Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 12, part. 3, Phen-Pla.djvu/196

Cette page n’a pas encore été corrigée

964

PIE

porels du saint-siége et.essayèrent d’exciter en ce sens l’opinion publique. Après la défaite de Lamoricière et de l’armée du pape à-Castelfidardo (1860), quelques évêques célébrèrent en grande pompe des services funèbres pour le repos de l’âme • des croisés. • L’évêque de Poitiers, dit M. Taxile Delord, ajoutâtt aux prières de l’Église des morceaux oratoires dont les lecteurs des journaux religieux faisaient leurs délices. M. Pie, quel- ?ues jours après avoir prononcé l’oraison unèbre du général de Pimodan, rendit le même honneur à un simple zouave, nommé JeanGicquel, qui, «avant de voler au secours du saint-siége, » était venu lui demander sa bénédiction. « Je n’oublierai jamais, dit l’orateur sacré, l’impression de bonheur qui brillait sur son visage quand il se releva. * Cette oraison funèbre émut profondément l’auditoire, à Les fidèles étaient encore sous le coup de cette émotion lorsqu’on apprit que Gicquelj loin d’être couché à Tibur, « dans son suaire de martyr, » comparaissait en police correctionnelle et était condamné à la prison pour escroquerie. Peu après, M. de la Guéromiière fit paraître sa brochure, la France, Rome et l Italie (1861). L’évêque de Poitiers publia, pour la réfuter, un mandement dont le passage le plus curieux est celui où il comparait le chef de l’État à Pilate, «qui pouvait tout empêcher et qui laissa tout faire. » Il s’écriait :*« Lave tes mains, 6 Pilate I la postérité repousse ta juridiction ; un homme figure, cloué au pilori du symbole catholique, marqué du stigmate déicide : c’est Ponce-Pilate, et cela est justice ; Hérode, Caïphe, Judas ont eu leur part dans le crime ; mais, enfin, rien n’eût abouti sans Pilate ; Pilate pouvait sauver le Christ, et sans Pilate on ne pouvait pas mettre le Christ à mort. » M. de Persigny, ministre de l’intérieur, voyant dans ce mandement le délit « d’offense à la personne de l’empereur, une contravention aux lois de l’empire, etc., » déféra son auteur comme d’abus au conseil d’État, M. Pie prît alors, à l’égard du pouvoir, une attitude ûère et dédaigneuse, et les . autorités ainsi que les corps constitués de Poitiers s’abstinrent de lui faire des visites à l’occasion du jour de l’an. Le cardinal Donnet ayant essayé d’amener un rapprochement, le chef de l’État crut adoucir lévêque de Poitiers en lui fournissant l’occasion de soîeaniser, par un synode, l’anniversaire de la mort de saint Hilaire, patron de son Église ; mais M. Pie ne se montra nullement sensible h cette concession. Toutefois, il finit bientôt par atténuer la roideur de son attitude. Au mois de janvier 1868, il tint à Poitiers un concile provincial j en mai de l’année suivante, au sujet des élections pour le Corps législatif, il s’abstint, contrairement à son habitude, de se prononcer entre les candidats rivaux, qui étaient M. Thlers dtM. Bourbeau. Lors des vives controverses qui eurent lieu dans le clergé à l’occasion de la convocation du concile du Vatican pour proclamer l’infaillibilité du pape, M. Pie se fit.remarquer par la chaleur avec laquelle il préconisa les idées de Pie IX et attaqua celles de M. Dupanloup. Le 8 décembre 1869j il assista à l’ouverture du concile et ne tarda pas à s’y faire remarquer. Dans un discours qu’il prononça au mois de janvier 1870, à déclara que les conciles peuvent être utiles, mais qu on pouvait s’en passer, que le pape suffirait bien tout seul ; que saint Hilaire de Poitiers fut évêque, pendant plusieurs années, sans avoir même entendu parler du concile de Nicée ; que Pierre porte l’Église, etc. Le 14 mai suivant, au nom de la commission defi.de, il présenta à la congrégation générale un rapport sur l’ensemble du schéma de la primauté et de l’infaillibilité du pape. À cette occasion, il prononça un discours qui produisit une vive sensation, car il apportait, en faveur de l’infaillibilité, une preuve aussi nouvelle que

