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PAXY

de l’Ile de Standia, par 35» 25’ de latit. N. et 220 58’ de longit. É.

PAXO, autrefois Paxos, lie da Grèce, dans la mer Ionienne, la plus petite du groupe des îles de ce nom, à 13 kilom. S.-E. de 1 île de Corfou, non loin de la côte d’Albanie ; 9 kilom, de longueur sur 5 kilom. de largeur ; 67 kilom, carrés ; 5,000 hab. Ch.-l., Porto-Gayo. Elle est de forme ovale et montagneuse ; le sol, pierreux et dépourvu d’eau, produit presque uniquement des olives, des ligues, des amandes et du vin. Élève considérable de mules et de chèvres.

PAXTON (sir Joseph), horticulteur et architecte anglais", né à Milton-Bryan (Bedfordshire) en 1803, mort en 1865. Il fut élevé à l’école libre de Weborn, où il montra pour le dessin une grande aptitude. Au sortir de l’école, il devint dessinateur de pares et ne tarda pas à être employé en cette qualité par le duc de Somerset, puis par le duc de Devoushire, qui le chargea d’administrer ses propriétés du comté de Derby. Sa réputation commença par la construction de la serre de Chatsworth ; puis il se mit à publier divers ouvrages d’horticulture : un Traité de la culture du dahlia (1840) ; un petit Dictionnaire de botanique, en collaboration avec M. Lindley,

  • et le Calendrier horticole, sans parler de

nombreux articles publiés dans les Annales d’horticulture, dont il fut le fondateur. En 1851, une commission royale ayant mis au concours la construction du futur palais de l’Exposition universelle de Londres, deux cent quarante-cinq projets furent envoyés ; celui de Paxton fut vivement appuyé par l’ingénieur Stephenson et le prince Albert. Bien que jugé d’une exécution impossible par quelques-uns, ce plan, improvisé en dix jours, fut exécuté en moins de cinq mois par les entrepreneurs Fox et Henderson, dans Hyde-Park, et inauguré le 1er mv'. igsi. Oe. puis, le palais de Cristal, comme on l’appela, fut démonté pièce à pièce et reconstruit à Sydenham. Les travaux, entrepris en 1852 sous la direction de sir J. Paxton, durèrent deux années. MM. Owen Jones et Digby Wyatt, qui s’étaient distingués par leur habileté dans la décoration de l’édifice de Hyde-Park, eurent à s’occuper de la partie des beaux-arts, et MM. Fox et Henderson entreprirent la reconstruction du palais qu’ils avaient édifié. Les architectes, tout en se servant en partie des matériaux de l’ancien édiïice de Hyde-Park, se sont bien gardés de le copier servilement. Le palais de 1851 était beaucoup trop long pour sa largeur, et l’uniformité de sa toiture de verre n’était interrompue que par un seul transsept : c’était une grande serre et pas autre chose. La nef du palais de Cristal actuel, moins longue et moins vaste, est de u mètres plus haute ; trois tianssepts, dont l’un a 53 mètres de hauteur au-dessus du sol, dominent l’édifice ; les galeries a jour s’ouvrent sur la façade tournée vers le jardin ; de vastes projections circulaires, d’un rayon de 8 mètres environ,

s arrondissent aux extrémités du transsept et rompent la trop grande monotonie qu’aurait une longue muraille de verre rectiligne dans toute son étendue. L’édifice, entièrement construit en fer et en verre, a l’exception d’une partie de lu façnde occidentale, qui est recouverte de boiseries, consiste en une grande nef, en deux bas-côtés, trois transsepts et deux ailes tournées vers l’est. Deux galeries principales régnent autour de la nef. Pour introduire un peu de variété dans l’aspect général de l’intérieur, on a placé de 22 mètres en 22 mètres et de chaque côté de la nef, deux colonnes qui forment, en dedans de la longue perspective, une saillie d’environ 210,50 et permettent au regard de mieux apprécier les distances. La longueur de l’édifice est de 488 mètres ; ce qui, ajouté à 176 mètres pour chacune des deux ailes et à 219 mètres pour le corridor qui mène a la station du chemin de fer, donne un développement total de 1,059 mètres. Les colonnes soin au nombre de 3,500. Paxton fut fait chevalier par la reine d’Angleterre en 1851. Au mois de décembre 1854, il entra a la Chambre des communes comme député du bourg de Coventry, fut réélu en 1857 et vota toujours avec le parti libéral. Il organisa le corps des travailleurs de l’armée qui, pendant la guerre de Crimée, rendit les plus grands services, proposa d’entourer Londres d’une arcade magnifique destinée à enoeindre un chemin de fer atmosphérique et fut chargé parle baron J. de Rothschild de la construction du beau château de Ferrières. Sir J. Paxton était membre de la Société Linnéenne, de la Société d’horticulture et de plusieurs autres sociétés savantes.

