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eau salée, toutes formes qui sont corrélatives, selon Delâtre, du grec péxis, épaississement, coagulation, et du latin fiex, lie, et se rapportent à ia racine sanscrite pae, lier, joindre, grec pêgnumi, latin pago, pango, gothique fuhan, allemand fangen, lithuani«n paszav, russe pasza). Pêche. Se dit du haru.ig en caque fraîchement salé : Un hareng vue.

— s. m. Ichthyol. Nom vulgaire de l’épinoche.

PÉCARI s. m. (pé-ku-ri). Mamm. Genre de mammifères pachydermes, formé aux dépens des cochons, et comprenant deu.i espèces, qui habitent les forêts de l’Amérique du Sud.

— Encjrcl. Les pécaris sont caractérisés par un système dentaire de quatre incisives à la mâchoire supérieure et six à la mâchoire inférieure, une canine et six molaires de chaque côté à chaque mâchoire, en tout trente-huit dents ; les premières et les dernières ressemblent » celles des cochons ; mais les canines sont plus petites, ont une forme ordinaire et ne sortent pas de la bouche. Les lombes présentent une> ouverture glanduleuse très-développëe, qui sécrète une humeur visqueuse et fétide. Ils sont presque dépourvus de queue et manquent de doigt externe aux pieds de derrière ; les doigts intermédiaires sont plus grands et appuient sur le sol. Enfin, les grands os du métacarpe et ceux du métatarse sont soudés entre eux en une sorte de canon. Par ce dernier caractère, les pécaris semblent former le passage des pachydermes aux ruminants ; ils se rapprochent encore de ceux-ci par la structure de leur estomac, qui est divisé en trois poches par deux étranglements, de manière h. simuler un estomac triple, qu’on leur a quelquefois attribué. Le pelage de ces animaux présente des soies assez longues sur la ligne dorsale, de plus en plus courtes à mesure qu’elles s’en éloignent, plus grosses que celles des cochons et assez roides pour qu on ait pu les comparer aux piquants du porc-épic. Les formes des pécaris sont trapues et raccourcies. L’orifice glanduleux dont nous avons parlé a été pris autrefois pour un canal urinaire, ce qui a fait dire que ces pachydermes étaient des cochons qui urinent par le dos ; on a voulu y voir aussi un second nombril, d’où le nom scientifique de dicotgles donné à ce genre. Au reste, ils présentent, par leurs caractères comme par leurs mœurs, la plus grande analogie avec Tes cochons.

Lds pécaris habitent l’Amérique du Sud ; ils fréquentent surtout les forêts et vivent en famille dans les creux d’arbres ou dans les trous qu’ils rencontrent ; on les trouve le plus souvent dans les endroits bas et marécageux, qu’ils quittent dans la saison des pluies pour sa retirer sur des lieux plus élevés. Ils se nourrissent de fruits sauvages, de graines et de racines, qu’ils cherchent en fouillant la terre avec leur groin ; on dit qu’ils mangent aussi des reptiles de petite taille (serpents, crapauds, lézards), après avoir eu la précaution de les écorcher avec leurs pieds. Leur odorat est très-fin, et leur haleine forte. Ils témoignent leur contentement par un grognement léger ; quand ils sont surpris ou effrayés, ils soufflent comme le sanglier ; mais quand ils sont irrités, ils ont un cri aigu, plus fort et plus dur que celui du cochon ; alors leur poil se hérisse et leur sécrétion lombaire devient plus forte et plus fétide.

hespécaris vivent en troupes plus ou moins nombreuses, sous la conduite d’un chef ; le plus fort est en tête. Quand ils sont attaqués ou qu’on veut leur enlever leurs petits, ils poussent un grognement d’appel et se prêtent mutuellement main-forte ; mettant les petits au centre, ils les défendent vigoureusement, blessent souvent les chiens et parfois même les chasseurs, en leur donnant des coups de dont. Us craignent beaucoup les jaguars et les couguars ; un ennemi peut-être plus dangereux encore est une espèce de tique très-abondante dans les bois et dont ils sont presque toujours plus ou moins couverts. Las pécaris produisent dans toutes lessaisons de l’année et font ordinairement deux petits par portée ; ceux-ci ne tardent pas à suivre leur mère et ne s’en séparent que lorsqu’ils sont adultes.

