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archevêques ou évêques Strossmayer, Darboy, Dupanloup, Landriot, de Mérode, grand aumônier du pape, etc. En France, comme en Allemagne, la controverse était des plus ardentes. Un évêque in partibus, M. Muret, le Père Gratry, le Père Hyacinthe et surtout M. Dupanloup se signalèrent particulièrement par la vigueur avec laquelle ils attaquèrent les infaillibilistes. Ce dernier, pendant une vive polémique avec le journaliste Veuillot, le représentant le plus autorisé du catholicisme en France et le plus fidèle interprète des idées du pape, n’hésitait point à lui écrire ces lignes mémorables : « S il était avéré que vos doctrines sont bien nos doctrines, celles de l’Église, l’es haines que vous soulevez seraient aussi universelles qu’elles Sont formidables : l’Église serait mise au ban des nations civilisées. > M. de Montalembert n’était pas moins sévère pour les doctrines du pape, pour « ta théocratie ou la dictature de l’Église, telle qu’on voulait l’imposer, • et, dans une lettre du 22 février 1870, il s’élevait avec indignation contre « le triomphe de ces théologiens laïques de l’absolutisme qui ont commencé par l’aire litière de toutes nos libertés, de tous nos principes, de toutes nos idées d’autrefois devant Napoléon III, pour venir ensuite immoler la justice et la vérité, la raison et l’histoire en holocauste à l’idole qu’ils se sont érigée ait Vatican. • Pendant que les prêtres catholiques allemands, réunis à Fulda, faisaient leurs réserves contre le futur dogme, pendant que le chanoine Dœllinger jetait’ les bases du schisme des vieux catholiques, que Pie IX écrivait une lettre h l’archevêque de Westminster pour engager les protestants anglais à se soumettre sans discussion a. son autorité et invitait, avec aussi peu de succès, les schismatiques grecs à en faire autant, les puissances catholiques délibéraient sur la question de savoir si eiles se feraient représenter officiellement au concile et finissaient par se prononcer pour une complète abstention.

Le 8 décembre 1869, Pie IX ouvrit le concile par un discours dans lequel il se plaignit, selon son habitude, « d’une guerre scélérate faite à l’Église, d’une perversion du droit, d’artifices corrupteurs pour briser les liens d’une autorité salutaire, etc. ; » mais il ajouta que ■ l’Église est plus forte que le ciel même ■ et que « les’ paroles du Christ : • Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église, • ne passeront point, ■ Quelques jours après, il publia une curieuse constitution, relative aux excommunications latm sententis, c’est-à-dire encourues par le seul fait et sans jugement ?. Parmi les excommuniés se trouvaient notamment ceux qui lisent des livres d’hérétiques ou de tout autre auteur défendu par l’index, ceux qui font juger les ecclésiastiques par des tribunaux civils, ceux qui se soustraient à 1 obéissance du pape, qui placent les clercs sous le bras séculier, qui envahissent ou détiennent les possessions de l’Église, ceux qui en appellent des décisions du pape régnant a un futur concile, etc. Ce n’est poiut ici le lieu de faire l’histoire de l’assemblée conciliaire de 1869-1870. Bornons-nous à rappeler que Pie IX imposa aux Pères réunis un règlement restrictif qui donna Heu à une vive protestation ; qu’il se lit remarquer, à diverses reprises, par son langage emporté et violent envers les prélats hostiles à ses vues ; qu’il fit précipiter la discussion relative à l’infaillibilité. Enfin, le 13 juillet 1870 eut lieu en congrégation générale le vote tant attendu ;

430 voix se prononcèrent en faveur du nouveau dogme, 88 le repoussèrent, 62 émirent un vote conditionnel. Le 18 eutlieu, en session publiue, un nouveau vote ; et celui que de Montalembert appelait « l’idole du Vatican » se vit proclamer solennellement infaillible, c’est-a-dire l’égal de Dieu, par 533 voix contre 2, le reste des opposants ayant fait acte d’adhésion ou s’étant abstenu.