PAXTONIE s. f. (pak-sto-nl — de Paxton, horticulteur et botan. angl.). Bot. Genre de plantes, de la famille des orchidées, dont l’espèce type croit à Manille.

PaxyllOMB s. m. (pa-ksil-lo-me — du lat. paxillus, petit pieu, et du gr.dmos, épaule). Kiuuiii. Genre d’insectes hyménoptères, de la famille des iclmeumonïens, tribu des braconides, dont l’espèce type se trouve surtout dans le nord de l’Europe,

PAXYODON s. m. (pa-ksi-o-don). Moll. Genre de mollusques acéphales a coquille bivalve, voisin des nmlettes, et dont l’espèce type vit dans les rivières de l’Amérique du Nord, à On dit aussi pax.yodonte.

PAYE

PAYA s. m. (pa-ia). Comm. Soie blanche d’Alep. il Sorte de coton fllé.

PA-YA s. m. (pa-ia). Titre honorifique que le roi de Siam confère à ses favoris.

PAYA (Charles-Jean-Baptiste), littérateur français, né à Toulouse en 1813, mort à Nice en 1865. D’abord imprimeur et rédacteur en chef de Y Emancipation de Toulouse, il livra au gouvernement de Louis-Philippe une guerre où les procès, les.amendes et la prison ne lui furent pas épargnés. Homme de convictions ardentes et sincères, il n’en continua pas moins de consacrer sa vie à la défense des principes démocratiques. Condamné, en 1849, par la haute cour de Versailles, il refusa toute amnistie conditionnelle. H étudia particulièrement la question romaine et a fait d’excellents travaux si» la Rome contemporaine, qu’il était allé visiter et où U fut incarcéré par les ordres du gouvernement pontifical. Collaborateur du Siècle et malade par suite des souffrances et des privations qu’il avait dû endurer, il s’était rendu à Nice dans l’espoir de rétablir sa sauté ; c’est là qu’il est mort, gardant jusqu’au dernier jour ses opinions intactes. On a de lui, outre de nombreuses correspondances adressées au journal le Siècle et des articles touchant l’histoire ou la politique ; Naples, 1130-1857 (Paris, 1858) ; les Cachots du pape (Paris, 1865), ouvrage rempli de documents curieux et piquants sur les abus de la cour de Rome. 11 a laissé de plus une biographie de Garibaldi, qui fait partie des publications pppulaires de G. Barba et qui s’est vendue à cinr qualité mille exemplaires, bien que la commission du colportage lui eût refusé l’estampille.

PAYABLE adj. (pè-ia-ble — rad. payer). Qui doit ou peut être payé : Billet payable au porteur. Lettre de change payable à vue. Somme payable en quatre termes égaux. Le courtage pour le papier sur Paris n’est payable que par le vendeur. (Proudh.)


PAYAN (Joseph-François DE), dit Payan du Moulin, révolutionnaire français, né à Saint-Paul-Trois-Châteaux (Dauphiné) en 1759, mort à Alixan (Drôme) en 1852. Il fut conseiller à la chambre des comptes de Grenoble, puis maire de sa ville natale après la Révolution, administrateur de la Drôme, enfin ministre de l’instruction publique (avril 1794). Dans ce dernier poste, il rendit des services réels. Quoiqu’il n’eût point pris part à la révolte de la commune au 9 thermidor, il fut mis hors la loi, parvint à s’échapper et remplit dans la suite les fonctions de directeur des contributions directes, de 1795 à 1814, puis de maire d’Alixan (Drôme), de 1830 à 1848. À cette époque, sa vieillesse et ses infirmités l’obligèrent à donner sa démission, dans une lettre où l’on voit que les glaces de l’âge n’avaient pas affaibli son enthousiasme pour la République, qu’il s’applaudit de voir inaugurer pour la deuxième fois. Ainsi que son frère, il a laissé quelques écrits.