foudroyante. « Le pape, dit-il, doit être infaillible, parce que Pierre a été crucifié la tête en bas. De même que la tête de Pierre portait tout le poids du corps, de même le pape, tête de l’Église, porte le corps de l’Eglise tout entière. » Il était évident que la raison humaine, pulvérisée par une aussi puissante logique, n’avait plus qu’à s’incliner. De retour dans son diocèse, après la déclaration de guerre de Napoléon III à la Prusse, M. Pie ne fit plus parler de lui ; il se borna à prendre une part active, mais sans éclat, au mouvement des pèlerinages, fut du nombre des évêques qui pétitionnèrent près de l’Assemblée en faveur du pape et continua à se montrer un zélé légitimiste. Dans son mandèrent de carême, en 1873, il se plaignit amèrement de da destruction de la liberté de l’Église, de l’alliance entre les pouvoirs public» et la démagogie irréligieuse, pour asservir les consciences chrétiennes, • dans de but évident de remplacer la civilisation chrétienne par le despotisme de la révolution, i À l’occasion du vingt-quatrième anniversaire de son sacre, à la fin de novembre de la même année, il prononça, devant les élèves de son grand séminaire, une homélie dans laquelle il affirma que, depuis 1789, la France est atteinte du mal caduc, morbus comitiatis, «qui peut également signifier le mal de l’épilepsie et le mal parlementaire, le mal des assemblées et des comices, » Au mois de février 1874, M. Ernest Merson, rédacteur de l’Union bretonne, affirma que, le Î3 décembre 1863, l’évêque de Poitiers

PIEC

îui avait dit dans son palais épiscopal : « Ce n’est pas pour un petit dessein que Dieu a fait naître l’enfant impérial et lui a donné le saint-père pour parrain. Ce gouvernement tombera parce qu’il a commis des fautes et que toutes les fautes s’expient ; mais, après d’effroyables malheurs, la France cherchera un refuge et elle le trouvera dans le filleul de Pie IX. • Passant pour un des coryphées du parti légitimiste, M. Pie fut vivement contrarié de la publication de ces paroles et déclara, dans une lettre, qu’il ne les avait pas prononcées : mais M. Merson affirma énergiquement la parfaite véracité de 3on assertion.

L’évêque de Poitiers a publié un grand nombre de mandements, d instructions, de discours, d’oraisons funèbres, etc. Nous nous bornerons à citer : Instruction synodale sur les erreurs de la philosophie moderne {1855, in-Ro) ; Éloge funèbre de Jf»e la marquise de La Rochejaquelein (1857, in-8") ; Éloge funèbre de M. Claude-Hippolyte Çlausel de Montais {1857, iu-8o) ; Discours prononcé à l’église cathédrale, le il octobre 1860, à l’occasion du service solennel pour les soldats de l’armée pontificale qui ont succombé pendant la guerre {1860, in-so) ; Réponse à S. Exe. M. Billoult (1862, in-8o) ; Lettres à S. Exe. le comte de ■Persigny (1863, in-8") ; Allocution prononcée d l’occasion de la controverse soulevée au sujet des reliquaires de Charroux (1863, in-s°) ; Instruction synodale sur les principales er-. reurs du temps présent (iset, in-12), etc. On a publié des recueils de ses Discours et instructions pastorales (1858-1860,3 vol. in-8° ; 1868 et suiv., 7 vol. m-S°) ; de ses Principaux discours et mpidements, dans la collection de l’abbé Migne, etc.


PIÉ s. m. (pié). Orthographe du mot pied employée quelquefois pur les poètes.


PIÉÇA adv. (pié-sa. — On a interprété ce mot par pièce a, il y a pièce [de temps], il y a longtemps. Quelque bizarre que puisse paraître cette explication, elle est confirmée par d’anciens textes où le mot est écrit pièce a : le sais grant pièce a, ne l’osoie nomier.

Bekte).

Dès longtemps, il y a longtemps ; Ingrat ne suis ; son nom serait piàca De là le ciel, «i l’on m’en voulait croire.

£*, PoHTilMB.

H Vieux mot.

