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au ministère de l’intérieur, des documents importants, des papiers d’Ktat et les uniformes des conseillers.. Le 30 avril, il quitta Paris, se rendit dans sa famille à Lyon, puis voyagea dans le raidi do la P’rance. Â Nimes, dans des cercles et dans des cafés, il prononça des discours empreints d’une certaine exaltation, mais dans lesquels, loin de pousser à 1’insurrectioii, il demandait que la province intervint par les moyens pacifiques pour empêcher 1 effusion du sang. Arrêté le 9 mai, à son arrivée à Marseille, il fut traduit, le 15 septembre suivant, devant un conseil de guerre, qui le condamna pour usurpation de fonctions à cinq années d’emprisonnement. M. Peyrouton subissait sa peine, lorsqu’il fut traduit une seconde fois devant le conseil de guerre (28 février 1873), sous l’inculpation de pillage eu bande et de vol avec effraciion dans liexercice des fonctions qu’il avait exercées pendant huit, jours au conseil d’État ; mais il lui fut facile de démontrer que les objets qu’on l’accusait d’avoir Filles avaient été transportés au ministère de intérieur et que, par cette mesure, ils avaient été sauvés de l’incendie qui avait détruit le palais du conseil d’État. Un seul objet s’était égaré, une plaque en argent, d’une valeur de 100 francs, attachée à l’habit de M. Baroche ; mais le président du conseil déclara qu’il n’accusait point M. Peyrouton d’avoir soustrait cette plaque à son profit. Le conseil, écartant le chef de vol et celui de pillage, condamna l’accusé à cinq ans de prison et à dix ans d’interdiction des droits civiques, en stipulant que cette peine se confondrait avec celle prononcée le 15 septembre ls71,

PEYHUIS, bourg de France (Basses-Alpes), ch.-l. de cant., arroiid. et à £1 kilom. N.-E. de Forealquier, sûr ia rive droiie de la Durance ; pop, aggl.,106hab.— pop. tôt.,842 hab. Au sommet d’un rocher voisin s’élèvent les ruines de trois anciens châteaux ; autour du village, restes d’anciennes fortifications. A l’O. de Peyruis, on trouve de nombreuses sources d’eau salée et verdâtre comme celle de la mer,

PEYSSÀRD (J.-P.-C), conventionnel montagnard, né dans le Périgord en 1740, mort vers 1804. Il était garde du corps et officier de Saint-Louis avant, la Révolution, dont il embrassa les principes avec enthousiasme. Elu membre de la Convention dans ta Dordogne, il vota la mort de Louis XVI et toutes les grandes mesures révolutionnaires, accusa le roi d’avoir empoisonné le serrurier Gamain, qui avait construit l’armoire de fer, remplit quelques missions militaires, resta, après le 9 thermidor, al aehé au parti de la Montagne, fut condamné à la déportation comme ayant pris part à l’insurrection du îor urairial an 111 (1795), fut amnistié l’année suivante, devint en 1707 administrateur de la Dordogne, fonctions qu’il conserva environ une année, et termina ses jours dans l’obscurité.

PEYSSONEL (Charles dk), archéologue français, né à Marseille eu 1700, mort k ymyrne en 1757. Il était depuis 1723 avocat à Marseille lorsque, en 1735, il partit pour Constuntmople, en qualité de secrétaire de l’ambassadeur de France, le marquis de Villeneuve, accompagna ce diplomate au congrès de Belgrade et y rendit de tels services que Louis XV lui accorda une pension, à laquelle le pape Clément XII joignit le titre de comte, Peyssunel visita ensuite les côtes de l’Asie Mineure pour en explorer les antiquités, fit à ses frais plusieurs fouilles fructueuses, acheta des marbres précieux, des médailles, des inscriptions, revint en France, non sans avoir couru de grands dangers, et l’ut nommé en 1747 consul à Suiyrne. Cette même année, l’Académie des inscriptions l’admit au nombre de ses associés. On lui doit plusieurs Lettres insérées dans le recueil des Lettres sur CoiistuiUinuple de l’abbé Levin (Paris, 180S), des Mémoires et des Dissertations sur les antiquités et le commerce du Levant, une Ilvlatioit de ses voyages dans le Levant, etc.

— Sun frère, J.-Antoine fiiYSSONEL, né à Marseille en 1604, exerça la médecine dans sa ville natale, où il fut un des fondateurs de l’Académie, et devint membre des Académies des sciences de Paris, de Koiue, de Montpellier, etc. Il a laissé des Mémoires et quelques articles publiés dans les Philosopkical l’ransucttons.