Ces animaux s’apprivoisent facilement, surtout quand on les prend jeunes ; ils deviennent môme familiers, comme on a pu le voir chez des individus élevés à. la ménagerie du Muséum ot qui jouaient librement avec les chiens. S’ils paraissent peu reconnaissants et peu attachés aux personnes qui les soignent, du moins ils ne font aucun mal et ou peut sans inconvénient les laisser aller et venir en liberté. Ils reviennent d’eux-mêmes au gite, dont ils s’éloignent peu d’ailleurs, et vivent entre eux en bonne intelligence ; toutefois, il "leur arrive de se disputer lorsqu’on leur présente l’auge ou la gamelle en commun. D’un autre côté, les pécaris se reproduisent bien en captivité ; il serait donc facile d’en domestiquer la race. Il ne faudrait pas oublier toutefois qu’étant originaires de pays chauds ils demanderaient quelques soins dans nos climats.

La chair des pécaris, surtout ceiie des jeunes individus, passe en générai pour un non aliment ; elle est blanche, mais plus sèche et moins chargée de lard que celle de nos cochons ; elle deviendrait sans doute meilleure si l’on engraissait cas pachydermes après les avoir châtrés. Un recommande d’enlever, aussitôt que l’animal «st tué, la glande

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dorsale et même les organes sexuels do mâle, sans quoi la chair contracterait promptement un mauvais goût.

Ce genre comprend deux espèces. Le pécari à collier a ia taille d’un cochon ordinaire ; le corps couvert de soies roides, annelées de noir et de blanc sale, d’où résulte une teinte uniforme gris foncé ; un collier blanchâtre, allant du haut de l’épaule vers le dessous du cou ; les jeunes sont d’un brun fuuve clair, avec une ligna dorsale noirâtre. Le pécari tajassou se distingue par son pelage, qui est en entier d’un brun noirâtre, avec une bande étroite d’un blanc pur sous la mâchoire inférieure. Cette dernière espèce n’a guère été observée qu’au Paraguay. Toutes deux ont la même taille et les mêmes mœurs. Néanmoins, les pécaris tajassous vivent par troupes plus nombreuses et leurs déplacements sont plus étendus.

PÉCAUT (Félix), écrivain et théologien protestant français, né à. Salies (Basses-Pyrénées) en 1828. Après avoir passé quelque temps dans le pays basque, pour en apprendre la langue dans des vues d’èvangétisation, il entra, en 1844, à la Faculté de théologie protestante de Montauban. Il y devint le disciple du célèbre prédicateur Adolphe Monod, qui occupait une des chaires de cette Faculté ; mais l’orthodoxie antiscienfifique de ce dernier ne put satisfaire l’esprit large et eomprèhensif du jeune homme, qui ne tarda pas à s’en détacher. Reçu bachelier en théologie en 184S, M. Pécaut alla achever son éducation en Allemagne, où, en compagnie d’un autre pasteur très-distingué, M. Viguiéj depuis président du consistoire de Nimes, il suivit les leçons de Neander, de Bleck et de Richard Roth aux universités de Bonn et de Berlin. De retour dans les Basses-Pyrénées, il devint surtïagant du pasteur de Salies, mais il dut bientôt se démettre de ses fonctions, ne voulant plus lire dans le Credo l’article ayant trait à la naissance miraculeuse de Jésus-Christ. Il se fit néanmoins consacrer au ministère évangélique par M. A. Coquerel fils en 1853, dans une église du Midi. L’année précédente, il s’était fixé à Paris ; il y prit la direction d’une grande maison d é—tlucatioii protestante, l’institution Duplessis-Mornay. En 1858, il quitta cette maison et publia, peu après, un important ouvrage : le Christ et la conscience (IS59), qui produisit un immense scandale dans les rangs de l’orthodoxie protestante. Sous forme de lettres et d’entretiens entre deux amis qui se sont liés sur les bancs d’une Faculté de théologie, l’auteur exposa les raisons qui lui font rejeter non-seulement la doctrine de la théopneustie ou de l’inspiration des livres saints, mais encore la croyance à la sainteté absolue et à l’infaillibilité de Jésus-Christ. Sur le premier point, l’auteur se montrait le disciple de l’école de théologie libérale fondée à Strasbourg par MM. Scherer et Colani ; mais, dans la deuxième partie de l’ouvrage, il dépassait les conclusions de ses devanciers. Tandis que ceux-ci substituaient à l’autorité de la Bible, base jusque-là respectée de la théologie protestante, l’autorité de Jésus-Christ, M. Pécaut pensait qu’une fois l’autorité surnaturelle des livres saints rejetée, la critique historique indépendante ne pouvait voir en Jésus de Nazareth qu’un initiateur religieux, le plus grand d’ailleurs que le monde ait connu. Ces dernières conclusions irritèrent violemment les docteurs de l’orthodoxie protestante et contribuèrent beaucoup à précipiter le mouvement de réaction ecclésiastique qui sa traduisit dans les faits par la révocation de MM. Coquerel fils et Martin-Paschoud et la convocation d’un synode général destiné à fixer les limites de l’enseignement religieux dans l’Église réformée. Les théologiens libéraux de l’école de Strasbourg, il. Albert Préville entre autres, combattirent surtout, en discutant le livre de M. Pécaut, certaines exagérations dans l’étude des détails de la vie de Jésus et signalèrent le pessimisme de sa critique. M. Pécaut tint largement compte des observations de ses amis ; loin de se laisser entraîner dans de nouvelles exagérations, en réaction des violences de polémique des docteurs de l’orthodoxie protestante, il revint sur la plupart de ses assertions, tout en conservant dans la préface de sa seconde édition (1863) sa thèse fondamentale. Cette thèse, qui est.devenue de plus en plus celie de l’école libérale avancée, c’est que Jésus est l’initiateur religieux par excellence, mais que sa personne historique n’a pas une valeur absolue, comme le soutenaient au commencement du siècle Sehleiermacher et ses disciples. Le livre de M. Pécaut était une nouveauté en France en ce qu’il associait un sentiment religieux très-profond, presque mystique, à t une critique libre et pleine de hardiesse. j Dans son second ouvrage, l’Avenir du