Mais, au moment où Pie IX arrivait au comble de ses vœux et transformait le gouvernement de l’Église en une pure dictature, l’homme qui régnait alors sur la France déclarait la guerre à la Prusse (15 juillet). Le 22, le pape écrivit au roi Guillaume et à Napoléon III des lettres pour offrir sa médiation, qui fut repoussée. Le 27, M. de Banneville, ambassadeur de France à Rome, reçut de M. de Gramont une dépêche lui annonçant le rappel immédiat des troupes et se rendit aussitôt auprès du cardinal Antonelli. Celuici reçut froidement cette communication et promit d’en faire part au pape. Le soir même, l’ambassadeur alla chercher la réponse. « Qu’a dit le saint-père ? demanda-t-il au cardinal Antonelli. — Il a dit : Je pense que Dieu y pourvoira, et souhaitons qu’ils ne reviennent plus. — Rien de plus ? répliqua M. de Banneville. — Rien de plus, ■ répondit Antonelli. Le 31, le pape convoqua une consulte de cinq cardinaux et décida de repousser toute proposition de ntodusvivendi avec l’Italie. Les ouvertures faites par le gouvernement italien de faire revivre la convention du 4 septembre^ 1864 furent, en effet, repoussées. La 17 août, le corps de troupes françaises chargé de protéger le pape quittait le territoire romain. Deux jours plus tard, Pie IX, recevant quelques membres de l’Académie de Saint-Luc, fut amené à parler des premiers revers de la France. « Le coq (gallo, en italien coq ou gaulois) a été plumé, dit-il ; il ne peut plus chanter aussi haut qu’auparavant. » Il était difficile, comme on le voit, de

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parler d’une façon plus allègre de nos désastres.

L’évacuation de Rome par nos troupes avait produit dans toute l’Italie et dans les petits États romains une vive fermentation. De toutes parts se produisaient des manifestations aux cris de : Vive Rome capitale I Entraîné par l’opinion, le gouvernement italien vit, selon les expressions de M. Visconti-Venosta (19 août), que l’heure était venue d’obtenir « une solution heureuse de la question romaine sur la base du droit des Romains et de l’indépendance spirituelle de l’Église. • En conséquence, il résolut d’envoyer une armée à Rome ; mais comme il voulait obtenir une solution pacifique, le comte Ponza di Sun-Martino fut chargé (9 septembre) de porter à Pie IX une lettre de Victor-Emmanuel, offrant au pape le maintien d’une situation de souveraineté, en ce sens qu’il conserverait des ambassadeurs, et la stipulation que la cité Léonine ne relèverait que de lui. En même temps, le ministre des affaires étrangères Visconti-Venosta adressait une circufaire aux représentants de l’Italie à l’étranger (7 septembre). Il y établissait la nécessité d’occuper les points du territoire romain nécessaires pour maintenir l’ordre et assurer, avec l’inviolabilité du sol italien, la sécurité du saint-siége. Il déclarait que les troupes d’occupation laisseraient les populations s’administrer elles-mêmes et ne prendraient part à aucun acte pouvant préjuger les questions politiques ou ecclésiastiques quelconques ; enfin il affirmait que le gouvernement italien était prêt à s’entendre avec les puissances sur les conditions d’indépendance souveraine du pape.

Pie IX avait eu un instant l’intention de quitter Rome et de gagner Malte ; mais il revint sur sa détermination. Il consentit à recevoir M. Ponza di San-Martino et, comme on devait s’y attendre, il repoussa les ouvertures de Victor-Emmanuel (10 septembre). Eu ce moment, une grande agitation régnait dans la province de Frosinone. À Terracine et à Velletri, on signait des adresses au roi d’Italie pour l’inviter à venir à Rome ; Viterbe s’insurgeait aux cris de : Vive le roi d’Italie ; la population harcelait les zouaves pontificaux qu’elle détestait, désarmait les gendarmes du pape qu’elle mettait ensuite en liberté. Le gouvernement ordonna alors au général Cadorna de franchir la frontière avec un corps d’armée (H septembre). Accueilli avec un enthousiasme extraordinaire par la population, il marcha sur Rome, voyant se replier devant lui les troupes papales commandées par les généraux Kanzlcr et Zappi. Enfin il arriva devant Rome, où avaient lieu des manifestations en faveur de l’Italie, Cadorna envoya au général Kanzler un parlementaire pour demander qu’on le laissât entrer dans la ville. Celui-ci refusa et, à la suite d’un combat de quatre heures, soutenu par lus zouaves pontificaux commandés par M. Charette, Pie IX ordonna de cesser le feu et d’arborer le drapeau parlementaire (20 septembre). Ce jour même, les troupes italiennes entrèrent à Rome, et l’on vit se produire un des faits les plus grands et les plus féconds de l’histoire moderne, la chute du pouvoir temporel des papes.