PEYSSONEL(Charles de), écrivain fiançais, fils du précèdent, né à Marseille en 1727, mort à Paiis en 1790. Il alla rejoindre son père lorsqu’il lut nommé consul à Suiyrne, visita Sar.its, où il recueillit de nombreuses antiliquites, puis devint successivement consul eu Crii : iée (1753/, à la Canée, dans l’Ile de Candie (1757), et à Suiyrne (17G3). Vingt ans plus lard, il obtint sa retraite et alla se fixer a Paris, où il passa les dernières années de sa vie, occupe de rédiger les nombreuses observations qu’il avait faites pendant sua long séjour en Orient, c’était k la l’ois Un homme de beaucoup d’esprit et d’érudition. Parmi ses nombreux écrits sur l’histoire, la géographie, la situation civile, politique et militaire, les mœurs des peuples qu’il avait visites, nous citerons : Essai sur Us troubles actuels de Perse et de Géorgie (Paris, 1754) ; Observations historiques et géographiques sur les peuples barbares gui ont habité les bords du limiube et du Poni-Euxin (Paris, 1765) ;

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l’Antiradoteur ou le Petit philosophe moderne (Londres, 17S5) ; Traité sur le commerce de la mer Noire (Parts, 1787, 2 vol.) ; Examen du livre intitulé Considérations sur la guerre actuelle des Turcs (Amsterdam, 1788, in-8°) ; Du péril de la balance politique de l’Europe ou Erposé des causes qui l’ont altérée dans le Nord depuis l’avènement de Catherine II (Londres, 1789, în-S°) ; Situation politique de la France et ses rapports avec toutes les puissances de l’Europe (Neufchâtel, 1789, in-8°), contre les alliances de la France avec l’Autriche ; Sur tes alliances de ia France avec ta Suisse (Paris, 1790, in-8<>).

PEYSTER (Jean de), l’un des premiers colons de la Nouvelle-Amsterdam, actuellement New-York (États-Unis d’Amérique), né à. Harlem (Hollande) au commencement du xvu<5 siècle, mort vers 1685. Il appartenait à, une famille huguenote française, réfugiée dans les Provinces-Unies vers l’époque de la Saint-Burilielemj’. Peiftlant sa longue vie, il exerça de nombreux emplois de confiance et d’honneur sous le gouvernement colonial hollandais et anglais. Durant la.edurte période (1673-1S74) pendant laquelle les Hollandais rentrèrent en possession de leur" province, il prit une part importante à la conduite des affaires publiques et fut l’un des derniers à prêter le serinent d’allégeance à la couronne britannique, lors de la cession définitive à cette puissance des Nouveaux-Pays-Bas ; ce qui ne l’empêcha pas de devenir à diverses reprises alderman, adjoint au maire et maire. Au moment de sa mort, il était l’un des plus riches citoyens de la colonie. — Son fils nlné, Abraham dk Physter, né à New-York en 1058, mort en 1728, fut négociant et amassa une fortune considérable. Il remplit des charfes publiques importantes après la cession es Nouveaux-Pays-Bas à la Grande-Bretagne. De 1691 k 1695, il fut maire de New-York, devint ensuite premier juge (chief justice) de la province, puis président du conseil royal, ce qui le lit exofficio, en 1706, gouverneur colonial. Il fut aussi colonel de la milice de la ville et du comté de New-York et trésorier de la province de New-York et de New-Jersey. Grâce a ses talents d’administrateur, à son intégrité et k ses opinions libérales, il jouit d’une grande influence dans les conseils de sa ville natale, et il eut pour amis intimés et correspondants William Penn et le gouverneur colonial, comte de Bellamont. La belle résidence élevée par lui, rue de la. Perle, à New-York, en 1095, et qui fut pendant quelque temps le quartier général de Washington, existait encore en 1856.-Parmi les autres enfants de Jean de Peyster, nous citerons : Jisan, qui fut maire de New-York ; Isaac, membre de la législature provinciale, et CORNELIUS, premier chambellan de ia ville de New-York. — Les plus remarquables des descendants du colonel Abraham de Peyster sont : son fils aîné, Abraham, qui fut, pendant de longues années, trésorier de la province de New-York ; son arrière-petitfils, Abraham, qui commanda un détachement de troupes royales sous le colonel Ferguson, à la bataille de King’s Mountain ; après la guerre, il fut trésorier de la province de New-Briiiisurick et commandant de la milice ; James, frère du précédent, servit aussi comme officier dans les armées britanniques et fut tué à la bataille de Lincelles, dans les Pays-Bas, en 1793.