PIÈCE s. f. (piè-se. — Ce mot a des corrélatifs dans toutes les langues romanes ; italien pezza, pièce d’étoffe, pezzo, morceau ; espagnol pieza, portugaispepa, provençal pesa, bessa. 11 s’est produit dès le vme siècle, dans la latinité du moyen âge, sous la forme pefium, petia et avec le sens" de morceau de terre. Son origine a été fort controversée. Quelques-uns Te rattachent au grec pesa, pied, bord, lisière, qui se rapporte, comme pous, podos, pied, latin pes, pedis, gothique fotus, lithuanien pedas, sanscrit pad, pada, à la racine sanscrite pad, aller, marcher. Ils appuient cette étymologie grecque d’abord sur la forme et ensuite sur la circonstance accessoire que le mot pelium paraît avoir pris naissance en Italie. D’autres regardent ce mot comme une contraction du bon latin petacia, petacium, morceau d’étoffe, d’où le provençal pelas, pedas, conserve encore dans rapetasser. Cette troisième manière de voir a pour elle la conformité de signification, mais il est assez difficile d’admettre la contraction de l’italien pedaxo, qui correspond au bas latin petacium, en pezzo. Selon Scheler, Je mot en Question se rapporte au primitif inusité du latin petiolus, petit pied, italien pezzolo, savoir petium, qui, dans Sa langue vulgaire, aurait fort bien pu prendre le sens de semelle, de chose plate ou de chose d’une dimension analogue à celle d’une trace de pied, ou enfin celle d’empreinte. Or, petium est de la famille de pes, pedis, pied, à laquelle pourrait fort bien appartenir, aussi, d’après Scheler, le bas latin petacium, italien pedazo, puisque l’on trouve en provençal le mot peazo, lequel présuppose une forme antérieure pedazo, avec le sens d’empreinte de pied. Diez, il est vrai, dérive le bas latin petacium et ses correspondants romans du latin pittacium, du grec piitakion, morceau de papier ou d’étoffe enduit de colle, peut-être de pissa, pitta, poix, résine ; mais Scheler émet des doutes sur la vérité de cette dérivation. Une conjecture qui nous semble pour le moins aussi acceptable que toutes celles qui précèdent, c’est celle de Chevallet, qui rattache le mot pièce au celtique : irlandais piosa, miette, morceau, fragment, pièce ; gaélique pios, ■ piosa ; kymrique pet ht armoricain pes, pesel, pisel, penset. L’irlandais piosa, pour pinsa, est rattaché par Pictet à la. racine sanscrite pish, broyer, d’où pêshava, mouture et moulin h bras- exactement le latin piso, d’où aussi pishia, broyé, pétri, farine, péevara, qui broie, qui pile, péçala, tendre, mou. En zend, on trouve pish, pic, en arménien pshrel, moudre. Le grec nous offre ptissâ pom pissô, d’où pisna, balle de grains, son. Comparez : kymrique peimin, Scandinave fis, ancien allemand fesa, aiguille, paille. Le latin piso, mortier à piler, répond presque à pêsliana. Comparez pistor, boulanger, pistrina, moulin, pistillum, pilon, etc. Le lithuanien paisyti signifie émonder l’orge en la faisant fouler par des chevaux, et pesta désigne le mortier et le pilon, en russe pestu. La racine pish est

PIEC

restée également dans le persan pichtdan, diviser, le grec^i’&d, peigner, latin pecto, lithuanien peszti, arracher, tirer les cheveux, polonais pekac, se rompre, crever. L’ancien slave pisàta, nourriture, russe pishea, illyrien piehja, etc., représentait exactement le sanscrit pishtâ et signifiait sans doute proprement farine ou pain). Chaque partie, chaque portion, chaque morceau d’un tout : Une pièce de bœuf. Les pièces d’un habit, d’un vase. Les pièces d’une charpente. Assembler les pièces d’une machine. À son retour, te vaisseau des Argonautes ne conservait plus aucune de ses pièces primitives. (F. Pillon.) il Objet concourant avec d’autres à former un tout : La félicité des hommes du monde est composée de tant de pièces, qu’il y en a toujours quelqu’une gui manque. (Boss.) Les lois et les constitutions montrent les pièces de la machine sociale. (H. Taine.)

■— Petit morceau qu’on met a un objet pour le raccommoder, lorsqu’il est troué : Mettre une pièce à un habit, à une robe. Mettre une pièce à un chaudron,

— Objet complet, destiné à être débité en morceaux : Une pièce de toile. Une pièce de drap. Lever un échantillon sur la pièce. On rira toujours de la scène où le marchand drapier confond sans cesse son. drap et ses moutons, et de celle otl Patetin’vienl à bout d’attraper une pièce de drap, sans la payer, à un vieux marchand avare et retors. (Laharpe.)

— Animal entier destiné à la consommation : Pièce de gibier. Pièce de volaille. Pièce de bétail. Tirer au juger, c’est tirer à l’endroit où l’on suppose ta Pièce, (B. Blaze.)

—"Ouvrage complet servant à l’ameublement ou à la parure : Pièce d’orfèvrerie. Pièce d’argenterie. Pièce de tenture. La plus belle pièce d’un mobilier.