PAYAN (Claude-François DE), révolutionnaire français, frère du précédent, né à Saint-Paul-Trois-Châteaux (Dauphiné) en 1766, décapité en 1794. Il servit quelque temps dans l’artillerie et se jeta dans les premiers mouvements de la Révolution avec l’exaltation d’une tête enflammée de tous les feux du Midi. En 1793, il fut nommé administrateur de la Drôme, mais vint bientôt chercher à Paris une arène plus vaste pour son activité et ses passions. Il y rédigea l’Antifédéraliste sous la direction de Robespierre, pour qui il avait une admiration enthousiaste et qui le fit nommer juré au tribunal révolutionnaire, puis agent national de la commune, fonction très-importante alors. Il joua un rôle actif au milieu des événements, se prononça pour Robespierre au 9 thermidor, fut mis hors la loi et décapité le lendemain.


PAYANT, ANTE adj. (pè-ian, an-te —rad, payer). Qui paye : Tétais du nombre des personnes payantes. De dix que nous étions à ce diner, il n’y en avait que quatre payants. (Acad.) Nous vous servirons ! répondit lu Carconte avec un empressement qui ne lui était pas habituel, même envers ses hâtes payants. (Alex. Dura.)

— Que l’on paye, où l’on paye, par opposition à gratuit : N’aller au spectacle quavec des billets payants. C’est un bal payant, un concert payant. Faute de pouvoir mettre leurs enfants dans une école payante, les parents sont obligés de tes envoyer en appretitissaae. (T. Delord.)

Carte payante, Carte, note de la dépense que Ton a faite chez un traiteur, par opposition à la carte sur laquelle se trouvent les noms des mets et leur prix : Demander la carte payante, u Aujourd’hui, on dit plutôt addition.

— Substantiv. Personne qui paye, qui contribue à la dépense : Les invités et les payants. Le nombre des payants était de six seulement. (Acad.) On explique le combat des opinions d’une nation en la. divisant en payants et en payés. (Boiste.)

PAYE s. f. (pè-ye — rad. payer). Ce que l’on donne en payement, comme salaire ; La paye d’un cavalier, d’un fantassin, d’un capitaine, d’un lieutenant, d’un sous’lieutenant. L’argent manquait pour la paye de l’armée. On retient tant à chaque soldat sur sa PAYE pour sa chaussure. Depuis l’établissement à*

PAYE

la paye, le sénat ne distribue plus aux soldats les terres des peuples vaincus. (Montesq.) 1 ! On écrit aussi paie.

— Action de payer des ouvriers : Dans la plupart des imprimeries, ta paye, appelée banque, ne se fait que tous les quinze jours.

— Personne qui paye, considérée au point de vue de la manière dont elle paye : C’est une bonne paye, une mauvaise paye. Conduisez-vous avec la fortune comme avec les mauvaises payes : ne dédaignez pas les plus faibles à-compte. (Lévis.)

— Prov. D’une mauvaise paye on tire ce qu’on peut, Quand un débiteur n’a pas le moyen ou la volonté de payer, il faut toujours accepter le peu qu’il offre.

— Administr. milit. Soldat qui était entretenu à demeure dans une garnison, tant en paix qu’en guerre. Il Haute paye, Solde plus forte que la solde ordinaire : Être à la haute payb. 1J Signifie aussi Soldat qui reçoit une solde plus élevée, et, en ce sens, le mot est masculin : On a proposé une réduction sur la solde de tous les hautes payes.

Morte-paye. V. ce mot à son rang alphabétique.

— Syn. Paye, calde. Dans la paye, on considère surtout celui qui est payé et qui reçoit ainsi le prix de ses services ou de son travail ; dans la solde, on considère l’engagement contracté par celui qui s’acquitte en payant ce qu’il est convenu de donner pour un service continu. On reçoit la paye, on distribue la solde. Enfin, solde ne se dit guère que des soldats ou de ceux qu’on leur assimile, tandis que paye se dit très-bien des ouvriers : Dans beaucoup d’ateliers, le samedi est le jour de paye.’

— Encycl. Administr. milit. V. solde.

PAYÉ, ÉE (pè-ié) part, passé du v. Payer. Dont on a soldé la créance ; a qui l’on a donné son salaire : Des fournisseurs, des ouvriers payés. Être payé en espèces. Être payé comptaut. Je veux être paye.

