. Les graines trop jeunes donnent le dôvoiement aux vieux pigeons et la variole aux jeunes. Les graines germées surtout leur font beaucoup de mal. Quant roi chêne vis, il est tellement échauffant qu’il suffit de le donner pendant quelques jours, pendait ! Ifs grandes chaleurs, pour que les pigeons deviennent morveux. Les pigeons aiment passionnément le sel ; aussi a-t-onsoin de leur en donner, soit en nature, soit sous forme de chair ou de poisson salés. On doit surtout leur fournir de l’eau en abondance, pour qu’ils puissent iren-seulement boire, mais se baigner à volonté.

Une dos applications les plus curieuses que l’on ait faites des pit/eons, c’est leur emploi comme messagers. L’étonnante faculté d’orientation et la puissance de vol que possèdent certaines espèces avaient frappé les anciens, qui les employèrent comme moyen de correspondance. Le Journal officiel du 3 août 1874 a publié sur ce sujet un intéressant historique, que nous allons reproduire en partie. ■ Sans remonter jusqu’à la colombe de l’jirche, on cite un athlète de l’Ile d’Egitie qui, se rendant aux jeux Olympiques, emporta avec lui un pigeon enlevé à ses petits. Après sa victoire, il le lâcha en lui attachant un ruban de pourpre. L’oiseau retourna le même jour vers son nid. À Rome, ceux qui faisaient courir dans le cirque-pour ta course des chars, mais qui ne pouvaient assister eux-mêmes à la lutte, envoyaient à leur place des amis ou des serviteurs, qui emportaient des pigeons ou des hirondelles tirés du lieu même où était retenu le propriétaire de l’attelage. À la fin du spectacle, on lâchait un ou plusieurs de ces oiseaux, teints de la couleur du parti qui avait remporté la victoire. Par le retour des oiseaux à leur nid, le maître était informé de son sort : il apprenait s’il avait gagné ou perdu. Le siège de Modène par Antoine, en l’an 43 av. J.-C., vit cet usage appliqué pour la première fois à l’art militaire. Le consul Hirtius envoya ainsi à Decius Biutus, commandant la ville, une lettre attachée au col d’un pigeon par un fll de soie. À son tour, Decîus Brutus dépêcha au camp des consuls un pigeon porteur d’une missive attachée à l’une de ses pattes. On sait que Pline l’Ancien’a

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fait allusion à cette manière toute nouvelle de correspondre avec les siens en temps de guerre, lorsqu’il a dit dans son Histoire naturelle : t À quoi servent les remparts, et les

■ sentinelles, et le blocus, et les filets tendus a travers le fleuve, quand on peut faire parvenir des nouvelles à travers i’es ■ pace ?»

« One fois connu, ce procédé ne pouvait manquer d’être rais en pratique dans les places assiégées. Toutefois, c’est seulement en 1098 que les chrétiens venus pour conquérir Jérusalem eurent pour la première fois connaissance de cette invention. Le château fort d’Hazar, entre Antioche et Edesse, était au pouvoir des infidèles ; le commandant désirait pourtant se rendre aux chrétiens : c’est par pigeons qu’eurent Heu, entre musulmans, les négociations pour la reddition de la place. Tout le monde connaît l’épisode de la colombe poursuivie par un oiseau de proie et tombée sans vie au milieu des chrétiens, quand ceuxci arrivèrent dans les plaines de Ptolémais ou Saint-Jean-d’Acre ; ils trouvèrent sous son aile un billet dont le contenu leur révéla les projets des musulmans. C’est cet épisode que te, Tasse a immortalisé dans le xvme chant de la Jérusalem, délivrée. Pendant le siège de cette même ville de Ptolémaïs, siège qui dura deux ans (1189-1191), le fameux sultan Baladin se servit de pigeons. Le débarquement du roi de France saint Louis en Eg3rpte fut mandé au sultan du Caire au moyen de pigeons. Il en fut de même des différentes phases de la bataille de Mansourah, si désastreuse pour les chrétiens. Mais déjà le puissant sultan Noureddir, (1146-1173), fondateur d’un vaste empire, sentant le besoin d’être informé au plus vite de ce qui se passait dans ses États, venait d’établir, surtout en Égypte, un service de poste aux pigeons admirablement organisé. Par ses soins, des tours s’élevèrent de toutes parts. Ces tours étaient des colombiers ayant chacun un directeur et des veilleurs qui, nuit et jour, épiaient l’arrivée des pigeons. L’entretien des colombiers, des/jiyeowsetde leurs gardiens coûtait des sommes considérables. Ces postes aériens étaient établis de douze en douze lieues : on les appelait bérid. Quand il s’agissait d’envoyer une nouvelle importante au sultan, on prenait un des pigeons messagers et on lui attachait au col, avec un lacet, une petite boîte en or mince comme du papier, dans laquelle on mettait une lettre écrite sur du papier de soie très-fin, qui portait le nom de papier d’oiseau ; on y inscrivait la date du jour et l’heure à laquelle le courrier était expédié. On envoyait d’ordinaire la dépêche en double, c’est-à-dire par un second pigeon. Quand la distance était un peu longue, le gardien de chaque bérid était tenu d’inscrire à l’endos l’heure à laquelle le courrier avait passé. Les pigeons du sultan étaient marqués de son chiffre sur les pat»es et sur le bec. L’espèce la plus recherchée était celle de l’irak, c’est-à-dire des pigeons blancs à collier, les plus intelligents et les plus faciles à apprivoiser. Ils valaient mille pièces d’or la paire. Il était sévèrement recommandé aux gardiens de ne pas détacher eux-mêmes les messages apportés par les oiseaux ; c’était le maître qui se réservait ce droit, dont il était fort jaloux ; donnait-il, le gardien avait ordre de l’éveiller, était-il en chusse, on lui portait le message ; aussi les guetteurs des bérids étaient-ils continuellement sur leurs gardes, examiuant avec anxiété l’horizon.