Pendant que 1 armée du roi d’Italie prenait possession de la capitale, le cardinal Antonelli remettait au corps diplomatique, au nom du pape, une protestation contre les faits accomplis, suivie, le 29 septembre, d’une protestation de Pie IX, adressée à chaque cardinal. Quant au général Cadorna, il prit immédiatement des mesures pour que le pape

fût absolument tranquille dans la cité Léonine ; il défendit aux soldats italiens de passer par le pont Saint-Ange, délivra les prisonniers politiques, parmi lesquels se trouvaient Costellano, Petroui, détenu depuis 1849, etc., et fit envoyer à Civita-Vecchia, pour y être embarqués, les 4,500 étrangers au service de Pie IX. Le 21, il installa au Capitole une junte municipale provisoire, composé» de dix-huit membres, présidés par le duc Gaetani et chargés de l’administration de Roine. Le 2 octobre suivant, les cinq provinces romaines, Rome, Civita-Vecchia, Velletri, Frosinone et Vtterbe, étaient appelées à se prononcer librement sur le gouvernement de leur choix. Sur 167,548 électeurs inscrits, 133,681 votèrent pour l’annexion au royaume d’Italie, 1,507 votèrent contre ; 103 votes furent annulés et le reste des électeurs s’abstint. Rome donna 40,000 oui contre un nombre insignifiant de «on. Des délégués portèrent à Florence le résultat du plébiscite. Un décret du s établit que les cinq provinces romaines feraient désormais partie intégrante du royaume d’Italie ; le général La Marmora fut nommé lieutenant de Rome et le gouvernement italien prit possession du Quirinal, résidence d’été des papes. Le 20 octobre, Pie IX fit afficher sut la porte des grandes basiliques une bulle annonçant la suspension du concile < par suite de la sacrilège iuvasion de Rome, qui pourrait entraver la liberté du pape et des évëques, et par suite de la guerre qui empêcherait beaucoup d’évêques de quitter leurs troupeaux. »

Le gouvernement italien, désireux de donner au pape la plus entière liberté, lui laissa la possession de la cité Léonine, décréta que sa personne était assimilée à la personne du roi eu ce qui concerne l’inviolabilité et les peines^portèes contre les auteurs ou les pro PIE

voeateurs d’attentats ; que la typographie spéciale du saint-père ainsi que la publication et l’affichage de ses actes, de ceux des bureaux et congrégations ecclésiastiques, étaient soustraits aux règlements régissant la presse, etc. Absolument libre d’habiter ou de quitter Rome, d’attaquer violemment dans ses écrits et dans ses discours le gouvernement italien, de recevoir au Vatican