théisme chrétien (18641, l’auteur établit la supériorité

de la religion dépouillée de tout prestige de surnaturalisme sur la, religion traditionnelle ; il reconnaît que la pratique de cette religion toute "rationnelle est plus difficile, exige, un développement moral supérieur ; mais, ajoute-t-il, le monde moderne ne saurait en comporter une autre. M. Pécaut devint alors le représentant le plus autorisé de la nouvelle école issue du protestantisme libéral et qui le pousse à sa dernière conséquence. Toutefois, malgré la largeur de ses idées, il tint à rester protestant et soutint,

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dans ses écrits et à la tribune du synode de 1872, avec une grande autorité de parole, la nécessité, pour le protestantisme, de ne pas se morceler, en dépit de ses divisions théologiques. Il devint, à cette époque, un des rédacteurs habituels du Disciple de JésusChrist de M. Martin Paschoud, après avoir antérieurement collaboré au Lien et à la Jievue de théologie de Strasbourg,

Le Disciple a publié de lui notamment deux opuscules très-intéressants : l’Avenir du protestantisme (1865) et le Christianisme libéral et le miracle (1869), conférences prêchées â Nîmes, à Montauban, devant les élèves de la Faculté de théologie, à Neufchâtel et enfin à Paris, dans la salle des prédications religieuses du libéralisme protestant, établie au boulevard Richard-Lenoir. Dans ces conférences, M. Pécaut expose avec une vigueur de pensée et une beauté de langage vraiment admirables ce que doit être le christianisme d’après l’histoire et d’après la logique de ses propres développements, pour entrer dans l’âge moderne à la tête du progrès et pour sortir des langes dont le catholicisme et une certaine orthodoxie protestante l’ont enveloppé. Après avoir puissamment contribué au mouvement de réforme libérale en Suisse, dont l’initiative appartient à M. Ferdinand Buisson, M. Pécaut est allé fonder à Neufchâtel, sous le nom d’Église du christianisme libéral, une société servant d’asile aux esprits désabusés des diverses orthodoxies, mais désireux de conserver le sentiment religieux. Il a passé tout l’hiver de 1869 à 1870 en Suisse, pour consolider cette œuvre hardie et originale.

Retiré depuis ces conférences à Salies-de-Béarn, près d’Orthez, M. Pécaut a pris part au mouvement politique du réveil libéral qui a suivi la chute de l’Empire. Candidat du parti républicain aux élections du 8 février 1871 dans lo département des Basses-Pyrénées, il échoua comme ses coreligionnaires politiques. Il a écrit souvent depuis, soit dans divers journaux de la région, la Gironde ou le Mercure d’Orthez, soit dans un des grands journaux de Paris, le Temps, auquel il envoya, à partir des derniers mois de 1871, des Lettres de la province, très-goùtées du public intelligent ; il s’est attaché plus particulièrement dans ces Lettres à signaler les périls que l’esprit clérical fait courir à la France.