« Les colombiers élevés par les sultans d’Égypte dans le but principal d’établir un service postal entre l’Égypte et la Syrie, et dont Volney a donné le catalogue dans son Voyage en Syrie, tombèrent peu a peu en désuétude j mais l’usage de la correspondance par pigeons subsista. Les Européens fixés dans le Levant en tirèrent bon parti. Maillet, consul de France en Égypte et inspecteur des établissements français dans le Levant au xvnB siècle, raconte dans ses Mémoires que, de son temps, on élevait à Alexandrette des pigeons qu’on utilisait pour être averti, dans I intérieur des terres, de l’arrivage des navires marchands. L’anecdote suivante avait cours dans la colonie : Un jour, à la chasse, un négociant abattit un de ces oiseaux, porteur d un papier où il était dit que la noix de galle, alors employée pour la teinture, était devenue fort rare en Angleterre. Le chasseur, qui était en même temps spéculateur, profita de l’avis, et gagna 100, OOC écus. Un autre Français, le chevalier d’Arvieux, envoyé extraordinaire de Louis XIV à la Forte Ottomane, consul d’Alep, d’Alger, de Tripoli et autres lieux, et auteur de mémoires très-curieux sur ses voyages, constatait de visu, en venant prendre possession de son poste consulaire à Alep, l’emploi de pigeons comme porteurs de nouvelles. Au xvmo siècle, c’est par ce moyen que l’arrivée des navires à Alexandrette était signalée. La factorerie anglaise d’Alep surtout se servait de ce mode expéditif. On inscrivait sur une bande de pa Îiier les détails les plus intéressants, tels que e nom du navire, 1 heure de son arrivée, etc., et ce papier était attaché sous l’aile de l’oiseau. •

Kn Chine, à une époque très-reculée, on fit usage des pigeons voyageurs. Il existe depuis très-longtemps à Hong-Kong une maison de commerce et de loterie, que l’on nomme Pak-kop-pin (mots qui signifient pigeon blanchillet), parce que, anciennement, on y annonçait le résultat du tirage au sort par des

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pigeons messagers. ■ Les anciens chroniqueurs hollandais, dit M, Félix Rodenbach, rapportent que le prince Ouillaume d’Orango fit également usage de pigeons messagers, d’abord au siège de Harlem, qu’il soutint, en 1578, contre le sanguinaire duc d’Albe, et ensuite à Leyde, assiégée par les Espagnols en 1574, et qu’en reconnaissance de leurs services les facteurs ailés furent nourris aux frais du trésor public. > Toutefois, ce ne fut q, ue dans des cas tout à fait exceptionnels qu on eut recours, en ■ Europe, à la poste aérienne jusqu’au xixe siècle. Afin d’avoir un moyen de correspondance plus rapide que la poste ; des spéculateurs eurent l’idée, avant l’invention du télégraphe électrique, d’organiser des services de messagers aériens, et l’on fit un emploi fréquent des pigeons, notamment en Belgique, en France, en Hollande et en Angleterre, pour le transport des nouvelles sur le cours des valeurs cotées à la Bourse. En 1849, pendant le siège de Venise, les habitants se servirent de pigeons pour porter les dépêches en dehors des lignes ennemies. L’investissement de Paris par les Allemands, eu