— Chacune des parties distinctes d’un logement, d’un appartement : Il y a trois pièces sur la rue et deux pièces sur le jardin. Ne vous enfermez pas dans de petites pièces, surtout pour la nuit. (A. Rion.) Il faut éviter de coucher dans une pièce où serait étendu du linge. (L. Cruveithier.)

— Terrain cultivé limité par d’autres propriétés ou par d’autres terrains livrés à des cultures différentes : Une pièce de terre. Une pièce de blé.

— Objet distinct et unique : Ces chevaux coûtent cinq cents francs pièce, cinq cents francs la pièce.

— Fam. Personne : Une bonne pièce. Taisez-vous, bonne pièce ; vous faites la sournoise, mais je vous connais. (Moi.) Un bon plaisant est une pièce rare. (La Bruy.)

Voyez la bonne pièce, avec ses révérences !

Corneille.

— Écrit faisant foi ou faisant partie d’un dossier : Pièces inventoriées. Communiquer ses pièces à l’avocat de la partie adverse. Produire toutes les pièces d’une affaire. liéunir en un volume les pièces justificatives d’un ouvrage.

— Monnaie ou médaille : Pièce de monnaie. Pièce d’or. Pièce d’argent. Pièce fausse. Pièce rare^ Une pièce de vingt sous. Une pièce de deux francs. Vous ne m’avez pas rendu la monnaie de ma pièce. Pourrait-on jamais s’imaginer la disproportion que le plus ou moins de pièces de monnaie met entre les hommes ? (La Bruy.) Tous les paysans qui passaient à Ferney y trouvaient un dinerprêt et unepikcs de vingt-quatre sous pour continuer leur roule. (M^e Suard.) 11 Petite somme d’argent donnée comme gratification : Il m’a demandé fa pièce pour sa peine.

— Tonneau plein de liquide : Pièce de vin, d’eau-de-vie. Pièce d’huile. Mettre une pièce de vin en perce. Descendre une pièce d’eau-devie à la cave. Phagor dévora, devant Aurélien, un sanglier, un cochon, un mouton et cent

pains ; il but une pièce de vin. (Berchoux.)

Haute pièce, Pièce métallique qu’on vissait au piastron et à l’armet, dans les joutes.

Pièce de bois, Morceau de bois d’une grosseur et d’une longueur déterminée, servant à estimer la quantité de bois employé dans les travaux de construction : Le bois de charpente se mesure à la pièce. (Acad.)

Pièce d’eau, Grandéquantité d’eau retenue dans un espace creusé en terre, pour l’embellissement d’un parc, d’un jardin : Le château était environné d’un jardin, que les parterres, les pièces d’eau, les bosquets et mille agréments concouraient à embellir. (Galland.)

Pièc* d’écriture, Morceau d’écriture ordinairement d’une seule page, dans lequel on s’est attaché à former les lettres avec pureté et élégance : Voilà une belle pièce d’écrituee. J’ai plusieurs pièces d’écriture de ce maître. (Acad.)

Pièce de mariage, Médaille d’or ou d’argent que le mari donne à sa femme, pendant la célébration du mariage.

Pièce de chair, Personne lourde, pesante, matérielle,

Pièce de cabinet, Objet rare et curieux, propre à orner une collection.

Pièce d’estomac, Morceau de flanelle ou d’étoffe ouatée dont on se couvre l’estomac, la poitrine.

Pièces de rapport, Petits morceaux de bois, de métal, de pierre dure qu’on emploie avec d’autres pour former un ouvrage : Une

PIÈC

t table en pièces de rapport. Sculpture faite de pièces de rapport, il Ouvrage de pièces de rapport, de pièces rapportées, Ouvrage composé sans plan, et de morceaux rapprochés sans être liés : C’est faute de plan qu’il y a tant ({’ouvrages faits de pièces db rapport, et si peu gui soient d’un seul jet. (Buff.)

Tout d’une pièce, D’un seul morceau : Le grand obélisque de Borne est tout d’une pièce.(Aoad.) Il Sans souplesse et sans grâce : Marcher tout d’une pièce. Cette femme est bien faite, mais elle est tout d’une pièce. Il Sans souplesse d’esprit, avec roideur dans les opinions ou les manières : C’est une personne tout d’une pièce. Ceux qui ne sortent pas d’eux-mêmes sont tout d’une pièce. (Vauven.) Il n’est plus guère permis d’être philosophe tout d’une pièce. (Renan.) ti Sans interruption : Dormir la nuit tout d’une pièce. Je me déshabillai, ce qui fut bientôt fait, et je me couchai dans l’espérance de faire la nuit TOUT d’une pièce. (Le Sajje.)