PECCAB11ITÉ s. f. (pèk-ka-bi-li-té — rad. peccable). Théo !. État d un être peeeable : Suivant les théologienst la peccabilité est naturelle à l’homme.

— Encycl. Ce terme théologique est d’un grand emploi et a trait à l’un des plus graves problèmes de la théologie chrétienne. Par ce mot on désigne le caractère d’un être sujet par sa nature a commettre des infractions plus ou reoins graves et nombreuses à la loi morale. Un être peccable est celui qui peut être pécheur, mais qui peut aussi ne pas l’être s’il le veut ; du moins c’est à ces termes que se réduit la doctrine chrétienne dans sa forme élémentaire et superficielle. Mais à cette question de la peccabiliié se rattachent plusieurs problèmes de la plus haute importance, dont nous devons donner ici une idée. Voici succinctement les plus graves :

1» Quelle est l’origine et ia cause de la peccabiliié ? Les théologiens croient la trouver dans l’hypothèse qu’ils qualifient dogme de la chute. Avant cette rupture de l’équilibre normal, l’homme était-il déjà peccable ? C’est une question entée sur la première et encore plus difficile, par conséquent, a trancher, sur laquelle les théologiens ne sont pas d’accord. Les uns disent que la peccabilité est un mal, et comme telle n’a dû commencer qu’avec la chute ; il valait mieux pour l’homme ne pas pouvoir pécher. Les autres trouvent précisément le contraire, savoir que la peccabiliié est un bien, parce que c’est une des formes de la liberté. Si je ne puis pécher, je ne puis davantage bien faire. Je suis absolument incapable de vertu si je le suis de vice. Or, il vaut mieux pour l’homme être capable de vertu, même au risque d’arriver à une chute, que d’en être exempt à la manière de la pierre ou de la brute. Donc, d’après ces théologiens, la peccabiliié existait antérieurement au péché, antérieurement à la chute. Ainsi, l’origine de lapeccabitité est, suivant les uns, la chute, suivant les autres la liberté.

%o Comment le, peccabiliié se transmet-elle ? Cette seconde question complique singulièrement la première. Chaque homme naît peccâble. Pourquoi ? Certains théologiens voient dans ce fait la conséquence de la punition de la faute d’Adam. D’autres le font résulter de la nature même de notre esprit et de notre corps, c’est-à-dire de notre imperfection physique et morale. D’après ceux-ci, chacun de nous est peccable parce que chacun de nous a, par nature, indépendamment des faits et gestes d’Adam, des appétits et des inclinations auxquelles il peut céder à l’excès et qui deviendront des vices, des péchés pour peu qu’ils soient abandonnés à eux-mêmes. La peccabiliié se transmettrait donc comme les instincts animaux et comme toutes les propriétés et particularités physiologiques.

3° La peccabiliié est-elle en soit mauvaise ? est-elle déjà un péché ? Certains théologiens vraiment farouches l’ont affirmé, pour avoir une raison de plus ajoutée à cent mille autres de damner éternellement la pauvre âme hu PECC -

maine. Mais la plupart ne voient dans la peccabiliié qu’une des conditions de la liberté morale. Le vrai mal et le vrai problème du mal, c’est que l’homme soit non-seulement peccable, mais pécheur, c’est-à-dire précisément que sa liberté morale ne soit pas tout à fait intacte, puisqu’il ne peut plus jamais ou presque jamais choisir le bien, mais invariablement le mal. Il n’est donc plus dans l’état d’une balance en équilibre, pouvant également bien pencher de l’un ou de l’autre côté ; c’est une balance faussée, inclinant toujours du même sens. Là est le fait anomal et étrange que les théologiens ne peuvent expliquer que par le péché originel.

40 La peccabiliié est-ella compatible avec la vertu et la sainteté ? Avec la vertu, oai ; avec la sainteté, non. La vertu, c’est le triomphe de notre volonté sur les tentations qui pouvaient l’entraîner an vice. Pour qu’il y ait triomphe, il faut qu’il y ait lutte et, par conséquent, possibilité d’être vaincu, puisque, sans cette possibilité de la défaite, la victoire. serait aussi chimérique que peu méritoire. Mais la sainteté est un état absolu, immuable, indéfectible ; si la sainteté était accompagnée de peccabiliié, elle serait à chaque instant menacée et ne se distinguerait plus en rien de la vertu. Seulement on objecte qu’une sainteté résultant de l’impeccabilité est, pour ainsi dire, une sainteté fatale et machinale. Ici parait une antinomie réelle : ou être saint, et alors ne plus même pouvoir pécher, c’est-à-dire n’être plus libre ; ou être libre et responsable, capable de mérite et de démérite et pouvoir pécher, et alors ne plus être certain absolument de posséder la sainteté : pas de milieu.