1870-1871, appela de nouveau l’attention publique sur les services que pouvaient rendre les pigeons, en mettent la capitale en communication avec la province. Au moyen de

ces oiseaux, on put transmettre des dépêches microscopiques, dont nousavons parlé ailleurs (v, photographie, paragraphe photomicrographie). Si l’on avait songé, avant le blocus, à transporter hors de Paris une nombreuse volée de pigeons, bien fixés dans la capitale, et à transportera Paris d’autresvolèes fixées dans la province, les assiégés y auraient trouvé des avantages immenses ; mais, dans le désarroi général, on n’avait point pris cette précaution. D’après un mémoire présenté à l’Académie des sciences par M. "W. de Fonvielle, il n’entra à Paris pendant le siège q ne 73 pigeons, ws le nombre assez grand qu on avait emporté de Paris en ballon. Sur ces 73 pigeons, 16 seulement apportèrent des nouvelles utiles. Le ballon qui en fournit le plus fut le Général- Ùhrich, qui en avait emporté 36, sur lesquels 14 revinrent dans la ville assiégée. Un grand nombre succombèrent par l’excès du froid, par les balles allemandes, ou furent la victime des oiseaux de proie. On put constater alors que le double service des ballons et des pigeons voyageurs ne peut s’organiser efficacement en présence de l’ennemi et que, pour le rendre véritablement utile, il est nécessaire de s’y prendre à temps. Cette leçon n’a pas été perdue pour les Prussiens. En 1873, notamment, ils ont installé dans une caserne de Strasbourg 500 pigeons messagers destinés à faire le service- de la poste en temps de siège.

Les pigeons cravatés et volants sont les races que l’on préfère pour le service aérien ; ce sont celles qui possèdent au plus haut degré les deux qualités requises pour remplir ce rôle, savoir : la rapidité du vol et la facilité de retrouver leur colombier ; mais tous les individus n’ont pas la même valeur sous ce rapport. On s’est donc attaché à améliorer les races par une sélection intelligente. Les pigeons les plus estimés sont : le liégeois, de petite taille, à l’œil vif, au bec court ; l’irlandais, très-fort, trapu et ramassé sur lui-même ; le pigeon d’Anvers, haut sur pattes, au gros bec emmanché d’un long cou. Les trois races croisées donnent, les meilleurs produits sous le rapport de la vitesse, de la mémoire et de la vue. La vitesse d’un pigeon bien . dressé paraît être de 60 à 80 kilomètres par heure. Aldobrande rapporte qu’un de ces oiseaux alla-d’Alep à Babylone en quarante-huit heures, trajet qu’un bon marcheur n’accomplirait pas en un mois, et d’autant plus remarquable que jamais cet oiseau ne poursuit ses traversées pendant la nuit. En cinq heures et demie, des pigeons font le trajet de Spu à Paris, c’est-à-dire 398 kilomètres. Le célèbre pigeon Gladiateur a franchi, en une journée, la distance qui sépare Toulouse de Bruxelles. La vitesse varie, du reste, selon les circonstances atmosphériques. Le vent, la pluie, la neige sont des obstacles contre lesquels s’épuise parfois l’instinct des petits coureurs aériens. Mais ce qui est plus curieux encore que la rapidité de leur vol, c’est leur prodigieuse faculté d’orientation, restée jusqu’ici inexpliquée, et qui leur permet, lorsqu’on les emmené à une très-grande distance, de leur colombier, de retrouver leur chemin, souvent sans un instant d’hésitation. Pour l’expliquer, quelques physiologistes ont admis l’hypothèse d’un sixième sens, dont le siège échappe à l’observation. Il est plus vraisemblable que la vue perçante du pigeon et sa mémoire jouent le rôle capital dans la rectitude avec laquelle il choisit son chemin. Quand il est lâche, en le voit s’élever aussitôt à de grandes hauteurs, d’où son œil peut embrasser une large zone, et il y plane encore quand il arrive. Sitôt qu’un obstacle se présente, qu’il y ait de la neige ou du vent, on le voit se livrer à une véritable exploration du pays. Il va du sud au nord, de l’est à l’ouest, cherchant à se rappeler les contrées qu’il a parcourues, interrogeant son point de repère jusqu’à ce qu’il ait trouvé sa route. Il lui faut quelquefois plusieurs semaines de recherches avant de regagner son colombier. L’affection singulière du pigeon pour son colombier explique l’ardeur avec laquelle il revient à ce qu’on peut appeler son foyer domestique.

