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de la Loi, de la Foi et du Roi, Moïse et David, Godefroy de Bouillon et Jeanne Darc. Cette dernière figure surtout avait un grand prix, car elle avait dû être peinte peu de temps après la rentrée de Charles VII à Paris. L’histoire nous a conservé le nom de l’artiste qui peignit ces vitraux : il s’appelait Désaugives.

Lorsque les rois de France allèrent habiter l’hôtel Saint-Paul, ils devinrent paroissiens de cette église, qu’ils enrichirent de leurs libéralités ; plusieurs enfants de France y furent baptisés. Les fonts baptismaux qui servirent à ces royales cérémonies furent transportés, en 1494, par Henri Perdrier, seigneur de Médan, près de Poissy, dans la petite église de ce lieu, où on les voit encore ; ils sont en pierre, sans aucun ornement ; une inscription en vers français relate leur origine.

Une foule de personnages célèbres à divers titres étaient inhumés dans l’église Saint-Paul. Ainsi on y voyait les épitaphes et les sépultures de Nicole Gilles, auteur des Annales et chroniques de France ; de Guillaume de Vienne, père du célèbre Jean de Vienne, amiral de France, sur la tombe duquel on voyait cette simple inscription : Ci-gît le père de Jean de Vienne ; le tombeau du maréchal de Biron, décapité à la Bastille le 31 juillet 1602 ; la chapelle de la maison de Noailles ; les monuments de Jean Nicot, ambassadeur en Portugal, l’introducteur du tabac en France ; du sculpteur Jean Biard, de François Mansart, de Jules Hardouin, son neveu, etc. Rabelais, mort à Paris, dans une maison de la rue des Jardins, près de l’église Saint-Paul, fut inhumé dans le cimetière paroissial, au pied d’un grand arbre.

C^est aussi à l’église Saint-Paul que Henri III avait fait élever, près du maître-autel, des tombeaux magnifiques à trois de ses mignons, de Quélus, Maugiron et Saint-Mégrin, œuvre du grand sculpteur Germain Pilon. Ces mausolées admirables, abstraction faite des tristes personnages qu’ils renfermaient, furent détruits par le peuple rendu furieux à la nouvelle de l’assassinat des Guises par ordre de Henri III. Disons enfin que l’homme au masque de fer fut inhumé dans l’ancienne église Saint-Paul, le 20 novembre 1703, sous le nom de Marchiali.


Saint-Paul-Saint-Louis (église), située à Paris, rue Saint-Antoine. En 1580, les jésuites établirent leur maison professe à Paris, rue Saint-Antoine, près des débris de l’enceinte de Philippe-Auguste. Louis XIII, qui se montra toujours favorable à cette société, remplaça la petite chapelle de leur maison par une vaste église dont il posa la première pierre en 1627. Un jésuite, le Père Martel-Ange, s’était proposé de construire l’édifice sur le plan de la belle église du Gesù de Rome, due au célèbre Vignole ; on choisit, de préférence, le projet du Père Derrand, autre jésuite. Le portail fut élevé en 1634, aux frais du cardinal de Richelieu. Le monument fut achevé en 1641, et Richelieu y célébra la première messe ; toutefois, la dédicace n’eut lieu qu’en 1676, sous l’invocation de saint Louis. Lorsque, en 1767, les jésuites furent chassés de France, leur maison professe passa au pouvoir des chanoines réguliers de la rue Culture-Sainte-Catherine, qui, eux-mêmes, se virent supprimés en 1790. Après la démolition de l’église Saint-Paul (v. l’art. précédent), le culte de ce saint fut transporté dans l’église Saint-Louis, qui prit alors le titre de Saint-Paul-Saint-Louis.

L’église Saint-Paul-Saint-Louis est un des plus parfaits modèles de ce mauvais goût auquel on a donné, avec raison, le nom de style jésuite. Partout où ils ont bâti, les jésuites ont confondu la richesse avec l’élégance, la lourdeur avec la majesté ; mais, nulle part, ils n’ont accumulé les ornements à contre-sens avec une aussi large profusion que dans l’église dont nous nous occupons.

Cet édifice est en forme de croix romaine, avec dôme sur pendentifs au centre de la croisée. Il est précédé d’un portail composé de trois ordres superposés ; deux corinthiens et un composite ; huit colonnes aux deux premiers ordres et quatre au troisième ; des niches garnies de statues, des guirlandes, les emblèmes de l’ordre de Jésus, des vases flamboyants, des corniches denticulées, des enroulements et toute espèce, d’autres accessoires complètent la décoration de cette composition bizarre, qui se termine par un fronton triangulaire surmonté d’une croix.