ou ailleurs les nombreux visiteurs catholiques qui accouraient de toutes parts, Pie IX n|en déclara pas moins qu’il était prisonnier, que Pierre était dans les fers. Le parlement italien, réuni à Florence au mois de décembre 1870, accepta le plébiscite romain, vota le transfert de la capitale à Rome dans le délai de six mois et adopta le projet de loi relatif aux garanties pontificales. Cette dernière loi mérite d’être connue, car elle réduit à néant la prétendue persécution exercée par le gouvernement italien sur le souverain pontife et la légende du pape prisonnier. En voici les principaux articles : ■ La personne du souverain pontife est inviolable et sacrée. Les honneurs souverains sont dus au souverain pontife dans tout le royaume et il conserve les prééminences honorifiques qui lui sont reconnues par les souverains catholiques. Le souverain pontife peut conserver ses gardes du palais. L’apanage annuel de 3,225,000 fr. qui était inscrit dans le budget romain sous le titre de fonds pour traitement du souverain pontife^ sacré collège des cardinaux, etc., est maintenu. Cet apanage sera porté au grand-livre de la dette publique du royaume d’Italie comme une rente perpétuelle et inaliénable au nom du saint-siége. La rente susdite sera exemptée de toute espèce d’impôt ou charge gouvernementale, provinciale ou communale. Le souverain pontife, outre la donation établie à l’article précédent, continue à jouir librement, et exempts de tout impôt ou charge publique, des palais pontificaux du Vatican et de Sainte-Marie-Majeure et de tous les édifices, jardins et terrains annexés et dépendants, comme aussi de la villa de Castel-Oandolfo. Les palais et lieux susdits sont reconnus comme exonérés de toute juridiction de l’État. Une semblable immunité estaussireconnue atout autre lieu que le souverain pontife pourrait habiter, même temporairement, et pendant toute la durée de son séjour. Aucun officier de l’autorité publique ou agent de la force publique ne peut s’introduire, à aucun titre que ce soit, dans les palais ou les lieux jouissant de l’immunité, sinon à la requête du saint-père. Le souverain pontife est pleinement libre de remplir toutes les fonctions de son ministère spirituel et de faire afficher aux portes des basiliques de Rome, suivant l’habitude, ou de publier autrement tous les actes de son susdit ministère et ceux des sacrées congrégations du saint-siége, sans que le gouvernement s’y oppose ou permette que personne y apporte aucun obstacle ou empêchement. Le saint-siége correspond librement avec l’épiseopat et avec tout le monde catholique, sans aucune ingérence du gouvernement italien. Le souverain pontife a la faculté d’établir dans te Vatican des bureaux de poste et de télégraphe, servis par des employés de son ehoix. Les dépêches et les télégrammes pontificaux sont transmis avec les prérogatives établies pour ceux de l’État et exempts do toute taxe. L’exercice de l’autorité et juridiction spirituelle et diplomatique du souverain pontife et de toute la hiérarchie ecclésiastique est exempt do toute ingérence et syndicat du pouvoir civil ; est aboli, par conséquent, l’appel d’abus et toute autre réclamation semblable devant l’autorité civile contre les actes propres de l’autorité ecclésiastique. Les nominations aux bénéfices majeurs ou mineurs, à toutes les dignités, charges et offices de l’Église seront faites sans aucune ingérence du gouvernement du roi. Sont abolis les serments des évêques au roi. Les séminaires, les académies, les collèges et autres institutions catholiques fondées à Rome pour l’éducation et l’instruction des ecclésiastiques continueront» dépendre uniquement du saintsiège. Les cardinaux et autres ecclésiastiques ne peuvent en aucune manière être recherchés ni molestés pour la part qu’à raison de leurs fonctions ils auraient prise à Rome à un acte ecclésiastique quelconque du souverain pontife, des sacrées congrégations et des autres offices du saint-siége. » On voit, par cette loi des garanties, scrupuleusement appliquée par le gouvernement italien, que nulle part en Europe le pape n’exerce un pouvoir spirituel si étendu et si débarrassé de toute entrave.

Quelques jours après la promulgation de cette loi, le 31 décembre, Victor-Emmanuel se rendit à Rome et écrivit au pape pour lui présenter ses souhaits de nouvel an ; mais Pie IX rie lui répondit pas. Conservant, en vertu de la loi des garanties, une chancellerie et une représentation diplomatique, le souverain pontife reconnut, au Sois de février 1871, le gouvernement de la République française et, le 8 mars suivant, il répondit h la notification qui lut fut faite de l’acceptation de la dignité impériale par le roi de Prusse Guillaume par une lettre chaleureuse, dans laquelle il disait au nouvel empereur : « C’est avec une grande joie que nous accueillons la notification de cet événement, qui, nous en avons la confiance, avec l’aide de Dieu et selon vos vœux pour le bien gô PIE

néral, aura d’heureuses suites non-seulerneat pour l’Allemagne, mais pour l’Europe entière... Nous désirons que Votre Majesté soit convaincue que nous ne négligerons rien pou*1 pouvoir à l’occasion bien mériter de vous. » En mai 1S71, après cinq mois de réflexions, Pie IX crut devoir protester contre la loi des garanties et écrivit à ce sujet une encyclique. Il y déclarait « qu’il n’admettrait et n’accepterait jamais, ne le pouvant en aucune façon, ces garanties imaginées par le gouvernement subalpin., à la place et en subrogation de cette principauté civile, dont la divine Providence a voulu fortifier le saint-siége apostolique. ■ Puis, oubliant que cette même divine Providence avait laissé crouler avec une parfaite indifférence le pouvoir temporel, le représentant infaillible de Dieu, au lieu de tout attendre d’elle, faisait, chose surprenante, un appel formel a la force, à l’intervention des princes, à la guerre pour lui rendre, selon l’expression du Père Ventura, « cette motte de terre » qu’il était si avide de posséder, « Fasse Dieu, dit-il, que les princes de la terre, auxquels il doit souverainement importer qu’un tel exemple de l’usurpation qui nous opprime ne s’établissé