De toutes pièces, Complètement et sans l’aide d’aucun intermédiaire, sans rien emprunter qui soit tout prêt d’avance : Créer un drame de toutes pièces. La chimie s’occupe en ce moment de nous fabriquer de toutes pièces des engrais sans te secours des animaux. (P. Pillon.) Il n’appartient qu’à l’hallucination de créer des êtres db toutes pièces et sans cause extérieure. (Renan.)

Être armé de toutes pièces, Porter une armure complète et toutes les armas offensives en usage : Le ctievalier ÉTAIT ARMÉ DB toutes pièces. Roland, plein de grâce et d’intrépidité, marchait, arme de toutes pièces, g la tête de l’infanterie. (Mai-chaugy.) li Fam. Être prêt sur tous les points, être en état de faire face à tout ou de repousser toutes les attaques : Avant de m’engager dans cette entreprise, je veux ÊTRE ARMÉ DE TOUTES PIÈCES.

Il n’est pas d’homme qui soit armé de toutes pièces contre les revers de la fortune : (Lév’is.)

Accommoder, habiller quelqu’un de toutes pièces, Lui faire un mauvais parti, le maltraiter ; en dire beaucoup de mal : On ne saurait aller nulle part où l’on ne vous entende accommoder DE TOUTES PIÈCES. (Mol.)

De pièces et de morceaux, Avec des pièces nombreuses et dont chacune ne forme pas une des parties ordinaires de l’objet : Un habit fait de pièces et de morceaux, un meuble fait db pièces et de morceaux. Il Avec des parties empruntées ça et là et mal reliées entre elles : Un livre composé de pièces et de morceaux.

À la pièce, Aux pièces, À ses pièces, A proportion de l’ouvrage que l’on fait, non du temps qu’on y emploie : Les femmes qui cousent pour tes tailleurs sont payées a la pièce. (J. Simon.) Les bons ouvriers aiment le œuvait aux pièces, les paresseux te détestent. (Mich. Chev.)

Mettre en pièces, Briser ou déchirer : Mettre an vase en pièces.

Il vous prend un levier, met en pièces l’idole. t" La Fontaine.

Il Défigurer, dénaturer :

Et transposant cent fois et le nom et le verbe. Dans mes vers recousus mettre en pièces Malherbe.

BoileaO.

Il est vrai que l’on sue à souffrir ses discours ; Elle y met Vaugelas en pièces tous les jours.

MOUBRB.

Tailler en pièces, Défaire entièrement, anéantir : Tailler un pièces l’armée ennemie.

Emporter la pièce, Railler d’une manière cruelle : Un bossu que l’on raillait sur sa bosse répondit aux railleurs : « Vous me feriez bien du plaisir, si vos sarcasmes pouvaient emporter LA PIÈCE. J

N’avoir pas de monnaie faute de grosses pièces, Se dit rie celui qui prétend n’avoir pas de monnaie pour payer une menue dépense, et qu’on soupçonne de n’avoir pas du tout d’argent.

Rendre, donner à quelqu’un la monnaie de sa pièce, Se venger de lui, user de représailles à son égard.

Il fait comme les chaudronniers il met la pièce à côté du trou, Se dit d’un nomme qui, voulant remédier à quelque chose, ne fait pas du tout ce qu’il faudrait faire.

— Hist. Pièces d’honneur, Couronne, sceptre, épée, etc., qui étaient portés par les grands dignitaires aux obsèques du souverain et dans d’autres grandes cérémonies : Le doyen des maréchaux de France portait une des pièces d’honneur.

— Blas. Pièces honorables, Certaines pièces de l’écu qui sont regardées comme les principales.

— Jurispr. Pièce de conviction, Objet matériel pouvant servir à démontrer la culpabilité de l’accusé.

— Fauconn. Oiseau tout d’une pièce, Celui qui est d’une seule couleur.

— Littér. Courte composition en vers ou en prose : Pièce d’éloquence. Pièce de vers. Un recueil de pièces choisies, de pièces fugitives.

Je hais les pièces d’éloquence Hors de leur place et qui n’ont pas de fin. La Fontaine.

Il Œuvre dramatique quelconque : Une pièce de théâtre. Une pièce nouvelle. Baron et ta Champmeslé ont fuit passer plus de mauvaises