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Du reste, on ne fait pas faire au pigeon de longs voyages sans l’avoir soumis, en quelque sorte, a un entraînement qui fortifie ses muscles, cultive sa mémoire, développe son intelligence et le rend plus agile. Cet entraînement consiste en une série de voyages intermédiaires bien combinés. A l’âge d« quatre mois, les pigeons sont, en général, assez développés peur pouvoir bien voler et voyager. « Habituellement, dit M- Félix Rodenbach, nous commençons les entraînements dans la direction des quatre points cardinaux dans l’ordre suivant : Sud, est, nord et ouest, jusqu’à une lieue du colombier ; ensuite, revenant au point de départ, les portages se font d’une manière continue, dans la même direction, c’est-à-dire vers le sud. Les exercices préliminaires ont pour but d’enseigner à bien connaître les alentours du colombier, en vue des écarts éventuels... Four les premiers essais, qui ont lieu dans la direction du sud, nous faisons trois portages de même distance et successivement dans les autres directions deux seulement. Après le premier lâcher, qui est général, nous ne donnons la liberté qu’à un volatile à la fois, pour qu’il puisse, par ses propres moyens, apprendre à bien s’orienter seul et à bien travailler pour son propre compte. De cette façon, on juge parfaitement des qualités et des défauts de chaque élève en particulier. En reprenant la direction du sud, nous faisons le portage à deux lieues, pour doubler ensuite la distance d’une manière successive. À la distance de quatre lieues, nous lâchons les pigeons simultanément, parce qu’alors ils ont acquis l’habitude de bien s’orienter isolément.... Ce que nous venons de dire s’applique tant aux colombiers civils qu’aux colombiers militaires, avec cette différence toutefois qu’il importe, pour ces derniers, que les pigeons soient divisés en quatre groupes, afin que les sujets de chaque groupe puissent être spécialement dressés dans la direction de chacun des points cardinaux. L’entraînement vers un même point perfectionne en effet et assure le travail d orientation, tandis qu’un changement brusque, immédiat, de direction, expose les meilleurs pigeons à s’égarer ou à se perdre, t

Il existe plusieurs autres systèmes d’entraînement ; mais celui de M. Korienbach paraît être le meilleur et le plus rationnel.

Un pigeon ne peut être chargé que d’un poids minime. Autrefois on envoyait les dépêches attachées sous l’aile. Depuis le siège de Paris ou les écrit ordinairement sur des feuilles de papier pelure d’oignon, qu’on roule finement et qu’on enfonce dans un tuyau de plume, où les maintient un petit bout de bois. Le tout est attaché à une des plumes de la queue.

Depuis longtemps déjà, il s’est formé en Belgique des sociétés colombophiles, ayant pour objet de répartir sur un grand nombre de sociétaires, d’alléger, par suite, les frais dispendieux de l’éducation des pigeons et de stimuler l’émulation des gens qui les élèvent par des récompenses souvent considérables. Ces sociétés s’occupent d’améliorer les races, organisent de nombreux concours et publient des journaux. La Belgique semble s’être éprise d’une véritable passion pour ce qu’on a nommé la colombophilie. Des auteurs très-compétents, parmi lesquels nous citerons surtout M. Félix Rodenbach, l’infatigable collaborateur de VEperuier, ont pris à tâche de répandre et de vulgariser l’art d’élever et de dresser les pigeons voyageurs, dont l’utilité pratique est incontestable. En France, on ne s est guère occupé de ces intéressants oiseaux que depuis le siège de Paris, pendant lequel ils ont rendu de réels services. Depuis tors on a vu se fonder quelques sociétés colombophiles, notamment à Nancy, où une société de ce genre est en pleine activité. La difficulté de se procurer rapidement, même au moyen du -télégraphe électrique, des dépêches et des résumés des débats de l’Assemblée siégearitàVersailles ont amené, en 1873, plusieurs journaux de Paris à établir des services de pigeons voyageurs entre ces deux villes, et cette innovation a donné des résultats très-*»tisfaisants.

Une application plus matérielle, mais qui n’est pas à dédaigner, c’est l’emploi du pigeon comme aliment. C’est surtout à l’âge d’un mois que le pigeonneau constitue un manger délicat, parce qu’il est alors très-gras ; on a même conseillé de l’enlever du nid vers le vingtième jour, pour le soumettre à un engraissement artificiel. Cette chair, que l’art culinaire prépare de diverses manières, est tendrelVsucculente, très-nourrissante et de facile digestion ; c’est pour cela qu’on l’ordonne souvent aux malades. L’ancienne médecine lui attribuait, ainsi qu’au sang et même à la fieute de l’animal, des vertus merveilleuses contre la frénésie, les plaies des yeux, les maux de gorge, la pituite, les tumeurs œdémateuses, etc. Quand le pigeon est vieux, sa chair devient dure, sèche, excitante et même échauffante, et l’on ne doit en user qu’avec modération. La fiente de ces oiseaux constitue un excellent engrais, connu sous le nom de eolombine, V. ce mot.

— Législ. V. cotOMDiEE.

— Art culin. Le pigeon est un meta fort apprécié ; on le donne volontiers aux malades,