— Soldé, acquitté ; pour qui on a donné de l’argent : Billet payé. Dette payée. Zèle grassement payé. Une grâce payée avilit celui qui iareçoit et déshonore celui qui la fait. (Duelos.) L’homme qui se vend, si peu qu’on en donne, est toujours payé plus cher qu’il ne vaut, (Duclos.) M. Pitt est mort en ne laissant que des dettes qui furent payéks par le Parlement. (Mme de Staël.) fl Dont on a donné le vrai prix : Cent francs, ce n’esl vraiment pas payé.

— Fig. Récompensé, dédommagé : Être mal payé de sa peine. Les ambitieux sont des mercenaires qui veulent être payes. (Flçch.)

— Ironiq. Puni : Il est payé de tous ses crimes. Elle fut payée de son orgueil, de sa coquetterie. Ma foi, chevalier, tu en tiens et te voità payé de ta raillerie. (Mol.) // attaqua tous tes gens de lettres dans sou discours à l’Académie ; il en a été payé. (Volt.)

Une fois payé, Se dit d’une somme due en principal, pour la totalité d’une obligation, par opposition aux annuités : Au lieu de mille francs de rente, il a préféré donner dix-huit mille francs une fois payés.

Être payé pour, Connaître par expérience les désagréments, les dangers de : Je n’irai plus dans ci-t établissement, je suis payé pour cela, u N’être pas payé pour, N’avoir pas des raisons bien sérieuses pour : H n’est pas payé podk aimer cet homme, pour se fier à cet homme. (Acad.) Vous dires avec raison que vous n’êtes pas PAYÉ POVR le croire. (Mme Du Défiant.)

— Prov. Tant tenu, tant payé, On est quitte envers celui qu’on a payé, qu’on a récompensé raisonnablement,

— Substantiv. Plus payé, Somme donnée en sus de ce qui est dû.

PAYELLE s. f. (pa-iè-le). Poêle, poêlon de cuivre, u Vieux mot, encore usité dans quelques départements.

— Techn. Grande chaudière dont on se sert pour raffiner le sel.

PAYEMENT, PAIEMENT ou PAÎMENT

s. m, (pè-ye-man ou pè-mau — rad. payer). Action d’acquitter une dette ; ce qu’on donne pour acquitter une dette : Le payement d’une somme. Décevoir son payement. Compléter un payement. Donner des valeurs en payement. J’exige que le payement se fasse en espèces. Cet ouvrier demande son payement. (Acad.)

— Fig. Action de s’acquitter ; ce qu’on donne ou ce qu’on offre pour s’acquitter : Le témoignage de la conscience est le seul payement qui jamais ne nous mangue. (Montaigne.)

— Encycl. Payer, c’est éteindre l’obligation ; c’est donner, faire ou ne pas faire ce qu’on s’est engagé h donner, à faire ou à ne pas faire : Solittio est prssstatio ejus quod in obligatione est. Ces notions préliminaires ’ étant données, nous allons successivement examiner les points suivants : 1° Quelles personnes peuvent faire un payement ? 20 à quelles personnes peut-il être fait ? 30 quel en est l’objet ? 40 comment et doit-il être fait ? 50 aux frais de qui ? fio quel3 en sont les effets ?

— I. Quelles personnes peuvent faire un payement ? D’après l’article 123e du code civil, « une obligation peut être acquittée par toute personne qui y est intéressée, telle qu un coobligé ou une caution. L’obligation peut même être acquittée par un tiers qui n’y est

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point intéressé, pourvu que ce tiers agisse au nom et en l’acquit du débiteur ou que, s’il agit en son nom propre, il ne sait pas subrogé aux droits du créancier. » Aux termes de cet article, le payement peut être fait : 10 par la débiteur ; 2» par un coobligé ; 3° par un tiers non intéressé à l’extinction de l’obligation. Lorsque le payement est fait par le débiteur, la dette est éteinte avec tous ses accessoires : cautionnements, gages, hypothèques ou privilèges. Lorsque le payement est fait par un tiers intéressé a payer, ce tiers peut être soitune caution, soit un codébiteur solidaire, soit un tiers détenteur d’un immeuble hypothéqué à la dette. Dans cette dernière hypothèse, le payement entraîne de plein droit/du moins en générai, le bénéfice de ia subrogation, eu verto de laquelle le tiers qui paye est censé avoir acheté la créance plutôt que l’avoir acquittée. Lorsque Je payement est fait par un tiers non intéressé à payer, qui agit au nom et en l’acquit dû débiteur ou en son propre nom, à la condition, dans ce dernier cas, 3e ne pas se faire subroger aux droits du créancier, il peut se présenter deux hypothèses différentes :

j’« hypothèse. Un tiers paye au nom et en

l’acquit du débiteur ; ce tiers veut gérer l’affaire du débiteur, lui faire une libéralité, lui rendre un service ou même acquérir des droits contre lui. Le débiteur ne peut, dans aucune de ces circonstances, s’opposer au payement, pourvu que le créancier y consente.