Si l’on en croit Piganiol de La Force, il y avait peu d’églises dans le monde chrétien qui fussent aussi riches en orfèvrerie et en ornementation. Là encore, la richesse et la puissance de l’ordre s’étalaient dans un immense déploiement de luxe ; toute l’église resplendissait de marbres précieux, d’or, d’argent, de pierreries.

Sous l’église se trouve le caveau sépulcral des pères jésuites ; le prédicateur Bourdaloue et le savant Daniel Huet, évêque d’Avranches, y furent inhumés.


Paul (hôtel Saint-), résidence royale des Valois, qui occupait tout l’espace compris depuis la rue Saint-Paul jusqu’aux Célestins et depuis la rue Saint-Antoine jusqu’à la Seine. Le dauphin Charles de France, fils du roi Jean et régent du royaume, voulant avoir à Paris une habitation royale qui fût le plus près possible de Vincennes, acheta, en 1361, l’hôtel d’Étampes, situé rue Saint-Antoine, près de l’église Saint-Paul ; le prix de cette acquisition fut payé par la ville, en réparation du meurtre des deux chambellans, Robert de Clermont et Jean de Châlons, massacrés pendant les troubles de la prévôté d’Étienne Marcel. En 1360, le dauphin avait déjà acheté une maison située rue Pute-y-muce (par corruption Petit-Musc). En 1362, il acquit encore l’hôtel de l’abbé et des religieux de Saint-Maur et, en 1365, l’hôtel de l’archevêque de Sens ; sur l’emplacement de ces différentes propriétés, il commença la construction de l’hôtel Saint-Paul, ainsi appelé du voisinage de l’église de ce nom. Le dauphin Charles, qui fut bientôt Charles V, donna à l’hôtel Saint-Paul le nom d’Hostel solennel des grands esbatemens, et, par édit du mois de juillet 1364, il déclara l’ensemble des propriétés qui composaient l’hôtel Saint-Paul uni au domaine de la couronne et ordonna qu’il n’en fût jamais démembré pour quelque cause et raison que ce pût être. Quelque vaste que fût l’emplacement de l’hôtel Saint-Paul sous Charles V, ses successeurs y ajoutèrent encore par leurs acquisitions. Cette construction ne formait pas un ensemble architectural homogène ; il se composait d’un grand nombre de petits hôtels disposés sans ordre dans une même enceinte et dont chacun portait un nom particulier. Ainsi on distinguait les hôtels de la Pissotte ou de la Reine, des Lions, de Beautreillis, de Pute-y-muce, l’hôtel Neuf, du Pont-Perrin, etc. Sauval, Piganiol de La Force et d’autres font figurer le château de la Bastille parmi les dépendances de l’hôtel Saint-Paul. Cette résidence fut le théâtre des événements les plus remarquables de la vie de Charles V, de Charles VI et de Charles VII. On y donna des fêtes splendides, où se déployèrent toutes les pompes de la royauté ; par un sombre contraste, il fut envahi et ensanglanté par les cabochiens ; Charles VI y traîna les dernières années de sa lamentable existence ; Jeanne de Bourbon et Isabeau de Bavière y moururent.