PEYSTER (Arent Schuolsr de), officier anglais, petit-fils du colonel Abraham de-Peyster, né il New-York en 1736, mort en

1832. Il entra dans l’infanterie en 1755, servit sous son oncle, le colonel Peter Suhugler, sur divers points de l’Amérique du Nord, et commanda à Détroit, à. Michilimackinac et ailleurs, dans le haut Canada, pendant la guerre de la révolution américaine. Les tribus indiennes du Nord-Ouest étaient alors hostiles au gouvernement britannique. Grâce à sa politique prudente et conciliatrice, la colonel de Pejster parvint à les ramener peu à peu et finalement à les détacher complètement de la cause américaine. C’est à son influence sur les Indiens que, dans une occasion, plusieurs missionnaires américains et leurs familles durent la vie. Après avoir commandé son régiment pendant quelques années, il alla se fixer à Duinfries, en Écosse, et y résida jusqu’à sa mort. Pendant la Révolution française, il contribua à l’organisation et à l’instruction du 1« régiment des volontaires de Duinfries, ’dont Robert Burns faisait partie. Ce fut à cette occasion qu’il se lia avec le célèbre poëte, qui lui dédia une de ses pièces fugitives, et avec lequel il ouvrit une lutte poétique dans les colonnes du Journal de Dumfries. — Sou neveu, le capitaine Arent Schu- GLEB. DU Peyster, fit plusieurs voyages autour du monde et, dans une traversée de la côte occidentale d’Afrique à Calcutta, découvrit un groupa d’îles nommées d’après lui lies de Peyster ou Peyster.

PEYTEL (Sébastien-Benoît), notaire français, qui doit sa triste célébrité à un doubla assassinat, né à Mâcon en 1804, mort sur l’échafaud ù Bourg le 28 octobre 1839. Destiné au notariat, il se rendit à Pans pour y faire son stage ; mais il s’occupa bientôt de littérature, prit, en 1831, une part d’intérêt dans la publication du Voleur, où il fit la critique théâtrale, et entra en relations avec des gens de lettres et des artistes, notamment avec U. de Balzac et Gavarni. Peu après, il

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publia sous ce titre : la Physiologie, de la poire (1832, in-8°), un petit livre assez curieux dirigé contre Louis-Philippe. Toutefois, «’apercevant bientôt qu’il n’avait aucune chance d’arriver à la réputation par les lettres et voyant la fortune qu’il tenait de son père sensiblement ébréchée, il revint au notariat et alla terminer son stage à Lyon, où il fut principal clerc de notaire. Ayant acheté une étude à Belley au commencement, de 1838, Peytel songea à se marier et à trouver une dot qui lui permît de payer sa charge. Il jeta alors les yeux sur une jeune créole, Félicie Alca2ar, qui demeurait à Paris, mais qu’il avait vue à Belley chez sa sœur, M’ne de Montriehard. Félicie était peu faite pour séduire : affligée d’une myopie extrême, sans aucune beauté, elle avait, en outre, un esprit peu cultivé et une éducation peu soignée ; mais en compensation elle avait une assez jolie dot. Peytel demanda sa main. La mère de la jeune fille hésita d’abord à donner son. consentement et Félicie manifesta son éloignement pour l’époux qu’on lui proposait. Néanmoins, sur les instances de Peytel, qui produisit en sa faveur d’excellentes recommandations, le mariage fut décidé, et, dans

le contrat, le futur lit stipuler une donation d’usufruit de tous les biens meubles et immeubles ali survivant, avec cette clause que le survivant serait dispensé de fournir caution et de justifier d’aucun emploi. Après la célébration du mariage, auquel, sur l’invitation de Peytel, M. de Lamartine avait assisté, le notaire revint à Belley avec sa jeune femme. Dés les premiers jours, la désunion éclata entre les deux époux. Railleuse, dépourvue de tact, Félicie fatiguait son mari et excitait son caractère naturellement irascible. C’était une suite indéfinie de querelles et de scènes violentes. « Je tremble devant lui, disait, en parlant de son mari, Mm< ! Peytel à une de ses sœurs, Mm« Broussais ; quand nous sommes seuls, je ne sais ce qu’il me fait écrire, et il m’arrive quelquefois de recommander mon aine k Dieu. > En parlant ainsi, elle faisait allusion à deux lettres qu’elle écrivit à son mari sous la dictée de celui-ci. Dans l’une, elle lui demandait grâce, avouait ses torts et s’engageait par serment k changer de conduite ; aans l’autre, elle lui faisait des aveux inexplicables, déclarait que sa conduite lui faisait horreur, qu’elle ne pouvait maîtriser la honteuse passion qui ta dominait et qu’il n’avait plus qu’a la conduire chez sa mère ou dans un couvent. Peytel plaça ces deux pièces dans sou cabinet et obtint de sa femme, devenue enceinte, qu’elle lui léguât par testament ses biens présents et à venir.