S» La peccabilité atlénue-t-elle la responsabilité ? Il est évident qu’elle ne s’appellerait plus peccabilité si elle n’était considérée que comme une fatalité invincible et inévitable. Seulement, on s’est demandé dans quelle limite le fait même, que par nature nous sommes au moins aussi enclins au mal qu’au bien, peut atténuer notre culpabilité quand nous penchons du côté du mal ; car, enfin, c’est déjà, un fait bien grave que celui-ci : la nature nous pousse également à l’un ou l’autre des deux partis, dont l’un entraîne une peine, l’autre une récompense. Si nous prenons le premier, nous pouvons toujours dire que nous avons cédé à des forces supérieures. Les théologiens ne tranchent le problème que par le péché originel et admettent que la peccabilité n’empêche pas l’homme d’être pleinement responsable. S’il est prédisposé au mal, il n’eu est pas moins coupable d’y céder : comment cette sentence est-elle conciliable avec la justiee ? Demandez-le à saint Augustin, à Calvin et aux autres docteurs versés dans la science de ce qu’ils nomment la « justice de Dieu. » Laissons passer la justice de Dieu 1

6» La peccabilité peut-elte être attribuée aux anges, à la sainte Vierge, à Jésus-Christ, à. Dieu ? Autant de questions controversées que nous n’aurons garde de trancher. Pour les anges, archanges, séraphins et autres êtres de même nature, les avis sont partagés ; mais la plupart penchent pour l’atrtrmative en se fondant sur l’exemple des démons. Pour la Vierge, il faudra, sans doute, un nouveau concile pour décider que, non-seulement elle a été immaculée quant ait péché, mais aussi quant à la simple peccabilité. D’après les Évangiles, entendus du moins au sens de l’exégèse allemande, elle était parfaitement peccuble. Quant à Jésus-Christ, catholiques et protestants, orthodoxes et hétérodoxes semblent s’être plu à embrouiller la question, fort nuageuse par elle-même. Comme on a la ressource des deux-natures, la plupart des théologiens disent que, quant a l’une, Jésus-Christ était peccable ; quant à l’autre, non. Comme Dieu, il était impeccablejSoit ; mais, s’il a été vraiment homme, il a du être vraiment imparfait, donc peccable. Autrement, il n’avait pas l’ombre de mérite, il n’était ni un ange ni un saint, ni même un homme vertueux. Mais, d’autre part, s’il était peccable, il aurait donc pu se faire qu’il succombât à la tentation ; et alors que serait devenu notre salut ? Cette question fait frissonner les théologiens orthodoxes. N’y insistons donc pas. Quant à

Dieu, le problème n’appartient pas tant à la théologie qu’à la métaphysique. Voyez sur la question de ses attributs moraux le livre de M. Vacherot, la Àfefap/ijfsïaue et la science. S’il peut être dit bon et saint, il doit être libre ; s’il est libre, rien ne garantit qu’il agira nécessairement de telle ou telle façon. A notre point de vue humain, on pourrait donc dire : ■ 11 sera peccable, » Mais on^répond : « La peccabiliié n’a nul rapport avec Dieu, puisque la péché est la violation d’une loi supérieure et que pour Dieu il ne peut y avoir de loi supérieure, sa volonté servant à lui-même et atout de norme absolue. «Dès lors, il faut bien convenir que Dieu est impeccable.

Nous n’avons fait qu’exposer, sans avoir la prétention de les trancher, les questions oiseuses, et pourtant controversées, qu’a soulevées la peccabilité parmi les théologiens et même parmi une certaine classe de philosophes. À ces questions ne pourrait-on pa3 en ajouter une autre ; N’est-ce pas perdre son temps que de mettre en discussion de pareils sujets ? Et cotte question-là uous paraît assea facile à résoudre.

PECCABLE adj. (pèk-ka-ble — lat. pecca~ bilis ; d© peccare. oécher). Qui est capable