Le grand corps de logis de l’hôtel Saint-Paul et la principale entrée s’ouvraient du côté de la Seine, sur le quai des Célestins. On trouvait dans cette immense résidence de vastes appartements, la plupart accompagnés de chapelles, de jardins, de préaux et de galeries, pour le roi, la reine, les enfants de France, les princes du sang, le connétable, les chanceliers et les principaux personnages de la cour. On comptait, dans l’hôtel Saint-Paul, six préaux, douze galeries, huit grands jardins, plusieurs cours dont une était si spacieuse que les chevaliers y joutaient ; on la nommait la cour des Joutes. Les appartements occupés respectivement par le roi et la reine étaient d’une richesse, d’une magnificence incomparables, et Sauval, ainsi que d’autres historiens, en fait des descriptions enthousiastes. Toutefois, bien que Charles V eût défendu, en 1364, de détacher l’hôtel Saint-Paul du domaine de la couronne, la splendeur de cette résidence ne dura guère plus d’un demi-siècle. Dès le commencement de son règne, Charles VII la négligea et, en 1437, il l’abandonna définitivement pour l’hôtel des Tournelles ; suivant Dulaure, le séjour de l’hôtel Saint-Paul était devenu malsain par les exhalaisons des égouts et des fossés de la ville, construits dans son voisinage. L’hôtel abandonné fut démembré dès le règne de Louis XI ; en 1453, ce prince donna à son chambellan, Charles de Melun, une des enclaves de l’hôtel Saint-Paul, l’hôtel de la Pissotte. En 1480, malgré la résistance du parlement, il fit don aux prêtres de la paroisse Saint-Paul de tout l’hôtel Saint-Paul proprement dit. En 1490, Charles VIII livra l’hôtel de Beautreillis à Antoine de Chabannes. En 1519, François Ier, ayant besoin d’argent, vendit pour 2,000 écus d’or, à Jacques de Genouilhuc, dit Galiot, grand maître de l’artillerie, le principal corps de logis du palais, sur le quai des Célestins, avec 34 toises de terrain et de bastion, au coin de la rue du Petit-Musc. La chambre des comptes protesta en vain contre l’aliénation du domaine royal. En 1543, les autres parties de l’hôtel Saint-Paul furent mises en adjudication. Enfin, en 1554, l’hôtel d’Étampes devint la propriété de Diane de Poitiers, duchesse de Valentinois. L’ancienne résidence royale était complètement démembrée, et on commença, dès la fin du xvie siècle, à percer des rues sur son emplacement.


Paul (église Saint-), de Londres. V. Londres.


PAUL (saint), premier ermite, né en Égypte en 229. Il se retira au désert à l’âge de vingt-deux ans, pour fuir la persécution de Dèce, et vécut jusqu’à l’âge de 113 ans dans une caverne, où saint Antoine vint l’assister au moment de sa mort (342). Saint Jérôme et saint Athanase ont écrit sa Vie.

— Iconogr. Ribera a peint plusieurs fois saint Paul, premier ermite. Dans un tableau qui est au musée de Madrid, il l’a représenté assis à terre dans une grotte, les mains croisées sur la poitrine, les yeux fixés sur une tête de mort, les hanches enveloppées d’une espèce de natte ; cette peinture, d’un réalisme énergique, est remarquable par la puissance et la profondeur du clair-obscur. Le musée de Dresde possède deux tableaux de Ribera sur le même sujet. Un quatrième, daté de 1686, a figuré dans la galerie Salamanca. Velazquez a consacré à saint Paul et à saint Antoine un tableau qui est regardé comme un de ses meilleurs ouvrages et qui se voit au musée de Munich. Les deux ermites sont assis à l’entrée de la caverne ; Paul est couvert d’une draperie blanche, Antoine d’une draperie brune ; tous deux ont les yeux levés vers le ciel et paraissent en oraison. Un corbeau, planant dans les airs, apporte un pain à saint Paul. De même que dans les tableaux des maîtres primitifs, des événements survenus à des moments différents sont retracés sur la même toile ; au loin, dans un chemin tortueux, on aperçoit saint Antoine s’adressant, pour demander la route qu’il faut suivre, d’abord à un centaure, ensuite à un monstre cornu et à pied fourchu comme Satan ; on le voit aussi frappant à la porte de la caverne et enfin donnant, avec l’assistance des deux lions, la sépulture à Paul. Le tableau est exécuté avec une étonnante vigueur ; quelques couleurs sobrement employées ont suffi pour produire un puissant effet ; le paysage est immense. Crayer a imité cette composition dans un tableau qui est au musée de Bruxelles. Une peinture de Teniers sur le même sujet appartient au musée de Madrid. Saint Paul et saint Antoine ont encore été représentés par Giacomo Brandi (musée du Belvédère), C. Dolci (palais Corsini, à Florence), A. Sacchi (musée de Madrid), Castiglione (gravé par P. Gallays), le Calabrese (musée de Louvre), C. Mellan (gravé par Bazin), etc. Une eau-forte de Bern. Pussari (1582) représente Saint Antoine retrouvant saint Paul mort entre les bras des anges.


Paul (ERMITES DE Saint-). V. ermite,


PAUL (saint), patriarche de Constantinople, né à Thessalonique vers 285, mort vers 344. Élu par tes orthodoxes après la mort du patriarche Alexandre en 336, il fut dépossédé, peu après, par l’empereur Constance, passa en Occident, fut rétabli par un concile en 341 et déposé de nouveau par les ariens. Constance ayant donné l’ordre de chasser Paul de Constantinople (342), le peuple prit fait et cause pour ce dernier et mit à mort le général Hermogène, chargé de faire exécuter cet ordre. Néanmoins le patriarche dut quitter la ville et se rendre à Thessalonique, puis à Cacuse, en Cappadoce, où les ariens l’étranglèrent.