Trois mois après, vers la fia d’octobre, Peytel alla passer quelques jours a- Mâcon avec sa femme et son domestique Louis Rey, Dans la nuit du l<sr novembre, des habitants de Belley furent éveillés par les cris d’un homme violemment agité et demandant les secours des médecins de la ville pour sa femme qui venait d’être assassinée sur la route de Lyon par son domestique. Cet homme était Peytel.

« Il était parti de Màcon, dit-il, le 31 octobre, à onze heures du matin, pour retourner à Belley, avec sa femme et son domestique. Ce dernier conduisait un chariot découvert ; Peytel et sa femme suivaient dans une voiture ît quatre roues, traînée par un cheval. Arrivés k Bourg à cinq heures dû soir, ils en étaient partis à sept pour aller coucher à Pont-il’Ain, où ils ne furent rendus qu’a minuit. Dans le trajet, Peytel crut remarquer que Louis Rey avait ralenti le pas de son cheval. Descendu à l’hôtel, à lui avait ordonné de déposer dans sa chambre 7,500 fr. qui se trouvaient dans sa voiture ; mais Louis avait répondu que la précaution était inutile, parce que la cour de l’hôtel fermait bien, et Peytel s’était vu dans la nécessité de transporter lui-même le sac d’argent. Le lendemain, 1er novembre, ils se remirent en marche à neuf heures du matin, sans que Louis fût venu, comme de coutume, prendre les ordres de son maître. Arrivés à Tenay vers trois heures, ils le quittèrent à cinq, et il en était huit lorsqu’ils atteignirent le bourg de Rossidon, où ils firent une pause d’une demiheure pour donner l’avoine aux chevaux. Au moment du départ de Rossilion, le temps était menaçant et la pluie commençait k tomber. Peytel avait dit à Louis de se procurer une couverture, afin de garantir les objets placés sur le chariot ; mais le domestique s’y était refusé, en disant, d’un ton ironique, que le temps était beau. Déjà, depuis quelques jours, Peytel avait remarqué que Louis était sombre et taciturne. Après avoir dépassé d’environ cinq cents pas le pont d’Andert, jeté sur la rivière du Furens, et parcouru la partie la moins rapide de la montée de la Darde, Peytel avait crié à son domestique, qui allait toujours en avant, de descendre du chariot pour finir la côte à pied. En ce moment, un veut violent soufflait du sud, et la pluie tombait avec force. Peytel était enfoncé dans le coin, à droite de ia voiture, et sa femme, rapprochée de lui, dormait la tête appuyée sur son bras gauche. Tout à coup, il avait entendu la détonation d’une arme à feu dont il avait aperçu la lumière k plusieurs pas de distance, et sa femme s’était écriée : « Mon pauvre mari, prends tespistoets. • Au même instant, son cheval s était emporté et avait prisie trot. Peytel, néanmoins, avaittiré immédiatement un coup de pistolet sur un in PEYT