point, agissent d’un commun accord, afin de rendre ses droits au saint-siége et, avec eux, au chef visible de l’Église sa pleine liberté, aussi bien qu’à la société civile la paix tant souhaitée. » Comme on le voit, Pie IX ne pouvait se consoler de la perte de son pouvoir temporel. Partout il excitait les évêques à la croisade sainte. Partout les évêques déclaraient dans des mandements à leurs fidèles que le pape était « prisonnier » et, par une pieuse fraude, pour faire croire à la réalité ne l’emprisonnement, des catholiques fervents n’hésitaient point à distribuer des fragments de paille provenant du prétendu cachot du saint-père. Mais le mouvement qu’on parvenait à produire laissait la grande masse indifférente et nul souverain d’Europe ne répondit à l’appel du pape. En France, l’agitation en faveur du pontife romain se traduisit par une recrudescence du denier de saint Pierre ; par une pétition des évêques à l’Assemblée nationale pour demander, sinon formellement, du moins implicitement, que la

France, épuisée, s’élançât dans une nouvelle guerre ; par des adresses des catholiques au pape, exprimant le vequ que « la fille aînée de l’Église, relevée et régénérée, prêtât bientôt le secours d’un bras vengeur à sou père opprimé» (5 juin 1871) ; par l’organisation des pèlerinages sur tout le territoire, ayant pour double objet des manifestations à la fois papalines et légitimistes. Partout ailleurs, le mouvement n’eut ni cette ardeur ni cette persistance et l’introduction du dogme de l’infaillibilité produisit, au contraire, des effets diamétralement opposés. En Allemagne et en Suisse, on vit naître et se développer le schisme des vieux catholiques ; puis des États, comme la Prusse, la Suisse et l’Autriche, votèrent des lois destinées à contenir les prétentions devenues exorbitantes du clergé.

Mais revenons à Pie IX, Au mois de juin 1871, à l’occasion de la vingt-cinquième année de son pontificat, il fit célébrer un jubilé et des fêtes qui durèrent plusieurs jours. Il reçut dans la salle du Trône, au Vatican, de nombreuses députations de catholiques venant de divers pays, prononça un grand nombre de discours et adressa à ce sujet une encyclique à tous les évêques. Répondant à

l’adresse des catholiques français, lue le 16 juin par l’évêque de Nevers, il prononça ces paroles : « Je dois dire la vérité à la France. Il y a en France un mal plus redoutable que la révolution, plus redoutable que la Commune avec ses hommes échappés dé l’enfer qui ont promené le feu dans Paris : c’est te Hiératisme catholique. « Jamais M. Veuillot triomphant n’avait espéré être si cruellement vengé de l’apostrophe que lui adressait en 1869 l’évêque d’Orléans.

Après l’inauguration solennelle de Rome comme capitale définitive de l’Italie et l’installation dans cette ville du gouvernement et du parlement italiens.(l« juillet 1871), il fut encore question du départ du pape, dont l’irritation était à son comble ; mais Pie IX ne voulut point suivre les conseils qui lui étaient donnés en ce sens. Il continua à rester à Rome, complètement libre de ses paroles et de ses actions, lançant à toute occasion l’unnthème contre le gouvernement italien, qui le laissa faire sans s’en occuper aucunement. En 1872, il refusa de toucher la dotation de 3,200,000 francs comptant, à partir du 1er janvier 1871, que lui avait votée le parlement. Le 16 juin, à l’occasion du projet de loi relatif aux congrégations religieuses à Home, il adressa au cardinal Antonelli une lettre pour protester et s’y éleva énergique ment contre toute idée de conciliation « entre le pontificat et le gouvernement usurpateur, » Cette même année, l’attention de Pie IX fut vivement attirée vers les faits de l’ordre religieux qui se produisaient eu Suisse et en Allemagne. La nomination de M. Mermillod comme évêque de Genève provoquait une protestation de la part du gouvernement de ce canton et devait aboutir, en 1S73, à la réforme, dans cette partie de la Suisse, dé la constitution de l’Église catholique relativement à la nomination des curés, ainsi qu’au développement de la secte des vieux catholiques. Vera le même temps, le gouvernement