PAUL Ier, pape, né à Rome, mort en 767. Il fut élu souverain pontife après la mort de son frère, le pape Étienne III (757), se montra d’une inépuisable bienfaisance et fonda l’église de Saint-Pierre-et-Saint-Paul. On a de lui des Lettres à Pépin le Bref et à l’empereur Constantin Copronyme.


PAUL II (Pierre Barbo), pape, né à Venise en 1418, mort à Rome en 1471. Son oncle étant parvenu au souverain pontificat sous le nom d’Eugène IV, il renonça à suivre la carrière du commerce, entra dans les ordres et fut successivement nommé, par ce dernier, archidiacre de Bologne, évêque de Cervia et cardinal (1440). Après la mort de Pie II, Pierre Barbo fut élu pape sous le nom de Paul II (1464). Il tenta vainement d’engager les princes chrétiens dans une guerre contre les Turcs, excommunia le roi de Bohème, Georges Podiébrad, et donna son royaume à Mathias Corvin, roi de Hongrie. Paul II persécuta et fit livrer à la torture les historiens Platine, Pomponius Lœtus et autres, sous le vain prétexte d’hérésie. Ce fut lui qui donna la pourpre et la barrette rouge aux cardinaux et ordonna, par une constitution, qu’ils seraient seuls appelés à la papauté. Il fit bâtir le palais qui touche l’église Saint-Marc, à Rome, avec des marbres arrachés au Colisée, ordonna de construire les forteresses de Todi, de Cascia et de Monteleone, prescrivit la célébration du jubilé tous les vingt-cinq ans, etc., et se signala par son goût pour le faste et la magnificence. Ce pape mourut d’une indigestion de melon. On a de lui des Lettres, des Ordonnances, et il passe pour l’auteur d’un Traité des règles de la chancellerie.


PAUL III (Alexandre-Farnèse), pape, né à Rome en 1466, mort en 1549. Il succéda, en 1534, à Clément VII. Ce fut lui qui amena le schisme d’Angleterre par la bulle d’excommunication qu’il lança contre Henri VIII d’Angleterre. Il forma avec Charles-Quint et la république de Venise une ligue contre les protestants et les Turcs (1538), et fit conclure la trêve de Nice entre François Ier et l’empereur. La fondation de l’ordre des jésuites (1540), la convocation du concile de Trente (1542) et l’établissement de l’inquisition à Naples eurent lieu sous son pontificat, agité par de nombreuses intrigues. Ce pape travailla avec ardeur à l’élévation de sa propre famille, investit son fils naturel, Pierre Luigi, des duchés de Parme et de Plaisance, et maria son petit-fils Octave à Marguerite d’Autriche, fille naturelle de Charles-Quint. C’était un homme de talent et d’esprit, très-habile négociateur, mais qui avait une telle foi dans l’astrologie qu’il n’entreprenait rien sans consulter les constellations. Paul III aimait la poésie et composait des vers avec facilité. On a de lui des Lettres pleines d’érudition, adressées à Érasme, à Sadolet, etc.