2« hypothèse. Un tiers, étranger à la dette, offre de payer en son propre nom, c’est-à-dire non plus dans l’intérêt du débiteur, mais dans le sien propre ; dans ce cas, il paye uniquement dans fe but de se substituer au lieu et place du créancier. Ce payement, accepté par le créancier, éteint la dette avec tous ses accessoires. La solvens ne peut répéter ses déboursés que par une simple action de in rem verso, fondée sur ce principe de justice que nul ne peut s’enrichir aux dépens d’autrui.

On a discuté s’il peut demander le bénéfice de la subrogation. Nous pensons que le tiers non intéressé au payement peut être subrogé aux droits du créancier, pourvu que celui-ci, en recevant le payement, consente à cette subrogation. L’article 1250, n" 1, reconnaît formellement cette faculté au créancier, et l’article 1236, in fine, n’a pas pour but de lui interdire ce droit. Cet article signifie seulement que le solvens ne peut être obligé à subroger. Le créancier est-if obligé de recevoir lo payement ijue lui propose un tiers non intéressé à l’extinction de l’obligation ? Plusieurs auteurs prétendent que le créancier peut refuser le payement offert par un tiers non intéressé toutes les fois que le débiteur n’en retire aucun avantage réel. Nous n’hésitons pas à rejeter Cette distinction, contraire à la généralité des termes de l’article 1236, et nous admettons que le créancier doit accepter le payement. Nous ne voyons à cette règle qu’une seule exception, formulée dans l’article 1237 ; « L’obligation de faire ne peut être acquittée par un tiers contre le gré du créancier, lorsque ce dernier a intérêt qu’elle soit remplie par le débiteur lui-même. » Ainsi, quand il s’agit d’un ouvrage d’art, le débiteur seul devra exécuter cette obligation ; le créancier ne sera jamais obligé de recevoir l’exécution proposée et. offerte par un tiers, même intéressé au payement. En résumé, la dette peut être payée par un tiers malgré le créancier ; elle peut l’être aussi malgré le débiteur. Dans ce dernier cas, le tiers, qui a payé malgré le débiteur, peut-il recourir contre lui ? Et s’il le peut, par quelle action se fera-t-ÎI indemniser de ses déboursés ? Il faut, pour résoudre ces questions, distinguer plusieurs cas.

1er cas. Le débiteur s’est opposé au payement parce qu’il n’avait aucun intérêt à ce que la dette fût payée par celui qui l’a acquittée. Le solvens ne payait.qu’en vue de son intérêt personnel, soit pour trouver un moyen de tourmenter le débiteur, soit pour faire le placement de capitaux dont il était embarrassé. Dans cette hypothèse, il ne pourra recourir par l’action negotiorum gestorum, mais par l’action de ût rem verso, basée sur ce principe que nul ne doit s’enrichir au détriment d’autrui. Le débiteur n’aura à rembourser que ce dont il s’est enrichi par suite de ce payement effectué malgré lui.

2" cas. Le payement, quoique fait sine animo donandi, a été fait dans une intention louable, pour prévenir ou arrêter des poursuites. Le solvens aura contre le débiteur une véritable action de gestion d’affaires ; car le but qu’il poursuivait contre le gré du débiteur était louable et l’acte qu’il a fait était juste et utile. Entre l’action negotiorum gestorum, que nous lui accordons, et l’action de in rem verso, que nous donnons au solvens dans notre premier cas, nous rencontrons de notables différences, 1° L’action de in rem verso se prescrit par le laps de temps qui restait a courir pour parfaire la prescription libératoire ; au contraire, l’action de gestion, d’affaires se prescrit par trente uns a dater du jour du payement. 2° Quand le solvens intente la première, le débiteur petit obtenir non-seulement des délais modérés (art. 1244). mais des délais très-étendus, s’il prouve qu’il les eût facilement obtenus de son ancien créancier. Au contraire, quand le solvens intente la seconde, le débiteur ne peut récla-