dividu qu’il avait vu courant sur la route. Ne se doutant pasque sa femme fûtatteinte, à s’était élancéà terre par un côté de la voiture, tandis que M"’8 Peytel sautait de l’autre ; il avait alors tiré sur son domestique, qu’il venait de reconnaître, un second coup’ de pistolet, inutile comme le premier. Louis se sauvait. et Peytel, courant après lui, le frappa patderrière d’un coup de marteau, Louis, s’étant retourné, avait levé sur son maître son bras armé du pistolet qu’il venait de tirer ; mais, plus prompt que lui, Peytel lui avait porté un deuxième coup de marteau qui retendit la face contre terre ; lui plaçant alors sou pied sur le dos, il le frappa du même instrument à. coups redoublés et l’acheva malgré les cris de : • Grâce I • qu’il ne cessait de pousser. Bientôt le souvenir de sa femme lui revenant à l’esprit, il l’appela plusieurs fois par son nom et courut éperdu, la cherchant en vain de tous les côtés de la route. Arrivé ou pont d’Andert, il avait retrouvé sa femme, étendue dans un pré couvert d’eau, sur les bords du Furens. Cette découverte horrible l’avait d’autant plus étonné, qu’il ne croyait pas sa femme atteinte du coup de feu ; il avait cherché à la retirer de l’eau, et ce n’est qu’après de longs efforts qu’il était parvenu à la placer sur le talus de la chaussée, la face contre terre ; la supposant à l’abri de plus grands dangers et ne la croyant encore que blessée, il avait pensé à aller implorer du secours dans une maison isolée, située sur la route du côté de Rossilion. Dans cet instant, il avait aperçu sa voiture tout près de lui sans qu’il sut s’expliquer comment son cheval avait pu revenir Sur ses pas et quitter tout seul la direction de Belley. Les sieurs Thermet père et fils, chez lesquels il était allé frapper, auraient ouvert leur porte à. sa voix ; il les aurait engagés à venir l’aider et à le secourir, en leur disant que sa femme venait d’être assassinée par son domestique. Descendu au pont d’Andert, Thermet père s’était approché du cadavre, et, après l’avoir examiné, aurait dit à Peytel que sa femme était morte ; aidé de son fils, le témoin avait placé le corps dans ie fond de la voiture, où ils étaient ensuite montés tous ensemble pour se rendre k Belley, et, en passant près du cadavre de son domestique, il voulait l’écraser sous les roues de sa voiture. Enfin, c’était pour lui voler 7,500 francs que lui, Peytel, avait reçus de Lyon, que son domestique avait tenté de l’assassiner. »

On trouva, en effet, le cadavre de la dame Peytel, gisant sans vie au fond de la voiture, et sur ia route on releva le corps sanglant du domestique. La justice ouvrit aussitôt une enquête et se livra aux plus actives recherches pour découvrir la vérité duns ce drame sanglant. Tous les témoignages furent favorables à Louis Rey, dont la douceur, l’honnêteté, l’attachement à ses maîtres étaient connus de tous. Les soupçons de la justice se portèrent alors sur Peytel, qui fut arrêté et contre qui s’élevèrent des charges accablantes.

Quel autre que Sébastien Peytel a pu concevoir et commettre cet attentat ?disait l’acte d’accusation ; à qui devait-il profiter ? Quel autre avait une chaîne odieuse à rompre et une succession à recueillir ? Que parle-t-on d’un projet de vol et de M coupable surprise d’un valet ? Le pistolet trouvé près du cadavre de Louis, les balles achetées par lui à Màcon sont évidemment le résultat de la plus noire perfidie. Ce qui confirma dans cette opinion, c’est que le pistolet saisi avait été acheté à Lyon ; et le marchand qui l’avait vendu, sans pouvoir affirmer que Peytel en ait été l’acquéreur, déclara le reconnaître, comme étant souvent venu lui acheter des objets de curiosité.

D’un autre côté, le lendemain de l’assassinat, vers trois heures du soir, Peytel, au moment d’aller en prison, recommanda de faire une visite minutieuse dans la malle de Louis ; il renouvela cette demande le 5 novembre, et la malle fut fouillée ; parmi les effets, on découvrit quatre balles semblables à celles trouvées dans le cabinet de Peytel, et l’on se rappela qu’au milieu de la nuit fatale, et dans le paroxysme du désespoir, Peytel avait souvent porté les mains dans les poches de sa redingote ; ses anus, après l’avoir engagé k ôter ses vêtements qui étaient mouillés, le laissèrent seul quelque temps ; k leur retour, ils l’aperçurent couvert encore des mêmes habits, sortant d’un corridor qui conduit à la chambre du domestique, où se trouvait la malle ouverte. Ces deux circonstances étaient accablantes pour Peytel. Mais celles relatives à l’attentat lui-même le sont encore plus, s’il est possible. Arrivé k Tenay le 1er uovem’bre, k trois heures de l’après-midi, Peytel n’en repartit qu’à cinq heures. Il attribua celte longue station à ce qu’ayant* ks lieues k faire pour arriver à Ueliey, il avait l’habitude de couper ainsi sa route quand il venait de Pont-d’Ain. Mais s’il en était ainsi, pourquoi s’arrêta-t-il une seconde fois à 8 ou 3 lieues de distance, à Rossilion ? On comprend que, pendant toutes ces haltes, la nuit venait et pouvait favoriser une tentative criminelle.

Lorsque Peytel eut assouvi sa fureur sur Louis, il chercha sa femme qu’il avait vue descendre de la voiture ; il l’aperçoit bientôt dans un pré submergé par les eaux. Il la croyait vivante, dit-il, et au lieu de prendre les précautions nécessaires dans un cas pareil, il la plaça la figure contre terre ; puis