PAUL IV (Jean-Pierre Caraffa), pape, né à Capriglio en 1476, mort en 1559. Il devint successivement évêque de Chieti (1507), nonce en Angleterre, membre du conseil pour le royaume de Naples, archevêque de Brindisi (1518) et fit preuve, dans ces fonctions ecclésiastiques, d’un tel zèle pour le rétablissement de la discipline, pour l’abolition des abus qui s’étaient introduits dans l’Église, qu’Adrien VI l’appela auprès de lui à Rome. Là, Caraffa, de concert avec Gaetano de Thiène, fonda l’ordre des théatins, se démit de son archevêché pour s’adonner à la prédication, reçut le chapeau de cardinal en 1536 et se prononça pour toute mesure contraire à la tolérance. Il était doyen du sacré collège, lorsque, Marcel II étant mort, il fut élu souverain pontife en 1555, sous le nom de Paul IV. Dès son avènement, il se montra ce qu’il avait toujours été, intolérant et sévère jusqu’à la cruauté. Il réorganisa l’inquisition et montra une rigueur impitoyable contre les juifs et les protestants, qu’il livrait à ses inquisiteurs. Sa haine contre Charles-Quint et la domination espagnole en Italie l’entraîna à une alliance avec le roi de France et attira les armes de Philippe II jusque dans les États romains. Le duc d’Albe, alors vice-roi de Naples, s’empara de Tivoli, d’Ostie et bloqua Rome ; mais le duc de Guise amena au secours du pontife un corps d’armée avec lequel il reprit en peu de temps les places occupées par les Espagnols (1557). Sur ces entrefaites, les Français ayant été battus à Saint-Quentin, le duc de Guise dut ramener ses troupes en France et, bientôt après, les troupes espagnoles campèrent de nouveau devant Rome. Paul IV se vit alors contraint de signer la paix (14 sept. 1557) et dut renoncer à tout espoir d’affranchir l’Italie de la domination espagnole. À partir de ce moment, ce souverain pontife ne s’occupa plus que de ses projets de réforme dans l’Église. Il renouvela le personnel de l’administration, publia des règlements pour rétablir dans sa pureté l’ancienne discipline, prohiba tout trafic d’emplois, fit régner la plus grande régularité de mœurs à sa cour et, informé de la vie scandaleuse de ses neveux, qu’il avait comblés de biens et d’honneurs, il les priva solennellement de tous leurs emplois. On lui attribue l’institution de la congrégation de l’index. À sa mort, le peuple jeta sa statue dans le Tibre, brûla la prison de l’inquisition et faillit brûler aussi les inquisiteurs-.


PAUL V (Camille Borghese), pape, né à Rome, élu en 1605, mort en 1621. Il excommunia le doge et le sénat de Venise, parce qu’ils attentaient aux privilèges du clergé. Les jésuites ayant pris parti pour le pape furent chassés du territoire de la république. N’emportez rien et ne revenez plus, leur dit le doge en les congédiant. Henri IV termina cette querelle ; le pape leva son interdit, mais les jésuites restèrent bannis. C’est sous son pontificat que la congrégation de l’index condamna la doctrine de Copernic et défendit à Galilée de l’enseigner (1616). La fameuse bulle In cœna Domini reçut de ce pontife sa dernière forme (1610). En 1617, il renouvela la constitution de Sixte IV sur l’immaculée conception de la Vierge, sans vouloir néanmoins en faire un article de foi. Paul V embellit Rome, qui lui doit de beaux monuments, approuva l’ordre des Ursulines, l’ordre de la Visitation, la congrégation de l’Oratoire, canonisa sainte Françoise et saint Charles Borromée et apporta quelques réformes dans les tribunaux. Enfin, il donna des soins tout particuliers à l’agrandissement de sa famille et signala son pontificat par un népotisme effréné.


PAUL Ier PÉTROVITCH, empereur de Russie, né à Saint-Pétersbourg le 1er octobre 1754, assassiné dans la même ville le 12 mars 1801. Il était fils de Catherine II et de Pierre III, qui le regardait comme le fruit d’un adultère. Après l’assassinat de Pierre III (1762), Catherine II s’empara du trône. Elle confia l’éducation de Paul, pour qui elle ne montra jamais d’affection, au comte Panine et à quelques hommes distingués. Intelligent et spirituel, le jeune prince fit de rapides progrès et il montra des qualités qui firent bien augurer de son avenir ; mais, à mesure qu’il grandissait, il devenait triste et soupçonneux. Il s’imagina que sa mère, qui ne l’aimait pas, qui l’éloignait systématiquement des affaires, qui surveillait toutes ses démarches, voulait l’écarter à jamais du trône. Lorsqu’il eut dix-neuf ans, Catherine lui choisit pour femme la princesse Natalie de Hesse-Darmstatlt, qu’il épousa en 1774. Après ce mariage, il continua à être mis à l’écart. Sa mère vit avec inquiétude l’accueil chaleureux qu’il reçut à Moscou, où ils s’étaient rendus ensemble (1775). Quelques paroles qu’il avait prononcées au sujet de la mort de Pierre III firent craindre à Catherine qu’il ne cédât à des idées ambitieuses, et elle fit exercer sur lui une surveillance encore plus active. Une situation aussi humiliante pesait cruellement au jeune prince qui, naturellement faible, courbait la tête. Son caractère s’altérait de plus en plus. « On apercevait dans toute sa personne et principalement lorsqu’il parlait de sa position présente et future, dit M. de Ségur, une mobilité, une inquiétude, une méfiance, une susceptibilité extrême, enfin ces bizarreries qui, dans la suite, furent les causes de ses fautes, de ses injustices et de ses malheurs. » Après la mort de sa femme, la prin-